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Analyse de la situation épidémiologique des piqàğres et des envenimations scorpioniques dans la province de Beni Mellal (2002-2007)

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par Nezha CHARRAB
Université Ibn Tofail - Kénitra - Doctorat National 2009
  

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Discussion

Durant la période où s'est déroulée notre étude de 2002 à 2007, nous avons collecté 8340 cas de piqûres et envenimations scorpioniques au niveau de trois structures sanitaires de la province de Beni Mellal, ce qui représente une incidence moyenne de 1,36%0. Ce chiffre n'est malheureusement pas conforme avec les données réelles. Il ne reflète pas la gravité du problème comme il est vécu au sein de la province, car il ne concerne qu'une partie de la population qui a pu consulter au niveau de l'hôpital provincial de Beni Mellal et les deux polycliniques de Tadla et Fkih Ben Salah.

Ce chiffre ne montre que la partie visible et cache donc la plus grande partie qui est représentée par les victimes des piqûres et des envenimations scorpioniques ayant été reçues et prises en charge au niveau des centres de santé ruraux ou des dispensaires.

En comparant notre incidence avec les autres études faites au niveau des autres régions du Maroc (Tableau IX), on relève que l'incidence à Beni Mellal est inferieure à celle de Khouribga, de Marrakech et d'Essaouira. Contrairement aux résultats obtenus sur le plan international, l'incidence à Beni Mellal est supérieure à celle de la mer Egée en Turquie, de Santiago Del Estero en Argentine, de Colima en Mexique et de Tolima en Colombie.

Ces comparaisons ne sont pas fiables, puisqu'elles sont faites entre des résultats d'études qui se sont déroulées pendant des périodes différentes.

Tableau IX: Incidence dans différentes 2ones

Zone d'étude

Incidence (%o)

Auteurs

Khouribgha (Maroc)

2,8

Soulaymani et al., 2007c

Marrakech (Maroc)

3,3

Soulaymani et al., 2007a

Essaouira (Maroc)

2,4

Soulaymani et al., 2007a

Mer Egée (Turquie)

0,6

Ozkan et al., 2008

Santiago del Estero (Argentine)

0,28

Adolfo et al., 2003

Colima (Mexique)

3

Chowell et al., 2005

Tolima (Colombie)

0,12

Otero et al., 2004

Notre série

1,36

 

D'autre part, nos données rejoignent en de nombreux points celles de la littérarture, notamment en ce qui concerne les caractéristiques cliniques et évolutives. Nous confirmons le caractère thermophile de cette faune (Chowell et al., 2006 ; Suhendan et al., 2007 ; Goyffon, 2002 ; Al-sadoon & Jarrar, 2003 ; Al-Asmari & Al-Saif, 2004 ; Soulaymani et al., 2007b). Les scorpions sont actifs surtout pendant les mois les plus chauds entre 18h et 6h du matin; la majorité de nos cas (50%) a été enregistrée durant les mois de juillet et août. Néanmoins, l'évolution en fonction du mois montre que le maximum de décès est enregistré au mois d'avril qui conicide avec le début de l'activité du scorpion. Ce point délimite pour la santé publique une période précise de l'année durant laquelle elle doit renforcer les moyens de prévention et de prise en charge des victimes de l'envenimation scorpionique.

Il convient d'ajouter aussi que les scorpions entrent en hibernation dés le début de l'automne, mais de nombreuses espèces peuvent conserver un certain potentiel d'activité durant la saison froide, d'où l'existence de piqûres tout le long de l'année (Broglio & Goyffon, 1980).

De même, les piqûres surviennent à tout moment de la journée avec un maximum le soir et en particulier entre 18 heures et 24 heures (soit 42,1%). Conformément aux données qui rapportent que les scorpions sont des animaux de moeurs nocturnes, ils s'éveillent au crépuscule et connaissent leur maximum d'activité entre 21 et 24 heures (Broglio & Goyffon, 1980). Nos résultats rejoignent les données rapportés par la littérature (Patrice et al., 2005 ; Soulaymani et al., 2007c). Cependant, l'étude de Hammoudi et ses collaborateurs (2004) en Algérie a montré que 40% de cas de piqûre surviennent pendant la matinée.

D'après les résultats que nous avons obtenus, le pourcentage des femelles (54%) est supérieur à celui des males (46%), avec un sexe ratio de 0,9. Nos résultats rejoignent ceux rapportés dans la littérature (Soulaymani et al., 2005 ; El Oufir et al., 2008 ; Ozkan et al., 2006 ; Forrester et Stanley, 2004), le sexe féminin étant le plus touché. D'autres études ont montré l'inverse comme à Al Jouf en Arabie Saoudite (Jarrar et Al-Rowaily, 2008) et Cuernavaca à Mexico (Osnaya et al., 2001). Cette différence pourrait être dûe à la sur-représentation soit du sexe féminin ou masculin dans les structures sanitaires. Du fait que le scorpion pique au hasard ce qui fait que les deux sexes sont touchés de la même manière.

Au niveau de la province de Beni Mellal, la moyenne d'âge de la population piquée est de
26,54 #177; 18,42 ans, ce qui est proche de celle de Khouribga (26,7#177;18,2 ans) (Soulaymani et al.,

2007c) et de Colima au Mexique (27,15 #177; 19,01 ans) (Chowell et al., 2006). Cet âge moyen est inférieur à celui de Para au Brésil (33,6 #177; 18,3 ans) (Pardal et al., 2003) et supérieur à celui de Sfax en Tunisie (17,5 #177; 17,7 ans) (Bouaziz et al., 2006) et de Qassim en Arabie Saoudite (23 #177; 17ans) (Saulat et al., 2007).

Il convient d'ajouter aussi que les enfants d'âge inférieur ou égal à 15 ans représentent 30% de patients piqués. Cette proportion varie selon la littérature on trouve par exemple, 3 1,8% à Tolima en Colombie (Otero et al., 2004), 54,1% à Sanliurfa en Turquie (Suhendan et al., 2007), 42% à Morelos en Mexique (Patrice et al., 2005) et 35,2% à Riyad en Arabie Saoudite (Al Asmari et Al Saif, 2004).

Comme le soulignent nombre d'auteurs, la gravité est plus importante chez les enfants de moins de 15 ans et la mortalité est particulièrement importante chez les enfants de moins de 10 ans (Charrab et al., 2007 ; Chowell et al., 2006 ; Diaz et al., 2005 ; Soulaymani et al., 2007c). En effet, dans notre étude, l'évolution en fonction de l'âge montre que 100% de décès touchent des enfants de moins de 10 ans. Cette mortalité peut être expliquée par trois éléments :

-L'immaturité des systèmes et des moyens de défense chez l'enfant.

-Le rapport entre la dose injectée du venin et le poids corporel du patient (El amin EO. et Berair R., 1995 ; Mebs, 2002).

- L'éloignement éventuel des structures sanitaires.

En outre, la quantité de venin injecté est étroitement liée à l'apparition de signes de gravité et comme nous l'avons montré, l'évolution dépend de manière hautement significative de la classe à l'admission. Ainsi le risque de décès est 7 fois plus élevé chez les patients qui sont admis en classes II et III que chez ceux admis en classe I.

Dans notre étude, la majorité des cas de piqûres scorpioniques sont admis en classe I ce qui est conforme avec la littérature (Abroug et al., 1999 ; Carmen et al., 1997 ; Hammoudi et al., 2004 ; Soulaymani et al., 2004 et 2007b). De plus, 8,9% de piqués sont admis en classe II. Ce pourcentage est supérieur à celui de la région de Khouribga et inferieur à ce qui est décrit dans la littérature dans d'autres régions (Tableau X).

Tableau X : Comparaison de classes à l'admission avec la littérature

Zone d'étude

Classe I
(%)

Classe II
(%)

Classe III
(%)

Auteurs

Khouribga

93,3

6,6

0,1

Soulaymani et al., 2007c

El Kalaa Des Sraghna

88

11

1

El Oufir et al., 2008

Cuernavaca (Mexique)

45

25

30

Osnaya et al., 2001

Colima (Mexique)

49,2

33,8

17

Chowell et al., 2006

Al Jouf (A.Saoudite)

92,7

7,3

0

Jarrar et Al Rowaily, 2008

Notre série

87,5

8,9

3,6

 

D'après El Hafny & Ghalim (2002), les patients de classe I et II ont une concentration moyenne de venin circulant respectivement de 17,82 #177; 1,9 ng/ml et de 37,82 #177; 10,8 ng/ml.

En ce qui concerne la classe III, elle représente 3,6% des cas. A l'échelle nationale, ce pourcentage est supérieur à celui de Khouribgha (0,1%) et d'El Kalaa Des Sraghna (1%). Néanmoins à l'échelle internationale, il est inferieur à celui de Cuernavaca (30%) et de Colima (17%).

Selon la littérature, la durée moyenne pour l'apparition des signes de l'envenimation scorpionique est de 33 minutes au Maroc (Soulaymani et al., 1999), moins de deux heures en Algérie (Hammoudi et al., 2004), entre deux et quatre heures en Arabie Saoudite (Gajre et al., 1999), moins de 30 minutes au Niger (Attamo et al., 2002) et entre 5 et 30 minutes au Mexique (Dehesa et al., 1994).

En revanche, le temps post piqûre s'avère être un élément très important qui reflète l'état du malade à l'admission et influence son évolution à la fin de sa prise en charge. Il est d'une importance capitale pour le suivi du patient, pour la décision thérapeutique à prendre et pour éliminer une éventuelle envenimation. L'absence de signes généraux après un temps post piqûre de quatre heures élimine toute possibilité d'envenimation (Soulaymani et al., 2002 ; Nouira et al., 2007), et plus le patient tarde à se présenter à une structure sanitaire, plus il évoluera d'une classe à la suivante. Nos résultats montrent que la majorité des patients ont pu consulter dans un délai ne dépassant pas une heure, soit 67%. La moyenne du TPP est de 1,65 #177; 2,08 heures, ce qui est proche du TPP (1,5 #177; 0,46 heures) rapporté par Soulaymani Bencheikh et ses collaborateurs (2007c) dans la région voisine (Khouribga).

En outre, la prise en charge des patients classe I et classe II sans signes prédictifs de gravité (le priapisme, les vomissements, l'hypersudation, la fièvre supérieure à 39°C et l'âge inférieur à 15 ans) nécessite un traitement symptomatique des signes locaux visent à désinfecter le lieu de la piqûre et à soulager la douleur et l'observation du patient pendant un TPP de quatre heures dans un service d'urgence. Les patients classe III et classe II avec au moins un signe prédictible de gravité doivent être mis en condition pour un transfert urgent vers un service de réanimation.

En outre, dans la province de Beni Mellal, le taux de létalité général est de 0,42%, il est inferieur à celui de Khouribga (0,7%) (Soulaymani et al., 2007c), d'El Jadida (2,57%) et d'Agadir (1,6%) (Soulaymani et al., 2007a).

De même, le taux de mortalité est de 0,005%o, il est égal a celui de Khouribga (0,005%o) (Soulaymani et al., 2007c) mais inférieur à celui de Marrakech (0,03%o), d'Agadir (0,01%o) et d'El Kalaa Des Sraghna (0,01 8%o) (Soulaymani et al., 2007a).

En conclusion, l'étude du registre des piqûres et des envenimations scorpioniques au niveau de la province de Beni Mellal nous a permis d'avoir une idée objective et générale sur cette pathologie dans cette région. En effet, les piqûres sont très fréquentes dans cette région conduisant à un taux d'envenimation de 12,5%. L'analyse statistique montre que l'âge et la classe à l'admission sont des facteurs influençant l'évolution des patients piqués.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway