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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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4 - L'administration des Eaux et Forêts

Récit 9

Entretien en français9(*) réalisé avec Bivingou Abdon sur la commercialisation du gibier au Gabon.

1 - En tant qu'agent oui. C'est une activité exercée par certains compatriotes.

2 - L'activité ne représente rien d'autre qu'un danger pour la conservation, c'est une menace, dans la mesure où on ne maîtrise pas la régénération. Il y a un problème de pérennité en jeu.

3 - La commercialisation n'est pas autorisée au Gabon. C'est la chasse d'autoconsommation qui est autorisée. Donc la chasse de subsistance. Tout le monde peut chasser au Gabon, grâce à un permis de chasse et de port d'armes. Le problème se trouve au niveau des animaux tués. La quantité requise est inférieure à cinq, trois animaux de la même espèce. Mais cette loi n'est pas applicable à tous les animaux. L'espèce protégée par l'Etat est exempte de cette loi. La chasse des femelles n'est pas autorisée. Il faut tenir compte des périodes de chasse. Il y a une période que les femelles reproduisent. Et il faut chasser le gros gibier. Les chasseurs maîtrisent toutes les techniques de chasse. La reproduction a lieu entre le 15 septembre et le 15 mars. La chasse est fermée à cette période là.

4 - Il n'y a que des polices de chasse. Mais avant cela il y a une sensibilisation. Ces missions de police sont insignifiantes. Leur fréquence est limitée. Les gibiers arrivent tous les jours mais les polices ne sont effectuées qu'une fois par mois. Il y a un problème humain, financier et la volonté politique. Il y a le plus souvent des interventions quand on a saisi. Des gens appellent de tous les côtés, se réclamant propriétaire de telle ou telle marchandise saisie. Les missions sont d'abord insignifiantes pour le seul cas de Libreville, comparée au Gabon tout entier. Les chasseurs sont plus des personnes venant d'autres horizons. La mission de police comprend des agents des Eaux et Forêts, gendarmerie ou police. Les campements de chasse sont le plus souvent à proximité des réserves ou des aires protégées.

5 - Les raisons socioéconomiques sont à l'origine de ce phénomène. Les gens veulent avoir une activité pour se faire de l'argent. L'Etat est quand même en retard. Il devrait plutôt réglementer le phénomène. Il ne fait que l'ignorer alors qu'il est persistant.

6 - Oui. C'est d'abord par souci de conservation que l'on interdit. On conserve pour tout le monde. Le cas de l'éléphant nous prouve que la conservation est nécessaire. Les selles de l'éléphant sont à l'origine de la naissance de certaines de flore. Donc la conservation de la faune est celle de la flore. Il faut penser aux générations futures. Les réserves sont les zones de concentration de la faune. Ces animaux, à effectif élevé, peuvent sortir de la réserve pour la périphérie. Et une fois qu'ils sentent la menace, ils reviennent dans la réserve. Les organismes ont constaté la carence à certains endroits de la Terre. Voilà pourquoi ils appuient le Gabon dans son programme de conservation. Les animaux se font rare. Cela peut profiter aux organismes dans une certaine mesure, aussi aux populations par la consommation en protéines. Il y a un inventaire qui a été fait. La population animale est estimée à 270 espèces de mammifères, 330 espèces d'oiseaux. Ce sont là les espèces recensées. D'autres ne le sont pas. L'évaluation de la perte est insignifiante, car les moyens ne nous le permettent pas.

7 - Le code forestier n'a fait que récupérer la loi 1/82. C'est dans le code forestier que l'on retrouve la loi sur la protection de la faune.

8 - L'Etat n'a rien prévu à par l'élevage de petit gibier. Ce projet est dans sa phase expérimentale. Les techniques ne sont pas encore très bien maîtrisées. La faiblesse de ce projet est d'élever une seule espèce. On souhaitait également réorienter ces femmes dans d'autres activités. Mais le projet n'a pas pu voir le jour à cause des financements.

9 - Le phénomène persiste. La politique qu'on mettra en place doit intégrer la préservation, d'une part, la consommation et la pratique de la chasse, d'autre part.

COMMENTAIRE

Bivingou Abdon est gabonais, originaire de la Nyanga, d'ethnie punu, agent des Eaux et Forêts. Pour réaliser cet entretien et recueillir les informations ci-dessus, nous avons été reçu en matinée par cet agent des eaux et forêts. Il faudra noter que ce dernier n'a pas répondu à nos attentes au niveau de l'identification. Il souhaitait juste nous livrer l'information que nous voulions.

Bivingou connaît le phénomène de la commercialisation du gibier. Pour lui, c'est un danger pour la faune et pour la conservation. Il sait que ce sont les raisons socioéconomiques qui poussent les populations à exercer ce genre d'activité. Selon la réglementation étatique, la chasse de subsistance est autorisée, c'est la vente du gibier qui est prohibée. Abdon nous fait savoir que n'importe qui devenir chasseur au Gabon en respectant bien sûr les conditions pour le devenir. Pour lui, le problème se trouve dans les espèces chassées et la quantité chassée. Il dira que les moyens de l'Etat sont limités, moyens qui se résument en la sensibilisation et aux missions répressives. Les missions de police que les textes prévoient ont une fréquence trop insignifiante vu le gibier qui se retrouve dans les marchés de la place. Ces missions occasionnent des saisies systématiques. M. Bivingou nous fait savoir qu'ils reçoivent souvent des appels des personnes extérieures au service, certainement les hauts cadres du pays.

L'informateur nous a fait part de la loi 1/82 relative à la protection de la faune notamment celle relative à la chasse sur le territoire gabonais, loi que l'on retrouve dans le code forestier. Pour lui, l'interdiction a un lien avec la conservation. Il souligna, par la suite, que le projet initié par l'Etat, dans le but de renverser la tendance du braconnage, était l'élevage du petit gibier. Ce projet ne vit pas le jour pour des raisons financières. Jusqu'à ce jour, il n'y a toujours d'activité pouvant se substituer au commerce du gibier au Gabon. Pour résoudre de manière durable le phénomène de la commercialisation, cet informateur propose que la politique à mettre en place devrait intégrer la préservation, d'une part, la consommation et la pratique de la chasse d'autre part. Il reconnaît le fait que le Gabon soit en retard par rapport au phénomène. Les organismes ont constaté la carence à certains endroits de la Terre. Voilà pourquoi ils appuient le Gabon dans son programme de conservation. Les animaux se font rare.

Récit 10

Entretien en français10(*) réalisé avec Ndong Ondo Saint-Yves sur la commercialisation du gibier au Gabon au Gabon

1 - Oui. Je le connais à partir des personnes spécialisées dans la vente du gibier. En dehors des marchés publics, il y a également des restaurants. Il a pris de l'ampleur avec l'évolution des techniques de chasse. La chasse était pour la survie, rationnelle afin de diversifier le régime alimentaire. Les techniques étaient rudimentaires (fosse, filet, feu de brousse etc.).

2 - Pour nous c'est du braconnage. Ce phénomène n'est pas légal au Gabon. La chasse est réglementée dans notre pays. Sa fermeture va du 15 septembre au 15 mars. Le Gabon prône une politique de chasse sélective. Un animal enceinte ne doit pas être chassé. Ce sont les males adultes qui sont recommandés. L'influence de la civilisation est la cause principale de ce phénomène. En d'autres termes, les raisons socioéconomiques. C'est un moyen de gain facile. On a l'arme et les munitions, le tour est joué. Actuellement, on utilise aussi les câbles métalliques. On chasse de jour comme de nuit et dans n'importe quelle zone.

3 - La sensibilisation, éducation en amont, et en aval la répression fait son effet. Elle est caractérisée par la saisie systématique des armes ou du gibier. La loi n'est pas appliquée en tant que telle. La saisie seule ne peut pas freiner le braconnage. L'application de la loi est surtout rigoureuse près ou/et dans des parcs nationaux. Il y a une différence entre une réserve et un parc national. La réserve est uniquement faunique et le parc est biodiversité. Les moyens humains sont insuffisants. On a plus de cadres que d'agents d'exécution. La pyramide est en fait renversée. Cela est dû à l'élévation du niveau de recrutement. Le mieux serait de recruter à partir de la classe de troisième. Le permis de port d'arme ne nous est pas assigné. Les moyens de tous ordres sont nécessaires. La durée de formation est longue. Les effectifs des Eaux et Forêts sont vieillissants. Les moyens doivent être adaptés au contexte de l'évolution. La population ne participe pas à la lutte.

4 - La misère, pauvreté, chômage. Le commerce est une activité très rentable. Les peaux, les dents sont également vendues. La consommation n'est pas seulement charnelle, elle est aussi celle de certaines parties de l'animal comme l'éléphant, la panthère et autre.

5 - L'interdiction a un lien avec la conservation. On prône une chasse réglementée. La chasse intensive est interdite

6 - La loi utilisée actuellement est la loi 16/01. Article 14 : nul ne peut se livrer à la récolte, au transport et à la commercialisation d'un produit issu de la forêt sans une autorisation préalable de l'administration des Eaux et Forêts. Si cela était appliqué, la chasse, du moins, la commercialisation serait réglementée. La non application peut être moins bénéfique pour le Gabon. On aura la fuite des capitaux.

7 - L'Etat travail surtout dans l'importation des produits. La population n'est pas adaptée à cela. Elle veut toujours consommer naturel. Les politiques de substitution n'ont pas été mises en place par les pouvoirs publics. Même les seules structures qu'on avait ne s'adaptaient pas au régime alimentaire des populations. Peut-être, les générations futures s'adapteront au régime alimentaire importé. Nous sommes donc une génération transitoire. On trouvait du gibier partout dans la forêt mais aujourd'hui c'est plus le cas.

8 - La population doit aider les gouvernants à divulguer l'information concernant la réglementation de la chasse. Si l'Etat le fait c'est au profit des gabonais. Les chasseurs sont généralement des sujets camerounais et les équato- guinéens. La population gabonaise entretient des foyers de chasse. Elle est dépendante de l'étranger. C'est la conséquence de la paresse, de l'exode rural, manque d'activité économique. La loi 16/01 porte sur le code forestier. Elle est juste une reforme de la loi 1/82. Il y a toujours un problème d'adaptation qui se pose. L'obtention de la carabine à grande chasse n'est pas à la portée de tous. La décision est avant tout politique. Et c'est le politique qui entretient justement ce phénomène. Le gibier saisi est déposé soit dans des casernes, prison, services sociaux moyennant une décharge. Quand la chasse est fermée, ce n'est pas seulement un problème de quantité. On ne doit pas dépasser plus de trois gibiers de la même espèce. On parle de braconnage lorsque la quantité dépasse les normes requises. Quand la chasse est fermée, on ne devrait plus vendre les munitions. Le travail en synergie est nécessaire. La loi est défaillante.

COMMENTAIRE

Ndong Ondo Saint-Yves est gabonais, originaire du Woleu-Ntem, d'ethnie Fang, du clan yegui, célibataire avec quatre enfants. Il est âgé de 35 ans, agent des Eaux et Forêts, habitant Ozangué (cinquième arrondissement). Il connaît l'existence de la commercialisation du gibier. Elle est ce qu'elle est de nos jours à cause des progrès techniques. La chasse pratiquée auparavant était pour la survie et permettait la diversification alimentaire avec des techniques rudimentaires. Pour Ndong Ondo, c'est-à-dire en tant qu'agent des eaux et forêts, ces personnes font du braconnage vu que la chasse et le commerce de la faune sauvage sont réglementés au Gabon. Le commerce du gibier n'est pas légal au Gabon.

Mais les moyens permettant de lutter contre ce commerce sont limités. Alors que ces moyens doivent s'adapter au contexte actuel. Pour lui, les cadres sont plus nombreux que les agents d'exécution. Nous avons donc un renversement de la pyramide. Une étude sérieuse doit être menée afin d'adapter les moyens au phénomène. Les moyens humains sont très insuffisant compte tenu de l'ampleur de la tâche. L'informateur est conscient des raisons socioéconomiques qui amènent les populations à exercer cette activité. Il nous signifiera aussi que la consommation du gibier n'est pas seulement celle de la chair. M. Ondo constate que les populations gabonaises ne s'adaptent pas à la viande importée. Il nous a pris l'exemple des dents de la panthère, l'ivoire, les peaux...

La conservation est bénéfique pour tout le monde. L'informateur évoquera les faiblesses de la loi et celle qui est en application actuellement est la loi 16/01. Sa non application ne profite pas à l'Etat. Il pense qu'au moment de la fermeture de la chasse, on devrait également arrêter les ventes des munitions. Il avancera que les politiques de substitutions étaient défaillantes. Pour lui, la population n'est pas adaptée aux produits importés. Il n'y a pas de ce fait une activité qui pourrait remplacer le phénomène. Par ailleurs, la population devrait participer à la sensibilisation. Il souligne que c'est la population qui alimente les foyers de chasse. Il fait remarquer que le politique est aussi acteur dans ce phénomène en équipant certains chasseurs.

* 9 Entretien réalisé, le23/02/2005 à 9h30 avec BivingouAbdon à son bureau sise à la direction de la Faune et de la Chasse à STFO, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin

* 10 Entretien réalisé, le 25/02/2005 à 9h30 avec Ndong Ondo Saint-Yves à son bureau sise à la direction de la Faune et de la Chasse à STFO, par l'étudiant Mbeng Ndemezogo Georgin

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo