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Les implications culturelles dans la commercialisation du gibier au Gabon

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par Georgin MBENG NDEMEZOGO
Université Omar Bongo - Diplôme d'Etude Approfondie 2007
  

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4 - L'administration des Eaux et Forêts

4 - 1 Corpus théorique

Claude Rivière (2000) - « Types d'organisation : la bande, les sociétés à pouvoir diffus, les chefferies » in Anthropologie politique, Paris, Armand Colin, pp. 53-63

Claude Rivière est professeur émérite d'anthropologie à la Sorbonne - Paris V. après de nombreux ouvrages sur l'Afrique où il a été doyen de faculté et chef de département, il a fait, entre autres, Classes et stratifications sociales en Afrique (1978), Les Liturgies politiques (1988), Socio - anthropologie des religions (1997).

Claude Rivière, dans cet extrait de texte, nous édifie sur les différents types d'organisation existant avant la colonisation. Il y a d'abord la bande qui se caractérise par un groupe de chasseurs, pêcheurs, cueilleurs nomades. « La bande est l'organisation sociale minimale nomadisant sur un territoire relativement autonome en fonction des saisons » (Claude Rivière, 2000, 53). C'est un groupe d'individu qui n'a pas d'armature institutionnelle, ni différenciation fonctionnelle, ni stratification, c'est l'activité qui détermine le chef de groupe. Il y a ensuit les sociétés à pouvoir diffus aussi appelé segmentaire ou acéphale. Elles sont caractérisées par l'agriculture, l'horticulture ou pastoralisme. Le pouvoir est géré par un aîné choisit par les chefs de famille. Elles ont un système de parenté unilinéaire, des associations initiatiques, la réciprocité dans les échanges, un égalitarisme social, une propriété collective des terres. Le troisième type d'organisation est les chefferies, appelées aussi royaume. Le mot désigne à la fois l'institution et le territoire. Le pouvoir est centralisé.

Il nous était nécessaire d'étudier préalablement les sociétés précoloniales notamment leurs types d'organisation, avoir une bonne lecture de la dynamique de transformation non seulement de ces sociétés mais aussi de l'activité cynégétique. Nous voyons, à partir de ces écrits, que les peuples précoloniaux avaient un rapport direct et étroit avec la nature et les ressources qui s'y trouvent. Dans toutes ces sociétés, la dimension surnaturelle organisait les activités humaines. Rien n'était fait sans l'aval des ancêtres ou d'une entité supérieure quelconque (James Frazer, 1981-1984). Ces populations avaient toujours et surtout peur de la réaction des dieux. La chasse ne pouvait avoir lieu si l'ancêtre n'est pas d'accord (Meillassoux, 1974). Ces sociétés avaient des systèmes de valeurs édictées par les esprits que le groupe se devait de respecter.

Claude Rivière (2000) - « Types d'organisation politique : l'Etat » in Anthropologie politique, Paris, Armand Colin, pp. 63-71

Claude Rivière est professeur émérite d'anthropologie à la Sorbonne - Paris V. après de nombreux ouvrages sur l'Afrique où il a été doyen de faculté et chef de département, il a fait, entre autres, Classes et stratifications sociales en Afrique (1978), Les Liturgies politiques (1988), Socio - anthropologie des religions (1997).

Claude Rivière nous édifie sur l'Etat, qui serait le dernier type d'organisation politique. L'Etat a fait l'objet de débats par les philosophes, sociologues et anthropologues. Tous s'accordent sur la centralisation du pouvoir, la souveraineté d'un espace géographique, l'utilisation de la force par la classe dominante et des instituions spécialisées. Les historiens et les anthropologues voient en l'Etat la conséquence d'un processus divers notamment écologique, économique, religieux, idéologique, sociologique. Les empires ont aussi les mêmes caractéristiques que l'Etat-nation moderne. La dernière met en évidence la nationalité et la citoyenneté. Plusieurs interrogations seront formulées sur les différentes fonctions de l'Etat, allant dans le sens de la réalisation de ses objectifs, les rapports avec la formation et la structuration des classes sociales, les façons d'agir sur la culture politique, les modes de gestion des conflits et d'action face à la protestation sociale (Claude Rivière, 2000, 70).

Ce texte de Rivière vient en confrontation avec celui que nous avons étudié plus haut. Dans ces deux textes, nous avons deux types d'organisation politique avec un pouvoir non centralisé pour les premières sociétés étudiées ci-dessus, et un pouvoir centralisé pour l'Etat. Le Gabon, de nos jours, est un Etat, concept qui est une réalité externe. La création des Etats en Afrique s'est faite selon la pensée occidentale, c'est-à-dire à la manière de l'Occident. Il est alors nécessaire de comprendre leur construction de l'Etat, afin de saisir ce que le Gabonais doit attendre théoriquement de son Etat, ses droits et devoirs.

Claude Rivière (2000) - « Les dynamiques sociopolitiques : dynamiques modernes et politique de développement » in Anthropologie politique, Paris, Armand Colin, pp. 132-138

Claude Rivière est professeur émérite d'anthropologie à la Sorbonne - Paris V. après de nombreux ouvrages sur l'Afrique où il a été doyen de faculté et chef de département, il a fait, entre autres, Classes et stratifications sociales en Afrique (1978), Les Liturgies politiques (1988), Socio - anthropologie des religions (1997).

Dans cet extrait, l'auteur traite des transformations que l'Afrique a connu après la colonisation. Avant de discourir sur la dynamique du Tiers Monde, Rivière démontre au préalable l'époque coloniale pour rappeler les maux de cette époque, qui se résument à la sujétion politique, l'exploitation économique, les clivages sociaux et raciaux, domination, inégalités techniques et économiques. Suite à une révolte plus ou moins vive contre l'ordre colonial, l'indépendance entraîna la démocratisation formelle du système de gouvernement pris en charge par les locaux. Ces pays mettront en place des systèmes politiques, des institutions républicaines, une nouvelle procédure pénale et civile se substituant aux coutumières, constitution, codes et décrets. Des aléas économiques vont se poser à ces pays. La politique de développement suppose une réorganisation des pouvoirs avec gestion de l'économie par des pouvoirs modernes et administrations par l'Etat des flux d'import-export.

Notre objectif, en nous appuyant sur ce texte, est de préciser le contexte dans lequel les sociétés gabonaises se trouvent. Nous avons l'intention de retracer un passage, celui d'une société lignagère à une société étatique supra lignager (Marc Abélès, 1990). Théoriquement, l'Etat serait pour les Gabonais l' « ancien » dont la responsabilité a été donné pour gérer le lignage, celui qui plaide les causes du village auprès des esprits et le dieu qui toujours plus proche des hommes, promulguant la loi, subvenant à leurs besoins. Cela pose d'énormes problèmes dans le fonctionnement normal de l'Etat. Les pratiques sociales ne vont pas de paire avec les institutions de la République. Le rapport entre les classes sociales et avec les institutions prend un coup (Jean Bazin, Emmanuel Terray, 1982). La non application de la loi en matière de la faune et le non respect de celle-ci sont l'une des preuves que nous pouvons avancer pour justifier ce conflit.

www.dhdi.free.fr : Michel Alliot : La coutume dans les droits originellement africains

Michel Alliot est professeur de droit et anthropologue spécialisé dans l'étude es droits africains. Il a participé à la naissance des universités de Dakar et de Rabat, créé celle de Madagascar, fondé l'université Paris 7 dont il a été le premier Président de 1970 à 1976. Fondateur du Laboratoire d'Anthropologie Juridique de Paris rattaché à l'université Paris I.

Michel Alliot nous édifie sur la problématique du droit en Afrique. Plusieurs auteurs ont pensé longtemps qu'on ne devrait pas parler de droit pour l'Afrique. L'auteur donne sa position par rapport à ce vieux débat, et démontre par la suite que l'Afrique a bel et bien un droit. Il fallait attendre 1957 pour que la nature propre du droit coutumier africain soit reconnue. Alliot fait savoir que le droit coutumier africain est l'envers du droit des Occidentaux, le premier est oral et le second est écrit. Les deux droits ont tout de même le fondement religieux comme point de rencontre. La cosmogonie influence chacune des sociétés et leur façon de penser l'univers. Aristote cherchait ce qui est commun à ceux d'une même espèce afin de les classer dans un genre et de les déterminer par différence ( www.dhdi.free.fr : Michel Alliot : La coutume dans les droits originellement africains).

Le texte de Michel Alliot est à situer à l'époque précoloniale. C'est dans cette optique que nous établissons le rapport avec notre sujet. Nous voulons comprendre la dynamique du droit gabonais actuel. La compréhension du droit gabonais réside dans la saisie de sa nature et de ses caractéristiques. Enoncer les règles coutumières, sans prendre auparavant conscience du rôle considérable que jouent les conceptions métaphysiques religieuses dans le système juridique des peuples du Gabon, resterait une approche bien terne. C'est que, par son origine, par les concepts qu'elle véhicule, par sa mise en oeuvre, la coutume est imprégnée de mysticisme, de sacralité. (J. John-Nambo, 2000). Le stricte respect de la coutume provenait de ce caractère sacré, sacralité qui repose sur le pouvoir des ancêtres. Autre caractéristique importante, dans les sociétés gabonaises précoloniales les droits d'une communauté l'emportent sur l'individu. Ce n'est pas celui-ci qui est titulaire de droits mais la communauté à laquelle il appartient. Nous n'avons la prétention de faire un cours d'anthropologie du droit gabonais, mais tout simplement rappeler l'environnement social en ce temps là.

www.dhdi.free.fr: Camille Kuyu : Repenser les droits africains pour le XXe siècle.

Camille Kuyu est docteur en droit et en anthropologie, diplômé en philosophie et en science politique, il enseigne aux universités de Paris I et Paris XI, ainsi qu'en Belgique.

L'ouvrage est somme de contribution sur les régulations des sociétés africaines à l'aube du 21e siècle, et sur les possibilités de l'élaboration d'un nouveau projet de société qui mettra aux populations africaines de se réconcilier avec leur passé, tout en restant ouvertes aux quatre processus de mondialisation mis en lumière par Etienne Le Roy (mondialisations financière, écologique, humanitaire et bureaucratique). Le projet de l'ouvrage est capital en Afrique actuelle où le décalage entre le droit officiel et le vécu juridique réel est de plus en plus attesté. En effet, au lendemain des indépendances, le système juridique hérité de la colonisation devait servir de modèle pour la mise en place du droit nouveau dégagé de l'emprise des structures traditionnelles, et susceptible de créer des conditions favorables aux nécessités du développement. Mais le législateur, dans son oeuvre de modernisation, est paralysé par des résistances : au niveau juridique, les lois sont moins suivies par les populations. Après avoir été méconnu, puis contourné et détourné, le droit importé fait maintenant l'objet d'une contestation, et son inadaptation est devenue flagrante.

Il était important pour nous de présenter deux situations du droit, d'abord l'image ancienne que nous avons précédemment étudié, et l'image actuelle. Ces deux situations nous permettent de lire facilement la dynamique du droit gabonais et de comprendre les difficultés d'application du droit français importé. La situation que présent Camille Kuyu est celle qui est vécue au Gabon. On observe non seulement la permanence des coutumes ancestrales dans le quotidien des populations rurales et urbaines, mais aussi de nombreuses innovations. Il ne s'agit pas seulement de pratiques de contournement du droit moderne, mais surtout d'alternatives qui se situent dans l'entre-deux ( www.zabra.com: Camille Kuyu : Parenté et famille dans les cultures africaines). C'est cela qui est à l'origine de l'inapplication et du non respect du droit gabonais. Il semble que le législateur de 1982 n'avait pas prévu l'ampleur que prendraient la chasse et la vente de la faune sauvage gabonaise. Sur le plan législatif, aucune adaptation n'a été préconisée. Les reformes législatives ont été effectuées, mais ce vide juridique est toujours constaté dans l'appréhension du phénomène par les législateurs (Georgin Mbeng, 2006, 82).

4 -2 Corpus documentaire

Jonas Ibo Ghéhi (1993) - « La politique coloniale de protection de la nature en Côte d'Ivoire (1900-1958) : la protection de la faune » in Colonisation et environnement, Paris, CNRS, pp. 83-104

Dans ce texte, il est question de la politique environnementale de la France en Côte d'Ivoire pendant la colonisation. Trois points y sont débattus, nous portons notre intérêt au dernier point qui traite de la protection de la faune. Ghihi rappelle, pour une meilleure compréhension, les différents textes juridiques qui protègent la faune sauvage en Côte d'Ivoire. En 1926, la France décide de la création de deux parcs en Côte d'Ivoire. Immédiatement onze mammifères et quatorze oiseaux de différentes espèces seront protégés et interdits de chasse. Celle-ci était possible que par la détention d'un permis sportif. En 1958, deux réserves sont instituées. En 1933, lors d'une conférence internationale sur la faune et la flore, la France a signé la convention portant création des parcs nationaux. L'auteur rappelle que l'un des objectifs étaient de répondre à la demande en ivoire.

Ghéhi illustre une situation générale de la politique coloniale de protection de l'environnement notamment de la faune. Le cas est le même au Gabon. Nous constatons tout simplement que le code forestier gabonais est l'un des éléments que le Gabon hérita de la colonisation. On se demande qui sert-il actuellement, puisqu'à l'époque coloniale il servait les intérêts français ? Les textes sont les mêmes en pratique, ils vont de la création des réserves à l'interdiction de la chasse. Nous tenterons dans notre recherche de procéder à une étude comparative des textes juridiques notamment entre le code forestier français et le code forestier gabonais.

Présidence de la République (2001) - « Principes fondamentaux de la gestion du secteur forestier : la faune sauvage » in Code forestier en République gabonaise, Libreville, Ministère des Eaux et Forêts, de la Pêche, du Reboisement, chargé de l'environnement et de la protection de la nature, pp. 12-17

Ce texte est le chapitre troisième du livre premier du Code forestier en République gabonaise. Ce chapitre comporte 42 articles. Le législateur commence par définir la faune sauvage en la réduisant à l'ensemble des espèces sauvages non domestiques. Il va distinguer cette faune sauvage en faune totalement protégée, partiellement protégée et non protégée. Ces faunes sont gérées dans des aires protégées instituer par l'Etat, afin de remplir des fonctions spécifiques. Le législateur va alors interdire la chasse dans ces aires protégées et interdire l'usage de toutes les techniques de chasse illégales à l'intérieur ou à l'extérieur des aires protégées. L'activité cynégétique ne sera praticable qu'après l'obtention d'un permis de chasse et de port d'arme. Le non respect de ces articles met le contrevenant dans les faits accomplis.

La dernière reforme du Code forestier date de 2001. Elle recèle une faiblesse originelle qui réside dans son intitulé même. C'est une loi d'orientation en matière d'Eaux et Forêts. Et, un examen approfondi montre qu'il s'agit d'une loi sur la forêt que sur l'environnement ou sur la faune sauvage dans son ensemble. Ceci n'est en soi une tare. Cependant, tout porte à croire que le fil conducteur de la loi est l'exploitation forestière. De même, le lien n'est quasiment jamais fait entre l'exploitation forestière et la conservation de la biodiversité ou les différents usages de la faune sauvage définie plus haut, comme si, par exemple, il n'existe aucune espèce animale ou végétale autres que les arbres (bois) dans les zones concédées aux exploitants forestiers. Par ailleurs, en tant que « code d'exploitation » des ressources naturelles, la loi est révélatrice d'une option presque essentiellement répressive. Elle fait peut de place à une gestion concertée de la diversité biologique et ignore quasiment les modes de gestion populaires et traditionnelles de la biodiversité.

Http : www.internetgabon.com/actu/L'Union/2004/actu_novembre%202004/actu_u11112004d.htm - Malgré des campagnes de sensibilisation en faveur d'une gestion saine des ressources naturelles.

Rappelons d'abord que cet article est une production du journal L'Union Plus, quotidien gabonais. Son contenu présente la situation du braconnage près des parcs nationaux notamment ceux du Loango et Moukalaba-Doudou, dans les provinces de l'Ogooué maritime et de la Nyanga. L'auteur de cet article commence par s'interroger sur l'avenir des parcs nationaux ou l'écotourisme et du patrimoine à léguer aux générations futures. Ces interrogations qui méritent d'être posées ne trouveront pas de solution si le braconnage prend de l'ampleur dans les parcs nationaux. Les parcs nationaux sont l'objet de multiples agressions perpétrées par des chasseurs détracteurs de la loi sur la chasse. Le service des eaux et forêts, avec le concours du WWF, a mis les moyens en place, en usant de la répression, pour lutter ou freiner la pression cynégétique près des parcs de Moukalaba-Doudou et du Loango notamment la surveillance de proximité sur les zones cibles, le brûlage des pièges et la destruction systématique des campements, des amendes, la saisie de la viande de, des armes et enfin le contrôle des mouvements suspects dans les principaux points d'attraction (marchés, débarcadères, etc.). Des missions de police sont effectuées afin de marquer une certaine influence auprès des chasseurs. Le propos de fin prendra corps dans la présentation des richesses que regorgent les différents parcs cités plus haut, présentation qui rentre dans le droit file de la valorisation de l'écotourisme au Gabon.

Il est tout de même intéressant de faire constater que dans la majorité des discours produits sur le braconnage, la place de la consommation et du consommateur en milieu urbain est très faible et parfois inexistante. Nous exprimons ici l'image ou le message qui nous est lancé par les médias. Donc, en luttant contre le braconnage, en arrêtant de chasser, on arrêtera de consommer de la viande de brousse. Pour asseoir cela, les pouvoirs publics mettront en place des instruments pour y arriver. La sensibilisation reste le premier moyen usité pour faire comprendre aux populations le bien fondé de la gestion et de la protection de la faune. A travers le site www.internetgabon.com/actu/L'Union/2004/actu_novembre%202004/actu_u11112004d.htm, nous constatons que les médias sont là pour aider les pouvoirs publics dans cette tâche.

L'autre instrument dans cette sensibilisation reste les organisations non gouvernementales qui vont avec les médias relayer l'information aux populations. En effet, « Grâce à l'éducation du public, la chasse est, aux Etats-Unis et au Canada, uniquement un sport dans lequel ne se glisse aucune source de profit » (Bernard Boullard, 1992, 205). En d'autres termes, dans ces pays du Nord, la chasse est reléguée au rang de distraction, de loisir par des amateurs de trophées, appartenant aux classes les plus aisées de la société, participent à de coûteuses expéditions dans de lointains pays giboyeux. L'information est de proposer la loi en matière de la chasse notamment la chasse de subsistance ou d'autoconsommation. L'objectif est donc d'asseoir le concept de braconnage et faire valoir sa nécessité.

L'objectif dans ce jeu ou dans cette instrumentalisation c'est d'amener les populations à consommer le concept de braconnage. La diffusion des images des saisies, la production des discours par les médias et les organisations non gouvernementales (ONG) conduisent immédiatement à la cause et à l'importance de la préservation et à la protection. Cette instrumentalisation conduit stricto sensu à l'interdiction de l'expression culturelle actuelle notamment à la consommation de la viande de brousse par les populations urbaines. Nous tendons effectivement vers un changement du mode de vie ou de consommation. Nous pensons que c'est là où réside la conception réelle du concept de braconnage. La mise en valeur des instruments pour lutter contre ce qui semble impossible (celle qui est expliquée plus haut) est soutenue par le pouvoir financier détenu par les organisations non gouvernementales de renommée mondiale. L'assise de la thèse du braconnage comme frein à l'essor de l'écotourisme repose à ce niveau. La mise en valeur de ces instruments nous conduit à l'acceptation d'un fait, pour les chasseurs villageois, celui d'être braconniers, c'est-à-dire défier la loi.

Sournia et al - « Le braconnage : revue des principaux problèmes et de leurs conséquences » in Le Flamboyant, Paris, Réseau International Arbres Tropicaux, n° 59/60, 2005, pp. 27-37

Dans cet article, il est effectivement question du braconnage. Dans leur propos introductif, les auteurs définissent d'abord le concept de braconnage qui fait l'objet de leur étude. Les auteurs vont distinguer quatre formes de braconnages à savoir : le braconnage pour la consommation des populations rurales repose uniquement sur la chasse d'autoconsommation ; le braconnage professionnel pour la viande, celui que nous observons dans les centres urbains, crée de l'emploi et ravitaille les populations urbaines en viande de brousse ; le braconnage destiné à la fourniture des sous-produits, concerne surtout les éléphants, pour leurs pointes d'ivoire, les rhinocéros, pour leurs peaux. Certains animaux sont aussi chassés pour servir en médecine traditionnelle. La dernière forme citée est le braconnage des animaux vivants. Celui-ci concerne surtout les chimpanzés et les gorilles, qui sont très recherchés pour des expériences médicales, des parcs zoologiques, des cirques ou des particuliers. Il concerne aussi, dans une moindre mesure, le trafic d'oiseaux comme les perroquets gris.

A la suite de cette distinction des formes de braconnage, les auteurs vont également distinguer trois formes de conséquences : les conséquences écologiques, repose sur la destruction des équilibres naturels ; les conséquences économiques causées par les pertes de recettes fiscales et touristiques, le coût de la reconstitution d'un environnement viable, le coût de remplacement d'une source naturelle et le coût et le coût de la réintroduction des espèces disparues ; les conséquences sociales et culturelles qui ne seront pas en reste. Dans leur propos de fin, les auteurs ont déploré les limites des législations mises pour gérer comme cela se doit le braconnage. Ces limites, associées au progrès technique, à la mondialisation et à la monétarisation, favorisent l'augmentation dudit braconnage.

Sournia et al « tout chasseur devient un braconnier lorsqu'il enfreint les limites reconnues par la société à travers la législation en vigueur : en deçà de ces limites il reste chasseur, au-delà il devient un braconnier ». La loi délimite les domaines que le chasseur est appelé à franchir dans sa chasse. Sur le plan matériel, il est interdit d'utiliser les fusils ou carabines non autorisés et des collets métalliques sont défendus. Sur le plan technique, la chasse de nuit est strictement prohibée. La loi n'autorise pas la chasse des espèces protégées et le quota par espèces est à respecter et la chasse se fait avec un permis. Si chasse il y a, qu'elle se fasse en dehors des parcs nationaux et en période d'ouverture. Bernard Boullard souligne que « chasser en dehors des périodes autorisées, ou sur le terrain d'autrui sans son accord, ou mettre en oeuvre des engins prohibés, sont autant de pratiques de « braconnier » » (Bernard Boullard, 1992, 210). Le « braconnier » perpétue une forme d'opposition à la norme et à la loi.

Nous pensons donc à la suite de cela que toute la réglementation en vigueur repose sur ce concept. La gestion durable ou rationnelle de la faune repose en l'application des règles de chasse établies par les pouvoirs publics. A partir de la production de la viande de brousse dans les centres urbains, il est possible de penser et de soutenir que la chasse doit être rationnellement gérée. Les populations gabonaises se reconnaissent-elles d'abord dans cette loi ? Le concept de braconnage n'intègre pas les logiques locales et le contexte actuel ( www.dhdi.free.fr: Camille Kuyu : Repenser les droits africains pour le XXIe siècle). Et il est lui-même extérieur à ces peuples. La législation moderne du Gabon autorise effectivement, sans formalités et sans frais, la chasse des gibiers non protégés par les méthodes traditionnelles. Mais la chasse dite « traditionnelle » ayant disparu, les armes à feu et les pièges à câbles métalliques se sont répandus dans les villages, la nuit est le moment le plus préféré des chasseurs, ce qui amène ceux-ci à ne pas respecter l'espèce protégée et le quota autorisé. La législative moderne en matière de la chasse condamne les armes à feu et les pièges à câbles métalliques du fait qu'elles ne sont pas sélective, mais prône l'utilisation des méthodes de chasse traditionnelle. Nous sommes tentés de nous poser la question de savoir en quoi l'assommoir peut-il être sélectif dans la manière qu'il est fait ?

www.infoplusgabon.com: Le Gabon attend la contrepartie des partenaires du Nord pour la protection de la nature.

Dans cet article du périodique Infoplusgabon, il est question de la nouvelle politique en matière de la gestion de la biodiversité basée sur la création des parcs nationaux. Notons qu'il y a quelques années (2002), le Président de la République gabonaise prenait la décision de créer 13 parcs nationaux, plaçant ainsi plus de 10% du territoire en protection totale. Il faut dire que cette décision est prise à la suite des sommets de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 et de Johannesburg en Afrique du Sud au mois de septembre. C'est lors de ces sommets que le Gabon s'est engagé de mettre en valeur sa biodiversité. Il faut rappeler que le Gabon est situé au coeur du bassin du Congo et celui-ci constitue le deuxième poumon vert de la planète après le bassin forestier de l'Amazonie. Ainsi, la décision de mettre à disposition de 11% du territoire en aires protégées sera influencée par les pays du Nord en tête desquels les Etats-Unis avec le concours des organisations non gouvernementales (ONG) de défense de l'environnement et de la Banque mondiale. Le texte nous fait savoir qu'en contre partie des engagements du Gabon, un appui financier devrait accompagner la mise en application de la décision du développement durable par la promotion de l'écotourisme. La visite au Gabon de la délégation du Congrès américain, qui succède à celle du secrétaire d'Etat américain Colin Powell, a permis de statuer sur les sites à financer. Mais cette manne financière est toujours attendue par le Gabon.

Ce texte est beaucoup instructif. Il nous apprend que le Gabon n'a pas pensé lui-même la nouvelle politique de gestion rationnelle de la faune parce qu'il n'a pas pris lui-même l'initiative des parcs nationaux. Le projet a été pensé ailleurs et imposé aux populations pour satisfaire les intérêts des penseurs ou des prometteurs. Nous pensons à cet effet que le projet éco touristique s'inscrit dans les Programmes d'Ajustement Structurel qui ont toujours échoué en Afrique (Axelle Kabou, 1991). De même, la consommation nouvelle véhiculée par l'écotourisme nous amène à penser que la théorie évolutionniste reste encore valable et est à appliquer sur les pays du sud. La complexité du fait alimentaire appelle à la vigilance lorsqu'il est question de programme de développement comme celui de l'écotourisme, car un changement introduit risque de bouleverser l'ordre social et culturel en place, ou d'affronter cet ordre, ce qui le voue à l`échec. Inversement, les sociétés sont en perpétuels mouvements, et tolèrent le changement lorsque celui-ci est compatible avec les structures profondes de son organisation symbolique et matérielle. Pourquoi disposer 10% du territoire gabonais en parcs nationaux ?

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius