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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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5 - Les organisations non gouvernementales environnementales

5 - 1 Corpus théorique

Philippe Descola (1999) - « diversité biologique, diversité culturelle » in Nature sauvage nature sauvée ? Ecologie et peuples autochtones, Paris, Ethnies, pp. 213-235

Philippe Descola pose la question de la protection de la nature. Celle-ci fait face aux difficultés d'imposition ou d'acceptation. Pour cerner ces difficultés, l'auteur nous oriente vers la différence culturelle. La protection de la nature pose un problème de culture, l'Occident moderne pense la nature comme une entité qui est en dehors de l'homme. Par contre, les peuples non occidentaux retrouvent de la culture dans la nature et la nature dans la culture. C'est là, deux conceptions divergentes de la nature. Les peuples non occidentaux intègrent les ancêtres ou les non humains dans la gestion de la nature. Ces difficultés proviennent aussi du progrès technique que l'Occident a apporté. Ces peuples « ont su intégrer l'environnement à leur vie sociale de telle façon que les humains et les non humains soient traités sur un pied d'égalité » (Philippe Descola, 1999, 220). Ce que les autres non su faire. Il faut laisser les populations elle-même exprimer leur nature.

Si les peuples ont les conceptions différentes sur la nature, il en sera de même pour les éléments qui la composent. Le rapport sera différemment définit selon les sociétés. L'animal est chassé soit pour sa chaire, soit pour des soins corporels ou pour des rituels. Et la pratique de celle-ci avec des techniques rudimentaires. Les sociétés précoloniales du Gabon « étaient régies par le respect d'un ensemble de règles cynégétiques prenant la forme de règles coutumières » (Patrick Houben et al, 2004, 78). La chasse était gérée par les ancêtres, puisque ce sont eux qui gèrent la vie en société, gèrent le régénération de la faune. Les techniques actuelles prélèvent plus et les institutions de gestion ont été désacralisées, elles ont vu leur pouvoir être retiré. Les Occidentaux veulent faire de la faune un objet fragile dont le contrôle ne serait plus assuré par le capitalisme prédateur d'antan, mais par les techniques rationnelles de gestion des ressources propres au management moderne, les mouvements de protection de la nature se remettent aucunement en cause les fondations de la cosmogonie occidentale. Ils contribuent plutôt à renforcer le dualisme ontologique typique de l'idéologie moderne. Ce qui rendra l'oeuvre protectrice de la nature difficile d'application, parce rencontrera toujours des résistances malgré l'apparente acceptation de la création des parcs.

Marcus Colchester (1999) - « Parcs ou peuples ? » in Nature sauvage nature sauvée ? Ecologie et peuples autochtones, Paris, Ethnies, pp. 159-193

Marcus Colchester pose le problème de la conservation de la biodiversité. Dans son propos, il va rappeler les fondements traditionnels, religieux et idéologiques de la création des parcs nationaux, d'abord aux Etats-Unis et en Europe par la suite. Les espaces sauvages « représentent une ressource qui ne doit pas être exploitée mais gardée intacte » (Marcus Colchester, 1999, 162). Mais cette appréhension de la nature que les Occidentaux considèrent sauvage ne trouvera pas l'assentiment de tous les peuples notamment ceux qui sont plus proche de cette nature. Ces populations ont développé des façons de vivre remarquablement accordées à leur environnement. Mais cela ne va pas faire reculer l'établissement des parcs nationaux. Colchester va illustrer cet établissement avec des situations de délocalisation des peuples en Amérique, avec les Indiens, et en Afrique dont l'exemple le plus récent serait les Bushmen.

Le texte nous permet de comprendre les fondements des parcs nationaux. Il met à nue un rapport de force entre les ONG et les populations locales. Il pose là le problème des droits d'usages de ces peuples. Le Gabon a légué à la communauté internationale 11% de son territoire pour les parcs. Cela signifie que sur cet espace sauvegardé, la chasse est interdite. Les ressources fauniques qui y sont doivent leur présence touristes. La protection de ces espèces « passe pour une préoccupation de pays riches, mus par une classe moyenne urbaine rêvant de paradis perdus » (Marie-Claude Smouts, 2001, 67). Mais cette forme nouvelle de consommation reste méconnue des populations gabonaises. Pour ces dernières, cette façon de consommer la forêt ou la faune relève de l'anormal, c'est illogique. La logique traditionnelle veut que l'allée en forêt se fasse avec un objectif précis notamment pour y chercher de la nourriture, pour y chasser, pour y récolter des plantes médecinales, pour y célébrer ou encore pour y exploiter une ressource comme le bois. C'est une représentation différente de celle des Occidentaux (Muriel Obono Obiang, 2004, 33). Le conflit vécu actuellement est un conflit de représentation.

Marc Abélès (2005) - « L'anthropologie, la globalisation, le politique » in Parcours anthropologique, Lyon, CREA, n°5, pp. 18-23

Marc Abélès est directeur du laboratoire d'anthropologie des institutions et des organisations sociales du CNRS, il est également l'auteur de Jours tranquilles en 89, Anthropologie du politique et de La vie quotidienne au Parlement européen.

Le discours Abélès repose sur les conséquences de la globalisation qui prend forme en économie. Le principe global consiste à unifier les Etats afin de partager les ressources et richesses de la planète. Les Etats sont amenés à se regrouper dans de grands ensembles afin de parler d'une même voix, « c'est l'agir ensemble » (Abélès, 2005, 19) et défendre les causes communes. L'auteur fait alors remarquer que le principe de la souveraineté qui régit les Etats est entrain de perdre du sens. « Les nouvelles formes d'organisation qui jouent un rôle politique de premier plan dans les domaines aussi divers » (Abélès, 2005, 20) voient le jour. Elles représentent un nouveau modèle politique plus directement ancré dans la société civile et transcendent allègrement les frontières nationales. Immédiatement, le pouvoir des gouvernements va petit à petit s'effriter. Elles ont une place prépondérante, avec une autonomisation qui suscite des tensions nouvelles et un nouveau rapport de force va se créer.

Le texte de Marc Abélès est intéressant parce qu'il présente le contexte politique actuel. La nécessité à l'intégrer dans notre travail se trouve alors justifier, puisqu'il traite là de globalisation, c'est-à-dire des ONG dont la main invisible serait les grandes nations. Les organisations non gouvernementales défendent plusieurs causes notamment la protection de la nature avec sa diversité biologique. Leur présence va s'appuyer la dégradation de la nature et des ressources naturelles. Selon ces ONG, c'est l'humanité qui en dépend. Dans cette protection de la biodiversité, il y a la faune. Nous assistons maintenant à la création des parcs nationaux dans plusieurs pays afin de préserver cette biodiversité. Des projets de développement sont mis en place pour contenir la pression des populations locales sur la nature. Il serait souhaitable d'étudier le niveau de la relation que ces ONG environnementales gardent avec ces populations. Un rapport s'établit forcément mais il faut le définir et le mesurer. A partir du discours théorique de ces ONG et des faits empiriques de celles-ci, nous arriverons peut-être à mieux comprendre ce rapport. Quelle peut être la réaction d'un chef de famille, qui chassait son gibier dans la forêt laissée par ses ancêtres, et qu'on lui dise par la suite que ladite forêt n'est plus celle de ses ancêtres ? (Colchester, 1999, 180). Pourquoi cette opiniâtreté sur les parcs nationaux ?

Françoise Morin (2005) - « L'ONU comme creuset de l'autochtonie » in Parcours anthropologique, Lyon, CREA, n°5, pp. 35-42

Françoise Morin met en relief l'histoire de l'intégration des mouvements autochtones à l'ONU. L'auteur présente l'ONU comme la tribune des peuples minoritaires face aux injustices subies. La situation présentée est celle des peuples indiens des Amériques. La naissance de ces mouvements reposent sur trois critères importants : il y ale critère d'antériorité, le critère de spécificité culturelle et le critère d'auto-identification (Françoise Morin, 2005, 38-39). Le premier met en évidence la descendance, le deuxième les caractéristiques culturelles et le dernier accorde le primat à la différence sociale. Leur reconnaissance par l'ONU sera possible à cause leur regroupement en ONG. C'est le seul outil qui pouvait leur permettre de dénoncer les exactions dont ils sont victimes. « Les peuples autochtones firent dorénavant partie de l'agenda des Nations Unies où ils se réunissaient chaque année » (Françoise Morin, 2002, 38). Les peuples autochtones des Amériques et d'Australie prennent part, au sein de l'ONU, aux décisions qui touchent leurs situations, ils défendent leurs intérêts.

Le mouvement des autochtones des Amériques pose le problème de la redéfinition de l'approche des ONG. Celles qui prennent naissance dans les pays occidentaux disent défendre les intérêts des populations locales. Elles restent rien d'autres que « les médiateurs exclusifs entre la forêt tropicale et la scène internationale » (Marie-Claude Smouts, 2001, 67). Aucune ONG ne pourra mieux défendre les intérêts des populations locales si ce n'est elles-mêmes. Elles sont les seules à mieux cerner leurs besoins, qui ne se résument qu'à l'exploitation de leur nature ces peuples « reconnaissent qu'il est de leur intérêt d'utiliser les ressources de façon durable et de respecter les exigences de la conservation de l'environnement » ( www.unesco.org: Marcus Colchester : peut-on préserver la nature au détriment des hommes ?). Actuellement, le parc de Minkebe empêche les populations de Minvoul (Woleu-Ntem) à combler leurs besoins dans la chasse et la pêche (Patrick Daniel Abagha Ollomo, 2006, 79). Un villageois voisin au parc des Monts de cristal affirmait : « nous sommes réticent envers le projet parce que les gestionnaires nous négligent. On ne peut plus exercer librement la chasse sans qu'agent des Eaux et Forêts ne t'arrête. Cependant, ils sont les premiers à envoyer les braconniers faire la chasse pour eux. Qui doit bénéficier de cette forêt et qui ne la mérite pas ? » (Aimée Prisca Mekemeza, 2007, 11). Les restrictions sont ressenties par toutes les populations qui sont à côté des parcs créés au Gabon.

www.er.uqam.ca: Jean-François Chanlat : Intervention organisationnelle. Vers une anthropologie des organisations

Jean-François Chanlat se propose d'édifier l'anthropologie des organisations. Celle-ci se propose de mieux rendre compte de l'expérience humaine dans les organisations. Les organisations sont des univers humains et leur étude constitue un objet privilégié de l'anthropologie. Chanlat dans sa quête va formuler neuf postulats qui permettent de mieux cerner le champ des organisations. Le premier est de nature épistémologique, le second concerne le caractère générique et singulier de l'être humain, le troisième aux caractères actif et réflexif de l'homme, le quatrième fait référence au caractère langagier de l'homme, le cinquième concerne le caractère spatio-temporel de l'être humain, le sixième postulat renvoie à la vie psychique, le septième postulat concerne l'altérité, le huitième concerne la dimension symbolique, le neuvième fait intervenir la dimension éthique. Pour cerner la réalité humaine dans les organisations, Chanlat va proposer cinq niveaux d'étude. Le premier niveau a pour objet l'individu, le deuxième niveau est celui de l'interaction, le troisième niveau est celui de l'organisation, le quatrième niveau se trouve dans la société, le cinquième niveau est le niveau mondial. L'auteur conclue son propos en affirmant que les cinq niveaux sont en interaction.

La problématique développée dans ce texte tourne essentiellement autour des organisations. Le Gabon est une nouvelle conquête des organisations non gouvernementales surtout celles qui prônent la protection de la nature. Le rapport avec le sujet réside dans les objectifs à atteindre et dans les stratégies adoptées pour aborder les populations locales. Celles-ci comprennent-elles le langage des ONG ? On pourrait aussi penser que ce sont les ONG qui ne comprennent pas le langage des populations. Nous devons rechercher l'interaction entre les deux acteurs de la faune. La création des concepts tels que « braconnage, braconnier, gestion rationnelle... » montre que le message ne semble pas passé. Ce que les deux acteurs ne comprennent peut-être pas c'est que leurs intérêts, leurs besoins sont guidés par leurs représentations de la nature (Descola, 1999, 215). Le refus de comprendre le langage de l'un des acteurs de la faune amène chacun d'eux à changer de stratégies et à adopter de nouvelles positions. Les ONG promettent du travail, des écoles, des routes aux villageois en contre partie de la chasse. Nous avons plus ou moins à ce niveau les termes de l'accord. Mais si cela n'est pas fait, immédiatement les villageois prendront d'autres positions (Aimée Prisca Mekemza, 2007, 103). Le conflit va alors changer de forme et détériorer le rapport avec les populations.

5 - 2 Corpus documentaire

Maurice Kamto (1996) - « Les ONG et la protection de l'environnement en Afrique » in Droit de l'environnement en Afrique, Paris, EDICEF, pp.381-387

Maurice Kamto est professeur agrégé des facultés françaises de droit. Il enseigne à l'université de Yaoundé II (Cameroun) et est professeur associé à diverses autres universités camerounaises, africaines et françaises.

La problématique discutée dans ce texte réside dans l'objectif même des ONG. C'est à partir de la définition d'une ONG que Kamto s'appuiera pour s'interroger sur les fondements de celle-ci. Les premières ONG apparaissent vers la fin du XIXe siècle. Ce sont les ONG humanitaires ou charitables. Les plus importantes sont devenues des structures puissantes comparables aux organisations intergouvernementales, et font preuve d'assez de souplesse et de diplomatie dans leurs rapports avec les Etats dont elles sollicitent fréquemment le concours financier et l'appui pour faire triompher leurs vues ou leurs projets de textes dans le cadre de la cadre de la diplomatie multilatérale. Rio sera l'étape décisive de leur création. Dans les pays développés, elles on des égards incontournables dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques publiques de l'environnement. Par contre, en Afrique, elles sont moins bien enracinées et restent encore dans le sillage des ONG transnationales.

Dans ce travail, Maurice Kamto va discuter de deux points notamment les ONG transnationales de défense de l'environnement africain et les ONG africaines de défense de l'environnement.

Les ONG transnationales de protection de l'environnement sont presque toutes localisées dans les pays développés du Nord où elles ont été crées. Il en est ainsi : de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) ; Alliance mondiale pour la nature comme on l'appelle de nos jours, fondées en 1948 ; du World Wildlife Fund (WWF) devenu World Wide Fund for Nature ; du Wildlife Conservation International (WCI) devenu Wildlife Conservation Society ; du World Ressources Institute (WRI) ; du World Society for the Protection of Animals (WSPA) basé à Boston (Etats-Unis) ; de la Faune and Flora Preservation Society (FFPS) née en 1903 à Londres. Seuls le WWF, le WWS, le WRI et l'UICN sont relativement anciennes et leur participation aux efforts de protection de l'environnement en Afrique est importante.

Aussi les ONG transnationales d'assistance au développement agissant en faveur de l'environnement sont anciennement implantées en Afrique. On compte parmi elles : Cooperate American Relief Everywhere (CARE) ; Experiment in International Living (EXIL) ; Institut Africain de Développement Economique et Social (INADES), le Service d'Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD) ; Tropenbos Foundation. L'avènement des ONG africaines de défense de l'environnement est récent en Afrique. Il y a d'abord les ONG nationales. Deux facteurs principaux concourent à leur naissance : la prise de conscience généralisée de l'enjeu de la protection de l'environnement qui a accompagné la CNUED de RiO 1992 et la démocratisation des régimes politiques africains, en libérant le régime juridique des associations. Ensuite, les ONG interafricaines, qui sont fort peu nombreuses et tout aussi récentes que les ONG nationales. Il s'agit du Forum des Organisations Volontaires Africaines de Développement (FOVAD), de la Confédération des ONG d'Environnement et de Développement de l'Afrique Centrale (CONGAC) etc.

Kamto soulage notre effort de retracer l'origine des ONG environnementales qui servent au Gabon. Se lancer dans la protection de la nature, revient à poser un problème de droit. Leur arriver au Gabon engendre, d'une part, la révision du code coutumier relatif à la faune et peut-être la révision du code forestier gabonais, d'autre part, l'établissement par les populations d'un nouveau rapport avec la faune particulièrement. Le nouveau droit va normer les comportements des acteurs sociaux vis-à-vis de la ressource faunique. Mais il ne sera pas accepté par les populations du fait qu'il n'intègre pas leur univers. Il faut bien voir que le droit, tel qu'il est conçu par ces ONG, et imposé à l'Etat, considère n'importe quel usager comme un délinquant en puissance ( Gérard Buttoud, 1995, 46). Cette approche du droit de l'environnement manque de modestie et de réalisme. Le droit de l'environnement, c'est nécessairement des usages de la nature. Nous avons déjà vu avec plusieurs anthropologues (Descola, 2005 ; Mayer, 2004, Evans-Pritchard, 1968) que la nature est socialisée par les peuples extra occidentaux, il y a de la culture dans la nature et de la nature dans la culture. L'approche du droit de l'environnement ne peut être respectée que si elle prend en compte les intérêts ou les usages des différents acteurs de la nature.

Marie-Claude Smouts (2001) - « Introduction » in Forêts tropicales, jungle internationale : les revers d'une écopolitique mondiale, Paris, Presses des Sciences PO, pp.

19-52

Marie-Claude Smouts est directrice de recherche au CNRS et au centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques. Elle est spécialiste de la théorie des relations internationales et de la diplomatie multilatérale. Elle enseigne à l'Institut d'études politiques de Paris dans le cadre du Programme science-environnement-société.

Dans son introduction de l'oeuvre, l'auteur va développer cinq points seul le troisième (les enjeux de la multifonctionnalité) va attirer notre attention. Smouts identifie les différentes fonctions que l'on attribue aux forêts tropicales et tente de savoir les auteurs de ces définitions. Soulignons que c'est depuis 1992 que les usages ou les fonctions de forêts tropicales ont été clairement définis. Cette conférence de Rio visait effectivement une exploitation rationnelle des forêts mais tout en reconnaissant le droit de gestion de chaque pays. Dans cette déclaration de principes, tous les rôles de la forêt sont mentionnés partant de la satisfaction des besoins sociaux, économiques, écologiques, culturels et spirituels des générations actuelles et futures, sans oublier le maintien des processus et de l'équilibre écologiques aux niveaux local, national, régional et mondial. La Déclaration de principes va dégager le concept de développement durable comprenant ainsi les différents rôles définis. Tous ces rôles vont se regrouper en trois notamment protection, production et accueil, qui résument les trois fonctions de la forêt à savoir écologique, économique et sociale.

La question est de savoir si cette schématisation en trois fonctions et cette philosophie de la gestion multi usages sont pertinentes en région tropicale. Deux approches se dégagent de cette querelle. La première estime que la seule stratégie de conservation efficace est la spécialisation des espaces forestiers pour un usage donné. Elle privilégie les parcs nationaux, et est partagée par de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG) et dans une grande mesure par la Banque mondiale. Pour cette dernière, en accord avec le WWF, 200 millions d'hectares de forêts doivent être gérées de façon durable et certifiée.L'autre approche plaide pour un système de gestion durable appliqué à toutes les forêts, sauf quelques cas très rares de forêts primaires à considérer comme de véritables monuments du patrimoine naturel de l'humanité et à traiter comme tels. Ici, la conservation des espèces et l'exploitation du bois sont compatibles. C'est une approche que semble partager l'organisation internationale des bois tropicaux (OIBT).

Le texte de Smouts est révélateur. Elle donne la configuration des forêts tropicales. La forêt gabonaise est de nos jours une vraie jungle internationale. Les deux théories développées par l'auteur s'expriment véritablement sur le territoire gabonais. Tout ceci au détriment, au désavantage des populations elles-mêmes. Le système de gestion durable appliqué à toutes les forêts est illustré par les concessions forestières, qui couvrent actuellement les neuf provinces du Gabon. Aucune province n'est épargnée par l'exploitation du bois. Nous rappelons que l'exploitation forestière date de l'époque coloniale. C'est aussi à la même période que l'idée de protéger la nature pris vie. Mais la politique de protection de la nature par des parcs nationaux semble récente. L'Etat gabonais a réservé à l'humanité 11% de son territoire. La forêt gabonaise se trouve de par et d'autre concédée à des privées, à l'humanité. Nous aurons alors trois acteurs pour une même forêt, chacun voulant tirer la corde de son côté, et tirer profit des ressources fauniques pour ne citer que celle-là. Le « braconnage » sera de ce fait l'expression d'un mécontentement des populations, qui se voient exproprier leur forêt.

Patrick Houben et al (2004) - « L'élevage de gibier, une alternative de gestion de la faune sauvage et de la satisfaction de la consommation traditionnelle de gibier » in Revue gabonaise des sciences de l'homme : les formes traditionnelles de gestion des écosystèmes, n°5, Libreville, PUG, pp. 77-84

Patrick Houben et al sont des médecins de l'ONG Vétérinaires sans frontière. C'est dans le cadre du séminaire du LUTO dont le thème portait sur les formes traditionnelles de gestion des écosystèmes qu'ils ont produit cette communication.

Ce document soulève le problème de la gestion des espèces animales. La faune est menacée par les techniques modernes de chasse. Les auteurs dans leurs propos énumèrent brièvement les animaux qui sont appelés à disparaître si rien n'est fait. Ils font état des facteurs qui participent à l'exploitation abusive de la ressource faunique, et présent les limites des lois en vigueur. Il est évident que la consommation est le propre de l'Africain et du Gabonais en particulier. Cette consommation est avant tout un fait de culture. Les lois coutumières mises en place par les anciens permirent la pérennité de ce fait de culture. Il faut chasser tout en pensant à demain, d'où la notion de préservation ou de régénération. Houben et al expliquent l'émergence de la commercialisation du gibier par le passage d'une société dite traditionnelle à une société dite moderne, aussi par l'effectif élevé des chasseurs. Ils pensent que c'est là les causes de l'extinction de certaines espèces fauniques. La chasse n'est plus pour la subsistance mais pour la vente de la faune. Ils proposeront comme solution pour y remédier la pratique de l'élevage. Il viendra se substituer à la chasse afin de renverser la tendance pour la préférence de la viande de brousse.

Les auteurs posent le problème de l'élevage, pratique possible pour substituer à la chasse. Ce n'est pas l'élevage des poules, des moutons... mais celui d'un animal sauvage. L'éléphant et la mangouste sont domestiqués en Asie, le guépard l'était en Egypte (Mayer, 2004, 45), mais nous ignorons comment ces animaux étaient domestiqués, et nous ignorons aussi le nombre d'individus qui l'étaient, quels sont les rôles qu'ils jouait ? Patrick Houben et al propose un projet d'élevage afin de renverser la tendance de la consommation des animaux sauvages sans proposer les espèces à domestiquer. La chasse est pratiquée pour la consommation. Bien sur si élevage il y a, il sera pensé pour remplir les mêmes fonctions que la consommation de la faune sauvage. Mais, le rapport que le consommateur garde avec la faune sauvage restera t-il le même avec l'animal domestique comme substitut ? L'élevage couvrira t-il toutes les espèces fauniques ? Notons préalablement que c'est pas parce que c'est l'athérure qui est plus consommé qu'elle doit prise comme la seule espèce que les Gabonais consomment. Les études ont prouvé que les Gabonais consomment presque toutes les espèces (Georgin Mbeng, 2006, 78 ; Bongoatsi Eckata, 2001, 89). Il y a bien des interrogations qui méritent d'être étudiées.

www.bib.fsag.ac.be: Cédric Vermeulen, Jean-Louis Doucet : Stratégies nouvelles et recompositions sociales autour de la faune dans le Bassin du Congo

Cédric Vermeulen et Jean-Louis Doucet sont chercheurs au Laboratoire de Foresterie tropicale et subtropicale, particulièrement dans l'unité de gestion des ressources forestières et des milieux naturels de la faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux en Belgique.

Les auteurs de cet article posent le problème de la surexploitation de la faune dans les concessions forestières du Bassin du Congo. Le braconnage commercial menace la biodiversité mammalienne et la sécurité alimentaire à long terme des populations locales. Singulièrement, cette situation génère une réponse inédite collégiale d'intervenants aux intérêts à priori divergents. Ainsi, autorités administratives, ONG internationales de la conservation et entreprises forestières ont trouvé, dans le processus de certification, un modus vivendi commun pour amorcer une lutte anti-braconnage sur de vastes espaces. Cédric Vermeulen et Jean-Louis Doucet analysent les intérêts de chaque partie et la place réservée aux populations dans ces recompositions nouvelles autour de la faune.

Nous retenons dans ce texte la ferme détermination des ONG dans la lutte anti-braconnage d'une part, et l'imposition de leur philosophie d'autre part. elles sont conscientes de l'impossible lutte contre les concessions forestières, mais peuvent s'allier aux exploitants forestiers afin d'avoir un ennemi commun le villageois. C'est un aspect de la situation que nous avons abordé dans les années précédentes. En effet, les concessions forestières ont une part de responsabilité dans la maîtrise de la forêt par les chasseurs à partir des pistes (Georgin Mbeng, 2006), les employés de ces concessionnaires font parfois la chasse quand il n'y a pas de travail. La difficulté pour les ONG de faire baisser la surexploitation de la faune reste effective.

www.ecofac.org: Jori Ferran : L'élevage d'aulacode au Gabon : un exemple d'exploitation rationnelle de la faune

Jori Ferran est médecin de l'ONG Vétérinaire sans frontière. Il fut le chef du projet « Elevage de petit gibier » au Gabon.

La problématique soulevée dans ce texte traite de l'exploitation rationnelle de la faune sauvage à partir de l'élevage d'aulacode. Jori Ferran, après avoir montré les aspects biologiques de l'aulacode, proposera les raisons de l'élevage de cette espèce au Gabon. La raison première est démographique, car l'aulacode est l'une des espèces qui ont de très fortes populations. Sa viande est très prisée. Sa domestication est très appréciée des populations. L'auteur rappelle que le projet a reçu le financement de l'Union Européenne, représentée dans le projet par ECOFAC.

Le projet de l'élevage de l'aulacode a vu le jour grâce à la collaboration de l'Etat gabonais et d'ECOFAC. Nous posons des questions sur l'étude alimentaire afin de savoir si les populations apprécient cette espèce. L'élevage de gibier était-il une solution qui pouvait changer la configuration de la consommation de la viande de brousse ? Il est vrai que l'objectif est de produire de la viande. Mais, il se pose dans ce genre de projet un problème de diversité d'espèces, puisque le projet n'en élève qu'une seule.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote