WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La pêche traditionnelle, pratique vodouesques et croyances afro-haitiennes à  Gressier

( Télécharger le fichier original )
par Vitalème Acceus
Université d'Etat d'Haiti - Etudes Africaines, Afro-américaines et caribéennes 2009
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre III

Considérations générales sur la pêche traditionnelle en Haïti

3-1- La pêche traditionnelle en Haïti : Aspect historique et culturel

En Haïti, autrefois et aujourd'hui encore, les hommes ont pêché de manière traditionnelle. La pêche traditionnelle, par ses aspects historique et culturel, n'est pas tout à fait différente de celle des autres pays de la caraïbe. Car, les périodes de son avènement sont presque identiques. D'autant plus qu'on utilise quasiment les mêmes matériels dans la pêche traditionnelle avec une variation peu remarquée et qui est relative à la culture des différents peuples. De même en Haïti, les conditions de pratiquer la pêche traditionnelle sont identiques partout dans les différentes régions du pays. Sur toutes les côtes, on dispose les mêmes types de matériels et référents culturels avec quelques nuances.

Dans ce chapitre la pêche traditionnelle sera abordée du point de vue historique et culturel.

3.1.1- Aspect historique de la pêche traditionnelle en Haïti

L'histoire de la pêche en Haïti remonte à l'époque précolombienne. Certes, aucune étude complète sur la culture originaire d'hispagniola à l'arrivée des Européens n'est disponible, cependant quelques descriptions faites par Christophe Colomb, Las Casas, Oviedo et Navarette Martur permettent de voir qu'il y avait une culture de la pêche sur l'île.

Les Taïnos ou les Arawaks étaient pour la plupart des pécheurs. Ils vivaient et pratiquaient la pêche, la chasse et l'agriculture prés de la mer et des fleuves. Ils se servaient de canots de bois fouillés et des pirogues.

Les vestiges archéologiques montrent que les indiens utilisaient des pesons de filets de pêche. Ils sont faits de pierres plates métamorphiques généralement de formes élitiques trouvées sur les plages. Leurs dimensions varient de 3 à 15 centimètres de long. Une entaille est faite sur le bord de chaque côte au milieu de la pierre. Les petites pierres étaient employées pour les petits filets circulaires, tandis que les plus grosses étaient employées pour lester les filets mesurant des centaines de mettre de long ou plus.

Jusqu'à aujourd'hui les pécheurs haïtiens se servent de grosses pierres, qu'ils attachent souvent deux par deux, pour lester leurs longs filets. Les pierres se révèlent adéquates pour retenir au fond sablonneux entre les récifs.

Les colonisateurs Espagnols qui arrivaient sur l'île vers le XVe et XVIe siècle, et venaient peu après l'arrivée de Colomb ont condamné les Indiens à des travaux surhumains qui les conduisaient à la mort ; et vers 1590, les Indiens devaient être remplacés par les des africains dans de réels travaux forcés.

Les Français s'établissaient dans la partie occidentale Hispaniola vers 1625 et les espagnols se confinaient dans la partie orientale (aujourd'hui République Dominicaine) de l'île.

Des pirates français et anglais venus des plus petites îles situées plus à l'est, s'établirent dans l'île de la Tortue et dans presque toutes les villes côtières du pays. Les occupants français ou flibustiers qui en se fixant sur la terre ferme deviennent des boucaniers et des habitants. Ce sont ces derniers qui sont devenus des pécheurs dans la colonie de Saint Domingue. Avec leur connaissance de la mer, dès leur arrivée sur l'île ils commencent à pêcher dans la mesure des canots ou des pirogues creusées dans les troncs d'arbres, une pratique héritée des indiens de l'île.

Les Français intensifiaient la traite des noirs, initiée par les Espagnols. Entre temps, les flibustiers et boucaniers qui sont aussi pour la plupart des pêcheurs vivaient en bon termes : les flibustiers donnaient des fusils et des objets pillés aux bateaux, en échange de poissons, viandes fumées et de peau. Cette forme d'échange est connue sous le nom de matelotage.

Aujourd'hui les pêcheurs haïtiens se servent des pesons de filets de pêche du temps des Taïnos ou des Arawaks, pour retenir leurs sennes au fond de la mer et la pêche reste encore traditionnelle. Il est vrai, à la fin du XXème siècle que la pêche traditionnelle connaisse une certaine transformation avec l'introduction de pirogues à moteurs sur plusieurs côtes du pays et certaines organisations et des coopératives de pêche dans quelques zones du département de l'Ouest et dans la Grand'Anse.

Maintenant, l'existence de la pêche traditionnelle est incertaine. Cet avenir sombre résulte de l'abandon de cette activité au profit des usines de la sous-traitance .De plus, les exigences de la modernité réclament l'abandon des traditions irrationnelles.

3.1.2- Aspect culturel de la pêche traditionnelle en Haïti

La Pêche Traditionnelle en Haïti est une vieille pratique, puisque nous avons déjà indiqué que les indiens qui étaient les premiers habitants de cette île la pratiquaient. Les Africains, surtout les arabes, les Congos, les monoïques, les Bambaras, les nègres du Mozambique, les Ibos, les nègres Dahomey, d'Urba étaient des hommes transplantés d'Afrique à Saint Domingue comme esclaves avaient leurs traditions et cultures se rapportant á la pratique de la pêche.

La transmission de la connaissance de la pêche traditionnelle se fait de manière orale. Les initiés à la pratique de la pêche deviennent pêcheurs après avoir appris à pêcher, comme on apprend tout autre métier. Le pays par son histoire s'est trouvé à la jonction de trois courants culturels : le courant Amérindien, le courant Européen et le courant négro-Africain. Dans la communauté des pêcheurs l'influence négro-africaine fut prépondérante et continue de marquer profondément la réalité de la pêche dans le quotidien. En d'autres termes, la transmission du savoir de la pêche se repose sur l'observation de la pratique des anciens. En général, les pêcheurs ne pêchent pas précisément par goût pour la pêche ; ils font un métier qui leur parait plus abordable en raison de la réalité de la zone où ils habitent.

En Haïti il n'y a pas de tradition qui veut qu'un enfant soit pêcheur par héritage familial. Mais il arrive souvent que dans la famille que l'on compte au moins un pêcheur. Cependant, la tradition reste et demeure : l'homme ira à la pêche et la femme s'occupera toujours de la vente des poissons.

La vie courante des pêcheurs est étroitement liée à la religion et aux croyances traditionnelles. Le vodou continue à servir de base religieuse et culturelle dans la relation des pêcheurs à la mer. Ils accomplissent des rites consacrés aux maîtres des eaux à des dieux du Vodou en pratiquant la pêche.

Les pratiques de la pêche traditionnelle de la pêche haïtienne et les rites qui les accompagnent remontent á l'époque indienne .La colonisation, notamment l'arrivée des africains y introduit les croyances et les rites Africaines. Au XIXe et au XXe siècle, les pratiques connaissent une certaine modernisation ou d'une part et d'autre part on observe une tendance á l'abandon de cette activité. Que dire de la pêche traditionnelle dans la commune de Gressier.

La pêche traditionnelle a toujours été depuis longtemps l'une des activités économiques les plus importantes de la commune de Gressier .Elle a sa forme d'organisation et ses caractéristiques propres.

Elle s'accompagne d'un ensemble de pratiques vodouesques et de croyances afro-haïtiennes. Ce chapitre faisant le point sur la pêche traditionnelle à Gressier et comprend cinq parties :

a) Caractéristiques et typologie de la pêche traditionnelle à Gressier

b) Description des différents matériels utilisés dans la pêche traditionnelle à Gressier

c) Pratiques vodouesques et croyances Afro-haitiennes dans la pêche traditionnelle à Gressier

d ) Les croyances Afro-haitiennes dans la pêche traditionnelle a Gressier

3.2- Caractéristiques et typologie de la pêche traditionnelle à Gressier

A Gressier la pêche est largement répandue. Néanmoins, l'instabilité dans laquelle fonctionne cette activité empêche d'évaluer la quantité avérée de poissons et d'autres fruits de mer délestés dans ces contrées.

Ce qui détourne la comparaison entre la pêche d'hier et celle d'aujourd'hui. Toutefois, une appréciation de la position des vieillards et l'observation de la réalité journalière permettent de faire ressortir certaines nuances.

La pêche est un processus par lequel un individu se rend à la mer pour capturer des fruits de mer pour l'autoconsommation ou la vente. Ainsi, quand les pêcheurs de Gressier partent de leur port d'embarcation, ils ont des endroits où ils s'arrêtent pour pêcher. Parfois, ils se promènent d'un lieu à un autre à la recherche de tout ce qu'ils trouvent sur leur passage. Dès qu'ils atteignent un endroit poissonneux, ils s'installent dans le canot ou dans le `'bwawon'' ou bien ils plongent dans l'eau. Cela dépend du type de pêche qu'ils auront à pratiquer. Il en existe différentes sortes en Haïti : pêche à la ligne, pêche au fusil, pêche au lambi, pêche à la nasse, pêche à la senne, au ''privier''et nous en passons.

3.2.1- La Pêche à la ligne

La Pêche à la ligne se pratique sur un rocher au bord de la mer, sur le rivage, ou encore au beau milieu de la mer sur son canot ou son `'bwawon''.

Le pêcheur dans ce type de pêche se sert d'un hameçon attaché à la ficelle, le prépare en introduisant de la nourriture (Lak9(*)) et le jette à l'eau. Il attend qu'un poisson s'amène et quand il constate que la ligne s'étire, il la file d'une ou de plusieurs brasses, puis s'appuie sur la ligne pour `'piquer'' le poisson. A chaque capture, le pêcheur enlève l'hameçon de la gorge du poisson. Si le `'lak'' n'a pas eu le temps d'être consommé, le pêcheur le lance à nouveau dans la mer. Et ainsi de suite jusqu'à la fin de la journée.

Ce type de pêche semble se révéler le plus facile, car n'importe quel adolescent ou une personne qui se lance dans l'activité pour la première fois peut le pratiquer en se tenant sur le bord du rivage.

3.2.2- La pêche au fusil

La pêche au fusil pour sa part, nécessite que le pêcheur possède un canot ou de `'bwawon''. Le pêcheur dans sa démarche, prend son fusil, une ligne ou ficelle, son masque et ses pattes de nage, puis se jette à la mer. Une fois dans l'eau, il cherche des poissons d'une grosseur raisonnable pour fusiller. A maintes reprises qu'il attrape à la ligne un poisson, il s'arrête pour l'enlever de la flèche et l'attache à la ligne.

Ce type de pêche est également utilisé par des personnes possédant des canots ou des `'bwawon''. S'il s'agit de deux pêcheurs, l'un reste à bord et l'autre plonge. Sous l'eau, le plongeur est relié au canot par une corde qui l'empêche de s'éloigner. Quand il atteint un poisson, il fait apparaître la crosse de son fusil à la surface de l'eau, signal qui invite l'autre á embarquer la prise. Il faut noter que le pêcheur qui se trouve à bord peut profiter de son attente pour pratiquer de la pêche à la ligne.

3.2.3- La pêche au lambi

La pêche au lambi, tout comme la pêche au fusil est pratiquée par des plongeurs professionnels. Pour ce faire, le plongeur a besoin au minimum d'un canot, un sac et une corde. Arrivé à l'endroit où vivent les lambis10(*), le plongeur les ramasse et remplit son sac. S'il s'agit de deux, il fait signe à l'autre pour faire monter le sac sur le canot. Dans le cas contraire, il effectue tout seul le travail jusqu'à terme. Une fois arrivé sur le bord du rivage, le lambi est débarrassé de son coquillage et ensuite vendu aux marchandes.

3.2.4- La pêche à la nasse

La pêche à la nasse à Gressier est considérée comme l'une des plus importantes activités économiques. La quasi-totalité des habitants de la commune investit dans la pêche à  la nasse. Ils sont nombreux ceux qui déclarent ne pas pratiquer la pêche, mais possèdent une ou plusieurs nasses sous l'eau. Ce type de pêche se réalise en déposant la nasse dans l'eau et de l'enlever. Il est communément appelé : `'tann nas''11(*) dans la zone de Gressier. Il se réalise de deux (2) façons : soit sans liège ; ce que l'on appelle nasse sans `'bwe''12(*), soit avec liège, c'est ce que l'on appelle nasse `'a bwe''.

Que la nasse soit avec ou sans '' bwe'', elle passe plusieurs jours sous l'eau avant d'être enlevée. Pour la tirer de l'eau, on la drague. Ici, il est à noter que chaque nasse porte un insigne permettant à son propriétaire de la récupérer. S'il s'agit d'une nasse avec liège, avant de la draguer, on utilise un miroir monté dans un tambour à ouverture latérale. On place le miroir au-dessus de l'eau, à l'endroit où se situe la nasse. Quand on le repère, on file la drague soutenue par une longue corde et on adapte ses pointes à la nasse qu'on soulève facilement. On le met à bord pour le transporter sur le rivage.

Parfois, quand la nasse n'a pas pris beaucoup de poissons on la débarrasse sur la place en haute mer et la recharge à nouveau de nourriture pour être placée cette fois-ci un peu plus éloignée de l'endroit précédent.

3.2.5- La pêche à la senne

Pour la pêche à la senne, les pêcheurs s'installent au bord de la mer. Quelques uns montent dans un canot et vont déployer la senne sur toute sa longueur, à un endroit où ils pensent avoir une quantité de poissons. Installés sur le bord du rivage, ils tirent par les deux (2) bouts la senne qui ramasse tout sur son passage. Ce genre de pêche est peu recommandé, car elle traîne sur le rivage tous les petits poissons. Parfois, certains le relâchent. Mais avec la dégradation de l'environnement et la misère qui augmentent de jours en jours, des pêcheurs les vendent par marmite. Ce qui appauvrit donc de plus en plus la mer. C'est le même procédé pour la pêche au privier la seule différence est que le privier est de plus petite dimension et qu'un seul homme peut s'asseoir sur son canot et la pratiquer.

3.2.6- La pêche palan

La pêche palan c'est la pêche dans laquelle on relie á un panier des centaines d'hameçons, dispersés de vingt cinq (25) à trente (30) centimètres les unes des autres par une ligne. Les hameçons sont munis de l'appât (lak).

Arrivée au fond de la mer, le pêcheur déploie le palan de toute sa longueur à l'endroit où il suppose avoir le plus de poissons. Si la zone est poissonneuse et que la chance lui sourit, il peut attraper cent (100) poissons s'il y a 200 hameçons dans le palan. Donc, autant d'hameçons que de poissons. Les pêcheurs disent qu'ils aiment bien ce type de pêche parce qu'il leur permet d'attraper une quantité considérable de poissons dans un laps de temps.

3.2.7- La pêche à la traîne

La pêche à la traîne offre un avantage particulier. Etant constituée de gros hameçons et d'une ligne assez résistante, elle permet d'attraper parfois des poissons pouvant même faire renverser le canot. Dans ce cas, ces poissons peuvent aussi offrir un avantage considérable par rapport aux autres types de pêche. Il consiste à laisser traîner derrière le canot une ligne contenant de l'appât.

3.3- Description des différents matériels utilisés dans la pêche traditionnelle à Gressier

Les matériels de pêche sont des outils qui permettent aux pêcheurs de s'adonner à leurs activités. Chaque type de pêche nécessite certains matériels spécifiques. Cependant, cela n'empêche pas qu'il existe des matériels qui sont utilisés dans presque tous les types de pêche.

Ici, nous allons présenter certains matériels utilisés par les pêcheurs de Gressier : comme le canot, le bwawon, les hameçons, la nasse, la drague, le palan...

3.3.1-Le canot

Le canot, c'est un matériel permettant aux pêcheurs de se déplacer d'un point à un autre sur la mer pour entreprendre une quelconque activité. Généralement, il est construit par des professionnels ou par les pêcheurs eux-mêmes. Il est de forme concave et mesure en moyenne de 10 à 13 pieds de long sur 5 à 7 pieds de large. Dans le canot, on trouve généralement les points (gaya), le gouvernail, la mât, le dalot, la barre, etc.

Le canot a deux ponts que les pêcheurs appellent `'gaya'', situés à ses deux extrémités. Il constitue une plate forme composée de lattes de planche sur laquelle se tenaient les pêcheurs pour conduire, dormir, manger. En cas de pluie, ils se servent de cachettes pour la conservation des produits.

Le gouvernail est une poutre de planche constituée de surface plane, disposée à l'arrière du canot. L'introduction du `'barre'', un morceau de bois rond de 7 à 8 cm d'épaisseur et 90 à 100 cm de longueur, dans l'axe vertical du gouvernail permet au pêcheur de diriger le canot.

Le dalot, c'est un petit canal placé à l'intérieur du canot permettant aux pêcheurs d'évacuer l'eau qui y abonde en temps de pluie ou de marée haute.

Le mat, c'est une longue pièce de bois dressée verticalement et obliquement sur le pont de devant et destinée à porter la voile. Il faut noter qu'un pêcheur, pour faire avancer son canot, peut utiliser un moteur, des avirons ou de la voile.

La voile est un élément indispensable dans l'utilisation du canot en haut de mer. Elle a la forme triangulaire. C'est un assemblage de pièces de toiles ou d'autres tissus cousus ensemble pour former une surface capable de recevoir l'action du vent et de servir à la propulsion du navire. Dans le cas où il n'y aurait pas de vent, la propulsion se fait par les avirons ou par un moteur. Mais, dans les localités de Gressier, jusqu'à présent, les pêcheurs n'ont pas la possibilité de doter leur canot d'un petit moteur qui leur permettrait d'atteindre le rivage à temps en cas de brusque changement de température. Il faut noter que ces pêcheurs, bien qu'ils ne soient pas météorologues, interprètent à leur façon les signes atmosphériques. Ils disent que tel signe ou tel nuage correspond à un mauvais temps ou une tempête, tel autre va donner une grande pluie ou tel signe va donner un vent favorable pour arriver au port à temps.

3.3.2- Pirogue ou Bwawon

Pour la construction du pirogue ou `'bwawon'' on utilise un tronc d'arbre géant, généralement un gommier ou d'autres bois aussi légers que lui. Après l'avoir bien préparé à l'aide d'une hache, d'une machette et d'un oiseau, on le laisse dessécher avant toute utilisation pour la pêche. Le pirogue `'bwawon'' a une forme allongée et ne peut pas s'aventurer en haute mer. Il ne peut pas tenir ni de voile ni de gouvernail. Il est conduit par un pêcheur à l'aide d'une pagaie. Avec cette pagaie, il rame l'eau et dirige le pirogue `'bwawon'' à la direction voulue. Mais s'il va en haute mer à plusieurs kilomètres des lieux et qu'une tempête se lève brusquement, il risque de faire naufrage, car la pagaie ne peut pas le faire avancer plus vite que d'habitude.

3.3.3- Le Hameçon

Le hameçon (le zen), comme le dit le petit Larousse illustré13(*) est un petit crochet métallique placé au bout d'une ligne avec un appât (lak) pour prendre des poissons. Ils sont de dimensions multiples et variées. On les différencie à partir de leur numéro. Le plus petit numéro correspondant au hameçon de la plus grande dimension. Au fur et à mesure qu'on augmente au numéro, on diminue en dimension. Ainsi, les numéro 11, 12, 13,... sont de très petits hameçons.

Ce sont eux qu'on utilise pour la pêche palan14(*) . Alors que le hameçon numéro 1 est la plus grande dimension. Il est utilisé pour la pêche à la traîne15(*). Les lignes qu'on utilise pour tenir le hameçon sont également de dimensions variées. On les différencie aussi selon leur numéro.

3.3.4- La nasse

La nasse est une sorte de récipient ayant la forme d'un `'Z'', dotée d'une entrée en goulot (asyon)16(*) dans lequel le poisson une fois entré ne peut plus sortir. Elle est construite de roseau ou de bambou. Pour préparer la nasse, le constructeur achète le roseau, le fait dessécher, le sépare, etc... Selon la dimension, un roseau est fendu en 2, 3,4 et même 6 morceaux. Ils sont ensuite nettoyés pour donner des bruns très minces, qu'il faut tresser afin de constituer les différentes parties de la nasse. Une fois terminée, elle est reste au soleil pendant quelques jours avant d'être chargée de nourriture de toute sorte comme pulpes d'arbre véritable, peau de boeuf, noyau d'avocat... etc. Pour être ensuite déposée à la mer dans un endroit choisi par le pêcheur. S'il s'agit d'une petite nasse, elle est enlevée chaque deux ou trois jours pour ne pas la laisser à la merci des gros poissons qui peuvent la briser pour manger les petits poissons capturés. Mais, s'il s'agit d'une grande nasse, elle peut rester pendant deux ou trois semaines. Quand les poissons aperçoivent les autres qui mangent à l'intérieur, ils entrent eux aussi pour trouver quelques choses à manger.

Une fois entrés, ils n'ont pas le moyen de sortir. La nasse est l'un des principaux matériels indispensables pour les pêcheurs de Gressier. Même quand un pêcheur pratique la pêche au fusil ou n'importe quel autre type de pêche, il a une nasse à la mer qu'il dit être son carnet de banque.

3.3.5- La drague

La drague est un bout de fer ayant des pointes repliées sous forme d'une étoile de mer qui permet de soulever une nasse au fond de mer sans grande difficulté. Elle est attachée au canot par un long code. Pour draguer, le pêcheur se sert toujours d'un miroir. Le miroir quant à lui est un matériel très fiable qui facilite au pêcheur de détecter sous l'eau l'endroit exact où se trouve la nasse pour qu'il puisse la draguer sans difficulté.

3.3.6- Le palan

Le palan est un panier bordé d'un cercle de liège destiné à recevoir les hameçons. Il est constitué de deux hameçons de très petites dimensions. Les hameçons sont distancés les uns des autres et sont montés chacun par une ligne liée à la ligne principale. Le palan a un point de départ et un point d'arrivée. Dans la bordure du panier, on laisse une ouverture qui indique par où l'on doit commencer le déploiement de son contenu.

Ainsi, après chaque séance de travaille, le palan constitue dans son intégralité chaque hameçon enlevé à la gorge d'un poisson est remis à sa place initiale. Dans le cas contraire, le palan est déformé et ne peut plus être utilisé à nouveau.

* 9 C'est une sorte de nourriture que le pêcheur met dans l'hameçon ou la nasse qui lui permet de capturer des poissons. Elle peut être de la pulpe de l'arbre véritable, des noyaux d'avocat, des verres de terre, de la peau de boeuf, petits poissons, mollusques... etc.

* 10 Les lambis vivent près des récifs corollaires et dans des zones herbeuses et rocheuses

* 11 C'est l'action d'immerger la nasse dans l'eau. Il consiste à identifier un lieu poissonneux et un indice permettant de la récupérer.

* 12 Bwè: c'est une sorte de liége qui permet à la nasse de rester suspendu dans l'eau. Il peut être aussi un morceau de bois très léger ou un gallon vide en plastique bien fermé.

* 13 Larousse Ilustré, Paris, Librairie Larousse,1998, P.482.

* 14 Voir pêche palan

* 15 Voir pêche à la traine

* 16 C'est l'ouverture qui contient la nasse. Elle facilite la rentrée des poissons mais en empêche la sortie. Elle est de la forme conique.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand