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Démarche participative dans la conduite des actions de développement au Bénin : cas de trois communes, Nikki, Boukombé et Cobly

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par Basilia Chantal CODJO TOVIGNAN
Institut Africain de Professionnalisation en Management, Ouagadougou, Burkina Faso - DESS (Master professionnel II) 2009
  

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4.1.2 Le renforcement des capacités des institutions locales 

Le débat portant sur les capacités des institutions locales et le transfert des ressources est complexe. Il nous fait penser à l'équation de savoir, entre la poule et l'oeuf, lequel est le premier. En effet, la question relative à la "faiblesse institutionnelle" des collectivités locales est souvent évoquée par le gouvernement central et les partenaires au développement pour justifier certaines réticences notamment en matière d'octroi de responsabilités importantes (pouvoir et ressources financières). Mais est-ce la solution idéale ?

4.1.2.1 La réticence du gouvernement central à favoriser le renforcement des capacités des institutions locales

La réticence du gouvernement contraste avec l'option prise par le même gouvernement central de s'engager dans la voie de la décentralisation avec un transfert théorique des compétences à la base. L'on se demande, comment les compétences transférées pourront-elles être exercées de façon intégrale en l'absence de transfert de ressources conséquentes ?

Le principe de base est que les autorités locales ne pourront pas développer des capacités techniques réelles en l'absence de transfert effectif d'autorité et de ressources. Le processus de décentralisation est dangereusement ambivalent. Si ce processus n'est pas géré avec soin et si les aptitudes adéquates ne sont pas renforcées ou consolidées, les vertus (de la décentralisation) peuvent se muer en leurs contraires, c'est-à-dire, l'inefficacité se substituant à l'efficacité recherchée, l'irresponsabilité au souci d'une gestion mieux maîtrisée, la dépendance maintenue en lieu et place de l'autonomie attendue, la centralisation et la rigidité faisant place à la participation et à la flexibilité. Dans un tel cas, la participation de tous les acteurs locaux sera rarement satisfaisante.

De notre point de vue, le gouvernement central devrait intégrer le renforcement des capacités des acteurs institutionnels locaux comme un préalable à la réussite du processus de décentralisation. Car, la loi a ouvert l'accès aux fonctions de conseillers, de maire et de ses adjoints, aux citoyens de tous niveaux d'instruction à condition de savoir simplement lire et écrire le français (art. 38 de la loi N°97-029 du 15 janvier 1999 citée plus haut). Nulle part dans les textes de lois, il n'a été précisé que les membres du conseil communal devraient être de bons gestionnaires, des aménagistes, des experts en développement local ou des ingénieurs en génie civil, etc. Dès lors, pourquoi la pratique gouvernementale doit-elle restreindre les champs que la loi a ouverts ?

Nous estimons que les organes démocratiques locaux dont le rôle consiste à planifier, programmer, budgétiser, mettre en oeuvre et suivre les différents aspects du développement local, de l'aménagement, de l'habitat, des infrastructures, de l'équipement, des transports, de l'environnement, de l'éducation, de la santé, etc., ont besoin véritablement d'être renforcés afin de pouvoir donner le meilleur attendu d'eux.

Ainsi, le meilleur cadre d'apprentissage pour ces acteurs institutionnels locaux est l'action, la pratique avec un accompagnement technique spécifique. De ce point de vue, le gouvernement central devra résolument prendre l'option de transférer les ressources concomitamment avec les compétences tout en mettant en place des gardes fous pour prévenir les dérapages et les abus.

Au vu de ce qui précède, voici quelques pistes en matière de dispositifs d'accompagnement technique.

1. Rendre disponible l'appui technique par la formule des cabinets de formation et de conseils : le gouvernement central peut (par région selon les cas) procéder à un appel à candidature des cabinets de formation/conseils pour renforcer les capacités des collectivités locales, sur la base des besoins en renforcement énoncés par celles-ci. Le gouvernement signera un contrat de prestation à durée déterminée avec les cabinets retenus et à qui des objectifs clairs seront définis. Ils seront évalués annuellement aux résultats. La reconduction de leur contrat sera fonction de leur performance et des nouveaux besoins des communes. Par exemple dans le domaine de gestion des ressources financières, d'élaboration des stratégies (de communication, de mobilisation des ressources), de planification, etc., des formations modulées peuvent être données aux agents des communes demandeuses d'une part, et d'autre part un suivi leur sera fait dans l'action le long de l'année de façon périodique.

2. Réorienter l'accompagnement technique des PTF et des ONG internationales : au lieu que les ONG et PTF interviennent directement dans l'action (en ignorant parfois l'existence du conseil communal), il serait plus opportun dans ce nouveau contexte de décentralisation qu'elles orientent leurs actions dans le renforcement des capacités des organes institutionnels et des organisations locales. Le gouvernement central peut instituer le dialogue avec les intervenants externes dans ce sens. Car, c'est le gouvernement qui définit les orientations et politiques nationales (le cas de la décentralisation par exemple) et devrait pouvoir orienter les aides et les appuis des intervenants externes dans le sens des options retenues. Par exemple, les ONG/PTF qui interviennent dans le domaine de l'éducation, de la santé, de la production, de l'aménagement, de l'environnement, etc., pourraient signer des protocoles de partenariat avec les mairies de leurs zones d'intervention et s'inscrire dans une logique d'accompagnement institutionnel et organisationnel. Ceci contribuera à rendre effectif le rôle de maîtrise d'ouvrage des communes et celui de maîtrise d'ouvrage déléguée des associations locales.

A notre avis, il ne saurait y avoir aujourd'hui de démarche efficace de renforcement des institutions locales, autre que celle synergique et partenariale (mettre en commun les énergies pour mieux affronter les contraintes). La contractualisation s'impose, elle permet de répartir les tâches et les coûts. Elle doit être bâtie autour d'objectifs précis, quantifiés quand cela est possible, et systématiquement évalués.

Pour finir, il est nécessaire de rappeler que la décentralisation rime avec la déconcentration. Ainsi, le renforcement des capacités des institutions décentralisées devra évoluer de pair avec celui des services déconcentrés avec lesquels les communes devront collaborer.

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