Elites urbaines et politique locale au Cameroun. Le cas de Bayangam( Télécharger le fichier original )par Paul NUEMBISSI KOM Université Yaoundé II SOA - Master en sciences politiques 2007 |
SECTION VI : LE BLOC DES HYPOTHESESEn tant que proposition de réponse à la question posée, l'hypothèse de recherche .tend à formuler une relation entre des faits significatifs (Grawitz, 2001 : 398). L'hypothèse principale autour de laquelle s'articule cette étude est la suivante : les élites urbaines dominent l'arène politique rurale de Bayangam. Cette domination est une réalité qui affecte toutes les institutions politiques locales. Elle est mesurable par le poids de ces derniers dans les partis politiques et les instances communales. La domination politique locale des élites urbaines est le produit de l'interaction entre une diversité d'élites aux ressources inégales qui consacre la domination d'une catégorie sur les autres. En l'occurrence, le leadership local d'une élite qui a réussi à convertir ses ressources économiques en capital politique. La résistance locale à la domination de l'élite urbaine est une réalité qui consacre la capacité stratégique des acteurs locaux de la politique à Bayangam. Il convient toutefois de préciser que dans le cadre de cette étude, seules les élites urbaines du village Bayangam seront prises en compte. A l'exception notable de Mme Félicité Mbiaopo, présidente de la sous-section OFRDPC de Batoufam et membre suppléant du comité central de ce parti, Batoufam et Bandrefam ne comptent pas d'élites urbaines politiquement influentes au niveau local. Par ailleurs nos enquêtes se sont focalisées sur Bayangam. Ce n'est que depuis 2004 que pour des raisons d'équilibre politique le poste d'adjoint au maire est réservé aux ressortissants des deux autres villages. Entre 1990 et 2004, période prise en compte pour cette étude, ce sont dans une large mesure les élites urbaines originaires de Bayangam qui de manière générale dominent le jeu politique local. Cette étude est organisée en un plan de chapitres
Chapitre 1 : Participation politique locale et identification sociopolitique des élites urbaines bayangam Chapitre 2 : Les déterminants de la vie politique Bayangam
Chapitre 3 : De la domination « bigmaniaque » de Sohaing André
Chapitre 4 : Les limites au leadership politique local des élites urbaines
CHAPITRE I : PARTICIPATION POLITIQUE LOCALE ET IDENTIFICATION SOCIOPOLITIQUE DES ELITES URBAINES BAYANGAM F. G. Bailey voit la politique, nationale comme locale, en termes de « jeux » où se confrontent et s'affrontent des acteurs sociaux autours de leaders et de factions. Le village Bayangam est considéré ici non pas comme une communauté unie par la tradition, cimentée par le consensus, organisée par une « vision du monde partagée », mais plutôt comme une arène (Olivier de Sardan, 1995 : 258). C'est-à-dire un lieu de confrontation concrète d'acteurs en interaction autour d'enjeux communs. A partir de l'interrogation sur les détenteurs du pouvoir et /ou d'une influence, notre réflexion va emprunter la voie du dévoilement de la configuration et des propriétés sociales et politiques qui fondent l'identité de ceux qui exercent l'activité politique à Bayangam. Il s'agit dès lors de tester la pertinence de l'hypothèse de la polyarchie qui est caractérisée par un profond pluralisme social qui empêche la formation d'une classe dirigeante en suscitant l'apparition d'une grande multiplicité de leaders de groupes indépendants (Birnbaum et Chazel, 1971 : 12). Dans la perspective définie par Robert Dahl et Charles E. Lindblom, la polyarchie nécessite un certain endoctrinement social, la circulation politique, la tolérance du pluralisme, le consensus. (1971 : 181) L'analyse révèle en effet que l'arène politique de Bayangam est dominée par une pluralité d'élites urbaines aux trajectoires socioprofessionnelles multiples. Diverses approches ont été développées en science politique pour identifier les leaders dans une collectivité locale. Il en existe principalement quatre. D'abord, l'approche réputationnelle, conceptualisée par Floyd Hunter, repose sur l'idée que le pouvoir n'est pas « clandestin », car ceux qui subissent le pouvoir dans une localité sont en mesure d'en identifier les détenteurs. Ensuite, l'approche décisionnelle, développée par Robert Dahl consiste à examiner un certain nombre de décisions, et à déterminer quels sont les dirigeants ou les groupes qui l'ont emporté en cas de conflits. L'approche positionnelle quant à elle conduit à l'identification des dirigeants en titre des organisations. Enfin, l'approche par l'activité sociale consiste à mesurer le taux de participation aux activités volontaires au village. (Schwartzenberg, 1998 : 598-600). A la manière de Linton Freeman et alii (1971), nous avons mobilisé simultanément toutes ces méthodes pour découvrir la structure réelle du pouvoir à Bayangam. Il en ressort une pluralité d'élites aux trajectoires diverses (comme le montre le tableau 1) et qui par ailleurs dominent largement les institutions politiques locales. Tableau 1 : Principales élites urbaines influentes à Bayangam7(*)
* 7 Résultat de l'utilisation combinée de la méthode réputationnelle, décisionnelle, positionnelle et par l'activité sociale à Bayangam. |
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