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Etude des facteurs limitant l'adhesion des femmes enceintes au conseil dépistage volontaire dans le district sanitaire de Koupela

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par Jean Dieudonné DAMIBA
Centre International de Formation en Recherche Action (CIFRA) - Certificat en recherche action dans le domaine du VIH/SIDA 1998
  

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VI.2 De la perception des prestataires sur le processus de dépistage

Résultats

· De la connaissance de la TME

Tableau N°2 : Appréciation du niveau de connaissance des agents sur le moment de la transmission (N : 13)

Appréciation

Nbre de foisPourcentage

Pendant l'accouchement

13100,00%

Pendant la grossesse

1076,92%

Pendant l'allaitement

969,23%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Parmi les moments de transmission connus par les agents de santé l'accouchement, vient en première position (100,00%) suivi de la période de grossesse (76,92%) et enfin celle de l'allaitement (69,23%)

Quatre (04) prestataires affirment que leur structure est à mesure de prendre en charge des femmes enceintes séropositives et estiment le coût de la contribution à 5000 Frs.

Un (01) seul prestataire estime que la prise en charge médicale (suivi psycho social, traitement) est inutile mais il n'a pas dit la raison.

La CPN débute habituellement autour de 7H30; tous les agents ont répondu que l'espace réservé au conseil garanti la confidentialité; 6 agents disent réaliser le conseil au dépistage pendant les CPN mais une programmation formelle n'est pas disponible.

· Des types de difficultés rencontrées par les prestataires lors du conseil de groupe

Tableau N°3 : Types de difficultés rencontrées par les prestataires lors du conseil de groupe (N : 13)

Appréciation

Nbre de fois

Pourcentage

CDV non disponible

6

46,15%

Insuffisance de participation/timidité

6

46,15%

Limite linguistique (Pb de traduction)

1

7,69%

Un peu moins de la moitié (6/13 soit 46,15%) des prestataires affirment que le CDV ne fait pas partie de leur paquet minimum d'activité et là où il est réalisé les femmes enceintes sont indécises et timides pendant l'entretien.

· Des difficultés rencontrées par les prestataires lors du conseil individuel

Tableau N°4 : Types de difficultés rencontrées par les prestataires lors du conseil individuel (N : 13)

Appréciation

Nbre de fois

PourcentageCDV non disponible646,15%Insuffisance de participation/timidité215,38%Absence de décision personnelle215,38%Ne sait pas323,08%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Parmi les 7 prestataires qui effectuent le conseil dépistage, 4 estiment que le niveau de communication avec les femmes n'est pas satisfaisant du fait de leur timidité ou de l'absence de décision personnelle de ces dernières.

· Des difficultés rencontrées par les prestataires lors du processus de prélèvement

Du fait que le conseil dépistage est irrégulier, 10 prestataires interrogés disent ne rien en savoir : « Je n'en sais rien, puisque le CDV n'est pas fait ici »; les trois (03) autres citent la non disponibilité du personnel pour le prélèvement comme difficulté rencontrée par les femmes enceintes; « Les femmes référées pour la PTME attendent jusqu'au soir sans avoir les tests »

Tableau N°5 : Obstacles au processus de prélèvement selon la régularité du conseil individuel

 Appréciation

Réalisation du CDV

 

Obstacle au processus de prélèvement

Oui

Non

Total

RFR car CDV non disponible

4

6

10

Non disponibilité du laboratoire

3

0

3

Total

7

6

13

La proportion des agents qui affirment réaliser le conseil individuel et qui disent rencontrer des obstacles au processus de prélèvement est de 57% (4/7) alors qu'elle est de 100% (6/6) chez celles qui ne font pas du tout le conseil individualisé; nous pouvons déduire que les prestataires pourraient ne pas encourager suffisamment les femmes à se soumettre au processus de prélèvement du fait de l'obligation de référer les clients pour le prélèvement.

· Des suggestions pour améliorer le CDV du point de vue des prestataires

Plus de la moitié des prestataires (9/13 soit75%) souhaitent procéder au prélèvement dans les formations sanitaires tandis que quatre (4) proposent l'instauration d'une équipe mobile de prélèvement.

Parmi les agents qui demandent la décentralisation des sites de prélèvement, trois (3) d'entre eux souhaitent la possibilité de dépister sur place au niveau FS afin d'éviter d'allonger la liste des intervenants.

Discussion

L'offre de service est la première condition pour susciter la demande de soins qu'elle soit préventive ou curative; une bonne connaissance de la PTME et de ses processus est indispensable pour la mise en oeuvre des activités en faveur de la prévention/réduction de la TME du VIH.

· De la connaissance de la PTME et ses objectifs et les moyens de prévention disponible

Tous les prestataires interrogés ont répondu correctement en ce qui concerne la définition de la PTME et ses objectifs, les différents moments possibles de la TME; tous les 13 prestataires connaissent l'existence des moyens de prévention/réduction de la TME, mais seulement 4 prestataires affirment que leur structure est à mesure de prendre en charge des femmes enceintes séropositives et estiment le coût de la contribution à 5000 Fr. Le niveau de connaissance des prestataires sur la PTME et ses processus est donc satisfaisant.

· Des difficultés rencontrées dans le processus de CDV

Sur les 13 personnes interrogées, 6 disent réaliser le Conseil de groupe mais seulement 2 parviennent à proposer le Test en conseil individuel; là aussi, l'absence de décision personnelle des femmes constitue un facteur limitant le processus de prélèvement. En outre, l'obligation de référer la femme pour le prélèvement au CMA intègre d'autres intervenants (Problème de confidentialité) et constitue un obstacle majeur à prospecter. Pour contourner ce problème, Odette KI ZERBO3(*) estime que l'utilisation des tests rapides pour une remise immédiate des résultats pourrait contribuer à améliorer la situation à condition de disposer d'agents formés à cette pratique et d'offrir un counseling post test de qualité. Par ailleurs, puisque le niveau de connaissance des prestataires sur la PTME et ses processus est satisfaisant, une supervision spécifique serait un atout pour catalyser les efforts en matière de réalisation du conseil.

· Des suggestions pour améliorer le CDV

Les agents interrogés proposent de décentraliser les sites de prélèvement jusqu'au niveau CSPS ou de fixer des jours où une équipe mobile du laboratoire sera de passage pour les prélèvements à l'instar des CDVA mobile.

S'agissant de la décentralisation, nous pouvons remarquer avec Dr William ZIMBO que les résultats auxquels sont parvenus le Bostwana4(*) (Taux d'infection des bébés de moins de 4%) sont en grande partie liés à l'offre systématique de CDV dans toutes les formations sanitaires de ce pays; Selon Odette KI ZERBO l'approche « Home testing »  voire du « Selftesting » consentement de type « Opt-in » versus « Opt-out » » serait en perspective au BF afin d'améliorer l'offre de CDV. Cependant, une étude qualitative5(*) menée à Abidjan a montré que 95% des femmes testées séropositives ne s'attendaient absolument pas à un tel résultat. Pour un taux d'acceptation de 72%, 13% des résultats s'avéraient positifs. L'intervention en test rapide avec résultats immédiats peut donc poser d'importants problèmes psychologiques; la stratégie Opt-out devrait donc être complétée par de fines évaluations de ces conséquences psychologiques.

Quant à l'équipe mobile, elle aura pour avantage non seulement de faciliter l'accès du CDVA à des localités isolées ne disposant pas d'équipement mais aussi de favoriser le dépistage des populations réticentes ou ayant peur des centres de dépistage volontaire6(*).

VI.3 De la perception des Femmes enceintes sur le processus de dépistage

Résultats

· Connaissance sur le sida et grossesse, la TME, la PTME et les ARV

Figure N°1 : Appréciation du niveau de connaissance des femmes enceintes sur le sida et grossesse, la TME, la PTME et les ARV (N=25)

Au total 64% (6/25) des personnes interrogées disent avoir déjà entendu parler de l'influence du sida sur la grossesse; 92% (23/25) connaissent la possibilité d'une transmission du VIH de la mère à son bébé mais 56% (14/25) d'entre elles ne savent pas l'existence de la PTME.

· Connaissance sur le mode de transmission et des moyens de réduction du risque disponibles

Tableau N°6 : Appréciation du niveau de connaissance des femmes sur le mode de transmission et des moyens de réduction du risque disponibles (N : 25)

Connaissance de laTME

 

Appréciation/appréciation

Oui

Non

  Total

Ne sait pas

6

4

10

Prise de médicament (ARV)

6

0

6

Dépistage précoce

4

0

4

Rapports protégés

2

3

5

Total

16

9

25

Au total 38% (6/16) des femmes enceintes ayant des connaissances préalable sur la TME interrogées citent les ARV comme moyen de réduction du risque. La majorité des femmes interrogées (20/25 soit 80%) situent bien le ou les moment(s) de transmission du VIH de la mère à l'enfant.

· Appréciation du rôle/influence du conjoint et de l'entourage sur les décisions à se soumettre au test

Tableau N°7 : Appréciation du rôle/influence du conjoint et de l'entourage sur les décisions des FE (N : 25)

Appréciation

Nbre de fois

Pourcentage

Conjoint

20

80,00%

Femme elle-même

5

20,00%

Belle mère

5

20,00%

Beau père

2

8,00%

Grand frère du mari

2

8,00%

L'influence de la famille dans la prise de décision pour se rendre à la CPN est prépondérante.

Un peu moins de la moitié des femmes interviewer (10/25 soit 40%) disent parler de leur entretien à leur entourage et 17/25 à leur mari; cependant, seulement 12/25 soit 48% discuteraient de certaines questions de santé telles que le VIH avec leur mari; parmi elles seulement 4 affirment avoir demandé l'avis de leur mari sur ce sujet et certifient que ces derniers se seraient intéressés.

Par ailleurs sur les 25 femmes interviewers 19 (76%) estiment que si elles manifestent le désir de se faire dépister, leur mari les écouteraient volontiers; cependant, parmi ces dernières 11 (44 %) subiraient la stigmatisation de leur entourage; a ce propos, l'une d'elle dis : « dès que les gens savent que vous avez le sida, ils ne s'approcherons plus de toi, même ton mari va te fuir ».

Parmi les raisons qui expliqueraient la faible adhésion des FE, on note par ordre de fréquence la peur de la stigmatisation (44%), la peur de connaître son statut sérologique et la peur de mourir (32%).

De façon générale, la sensibilisation représente pour 48% (12/25) le meilleur moyen d'améliorer l'adhésion au test par les femmes enceintes ; l'une d'elles dis  que « les femmes ne savent pas qu'il existe un médicament contre ça (sida), si elles le savaient elles feraient le test surtout pour leurs enfants ».

Discussion

La décision des femmes enceintes à se soumettre au test est fonction de leur connaissance sur la TME, des moyens de prévention disponibles et de l'influence de l'entourage.

· De la connaissance sur le sida et grossesse, la TME, la PTME et les ARV.

La connaissance du lien entre sida et grossesse et de la possibilité de réduire ou de prévenir cette transmission est un préalable à la démarche de recours au CDV.

Le fait que 92% des Femmes Enceintes interrogées connaissent la possibilité de TME mais seulement 44% d'entre elles savent l'existence de la PTME est très préoccupante ; des résultats similaires ont été obtenus à Rio de Janeiro, où une étude sur 1 500 femmes7(*) a montré que si 73 % connaissent l'existence du test de dépistage du VIH, 69 % des femmes n'ont aucune information sur les raisons de se faire tester, alors que toutes considèrent qu'il est important qu'une femme enceinte connaisse son statut sérologique et les possibilités de prévention de la contamination de la mère à l'enfant.

En outre 20% des femmes enceintes interrogées ignorent le moment de la TME ; cela engendre des difficultés quant aux séries d'actions nécessaires depuis la grossesse jusqu'à l'allaitement.

En plus, sur 16 FE soit 64% qui affirment connaître la possibilité de la TME, seulement 4 citent le dépistage précoce comme porte d'entrée dans le programme de PTME. Dans un contexte d'épidémie généralisée, la méconnaissance du dépistage précoce comme moyen de prévention/réduction du risque de TME constitue une difficulté importante que l'on devrait combattre par la mise en oeuvre d'un plan de communication.

· Du rôle/influence du conjoint et de l'entourage sur les décisions à se soumettre au test

Dans la série des intervenants dans la prise de décision pour se rendre au CSPS pour la CPN, nous pouvons citer par ordre décroissant le conjoint (80%), la femme elle-même ou la belle-mère (20%) et enfin le beau-père ou le grand frère du mari (16%).

On remarque l'influence de l'autorité morale de la famille ; outre le mari qui semble avoir un pouvoir décisionnel dominant, la belle-mère partage avec la femme le même niveau de pouvoir. Cette autorité morale n'est pas absolue et certains époux doivent parfois eux-mêmes mettre en oeuvre des stratégies pour faire accepter leur décision auprès de la famille surtout dans un contexte où la famille élargie patrilinéaire est prévalente, la grand-mère a un pouvoir décisionnel sur la femme en matière de soins.

Parmi les raisons qui expliqueraient la faible adhésion des Femmes Enceintes, on note par ordre de fréquence la peur de la stigmatisation citée onze (11) fois, la peur de connaître son statut sérologique et la peur de mourir huit (8) fois.

Une recherche qualitative8(*) réalisée par les Docteurs Mathurin DEMBELE et Léon G.B. SAVADOGO dans la région du Centre-Est du 1er au 16 juillet 2002, avait montré que les adolescents avaient peur des PvVIH tandis que les femmes, les hommes et les personnes âgées affirmaient que le sida était une punition pour les infidèles, une maladie honteuse pour toute la famille. Une telle attitude ne facilite pas une adhésion complète des Femmes Enceintes lors des CDV.

Tout comme les conjoints, elles estiment que la sensibilisation (citée 12 fois) est le moyen capable d'améliorer l'adhésion des femmes enceintes au test car permettant de dissiper les rumeurs. Isabelle HEARD de l'Hôpital Georges Pompidou (Paris) dans une revue9(*) a pu conclure que dans beaucoup de pays d'Afrique, il est clair que les décisions du test, de la prise de traitement et de l'allaitement ne sont pas le fait de la femme seule, mais bien du couple, de la famille, voire de la communauté dans laquelle vit la famille. C'est donc cette communauté qui doit devenir la cible de l'information et de l'éducation car il lui revient de soutenir les femmes enceintes vis-à-vis du problème de la contamination mère-enfant.

Nous pouvons donc conclure que la sensibilisation de la population tenant compte de ses aspects socioculturels pourrait être significative pour alléger le poids qu'exerce la communauté sur les décisions des Femmes Enceintes à se soumettre au test. En outre, il faudrait adapter le contenu du counseling à chaque culture.

* 3 Odette KI ZERBO participante à la 2 ème Colloque de la fondation GlaxoSmithKlineSK tenue à Paris du 07 au 28 mars 2007

* 4 IRIN - Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires - PlusNews (ONU)Le 24-09-2007 (Publié sur internet le 24-09-2007 )

* 5 Dr Ida PENDA participante camerounaise à la 2 ème Colloque de la fondation GlaxoSmithKlineSK tenue à Paris du 07 au 28 mars 2007

* 6 Normes et directives nationales de CDV&A du VIH, Ministère de la santé, février 2003 P.18.

* 7 - Santos D.F., " HIV testing in pregnancy : the role of the anonymous testing center of Madureira, Rio de Janeiro ", ThPeC5297.

* 8 Étude de la satisfaction des clients, des besoins des groupes spécifiques et les causes de la faible utilisation des services de SR dans la DRS-CE P.45.

* 9 Revue critique de l'actualité scientifique sur le VIH et les hépatites N°87 oct-nov.07

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand