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Dynamique entrepreneuriale féminine et son accompagnement: cas de la Tunisie

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par Chakroun Marzouki Wafa
Université de Sousse - Master en entrepreneuriat 2007
  

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CHAPITRE II

PHENOMENE ENTREPRENEURIAL FEMININ DANS UNE
PERSPECTIVE D'ACCOMPAGNEMENT

Introduction

Comme le notait le professeur EBOUE (2000), lors d'un colloque organisé par la Boutique de Gestion A.L.E.X.I.S sur les entrepreneurs immigrés39, c'est la spécificité même du public issu de l'immigration qui « rend les politiques d'accompagnement indispensables » à son égard. L'auteur évoquait comme déterminants de la spécificité de l'entrepreneuriat immigré « le contexte généralement hostile à l'immigration économique » et, en particulier, les discriminations sur le marché du travail et le rationnement bancaire. Partant de cette idée et en s'inspirant de différentes théories de discrimination envers les femmes dans la vie quotidienne que professionnelle, nombreux chercheurs ont confirmé la transposabilité 40 des deux phénomènes féminins et des immigrés.

Autre ce point de vue, autres raisons ont joué le rôle d'inhibition à l'entrée des femmes sur le marché du travail et plus précisément dans le domaine de création d'entreprises nouvelles ; son rôle traditionnelle dans la famille comme seule responsable du foyer, la naissance des enfants, leurs éducations, etc. ; les attitudes et les coutumes qui ont toujours considéré les femmes comme partie de la population des minorités, sont tous des raisons inhibitives à l'entrepreneuriat féminin. Ces éléments seront discutés dans la première section de ce chapitre, s'intéressant de la spécificité de femmes en affaires.

La deuxième section s'occupe de la relation porteurs « femmes » portants dans une perspective d'accompagnement. Cette analyse passe nécessairement par une confrontation de l'offre et de la demande d'accompagnement en soulignant la diversité des structures d'accompagnant existants.

39 T. LEVY TADJINE (2004), « L'Entrepreneuriat immigré et son accompagnement en France », Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion, Université du Sud - Toulon- Var. Prix de la première thèse en entrepreneuriat. P.253.

40 J. ZOUITEN,T. LEVY TADJINE (2005), « Les femmes et les immigrés ont-ils besoin d'un accompagnement entrepreneurial spécifique ? », IVème Congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat, Paris 24-25 Novembre, p. 11-12.

Section 1

SPÉCIFICITÉ DE L'ENTREPRENEURIAT FÉMININ

Les études empiriques menées su l'entrepreneuriat ont surtout concerné les hommes entrepreneurs. La femme entrepreneure comme un sujet d'étude est un phénomène récent. Ce n'est pas étonnant dans la mesure où le monde des affaires reste pour longtemps la chasse garde des hommes. Toutefois, des études britanniques et américaines indiquent que la proportion des femmes entrepreneures dans ces pays s'accroît assez rapidement (CROMIE et BIRLEY, 1992 ; KOURILSKY et WALSTAD, 1998). Abondant dans le même sens, la Small Business Administration prévoit que la part des femmes entrepreneures atteindra 50% l'an 2002 et s'accroît les années à venir41.

FILION (1997) et GASSE (1993) et d'autres chercheurs français ont montré que ce phénomène se manifeste en France avec une grande intensité au cours de dernières années42. L'intérêt constaté par les chercheurs à propos de ce phénomène a enrichi la connaissance sur les carartéristiques démographiques de cette population cible, leur famille, leur expérience professionnelle, leur formation et leur motivation pour créer une entreprise et les problèmes qu'elles rencontrent.

Néanmoins, malgré que ce phénomène se manifeste selon une intensité variable suivant les pays, les chercheurs ont élaboré à peu près les mêmes thèmes sur l'Entrepreneuriat féminin. Essentiellement basées sur des études comparatives soit entre minorités et non minorités, soit entre femmes entrepreneures et femmes gestionnaires, soit entre hommes et femmes entrepreneurs, les recherches ont visé à déceler les différences aussi bien sur le plan des profils de ces femmes, de leurs entreprises, qu'au niveau des problèmes rencontrés. On peut aborder les résultats de ces recherches selon 4 thèmes majeurs :

v' Les caractéristiques socio démographiques des femmes entrepreneures, (II.1.1)

v' Les caractéristiques de leurs entreprises, (II.1.2)

41 F. K. HIEN (2002), « L'Entrepreneuriat féminin au Burkina Faso : une étude exploratoire », Septembre, p.13.

42 P. DAY- HOOKOOMSING (2002), « La situation de la femme entrepreneur face à al nouvelle donne économique à l'île Maurice », 6ème Congrès International Francophone sur la PME, Octobre, HEC, Montréal.

v' Leurs motivations pour se lancer en affaires (II.1.3) et

v' Les problèmes qu'elles rencontrent tout au long de leurs activités entrepreneuriales. (II.1.4)

II.1.1. Caractéristiques socio démographiques des femmes entrepreneures

C'est l'aspect la plus couramment abordé dans la littérature. Les questions traitées couramment concernent les données démographiques de la femme entrepreneure à savoir l'age, la formation, l'influence familiale, les valeurs personnelles, la carrière antérieure, le style de direction, le type de l'entreprise crée. Et depuis, le nombre de recherches qui se sont focalisées sur les femmes entrepreneures a augmenté. Ces études ont été menées partout dans le monde. Cependant, les résultats de ces recherches sont divers et contradictoires (FISHER, REUBER et DYKE, 1993). La plupart d'entre elles révèlent des différences entre les femmes et hommes entrepreneurs, prenons l'exemple des études menées par BUTTNER et ROSEN (1989), CHRISMAN et Al. (1990), RIDING et SWIFT (1991) et encore HISRISH et PETERS (1991).

Ces différences se manifestent aussi bien du point de vue de leurs motivations (GEOFFE et SCASE, 1995) que de leurs expériences et leurs besoins pour la création. Toutefois, d'autres travaux montrent l'existence de ces différences entre les deux sexes du point de vue de leurs traits de personnalité (SEXTON et BOWMAN- UPTON, 1990), de leurs expériences et de leurs besoins (BELKOURT et Al., 1991)43.

De ce fait, une revue de la littérature succincte nous permet de relever les résultats contradictoires de ces enquêtes.

Dans un angle de vue quasiment différent, des études menées par l'Agence de la Promotion de Création d'Entreprise APCE (1999) et l'Organisme de Création et Développement d'entreprises OCDE (1998) ont montré que le profil de la personne créatrice d'activité entrepreneuriale varie selon les territoires et l'histoire du milieu (dotation

43 J. ZOUITEN (2005), op. cit.

d'infrastructures, niveau de compétences et de qualification de la main d'oeuvre, culture du pays...)44.

Somme de toute, il est claire que dans la pratique la personne créatrice d'activité entrepreneuriale que ce soit femme ou homme doit posséder un potentiel entrepreneurial et des qualités qui soient liées à la création. Néanmoins, des qualités personnelles, des attitudes, des comportements, des antécédents personnels incontournables s'imposent, ces sont semblet-il les clés d'entrée dans la décision de création45.

1. Âge

La relation entre l'âge de la femme créatrice d'entreprise et sa carrière entrepreneuriale a fait l'objet de recherches minutieuses (RONSTADT, 1983).

HISRISH et PETERS ont fait la distinction entre l'âge de l'entreprenance (tel qu'il se reflète dans son expérience) et l'âge chronologique46. Comme on le verra dans la prochaine section, l'expérience de l'entreprenance est l'un des facteurs les plus prédictifs de la réussite, particulièrement lorsque l'entreprise nouvelle et l'expérience professionnelle relèvent du même domaine d'activité.

En termes d'âge chronologique, les études sur les femmes entrepreneures montrent une distinction différente et mettent en relief une plus grande diversité d'âges. WELSCH et YOUNG (1984) ET BIRLEY, MOSS et SAUDRES ont montré qu'aux Etats-Unis les femmes sont plus jeunes que les hommes, au moment du lancement de leur projet entrepreneurial. Elles indiquent que l'âge moyen se situe entre 25 et 40 ans, alors que pour les hommes, c'est plus que 43 ans47.

En revanche, d'autres enquêtes menées aux Etats Unis démontrent le contraire notamment celle menée par HISRISH et PETERS en 1990 qui indiquent une tendance des hommes à faire leur première tentative significative peu après leur trentième anniversaire et les femmes plutôt autour de 35 ans.

44 G.TCHAOUSSI (2002), « Eveil entrepreneurial, engagement et coaching des femmes créatrices d'activités entrepreneuriales au Cameroun ».

45 G. TCHAOUSSI (2002), op. cit.

46 R. D. HISRISH, M. P. PETERS (1991), « Entrepreneurs hip: lancer, élaborer et gérer une entreprise», Edition. Economica. pp.61-62.

47 J. ZOUITEN (2005), op.cit.

Lille décrit cette situation comme étant « la période du libre choix » où l'on a confiance en soi et où l'on dispose d'une base financière suffisante tandis que les contraintes familiales sont moindres.

Selon des études issues du portrait statistique des femmes entrepreneures au Canada (2002), LEGARE et ST- CYR ont montré que les femmes entrepreneures appartiennent à une catégorie d'age relativement plus jeune que celle des hommes48.

En Europe, la situation est assez différente. L'age moyen de entrepreneures est beaucoup plus élevé. Sans doute dans le contexte européen, la promotion dépend de l'age et le capital et beaucoup plus difficile à accumuler49.

D'après une étude réalisée en 1997 par un institut de recherche européen sur un échantillon de 300 créatrices, une large majorité a entre 30 et 50 ans. En ce sens, d'autres recherches ont tendance à confirmé ces conclusions et indiquent que les femmes sont plus âgées que leurs homologues masculins (WATKINS, 1984 ; BURDETTE, 1990 ; DENG, HASSAN ET JIVAN, 1995 ; HERNANDEZ, 1997).

En Afrique, les femmes sont toujours été considérées comme des minorités et ont tendance à s'orienter vers la création d'activités entrepreneuriale individuelles dans un age relativement plus élevé que celle des hommes.

Sur ce point, HERNANDEZ et RAJEMISON ont aboutit à des conclusions reflétant que les femmes entrepreneures en Afrique sont plus âgées par rapport à leurs correspondantes des EU et de l'Europe généralement et ce probablement en raison de la valorisation tardive de l'Entrepreneuriat et de la réussite des femmes en affaires.

2. Formation

La formation des femmes entrepreneures a fait l'objet d'abondantes recherches que leurs résultats confirment bien les contradictions au sein même d'un pays. En effet, la plupart de sauteurs américains, tel que WATKINS en 1983 ou encore BELKOURT et Al. remarquent que les femmes ont une éducation moins importante.

48 M. H. LEGARE, L. ST- CYR (2000), « Portrait statistique des femmes entrepreneurs », HEC, Canada.

49 F. K. HIEN (2002), op. cit.

Par contre, WELSCH et Young constatent que les femmes étaient mieux éduquées que les hommes entrepreneurs. L'étude de BIRLEY et al. (1987) et celle de HISRISH et BRUSH (1984) ne reflètent pas de différence significatives entre les deux genres. Selon ces derniers, le niveau d'éducation des femmes entrepreneures est comparable à celui des hommes, mais ce qui diffère sont les domaines d'études (ingénierie, gestion, sciences humaines...). Ce constat a été presque le même en Canada50.

En Europe, les femmes d'affaires sont un peu plus scolarisées que la population en général (LAVOIE, YUDKIN et STARR, 1997). Or, elles sont plus nombreuses que les entrepreneurs males à avoir terminé le secondaire ou le collégial et seulement un peu moins détiendra un diplôme universitaire. La plupart auraient aimer l'école et auraient bien réussi, contrairement à la croyance populaire qui associe les caractéristiques du décrochage scolaire aux entrepreneures féminins (GASSE et D'AMOURS, 1993)51.

Selon des statistiques prises du rapport de Line Robert à l'aide du réseau des femmes entrepreneures sur les caractéristiques des femmes francophones, on note qu'en 2003, les femmes créatrices d'activités entrepreneuriale sont parfaitement instructives. Cette population cible a un niveau de scolarité aussi élevé que les entrepreneurs établies avec presque 4 femmes sur 5 ont fait des études post secondaires. Plus de la moitié des femmes interrogées ont fait des études universitaires (55.5%)52.

En Afrique, les chercheurs ont mis à l'évidence l'existence des fondements idéologiques des valeurs et des coutumes qui ont été à la base dans les politiques sociales de scolarisation en Occident.

Dans cette perspective, les statistiques qui ont été faites dans nombreux pays africains montrent que les femmes, en général, n'ont pas un niveau d'instruction secondaire appréciable, non plus un niveau supérieur ; en ce sens, le taux d'analphabétisme dans ces pays était plus élevé pour les femmes que pour les hommes.

50 J.ZOUITEN (2005), op.cit. p3-4.

51 Y.GASSE, A.D'AMOURS (1993), « Profession entrepreneur », Les Ed. Transcontinentales, Fondation de l'entrepreneurship, pp.88-89.

52 L.ROBERT (2003), « Les femmes se prononcent : stratégies féministes d'entrepreneuriat pour les femmes francophones », Réseau Femmes Colombie-Britannique, Mai, p.13-14.

Par ailleurs, il importe de souligner les efforts de scolarisation consentis par ces pays pour faire face à la libéralisation et la mondialisation des économies. Depuis, le niveau d'instruction des femmes en affaires est amélioré. Toutefois, leur formation est concentrée sur des disciplines toujours attribuées aux femmes telles que les sciences sociales, les études littéraires, languistiques, etc.

En Tunisie, le taux d'analphabétisme a diminué entre 1994 et 2004 de 11.4% pour les femmes contre 6.4% seulement pour les hommes.53 De plus, d'après les dernières statistiques relevé par l'INST (2005), on remarque une évolution du nombre de scolarisation des filles de 6.7% contre un taux de 3.3% pour les garçons.

Le nombre des femmes ayant un niveau supérieur a presque multiplié par plus de quatre fois en dix ans (1994-2004), dépassant celui des hommes.

Désormais le taux de scolarisation tunisien des filles se situe bien au delà de la moyenne des PVD et dépasse la moyenne mondiale ainsi que la norme des Etats Arabes.54

En plus, le parcours des deux catégorie des entrepreneurs soit hommes ou femmes sont peu différenciés grâce à des compagnes de sensibilisation menées par l'Etat ; selon ZGHAL, SLAMA (2006), un rattrapage régulier et sensible des femmes dans les filières scientifiques, secteurs traditionnellement réservés aux hommes, comme par exemple les sciences et l'ingénierie.55

3. Influence famiiale

Une bonne partie de la littérature soutient l'influence de la famille comme vecteur moteur au développement de l'esprit créatif chez leurs filles. Les aspects scientifiquement étudiés de l'environnement familial de l'entrepreneur du façon général portent sur son même rang de naissance, la profession et le statut social de son père ou de sa mère et de se relations avec ses parents.

Nombreux auteurs comme COOPER et DUNKELBERG, 1982 ; HISRISH et BRUSH, 1987,
COLLINS et MOORE, 1970 ; SHAPIRO, 1971 ont admis qu'un pourcentage élevé

53 INST (2005).

54 M.BEN SLAMA (2006), « Libéralisation commerciale et dynamique de l'emploi féminine : le cas de la Tunisie », Gender Impact of Trade Libéralisation in the Mena Région, p 26-27.

55 J.ZOUITEN (2004), op.cit.

d'entrepreneures femmes descendent de père lui-même entrepreneur. Il est donc évident que ce lien filial devrait expliquer le désir d'entreprendre plus tard.56

Une étude Américaine réalisée auprès de 58 entrepreneures révèle que la femme entrepreneure est quatre fois plus sujette à une influence parentale (père ou mère) que la population en général (SMITH, CAIN et WARREN, 1982).

Néanmoins, HISRISH et PETERS ont montré dans leurs recherches sur l'entrepreneuriat que la profession des parents des entrepreneurs marque fortement la personnalité de l'entrepreneur, cela est également vrai pour les femmes que pour les hommes. Les entrepreneures s'habituent dés le plus jeune âge à la nature indépendante et à la souplesse d'un statut dont le père incarne l'exemple. Comme remarquait un entrepreneure : « mon père était si plein de l'entreprise qu'il créait et m'a donné un tel exemple qu'il ne m'est jamais venu à l'idée »57.

Ce constat n'a pas été confirmé par les autres chercheurs s'intéressant à la spécificité de l'entrepreneuriat féminin. Selon l'expression d' AROCENA dans son rapport sur la création d'entreprise comme une affaire de réseaux, les femmes entrepreneures rencontrées ne créent pas « au hasard » et se situent toujours en terrain connu dans le cadre de réseaux constitués avec le temps. Il y a autour d'elles tout un creuset favorable, « un milieu support »58.

Selon une enquête réalisée par WATKINS et WATKINS (1983) sur 58 femmes entrepreneures britanniques, 37% avait un père travailleur indépendant ; 16% avait une mère propriétaire en tout ou partie d'une entreprise ; 10% descendent des pères dont l'occupation avait un lien étroit avec le monde de l'entreprise.

HISRISH et PETERS indiquent que la présence d'une mère entrepreneure renforce plus le sentiment d'indépendance chez sa fille ; bien que les résultats soient moins homogènes, la proportion des mères entrepreneures parait en tout cas moins élevé parmi les parents des femmes entrepreneures.

En somme, les parents jouent le rôle de soutien et favorisent l'indépendance,
l'épanouissement et la responsabilité dans le caractère de leurs filles. Cette relation parentale

56 F.K.HIEN (2002), « L'Entrepreneuriat féminin au Burkina Faso : une étude exploratoire », Septembre, p15.

57 R. D. HISRISH, M. P. PETERS (1991), op. cit.

58 P. N. DENIEUIL (2004), « femmes et entreprises en Tunisie : essai sur les cultures du travail féminin », Ed. L' Harmattan, Paris.

parait très importante pour les femmes entrepreneures considérées traditionnellement comme des minorités.

Mais l'occupation parentale n'est q'un des facteurs familiaux qui influencent la création d'entreprise : les attentes familiales constituant également un autre facteur. En particulier, l'attitude positive envers la prise de responsabilité est également corrélée au choix de l'entrepreneuriat chez les femmes. Dans ce cas, la position de l'aînée dans une famille devra jouer un rôle important.

Cependant, la place dans l'hiérarchie des naissances n'a pas toujours été sensibilisée dans la plupart des études sur L'entrepreneuriat féminin ou masculin.

Pour d'autres, les résultats sont souvent contradictoires, faute d'insuffisance des données lors des entretiens. D'abord, les auteurs ne disposent pas des données sur les autres frères et soeurs pour savoir leurs profils s'il est entrepreneurial ou non ; de plus, les observations ne sont pas limitées par un intervalle précis du nombre des enfants dans la famille.

Cette question n'a pas de relation avec l'entreprenance et mérite une analyse plus approfondie.

Un autre aspect de l'influence familiale est le statut matrimonial. La plupart des hommes entrepreneurs sont mariés et le mariage joue le rôle de stabilisateur dans leurs métiers. La situation est beaucoup plus controversée au sein des femmes entrepreneures. Le mari peut constituer soit un frein, soit un stimulateur pour la création d'entreprise.

Dans la même étude de WATKINS et WATKINS (1984), ils ont montré que 48% des femmes entrepreneures sont mariées ou ont un statut similaire, 29% sont divorcées et 19% sont célibataires. Le rôle du mariage stabilisateur semble moins vérifié pour la femme que pour l'homme.

Cet état de vue sera plutôt concentré dans les pays arabes qu'européens vu la nouvelle place qu'occupe les femmes dans cette nouvelle ère d'ouverture et de mondialisation.

Ce point sera décortiqué d'une manière plus détaillée dans la troisième section de cette partie comme obstacle majeur rencontré par les femmes.

4. Expérience professionnelle antérieure

Plusieurs sont les auteurs qui ont mis à l'évidence l'existence des liens étroits entre l'expérience professionnelle antérieure et le recours au travail indépendant. Le salariat a été d'abord considéré comme une école. Plusieurs femmes estiment que la réussite passe nécessairement par l'existence préalable du salariat. Celui-ci permettrait en effet d'acquérir l'expérience technique, la connaissance des fournisseurs, l'accumulation des connaissances et des réseaux, voire des fonds nécessaires à la création de leur entreprise.

S'agissant d'un tel point de vue, les résultats de recherches existantes son contradictoires. La plupart des auteurs montrent que pour une grande majorité d'entrepreneurs, aussi bien hommes que femmes, ils ont eu une expérience professionnelle avant leur projet de création de leur propre entreprise. La différence résiderait plutôt au niveau du type d'expérience.59

Par ailleurs, l'analyse de l'emploi par profession montre que les femmes ne sont pas également présentes dans toutes les professions. Certaines professions sont clairement féminines, d'autres sont plus féminisées que la moyenne, mais de nombreuses professions restent fortement masculines et hermétiques aux femmes ;

Dans cette logique d'idées, les chercheurs montrent que les femmes ont une expérience importante de type administratif, de niveau hiérarchique moyen et souvent axée sur les domaines liés aux services, par exemple, la formation, le secrétariat ou encore la vente en détails plutôt que les domaines techniques, industriels et financiers.60

Contrairement, les entrepreneurs hommes ont une expérience un peu plus axé sur la gestion, l'import export, l'industrie, la finance et tout ce qui relève du domaine technique.

De ce fait, selon HISRISH et PETERS (1991), le type d'activité de l'entreprise crée par les femmes sera en fonction du type d'expérience professionnelle déjà acquis. De ce fait, nous retrouvons plus d'entreprises crées part les femmes dans les domaines liés aux services tels que le commerce e détail, les relation publiques, les services éducatifs te le conseil alors que les hommes sont plutôt portés vers l'industrie, la construction ou la haute technologie.

59 Jihéne Zouiten (2004), op. cit.

60 CREDIF (2002), « Les femmes en Tunisie 2000 », p.242-244.

II.1.2. Caractéristiques des entreprises privilégiées par les femmes en affaires

1. Secteur d'activité

Même qu'à partir de cette dernière décennie 1990-2000 que le phénomène entrepreneurial féminin prend une place importante dans les recherches dans l'entrepreneuriat et le management des entreprises ; il est toutefois erroné de dire qu'il s'agit d'une nouveauté. L'entrepreneuriat féminin est traditionnellement enraciné dans nos sociétés. Le rôle qui ont joué les femmes dans l'administration de l'économie domestique, leur participation importante à la production agricole, à l'élevage, à la transformation des aliments, au tissage, à la fabrication des vêtements, des tapis et autres teintures, à la fabrication des parfums, à la production artisanale, etc.

Les femmes faisaient toujours l'objet de commercialisation et de production sans toutefois qu'elles soient visibles sur le marché. Elles se présentaient toujours dans le secteur informel. Toutefois, cette existence leur conférait certaines responsabilités et un pouvoir d'initiatives et de décision ;

Les récentes recherches menées sur l' entrepreneuriat féminin se sont intéressées à dresser l'état d'évolution des secteurs choisis par les femmes.

Dans cette perspective, les chercheurs pensent que la reconnaissance et la capacité d'émergence de la femme entrepreneure sont liées au secteur d'activité : la femme chef d'entreprise entrepreneure en confection, tissage, pâtisserie aurait apparemment moins de difficultés d'intégration dans le milieu des entrepreneures du secteur et concurrents, que la femme chef d'entreprise des industries mécaniques, du bâtiment ou du transport.

En effet, l'emploi des femmes est très polarisé. Diverses études faites sur les femmes entrepreneures ont montré que les femmes en affaires sont davantage concentrées dans le secteur des services que dans tout autre secteur. En ce sens, il est indéniable que le développement d'une économie de services a permis aux femmes de prendre une place plus grande dans le monde des entrepreneures. C'est probablement chose plus difficile dans une économie axée sur les industries manufacturières et le secteur primaire (RATTE, 1999)61.

61 S. Ratté (1999), « Les femmes entrepreneurs au Québec : qu'en est-il », Fédération de l'Entreprise Indépendante, Montréal, mars, p.4-5.

De plus, certains chercheurs avancent que face à cette ère d'ouverture et de libéralisation, la nouvelle économie de savoir sied particulièrement bien aux femmes entrepreneures qui, plus jeunes et très scolarisées, peuvent y saisir de belles occasions d'affaires.

Bien que les femmes aient gagné du terrain au niveau de services, elles ont gardé leur place principale dans le secteur du textile, habillement, secteur qui est largement été féminisé. Les autres secteurs industriels sont quasiment été fermés aux femmes, elles n'y ont profité que 6 à 8% de création d'emploi (Statistique Canada, 1997).

Le secteur du commerce compte aussi une proportion non négligeable des femmes, par contre, l'attrait de ce secteur est en régression depuis les années 90.

Mêmes conclusions ont été confirmées par la plupart des chercheurs. Selon des dernières statistiques prises de l'INS Tunisie sur une répartition de la population active selon le sexe et le secteur d'activité en 2004 (Tableau suivant) :

Branches d'activités

Femmes
(en %)

Hommes
(en %)

Industries Manufacturières

36

15

Services socio culturels, commerciaux, personnels

33

22

Agriculture

16

17

Commerce

7

13

Construction

1

18

Transport, Communications

2.1

7

Finances, Assurances et affaires mobilières

3.6

6

Administrations publiques

0.3

1

Autre activités

1

1

Total (Nombre absolu)

100

733289

100

2121397

Source : INST, Mars 2005

Tableau II.1 : répartition de la population active selon le sexe et le secteur d'activité en
2004

On remarque que pour un taux de population active féminine de 24.3% contre 71.8% représentant la population active masculine, il y en a 85% des femmes se concentrant dans les activités dites des services socio culturels, commerciaux et personnels, dans l'industrie manufacturières avec une proportion de 36% dont 28% dans les textiles- habillement, sans oublier sa place dans l'agriculture et les activités rurales. Par comparaison, ces mêmes activités rendent compte seulement 54% de l'emploi féminin.

Cette forte concentration de femmes en affaires dans le secteur tertiaire a été expliqué par DENIEUIL dans son rapport sur les femmes entrepreneures en Tunisie, par le faite du prolongement des barrières socio- culturelles traditionnelles vouant la femme aux taches domestiques (confection, couture, agriculture, artisanat...).

D'autres chercheurs estiment que le caractère prudent des femmes et leur incitation à la reproduction sociale limitent leur créativité et favorise la multiplication des entreprises féminines dans les mêmes secteurs nécessitant peu de technologies, de savoir faire et encore moindre des mains d'oeuvre.62 RATTE ajoute que ce phénomène peut être imputé à la faiblesse des moyens financiers et à la relative jeunesse du mouvement qui se heurte à la concurrence des entreprises masculines.

GASSE et D'AMOURS affirment que la tertiarisation de l'économie a joué beaucoup dans l'orientation des femmes vers le secteur de services. La désaffection encore perceptible des filles pour les études techniques et les sciences explique aussi que moins des femmes se retrouvent dans les secteurs manufacturiers et autres.63

Selon les expressions de certaines femmes interrogées au cours des entretiens directs effectués auprès d'elles dans notre présente recherche, les métiers du service à la création ou bureaux d'études (publicité, architecture, agence de voyage, design, décoration, marketing etc.) sont un créneau pour elles où elles trouvent la possibilité de mettre en valeurs leurs facilités de

62 P. N. DENIEUIL (2005), op. cit.

63 Y. GASSE, A. D'AMOURS (1993), « Profession entrepreneur », Les Ed. Transcontinentales, Fondation de l'entrepreneurship, pp.88-89.

communiquer et leur connaissances instructives, leurs proximités de la vie quotidienne et des modes de vie.

De nombreuses femmes entrepreneures justifient en effet le choix de leur secteur d'activité par le faite qu'elles connaissent bien les besoins émergents de femmes et sont les mieux placées pour travailler. C'est là où s'exprime la volonté de prendre une place d'entrepreneur sur un marché émergent et qui interpelle particulièrement les savoir faire de la femme.

2. Taille de leurs entreprises créées

Vu que les femmes entrepreneures sont concentrées sur des secteurs tertiaires (commerce, textile, artisanat...), nécessitant peu de mains d'oeuvres, cela favorise leur exploitation dans les micros entreprises. Ces sont des entreprises avec moins de 10 employés. Les récentes recherches sur les femmes entrepreneures confirment que les femmes exploitent en exclusivité des micros entreprises. Ainsi, une part non négligeable d'entre elles se trouve en exploitation des PME64.

En ce sens, les auteurs s'accordent sue l'existence d'une disparité importante entre la taille d'une entreprise gérée par une femme ou un homme. Les hommes se trouvent généralement en grandes entreprises c.à.d. entreprises à plus de 100 employés.

De prime abord, le recours des femmes aux micros entreprises ou parfois aux PME a été expliqué par les auteurs par plusieurs raisons dont on cite deux qui sont les plus indicatives :

Tout d'abord, les femmes ne disposent pas d'un grand revenu lors du démarrage de son projet entrepreneurial ( fond personnel limité, difficulté au recours aux institutions financières...), de plus, les femmes autonomes consacrent moins du temps à leurs entreprises que les hommes. Elles se trouvent dans l'obligation de concilier leurs responsabilités entrepreneuriale avec celles familiales qui leur incombent traditionnellement telles que les soins prodigués aux enfants et donc profiter davantage de la flexibilité du travail autonome65.

64 S. RATTÉ (1999), op. cit.

65 L. ROBERT (2003), op. cit.

Au total, les chercheurs se rendent évident compte que, partout dans le monde, les femmes seront plus ambitieuses que les hommes à entreprendre dans les petites affaires nécessitant un travail individuel ou peu d'employés.

3. Style du management spécifique

Nul ne peut nier l'apparition des femmes à un cadre d'analyse totalement différent du reste de la population présentant des comportements et des styles de management spécifiques à elles. Auparavant, les premières femmes cadres, au début, et parce qu'elles n'avaient pas d'autres modèles, ont adhéré aux « règles de conduite » qui avaient façonné la réussite des hommes, basé sur l'autorité et la hiérarchie.

Toutefois, ces femmes d'affaires de la seconde génération ont tiré partie de ce qui est unique en elles et ouvrent de nouvelles voies pour accéder au sommet des entreprises. Et les entreprises fassent bien d'adopter un style de management plus « féminin »66.

Les résultats de recherches établies sur ce sujet montrent que les femmes réussissent grâce, et non pas en dépit, de certains traits de caractère « typiquement féminin », généralement considérés comme négatifs chez un entrepreneur.

La structure typique qu'adoptaient les femmes dans leur entreprise est telle d'un réseau dans lequel chacun est en contact avec chacun, chaque personne étant une ressource potentielle pour chacun des autres. Les dirigeants se sentent plus à l'aise au centre des choses qu'au sommet d'une pyramide67.

Le succès de ces femmes montre que ce nouveau style convient tout à fait à certains environnements de travail et favorise les chances de survie d'une entreprise.

D'après une enquête réalisée par ROSENER (1991) pour le compte de l'International Women's Forum, il s'avère que lorsque les femmes et les hommes parlent de leur travail et des styles de management adopté, les différences surgissent.

Les hommes ont davantage tendance à se décrire en des termes qui caractérisent ce que les experts appellent le « leadership transactionnel » et leurs relations avec leurs subordonnés se présentent comme la récompense et la punition. Les hommes utilisent également plus facilement le pouvoir que leur confèrent plus facilement leur position et l'autorité hiérarchique. La structure de leurs entreprises est hiérarchique et pyramidale où l'information est amassée plutôt que partagée.

Néanmoins, les femmes, elles seraient plutôt adeptes d'un leadership de type « transformationnel ». En effet, elles incitent leurs subordonnés à assimiler leur intérêt personnel à celui du groupe. Par ailleurs, leur charisme, leurs compétences, leur ardeur au travail et un dialogue constant sont les sources de leur pouvoir, plutôt que leur position hiérarchique68.

Selon l'expression du HEIN, les femmes ont tendances à transférer leurs « expériences maternelles » dans leur travail69. Dans ce sens, les auteurs affirment que l'atmosphère de travail dans l'entreprise gérée par une femme reflète les valeurs et les caractéristiques féminines : sens de relation, l'indépendance et de la coopération. LEVY TADJINE (2004), LEVY TADJINE, LANOUX, NKALKEU (2004), NKALKEU, LEVY TADJINE (2005) ont montré que l'altruisme constituait une caractéristique fréquente de l'entrepreneuriat féminin70.

Ces conclusions ont pu être observées sur les entrepreneurs partout dans le monde de l'Est à l'Ouest.

L'ethos de la notabilité, la recherche d'une importante position sociale dans la vie communautaire prenait le dessus sur l'ethos de la rentabilité, dans la motivation entrepreneuriale féminine. Il en résulte alors des ambitions et des comportements singuliers pour l'entrepreneuriat féminin par rapport au commun des entrepreneurs (LEVY TADJINE et ZOUITEN, 2005).

GASSE et D'AMOURS mettent en exergue les expériences des femmes de la gestion qui sont plus réduites et pourtant, les femmes d'affaires connaitraient davantage le succès que leurs

68 J. ROSENER (1991), op. cit.

69 F. K. HIEN (2002), « L'Entrepreneuriat féminin au Burkina Faso : une étude exploratoire », Septembre, p.14.

70 T.LEVY TADJINE, J. ZOUITEN (2005), « Les femmes et les immigrés ont-ils besoins d'un accompagnement entrepreneurial spécifique ? », IVème Congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat, paris, 24-25 Novembre, p.3-4.

correspondants males. Ces deux auteurs mentionnent que l'intuition féminine a bien sa place dans la gestion. Presque plus de moitié des femmes entrepreneures interrogées se disent qu'elles sont plus prudentes lors du démarrage en affaires, avec une connaissance subséquente plus modérée et sont autant rationnelles qu'instructives alors que leurs homologues males sont juste un peu moins nombreux à l'avouer.

Cette influence du genre dans la manière de gestion d'une entreprise a été conforme aux attentes. Ce point confirme implicitement l'hypothèse que l'entreprenariat féminin se présentait comme phénomène spécifique ayant des caractéristiques spécifiques.

Il est également important de poser la question de la spécificité de leur motivation, problèmes rencontrés et de leur accompagnement. Ces questions seront traitées dans les parties suivantes.

II. 1.3. Motivations des femmes entrepreneures et les déclencheurs de l'entrepreneuriat

« Qu'est ce qui pousse une femme à prendre des risques et à lancer une entreprise nouvelle, à vouloir faire carrière dans l'entreprenance en dépit des terribles aléas de la réussite ? ». Comme s'interrogeaient MACHADO, GIMENEZ, GOMES, PELLISSON et ALIGELERI dans leurs recherches sur le comportement managérial des femmes et des hommes entrepreneurs : cas de la Brésil (2002)71.

Contrairement aux hommes qui sont le plus souvent attirés par des facteurs positifs (gains matériels, promotion sociale, etc.), les femmes sont incitées à construire leurs propres entreprises pour plusieurs raisons qui sont d'ordre personnelles ou dues aux circonstances extérieurs, positives ou négatives (SHANE, KOVEREID et WEWTHEAD).

Selon les termes de Duchéneaut, on peut faire la différence entre des facteurs « push » qui poussent les femmes vers le travail indépendant sans qu'il y ait réelle volonté mais plutôt nécessité, et des facteur «pull » qui le attirent positivement et débouchent sur une véritable volonté de création72.

71 H. P. VIER MACHADO, F. A. PRADO JIMENEZ, V. GOMEZ, C. PELLISSON, L. A. ALIGELERI, L. M. ALIGELERI (2002), « Female and Male Entrepreneur' Managérial Behaviour : A Brazilian Study », Management International, Vol 7, N° 1, Automne, HEC, Montréal, p. 1.

72 B. DUCHENEAUT, Groupe ESC Rennes, EURO. PME (1997), « Les femmes entrepreneurs à la tête de PME », Conférence de l'OCDE sur « les femmes entrepreneurs à tête de PME : une nouvelle force pour l'innovation et la création d'emploi », Avril.

1. Les facteurs de poussée « push »

Ils se caractérisent plus précisément par l'insuffisance du revenu familial soit du conjoint, qui est dû nécessairement à l'augmentation du niveau des ménages, soit les cas des femmes célibataires, veuves ou divorcées qui sont plus contraintes d'agir face à leurs situations familiales.

L'insatisfaction dans le travail salarié à cause des conditions du travail inacceptables, horaires trop rigides, une trop grandes différences des salaires entre hommes et femmes, une ségrégation dans l'attribution des postes, les frustrations d'un avancement bloqué, la désillusion quand aux relations traditionnelles des employés et des employeurs73.

Les femmes sont souvent affectées à des postes subalternes qui n'est pas acceptables par elles vu l'amélioration de leur niveau d'instruction (HISRISH et BRUSH, 1986 ; BRUSH, 1992).

Dans certains pays, le haut niveau de chômage est un facteur de poussée. Ce cas de figure a té dénommé par Duchéneaut comme un facteur à part, centré sur une partie accomplissement personnel/ nécessité contextuelles qui permettrait de moduler les motivations des femmes entrepreneures74.

A titre d'exemple, avant la chute du mur de Berlin, 94% des femmes de la République Démocratique travaillaient ; aujourd'hui, le taux de chômage de 20% a encouragé les femmes entrepreneures : depuis 1990, c'est 150000 entreprises dirigées par les femmes qui ont été crées.

2. Les facteurs positifs « pull » qui attirent les femmes vers la carrière d'entrepreneures sont multiples.

Les femmes comme les hommes entreprennent par besoin d'indépendance et d'accomplissement et par refus de travailler pour une tierce personne. De ce fait, les femmes entrepreneures sont prêts à assumer les risques sociaux, psychologiques et financiers afin d'assouvir leur besoin d'indépendance75. Ce facteur de motivation est presque le seul facteur qui rassemble autant les femmes que les hommes entrepreneurs d'après les études réalisées sur la motivation dans différents pays.

73 D. C. SARCHER (2005), op. cit.

74 B. DUCHENEAUT (1997), op. cit.

75 J. ZOUITEN (2004), op. cit.

Toutefois, pour ces femmes, le désir d'indépendance domine largement sur les autres motivations de création d'entreprise. Ceci est expliqué dans la littérature, essentiellement, par le statut social de la femme (comme déjà énuméré plus haut). En d'autres termes, être dirigeante de sa propre entreprise leur permet d'être flexible quand à la gestion de temps, afin de trouver l'équilibre entre le travail et la famille.

Quand, aux hommes entrepreneurs, la principale motivation à vouloir entreprendre réside dans le désir de détenir plus d'argent. Cette raison n'est plus primordiale chez les femmes. Dans une étude Allemande, les femmes ne placent le profit qu'à la quatrième ou la cinquième place, derrière leur désir autonome et de développer leurs idées propres.

D'autres facteurs ont intéressé les chercheurs et qui reflètent des différences quand aux motivations des hommes et des femmes. Ces facteurs sont énumérés par les femmes interrogées comme des facteurs secondaires qui ont des influences moindres que la première dans leur choix entrepreneurial ; Toutefois, ces motivations ne peuvent pas être négligeables pour les femmes. On cite à titre non exhaustif, l'épanouissement personnel, le goût d'entreprendre, le statut social, pouvoir, revenu, besoin de flexibilité et désir de gérer son propre temps. Ce dernier point était parfois le fondement même de la démarche entrepreneuriale de plusieurs participantes. Il s'agit leur première raison d'être en tant qu'entrepreneure. Certaines femmes se disent qu'elles intègrent la famille et ses besoins aux besoins de l'entreprise (Etude Canadienne en 2003).

En ce qui a trait aux déclencheurs de l'entrepreneuriat, plus de 80% des femmes d'affaires créent leurs entreprises lorsqu'une occasion favorable se présente ; Pour elles, l'intérêt pour un secteur d'activité serait plus fréquent que chez leurs homologues masculins.

Certaines femmes auraient profité des répits consécutifs du travail à la naissance des enfants pour penser à la création d'une affaire autonome, au contraire de leur homologues males qui ne sont mêmes pas concernés par le nombre de leurs enfants dans la famille. GASSE et D'AMOURS réclament que seulement les considérations liées aux facteurs de marché viennent comparables les deux groupes masculins et féminins telles qu'une croissance de la demande, une concurrence faible ou une région non disservie.

II.1.4. Problèmes - obstacles rencontrés par les femmes en affaires

Les différentes enquêtes réalisées jusqu'à maintenant révèlent des contradictions des résultats lors de l'analyse de l'entrepreneuriat féminin soit par l'influence des pays ou par genre. Toutefois, lorsqu'il s'agit d'analyser les difficultés rencontrés par l'entrepreneure lors du démarrage ou exploitation de son entreprise, la littérature évoque traditionnellement des problématiques spécifiques à l'entrepreneuriat féminin à savoir l'accès de financement et la conciliation vie familiale et vie professionnelle76.

Contrairement aux hommes qui doivent faire face à des difficultés pour créer leur entreprise, les femmes ont à vaincre des barrières qui leurs sont propres, notamment les attitudes socio culturelles négatives encore prévalentes, des barrières externes tout à fait pratiques et des difficultés personnelles77.

Les attitudes négatives ont souvent pour origine la discrimination sexuelle. Dans ses rapports quotidiens avec les différentes partenaires associés à son entreprise : fournisseurs, banquiers, ou clients, la femme souffre souvent d'un manque de crédibilité. En affaires, certains hommes ne prennent pas les femmes au sérieux. En conséquence, ils considèrent les entreprises gérées par les femmes comme des passe-temps ! (SARCHER).

En faisant objet de recherches sur la transposabilité de l'entrepreneuriat f'immigré sur l'entrepreneuriat féminin, LEVY TADJINE et ZOUITEN ont montré que les femmes comme les immigrés sont souvent appréhendées comme étant victimes de discrimination sur le marché du travail ; Et elles subissent de discrimination dans l'accès au crédit ou à certains services au cours du processus entrepreneurial et dans la vie des affaires qu'en résulterait un « Business Model » singulier78.

76 J. LAMBRECHT et F. PIRNAY ; P. AMEDODJI et Z. AOUNI (2003), « Entrepreneuriat féminin en Wallonie », Centre de Recherche PME et d'Entrepreneuriat, Université de Liège, Centre d'études pour l'Entrepreneuriat, Brussel, Septembre, p.29.

77 D. C. SARCHER (2005), op. cit.

78 J. ZOUITEN, T. LEVY TADJINE (2005), op. cit.

Cette discrimination à l'égard des femmes semble être plutôt comme privilège que comme problème. A cet effet, les américains aperçoivent cette discrimination positivement et « s'attachent à aider les femmes, les minorités ethniques, les personnes handicapées à devenir entrepreneur... » (Rapport BESSON, 1998).

Cette pratique de discrimination positive a été confirmée en France seulement en ce qui concerne les femmes et ce par le biais du fonds de Garantie Initiative Femmes et ActionElle (spécialisées seulement dans l'accompagnement des femmes créatrices) (LEVY TADJINE et ZOUITEN, 2005). ROSA et CARTER (1994) pensent que même si les difficultés rencontrées par les femmes pour obtenir des prêts bancaires sont des freins fréquemment observés, elles ne font pas forcément l'objet d'une discrimination particulière liée au genre.

En ce sens, DENG, HASSAN et JIVAN (1995) indiquent qu'une bonne partie des femmes qui ont obtenu de financements bancaires n'a pas rencontré de problèmes avec leurs banques.

Il existe un débat dans la recherche sur le sujet de la discrimination en raison du sexe dans les institutions financières. Une étude menée par la Fédération Canadienne des entreprises indépendantes concluait que les femmes étaient plus succeptibles de se voir refuser une demande de financement par une banque que leurs homologues masculins qui exploitent une entreprise semblable (MARLEAU, 1995)79.

D'autres études (Statistique Canada, 2000 ; HAINES et Al., 1999) indiquent que les femmes n'ont pas plus de difficultés à obtenir du financement que les hommes et que leurs difficultés sont reliées au secteur dans lequel elles oeuvrent et à la taille de leur entreprise plutôt qu'à leur sexe. Il est important ainsi de noter qu'aucune de ces études ne s'est penchée sur la question de l'impact différent que peuvent avoir les diverses politiques et méthodes d'évaluation du dossier financier selon le sexe du demandeur et les réalités différentes de leurs vies.

De plus, ils arrivent que les femmes soient gênées par des lois ou par des politiques institutionnelles qui reflètent cette attitude négative à l'égard des femmes.

79 L. ROBERT (2003), « Les femmes se prononcent : stratégies féministes d'entrepreneuriat pour les femmes francophones », Réseau Femmes Colombie-Britannique, Mai, p.13-14.

Il n'est pas rare dans le monde occidental qu'une femme qui veut devenir entrepreneure, demandant des prêts pour fonder son entreprise ait l'obligation d'être endossé par un proche parent (son père, son mari).

En Tunisie, diverses lois sont résiliés et modifiés de la façon que respecte le statut évolutif de la femme et que protègent leurs droits (accès égalitaire à la fonction publique, identité fiscale indépendante de la femme, etc.).

Ces difficultés sont aggravées par une absence d'accès à l'information, aux expertises techniques ou aux réseaux informels d'informations qui excluent les femmes et qui pourtant sont d'importantes sources d'aide et de conseil pour les hommes.

De plus, l'augmentation importante du nombre des femmes entrepreneures étant un phénomène relativement récent, les femmes ont peu d'exemples à imiter et de grandes difficultés à trouver des mentors féminins.

Ce problème a été renommé par Line ROBERT comme étant l'isolement des femmes, chose que la recherche a qualifié de « cage de verre » (BELCOURT et Al., 1991).

Viennent s'ajouter à ses problèmes, les barrières personnelles qu'incombent les femmes pour devenir entrepreneure. Etant la responsabilité des enfants, de la maison et des membres âgées de al famille, peu d'entres d'elles peuvent consacrer tout leur temps et de leur énergie à leurs affaires. C'est ainsi que la conciliation famille te travail présente une contradiction dans le cheminement entrepreneurial des femmes (BELCOURT et Al., 1991). Pourtant, en dépit de ces responsabilités, la plupart des femmes s'organisent pour le faire en efficacité.

Bien qu'il s'agit d'un des facteurs qui contribue à l'isolement de la femme dans sa « cage de verre » et qui limite son potentiel en affaires, elle est aussi la raison d'être de plusieurs entrepreneures. Plusieurs de leurs raisons pour se lancer en affaires sont étroitement liés à la conciliation famille et travail et à la qualité de vie (MOORE et BUTTNER, 1997).

Malgré que l'entrepreneuriat soit pour plusieurs une réponse aux problèmes de rigidité du temps de travail, certaines pressions continuent à se faire sentir (GAY, 1997 ; YACCATO et JUBINILLE, 1998 ; FENWICK et HUTTON, 2000). Le magazine américain Working Woman (la femme qui travaille) attribue un grand nombre d'échecs des entreprises dirigées par les femmes à leurs habilités managériales.

Les femmes se considèrent comme aptes en négociation et en idées, en écoute mais faibles en finances, marketing, comptabilité et surtout en technique.

Ces appréhensions expliquent en particulier leur choix des secteurs, étroitement lié aux expériences passées qui se déroulent souvent dans l'administration, du secrétariat et de l'éducation (HISRISH et BRUSH, 1984).

Somme de toute, il incombe de signaler que nombreuses sont les études empiriques et les recherches qui ont levé la voile sur l'entrepreneuriat féminin et qui ont enrichi la connaissance sur les caractéristiques démographiques des femmes entrepreneures, leur familles, leurs expériences professionnelles et leurs formations, leurs motivations pour créer une entreprise et les problèmes qu'elles rencontrent. Ces recherches ont touché les femmes dans les pays développés ou en voie de développement.

En synthèse, les caractéristiques démographiques des femmes créatrices d'entreprises semblent diverger selon les pays et les obstacles qu'elles rencontrent apprissent en particuliers liés au statut social, lui aussi est très dépendant du contexte national.

De plus, à la lumière des nombreux constats réalisés dans la littérature entrepreneuriale et dans le terrain, les chercheurs sont mis d'accord que les femmes entrepreneures vivent les mêmes réalités que les entrepreneurs hommes mais avec des motivations et des comportements différents (BENOIT,1999)80.

D'où l'intérêt de poursuivre les efforts de recherches afin d'approfondir la compréhension du développement de la femme créatrice d'entreprise dans un contexte national particulier, à savoir le contexte national tunisien, qui fait objet de notre dernier chapitre.

80 H. P. VIER MACHADO, F. A. PRADO JIMÉNEZ, V. GOMEZ, C. PELISSON, L. A. ALIGELERI, L. M. ALIGELERI (2002), op. Cit.

Section 2

Accompagnement des femmes entrepreneuriales :
Relation porteurs- portants

«Les besoins de l'humanité sont innombrables et variés mais la créativité humaine est sans limite. Dans toute société se trouvent des personnes habiles à transformer des rêves ou des occasions d'affaires en entreprises viables qui sauront satisfaire les besoins humains. On les nomme entrepreneures » (extrait du manifeste de la fondation de l'Entrepreneurship, 1993)81.

Les efforts alloués à l'incitation de la création des entreprises sont remarquables. Ces dix derniers années, la libéralisation des marchés, la conjoncture économique de l'ère de la mondialisation, la croissance du chômage et le taux élevé d'échec de nouvelles entreprises crées... ont poussé les pouvoirs publics et les acteurs économiques en premier ordre et dans l'accompagnement des différentes catégories de porteurs de projets de création d'entreprise à savoir notre population cible objet de recherche qui est la femme.

Cette importance trouve ses origines dans l'impact positif de l'acte entrepreneurial féminin sur l'économie du pays favorisant l'accroissement de sa richesse, la diminution du taux de chômage, etc. (on assiste de plus en plus l'accroissement du nombre de PME crées par les femmes ces dix derniers années qui constituent l'ossature de l'économie partout dans le monde, JULIEN et MARCHESNAY en 1998).

Cependant, certes, le développement du travail indépendant ne se fait sans embûche. Il est à souligner la multiplicité et diversité des obstacles contraignant la création d'entreprise par les femmes. Ces contraintes sont liées d'un coté à l'environnement externe hostile à la création à savoir le financement, la lourdeur et complexité administrative, la réglementation

peu adaptée, le climat de concurrence féroce entre les accompagnants, etc. et d'autre coté, les contraintes internes inhérentes aux capacités managériales insuffisantes expliquées principalement par le manque de formation tant à l'esprit d'entreprise qu'à la gestion et l'absence d'accompagnement spécifique à elles en termes d'assistances et de conseils (MOLLET, 2001)82.

Mais de quel accompagnement parle-t-on ? Quels sont les acteurs impliqués dans la création d'entreprise ? Qui conduit à la réussite de la nouvelle entreprise créée par la femme ? Quels profils de créatrices sont accompagnés notamment par des structures spécialement en charge de ces appuis ?

Dans ce chapitre, on tente tout d'abord, de clarifier la notion de l'accompagnement en donnant des repères sur sa signification et sur l'évolution de ses structures. Puis, à la lumière d'une revue de la littérature, on va s'intéresser e premier lieu, à la défaillance et complexité des systèmes d'appui existants en mettant l'accent sur le pourquoi de la « non rencontre » entre les créatrices et ces structures (JARNOU, 2005). Finalement, la dernière partie de ce chapitre sera consacrée à la manière de bien gérer cette complexité et éviter la situation de non rencontre.

II.2.1. Accompagnement : notion et évolution
1. notion de l'accompagnement

Selon le Larousse, l'accompagnement désigne « le fait d'aller quelque part avec quelqu'un, escorter, mettre en place des mesures visant à atténuer les effets négatifs sur quelqu'un ». Cette définition préliminaire suggère simultanément la dimension interactive et même intersubjective de l'accompagnement et de son rôle social83. Pourtant cette définition n'est pas unanimement partagée.

Le terme l'accompagnement est très utilisé mais renvoie à des réalités diverses. Ainsi MAELA (2002) indique que le « coaching », le « counselling », le « conseil », la

82 S. OUHADI (2002), « Les programmes d'aides et d'assistances à la création des PME par les jeunes créateurs », Maroc, p.1.

83 T.L. TADJINE (2004), « l'entrepreneuriat immigré et son l'accompagnement en France », thèse pour l'obtention du doctorat en sciences de gestion, université du Sud Toulouse Var, 26 octobre.

« consultance », le « tutorat », le « mentoring », le « compagnonnage » et le « sponsoring » appartiennent au champ sémantique du verbe accompagner.

Il s'agit d'un processus qui consiste à « faire passer » une personne d'un état à un autre, voire à l'influencer pour qu'elle prenne des décisions. Or l'accompagnement vise à rendre le créateur autonome et l'accompagnant ne doit en aucun cas se substituer au créateur. Il vise à accompagner une personne (ou une équipe) porteuse d'une idée à faire cheminer cette idée pour qu'elle aboutisse à un projet de création viable (JARNIOU, 2005)84.

L'autonomie ne doit pas être confondue avec l'indépendance de l'activité spécifie que le créateur dispose d'assez de connaissances, de compétences, et de recul pour prendre des décisions pour son entreprise. L'autonomisation du créateur vise également à lui donner confiance dans ces propres actions et décisions. L'accompagnement trouve dans ce cas sa pertinence dans la relation accompagnant- accompagné.

L'accompagnement doit transférer progressivement cette autonomie au créateur qui devient alors un acteur stratégique et acquiert une identité propre (AVENIER, 1997).

L'accompagnant du créateur peut également s'envisager à partir du concept de « réseau de soutien » (Barrès, 2004) considéré comme « capable de développer une compétence spécifique en amont des projets ; c'est-à-dire une capacité d'intervention sur tous les aspects d'un projet, sans en isoler le juridique, le commercial, le client et le social (...) et de suivre l'entreprise nouvellement créée »85.

Or « les acteurs régionaux et locaux agissent souvent de façon concurrente, sans rechercher la cohérence de l'ensemble du dispositif. Leur logique est de fournir une offre plutôt que de répondre à une demande et les procédures locales d'aide sont fréquemment à la fois suffisantes ou redondantes » (DUVAl, DESCHAMPS, EMIN, 2002). Pour FILION, il n'est plus possible aujourd'hui de « songer aux même stratégies pour soutenir l'Entrepreneurship technologique, les PME familiales ou les travailleurs autonomes.

84 C. L. JARNIOU (2005), « Quel l'accompagnement pour les créances qui ne souhaitent pas se faire aider ?réflexions sur un proposition », 4ème congrès de l'académie de l'Entrepreneuriat, Paris.

85 F. BARRES (2004), « La mutation de l'accompagnement à la création d'entreprises : regards croisés d'une déclinaison locale de la politique nationale, l'émergence du réseau CREAlliance », 7ème congrès international Francophone en entreprenariat et PME, 27,28 et 29 octobre, Montpellier, p1.

Nous ne disposons nulle part d'un système articulé de soutien en développement de l'une ou l'autre de ces formes d'entrepreneuriat (...), L'accent a été mis sur la formation ou la préparation d'un plan d'affaires et sur la création d'entreprises, mais nous n'avons à peu prés rien pour encadrer le démarrage ».

En pratique, on considère habituellement que l'accompagnement, en tant que processus d'aide au porteur de projet, concerne 3 étapes : l'accueil, l'accompagnement et le suivi postcréation86.

~ L'accueil comprend l'information, la sensibilisation et l'orientation des porteurs des projets. Dans cette étape, le porteur va tenter d'expliciter son idée et les accompagnants vont l'aider à clarifier cette idée. Pour ce faire, des informations vont être échangées et des formations peuvent être suivies, l'accompagnant va également réaliser un pré diagnostic du projet.

~ Ensuite, l'accompagnement proprement dit comprend l'aide au montage complet du dossier pour aboutir à présenter un business plan d'une part et à organiser un accompagnement financier d'autre part. Des formations peuvent également être envisagées à ce niveau sur des points précis ainsi que des temps de rencontre avec l'accompagnant pour valider et construire le business plan. L'accompagnement financier peut aller jusqu'à aider le porteur de projet dans ses démarches de négociation avec des porteurs de fonds.

~ Enfin le suivi post création comprend toutes les formes d'appui au chef d'entreprise pour le piloter sa jeune entreprise.

Il s'agit bien d'une démarche qui comprend trois volets : l'accueil des créateurs, des prestations personnalisées et un suivi pendant des périodes plus ou moins longues.

LETOWSKI (2001) en conclut que « l'accompagnement réunit les composantes suivantes : la durée, la fréquence des contacts, l'unicité de la structure d'accompagnement, la prise en compte de la diversité des problèmes qui se posent à l'entreprise, l'adaptation à la culture et à la personnalité du créateur ».

86 C. . JARNIOU (2005).op cit. p2.

Dans cette perspective, se pose la question, les structures d'accompagnement et de soutien tiennent compte de la spécificité des acteurs bénéficiaires de ces appuis telles les femmes objet de notre recherche, et comment les femmes créatrices d'entreprise s'approprient-elles à la diversité de ces appuis qui leurs sont proposés ?

2. Évolution des structures d'accompagnement

Historiquement, et depuis les années 80, les politiques d'appui à la création d'entreprise se sont intensifiées et se sont structurées autour de 3 axes majeurs (ALBERT, FAYOLLE, MARION, 1994) : l'appui financier, du conseil et de la formation et du soutien logistique suivent une approche mécaniste et séquentielle du processus de création d'entreprise, afin de répondre à un objectif fixé en terme quantitatifs, « augmenter le nombre de créations d'entreprises ». Cependant, l'analyse de la performance de la politique d'appui des années 80 a montré que le nombre d'entreprises crées a augmenté, mais le taux de pérennité des ces entreprises n'est pas confirmé puisque seulement une entreprise sur deux fête son cinquième anniversaire87.

Devant ce constat, diverses solutions ont été proposées dont l'idée de favoriser l'auto insertion des jeunes par la création de leurs propres entreprises en instituant des « fonds de soutien ».

De prime abord, il ne faut pas perdre de vue et limiter les dispositifs d'aides à certains groupes sociaux (hommes et femmes, jeunes ou parents âgées) ; ces structures d'accompagnement ont touché toutes les catégories d'âge et toutes les personnes concernées par la création.

Toutefois, nous assistons par le mouvement d'entrepreneuriat féminin, à une transformation de la société par l'ouverture de ses stratégies défensives sur un remaniement global. L'exercice du travail entrepreneurial par les femmes remet progressivement en cause leurs représentations de la séparation des sexes, et crée dans la société des nouveaux espaces de mixité.

Par la suite, l'encouragement de la société à la création d'entreprise doit aller de pair avec un développement des institutions d'assistance et de formation à l'égard des femmes. Il convient tout d'abord de sensibiliser dans les progressions de formation, les interlocuteurs du secteur public, intermédiaires de l'état, chargés de mise en place des projets de crédit, responsables des plans de planification aux questions de l'entrepreneuriat féminin et de la nécessité de leur accompagnement.

Selon PATUREL et MASMOUDI (2005), ayant pour finalité d'accroître la pérennité des nouvelles entreprises, les systèmes d'appui ont évolué en proposant une panoplie de services d'accompagnement pour répondre à la complexité et à la variété des demandes des créateurs soit hommes ou femmes.

Ainsi, au début des années 90, l'approche suivie par le système d'appui a évolué d'une démarche séquentielle vers une démarche qui prend en considération la complexité du processus de création à l'égard des femmes88.

Aujourd'hui grâce à une meilleure connaissance du phénomène entreprenariat féminin, rendue possible, à la fois à travers les effets d'expérience, par les nombreuses études empiriques et par la progression des recherches en entreprenariat féminin, nous assistons à une structuration et une professionnalisation des intervenants dans le système d'appui. A cet effet, l'offre des organismes d'appui a été segmentée par compétence pour mieux répondre à la diversité des besoins des créateurs et créatrices de services spécifiques aux femmes, ainsi que par la création de réseaux d'accompagnement.

~ L'appui financier : destiné à pallier l'insuffisance des fonds de démarrage chez les femmes.

Cet appui peut à national ou régional et dans ce cas, il diffère beaucoup d'une région à l'autre. Il dépend également du type de projet (technologique ou non) ou du type du porteur de projet (homme ou femme)89.

88 R. Paturel, R. Masmoudi (2005), op. cit.

89 C. L. JARNIOU (2005), « quel accompagnement pour les créateurs qui ne souhaitent pas se faire aider ?réflexions sur un paradoxe », 4ème congrès de l'académie de l'Entrepreneuriat, Paris.

Comme prévalait TCHOUASSI (2002)90 dans sa recherche sur les femmes entrepreneurs en Cameroun, quelque soit l'activité exercée par les femmes, quel que soit le capital dont elles disposent, on note chez les femmes une préoccupation permanente, récurrente, voire obsessionnelle », l'argent manque (GUERIN, 2000) et est perçu comme « une denrée périssable » (HOOING et SADI, 1996).

Ce qui montre, en effet, que le problème de financement constitue un frein pour le développement efficient des activités des femmes.

A cet égard, le cadre juridique financier est régi par plusieurs textes ; le dispositif financier a été dynamisé à maintes requises afin d'avoir une implication réelle avec le nombre évolutif des entreprises créées par les femmes.

Vu que les femmes d'affaires ont toujours des reproches quand à l'insuffisance des crédits accordés par les banques à cause de leur manque de garanties, et l'absence des critères de sélection retenus par les sociétés d'investissement, elles ont davantage de nouveaux réseaux privés de financement qu'elles peuvent faire recours tout au long de leurs processus de création (démarrage, exploitation, extension...).

Dés lors, il serait intéressant pour les États d'encourager les initiatives privées en développement des associations ou du réseaux d'affaires à l'instar du réseau du Business Angels en France et aux Etats-Unis91. Il s'agit d'investisseurs individuels qui prennent personnellement des partenaires en s'impliquant dans leur gestion quotidienne, en conseillant et faisant profiter les entrepreneures de leurs propres réseaux relationnels. Prenons l'exemple de l'Etat Unis, où le montant total des investissements annuels des investisseurs privés est supérieur au financement d'amorçage apporté par les sociétés de capital-risque. En effet, selon une étude menée par le « Center for Venture Research » de l'université de New Hampshire, les Business Angles américains ont financé 50000 entreprises en création en 2000 et leurs ont apporté environ 40 milliards de dollars alors que les fonds de capital risque ont investi environ 28.9 milliards de dollars.

90 G. TCHOUASSI (2002), « entreprendre au féminin au Cameroun : possibilités et limites », Cameroun. p 439.

91 O. BENOUDA, M. HASSAN (2004), « Améliorer le cadre institutionnel de l'entrepreneuriat : un objectif, une nécessité et des outils à développer », IACE, 16 Septembre, p.378-379.

~ Le développement de réseaux de conseils et de formation en faveur des femmes créatrices d'activités entrepreneuriales.

v' Le milieu support et les réseaux

Plusieurs chercheurs engagés dans le champ de l'entrepreneuriat féminins ont essayé d'expliquer le processus entrepreneurial féminin au niveau de l'individu créateur (CUNNINGHAM et LISCHERON ,1991 ; BRUYAT et JULIEN, 2001; FAYOLLE, 2002 ; BERNASCONI, 2003). Ils se sont accordés sur la forte liaison des femmes an affaires avec les associations féminines mises en place.

Considérer la femme entrepreneure comme le strict Economicus au sens Schumpétérien du terme, est plutôt contredite. Ainsi, comme l'a montré Thierry Gaudin (1990), plus la régulation par les petites entités devient importante, plus les réseaux et les interdépendances s'affirment comme nécessaire92. Selon l'expression d'une des femmes interrogées lors de l'étude de CREDIF sur les femmes entrepreneures en Tunisie, « les réseaux ont été toujours pour nous notre police d'assurance, notre soupape de sécurité ».

Appartenances associatives, liens de solidarité (quelqu'un a dit), arguments pour garder les enfants ou prêter de l'argent, relations de confiance nouées avec administrations pour démarrer, ils constituent un moyen de recherche de la confiance dans un univers où les dirigeantes de PME se sentent inquiétées de toutes parts par la concurrence, les réglementations, les résistances socioculturelles.

Il est en ce sens fort difficile pour la femme entrepreneure de séparer les rapports sociaux des rapports économiques. FONROUGE et SAMMUT (2004) ont défini les réseaux en entrepreneuriat de manière large comme « un ensemble d'acteurs reliés par un créateur de relation »93. Il s'agit en faite de contact plus au moins formels dans un réseau familier (amis, famille,...) ou dédié (conseil à la création). HOANG et ANTONCIC (2003) citent sur recherche sur 1600 créations d'entreprises en Allemagne. Elles montrent que les liens forts sont un facteur explicatif plus critique de la suivie de ces entreprises que l'entrepreneure de

92 P. N. DENIEUIL (2005), op.cit. p 142-143

93 C. FONROUGE, S. SAMMUT (2004), logique d'inter médiat, approche cognitive et réseaux : vers une tentative de compréhension des difficultueux d'accompagnement des créances d'entreprises, 7ème congrès international francophone en entrepreneuriat et PME, association internationale de recherche en entrepreneuriat et PME, 27, 28 et 29 octobre, Montplier, p 12-13.

liens faibles. Pourtant d'autres sociologues comme BURT (1995) ou GRANNOVETTER (1995) vantent la force des liens faibles.

Connaissant la particularité du phénomène entrepreneurial féminin, les sociologues ont mis l'accent sur l'importance du réseau familial tout au long du processus de création, et surtout au démarrage. De plus, les auteurs en recherches entrepreneuriales ont insisté sur la diversité des associations féminines à l'égard des femmes.

La présence diverse et qualitative des associations féminines est le reflet fidèle et réel du degré de maturité atteint par la femme en affaires, devenue un partenaire à part entière de la société. Prenant l'exemple de la Tunisie, grâce à l'attachement de gouvernement tunisien, à l'action féminine, beaucoup d'associations féminines existent dont on cite plusieurs exemples :

· L'Union Nationale des Femmes Tunisiennes (UNFT),

· L'association féminine « Tunisie 21 »,

· L'association féminine pour le développement rural,

· L'association tunisienne femmes et développement de Sfax,

· L'association pour la promotion des projets économiques pour la femme,

· L'association jeunesse féminine,

· Alliance des femmes communicatrices.

Ces associations qu'elles soient à caractère social, économique ou culturel, sont une force d'impulsion : elles enracinent la culture entrepreneuriale chez les femmes adhérentes, elles lancent des initiatives, s'associent à l'élaboration des politiques gouvernementales, adressent des messages de solidarités, ce qui créé une dynamique entrepreneuriale.

Les associations féminines en tant qu'élément moteur de la modernisation et du développement, sont appelées à s'ouvrir d'avantage aux nouvelles technologies d'informations NTI et à exploiter au mieux les réseaux.

En France, on note l'existence des structures spécifiques telles que Pluri Elle, Action Elle... L'existence de ces structures spécifiques aux femmes ne nie pas l'existence des associations et des structures génériques qui s'offrent aux deux groupes.

Une magasine féminine canadienne met en exergue que les organismes relais travaillant auprès des femmes chefs d'entreprises visent à mieux saisir les potentialités de ces femmes. Toutefois, et insistons sur les difficultés de chefs des entreprises à jouer la carte de la solidarité et du travail en réseaux, la question de l'association et des réseaux pose problème aux femmes qui veulent travailler seules.

1' La formation

S'agissant de l'aspect formation à l'entrepreneuriat, de nombreuses études menées sur les expériences réussies (succès stories) révèlent que la formation appropriée des promotrices a joué un rôle capital dans les résultats positifs obtenus.

Cet aspect a été le centre de préoccupation des travaux d'un certain nombre d'auteurs, ainsi que le centre de préoccupation des pouvoirs publics et privés. A cet effet, il était indispensable une mise en place d'une formation la plus complète possible en entrepreneuriat au sein des programmes dans la scolarité des jeunes.

Ainsi, dés la 1ère année qui est générique, tous les étudiants doivent eu recours à ce module (création d'entreprise) qui les met dans la situation d'être entrepreneure et fait naître chez eux un esprit de création et d'innovation. Puis, il y aura une discipline plus spécialisée qui touche uniquement la création des entreprises et leur accompagnant tout au long du processus entrepreneurial.

GOUJET a mis l'accent sur la perception des différentes catégories d'acteurs concernées par la création et par le champ entrepreneurial vis-à-vis des programmes de formation mis en place par les pouvoirs publics.

En se basant sur des statistiques, DE CARLO et LYONS comparent le nombre de formation des femmes entrepreneures à celui des femmes. Leur analyse révèle que, sur un échantillon aléatoire de 122 femmes des EU, le niveau de formation des femmes entrepreneures est supérieur à celui de la moyenne des femmes.

HUMPHREY et MC CHUNG montrent qu'on trouvait 54% de diplômées de l'université.
Cette proportion est loin supérieure à celle des diplômés dans l'ensemble de la population. Un
sondage national (aux Etats-Unis), effectué par HISRISH et BRUSH (1983) auprès de 468

Femmes entrepreneures, montre que 68% d'entre elles possèdent au moins un diplôme de 1er cycle universitaire.

Outre ces formations académiques qui ont été initiées par les pouvoirs publics que récemment (à partir des années 80), il existe d'autres programmes e formation à l'entrepreneuriat privés ou publics qui touchent fortement la vie professionnelle et offrent aux entrepreneures les possibilités d'améliorer leurs compétences en création et en gestion des organisations. On cite quelques programmes de formation d'une manière non exhaustive :

· Les centres de formations professionnelles privés

· Les centres de formation professionnelle publics organisés au sein des bureaux d'emploi sous forme des cours étalés

· Les espaces d'entreprendre régionaux financés par l'Etat

· La chambre nationale des femmes chefs d'entreprise qui organisent des séminaires, des colloques et des ateliers spécifiques aux femmes chefs d'entreprises.

· Le programme Fonds National de l'Emploi (FNE) soutenu par la banque mondiale, qui entre autres conçoit, finance et suit les programmes ayant trait à la formation sur le tas et à l'apprentissage, à la formation formelle, à l'auto création d'emploi, à l'appui et à la création des micros entreprises.

Toutefois, TCHAMANBE et TCHOUASSI94 ont précisé que les programmes de formation, qui se font à travers des séminaires, des ateliers, des sessions, des cours,...pouvant s'étaler sur des périodes très courtes, présentent de nombreuses lacunes tant au niveau de l'approche que de la conception. Dans l'ensemble, les méthodes sont purement techniques et ne procèdent pas à l'identification préalable des besoins en formation des femmes.

~ Le soutien logistique qui vise à offrir des conditions d'hébergement à moindre coût.

On cite bien évidement les pépinières et les incubateurs qui ont été largement cités dans la littérature anglo-saxonne (ALLEN et al, 1985, 1988, 1990 ; BROOKS, 1986, COOPER et al 1985, MCKIMON et al, 1988, SMILLORET et al. 1986 ; etc.) et francophones (ALBERT et al. 1994, 2003, BEGER DOUCE, 2001, 2003 ; BRYUAT, 1992, 1993 ; CHABAND et al, 2003 ; PIKELTY et al, 1990 ; etc.)95.

94 L. T. Djiné, G. Tchouassi (2002), « Renforcement des capacités entrepreneuriale des femmes par la formation, une analyse du cas du Cameroun », p5.

95 R. PATUREL, R. MASMOUDI (2005), « L'appréciation de la performance des structures d'accompagnement : une problématique délicate... », 4 ème Congrès de l'Académie de l' Entrepreneuriat, Paris, p.4.

Ces structures d'accompagnement sont soutenues par l'action de l'Etat à partir de l'idée que la création d'entreprise participe au développement économique du pays. Les incubateurs publics issus de la loi sur l'innovation de Juillet 1999 en sont un très bon exemple. Les associations et les entreprises privées agissent en amont du processus et proposent des prestations payantes en échange d'une participation au capital de la nouvelle entreprise pour les dernières. La période d'incubation varie entre 6 et 24 mois et les personnes intervenues au cours de l'incubation sont soit des généralistes, soit des spécialistes.

Ce concept d'incubateur a été suggéré par plusieurs femmes lors des groupes de consultation interrogés comme outil d'aide au démarrage96. Il s'agit d'un outil très efficace pour les femmes qui ne s'identifient pas à la formation en classe ou par module.

S'agissant d'une nouveauté, le nombre des pépinières augmentent progressivement en Tunisie, on a actuellement 7 pépinières dispersées dans 7 régions afin de favoriser un accès plus rapide à ces structures.

Les pépinières interviennent en aval du processus de création et offrent pendant la phase de création de services spécialisés aux intervenants :

· Une formation à la gestion

· Un accès préviligié aux réseaux

· Des services logistiques

· Des locaux.

Elles sont financées par les collectivités locales ; et sont en coopération avec les universités. JANIOU ajoute l'apparition innovante du phénomène d'essaimage qui est devenu une des possibilités d'accompagnement la plus reconnue97.

Ce phénomène consiste au fait que les grandes entreprises favorisent la création d'entreprise
en leur fournissant des conseils, un réseau, une aide financière et en générant un transfert des

96 L. ROBERT (2003), « Les femmes se prononcent, stratégies féministes d'entrepreneuriat pour les femmes francophones de la Colombie- Britannique », Réseau Femmes Colombie- Britannique, Mai, p.45.

97 C. L. JANIOU (2005), « Quel accompagnement pour les créateurs qui ne souhaitent pas se faire aider ? Réflexions sur un paradoxe et propositions », 4 ème Congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat, Paris, p.3.

compétences en leur direction98.

Globalement cet enrichissement des structures d'accompagnement a visé une complémentarité selon le niveau d'intervention dans le processus de création. L'ensemble des objectifs des structures d'appui contribue à un objectif global visant le développement d'un environnement propice de création d'entreprise.

La performance globale des structures d'accompagnement a été prouvée par des statistiques portant sur le sujet. Ainsi, les statistiques montrent un taux de survie de nouvelles entreprises (5 ans après leur création) de 70 à 85% suite à un accompagnement alors qu'il est à 50% sans accompagnement99.

Cette évolution est due pour une grande partie du professionnalisme de l'accompagnement. Tout d'abord, il y a eu la « charte de qualité » adoptée par les réseaux associatifs et le conseil national de création d'entreprise (CNCA) le 17 Mai 2001. Sept réseaux se sont regroupés au sein d'une fédération des organisations contribuant à la création des entreprises et à leur reprise (FORCE) et ont signé cette charte. Puis la norme AFNOR « accompagnement de l'entreprise », en décembre, qui porte sur les « activités des services de plates formes d'initiale locale ». Selon ce texte, l'accompagnement comprend : l'accueil, l'orientation, l'instruction du projet avant présentation devant un comité d'agrément l'attribution du prêt d'honneur et le suivi de l'entreprise ainsi que la participation à un club de créateurs.

TCHAOUSSI (2005) a précisé que ce panorama des structures ne sera pas complet, sinon ne faite pas état d'accompagnement spécialisé pour les créateurs. Depuis quelques années, le coaching est apparu comme un nouvel outil d'accompagnement. Il peut être utilisé comme accompagnement individuel, personnalisé, et ponctuel d'entrepreneures dont l'entreprise est le stade de création, de démarrage ou en début de croissance (AUDET, COURTERET ET AVENET, 2004)100.

Au carrefour de l'accompagnement, de la gestion de projet et de la définition du plan d'action,
le coaching entrepreneurial est le complément psychologique à toute action ou projet de

98 R. PATUREL, R. MASMOUDI (2005), « Les structures d'appui à la création d'entreprise : contribution en vue de l'évaluation de leurs performances », 4 ème Congrès de l'Académie de l' Entrepreneuriat, Paris, p.4.

99 R. PATUREL, R. MASMOUDI (2005), op. cit.

100 G. TCHAOUSSI (2005), « Eveil entrepreneurial, engagement et coaching des femmes en création d'activités entrepreneuriale au Cameroun », 4 ème Congrès de l'Académie de l' Entrepreneuriat, Paris, p.7-9.

terrain ayant une durée de vie plus au moins longue.

En adoptant la définition de la société française de coaching pour qui le coaching entrepreneurial est « l'accompagnement de la personne à partir de ses besoins professionnels pour le développement de son potentiel et de ses savoir faire ».

Les points positifs que se caractéristiquent cette structure est le déroulement de toute action de coaching s'effectue selon la nature et la personnalité de l'individu.

La structure d'une séance de coaching peut être différente d'une activité entrepreneuriale à une autre, du stade d'évolution dans laquelle l'entreprise se trouve. Les points principaux sont les suivants : l'analyse de la demande, le diagnostic individuel (environnemental et situationnel), la clarification des enjeux et des objectifs personnels, l'établissement de la relation de confiance, la construction d'indicateurs personnels et externes, l'élaboration du programme de travail et la préparation du contrat de coaching des femmes pendant la phase de créations.

À ce stade, et vu ce panorama de types des intervenants professionnels soit généralistes, soit dédiés à la création d'entreprise, nul ne peut nier l'importance de l'accompagnement non professionnel des créateurs comme l'entourage familial, et personnel et l'entourage professionnel (les collègues). Il est intéressant à ce niveau d'observer le comportement des créatrices face à cette multitude des propositions.

II. 2.2. Femmes entrepreneures face à l'accompagnement 1. Femmes créatrices et recours à l'accompagnement

Le penchant des femmes vers l'entrepreneuriat et leur évolution a été montré par les chercheurs (selon les statistiques) en mettant l'accent sur les facteurs qui ont joué le rôle d'encouragement et de développement de l'esprit de création chez les femmes.

Toutefois, nul n'en doute que malgré l'existence de cet environnement propice et encourageant, les entreprises nouvellement créées sont fragiles et la probabilité de leur défaillance en phase de démarrage est d'autant plus forte qu'elle est de création.

ou aux compétences managériales lacunaires des dirigeantes. (Les femmes se sont souvent démarqué par leur manque de formations managériales) ; le second comprend les raisons externes, davantage liées aux questions stratégiques liées à l'entreprise et à son environnement.

GASSE constate que les femmes entrepreneures, traditionnellement, contraintes à l'entrepreneuriat, se lancent en affaires avec des lacunes prononcées en gestion, en technique, en information, etc. ce type de faiblesses, `est d'ailleurs que rarement compensé de façon interne. De plus, étant écrasante majorité de petite taille, les entreprises nouvelles ne détiennent que rarement les compétences propres suffisantes (manque de formation spécifique à la création d'entreprise, financement souvent insuffisant).

À cet égard, CUILLERE affirme que pour la catégorie des plus petites entreprises (caractéristiques des entreprises gérées par les femmes) le recours au conseil externe et aux structures d'accompagnement apparaît comme un moyen évident de combler les insuffisances internes, notamment managériales101.

Cependant, malgré l'importance du recours à l'accompagnement et aux structures d'aide et du soutien pour les entrepreneurs femmes/hommes, les recherches menées sur l'entrepreneuriat féminin montrent des résultats empiriques divergents à celles confirmés en théorie.

En faisant référence à une étude de l'agence des PME (2003) qui porte sur des créatrices (1500 entreprises) à partir des sources INSEE (Sirène, 2001) et des fichiers des bénéficiaires du prêt à la création d'entreprise (PCE), les résultats principaux de cette étude indiquent que deux tiers des entrepreneures interrogées disent avoir bénéficiées d'appui de leur entourage, mais peu d'appui des structures dédiées. Elles ont mobilisé leur entourage (41%), puis les structures professionnelles non dédiées (31%) et enfin des structures professionnelles dédiées (27%).

L'entourage (famille, amis, ancien employeurs ou proche dans les « affaires ») semble donc jouer un rôle plus actif par rapport aux structures dédiées à la création d'entreprise.

101 O. CUILLERE (2004), « La légitimité du conseil en management aux TPE déterminé par les structures d'accompagnement », 7 ème Congrès International Francophone en Entrepreneuriat et PME, Association Internationale de Recherche en Entrepreneuriat et PME, 27, 28 et 29 Octobre, Montpellier, p.2.

A côté de ces faits, un tiers des créatrices dit n'avoir bénéficier ou solliciter aucun appui. On peut alors légitimement penser que les créatrices qui « ne souhaitent pas avoir recours à ces structures » partent à priori avec un handicap supplémentaire quand on sait que la capitalisation d'une succession d'appuis et de temps passé en appui renforcent fortement la pérennité des entreprises.

Les entrepreneures qui n'ont pas bénéficié d'appui ont démarré avec des moyens plus limités que le reste des entrepreneures et dans des secteurs tertiaires (commerce et services). Les principales raisons avancées par les femmes entrepreneures expliquent leur non recours aux structures d'accompagnement sont :

> L'ignorance de l'existence de ce type d'organisme ou de structure,

> La méconnaissance de la nature de l'appui succeptible d'être supporté par ce type d'organisme ou structures,

> Le sentiment de ne pas avoir la possibilité de bénéficier de cet appui,

> Ce souhait de ne pas avoir recours à ce type d'organisme ou de structure, ~ Besoin d'indépendance et de liberté,

~ Besoin d'appropriation de sa propre création

L'analyse du contexte des types d'aides que chaque structure peut apporter aux créateurs/créatrices permet de comprendre en partie les réponses en termes d'ignorances, de méconnaissance ou de sentiment de ne pouvoir en bénéficier.

Par exemple, la chambre des métiers ne peut aides que les artisans, le Programme de Développement Rural Intégré (PDRI) toucherait les zones déshéritées, principalement dans ce secteur agricole, le Programme de Développement Urbain intégré (PDUI) visant les quartiers périphériques des villes afin de favoriser l'émergence du tissu de PME dans ces zones.

Si ces programmes ont certainement eu des retombées positives sur les catégories défavorisées de la population, et notamment sur les femmes, on peut les reprocher de s'être beaucoup superposés sans pour autant se compléter, par manque de coordination. On peut de même déplorer un manque d'attention spécifique aux zones d'intervention ainsi qu'aux profils humains et professionnels des catégories des bénéficiaires à savoir les femmes.

Réponse à la raison du généralisme de la plupart des structures d'accompagnement, les femmes rapprochent le fait que les formations dédiées normalement aux créateurs sont plutôt générales et souvent ponctuelles. Ainsi, elles permettent une sensibilisation beaucoup plus qu'une acquisition du savoir-faire et de comportements. Le dispositif de formation marqué par une difficulté d'intégration entre la formation technique et l'encadrement au projet luimême.

La multitude des structures d'accompagnement renforce souvent le sentiment de flou et la créatrice ne sait réellement à qui faire appel. Elles ont l'impression que toutes ces structures se font concurrence et cela ne favorise pas la lisibilité des messages envoyés par les presses professionnelles et les médias et renforce leur méfiance.

Cette méconnaissance peut également se traduire par un manque de reconnaissance de leurs compétences.

« Les acteurs régionaux et locaux agissent de façon concurrente, sans rechercher la cohérence de l'ensemble du dispositif. Leur logique est de fournir une offre plutôt que de répondre à une demande et les procédures locales d'aide sont fréquemment à la fois suffisante redondantes (DESCHAMPS, EMIN, 2002). »

Cela signifie qu'intensifier l'aide à la création d'entreprise implique souvent sur le terrain la représentation dune certaine standardisation de l'offre, ce qui est très différent du « guichet unique » souhaité depuis plusieurs années.

Un amalgame est faite entre toutes les structures, sans compter les créateurs entrepreneurs qui, à priori, pensent détenir plus de compétences que ces structures.

A coté de ces deux premières raisons réellement liées au manque de visibilité qui ont les créateurs sur ces structures, des autres raisons, plus psychologiques, nous paraissent tout aussi importantes car plus profondes quant au concept même d'accompagnement102. Plus que la moitié des femmes interrogées ont le sentiment qu'elles n'ont pas la possibilité de bénéficier de l'appui de ces ressource

Bien que la thèse de la discrimination soit difficilement mesurable, la littérature sur
l'entrepreneuriat féminin l'a généralement requise en se basant sur les résultats de recherches

102 C. L. JARNIOU (2005), op. cit. p8-9.

empiriques qui ont été faites sur ce sujet103. Quoi qu'il en soit, même si elle n'est pas fondée, l'invocation récurrente de la discrimination dans le débat ambiant génère chez les femmes comme chez les immigrés une perception de discrimination.

Les femmes font souvent appel à ce point comme barrière d'entrée à l'entreprenariat et au recours aux structures d'accompagnement par la suite.

Ainsi dans son livre blanc sur l'entrepreneuriat féminin, l'équipe de FIDUCIAL a suggéré comme WALDINGER (travaillant sur l'entrepreneuriat immigré) la création de réseaux des femmes entrepreneures à l'instar de Pluri-Elle ou d'Action-Elle, Fonds de Garantie Initiatives Femmes.

En partant de l'idée de développement des structures spécifiques aux femmes, ceci nous renvoie à 2 cas de figures :

> soit les structures spécifiques favorisant une discrimination positive en faveur des femmes. En effet, la pratique de discrimination positive104 a été vérifiée en France, en Amérique (Rapport Besson, 1998)

> Soit les structures spécifiques mettent les femmes dans un cadre d'éloignement comme disait l'auteur dans une cage de verre. Ce constat met à l'évidence une discrimination négative vis-à-vis des femmes en les traitants différemment. Ce dernier constat a été le point de vue de nombreux des femmes qui refusent le recours à telle structure spécifique.

Ces deux constats tendent à suggérer que les discriminations perçues affectent en général le projet et corollairement que l'accompagnant doit y être attentif pour aider le porteur à conduire son projet.

En d'autres termes et selon l'expression de TADJINE105 l'existence des discriminations perçues à l'égard des femmes entrepreneures comme pour les immigrés qui font le sujet de sa thèse est succeptible d'altérer la configuration stratégique instantanée perçues de l'entrepreneur. Cette perception de discrimination peut en effet, le conduire à réduire ses

103 J. ZOUITEN, T. L. TADJINE (2005), « Les femmes et les immigrés ont- ils besoin d'un accompagnement entrepreneurial spécifique ? », VI ème Congrès de l'Académie de l'Entrepreneuriat, 24, 25 Novembre, p.2.

104 J. ZOUITEN, T. L. TADJINE (2005), op. cit. p1.

105 J. ZOUITEN, T. L. TADJINE (2005), op. cit. p.3.

aspirations (cibler son activité sur une clientèle communautaire, etc....), à douter de ses compétences ou à réduire ses demandes de financement comme nous allons le découvert statistiquement dans notre étude empirique. Cela peut encore lui donner une perception de l'environnement plus morose qu'elle n'est dans la réalité.

Selon une étude faite sur l'entrepreneuriat féminin en France, 73% des femmes interrogées invoquent que leur 1ère raison de ne pas faire appel au structures de soutien est « le souhait de ne pas avoir recours » à ce type d'organisme.

Ce chiffre est d'autant plus important et paradoxal, étant donnée que les créatrices qui ont bénéficié de l'aide des structures dédiées les jugent largement satisfaisantes et que les projets accompagnés sont ceux qui ont le plus de chance de réussir.

Parfois, cette crédibilité que l'accompagnement génère va même plus loin, au point d'étonner les chargés de mission eux-mêmes. Etant donnée que les principales motivations des femmes à se lancer en affaires étaient le besoin d'indépendance et de liberté, cette caractéristique a des retombées négatives quand à la perception des femmes aux structures d'appui qui leur sont dédiées. Accompagnement est souvent perçue par elle perte de temps et « aliénation » envers gens qui savent et qui vont soit décider pour elle, soit forcer ses décisions. De plus, accompagnement rime avec coût, il faut payer les services des conseils ou bien laisser une partie de son capital ce qui est bien entendu incompatible avec leur besoin de liberté. En ce sens, les femmes sont souvent plus rationnelles que els hommes et ne dépendent pas trop d'argents.

Outre cette caractéristique, l'indépendance d'action et le sentiment de créer seule son projet est, à leurs yeux, une valeur fondamentale dans l'acte d'entreprendre. Certains auteurs ont affirmé que les femmes sont averse au risque (n'aime pas trop s'endetter, commencer dans la plupart de cas avec des micros projets, etc.). Cette affirmation met en paradoxe la situation de « non rencontre » entre les femmes entrepreneures et les structures d'accompagnement.

Hormis ces raisons évoquées par les femmes, il est toujours des raisons plus profondes et plus personnelles qui sont en fait l'origine de ce refus.

Dans l'étude empirique que nous avons fait, elle va montrer les raisons du non recours ou refus de recours des femmes tunisiennes à ces organismes.

la création d'opportunités entrepreneuriales chez les femmes

Conformément à la section précédente, BARES, CHELLY, LEVY TADJINE (2004), ont démontré que les femmes comme les immigrés porteurs de projets adoptent une attitude moins active face aux structures d'accompagnement dans la recherche de leurs opportunités entrepreneuriale. En ce sens, et selon FILION (2001), qui a recensé les typologies en entrepreneuriat, trois idéaux types peuvent même identifiés que ce soit sur les entrepreneurs masculins de féminins :

> le (a) « créateur (rice) motivé (e) », qui se rapproche de l'archétype de l'entrepreneur « à la Schumpeter », c'est-à-dire celui qui possède un projet et qui, quel que soit les caractéristiques du système d'aide, cherchera a créer son entreprise.

> Le (a) « création (rice) incité (e) et encadré (e) », il s'agit le plus souvent d'un individu possédant des compétences ou un projet prêt d'être valorisé, mais peu enclin pour prendre des risques. Il estime à encadré par les structures d'appui dédiées à la création d'entreprise.

> Le (a) « créateur (rice) obligé (e) » qui comprend notamment au profil du chômeur créateur et qui profite pleinement des actions publiques d'aide à la création d'entreprise.

La création d'entreprise est perçue comme une stratégie de contournement face au chômage, la littérature sur l'entrepreneuriat féminin adopte cette perspective en suggérant que, particulièrement discriminé sur le même du travail (travail subalterne, rémunérations moins élevés que les hommes, dépendance, etc ), les femmes n'aimaient parfois d'autre choix pour s'insérer sur le marché de travail que de lancer ses propres affaires.

Idéal type

Le motivé(e)

Encadré(e)

L'obligé(e)

Caractéristiques

Une attitude proactive dans la recherche- création-

développement d'opportunité

Une attitude encadrée dans la recherche- création- développement

d'opportunité

Une attitude passive dans la recherche d'opportunités

 

 

L'innovateur Schumpétérien

L'entrepreneur qui peut s'appuyer sur des dispositifs

Le créateur par dépit, le porteur du projet

Applications

 

d'accompagnement, d'incubation ou l'essaimé

profite des structures d'accompagnement

 
 

encadré

d'entreprises.

 

Tableau II.2 : Typologie idéal- typique de la création/détection d'opportunités
entrepreneuriales
106

La spécificité des femmes en affaires que trouve renforcer l'idée de l'entrepreneure obligée (le marché a souvent été à l'encontre des femmes plus les attitudes culturelles qui persistent dans nos sociétés qui favorisent l'homme sur la femme) ou de l'entrepreneure encadrée (les femmes ont souvent des lacunes managériales et une méconnaissance du l'environnement de création d'entreprise).

Hormis l'idéal type de « Motivée », les idéaux types de « l'encadrée » et de « l'obligée » mettent en exergue l'importance du jeu d'acteurs (porteur et portants) pour les femmes.

Vu ces situations, la relation porteur portant ne sera optimale qu'en assurant l'efficacité des pratiques des portants (c'est-à-dire le processus d'accompagnement).

Selon JARNIOU (2005), cette efficacité n'est assurée qui réunissant deux conditions qui sont une certaine remise en cause du rôle d'accompagnement et une nouvelle prise en compte des besoins des accompagnées parfois générales et parfois spécifiques.

a. Une certaine remise en cause du rôle d'accompagnement

Il est possible de faire une analogie entre l'accompagnant et le formateur. Le formateur peut répondre à plusieurs modèles, comme l'a fort bien analysé ENRIQUEZ (1981).

Le formateur peut être à la fois :

> Formateur qui déforme, réforme, transforme pour donner aux formés la« forme idéale» en s'inspirant d'un modèle. Les personnes sont dépossédées de leur propre expérience, de leurs tâtonnements et se coulent dans une forme figée, répétitive et mortifère. Au lieu de créer, ils reproduisent des pensées déjà élaborées. Or, il n'y a pas de « faire» sans

106 F. BARES, A. CHELLY, T.L. TADJINE (2004), « les créations et le développement d'opportunités : vers une relecture du rôle de l'accompagnent en entrepreneuriat », 4ème colloque « métamorphique des arguments » : logiques de création, 21, 22 octobre, p 10-11.

invention, sans surprise pour celui qui est en train de faire,

> Thérapeute qui considère l'individu comme porteur originairement d'une santé à retrouver. Or, tout organisme vit en équilibre instable et doit s'adapter aux perturbations incessantes,

> Accoucheur qui aide à la croissance de chacun par une écoute compréhensive et non évaluative. Cette position est idéalisante et surprotectrice,

> Interprète qui souhaite trouver des causes et des raisons à tout comportement, cela étant supposé permettre une prise de conscience et donc une élucidation de sa conduite. Derrière ce modèle de formateur se dessine la volonté de puissance qui cherche à enfermer les autres dans une formule qui les identifie nécessairement,

> Militant qui indique la voie, veut conduire le changement social. Le militant se comporte avec une vision manichéiste et devient, sans le vouloir, un allié important des forces de conservation de l'ordre social,

> Réparateur qui se donne pour mission de réparer le mal qui a été fait. Il prend en charge, se sacrifie pour les autres. Il en escompte reconnaissance et orgueil,

> transgresseur qui se donne comme vocation de favoriser l'émergence de la spontanéité, de la fête et permettre la disparition de tous les tabous. Cette conception débouche sur un nouveau système de contrainte : toujours plus et mieux, prélude à une violence généralisée,

> Destructeur pour qui le désir de former peut être entaché du désir inverse de déformer, de briser, de morceler autrui. A force d'ordonner au groupe d'être autonome, de s'exprimer spontanément tout en l'enfermant dans un système interprétatif, le formateur s'assure de sa propre puissance en rendant les autres soumis et profondément angoissés.

Cette galerie de portraits peut s'appliquer aux accompagnants et met en avant les dérives possibles de leur pouvoir et de leur rôle. Il n'y a pas de « faire» sans invention, sans surprise pour celui qui est en train de faire, nous rappelle ENRIQUEZ. Aussi, pour faire « avancer» le créateur et l'autonomiser, l'accompagnant doit avoir un rôle d'aide dans le développement de son potentiel. Et ce rôle passe certainement par le respect de l'autre et la volonté de rencontre

avec une attitude «empathique » et d'écoute compréhensive et non évaluative. La certitude de «faire le bien» pour l'autre n'est pas un gage de réussite, le créateur a besoin de s'approprier son projet et son processus.

Au-delà des simples compétences et connaissances à acquérir par le créateur, il doit se sentir en confiance avec son accompagnant. L'accompagné doit « accepter» de se faire aider pour franchir le pas et créer« son » aventure. Or, il n'est pas aisé d'accepter l'aide, les conseils et les avis d'une tierce personne quand il s'agit de «son» aventure. Une relation interindividuelle s'établit et le créateur doit accepter de partager, même symboliquement, le pouvoir de décision.

Granger rappelait en 1999 que l'accompagnant n'est pas le gestionnaire de la nouvelle entreprise, il n'est pas le co-créateur, il n'est ni expert-comptable ni conseiller juridique ni expert technique. Il n'a aucune relation hiérarchique avec le créateur mais doit se contenter d'un rôle« d'entraîneur» au sens sportif du terme. L'accompagnant cherche à l'autonomiser tout en le conseillant, la frontière entre les deux est difficile à trouver et chaque créateur la ressent différemment. On retrouve la notion d'écoute mutuelle entre les entrepreneures et leurs partenaires (FAYOLLE, 2002).

On se trouve proche du «mentoring» (HIGGINS et KRAM, 2001) dans lequel la relation mentor/protégé comporte un fort volet psychosocial. La relation d'accompagnement doit valoriser le capital du créateur, au sens de capital humain (éducation, expériences, etc.), capital financier et capital social (ressources et réseaux relationnels) tel que définit par ALDRICH et MARTINEZ (2001).

Par ailleurs, il ressort des entretiens que ces créateurs ne peuvent admettre une relation d'accompagnement professionnelle et payante dans la mesure où justement une relation de confiance, et presque d'amitié, doit s'instaurer. Or, pour eux cette relation ne peut être professionnelle. En revanche, ils acceptent tout à fait de rémunérer des prestataires extérieurs professionnels qui leur apportent un service précis. Mais ces derniers ne sont pas considérés par les créateurs comme des accompagnateurs professionnels non dédiés. Sans oublier le caractère dynamique du processus qui veut que les objectifs du créateur évoluent au fur et à mesure de la construction de son projet et si accompagnement il y a, un nécessaire dynamique dans l'accompagnement est également indispensable.

Ainsi les structures pourraient s'interroger sur leurs offres et leurs pratiques pour se remettre en question et se positionner par rapport aux offres concurrentes et par rapport à leurs propres compétences. Elles pourraient par ailleurs, aidées par les pouvoirs publics, plus et surtout mieux communiquer sur leurs rôles respectifs pour éclairer les futurs créateurs. Se pose également alors le problème de la formation des accompagnants.

b. Segmentation de la clientèle et offre « one to one»

On étudie trop souvent l'accompagnement comme un ensemble de prestations techniques pour atteindre un but qui est la création d'une entreprise, or l'accompagnement est avant tout fondé sur une relation humaine. Si l'on tient compte de ces données, la création devient un acte beaucoup plus complexe et « moins technique» et intègre des données psychologiques et sociologiques d'appropriation et de reconnaissance. La relation de confiance nécessaire pour faire les choses réapparaît et est indispensable.

Il paraît alors intéressant de dépasser les typologies classiques, évoquées en début de ce papier, à savoir structure professionnelle et non professionnelle, ou par activité (accueil, suivi etc.) pour déboucher sur une présentation plus complète des situations où le créateur trouverait mieux sa place.

Cette présentation pourrait se fonder sur les cinq critères suivants qui structurent un processus de création: le type de porteur de projet, les demandes et besoins en accompagnement, la phase où en est le projet, le type de projet et les structures existantes. Le schéma suivant en forme d'étoile permet d'illustrer les différentes situations107.

Cette prise en compte plus complète déboucherait alors sur un accompagnement véritablement «one to one», c'est-à-dire moins stéréotypé et spécifique pour chaque créateur en fonction de chaque situation.

Comme le rappelait FILION (1996), si l'on veut être vraiment efficace, il n'est plus possible « de songer aux mêmes stratégies pour soutenir l'Entrepreneurship technologique, les PME familiales en fabrication ou les travailleurs autonomes. Nous ne disposons nulle part d'un système articulé de soutien au développement de l'une ou l'autre de ces formes d'entrepreneuriat ». L'individualisation des pratiques doit devenir la règle.

Cette «étoile de l'accompagnement» pourrait permettre d'identifier, en fonction de leurs attentes, de l'état et du type de leur projet, les porteurs qui peuvent juste souhaiter de l'écoute, du soutien psychologique, de l'introduction dans des réseaux de la logistique ou ceux qui souhaitent du financement.

Par exemple, sur ce schéma il est possible d'envisager deux cas distincts. Le premier est celui d'un chômeur qui a une idée de projet de création d'un commerce, il en discute avec des amis et recherche un soutien psychologique pour l'aider à« sauter le pas» par rapport à sa situation de chômeur.

Le second est cadre dans une entreprise, a avancé dans la définition de son projet, est aidé par sa famille sur ce projet technologique et souhaite une écoute plus approfondie et professionnelle pour le moment.

À la lumière de ces deux exemples, certaines structures pourraient accompagner ces créateurs qui ne sont ni dans la même situation professionnelle, ni au même stade de développement de leur projet ni dans la même configuration psychologique.

Cette «étoile» a également pour avantage de mettre en évidence le fait que parler d'accompagnement est inefficace et impropre et qu'en conséquence, il existe une infinie demande d'accompagnements. En conséquence, une stratégie « one to one» est indispensable pour répondre aux demandes différenciées des créateurs. .

Cet accompagnement « one to one », peut-être plus coûteux a priori (mais peut-être pas à terme si son efficacité augmente) pourrait être, dans certains cas, facilité par le recours aux nouvelles technologies de l'information.

Conclusion

Dans ce chapitre, notre objectif n'était pas d'identifier des différences entre « les hommes » et « les femmes » entrepreneurs mais de voir dans quelle mesure la réalité des femmes qui se lançaient dans une activité indépendante était marquée par leurs rapports sociaux de genre.

Notre recherche montre que la vie de ces femmes entrepreneures, la façon dont elles se positionnent dans ce monde des indépendants, la façon dont elles vont gérer leur entreprise et percevoir leur croissance restent influencées par leurs réalités de « filles », de « conjointe », « de mère ». La répartition des tâches familiales et parentales à l'intérieur du ménage continue à structurer et à influencer une partie de leur choix. Le choix du secteur d'activité reste fortement influencé par les réalités de genre. Ainsi, elles investissent majoritairement dans des secteurs traditionnellement féminins : commerce, services, éducation, services aux personnes. Elles essayent toujours de se présenter dans des secteurs d'activité traditionnellement masculins (industrie, nouvelles technologies d'informations, construction etc.) mais elles ont dû souvent se battre pour asseoir leur crédibilité, soit en s'appuyant sur leurs compétences et diplômes, soit en bénéficiant d'un appui spécifique à elles.

La recherche confirme que leur choix de rester dans des entreprises de petite taille les pénalise souvent dans leur recherche de financement et dans leur perspective de développement et de croissance. Au niveau du financement, la dimension sexuée revient d'une part, au travers du peu d'intérêt des investisseurs pour les secteurs d'activité et d'autre part, sur l'interprétation qui est donnée au fait qu'elles empruntent en général de petits montants. Cette donnée, souvent mise en perspective par les femmes comme leur volonté de ne pas mettre la famille en situation de précarité, est interprétée encore trop souvent de manière négative, au travers de la notion « d'aversion au risque » qui pourrait finalement devenir une « prise de conscience des risques ».

d'aide à l'entrepreneuriat. Cela renvoie d'une part de la qualité et la quantité des infrastructures de garde pour enfants et aux aides diverses pour déléguer les tâches familiales et parentales (facteur de contexte) et d'autre part, à la prise en compte de leurs contraintes dans l'élaboration des programmes de formation, dans l'organisation des réseaux, dans l'accessibilité des services d'aide à l'entrepreneuriat à leur profit.

La recherche montre qu'on ne peut pas appréhender cette réalité des femmes et de l'entrepreneuriat comme un bloc monolithique. Cette réalité est traversée par d'autres rapports sociaux : ceux liés au diplôme et à la qualification, ainsi que l'âge et l'origine par pays et région.

Plusieurs pistes d'actions devraient s'inscrire dans une logique de « gender mainstreaming ». Il ne s'agit plus de mettre sur pied des actions spécifiques pour l'un et l'autre sexe mais d'agir pour transformer de manière préventive les règles du jeu, qui souvent inconsciemment et indirectement favorisent les hommes.

Une étude empirique sera traité dans le dernier chapitre prenons en compte le contexte tunisien, et plus spécifiquement la région du Sousse afin de donner une image sur les femmes entrepreneures en Tunisie (spécificité par rapport aux hommes

entrepreneurs, motivations personnelles, opinions vis-à-vis des structures d'appuiexistantes, etc.).

CHAPITRE III
ÉTUDE EMPIRIQUE

Introduction

L'initiative privée d'entreprendre pour les femmes en Tunisie est soutenue par une politique gouvernementale fondée sur une politique d'aide et d'assistance visant la stimulation et le soutien du nouveau promoteur telles sont les femmes.

L'objet de cette partie est d'évaluer le profil de nouvelles promotrices par rapport à leurs homologues masculins, tant au niveau personnel que de type d'entreprises créées, en spécifiant leurs motivations, leurs besoins, leurs problèmes rencontrés ; ce travail a été inspiré du vécu et de l'expérience des entrepreneures femmes à la suite des entretiens directs effectués au prés d'elles ou parfois par l'intermédiaire d'un questionnaire distribué.

La méthodologie de recherche consiste à collecter des informations auprès d'un échantillon de 82 entrepreneures dont 45 hommes et 41 femmes.

Ayant un souci de représentativité de l'échantillon, nous avons opté à un choix des entreprises créées par les femmes. Certes, parce que le choix de l'échantillon a rencontré quelques difficultés ; tout d'abord, vu l'absence d'une liste exhaustive et détaillée des entreprises créées par les femmes, de plus la liste des entreprises créées contient des entreprises qui ont changé d'adresses ou d'autres qui ont été liquidées ou bien parce que quelques entreprises ayant pour dirigeants les conjoints des femmes et n'ont pas elles même.

Pour cela, le choix des entreprises enquêtées a été guidé par le directeur régional de l'Agence de Promotion de l'Industrie (API) et par le directeur régional de L'Union Tunisienne d' Industrie, du Commerce et d'Artisanat (UTICA) qui ont favorisé une liste non exhaustive des femmes entrepreneures existantes sur le marché et ont facilité l'accès à ces entreprises.

Le questionnaire comporte des questions qui portent sur :

- Le profil des femmes entrepreneures ;

- Le profil de leurs entreprises ;

- Les services de soutien accordés spécifiquement aux femmes

chefs d'entreprises ;

- La sensibilisation et l'information à la création d'entreprise ;

- Le financement de leurs entreprises ;

- La formation à la création d'entreprise ;

- Les difficultés rencontrées lors de la création.

Un deuxième questionnaire a été adressé aux hommes, en touchant les mêmes points tels sont demandés aux femmes (profil socio démographique, caractéristique de leurs entreprises, sensibilisation et informations, formations, difficultés rencontrés lors de la création) afin de répondre à notre problématique de départ.

L'enquête est réalisée dans la région de Sousse visant les entreprises créées en ex nihilo c'est à dire on a évitée les autres types de création familiale ou par reprise. Cette attention accordée à ce type de création a pour raison de mieux stimuler les principales motivations personnelles qui incitent les nouvelles promotrices à entreprendre et les principaux problèmes rencontrés par elles au début de leurs démarches entrepreneuriales (idée de projet, information sur la faisabilité du projet, étude du marché, démarrage, montage, exploitation).

Section 1
Caractéristiques de l'échantillon

III. 1. 1. Méthodologie de recherche

La revue de la littérature a indiqué une forte croissance d'étude sur l'entrepreneuriat féminin mais sont peu les études s'intéressant au sujet des entrepreneures au contexte Africain et surtout du contexte Tunisien. Cette approche participative a été choisie afin de mettre en premier plan l'expérience et le vécu des entrepreneures.

A cet effet, il a été décidé de procéder à un processus consultatif favorisant la collecte d'information générale sur les thèmes majeurs reliés à l'entrepreneuriat féminin. La collecte a été prise à l'aide de plusieurs références à savoir, l'Agence de Promotion de l'Industrie (API) ; L'Union Tunisienne d' Industrie, du Commerce et d'Artisanat (UTICA) ; Espace d'Entreprendre, le Centre de Recherche, d'Etude, de Documentation et d'Information sur les Femmes (CREDIF).

La consultation a été déroulée par l'élaboration d'un questionnaire qualitatif, qui avait pour objectif d'établir un profil des participantes et de déterminer les barrières et défis auxquels elles font face. Une partie a été sacrifiée pour savoir le niveau de satisfaction des femmes vis à vis des mesures et programmes existants visant l'appui et l'aide des créateurs et créatrices (Banques, centres de formation, centres technique etc.).

Les questionnaires ont été rédigés avec une approche qualitative. Afin d'atteindre les objectifs de la recherche, il était plus important d'en arriver à une compréhension qualitative des expériences des entrepreneures que d'obtenir des statistiques à leur sujet.

Les données recueillies lors du processus de consultation ont ensuite été analysées par une étude statistique en adaptant la méthodologie d'analyse comparative entre les deux sexes (homme, femme).

En effet, cette comparaison permet de montrer s'il y a une véritable différence dans le profil

des deux genres d'entrepreneurs (âge d'entreprenance, niveau de scolarité, type d'instruction, expériences vécues...), de leurs besoins, leurs motivations pour la création, des problèmes rencontrés lors de la création, des types des structures d'accompagnement auxquelles font appel les entrepreneurs.

III. 1. 2. Présentation du modèle

L'objectif de cette recherche est de présenter des réflexions sur les variables explicatives de la dynamique entrepreneuriale féminine.

Notre modèle à expliquer est exprimé sous forme de :

Y= f(X)

Avec Y est la variable à expliquer comportant deux modalités :

y1 : facteurs favorisant l'émergence des femmes (1) ;

y2 : facteurs favorisant l'émergence des hommes (2).

Avec X est les variables explicatives ; ces variables sont elles mêmes considérées comme étant des sous modèles ou blocs de variables (Desjardins, 2005) comportant des variables, qu'on les appellent des items.

X1 : Profil de l'entrepreneur, X1 comporte :

- Âge ;

- Rang ;

- Statut matrimonial ;

- Avoir des enfants ;

- Niveau d'instruction ;

- Domaine d'instruction ;

- Expérience professionnelle ; - Domaine de l'expérience ;

- Apport personnel.

X2 : Profil de l'entreprise créée, X2 comporte :

- Nombre d'employés ;

- Ancienneté de l'entreprise ; - Participation ;

- Pourcentage de participation ; - Temps mis pour la création ;

- Évolution du chiffre d'affaires ; - Tendance du chiffre d'affaires.

X3 : Motivations entrepreneuriales, X3 comporte :

- Motivation pour la création ;

- Choix du secteur ;

- Caractéristiques de l'entrepreneur pour réussir.

X4 : Problèmes rencontrés, X4 comporte :

- Gestion du temps ;

- Conciliation vie familiale - vie professionnelle ;

- Problèmes de financement ;

- Insuffisance du Banque Centrale ; - Problèmes de formation ;

- Difficultés administratives ; - Temps administratif.

X5 : Accompagnements reçus, X5 comporte :

- Moyen de sensibilisation ; - Source de l'information ; - Source de services ;

- Source de financement ; - Nature de la formation ; - Vie associative.

L'ensemble de ces variables est résumé dans le tableau suivant :

FACTEURS

 

Profil de
l'entrepreneur

Profil de
l'entreprise

Motivations

Problèmes
rencontrés

Accompagne
ment reçu

V A

R I

A

B
L
E

S

- âge

- rang

- statut matrimonial - avoir des enfants

- niveau d'instruction - domaine d'instruction - expérience professionnell e

- domaine de l'expérience

- apport personnel

- secteur

- nombre d'employés

- ancienneté de l'entreprise

- participation - pourcentage de

participation - temps mis pour la

création

- évolution du chiffre

d'affaires

- tendance du chiffre

d'affaires

- motivation pour la création

- choix du secteur

-

caractéristique

s de l'entrepreneur pour réussir

- gestion du temps

- conciliation vie familiale- vie

professionnelle - problèmes de financement

- insuffisance du Banque Centrale

- problèmes de formation

- difficultés administratives - temps

administratif

- moyen de sensibilisation

- source de l'information - source de services

- source de financement

- nature de la formation

- vie associative

 

Tableau III.1 : Liste des variables faisant l'objet de notre recherche

III.1.3. Principes de la méthode statistique

Etant donnée que notre variable à expliquer est dichotomique, et que la plupart de nos variables explicatives sont nominales à part l'âge qui est une variable métrique, le choix de la méthode statistique applicable à notre cas n'était pas difficile vu que plusieurs méthodes statistiques ont été éliminées (la régression multiple, la régression discriminante).

Notre méthode utilisée est la régression logistique ; cette technique est utilisée pour des études ayant pour but de vérifier si des variables indépendantes peuvent prédire une variable dépendante dichotomique. Contrairement à la régression multiple et l'analyse discriminante, cette technique n'exige pas une distribution normale des prédicteurs (les variables explicatives) ni l'homogénéité des variances.

la suite les principaux variables y afférentes) qui ont permis de bien prédire l'émergence de l'entrepreneuriat féminin. En d'autres termes, cette méthode consiste à préciser dans quelle mesure les variables sont associées au recours des femmes au mode de création d'entreprise et peuvent prédire ce phénomène par rapport à leur homologue masculin.

Le logiciel choisi pour l'interprétation des résultats des questionnaires est « SPSS ». Utilisation du logiciel

Il est à noter que la variable à prédire ici dans notre étude, est l'émergence de l'entrepreneuriat, qui est représentée selon le genre (1 : femme et 2 : homme). Cette variable est représentée par variable « groupe ».

Pour les variables indépendantes, il est nécessaire dans notre cas, de composer différents « blocs » de variables pour celles provenant de la même catégorie telles que des données socio- démographiques, des données liées à l'entreprise créée, etc.

Il est à noter que de regrouper par bloc permet de traiter ceux-ci en deux étapes, ce qui s'avère avantageux lorsqu'un bloc de variables est potentiellement plus faible que l'autre. De cette façon, les blocs seront considérés comme indépendants, tout en faisant partie du même modèle.

Par exemple, prenons le cas du bloc « profil de l'entrepreneur », il comporte plusieurs variables (âge, statut matrimonial, nombre des enfants, domaine d'instruction, etc.). La significativité de toutes ces variables sera vérifiée par le test de khi deux (KHI 2) et sa probabilité p (par rapport à l'hypothèse nulle posée).

H01 : il existe une indépendance entre les variables constituantes le profil de L'entrepreneur et son genre

H11 : il y a une dépendance entre les variables constituantes le profil de l'entrepreneur et son genre.

Ainsi, l'utilisation de la méthode automatisée ou dite « pas à pas » ou encore « stepwise » est
la plus convenable, étant donnée qu'elle permet de déterminer le rang des prédicateurs
(variables explicatives) et vérifier leur contribution à l'explication du modèle. On prend

uniquement les variables ayant un risque de rejet inférieur de 5% (rejet de L'hypothèse nulle) et ayant une valeur de KHI 2/ddl supérieur à 2. (III.2.1)

Ces variables considérées comme significatives vont faire partie dans l'explication du modèle global, dont l'hypothèse nulle s'exprime comme suit :

H0 : aucune de ces variables n'expliquent l'émergence de l'entrepreneuriat féminin H1 : il existe au moins une des variables qui explique l'émergence de

l'entrepreneuriat féminin

Enfin, un modèle sera défini, intégrant les variables ayant la plus grande significativité quant à l'explication de l'émergence de l'entrepreneuriat féminin, et en présentant la différence par rapport à l'entrepreneuriat masculin. (III.2.2).

Section 2
Méthode logistique : approche empirique

Dans cette partie, on va s'intéresser, de prime abord, aux choix des principales variables ayant une significativité dans chacun des cinq blocs détaillés ci- dessus.

En adoptant la démarche sur SPSS, voici les résultats suivants qu'on va interpréter pour chacun des blocs.

III. 2. 1. Formation des variables explicatives de l'émergence de l'entrepreneuriat féminin

Le choix des variables qui contribuent à engager la différenciation entre les deux genres d'entrepreneurs (homme et femme) est fait en premier temps. Seulement les variables considérées comme significatives vont faire suite dans notre démarche sur SPSS.

Nous détaillons ci- dessous l'ensemble du listing des résultats des tableaux croisés, en prenant la variable « sexe » comme centre d'analyse par rapport à toutes les variables (30 variables).

Il est utile à ce stade de préciser que l'analyse des principales variables sera fait par rapport à deux indices qui permettront de comprendre l'apport de ces variables à augmenter la différence entre le fait d'être un homme entrepreneur ou femme entrepreneure. Ces indices sont la valeur de Khi deux de Pearson et sa probabilité p.

Khi deux : correspond au fait que la probabilité du test soit inférieure à .05 indique que les variables qui sont dans le modèle apporte une contribution significative à l'explication.

p : correspond au risque de rejet de l'hypothèse nulle H0,

H0 : Indépendance entre la variable en question et le sexe de l'entrepreneur.

1. Variables relatives au profil de l'entrepreneur 1/- Tableau III.2 : Tri croisé âge- sexe de l'entrepreneur

Sexe

Age de l'entrepreneur

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

[20-30]

21

15.7

12

17.3

33

33

[31-40]

15

15.7

18

17.3

33

33

+41 ans

5

9.5

15

10.5

20

20

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 7.558 ; ddl = 2 ; P = 0.023 Significative

2/-Tableau III.3 : Tri croisé statut matrimonial - sexe de l'entrepreneur

Sexe

statut de l'entrepreneur

femme

Homme

total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

célibataire

18

21

26

23

44

44

mariée

23

20

19

22

42

42

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 1.653; ddl = 1 ; P = 0.199 Non significative.

3/- Tableau III.4 : Tri croisé rang dans la famille - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Rang dans la famille

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Aînée

25

23.8

25

26.2

50

50

Moyenne

13

11

10

12

23

23

petite

3

6.2

10

6.8

13

13

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 3.983; ddl = 2 ; P = 0.136 Non significative.

4/- Tableau III.5 : Tri croisé avoir des enfants - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Avoir

des enfants

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Non

20

22.9

28

25.1

48

48

Oui

21

18.1

17

19.9

38

38

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 1.572; ddl = 1 ; P = 0.21 Non significative.

5/- Tableau III.6 : Tri croisé niveau d'instruction - sexe de l'entrepreneur

Sexe
Niveau d'instruction

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Secondaire

10

15.3

22

16.7

32

32

Universitaire 1 er
cycle

6

5.2

5

5.8

11

11

Universitaire 2ème
cycle

25

18.6

14

20.4

39

39

Technique

0

1.9

4

2.1

4

4

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 11.532; ddl = 3 ; P = 0.09 Significative.

6/- Tableau III.7 : Tri croisé domaine d'instruction - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Domaine d'instruction

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Gestionnaire

23

17.5

12

17.5

35

35

technique

6

13

20

13

26

26

Littéraire

3

2

1

2

4

4

informatique

9

8.5

8

8.5

17

17

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 12.054; ddl = 3 ; P = 0.007 Significative.

7/- Tableau III.8 : Tri croisé de l'expérience professionnelle - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Expérience professionnelle

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Non

15

31.5

5

10.5

66

66

Oui

26

9.5

40

34.5

20

20

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 6.613; ddl = 1 ; P = 0.01 Significative.

8/- Tableau III.9 : Tri croisé de la nature de l'expérience - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Nature de l'expérience

dans le domaine ou non

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Non

25

16.2

9

17.8

34

34

Oui

16

24.8

36

27.2

52

52

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 15.068; ddl = 1 ; P = 0 Significative.

2. Variables relatives au profil de l'entreprise

1/- Tableau III.10 : Tri croisé du secteur de l'entreprise - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Secteur d'activité

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Industrie

6

7.6

10

8.4

16

16

commerce

10

11.4

14

12.6

24

24

services

25

21.9

21

24.1

46

46

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 1.832; ddl = 2 ; P = 0.4 Non significative.

2/- Tableau III.11 : Tri croisé du nombre d'heure consacré au travail - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Nombre

d'heure

consacré au travail

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

[20-40 H]

6

4.8

4

5.2

10

10

[40-49H]

12

9.1

7

9.9

19

19

[50-59H]

6

12.4

20

13.6

26

26

Plus que 60H

17

14.8

14

16.2

31

31

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 4.281; ddl = 3 ; P = 0.233 Non significative.

3/- Tableau III.12 : Tri croisé du nombre d'année de création - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Nombre

d'année de

création

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

2 ans au moins

14

14.3

16

15.7

30

30

[3-5 ans]

20

21.9

26

24.1

46

46

[6-8 ans [

7

4.8

10

10

10

10

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 2.335; ddl = 2; P = 0.311 Non significative.

4/- Tableau III.13 : Tri croisé de la participation dans l'entreprise - sexe de l'entrepreneur

Sexe Participation

dans

l'entreprise

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Propriétaire unique

23

28.6

37

31.4

60

60

Participation avec
conjoint- mari

11

6.2

2

6.8

13

13

Participation avec autres

7

6.2

6

6.8

13

13

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 9.409; ddl = 2; P = 0.009 Significative.

5/- Tableau III.14 : Tri croisé du pourcentage de participation dans l'entreprise - sexe de l'entrepreneur

Sexe

% de

participation dans

l'entreprise

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

< 50%

9

5.7

3

6.3

12

12

[50-99%]

5

4.8

5

5.2

10

10

100%

27

30.5

37

33.5

64

64

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 4.386; ddl = 2; P = 0.112 Non significative.

6/- Tableau III.15 : Tri croisé du nombre d'employés - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Nombre d'employés

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

[1-5 employés]

26

23.4

23

25.6

49

49

[6-10 employés]

3

5.7

9

6.3

12

12

[11-15 employés]

8

5.2

3

5.8

11

11

[16-20 employés]

3

5.7

9

6.3

12

12

Plus que 21 employés

1

1

1

1

2

2

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 8.286; ddl = 4; P = 0.082 Significative.

7/- Tableau III.16 : Tri croisé de l'évolution du chiffre d'affaire - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Evolution du chiffre d'affaire

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Stable

12

9.5

8

10.5

20

20

En croissance

29

31.5

37

34.5

66

66

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 1.587; ddl = 1; P = 0.208 Non significative.

8/- Tableau III.17 : Tri croisé de la tendance de l'évolution du chiffre d'affaire - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Tendance de l'évolution du chiffre d'affaire

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

stabilité

10

5.7

2

6.3

12

12

croissance

27

30

36

33

63

63

diminution

4

5.2

7

5.8

11

11

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 7.267; ddl = 2; P = 0.026 Significative.

3. Variables relatives aux motivations de l'entrepreneuriat

1/- Tableau III.18 : Tri croisé des motivations pour la création - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Tendance de

l'évolution du

chiffre d'affaire

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Besoin d'autonomie

12

14.3

18

15.7

30

30

Besoin du pouvoir

3

3.8

5

4.2

8

8

Désir de liberté

3

6.2

10

6.8

13

13

Désir
d'expérimenter des
idées nouvelles

5

5.2

6

5.8

11

11

Amélioration de la
situation financière

9

5.7

3

6.3

12

12

Soutenir la famille

9

5.7

3

6.3

12

12

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 11.399; ddl = 5; P = 0.044 Significative.

2/- Tableau III.19 : Tri croisé des caractéristiques dont l'entrepreneur doit avoir pour la réussite - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Caractéristiques de la réussite

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Avoir une forte
personnalité

16

14.3

17

17.3

33

33

Etre déterminé

2

3.8

9

5.8

11

11

Etre innovatrice

0

6.2

10

5.2

10

10

Avoir un partenaire
ou conjoint

7

5.2

1

4.2

8

8

Avoir une bonne
formation

10

5.7

2

6.3

12

12

Fixation d'objectifs
clairs

6

5.7

6

6.3

12

12

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 24.184; ddl = 5; P = 0 Significative

3/- Tableau III.20 : Tri croisé des facteurs du choix du secteur - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Facteurs du choix du secteur

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Bonne connaissance
du secteur

18

15.3

14

16.7

32

32

Produit nouveau

1

4.8

9

5.2

10

11

Intérêt personnel du
secteur

14

1.5

8

11.5

22

22

Marché en
croissance

2

5.7

10

6.3

12

12

Faible concurrence

6

4.8

4

5.2

10

10

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 14.114; ddl = 4; P = 0.007 Significative.

4. Variables relatives aux problèmes rencontrés lors de la création

1/- Tableau III.21 : Tri croisé degrés de conciliation entre famille et travail - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Degrés de

conciliation

famille- travail

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Très facile

1

1.4

2

1.6

3

3

Facile

7

7.2

8

7.8

15

15

Moyen

4

8.6

14

9.4

18

18

difficile

17

16.7

18

18.3

35

35

Très difficile

12

7.2

3

7.8

15

15

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 11.222; ddl = 4; P = 0.024 Significative.

2/- Tableau III.22 : Tri croisé du problème de financement - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Problème de
financement

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Refus de
financement (sans
justification préalable)

6

4.8

4

5.2

10

10

Financement
insuffisant

4

5.2

7

5.8

11

11

Conditions
générales trop
élevées

4

7.2

11

7.8

15

15

Pas de problème

5

8.1

12

8.9

17

17

Non pas recours

22

15.7

11

17.3

33

33

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 10.871; ddl = 4; P = 0.028 Significative.

3/- Tableau III.23 : Tri croisé du problème de formation - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Problème de formation

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Coût élevé des
programmes

7

3.3

0

3.7

7

7

Manque
d'informations sur
les programmes

12

11.4

12

12.6

24

24

Manque
d'informations
spécifiques

17

19.5

24

21.5

41

41

Horaire des réunions
non flexible

5

6.7

9

7.3

14

14

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 9.172; ddl = 3; P = 0.027 Significative.

4/- Tableau III.24 : Tri croisé des difficultés administratives - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Difficultés administratives

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Manque de
collaboration de
certaines
administratives

8

8

9

9

17

17

Longueur des
procédures
administratives

24

21.6

22

24.4

46

46

Manque
d'informations

4

6.1

9

6.9

13

13

Centralisation
régionale des
administrations

4

4.2

5

4.8

9

9

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 1,892, ddl = 3; P = 0.595 Non significative.

5/- Tableau III.25 : Tri croisé du temps nécessaire pour les formalités administratives - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Temps

nécessaires

pour les formalités administratives

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Très long

25

14.8

6

16.2

31

31

Long

8

19.1

32

20.9

40

40

Assez long

7

6.7

7

7.3

14

14

Court

1

0.5

0

0.5

1

1

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 26.917; ddl = 3; P = 0 Significative.

5. Variables relatives à l'accompagnement reçu

1/- Tableau III.26 : Tri croisé du moyen de sensibilisation à la création - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Moyens de sensibilisation à la création

femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

A partir du parcours
universitaire

15

10.5

7

11.5

22

22

Participation à des
séminaires

13

10

8

11

21

21

Actions publicitaires
dans les médias

2

1.9

2

2.1

4

4

Expérience
antérieure

11

18.6

28

20.4

39

39

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 11.348; ddl = 3; P = 0.01 Significative.

Sexe

Source de l'information

Femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

A.P.I.

9

11.4

15

12.6

24

24

U.N.F.T.

6

2.9

0

3.1

6

6

Espace entreprendre

3

5.7

9

6.3

12

12

C.C.I.

4

5.7

8

6.3

12

12

Université

9

7.6

7

8.4

16

16

Famille et amis

10

7.6

6

8.4

16

16

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 12.925; ddl = 5; P = 0.024 Significative.

3/- Tableau III.28 : Tri croisé de la source des services obtenus - sexe de l'entrepreneur

Sexe

Source de services obtenus

femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

A.P.I.

6

12.4

20

13.6

26

26

Banquiers

5

4.8

5

5.2

10

10

U.T.I.C.A.

10

5.2

1

5.8

11

11

Espace entreprendre

8

6.2

5

6.8

13

13

C.N.F.C.E.

3

6.2

10

6.8

13

13

Famille et amis

9

6.2

4

6.3

13

13

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 21.146; ddl = 5; P = 0.001 Significative.

Sexe Source du

financement

femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Apport personnel
(AP)

23

20.5

20

22.5

43

43

Crédit auprès des
institutions
financières

5

6.7

9

7.3

14

14

AP > crédit

9

8.1

8

8.9

17

17

AP < crédit

4

5.7

8

6.3

12

12

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 2.564; ddl = 3; P = 0.464 Non significative.

5/- Tableau III.30 : Tri croisé de la nature de la formation - sexe de l'entrepreneur

Sexe

nature de

la formation

femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Participation à des
séminaires

6

7.5

8

6.5

14

14

Participation à des
stages

4

5.9

7

5.1

11

11

Participation à des
cours étalés

11

7.5

3

6.5

14

14

Total

21

21

18

18

39

39

 

~ khi- deux de Pearson = 5.477; ddl = 2 ; P = 0.065 Non significative.

Sexe

Vie associative avec

femme

Homme

Total

 

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Centres
d'accompagnements
généraux

4

5.2

7

5.8

11

11

Centres
d'accompagnement
spécifiques (UNFT,
UNFCE)

6

2.9

0

3.1

6

6

Entrepreneurs
(hommes, femmes)

12

10.5

10

11.5

22

22

Jeune chambre
économique

8

8.6

10

9.4

18

18

Pas de relation

11

13.8

18

15.2

29

29

Total

41

41

45

45

86

86

 

~ khi- deux de Pearson = 8.745; ddl = 4; P = 0.068 Non significative.

Suite à la présentation de ces tableaux, on peut confirmer que le statut matrimonial, le rang dans la famille ainsi le nombre des enfants n'ont guère joué un rôle de détermination dans le choix de la femme à l'entrée dans le monde des affaires et ne constituent pas des éléments de différenciation entre l'homme entrepreneur et la femme entrepreneure.

Pour autant, l'âge, le niveau scolaire, le domaine d'instruction, l'expérience professionnelle, la nature de cette expérience sont tous des éléments de différenciation entre les deux groupes d'entrepreneurs. Le fait d'être un homme ou une femme entrepreneure diffère tant au niveau de leur tranche d'âge, leur niveau scolaire, domaine d'instruction, expérience.

Seulement ces cinq variables vont être étudiées dans leur contribution à l'élaboration du notre modèle entrepreneurial.

Même interprétation pour le reste des autres groupes, à savoir, le profil de l'entreprise, les motivations, les problèmes rencontrés et la nature de l'accompagnement reçu.

Le profil des entrepreneurs a été analysé sous les angles suivants qui feront notre sujet d'analyse dans l'élaboration du modèle sont :

> nombre d'employés dans l'entreprise,

> participation dans l'entreprise,

> tendance de l'évolution du chiffre d'affaire.

Il faut noter que concernant le groupe «des motivations de l'entrepreneur », toutes les variables prises en amont de la recherche vont faire notre sujet d'analyse dans l'élaboration du modèle, à savoir :

> motivations pour la création d'entreprise,

> Caractéristiques d'entrepreneur pour réussir,

> Facteurs du choix du secteur en question.

Les variables touchant le type « des problèmes rencontrés » qui feront notre sujet d'analyse dans l'élaboration du modèle sont :

> Degrés de conciliation entre vie familiale et vie du travail,

> Problème de financement,

> Problème de formation,

> Temps nécessaires pour les formalités administratives.

Les variables touchant le type « de l'accompagnement reçu » qui feront notre sujet

d'analyse dans l'élaboration du modèle sont : > Moyens de sensibilisation, > Sources de l'information, > Sources du service reçu.

III.2.2 Résultats des analyses de la régression logistique

À la suite de l'étape préliminaire du choix des variables significatives, on va procéder interpréter ces variables, par la méthode logistique, à l'élaboration des sous modèles concernant les groupes des facteurs. Et par la suite à l'élaboration du notre modèle global à savoir l'émergence de l'entrepreneuriat féminin.

Une partie a été réservée à l'interprétation du niveau de satisfaction des entrepreneurs hommes, femmes à l'égard des mesures d'accompagnement reçus.

1.Matrice de corrélation

Les variables significatives sont alors retenues et incluses dans le modèle. Avant de procéder à la constitution des différents modèles, il est préférable d'effectuer une matrice de corrélation afin de vérifier la multicollinéarité des variables. Ainsi, si deux variables corrèlent fortement entre elles, elles ne peuvent toutes les deux être incluses dans le modèle. Il faudra alors procéder à une sélection selon la pertinence en regard des objectifs de l'étude.

Par exemple, dans la première dimension « Profil de l'entrepreneur », deux variables « Le niveau d'instruction », « Le domaine d'instruction » sont colinéaires d'où on a écarté du modèle le domaine d'instruction puisqu'elle influe la première variable du modèle, soit « Le niveau d'instruction »(1). Pour la même raison, on a écarté « le domaine de l'expérience », pour éviter la multicollinéarité avec « avoir une expérience ». Il en est ainsi puisque la technique exige que les variables doivent faire partie de catégories distinctes.

Concernant le profil de l'entreprise, parmi les variables significatives, seulement le nombre d'employés dans l'entreprise ainsi que la participation semble être colinéaires. Or, en se basant sur la littérature concernant le profil des entreprises, aucune indication montre l'existence d'un lien entre ces deux variables, d'où on va négliger l'existence de cette corrélation.

Concernant les dimensions suivantes : « motivations », « Problèmes rencontrés » et « accompagnement reçu », aucune variable ne sera écartée des modèles puisque aucune variable n'est corrélée avec d'autres. (Les matrices que nous avons établit pour vérifier chaque dimension sont présentes en annexe II).

2. Élaboration des modèles de base

Toutes les variables prises à l'instar de la première étape vont servir à prédire l'importance des facteurs de base de cette recherche à savoir, profil de l'entrepreneur, de l'entreprise, motivations pour la création, problèmes rencontrés et mesures d'accompagnement reçu.

a- Premier modèle : le profil de l'entrepreneur

(1) D'après la matrice de corrélation, il existe une corrélation entre le niveau d'instruction et le diplôme obtenu égale à -0,519 avec une probabilité de 0%. Ce si nous mène à rejeter l'hypothèse nulle » absence de corrélation entre les deux variables » et d'accepter qu'il existe une corrélation avec un risque de 1%.

Tableau III.321 : Valeur de la constante lorsque aucune variable n'est introduite dans le
modèle (modèle 0) ; extrait du listing SPSS

 
 

B

E.S.

Wald

ddl

Signif.

Exp (B)

Etape 0

Constante

0.093

0.216

0.186

1

0.666

1.098

 

Ce tableau est suivi de tableaux qui concernent les résultats du modèle dans lequel est pris en compte les caractéristiques des variables.

Un premier tableau indique les principales variables qu'ont va les utiliser dans le reste de la recherche pour élaborer notre modèle final. Deux variables seulement feront l'objet de notre analyse par la suite. Ces variables sont : l'âge et la nature de l'expérience effectuée par l'entrepreneur.

Tableau III.331 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 0

Variables

Age

7,547

1

,006

 

2,927

1

,087

 

15,068

1

,000

 

19,231

5

,002

 

Le tableau suivant (Omnibus Tests of Model Coefficients) indique la significativité du modèle et des caractéristiques introduites (tableau III.341) :

Tableau III.341 : Significativité du modèle (modèle 1)

 

Khi-Deux

ddl

Signif.

Etape 1

Etape

15.543

1

0.00

 

15.543

1

0.00

 

15.543

1

0.00

Etape 2

Etape

4.722

1

0.03

 

20.265

2

0.00

 

20.265

2

0.00

 

nouvelles caractéristiques améliore le modèle de base, ici le modèle 0. Ce test repose sur le calcul de la différence entre l'opposé du double du maximum de vraisemblance (-2LMV) du modèle 1 et celui du modèle 0. Le nombre obtenu est alors comparé à un Khi2 dont les degrés de liberté correspondent au nombre de caractéristiques qui sont introduites dans le modèle 1.

Dans le cas présent, la statistique obtenue est de 66.6 que l'on compare avec un Khi2 à 5 degrés de liberté (cf. avant dernière ligne du tableau III.321). Le test est significatif, ce qui permet de conclure que l'introduction des caractéristiques améliore le modèle.

Dans le même tableau, il est indiqué que l'étape `deux' a une valeur de Khi-Deux divisé par degré de liberté soit égale à 20.265 qui est supérieur à la valeur de l'étape `une', soit 15.543. Cela permet de conclure que l'étape`deux' contient les principales variables qui contribuent à mieux prédire la différenciation entre les deux genres.

Toutefois, il deviendra utile de les consulter les caractéristiques introduites dans chacun des modèles. Dans le tableau suivant (tableau III.351) se présente des critères d'appréciation du modèle global dans chacune des deux étapes.

Tableau III.351 : Valeur du maximum de vraisemblance

Etapes

-2 log-
vraissemblance

R-deux de Cox &
Snell

R-deux de
Nagelkerke

1

103.492

0.165

0.221

2

98.77

0.21

0.28

 

Cette vérification se fait en examinant le récapitulatif du modèle (model summary). Il s'agit du R2 de Nagelkerke, celui-ci représentant la variance expliquée par le modèle. Le domaine d'étude et les théories sous-jacentes doivent être utilisées pour juger cette variance. Dans l'exemple suivant, le R2 s'élève à 0.28 dans l'étape deux (on a pris la 2éme valeur 0.28 puisque elle supérieur à la 1ère 0.221), ce qui est jugé satisfaisant compte tenu du caractère exploratoire et nouveau de cette étude.

Ainsi, le modèle explique 28% de la variance de la variable dépendante, ici l'émergence des
femmes entrepreneures. Aussi , à partir de ce tableau, on constate que le choix de l'étape deux
est plus signifiant, 28% de la variance des variables expliquent la différence entre homme ou

femme entrepreneure et permet de spécifier notre modèle de base à savoir l'entrepreneuriat féminin, contre 22% du modèle premier.

Ensuite, le pourcentage total permet également de vérifier la force du modèle. Ainsi, dans le tableau de classification (tableau V1), vis-à-vis le «pourcentage correct» (percentage correct) et le «pourcentage global» (overall percentage), il est indiqué 70.9%, ce qui signifie que le modèle est vrai dans 70.9% des 86 cas. En d'autres mots, si une femme présente les caractéristiques énumérées dans le modèle, il fera partie du groupe des femmes entrepreneures dans 70.9% des cas. Ainsi, le modèle classe correctement les sujets dans 70.9% des cas.

Tableau III.361 : Tableau de classification

Observé

Prévu

 

Pourcentage correct

 

Homme

 

Sexe de l'entrepreneur

Femme

25

16

61

 

9

36

80

 

Etape2

Sexe de l'entrepreneur

Femme

25

16

61

 

9

36

80

 
 

Signification des variables et interprétations des rapports de cote

Par la suite, il s'agit d'observer quelles variables ont été incluses dans l'équation et d'examiner ensuite lesquelles sont significatives dans la case Sig. Lorsque tel est le cas, c'està-dire que les coefficients de Wald sont significatifs, on procède à l'interprétation des rapports de cote (ou «odds ratio») qui se situent dans la case Exp (B).

Il est à noter que les rapports de cote correspondent au nombre de fois d'appartenance à un groupe lorsque la valeur du prédicteur augmente de 1. Plus précisément, un rapport de cote plus grand que 1 indique une augmentation des chances de faire partie du groupe femme, tandis qu'un rapport de cote de moins de 1 diminue les probabilités d'appartenance à ce groupe.

 

B

E.S.

Wald

d.d.l.

Signif.

Exp (B)

Etape 1

Nature de l'expérience

-1,833

0,491

13,913

1

0,000

0,160

 

2,644

0,716

13,643

1

0,000

14,062

Etape 2

Age

,699

,330

4,474

1

,034

2,011

 

-1,709

0,505

11,471

1

0,001

0,181

 

0,497

1,193

0,173

1

0,677

1,643

 

a Variable(s) entrées à l'étape 1: NATUREEX.

b Variable(s) entrées à l'étape 2: AGE.

Ainsi, la variable « âge » étant la plus significative (odds ratio =2.011), cela indique que d'être plus jeune augmente les chances pour les femmes de faire partie du groupe d'entrepreneure.

L'odds ratio correspondant à la deuxième variable « nature de l'expérience » est plus élevé dans la deuxième étape, ce qui signifie que cette variable est liée à l'âge de l'entrepreneur.

En conclusion, voici un récapitulatif des résultats obtenus pour l'élaboration du modèle du groupe profil de l'entrepreneur.

Le modèle obtenu explique 28% de la variance d'être parmi le groupe des femmes entrepreneures que des hommes entrepreneurs. Celui-ci démontre que les entrepreneures femmes présentent le tranche d'âge le plus jeune (B = 2.011, p < 0.05) et se présentent comme ayant des expériences professionnelles différentes de celles des hommes (B = 0.181, p < 0.05).

Ce résultat se confirme plus avec ce dernier tableau (tableau VI1) dont le quel lorsqu'on introduit la variable « âge » dans la première étape, seulement cette variable se présente comme significative (p <0.05). Les autres variables montrent leurs indépendances à l'explication de l'émergence de l'entrepreneuriat féminin.

Tableau III.381 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 1

Variables

Age

4,674

1

0,031

 

1,372

1

0,242

 

5,000

4

0,287

 

Niveau
d'instruction

0,254

1

,614

 

0,393

3

0,942

 

b- deuxième modèle : le profil de l'entreprise

D'après les résultats sur SPSS (tableau III.392), deux variables seulement feront l'objet de notre analyse par la suite. Ces variables sont : la participation dans l'entreprise et la tendance de l'évolution du chiffre d'affaire.

Tableau III.392 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 0

Variables

Nombre d'employés

,861

1

,354

 

3,478

1

,062

 

5,320

1

,021

 

9,949

3

,019

 

On opte à expliquer directement la significativité du modèle dans ses deux étapes. Le modèle zéro étant le même pour le reste des résultats.

Tableau III.402 : Significativité du modèle (modèle 1)

 

Khi-Deux

ddl

Signif.

Etape 1

Etape

5,545

1

0.019

 

5,545

1

0.019

 

5,545

1

0.019

Etape 2

Etape

3,048

1

0.081

 

8,593

2

0.014

 

8,593

2

0.014

 

Cela permet de conclure que l'étape`deux' contient les principales variables qui contribuent à mieux prédire la différenciation entre les deux genres.

Remarque : pour une raison d'applicabilité du test de Khi- deux et pour mieux assurer la condition d'indépendance des variables, on a dû éliminer l'option « décroissance » pour la variable « tendance de l'évolution du chiffre d'affaire ».

Toutefois, il deviendra utile de consulter les caractéristiques introduites dans chacun des modèles.

Dans le tableau suivant (tableau III.412) se présente des critères d'appréciation du modèle global dans chacune des deux étapes.

Tableau III.412 : Valeur du maximum de vraisemblance

Etapes

-2 log-
vraissemblance

R-deux de Cox &
Snell

R-deux de
Nagelkerke

1

113.49

0.062

0.083

2

110.442

0.095

0.127

 

Dans ce tableau, le R2 s'élève à 0.127 dans l'étape deux, ce qui est jugé satisfaisant compte tenu du caractère exploratoire et nouveau de cette étude. Ainsi, le modèle explique 12.7% l'émergence des femmes entrepreneures. Aussi, à partir de ce tableau, on constate que le choix de l'étape deux est plus signifiant, 12.7% de la variance des variables expliquent la différence entre homme ou femme entrepreneure et permet de spécifier notre modèle de base à savoir l'entrepreneuriat féminin, contre 8.3% du modèle premier.

Ensuite, le pourcentage total permet également de vérifier la force du modèle. Ainsi, dans le tableau de classification (tableau III.422), il est indiqué 64%, ce qui signifie que le modèle est vrai dans 64% des 86 cas. En d'autres mots, si une femme présente les caractéristiques énumérées dans le modèle, il fera partie du groupe des femmes entrepreneures dans 64% des cas.

Tableau III.422 : Tableau de classification

observé

Sexe

de l'entrepreneur

Pourcentage correct

 

Homme

 

Sexe de l'entrepreneur

Femme

10

31

24.5

 

2

43

95.6

 

Etape2

Sexe de l'entrepreneur

Femme

19

22

46.3

 

9

36

80

 
 

Signification des variables et interprétations des rapports de cote

Par la suite, il s'agit d'observer quelles variables ont été incluses dans l'équation et d'examiner ensuite lesquelles sont significatives dans la case Sig. Lorsque tel est le cas, c'està-dire que les coefficients de Wald sont significatifs, on procède à l'interprétation des rapports de cote (ou «odds ratio») qui se situent dans la case Exp (B).

Tableau III.432 : Variables dans l'équation

 

B

E.S.

Wald

d.d.l.

Signif.

Exp (B)

Etape 1

Tendance de l'évolution du C.A.

1,049

0,491

4,861

1

,027

2,855

 

1,049

,968

4,217

1

,040

,137

Etape 2

Participation dans

l'entreprise

-,535

,314

2,903

1

,088

,586

 

1,021

,482

4,489

1

,034

2,775

 

-1,159

1,078

1,157

1

,282

,314

 

a Variable(s) entrées à l'étape 1: TENDCA.

b Variable(s) entrées à l'étape 2: PARTICIP.

Ainsi, la variable « Tendance de l'évolution du chiffre d'affaire » étant la plus significative (odds ratio =2.775), cela indique que la vision stratégique diffère selon le fait d'être femme ou homme entrepreneurs.

La deuxième variable « Participation dans l'entreprise » apparaît seulement dans la deuxième étape, son odds ratio est 0.586, valeur n'est pas trop significative étant donnée que l' importance de l'odds ratio n'apparaît qu'à partir de sa valeur , ce qui signifie que cette variable n'est pas liée au sexe de l'entrepreneur.

En conclusion, voici un récapitulatif des résultats obtenus pour l'élaboration du modèle du groupe profil de l'entrepreneur.

Le modèle obtenu explique 12.7% de la variance d'être parmi le groupe des femmes entrepreneures que des hommes entrepreneurs. Les entrepreneures femmes ont une tendance de l'évolution de leurs entreprises qui n'est pas la même que les hommes entrepreneurs. Ceci se justifie d'une autre manière par son choix du secteur et du nombre des employés dans l'entreprise et même de leurs rôles familiaux. Les femmes sont toujours averse au risque et veulent une réussite équilibrée entre travail et famille.

Ce résultat se confirme plus avec ce dernier tableau (tableau III.442) dont le quel lorsqu'on introduit la variable « participation dans l'entreprise » dans la première étape, seulement cette variable se présente comme significative si on accepte un niveau de risque 10%, étant donnée la nouveauté de notre recherche (p = 0.082 < 0.1). Les autres variables montrent leurs indépendances à l'explication de l'émergence de l'entrepreneuriat féminin.

Tableau III.442 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 1

Variables

Nombre des
employés

0,800

1

0,371

 

3,017

1

0,082

 

4,823

2

0,090

Etape 2

Variables

Nombre des
employés

1,866

1

0,172

 

1,866

1

0,172

 

c- troisième modèle : les motivations entrepreneuriales

Les principales variables choisies suite aux premiers résultats sue SPSS sont les suivantes : les motivations pour la création et les caractéristiques dont on doit avoir pour réussir en affaire.

Tableau III.453: Variables hors de l'équation

Etape 0

Variables

Motivations pour la création

7,066

1

,008

 

4,537

1

,033

 

,210

1

,647

 

12,166

3

,007

 

Ensuite, on va interpréter le modèle dans sa globalité dans ces deux étapes de recherche en intégrant chaque fois une des variables. On a le tableau suivant (tableau III.463).

Tableau III.463 : Significativité du modèle (modèle 1)

 

Khi-Deux

ddl

Signif.

Etape 1

Etape

7,218

1

,007

 

7,218

1

,007

 

7,218

1

,007

Etape 2

Etape

4,426

1

,035

 

11,645

2

,003

 

11,645

2

,003

 

Dans ce tableau, il est indiqué que l'étape `deux' a une valeur de Khi-Deux divisé par degré de liberté soit égale à 11.645 qui est supérieur à la valeur de l'étape `une', soit 7.218. Cela permet de conclure que l'étape`deux' contient les principales variables qui contribuent à mieux prédire la différenciation entre les deux genres.

Toutefois, il deviendra utile de consulter les caractéristiques introduites dans chacun des modèles.

Dans le tableau suivant (tableau III.473) se présente des critères d'appréciation du modèle global dans chacune des deux étapes.

Tableau III.473 : Valeur du maximum de vraisemblance

Etapes

-2 log-
vraissemblance

R-deux de Cox &
Snell

R-deux de
Nagelkerke

1

111,817

0,081

0,107

2

107,391

0,127

0,169

 

Dans ce tableau, le R2 s'élève à 0.169 dans l'étape deux, ce qui est jugé satisfaisant compte tenu du caractère exploratoire et nouveau de cette étude. Ainsi, le modèle explique 16.9% l'émergence des femmes entrepreneures. Aussi, à partir de ce tableau, on constate que le choix de l'étape deux est plus signifiant, 16.9% de la variance des variables expliquent la

différence entre homme ou femme entrepreneure et permet de spécifier notre modèle de base à savoir l'entrepreneuriat féminin, contre 10.7% du modèle premier.

Ensuite, le pourcentage total permet également de vérifier la force du modèle. Ainsi, dans le tableau de classification (tableau III.483), il est indiqué 65.1%, ce qui signifie que le modèle est vrai dans 65.1% des 86 cas. En d'autres mots, si une femme présente les caractéristiques énumérées dans le modèle, il fera partie du groupe des femmes entrepreneures dans 65.1% des cas.

Tableau III.483 : Tableau de classification

Observé

Prévu

 

Pourcentage correct

 

Homme

 

Sexe de l'entrepreneur

Femme

23

18

56,1

 

12

33

73,3

 

Etape2

Sexe de l'entrepreneur

Femme

26

15

63,4

 

15

30

66,7

 
 

Signification des variables et interprétations des rapports de cote

Tableau III.493 : Variables dans l'équation

 

B

E.S.

Wald

d.d.l.

Signif.

Exp. (B)

Etape 1

Motivations pour la création

-,237

,092

6,705

1

,010

,789

 

,943

,396

5,681

1

,017

2,567

Etape 2

Motivations pour la création

-,242

,095

6,527

1

,011

,785

 

-,207

,100

4,255

1

,039

,813

 

1,634

,540

9,152

1

,002

5,124

 

a Variable(s) entrées à l'étape 1: MOTIVATI.

b Variable(s) entrées à l'étape 2: CARACTÉR.

Dans la deuxième étape, les deux variables y incluses motivations pour la création et caractéristiques dont doit avoir un entrepreneur pour sa réussite en affaire ne semblent pas de différences quand à leurs contributions à la différenciation entre femme et homme entrepreneurs. Leurs odds ratio sont très proches (0.785 et 0.813). Cela peut être interprété par

leurs fortes contributions dans la détermination du notre modèle entrepreneurial. On ne peut pas ignorer une de ces deux variables, sinon le modèle sera incomplet.

En conclusion, notre modèle obtenu explique 16.9% de la variance d'être parmi le groupe des femmes entrepreneures que des hommes entrepreneurs. L'entrepreneure femme se différencie par ses motivations pour la création et les caractéristiques dont elle devra les avoir pour favoriser son entrée dans le monde des entreprises et par la suite sa réussite. Ceci se justifie d'une manière par la place de la femme en général dans notre société musulmane (toujours dépendante à sa famille). Et d'autre manière, les facteurs socio- culturels ont opté et optent toujours à la créer un environnement favorable aux femmes.

Ce résultat se confirme plus avec ce dernier tableau (tableau III.503) dont le quel lorsqu'on introduit la variable «Caractéristiques dont l'entrepreneur doit avoir pour la réussite » dans la première étape, seulement cette variable se présente comme significative (p = 0.036 < 0.05). L'autre variable montre son indépendance à l'explication de l'émergence de l'entrepreneuriat féminin. Elle n'est pas significative (p=0.362 > 0.05).

Tableau III.503 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 1

Variables

Caractéristiques
pour la réussite

4,396

1

0,036

 

0,832

1

0,362

 

5,583

2

0,061

Etape 2

Variables

Facteurs du choix du secteur

1.224

1

0.269

 

1,224

1

0,269

 

d- le quatrième modèle : les problèmes rencontrés

Comme indiqué plus haut, l'interprétation de la significativité du modèle dans sa globalité est la première étape à faire. Dans ce modèle, on va traiter trois étape, puisque les résultats de la régression logistique montrent que trois variables sont significatives (p<0.05) : degrés de conciliation entre famille et travail, problème de formation et temps nécessaires pour les formalités administratives.

Tableau III.514 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 0

Variables

Degrés de conciliation famille- travail

4,896

1

0,027

 

1,828

1

0,176

 

5,522

1

0,019

 

6,767

1

0,009

 

17,851

4

0,001

 

Tableau III.524 : Significativité du modèle (modèle 1)

 

Khi-Deux

ddl

Signif.

Etape 1

Etape

7,032

1

,008

 

7,032

1

,008

 

7,032

1

,008

Etape 2

Etape

5,927

1

,015

 

12,959

2

,002

 

12,959

2

,002

Etape 3

Etape

5,104

1

,024

 

18,063

3

,000

 

18,063

3

,000

 

Dans ce tableau, il est indiqué que l'étape `trois' a une valeur de Khi-Deux divisé par degré de liberté soit égale à 18.063 qui est supérieur à la valeur de l'étape `deux', soit 12.959. Cela permet de conclure que la dernière étape contient les principales variables qui contribuent à mieux prédire la différenciation entre les deux genres.

Toutefois, il deviendra utile de consulter les caractéristiques introduites dans chacun des modèles. Dans le tableau suivant (tableau III.534) se présente des critères d'appréciation du modèle global dans chacune des deux étapes.

Tableau III.534 : Valeur du maximum de vraisemblance

Etapes

-2 log-
vraissemblance

R-deux de Cox &
Snell

R-deux de
Nagelkerke

1

112,004

,079

,105

2

106,076

,140

,187

3

100,973

,189

,253

 

Dans ce tableau, le R2 s'élève à 0.253 dans la dernière étape, ce qui est jugé satisfaisant compte tenu du caractère exploratoire et nouveau de cette étude. Ainsi, le modèle explique 25.3% les problèmes rencontrés par les femmes entrepreneures. Aussi, à partir de ce tableau, on constate que le choix de l'étape trois est plus signifiant, 25.3% de la variance des variables expliquent la différence entre homme ou femme entrepreneure au niveau des problèmes rencontrés et permet de spécifier notre modèle de base à savoir l'entrepreneuriat féminin, contre 18.7% du modèle deuxième et contre 10.5% du premier modèle.

Ensuite, le pourcentage total permet également de vérifier la force du modèle. Ainsi, dans le tableau de classification (tableau III.544), il est indiqué 68.6%, ce qui signifie que le modèle est vrai dans 68.6% des 86 cas. En d'autres mots, si une femme présente les caractéristiques énumérées dans le modèle, il fera partie du groupe des femmes entrepreneures dans 68.6% des cas.

Tableau III.544 : Tableau de classification

observé

Prévu

 

Pourcentage correct

 

Homme

 

Sexe de l'entrepreneur

Femme

25

16

61,0

 

6

39

86,7

 

Etape2

Sexe de l'entrepreneur

Femme

24

17

58,5

 

20

25

55,6

 

Etape3

Sexe de l'entrepreneur

Femme

28

13

68,3

 

14

31

68,9

 
 

Signification des variables et interprétations des rapports de cote

Tableau III.554 : Variables dans l'équation

 

B

E.S.

Wald

d.d.l.

Signif.

Exp (B)

Etape 1

Temps administratifs

0,824

0,327

6,343

1

0,012

2,281

 

-1,397

0,626

4,982

1

0,026

0,247

Etape 2

Degrés de

conciliation

famille- travail

-0,541

0,233

5,376

1

0,020

0,582

 

0,894

0,334

7,146

1

0,008

2,445

 

0,372

0,964

0,149

1

0,699

1,451

Etape 3

Degrés de

conciliation

famille- travail

-0,586

0,239

6,015

1

0,014

0,557

 

0,428

0,196

4,786

1

0,029

1,534

 

0,852

0,347

6,044

1

0,014

2,345

 

-0,823

1,120

0,539

1

0,463

0,439

 

a Variable(s) entrées à l'étape 1: TEMPADMN.

b Variable(s) entrées à l'étape 2: DEGCONCI.

c Variable(s) entrées à l'étape 3: PBFORM.

Dans la dernière étape, il y a trois variables qui constituent les principales variables constitutives du modèle concernant les problèmes rencontrés par les entrepreneures femmes. Ces variables sont le temps nécessaires pour les formalités administratives, le problème lié à la formation, et finalement le degré de conciliation entre famille et travail.

En conclusion, notre modèle obtenu explique 25.3% de la variance d'être parmi le groupe des femmes entrepreneures que des hommes entrepreneurs sont plus affectés par ces trois problèmes rencontrés lors de la création. L'entrepreneure femme se différencie selon le type de formation qu'elles suivent et les problèmes y afférents à cette formation.

Aussi, le temps nécessaires pour les formalités administratives se présente comme élément distinctif entre les femmes entrepreneures et les hommes entrepreneurs. A cet effet, il ressort lors de l'interprétation du tableau croisé temps administratifs* sexe de l'entrepreneur, la conclusion suivante que les femmes estiment plus de difficultés dans leurs relations avec les institutions administratives (delai très long dans la préparation des documents administratifs, manque de collaboration des agents administratifs pour faciliter les procédures, etc.).

La variable « degrés de conciliation entre famille et travail » ne présente pas une valeur très significative de odds ratio (0.557), malgré sa significativité dans l'élaboration du modèle. Sa contribution à prédire la spécificité du groupe féminin est faible.

Ce résultat se confirme plus avec ce dernier tableau (tableau III.564) dont le quel lorsqu'on introduit la variable «problème de formation » dans la première étape, et deuxième étape seulement cette variable se présente comme significative (p = 0.036 et 0.025 < 0.05). la variable « degrés de conciliation entre vie familiale et travail » paraît aussi significative (p = 0.017<0.05).

Tableau III.564 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 1

Variables

Degrés de conciliation famille- travail

5,703

1

0.017

 

2,915

1

0,088

 

4,374

1

0,036

 

12,005

3

0,007

Etape 2

Variables

Problème de
financement

2,640

1

0,104

 

Problème formation

5,014

1

0,025

 

6,629

2

0,036

Etape 3

Variables

Problème de financement

1,748

1

0,186

 

1,748

1

0,186

 

e- Cinquième modèle : l'accompagnement reçu

Dans ce modèle, on va traiter seulement une seule étape, puisque les résultats de la régression logistique montrent que seulement une variable est significative (p<0.05) : moyens de sensibilisation à la création d'entreprise.

Tableau III.575 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 0

Variables

Moyens de sensibilisation

11,087

1

0,001

 

0,048

1

0,827

 

0,144

1

0,705

 

11,266

3

0,010

 

Tableau III.585 : Significativité du modèle

 

Khi-Deux

ddl

Signif.

Etape 1

Etape

11,376

1

0,001

 

11,376

1

0,001

 

11,376

1

0,001

 

Dans ce modèle, la valeur de Khi-Deux est égale 11.376. On a un seul modèle à interpréter (tableau III.595).

Tableau III.595 : Valeur du maximum de vraisemblance

Etapes

-2 log-
vraissemblance

R-deux de Cox &
Snell

R-deux de
Nagelkerke

1

107,659

0,124

0,165

 

Dans ce tableau, le R2 s'élève à 0.165, ce qui est jugé satisfaisant. Le modèle explique à 16.5% le recours aux structures d'accompagnement par les femmes entrepreneures. Aussi, à partir de ce tableau, on constate que 25.3% de la variance de la seule variable choisie explique la différence entre homme et femme entrepreneure au niveau de la nature de l'accompagnement reçu et permet de spécifier notre modèle de base à savoir l'entrepreneuriat féminin.

Ensuite, le pourcentage total permet également de vérifier la force du modèle. Ainsi, dans le tableau de classification (tableau III.605), il est indiqué 68.3%, ce qui signifie que le modèle est vrai dans 68.3% des 86 cas. En d'autres mots, si une femme présente les caractéristiques énumérées dans le modèle, il fera partie du groupe des femmes entrepreneures dans 68.3% des cas.

Tableau III.605 : Tableau de classification

observé

Prévu

 

Pourcentage correct

 

Homme

 

Sexe de l'entrepreneur

Femme

28

13

68,3

 

15

30

66,7

 
 

Signification des variables et interprétations des rapports de cote

Tableau III.615 : Variables dans l'équation

 

B

E.S.

Wald

d.d.l.

Signif.

Exp (B)

Etape 1

Moyens de sensibilisation

0,431

0,133

10,486

1

0,001

1,539

 

-1,275

0,479

7,081

1

0,008

0,279

 

a Variable(s) entrées à l'étape 1: MOYSENS.

A partir de ce tableau, on a une seule variable qui constitue notre modèle à savoir, les moyens de sensibilisation pour la création d'entreprise. Ses critères d'appréciation sont de plus significatifs ; Wald = 10.486, p = 0.001<0.05 et odds ratio = 1.539.

En conclusion, notre modèle obtenu explique que 16.5% de la variance d'être parmi le groupe des femmes entrepreneures que des hommes entrepreneurs sont plus affectés des moyens de sensibilisation spécifiques lors de la création. L' entrepreneure femme se différencie par ses moyens d'être touchée par la création.

Ce résultat se confirme plus avec ce dernier tableau (tableau III.625) dont le quel lorsqu'on introduit les deux variables «sources d'information » et « sources du service reçu » dans le modèle, elles n'apparaîtront pas significatives ayant pour risque de rejet 96.2 et 67.3 consécutivement.

Tableau III.625 : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 1

Variables

Sources d'information

0,002

1

0,962

 

0,178

1

0,673

 

0,203

2

0,904

 

3. Modèle global : les variables favorisant l'émergence des femmes entrepreneures

C'est la dernière étape qu'on opte à vérifier ; il est à noter que les résultats obtenus à partir des tableaux précédents ont permis d'éclaircir la situation et faciliter notre démarche, et cela par l'élimination de toutes les variables signifiantes à l'élaboration du notre modèle global.

En résumé, les principales conclusions issues permettent de déterminer les cinq modèles de base, qui sont les suivantes :

> Modèle 1er : profil de l'entrepreneur

Y1 = 0.497 - 0.699* âge - 1.709* nature de l'expérience.

> Modèle 2éme : profil de l'entreprise

Y2 = - 1.159 - 0.535* participation dans l'entreprise + 1.02* tendance de l'évolution du chiffre d'affaire.

> Modèle 3éme : motivations

Y3 = 1.634 - 0.242* motivations pour la création - 0.207* caractéristiques dont doit avoir l'entrepreneur pour réussir en affaire.

> Modèle 4éme : problèmes rencontrés

Y4 = - 0.823 - 0.286* degrés de conciliation entre famille et travail + 0.428* problème de formation + 0.852* temps nécessaires pour les formalités administratives.

> Modèle 5éme : accompagnement reçu

Y5 = - 1.275 + 0.431081 moyens de sensibilisation.

Etant donnée que ces cinq blocs de sous modèles jouent ensemble le rôle de prédicateurs à l'interprétation de l'émergence de l'entrepreneuriat féminin et l'entrepreneuriat en général (à partir des constats théoriques), on va vérifier si les variables y incluses sont toutes signifiantes et ont la force de détermination d'un modèle spécifique. Dans ce cas, on va procéder à la dernière étape de la régression logistique pour vérifier le modèle dans sa globalité et tester l'importance de ces variables à bien prédire la spécificité de l'entrepreneuriat féminin.

108 Significatif au seuil de 5%

Le tableau suivant (tableau III.63G) permet de vérifier dans un premier temps la signification de variables prises dans l'ensemble. Il ressort que toutes les variables vont faire l'objet de l'interprétation du modèle et il n'y a aucune variable à exclure (p<0.05).

Tableau III.63G : Variables hors de l'équation

 

Score

d.d.l.

Signif.

Etape 0

Variables

Age

7,547

1

,006

 

15,068

1

,000

 

3,478

1

,062

 

5,320

1

,021

 

7,066

1

,008

 

4,537

1

,033

 

4,896

1

,027

 

5,522

1

,019

 

6,767

1

,009

 

11,087

1

,001

 

41,188

10

,000

 

Tableau III.64G : Significativité du modèle

 

Khi-Deux

ddl

Signif.

Etape 1

Etape

56,554

10

0,000

 

56,554

10

0,000

 

56,554

10

0,000

 

Dans ce modèle, la valeur de Khi-Deux est égale 56.554, valeur peut être considérée comme très signifiante vu le caractère nouveau de la recherche et le manque des données nécessaires pour l'étude.

Cette valeur de Khi2 sert à tester notre hypothèse de départ (hypothèse de base):

H0 : aucune de ces variables n'expliquent l'émergence de l'entrepreneuriat féminin, H1 : il existe au moins une des variables qui explique l'émergence de l'entrepreneuriat féminin.

l'hypothèse nulle H0 postule l'indépendance entre les deux variables; lorsque l'on rejette l'hypothèse nulle (p<.05), on conclut qu'il est peu probable que la relation observée dans l'échantillon soit due au hasard et que par conséquent, il est plausible qu'elle existe réellement dans la population.

Dans notre cas, la probabilité du test soit inférieure à .05 (p = 0), donc on rejette H0, et on accepte H1. Cela indique que les variables qui sont dans le modèle apportent une contribution significative à l'explication du modèle.

Tableau III.65G : Valeur du maximum de vraisemblance

Etapes

-2 log-
vraissemblance

R-deux de Cox &
Snell

R-deux de
Nagelkerke

1

62,481

0,482

0,643

 

Dans ce tableau, le R2 s'élève à 0.643, ce qui est jugé très satisfaisant. Le modèle explique à 64.3% la différence entre les hommes entrepreneurs et les femmes entrepreneures à partir de ces variables.

Ensuite, le pourcentage total permet également de vérifier la force du modèle. Ainsi, dans le tableau de classification (tableau III.66G), il est indiqué 83.7%, ce qui signifie que le modèle est vrai dans 83.7% des 86 cas. En d'autres mots, si une femme présente les caractéristiques énumérées dans le modèle, il fera partie du groupe des femmes entrepreneures dans 83.7% des cas.

Tableau III.66G : Tableau de classification

observé

Prévu

 

Pourcentage correct

 

Homme

 

Sexe de l'entrepreneur

Femme

34

7

82,9

 

7

38

84,4

 
 

Signification des variables et interprétations des rapports de cote

Tableau III.67G : Variables dans l'équation

 

B

E.S.

Wald

d.d.l.

Signif.

Exp (B)

Etape 1

Age

1,126

0,539

4,366

1

0,037

3,084

 

-1,875

0,746

6,312

1

0,012

0,153

 

-0,569

0,457

1,553

1

0,213

0,566

 

1,584

0,779

4,133

1

0,042

4,872

 

-0,261

0,137

3,636

1

0,057

0,770

 

-0,293

0,151

3,747

1

0,053

0,746

 

-1,057

0,376

7,926

1

0,005

0,347

 

0,832

0,302

7,601

1

0,006

2,297

 

0,763

0,472

2,610

1

0,106

2,145

 

0,150

0,216

0,485

1

0,486

1,162

 

-1,759

2,706

0,423

1

0,516

0,172

 

a Variable(s) entrées à l'étape 1: AGE, NATUREEX, PARTICIP, TENDCA, MOTIVATI, CARACTÉR, DEGCONCI, PBFORM, TEMPADMN, MOYSENS.

Les résultats de ce tableau confirment bien la significativité de variables incluses dans l'équation. Toutefois, en examinant les valeurs de Wald et leurs probabilités, il parait qu'il y a trois variables qui ne peuvent pas contribuer à prédire le modèle dans son ensemble avec toutes les autres variables (p>0.05). Ces variables exclues du modèle sont : « participation dans l'entreprise », « temps administratifs nécessaires » et « moyens de sensibilisation ».

Le reste des variables constituent finalement notre modèle global, étant l'émergence de l'entrepreneuriat féminin.

~ Le modèle global s'inscrit comme suit :

Logit = Log (Femme/ Homme) = - 1.759 + 1.126109 âge - 1.875* nature de l'expérience + 1.584* tendance de l'évolution du chiffre d'affaire - 0.261* motivations pour la création - 0.293* Caractéristiques pour la réussite en affaire - 1.057* degrés de conciliation entre famille et travail + 0.832* problème de formation.

4. Mesure du niveau de satisfaction des mesures d'accompagnement reçu

Cette partie aborde les opinions sur l'entrepreneuriat féminin et l'incidence du genre sur le niveau de satisfaction global des mesures d'accompagnement reçu, au moment de l'enquête. Les mesures de l'accompagnement qu'on souhaite étudier dans cette étude sont les suivantes :

- la sensibilisation à la création

- l'information à la création

- les services d'aide obtenus : assistance au niveau de l'information, conseil, assistance technique, et encadrement.

- la formation à la création

- le financement

Une analyse quantitative est appropriée à cet effet puisque notre but étant de mesurer le degrés de satisfaction des femmes entrepreneures des mesures d'accompagnement existantes et le degrés d'utilité de ces mesures à faciliter leurs démarches entrepreneuriales. Notre objet de cette partie étant donc de montrer s'il y a différence entre les besoins des femmes ou des hommes de ces mesures d'accompagnement. Une comparaison par fréquence des répondants et répondantes sera faite.

Dans la mesure de bien appliquer cet instrument de mesure, on va opter tout d'abord à tester sa fiabilité110 par alpha de cronbach.

Le coefficient alpha de cronbach est une mesure de la cohérence interne d'une échelle à plusieurs items. Le coefficient est compris entre 0 et 1 et il est interne à la cohérence interne de l'échelle. Plus ce coefficient est proche de 1, plus le groupe est fiable.

109 Significatif au seuil de 5%

110 D'après PERIEN et al. (1984) la fiabilité représente « le degrés avec lequel les instruments de recherche utilisés mesurent, de façon constante, le construit étudié ». La technique couramment utilisée est alpha de cronbach.

La première étape étant de vérifier la fiabilité du 1er groupe concernant la satisfaction à l'égard de ces techniques d'aide et de soutien au niveau de l'information, la sensibilisation, la formation, le financement et les avantages fiscaux. Le résultat sur SPSS montre un alpha de cronbach de 0.6375 ; résultat significatif permettant de compléter leur analyse.

La deuxième concernent le groupe lié la nature des services obtenus par ces structures : information, conseil, assistance technique et encadrement. Alpha de cronbach est de 0.4165 < 0.5 ; ce résultat montre une incohérence interne entre ces items. Cela peut être dû à un manque des réponses sur toutes les modalités des items.

La dernière étape étant pour déterminer la fiabilité du groupe lié à la mesure de la contribution de la formation à développer l'esprit créatif entrepreneurial chez les femmes. La valeur de alpha de cronbach est de 0.7586 ; valeur significative permettant de confirmer la cohérence de items de cette variable liée à la « formation ». Les six modalités de cette variable sont les suivantes :

· Reconnaissance des risques réels de la création de l'entreprise,

· Amélioration de la reconnaissance de l'environnement de la création,

· Fixation de vos objectifs,

· Préparation du plan d'affaires,

· Evaluation de la faisabilité du projet,

· Engagement dans le processus de la création.

Les tableaux suivants présentent les résultats des analyses par fréquences des réponses.

Tableau III.68 : Estimation de l'effort de sensibiisation

Sexe

Estimation

de l'effort de sensibiisation

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Utile

32

26.7

24

29.3

56

56

Moyennement
utile

9

14.3

21

15.7

30

30

Total

41

41

45

45

86

86

Tableau III.69 : Satisfaction générale de l'information acquise

Sexe

satisfaction

de l'information acquise

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Satisfaite

18

20.5

25

22.5

43

43

Moyennement
satisfaite

21

18.6

18

20.4

39

39

Pas de tout
satisfaite

2

1.9

2

2.1

4

4

Total

41

41

45

45

86

86

Tableau III.70: Satisfaction services d'accompagnement: conseil

Sexe

Satisfaction des services : conseil

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Satisfaite

29

25.9

26

29.1

55

55

Moyennement
satisfaite

10

12.2

16

13.8

26

26

Pas de tout
satisfaite

1

1.9

3

2.1

4

4

Total

40

40

45

45

85

85

Tableau III.71 : Satisfaction services d'accompagnement: encadrement

Sexe

Satisfaction des services : encadrement

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Satisfaite

2

1.7

3

3.3

5

5

Moyennement
satisfaite

1

1

2

2

3

3

Pas de tout
satisfaite

0

0.3

1

0.7

1

1

Total

3

3

6

6

9

85

Tableau III.72: Satisfaction services d'accompagnement: assistance technique

Sexe

Satisfaction des services : assistance

technique

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Satisfaite

0

0.8

6

5.2

6

6

Moyennement
satisfaite

3

1.9

11

12.1

14

14

Pas de tout
satisfaite

0

0.3

2

1.7

2

2

Total

3

3

19

19

22

22

Tableau III.73 : Estimation de la formation acquise

Sexe

Estimation

de la formation acquise

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

facile

8

10.7

6

3.3

14

14

Moyennement
facile

5

7.7

5

2.3

10

10

difficile

23

17.6

0

5.4

23

23

Total

36

36

11

11

47

47

Tableau III.74: Estimation des avantages financiers

Sexe

Estimation

des avantages financiers

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

incitatifs

16

13.3

12

14.7

28

28

Moyennement
incitatifs

18

21

26

23

44

44

Pas de tout
incitatifs

7

6

7

7.3

14

14

Total

41

41

45

45

86

86

Tableau III.75: Estimation des avantages fiscaux

Sexe

Estimation

des avantages fiscaux

Femme

Homme

Total

Observé

Théorique

Observé

Théorique

Observé

Théorique

incitatifs

6

6.3

7

6.7

13

13

Moyennement
incitatifs

13

13.5

15

14.5

28

28

Pas de tout
incitatifs

22

21.2

22

22.8

44

44

Total

41

41

45

45

86

86

Les résultats de ces tableaux permettent de ressortir les conclusions suivantes :

~ En ce qui concerne les moyens de sensibilisation, les femmes se voient plus satisfaites que les hommes entrepreneurs de l'utilité de ces moyens au développement de l'esprit entrepreneurial chez elles (78% contre 53% pour les hommes). Comme on l'a déjà montré dans les parties précédentes de l'analyse statistique, les sources qui ont favoriser chez les femmes l'envie d'entreprendre leurs entreprises seules sont différentes de celles auxquelles font face les hommes.

> L'estimation de l'information acquise au début du processus entrepreneurial ne semble pas assez différente tant chez les femmes que chez les hommes, les deux genres sont assez satisfaits de l'information proposée à leurs égards (51% pour les femmes contre 40% pour les hommes). Cela signifie que l'information est accessible librement à toute personne demandeuse de cette information, toutefois, elle est plutôt générale que spécifique.

~ Au niveau de l'estimation des services obtenus tant au début de l'idée que lors de démarrage du projet, les résultats méritent plus d'importance. En faisant regard sur le nombre des femmes qui ont censés avoir reçues de l'aide « encadrement », « assistance technique », on observe une proportion très négligeable, 7% des femmes interrogées sont censés avoir ces deux appuis, contre 41% pour les hommes interrogés. Le service proposé « encadrement », est négligeable pour les deux genres,

cela justifie l'absence de cette mesure dans la plupart des structures d'accompagnement générales et spécifiques.

~ A l'instar de la différence conclue lors de l'obtention du service d'assistance technique, la différence entre les deux genres persiste encore au niveau de la formation acquise. Les hommes entrepreneurs ne font pas recours en général à ce type d'appui dans leur démarche entrepreneuriale, 24% seulement ont répondu à cette question liée à la formation, alors cette mesure est identifiable par les femmes dans leurs démarches, 87% des femmes interrogées disent qu'elles ont reçu des formations, mais la plupart d'entre elles 63% disent que l'accès à ce service est plutôt difficile.

> Le recours aux institutions financières ne semble pas constituer un grand obstacle aux femmes qu'elles ont demandé de l'aide auprès d'elles ; 43% de ces femmes disent que les mesures financières sont moyennement incitatives contre 51% pour les hommes.

~ La dernière mesure semble constituer le plus grand problème tant aux femmes entrepreneures qu'aux hommes entrepreneurs, 53 % des femmes et 48% des hommes disent que les avantages fiscaux sont pas de tout incitatifs contre 14% et 15% respectivement qui ont bénéficié de ces avantages.

III.2.3. Interprétation et recommandations 1. Interprétation

Les résultats présentés ci-dessus dans la régression logistique montre en évidence que le modèle spécifié s'ajuste de manière très satisfaite aux données. Ils indiquent que la relation étudiée entre ces variables explicatives et le modèle à étudiée est significative au seuil de 0.05 et de signe attendu, et qu'elle a une signification pratique satisfaisante.

a- Spécification entre hommes et femmes entrepreneurs : analyse du modèle global

Ils ont servi à tester notre hypothèse de départ (hypothèse de base):

 

H0 : aucune de ces variables n'expliquent l'émergence de l'entrepreneuriat féminin, H1 : il existe au moins une des variables qui explique l'émergence de l'entrepreneuriat féminin.


· Le modèle global à étudier s'inscrit comme suit :

Logit = Log (Femme/ Homme) = - 1.759 + 1.126* âge - 1.875* nature de

l'expérience + 1.584* tendance de l'évolution du chiffre d'affaire - 0.261* motivations pour la création - 0.293* caractéristiques pour la réussite en affaire - 1.057* degrés de conciliation entre famille et travail + 0.832* problème de formation.

La force des effets directs de ces six variables a été testée au travers du modèle complet. D'autres variables qui on a essayé de tester leur contribution à prédire le modèle ont été retirées pour des raisons de non importance à former notre modèle.

Le modèle testé est relativement bien spécifié. Tous les indicateurs sont satisfaisants ou proche des normes recommandées (valeur de Wald, Significativité, odds ratio).

En conséquence, le modèle est acceptable. On le considère par conséquent perfectible. Il explique 64.3 % de la variance de l'émergence de l'entrepreneuriat féminin.

Ces variables contribuent significativement à prédire l'intention de créer une entreprise par une femme.


· Âge

Comme il était constaté par la littérature, La relation entre l'âge de la femme créatrice d'entreprise et sa carrière entrepreneuriale a fait l'objet de recherches minutieuses (RONSTADT, 1983). HISRISH et PETERS ont fait la distinction entre l'âge de l'entreprenance (tel qu'il se reflète dans son expérience) et l'âge chronologique111. Comme on l'a déjà montré dans notre analyse par régression, l'expérience de l'entreprenance est l'un des facteurs les plus prédictifs de la réussite, particulièrement lorsque l'entreprise nouvelle et l'expérience professionnelle relèvent du même domaine d'activité (la nature de l'expérience).

En termes d'âge chronologique, les études sur les femmes entrepreneures montrent une distinction différente et mettent en relief une plus grande diversité d'âges. Nombreux sont les chercheurs (WELSCH et YOUNG (1984) et BIRLEY, MOSS et SAUDRES) qui ont montré que les femmes sont plus jeunes que les hommes, au moment du lancement de leur projet entrepreneurial. Elles indiquent que l'âge moyen se situe entre 25 et 40 ans, alors que pour les hommes, c'est plus que 43 ans112.

* : significatif au seuil de 5%

111 R. D. HISRISH, M. P. PETERS (1991), « Entrepreneurs hip: lancer, élaborer et gérer une entreprise», Ed. Economica. pp.61-62.

112 J. ZOUITEN (2005), op.cit.

Effectivement, notre étude confirme bien ces constats, on a plus que 50% de notre échantillon se situe entre 20-30 ans, alors que seulement 10% des femmes interrogées sont âgées de +41 ans, pour les hommes, ils se concentrent entre les deux tranches de 31 à plus que 41 ans. 45% des hommes se trouvent âgés de plus que 41 ans.


· Nature de l'expérience

Plusieurs sont les auteurs qui ont mis à l'évidence l'existence des liens étroits entre l'expérience professionnelle antérieure et le recours au travail indépendant.

S'agissant d'un tel point de vue, les résultats de recherches existantes ont été confirmés par notre étude. La plupart des auteurs ont montré que pour une grande majorité d'entrepreneurs, aussi bien hommes que femmes, ils ont eu une expérience professionnelle avant leur projet de création de leur propre entreprise, néanmoins, La différence résiderait plutôt au niveau du type d'expérience.

Evidemment, ce constat se sera plus fondé par notre étude. Les résultats de la régression touchant sur le profil de l'entrepreneur montrent bien que la variable « expérience professionnelle » n'est pas significative à la prédiction de la différence entre les deux genres. Elle a été éliminée ; par contre la nature de l'expérience montre bien la différence entre la démarche de l'homme entrepreneur et la femme entrepreneure (choix de secteur, gestion de l'entreprise, relation avec les tiers personnes, etc.).

60% des femmes interrogées disent de ne pas avoir de l'expérience dans le même domaine de leurs entreprises actuelles contre 80% des hommes qui disent le contraire. Les hommes sont plus concentrés sur son même domaine (que se soit dans le service, commerce ou industrie). Son expérience est pour lui l'une des premières source d'intérêt au domaine des affaires personnelles.

Cependant, et comme le prédisaient les chercheurs, les femmes ne sont pas toujours touchées par leurs expériences initiales. Pour elles, la source de motivation pour le domaine des affaires est plutôt liée à un besoin psychologique (indépendance) ou financier (soutien de la famille). Cette variable forme une des composantes principales de notre modèle.

~ Tendance de l'évolution du chiffre d'affaire

D'après les résultats de la régression logistique présentés dans la section précédente, on peut conclure que les paroles des femmes et des hommes entrepreneurs se convergent vers une tendance d'évolution de leurs chiffres d'affaires tout au long de l'exploitation de leurs entreprises. Alors que la différence se concentre sur la modalité de « stabilité du chiffre d'affaire » ; 24% des femmes interrogées se prononcent que leurs parts sont plutôt stables sur le marché du travail qu'évolutives contre seulement 4% pour les hommes.

Ce constat a été expliqué par GASSE et D'AMOURS qui ont prononcé que les expériences des femmes dans la gestion sont plus réduites et pourtant, les femmes d'affaires connaitraient davantage le succès que leurs correspondants males. Les femmes ont tendance à la stabilité que le changement. Ces deux auteurs mentionnent que l'intuition féminine a bien sa place dans la gestion. Presque plus de moitié des femmes entrepreneures interrogées se disent qu'elles sont plus prudentes lors du démarrage en affaires, avec une connaissance subséquente plus modérée et sont autant rationnelles qu'instructives alors que leurs homologues males sont juste un peu moins nombreux à l'avouer.

~ Motivations pour la création

Comme interprétés les chercheurs, les motivations pour la création de l'entreprise se divisent en deux types, des motivations positives qui incitent les personnes à entreprendre (désir d'autonomie, de pouvoir...), et des motivations qu'on peut les classer comme négatives ; on cite amélioration de la situation financière de la famille (à cause de l'augmentation massive du niveau de vie), besoin de soutenir la famille, par dépit à une situation de chômage, nécessité d'argent, etc.

Contrairement aux hommes qui sont le plus souvent attirés par des facteurs positifs (gains matériels, promotion sociale, etc.), les femmes sont incitées à construire leurs propres entreprises pour plusieurs raisons qui sont d'ordre personnelles ou dues aux circonstances extérieurs, positives ou négatives.

Les statistiques tirées de notre recherche sur les femmes entrepreneures montrent bien que la grande proportion des femmes interrogées (44%) dise avoir nécessité de l'argent pour améliorer leur situation familiale. Alors que les proportions des hommes se dispersent entre besoin d'autonomie (40%) et de liberté (22%).

~ Caractéristiques pour la réussite en affaires

Alors que la forte personnalité se voit comme un facteur commun qui caractérisent les deux genres d'entrepreneurs hommes/ femmes (prés de 40% pour les deux genres), la disparité se pose sur d'autres critères. Les femmes se spécifient des hommes entrepreneurs par leur besoin de deux critères qui semblent pour elles les traits de caractère les plus indispensables à une entrepreneure femme. , à savoir : avoir la bonne formation (24% contre 2% pour les hommes) et la nécessité d'un partenaire (17% contre 1% selon les hommes interrogés), le genre du partenaire n'est pas discutable à ce point. Pour les hommes, les principales caractéristiques résident dans la recherche de l'innovation (22%) et la détermination (20%). Ce résultat se confirme plus en interprétant le tableau croisé sexe - avoir une formation. Presque 50% des femmes interrogées ont reçu des cours pour formation alors que 60% des hommes disent de ne pas avoir recours à telle structure.

D'autres caractéristiques, qui ont été très peu citées dans l'étude et qu'on a préféré les éliminer de la régression afin de ne pas fausser nos résultats, sont la capacité à intégrer le long terme, la capacité à résoudre de multiples problèmes, l'acceptation de l'échec, la modération dans la prise de risque, le fait d'être chanceux, opportuniste et empathique.

~ Degrés de conciliation entre famille et travail

Ce point a été repris par la plupart des auteurs comme principale variable de différenciation entre hommes et femmes entrepreneurs. Il s'ajoute à la liste des barrières personnelles qu'incombent les femmes pour devenir entrepreneure. Etant la responsabilité des enfants, de la maison et des membres âgées de al famille, peu d'entres elles peuvent consacrer tout leur temps et de leur énergie à leurs affaires. C'est ainsi que la conciliation famille te travail présente une contradiction dans le cheminement entrepreneurial des femmes (BELCOURT et Al., 1991). 73% des femmes ayant répondu à notre questionnaire disent qu'elles ont trouvé beaucoup de difficultés à concilier entre leurs affaires personnelles et leurs affaires dans l'entreprise, pour autant seulement 40% des hommes ont trouvé de difficultés.

La prise en compte à la fois de la situation familiale au moment de l'enquête et du nombre
moyen d'heures par semaine consacrées à l'entreprise, révèle une différence significative en
fonction du genre. Cette différence pourrait être expliquée par la présence d'enfant(s) dans le

ménage. En effet, lorsqu'elle vit en couple et n'a pas d'enfants, la femme entrepreneure consacre en moyenne moins heures par semaine à son entreprise et, lorsqu'elle vit seule elle y consacre plus d'heures par semaine (le fait de vivre seule ou en couple ne crée pas de différence significative) (voir figure 1).

En ce qui concerne les entrepreneurs masculins, il n'existe aucune différence significative en fonction du statut matrimonial. Par ailleurs, pour les autres variables (nombre d'heures consacrées au travail et avoir des enfants), aucune différence significative n'a été observée entre les entrepreneurs féminins et les entrepreneurs masculins.

Pourtant, et en dépit de ces responsabilités, la plupart des femmes s'organisent pour faire son parcours entrepreneurial tout en efficacité. Bien qu'il s'agit d'un des facteurs qui contribue à l'isolement de la femme dans sa « cage de verre » et qui limite son potentiel en affaires, elle est aussi la raison d'être de plusieurs entrepreneures. Plusieurs de leurs raisons pour se lancer en affaires sont étroitement liés à la conciliation famille et travail et à la qualité de vie (MOORE et BUTTNER, 1997).

~ Problème de formation

S'agissant de l'aspect formation à l'entrepreneuriat, de nombreuses études menées sur les expériences réussies (succès stories) révèlent que la formation appropriée des promotrices a joué un rôle capital dans les résultats positifs obtenus sur les succès des femmes entrepreneures .

Cet aspect a été le centre de préoccupation des travaux d'un certain nombre d'auteurs, ainsi que le centre de préoccupation des pouvoirs publics et privés. A cet effet, il était indispensable une mise en place d'une formation la plus complète possible en entrepreneuriat.

Très peu d'entrepreneurs interrogés ont suivi, lors du démarrage, une formation dédiée à la création d'activités. 54% des femmes et 60% des hommes interrogés prononcent que leur principal problème quand au recours à la formation réside au manque d'informations générales sur les programmes dédiés aux jeunes entrepreneurs et surtout au manque d'informations spécifiques propre à chaque sujet en question. (53% pour les hommes et 41% pour les femmes).

b- Existence d'autres relations

Il faut noter que plusieurs variables ont été éliminées suite à notre étude empirique ; certaines de ces variables ont été démontrées par les chercheurs comme déterminantes à l'explication de notre recherche. Les chercheurs ont beaucoup parlé de l'importance de la situation familiale de la femme à la détermination de son choix d'entrepreneure, les enfants constituent pour eux un des principaux problèmes des femmes à pouvoir concilier entre responsabilité familiale et besoin du travail autonome.

Pour cette raison, on a profité d'expliquer ces relations ensemble à partir d'une seule analyse pour démontrer s'il existe une corrélation entre ces variables pour agir ensemble sur la détermination d u choix de l'entrepreneure femme.

Une seconde analyse statistique sera évidente « L'analyse Factorielle de Correspondance ».


· Analyse Factorielle : sexe - situation famiiale - avoir des enfants - nombre des heure consacrées au travail

La première relation à présenter est entre sexe -situation familiale- avoir des enfants- nombre des heures consacrées au travail. (Figure III.1).

[20-40H]

libataire

moins

femme
[40-49H]

de 220H

homme
[50-59H]

mariée oui

nombre d'heure consa cré au travail

ur

2,0
1,5
1,0

avoir des enfants statut

sexe de l'entreprene

Dimension 2

,5

0,0

-,5

-1,0

-1,5 -,5 ,5 1,5

-1,0 0,0 1,0

Dimension 1

Figure III.1 : Le degrés de correspondance entre sexe - situation familiale- avoir des
enfants- nombre des heure consacrées au travail.

Pour pouvoir interpréter ce schéma, il faut avoir une hypothèse à vérifier. Notre hypothèse relative à ce schéma est :

H'0 : pas de correspondance entre le genre de l'entrepreneur est les autres variables ensemble.

L'axe horizontal oppose entre les entrepreneurs qui ont le statut de mariés et les entrepreneurs qui ont le statut de célibataires.

L'axe vertical oppose entre les entrepreneurs qui consacrent plus de temps à leur travail et ceux qui ont consacrent moins.

En examinant la figure, on a deux groupes qui constituent les extrémités du plan. Le profil de la femme entrepreneure se spécifie par sa situation matrimoniale (les femmes optent toujours à la stabilité familiale au premier lieu : mariage, enfants), ce qui explique qu'elle consacre

moins de temps à son travail au sein du local de son entreprise à cause de ses préoccupations familiales. Par contre, les hommes se voient célibataires, consacrant tout leurs temps au sein de leurs entreprises.

Il est à noter que pour la modalité [20-40H], il est difficile à connaître le profil de ce groupe vu l'absence des proximités avec les modalités des autres variables. Ceci peut être expliqué que cette modalité ne peut être spécifique à l'un des groupes, ni significative pour les deux groupes.

~ Analyse Factorielle : sexe - niveau d'instruction - domaine d'instruction - choix du secteur.

Une autre relation nécessite d'être interpréter en particulier qui est la correspondance entre le sexe - niveau d'instruction - domaine d'instruction - choix du secteur.

Les chercheurs n'ont pas ignorer l'importance de l'instruction de la femme à bien déterminer son choix entrepreneurial au premier temps et son choix du secteur en deuxième temps. Dans la figure suivante, on essaye de montrer le degré de correspondance de ces variables sur le genre de l'entrepreneur soit femme soit homme.

2

-1

-2

Dimension 2

1

un gest

0

niveau de scolarité secteur d'activité

domaine d'instructio n

sexe de l'entreprene ur

femme

iv 2éme onnaire

primaire

services

littéraire

industrie

secondaire technique

commerce

niv 1er cyc

informatique

homme

-1,0 -,5 0,0 ,5 1,0 1,5

Dimension 1

Figure III.2 : Le degrés de correspondance entre le sexe- niveau d'instruction-

domaine d'instruction- choix du secteur.

Conformément aux constats théoriques des chercheurs qu'on a essayé de présenter dans le deuxième chapitre, l'interprétation de cette figure met le point sur ces constats.

Deux types de profil sont déterminés : le premier étant que les hommes ont un niveau d'instruction faible (secondaire) et ont souvent recours à un type de formation technique. L'industrie est un secteur qui touche plus les hommes que les femmes. (Axe vertical). Les autres secteurs (commerce et services) sembles indifférents selon le genre de l'entrepreneur.

Toutefois, le deuxième trace le profil de la femme ; les femmes sont beaucoup plus instruites que les hommes (niveau universitaire 2éme cycle) et leur formation se dirige vers la gestion.

Ces deux constats méritent des analyses plus complètes en étudiant la relation avec l'expérience vécue par l'entrepreneur et sa nature. Ce travail sera traité plus profondément dans une recherche ultérieure.

REMARQUE

Il faut dire que ce modèle étant acceptable, pourrait être mieux expliqué par d'autres variables qui ne sont pas été exprimées dans notre étude dés le départ ou par élimination après recensement et interprétation des réponses des interrogés(es).

Il y a plusieurs variables qui semblent être déterminantes suite à une revue de la littérature spécifique à ce sujet. Le risque de manque de fiabilité de nos résultats empiriques peut être expliqué par un problème de manque de diffusion des informations exactes de la part des répondants (es) ; ce que les auteurs appellent « théorie de risque et théorie de la confiance ».

Définition d'une confiance : faire confiance est une action consciente, c'est-à-dire une volonté de prendre un risque.

Mesure d'une confiance : de nombreux facteurs sont succeptibles de faire évoluer l'intention de la femme à la création de son entreprise personnelle. Il serait intéressant d'identifier l'ensemble de ces facteurs et d'analyser leur contribution respective à l'élaboration de modèle global sur les femmes entrepreneures (nouvelles réglementations, nouvel espace dans lequel vit l'entreprise qui est de plus en plus ouvert sur les économies mondiales, concurrence offensive des entreprises mondiales, etc.).

Recherche d'information et confiance : le rétablissement de la confiance des femmes entrepreneures dans leur perception sur le monde des affaires nécessite une information transparente, améliorée, simplifier pour gagner en compréhension.

Corrélation risque et confiance : la présence du risque de système vient de la détérioration de la confiance. Dans un contexte où le public ne fait pas confiance aux autorités en général ou aux responsables des différentes structures administratives, il est difficile d'arrêter des stratégies efficaces de communication et de gestion des risques.

Le problème de la confiance de public féminin envers les autorités ressort parmi les plus importants dans les travaux de recherche ; En d'autres termes, la gestion du risque est tellement plus simple quand les responsables ont la confiance de la population.

2. Recommandations de la recherche

L'objectif ultime de cette partie consiste, à la lumière des nombreux constats que sont le fruit d'un processus d'analyse dans la littérature et sur le terrain, à formuler un ensemble cohérent de recommandations visant à stimuler et à développer l'entrepreneuriat féminin en Tunisie.

Dans la mesure où les constats et analyses qui ont été menées sont nombreux, il nous a semblé opportun de les synthétiser dans quelques principes de base qui nous aideront non seulement à formuler des recommandations cohérentes et justifiées qui tiennent compte de la réalité du terrain, mais également (et peut-être surtout) à dresser une liste de mesures à éviter.

Principes de base113:

~ Principe 1 : L'entrepreneuriat féminin ne diffère pas fondamentalement de l'entrepreneuriat masculin,

~ Principe 2 : L'accessibilité à l'entrepreneuriat dépend moins du genre que d'autres facteurs.

Ces recommandations ne prétendent pas répondre aux besoins de toutes les femmes entrepreneures, mais visent les besoins spécifiques des entrepreneures en général et tunisiennes en particulier à la lumière de leurs caractéristiques particulières et des programmes déjà disponibles jusqu'à maintenant.

~ Recherche d'informations

Les organismes intéressés par le sujet et déjà installés sur le marché devraient instituer un centre de ressources et recherche en entrepreneuriat féminin afin de se tenir à jour en matière de recherche, de meilleures pratiques et des dernières développements en entrepreneuriat féminin.

Une autre vision consiste à développer au sein un centre de recherche en collaboration avec les universités afin d'intégrer au développement d'une programmation universitaire sur l'entrepreneuriat. Une initiative de ce genre permet d'offrir des possibilités et des bénéfices

113 J. LAMBRECHT, F. PIRNAY, P. AMEDODJI, Z. AOUNI, (2003) : « Entrepreneuriat féminin en Wallonie », Centre de Recherche PME et d'Entrepreneuriat, Centre d'Etudes pour l'Entrepreneuriat, septembre, p.40.

non seulement aux entrepreneures femmes et entrepreneurs hommes déjà installés mais aussi aux futurs entrepreneurs.


· Promotion et éducation

L'éducation joue toujours un rôle majeur à enraciner les valeurs et à expliciter les notions nouvelles. L'entrepreneuriat, apparu comme nouvelle notion, mérite de faire partie de notre système éducateur. La population en général, et jeune en particulier, doit reconnaître que l'entrepreneuriat est aujourd'hui une force majeure dans notre économie. L'entrepreneuriat féminin se pose donc comme domaine de formation spécifique qui intéresse des personnes spécifiques.

On ne peut pas nier qu'il existe de nombreux stéréotypes à l'égard des femmes en affaires. Les femmes sont d'avis que leurs motivations, leurs critères de succès, ne sont pas compris par notre société qui ne véhicule qu'une image de succès, celle du profit et de croissance. Puisque cette vision du succès ne concorde pas avec les objectifs des entrepreneures femmes, il est important de redéfinir les notions de succès en entrepreneuriat, pour qu'elles reflètent plus justement les valeurs des femmes qui ont choisi cette route.

Les femmes entrepreneures veulent sentir que leurs choix sont compris, valorisés et appuyés par les gouvernements, les institutions financières, les organismes voués au développement économique et la société en général.

En faite, un intérêt de l'aspect humain de l'entrepreneuriat, les enjeux et les analyses de sujet mérite une attention plus particulière de la part des universités et des centres de promotion de l'entrepreneuriat plus que ses aspects pédagogiques, éducatifs.

Les conclusions prises de la littérature et confirmées par notre étude empirique montrent qu'il n'y a pas de profil type d'entrepreneure femme au niveau de ses caractéristiques sociodémographiques, profil de leurs entreprises, motivations et besoins. Il existe une série de profils d'entrepreneure et toute une gamme d'entreprises de différents secteurs et de différentes tailles. Les histoires de leurs succès différent d'une femme à une autre. Les modèles de démarrage et de financement différent aussi. L'entrepreneuriat se montre comme une affaire personnelle qui s'adapte aux caractéristiques et besoins de chaque personne.


· Services directs aux entrepreneures

Les entrepreneures femmes ont été consultées sur les services directs dont elles ont besoin. Bien que toutes les recommandations ne puissent être retenues, une attention particulière a été portée pour représenter les besoins des femmes. Les programmes et services réclamés par les interrogées peuvent se regrouper en trois catégories principales : la formation, le réseautage et le financement.

1' Formation

Il existe actuellement de nombreux programmes de formation en entrepreneuriat offerts aux nouveaux promoteurs. Toutefois, les participantes s'entendent pour dire que ce n'est pas suffisant d'avoir une formation générale. Elles veulent une programmation qui tient compte de leurs besoins et les difficultés particulières qu'elles rencontrent.

Couramment, la formation généralement offerte aux entrepreneurs vise le démarrage d'entreprises et les habilités de base en entrepreneuriat. Les femmes qui sont déjà en affaires depuis un certain temps ont besoin de formation sur des thèmes plus spécialisés. Il faut souligner que la majorité de ces femmes ont un niveau de scolarité élevé. Elles recherchent de l'information précise, offerte par de spécialistes du domaine qui sont en mesure de fournir une perspective pratique à la formation.

On parle entre autres d'intégrer des thèmes comme la conciliation de la famille et du travail, la gestion du temps, la négociation avec les clients, le financement alternatif, les présentations aux institutions financières et la préparation d'une étude de marché, etc. La formation devra tenir compte de la façon dont les femmes mènent leurs entreprises et du genre d'entreprises qu'elles exploitent.

1' Appui personnalisé

Selon une étude canadienne faite sur l'entrepreneuriat féminin, tous le groupes de consulting se sont prononcés sur la nécessité d'avoir un programme de coaching en place pour les accompagner dans leurs démarches entrepreneuriales. Les entrepreneures qui ont accès au coaching attribuent une partie de leur succès personnel et financier à l'influence de leur coach. La qualité la plus importante que les femmes requièrent d'un coach, c'est la capacité de motiver et d'inspirer la confiance en soi.

Cependant, cette approche n'est pas encore reconnue partout dans le monde.

Cet appui personnalisé mérite une attention particulière de la part des gouvernements afin d'augmenter leur nombre sur terrain.

D'autres types d'appui personnalisé sont recommandés, à savoir le mentor et l'incubateur.

1' Réseautage

Seulement 10% des femmes interviewées sont membres actives de réseaux d'accompagnement générales. Cette faible implication serait liée à trois principales raisons à savoir, le manque de temps, le manque de confiance dans les réseaux et l'inadéquation des horaires des réunions pour une femme entrepreneure mère de famille. Ce qu'elles veulent, pour remédier à ces difficultés, c'est un réseau d'entraide où on peut se sentir à l'aise de discuter ses problèmes et partager ses connaissances et son expertise avec d'autres entrepreneurs (es).

- Le gain de temps

Presque unanimement, les femmes évoquent le manque de temps pour expliquer leur faible implication dans les réseaux patronaux (mixtes essentiellement).

Selon les termes d'une des femmes « Comme la gestion de l'entreprise me prend déjà beaucoup de temps, je préfère me reposer que d'aller perdre mon temps dans les longues et interminables réunions qui ne font rien bouger ».

La plupart des femmes incitent à faire animer les séances des réunions et utiliser des ressources pour les aider à créer des alliances professionnelles entre eux.

- L'importance de confiance dans l'efficacité des organisations patronales

« Je ne suis membre active dans aucune de ces organisations parce que je n'ai aucune confiance dans leur capacité à représenter et à défendre efficacement leurs membres ».

La nécessité pour un ou une entrepreneure à avoir de la confiance quand à l'aide que peuvent offrir les associations et les membres de réseau auquel il adhère est recommandable.

- La nécessité de revoir les horaires de réunion

Certaines femmes ont reconnu l'utilité des réseaux d'affaires mais ont émis le souhait que les horaires de réunions tiennent d'avantage compte des contraintes familiales spécifiques aux femmes chefs d'entreprise qui sont mères de famille.

«Les réunions ont souvent lieu à des heures tardives au moment où mes enfants ont besoin de moi à la maison. Je pense sincèrement que les réunions au temps du petit déjeuner ou à midi pourraient être plus attractives et accessibles aux femmes chef d'entreprise et mères de famille qui voudraient y assister ».

La présence massive des femmes dans les organisations patronales pourrait aider à faire adopter des mesures favorables à la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale mais il fait bien adapter ces réunions à leurs besoins personnels.

i' Financement :

Les entrepreneurs (hommes ou femmes) n'ont pas souvent eu recours à un financement bancaire (voir Tableau). Les entrepreneurs masculins ont introduit davantage de demandes pour ce type de financement que leurs homologues féminins (37% contre 20%).

Par ailleurs, il n'existe pas de différence significative entre les deux genres quant au nombre moyen de demandes de financement bancaire.

 

Femmes

Hommes

Apport personnel

23

20

Crédits bancaires

5

9

Apport personnel>crédit

9

8

Apport personnel<crédit

4

8

Total

41

45

Tableau III.76 : Source de financement

Bien qu'aucune différence significative n'ait été mise en évidence entre les genres en ce qui concerne le nombre moyen de demandes d'aides publiques, il existe pour les deux genres des problèmes liés au financement de leurs entreprises, Les femmes autant que les hommes veulent des programmes de subvention pour le démarrage de leurs entreprises.

Il est utile à cet effet de réfléchir sur la mise en place de nouveaux outils d'accompagnement financier. Par exemple, à la place de la garantie demandée qui constitue l'obstacle majeur des femmes créatrices, la banque devra être plus impliquée en terme de conseil pour s'associer

avec d'autres organismes d'aide dans la sélection et la préparation des projets. L'exemple de certains pays européen proches (l'Italie) constitue un exemple qui mérite une réflexion quand au dépassement de ce problème. Le système bancaire en association avec les structures d'appui sera alors impliqué dans les différentes étapes du processus de création jusqu'au démarrage et durant les premières années d'activités de l'entreprise.

3. Opinion sur les mesures spécifiques visant à promouvoir l'entrepreneuriat féminin

Pour rappel, les femmes (comme les hommes d'ailleurs) interrogées lors de l'enquête se sont massivement prononcées contre la mise en place de mesures spécifiques pour promouvoir l'entrepreneuriat féminin.

Toutefois, le questionnaire comporte des questions ouvertes qui ont permis d'apporter quelques nuances aux opinions des femmes sur la question. En effet, la grande majorité des femmes entrepreneures n'ont pratiquement aucune idée de ce que pourraient être des mesures spécifiques pour promouvoir l'entrepreneuriat féminin.

~ Les arguments des femmes qui sont contre les mesures spécifiques

Les principales raisons qui expliquent le rejet des mesures spécifiques par les femmes entrepreneures sont le respect de la liberté individuelle et le principe d'égalité entre l'homme et la femme. Voici quelques réponses tirées lors de l'analyse du questionnaire.

« On risque de voir apparaître des mesures artificielles qui pousseraient les femmes à devenir chefs d'entreprise sans leur laisser le temps de réfléchir aux conséquences de leur choix professionnel pour leur vie familiale ».

« Je m'y oppose car c'est une forme de discrimination et d'assistanat qui jette du discrédit sur la capacité des femmes. Le statut d'indépendants est un défi en soit et celles qui ne peuvent pas le relever n'ont qu'à faire une autre carrière ».

« La mise en place de mesures spécifiques pourrait être interprétée comme un aveu de faiblesse des femmes dans leur lutte pour être traitées sur le même pied d'égalité que les hommes : c'est une discrimination positive dangereuse ».

Les conclusions que peuvent être tirées de ces constats sont le fait que pour autant la spécificité des entrepreneures femmes, elles ne veulent pas être observées comme phénomène spécifique et réclame l'égalité des chances comme principale motivation au champ de l'entrepreneuriat.

~ Arguments des femmes qui sont pour les mesures spécifiques

Presque unanimement, les femmes (même celles qui sont contre l'instauration de mesures spécifiques) reconnaissent le bien fondé des mesures spécifiques visant à alléger (en temps et/ou en argent) les charges de la maternité dans la vie professionnelle des femmes afin, disent-elles, de rétablir l'égalité avec leurs homologues masculins.

« D'un autre côté, les mesures spécifiques liées à la maternité telles que les primes à l'embauche, la garde d'enfant(s) etc. pourraient être une bonne chose ».

« Les mesures en faveur des problèmes liés à la maternité pourraient être bénéfiques aux jeunes femmes entrepreneures qui ne disposent pas de moyens pour se payer les services d'une baby siter».

Il faut dire que les femmes n'optent pas à réaliser un champ totalement spécifique à elles comme un « cage de verre », plutôt qu'avoir des améliorations de leurs conditions de vie facilitant leurs démarches entrepreneuriales tout au long de la vie de leurs entreprises.

Conclusion

Dans ce chapitre, on a essayé de dégager les principaux facteurs qui ont favorisé l'émergence de l'entrepreneuriat féminin à partir d'une analyse dans le contexte Tunisien et plus spécifiquement dans la région de Sousse. L'étude a été faite sur un échantillon de 41 femmes entrepreneures et 45 hommes entrepreneurs. Les données collectées ont été exploitées à partir du logiciel SPSS par la méthode statistique la « régression logistique ».

Sans prétendre la généralisation des résultats, les principales conclusions de cette enquête sont les suivantes :

Le profil de créatrices révèle que l'intention de la création du projet entrepreneurial et la concrétisation de ce projet par la suite sont le fruit d'un passé, d'une expérience et d'une situation personnelle. Ces nouvelles promotrices sont mieux armées pour faire face aux obstacles de la création : habitudes de prise de prises de décisions, connaissance du secteur, tissu relationnel, etc. Les degrés d'instruction de la femme, son domaine de formation, l'expérience vécue jouent un rôle de détermination à renforcer la situation de la femme dans le monde des affaires.

Rares sont les femmes qui sont autodidactes, contrairement à leurs homologues masculins (la plupart ont un niveau universitaire secondaire et une formation technique).

La détermination et la force de caractère sont, pour la majorité des femmes chefs d'entreprises, des facteurs favorisant la réussite d'une femme en affaires. Toutefois, leur recours à tel champ s'explique suite à une rupture de leur vie professionnelle pour des raisons de licenciement, de maternité, etc.).

L'existence de la discrimination sexiste ne semble pas se confirmer selon les termes des femmes, ce constat ne peut pas être généralisé, puisque dans la littérature, ce terme nécessite encore de recherches plus développées. Une recherche plus approfondie se traitant dans un échantillon plus grand sera recommandable.

Les principaux obstacles- problèmes que rencontrent les femmes lors de sa démarche entrepreneuriale mettent le point sur des problèmes liés spécifiquement aux femmes ; à savoir L'adaptation de sa vie professionnelle aux contraintes familiales, la non disponibilité à tout moment pour faire face aux besoins de son entreprise, les coûts élevés des programmes d'accompagnement spécifiques, etc.

La liste de ces problèmes n'est pas exhaustive vu qu'il existe toujours des problèmes personnels liés à la personne en question.

En conclusion, on peut constater à travers cette étude que la femme a pu acquérir grâce à ses efforts et à ceux initiés par l'Etat une place importante dans la société qui a permis de dissimuler en grande partie la discrimination sexiste.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille