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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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3 - Les consommateurs

Récit 7

Entretien en français7(*) réalisé avec Idiata Jocelyn sur la commercialisation du gibier au Gabon

1 - Oui. Je la consomme quand les parents l'achètent au marché pour les repas familiaux. Je peux la consommer aussi quand nous même nous la ramenions de la brousse. Ce dernier cas se présente souvent au village.

2 - Je consomme le plus souvent la gazelle, l'antilope, le porc épic, quelque part, il m'arrive de consommer du gros gibier. Ces animaux abondent dans les marchés et voilà pourquoi c'est eux que je consomme le plus. En ville, je consomme de manière occasionnelle la viande de brousse. Je peux estimer la consommation de la viande de brousse par mois. Mais au village, j'en consomme chaque semaine. En ville la consommation est différente de celle du village. C'est l'argent qui dicte, par contre au village on peut chasser tout le temps.

3 - L'ETat a le droit d'interdire la vente de gibier. Quand le gibier abonde dans les marchés cela signifie que plusieurs personnes font la chasse de manière abusive. D'autre part, l'Etat ne devrait pas interdire la vente. Cette vente permet à ceux qui ne connaissent pas les mécanismes de chasse d'en manger. Tous les citadins ne connaissent pas les mécanismes de chasse. L'Etat devrait plutôt limiter la quantité du gibier sur le marché. Le chasseur chasse d'abord pour ses besoins propres ensuite pour les besoins des citadins ou des consommateurs. Ils veulent tirer profit de leur chasse afin de subvenir à leurs besoins.

4 - Il faut rentrer dans les faits sociaux, savoir pourquoi les gens pratiquent une chasse abusive, vendent du gibier. Il faut savoir la catégorie de personnes qui pratique ce phénomène. il faut mener une étude sérieuse qui fera ressortir la solution. Il faut préciser le quota de viande de brousse dans les marchés, ceci selon les espèces. C'est le chômage qui pousse les populations à pratiquer la chasse. Auparavant, il n'y avait pas trop de chasseurs. Il y a aussi d'autres personnes qui emploient des chasseurs afin de profiter de la faune. La concentration des industries à Libreville est l'un des facteurs de ce phénomène. Toutes les industries sont à la capitale. La chasse, elle, se pratique à la périphérie, dans les coins retirés du Gabon. Si le contraire se présenterait cela ralentirait la vente. Cela occuperait les populations concernées par le phénomène. Le temps et la capacité de chasse du chasseur seront réduits. Il ne chassera plus comme il le faisait auparavant. Si l'entreprise l'occupe pendant 5 ou 6 jours dans la semaine, il n'aura que le sixième ou le septième jour pour chasser. D'aucuns chassent sept jours sur sept (les employés bien sur), d'autres ont la notion du dimanche en tête.

5 - Je vais d'abord m'appuyer sur le plan des besoins. Tant que l'homme aura toujours un besoin, il y aura toujours quelqu'un pour chasser et pour consommer. Il sera difficile de respecter la loi tant qu'il y a besoin. Les textes ne sont pas connus par tout le monde. Le chasseur chasse en ignorant les textes. Le grand problème se situe au niveau de l'information. Elle n'est pas véhiculée. Le non respect de la réglementation provient des politiques. Ces derniers entretiennent même des groupes de chasseurs travaillant à leur compte. Le non respect de la réglementation par les politiques va même révolter les personnes qui veulent survivre. J'insiste sur l'information. Si les populations ne sont pas au contact de l'information, rien ne sera respecté.

6 - Quand on chasse de manière abusive, la viande devient rare. L'Etat veut préserver l'espèce animale. On constate que la demande de préservation provient de l'extérieur. Elle devrait d'abord commencer sur le plan national. On constate également la disparition de certaines espèces fauniques. Le problème est que le chasseur tire sur ce qu'il voit. Il constate après. Il faut penser à la reproduction. Les animaux se font rares à cause de la surexploitation, de la sélection naturelle. La reproduction n'est pas rapide ou brusque. C'est quelque chose qui nécessite des années.

COMMENTAIRE

Idiata Jocelyn est un jeune gabonais âgé de 19 ans, originaire de la Ngounié, Sango, du clan mululu, célibataire. Cet élève habite sotéga. Le jeune homme consomme de la viande de brousse provenant du marché ou de la brousse, au village quand il va à la chasse avec les autres. Et celle qu'il consomme le plus est celle que l'on retrouve beaucoup plus sur le marché, c'est-à-dire la gazelle, le porc épic, l'antilope et quelque part le gros gibier. Et cette consommation est périodique ou mensuelle en ville. Car en ville, la consommation est fonction des moyens disposés par les parents. Par contre au village, les jeunes décident eux-mêmes quand ils doivent chasser pour consommer la viande de brousse.

Jocelyn pense que l'Etat a le droit d'interdire la vente du gibier pour cause de disparition des espèces fauniques. La chasse abusive serait la cause première de cet interdit. Le jeune homme pense qu'on ne doit pas abuser de la chasse. Il reconnaît l'origine sociale et économique de la vente de gibier. Selon lui, le commerce de la viande de brousse permet à ceux qui ne connaissent pas chasser ou qui n'ont pas ce temps pour chasser de consommer le gibier chassé par d'autres personnes. M Idiata propose que les pouvoirs publics limitent plutôt la quantité du gibier sur le marché. Et dénonce la concentration des industries dans la seule capitale gabonaise. Donc, l'une des résolutions du problème partira de là. L'industrialisation des autres villes permettra la réduction de l'effectif croissant des chasseurs.

Il ajoutera le déficit d'information qui alimente le non respect de la loi. Selon lui, la préservation par l'Etat des espèces est accentuée à cause de la disparition des espèces fauniques. L'auteur de ce discours fait aussi savoir que la demande de préservation tire son origine à l'extérieur. Il faut mener une étude sérieuse qui prendra tout cela en compte et permettra de trouver une solution qui satiferra toutes les parties impliquées dans la gestion de la faune. Jocelyn pense que le besoin est la cause de cette commercialisation du gibier. Et la loi qui protège cette faune actuellement ne peut avoir respect tant que ce besoin s'attend à être comblé.

Récit 8

Entretien en français8(*) réalisé avec Akome Zogho Jean sur la commercialisation du gibier au Gabon

1 - Oui. J'en consomme obligatoirement. Mes parents m'ont élevé à base de la viande. C'est que je déteste le poisson, autour de nous il n'y avait que la forêt pas de rivière. Si je ne chasse pas personnellement, je l'achète par le canal d'autres personnes. De fois je me la procure au marché. D'autres fois, je vais dans des campements de chasse.

2 - Les animaux les plus consommés sont la gazelle, le porc épic, l'antilope que l'on retrouve facilement. Et voilà pourquoi ils abondent sur les marchés publics. La consommation est fonction des moyens financiers. Je peux en consommer 3 ou 4 fois par mois.

3 - Je sais que la vente de gibier est interdite au Gabon. Et je suis contre cette politique. Nous n'avons pas de structures qui peuvent nous ravitailler en viande de boeuf par exemple. Il y a des endroits où l'on ne trouve pas de rivière. Et ces populations n'auront que la forêt pour s'alimenter. Il n'y a pas de grandes factories européennes qui peuvent nous ravitailler en viande importée. Le peu de viande importée ne suffit pas à alimenter tout le territoire national. En fait, ces structures ne sont pas implantées dans les lieux reculés du Gabon. L'homme gabonais ne vit que de cueillette et de chasse. On ne devrait donc pas nous interdire la viande de brousse. La viande de brousse fait partie de notre culture. Interdire la vente de gibier revient à interdire sa consommation. Ce n'est pas tout le monde qui chasse. La vente est une forme d'échange, c'est-à-dire d'aucuns vendent d'autres achètent.

4 - La chasse était réglementée auparavant. Ce n'est pas tout le temps que l'on doit chasser. Les chasseurs savent le temps de la reproduction, les techniques de chasse. On ne peut pas interdire la chasse. L'élevage n'existe pas. On doit avoir les périodes de chasse et celles qu'on ne doit pas chasser. L'autosuffisance alimentaire étant déficitaire au Gabon, cela va amener les populations à puiser dans la forêt.

5 - La loi n'est pas respectée au Gabon parce que l'Etat n'a pas prévu une activité qui pourrait se substituer à la chasse, à la vente de gibier en général. C'est la principale raison. La viande de brousse est la seule denrée alimentaire qui est adaptée à la culture gabonaise. La loi n'est pas respectée parce que les gens veulent survivre. Les populations n'ont pas d'autres activités qui pourraient les occuper. Donc, il faut occuper les populations. Les chasseurs n'ont rien d'autre à faire à par chasser. Le woleu- ntemois était occupé par le cacao. Une fois le cacao parti, il n'aura plus d'occupation. L'activité qui viendra remplacer le cacao est la chasse. On peut même supprimer la vente de munitions, les populations trouveront toujours un moyen pour chasser et vendre du gibier. C'est leur survie qui est en jeux.

COMMENTAIRE

Akome Zogho Jean est gabonais du Woleu- Ntem, Fang du clan nkodjen, marié. Il est âgé de 50 ans, électricien, habitant le quartier Mont Bouet. Il consomme obligatoirement de la viande de brousse qu'il trouve au marché ou après une partie de chasse. Il nous rappelle aussi que le gibier faisait partie de son alimentation depuis son jeune âge. La gazelle, l'antilope, le porc épic sont les animaux qu'il consomme le plus. Cette consommation est fonction de moyens et est possible 3 à 4 fois/mois. Et il pense que l'Etat ne devrait pas interdire la vente de la viande de brousse. Car le Gabon n'a pas de structures qui pourraient ravitailler la population en viande. Et le peu de viande importée n'est pas suffisante. La viande importée n'est pas présente dans les coins les plus reculés du pays notamment les coins où la chasse est pratiquée. Interdire la vente c'est interdire la consommation du gibier. Car la vente du gibier permet à ceux qui sont pas disposés à pratiquer la chasse de consommer cette richesse de la forêt. M. Akome nous fait savoir que la chasse était auparavant réglementée.

La pratique de la chasse permet au Gabon d'atteindre l'autosuffisance alimentaire qui est pourtant déficitaire. Il faut réglementer la chasse et son commerce. Et si la loi n'est pas respectée c'est parce qu'il n'y a pas d'activité de substitution. Ce monsieur pense que les pouvoirs publics devraient proposer quelque chose qui amènerait les acteurs de la vente de la viande de brousse à subvenir à leurs besoins. La viande de brousse est la seule denrée alimentaire qui est adaptée à la culture gabonaise. Il va même rappeler l'époque cacaoyère que le fang a connu. Elle fut l'activité qui occupait l'homme fang. Une fois l'activité disparue, le woleu-ntemois s'est retrouvé sans source de revenus et s'est immédiatement retourné vers la forêt. Mais interdire pour préserver ne résoudra pas le problème. Avant de penser au futur, combattons d'abord le présent. On peut même supprimer la vente de munitions, les populations trouveront toujours un moyen pour chasser et vendre du gibier. C'est leur survie qui est en jeux.

* 7 Entretien réalisé, le 14/03/2005 à 15h25 avec Idiata Jocelyn à Sotéga, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin

* 8 Entretien réalisé, le 14/03/2005 à 18h20 avec Akome Zogho Jean à Mont Bouet, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci