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Etude lexico-semantique des noms des journaux au Rwanda

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par Pierre Canisius MUTSINZI
Université Nationale du Rwanda (UNR) - Licence en Langue et Littérature Française, Option Science du Langage 2007
  

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3.4. La motivation dans la dénomination des journaux au Rwanda

En opposition avec la conception saussurienne selon laquelle le signe linguistique est arbitraire, donc immotivé, bien de linguistes ont discuté la motivation et de sa problématique. Nous commençons par Dubois et al. (2001 :313) d'après qui : « on appelle motivation la relation de nécessité qu'un locuteur met entre un mot et son signifié (contenu), ou entre un mot et un autre signe. » La même idée est soutenue par Dubuc (1992 :107) qui écrit : « un terme est motivé quand il laisse transparaître la notion qu'il recouvre, soit par son étymologie, soit par le sens de ses composantes. »

Quand on nomme son journal « Inyâbutâtu » par exemple, on songe d'abord à la signification première qui est une corde tressée au moyen de trois liens, pour aller enfin plus loin et faire allusion aux trois groupes ethniques qui habitent le Rwanda. De même, par le nom « Ibyiîkigihe » (i-bya-i-ki-gihe) qui se traduit littéralement par « les choses d'aujourd'hui ou les événements actuels », créé en 1992, laisse transparaître de nombreux changements politiques qui se produisaient dans le pays, de la guerre qui venait de surgir entre le gouvernement en place et le Front Patriotique Rwandais, etc.

Un signe est également dit phoniquement motivé « quand la liaison entre son signifiant et son signifié paraît naturelle, logique ou analogique, ou plus exactement quand il y a un rapport de solidarité étroite entre la forme du signe et la réalité à laquelle il renvoie. »(Baylon et Fabre, 1978 :144). Retenons tout de même ce qu'ajoute Bigirumwami, (1994 :132) : « le nom est une instruction ou un indice donné à l'entourage pour interpréter la situation dans une direction donnée. »

Comme nous l'avons souligné dans l'introduction générale et appuyé par la conception de ces différents linguistes sur la motivation, la dénomination des journaux au Rwanda ne se fait pas au hasard. C'est ainsi que la partie suivante consiste à analyser quelques réalités qui sont à la base de la prolifération de ces journaux d'abord, et qui motivent ensuite leur dénomination

3.4.1. Motivation politique

Depuis sa naissance, la presse rwandaise a été contrôlée par l'autorité politique. Sauf l'autorité religieuse qui possédait la grande partie des publications, le reste des journaux que l'on trouve au Rwanda colonial était sous la dépendance de l'administration publique. Ce monopole n'allait pas sans conséquence directe sur l'efficacité de la presse, car on enregistre l'emploi des journalistes non professionnels qui exerçaient par contre d'autres activités soit administratives, économiques, ou religieuses.

Ensuite, au fur et à mesure qu'il y avait des changements politiques, chaque régime adoptait ses mesures de gérer la presse favorablement ou défavorablement. Si l'on jette un coup d'oeil sur les quatre périodes qui ont marqué la presse rwandaise, on remarque que la période d'entre 1960-1990 est la plus défavorable à l'évolution de la presse du fait que les journaux qui ont paru dans cette période de 30 ans sont très limités et souvent subordonnés à la volonté de l'autorité ou du parti détenteur du pouvoir. La plupart des publications de cette période ne sont que des revues ou des bulletins d'information publiés au sein des ministères et d'autres Cellules spécialisés ayant l'objectif de faire connaître leurs programme d'activités voire le programme du gouvernement, comme le montrent les tableaux du deuxième chapitre. Cette délimitation est également liée à la dictature qui a caractérisé les deux républiques et dont le principe fondamental était de faire taire la population, autrement dit d'empêcher toute liberté d'expression. Ceci n'étant que pour protéger l'intérêt de certains individus ou groupes d'individus.

Un autre effet de la politique sur la presse, contrairement au précédent, est la prolifération des journaux. Au Rwanda, ce phénomène se produit à partir des années 90, au moment où le grand changement politique, provoqué au fond par l'attaque du FPR-Inkotanyi (Front Patriotique Rwandais), a conduit le pays au multipartisme. Il y eut dès lors une parution intense des journaux, les uns soutenant le régime en place et propageant son idéologie, les autres, en opposition, luttant pour le changement politique, et les autres encore, s'occupant de la situation sociale.

Ainsi donc, la majorité des noms des journaux créés dans un tel climat traduisent, il est vrai, les réalités ou les sentiments politiques du temps. Ce phénomène n'est pas une particularité de notre pays. Il est commun à bien des pays en voie de développement, des pays récemment décolonisés dans lesquels la presse est souvent utilisée comme une arme à double tranchant, ou bien en faveur du régime au pouvoir, ou bien en faveur des groupes en opposition. C'est le cas des journaux comme Umurwaanashyaka (qui vient de kurwana ishyaka : militer pour une cause, une idéologie quelconque), Urumuri rwaa Demokarasi, journal du parti MDR, Intêerahâmwe, pour MRND etc. Toutefois, l'ensemble de tout le corpus comprend 67 noms de journaux sur 236 c- à- d 28.3%.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille