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Financement des initiatives entrepreneuriales chez les jeunes du Bénin

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par Dona Maurice ZANNOU
IUB - DESS 2010
  

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I - CADRE THEORIQUE ET

APPROCHE METHODOLOGIQUE

1. CADRE THEORIQUE

A travers la question de recherche évoquée dans la problématique, les problèmes qui justifient l'investigation du sujet ont été posés. Ces problèmes appellent des hypothèses qui débouchent sur les objectifs de l'étude.

1.1. Problématique

Entre 1989 et 1999, les réformes du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) ont amené l'Etat béninois à se désengager des 120 entreprises publiques sous sa tutelle à travers la liquidation, la réhabilitation et la privatisation. Au terme de la décennie de l'ajustement, la taille du secteur public a été réduite progressivement passant de plus de 65 entreprises à caractère industriel et commercial à 29 à la fin de 1990 et 19 en 1994. La majeure partie des entreprises publiques ont été liquidées depuis le commencement du PAS et 42 ont été privatisées. Cette situation a amené l'Etat béninois a décliné davantage ses responsabilités dans l'embauchage systématique des diplômés sortis des écoles et universités. A partir de ce moment, des problèmes d'insertion professionnelle ont commencé par se poser avec acuité et le taux de chômage a augmenté sensiblement (BAD, 2003). Les fléaux sociaux comme la délinquance, le vol et l'insécurité ont commencé par devenir récurrents dans les villes car les jeunes n'ont plus un accès facile à l'emploi. Il ne suffit plus d'être diplômé pour bénéficier d'une facile insertion professionnelle. Les gouvernements qui se sont succédé ont essayé, par des stratégies, d'apporter des solutions d'appoint sans pour autant arriver à endiguer le chômage de manière sensible.

L'actuel gouvernement a décidé de continuer dans la même logique avec des stratégies, semble-t-il, plus pertinentes. Il propose un changement des mentalités et des croyances au regard de l'évolution du marché de l'emploi où l'entreprenariat semble s'imposer comme une alternative obligée au chômage. Il ne s'agit donc plus forcément, pour les jeunes, d'espérer devenir un agent permanent de l'Etat ; le leitmotiv en vigueur étant la promotion de l'entrepreneuriat. Il faut donc oeuvrer à l'éclosion d'une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs capables de prendre en main leur destin et de propulser l'économie en faisant prospérer le secteur privé. A travers cette nouvelle vision, les jeunes doivent « partir du cercle vicieux de la précarité pour atteindre le cycle vertueux de la prospérité par l'autonomisation » (Madougou, 2009).

C'est une ambition respectable quand on sait que les grandes puissances du monde ont fait asseoir leur hégémonie sur le secteur privé via la création d'entreprise. Le temps où l'Etat fait tout est absolument révolu. Il s'occupe aujourd'hui de ses fonctions régaliennes et laisse les opérateurs privés animer la vie économique dont il contrôle le fonctionnement.

C'est dans cette perspective que le forum national sur l'emploi a été organisé les 8,9 et 10 mars 2007 par le gouvernement béninois avec l'appui financier et technique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Evidemment, la promotion d'une génération de jeunes entrepreneurs ne se fait pas ex nihilo. « Si entreprendre est un acte auquel personne ne peut se dérober, la réussite de toute activité nécessite la réunion de ressources financières adéquates » (Soedjede, 1990, p.129). Entreprendre requiert donc un investissement, quelle que soit sa taille. Dans de rares cas, quelques idées d'entreprise peuvent être mises en oeuvre à partir de zéro franc. Elles font exception et confirment de ce fait, la règle. Dans les cas courants, entreprise rime avec financement.

Comprenant que les exigences du marché de l'emploi sont de moins en moins propices au salariat, les jeunes commencent timidement par se tourner vers l'entrepreneuriat. Mais les mécanismes de financement qui existent ne sont pas toujours favorables aux initiatives privées. En effet, la plupart des institutions refusent de prendre le risque de financer les jeunes issus de milieux pauvres et les primo-entrepreneurs. Et pour cause, « plusieurs facteurs limitent l'extension des services bancaires aux pauvres : faiblesse de l'épargne et volatilité des dépôts, gamme limitée de produits, politique de prise de risque extrêmement prudente, faiblesse du système judiciaire » (Zoom Microfinance, 2006, p.2).

Du reste, certaines d'entre elles appliquent des taux d'intérêt qui ne sont pas de nature à favoriser l'épanouissement de l'entrepreneuriat. Surtout lorsque la cible est une jeunesse qui est dépourvue de toute ressource et incapable d'honorer les exigences de garantie et de contrepartie. Pour pallier ces difficultés, le gouvernement « a décidé de créer un Fonds National pour l'Emploi avec un premier financement de cinq milliards de francs CFA » (Adissoda, 2007, p.1).

Malgré ces initiatives, le constat est que les jeunes ne se montrent pas convaincus de leur choix professionnel. Il n'est pas rare de constater que certains d'entre eux utilisent ces opportunités entrepreneuriales comme des pis-aller en s'autoproclamant entrepreneurs. Lorsqu'un avis de recrutement pour un emploi salarié est lancé, ils s'y ruent pour tenter leur chance afin de faire valoriser leurs compétences (ANPE-Bénin, 2008). Cette attitude, pour le moins contradictoire, laisse douter de l'engagement et la conviction. Elle témoigne, à la limite, d'une improvisation ou d'un dilettantisme. Or, « toute activité entrepreneuriale prend naissance d'une phase dite de vocation » (Codjo, 2007, p.2). Naturellement, l'improvisation ne fait pas bon ménage avec la vocation. C'est dire donc que la base est hypothéquée puisqu'en amont, il n'y a pas une volonté manifeste de "construire" son entreprise, sa société.

La volonté du gouvernement d'inciter les jeunes à l'entrepreneuriat entraîne certains dysfonctionnements sur le terrain. En effet, pour accroître et faciliter l'accès au crédit, certaines structures ont été créées avec des mesures d'accompagnement. Mais elles ne travaillent pas toujours en synergie avec les institutions de financement qui existent. Mieux, elles n'arrivent pas à couvrir une partie substantielle des besoins réels du terrain.

Cet état des choses nous amène à nous poser une question fondamentale : quels sont les déterminants qui influencent le financement des initiatives entrepreneuriales des jeunes au Bénin ? La réponse à cette question passe par une réflexion sur les problèmes qui se posent aux jeunes qui décident de s'engager dans l'entrepreneuriat. Ces problèmes sont nombreux, mais avant de les évoquer plus distinctement, continuons notre réflexion en appréhendant davantage, au travers d'une revue de la littérature, la problématique du financement des initiatives entrepreneuriales chez les jeunes au Bénin.

1-2- Trois axes de réflexion sur le financement des initiatives entrepreneuriales

Notre revue de littérature, en fonction des ouvrages exploités1(*), se structure autour de trois thèmes principaux que sont : la crise de l'insertion professionnelle, la dynamique entrepreneuriale et le développement puis le financement des idées d'entreprise.

1-2-1- La crise de l'insertion professionnelle

La crise de l'insertion professionnelle apparaît aujourd'hui comme un phénomène mondial qui se manifeste avec acuité dans les pays pauvres et endettés comme le Bénin. Cependant, les réels indicateurs pour évaluer cette crise au Bénin ne sont toujours pas disponibles. Et pour cause, le secteur informel échappe à tout contrôle. Le rapport-synthèse de l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique (INSAE) sur l'Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages (EMICoV) réalisée en 2006 a montré que le chômage au Bénin est plus une réalité du milieu urbain que du milieu rural ; plus marqué à Cotonou, la capitale économique, il touche plus les femmes que les hommes. Le secteur informel mobilise 95% des actifs occupés dont 30% pour les activités agricoles. Cette situation fait que le taux de chômage au niveau national est peu élevé : il est de l'ordre de 2,1%. La faiblesse de ce taux cache d'importantes disparités selon le milieu de résidence et le sexe. L'analyse selon le milieu de résidence permet de constater que le chômage est un fait typiquement urbain. Le taux de chômage en milieu urbain est de 4,9% contre 0,8% en milieu rural. Celui des femmes en milieu urbain est de 6% contre 4% au niveau des hommes.

Pour Tolendelli (2006) les statistiques officielles sur les taux de chômage au Bénin sont assez contrastées. D'après les résultats des enquêtes n°1, n°2 et n°3 menées dans sept pays de l'Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) entre 2001 et 2003 par l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et l'Observatoire Economique et Statistique d'Afrique Subsaharienne (AFRISTAT), en collaboration avec les instituts nationaux de la statistique dont l'INSAE au Bénin, le taux d'activité de la population se situe autour de 59,5 %. Le taux de chômage à ce moment-là était de 5,5 % selon le BIT et il était plus élevé chez ceux qui ont suivi des études universitaires. Par rapport au genre, ce taux est plus élevé chez les femmes (60,6 %) que chez les hommes (58,5 %). Les mêmes enquêtes ont également montré que les enfants sont injectés trop tôt dans le marché du travail (dès l'âge de 10-14 ans) et que leur niveau de scolarité est généralement très bas. Selon le gouvernement du Bénin, le chômage toucherait 30 % des jeunes diplômés.

Dauge & Feukeu (2005) ont fait une évaluation du marché de l'emploi au Bénin. Selon leur investigation, la structure de l'emploi au Bénin est caractérisée par : une prédominance de l'emploi agricole (49%) marquée par les cultures vivrières et le coton et dominé par des exploitations familiales ; un secteur moderne minoritaire (5% des actifs occupés) dans le commerce et les services, les Bâtiments et Travaux Publics (BTP), l'industrie textile, l'industrie alimentaire et la fonction publique dont les effectifs sont en baisse ; une économie informelle dynamique en forte progression et à grande capacité d'absorption représentant 80 % de l'emploi total en zone urbaine et qui occupe majoritairement les femmes dans le petit commerce et l'artisanat de service. Avec cette structure, l'économie informelle est la principale raison d'un taux d'activité relativement élevé, évalué à 59,7% en 2003. Cette activité s'exerce seulement pour 20 % des actifs dans une relation de travail salarié, pourcentage fondé presque exclusivement sur les actifs de l'administration et des entreprises de l'économie formelle. A Cotonou par exemple, en milieu urbain, le taux de chômage selon le BIT dans l'agglomération est estimé à 4,05%. Ce taux est moins élevé (3,60%) chez les femmes que chez les hommes (4,51%).

Ces auteurs ont découvert que le chômage touche les actifs de niveaux d'étude assez faibles (primaire et collège d'enseignement général) et surtout les diplômés des lycées techniques ainsi que les femmes du niveau supérieur. Les jeunes sont les plus touchés par le chômage. En effet 59,50% des chômeurs ont moins de 30 ans, et en cumulé 85,83% ont moins de 40 ans, bien qu'ils aient un niveau de scolarité supérieur aux actifs occupés. Quant au sous-emploi, il est l'un des problèmes majeurs et l'indicateur le plus significatif de la faible performance du marché du travail. En effet le sous-emploi visible à Cotonou touche environ 12% des actifs occupés c'est à dire des actifs qui travaillent moins de 35 heures et quatre actifs sur 10 font plus de 48 heures de travail par semaine correspondant au sous-emploi invisible.

Il s'en suit que les jeunes sont concernés au premier chef par la situation. Or, lorsqu'on parle de jeunesse, le champ est polysémique. Le Dictionnaire numérique Le Littré 1.0 définit le jeune comme quelqu'un « qui n'est guère avancé en âge ». Cette définition pose le problème de circoncision du champ de validité de la jeunesse. Quand dire que quelqu'un n'est pas avancé en âge ? Les indicateurs qui délimitent la jeunesse ne sont souvent pas clairs. C'est pour cette raison qu'on peut être jeune de 7 à 77 ans ; la jeunesse étant pour nombre de personnes, un état d'esprit avant que d'être un état physique et physiologique. Dans le cadre de la présente étude, l'expression "jeunesse" fait référence à toute personne ayant entre 18 et 40 ans. Cette tranche d'âge est la fourchette d'individus dont les initiatives sont appuyées par le gouvernement à travers l'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE) et le Fonds National de Promotion de l'Entreprise et de l'Emploi des Jeunes (FNPEEJ).

1-2-2- La dynamique entrepreneuriale et le développement

Pour résorber la crise de l'insertion professionnelle, la politique de l'emploi est souvent orientée vers une dynamique entrepreneuriale. Entreprendre, c'est « se mettre à faire quelque chose » (Ray-Debove & Rey, 1993, p.702). L'entreprenariat, c'est le fait d'entreprendre une activité. C'est donc l'ensemble des opérations qui consistent à créer une unité de production de biens et/ou services dans le but d'en tirer des profits. Ainsi, les initiatives entrepreneuriales sont les projets de création de microentreprises dans les domaines de production (agriculture, élevage), de transformation (agroalimentaire, agro-industrie), de prestation de service (maintenance, restauration, entretien...).

Dans une introduction à la thématique de l'entrepreneuriat, Janssen (2009) a démontré que l'entrepreneuriat est un moteur majeur du développement économique et social. Dans une approche transdisciplinaire, il a présenté les multiples visages de l'entrepreneuriat et développé les outils d'analyse et de réflexion qui peuvent aider à comprendre les processus entrepreneuriaux. Dans son analyse, il a abordé quatre différentes parties à savoir : le cadre de l'entrepreneuriat, la démarche entrepreneuriale, l'évolution de l'activité entrepreneuriale, et enfin, les différentes facettes de l'entrepreneuriat. Cependant, si l'ouvrage a pour objectif d'une part, de sensibiliser le lecteur aux aspects humains, économiques, financiers et managériaux de la démarche entrepreneuriale, et d'autre part de démystifier cette dernière, il n'en demeure pas moins que l'entrepreneuriat a des exigences. Fayolle & Filion (2006), avec une réflexion sur l'entrepreneuriat, accompagnée de tous les outils pour structurer sa démarche, de la conception du projet à sa réalisation, ont montré qu'être entrepreneur représente deux choses : un état d'esprit que l'on peut acquérir et un enjeu de société. On ne s'improvise donc pas entrepreneur. Devenir entrepreneur nécessite une réflexion préalable et l'acquisition de certains outils. Les auteurs, en prenant pour point de départ les situations entrepreneuriales courantes, ont proposé des outils concrets tels que les méthodes d'identification et d'évaluation des opportunités d'affaires, les techniques de gestion du risque ou encore la démarche et les outils du plan d'affaire. Ils ont examiné ensuite certaines particularités de l'entrepreneuriat, notamment l'entreprise familiale.

A leur tour, Verstraete & Saporta (2006) ont abordé les enjeux de la création d'entreprise, les acteurs qui y interviennent, le processus suivi et les différents milieux qui y sont favorables. Ils se sont aussi intéressés au devenir et aux performances de l'entreprise nouvellement créée avant de développer le rôle et le contenu de la vision entrepreneuriale. Dans leur analyse, ils ont également mis en relief les aspects auxquels doit penser le créateur d'entreprise avant de passer à l'acte et ce à quoi il doit se préparer après le démarrage. Une fois l'entreprise créée, elle doit se développer. Grandval & Soparnot (2006) ont étudié les stratégies de développement de l'entreprise. Ces stratégies concernent les marchés et les activités vers lesquels l'entreprise peut s'orienter et les modalités pour y parvenir. Le développement de l'entreprise est désormais intimement lié à la manière dont sont cultivées les ressources et améliorées leurs combinaisons pour forger des compétences. L'exploitation des actifs devient l'activité primordiale du dirigeant. Cela ne signifie pas que l'environnement n'exerce aucune influence sur la stratégie de l'entreprise. Elle permet seulement de ne pas enfermer la stratégie dans des registres guidés et contraints.

A en croire ces auteurs, l'entrepreneuriat suit un ensemble de processus essentiels. Il est dynamique et se base sur des approches multiples. Paturel, Chelly, De Freyman, Émin, Gasse, Le, Levy-Tadjine, Masmoudi, Richomme-Huet & Zouiten (2007) ont émis des pistes de réflexion sur les deux pratiques de l'entrepreneuriat que sont la création et la reprise d'entreprise. En menant leurs investigations sur une palette de pays ayant servi de terrain d'observation, ils ouvrent les problématiques de l'entrepreneuriat à la fois sur des pays développés, ceux dits émergents et ceux en voie de développement. A travers leurs analyses, ils donnent des pistes de solutions aux économistes et aux hommes politiques soucieux de trouver des réponses aux problèmes de chômage présent dans tous les pays aujourd'hui. Pour transcender ces problèmes, certains jeunes optent, à juste titre, pour l'entrepreneuriat.

Au Bénin, comme partout ailleurs, il y a des conditions. Dromatoure (2009) aborde les démarches à suivre et considère que même si les conditions d'installation sont de plus en plus attractives, les démarches administratives restent longues et fastidieuses. Si sur le papier, il faut à peine 10 jours pour créer une entreprise, dans les faits, les délais s'avèrent bien plus longs. Il faut d'abord passer par le Centre de Promotion des Investissements (CPI) pour être aidé dans les démarches : assistance dans le cadre des modalités d'installation, aide à l'identification de partenaires, établissement des relations avec l'administration et accès aux renseignements sur les créneaux porteurs. Il faut ensuite se référer au Centre de Formalités des Entreprises (CFE). C'est le guichet unique qui permet aux investisseurs d'accomplir en un même lieu, dans un délai minimum et à un coût réduit, les formalités liées à la création d'entreprises individuelles et sociétaires.

1-2-3- Le financement des idées d'entreprise

Lorsque l'entreprise, après les procédures administratives, a fini par être créée, elle a besoin de vivre. A partir de cet instant, se posent des questions de financement. L'encyclopédie numérique Microsoft Encarta 2008 définit le financement comme étant la « mise à disposition des capitaux nécessaires à un achat ou une entreprise ». Cependant, il existe plusieurs formes de mises à disposition de capitaux : les dons, les subventions, les crédits... Si les deux premières formes n'ont pas besoin d'être remboursées, les mises à disposition de fonds sous forme de crédits ne respectent pas les mêmes principes. Elles nécessitent un remboursement suivant des conditions préalablement établies. Ainsi, le financement dont il est question dans notre sujet doit être compris comme le fait de mettre des capitaux à la disposition d'un jeune entrepreneur pendant une période déterminée, de lui permettre d'en jouir pour des activités génératrices de bénéfices et de les rétrocéder suivant une échéance déterminée avec un intérêt substantiel.

MicroSave - Market-led solutions for financial services a commandité en février et mars 1999, une étude dans six pays de l'Afrique de l'ouest à savoir le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, la Guinée, le Mali et le Togo. Dans leur rapport de mission, Goldstein, Barro & Gentil (1999), ont fait une description des systèmes financiers décentralisés qu'ils ont investis. Ils ont ébauché une analyse comparative du rôle et de l'impact des interventions des structures de financement dans ces divers pays avant de s'interroger sur la problématique de développement que pose le secteur. A leur suite, Hoton & Soulé (2002) ont fait une revue critique de la littérature produite par les chercheurs nationaux, pendant deux décennies, sur l'impact de la libéralisation financière sur les pauvres et les petits opérateurs économiques.

Lelart (2007) s'est basé sur le répertoire des institutions de microfinance, la monographie des systèmes financiers décentralisés et le tableau récapitulatif des indicateurs d'activité du secteur de la microfinance pour étudier le secteur de la microfinance au Bénin. Il a mis un accent particulier sur l'originalité et le dynamisme qu'observe ce secteur avant de s'intéresser aux performances des institutions qui y opèrent. De son analyse, foisonnement ne rime pas forcément avec efficacité. MCA-Bénin (2008) a fait une comparaison du coût et du prix des produits de crédit offert par les institutions de microfinance (IMF) aux petites et moyennes entreprises (MPME) pour déduire les déterminants qui sous-tendent les stratégies de tarification au niveau des institutions de microfinance. Il est parvenu à la déduction selon laquelle quatre éléments influencent le coût des crédits mis en place par les institutions : il s'agit de la gamme des produits (uniques, intermédiaires, diversifiés) ; de la localisation de l'institution (rurale, mixte, urbaine) ; de la taille de l'institution (petite, moyenne, grande) et de la clientèle (femme, homme, mixte).

De même, Adonon-Chabi (2007) a essayé d'analyser les indicateurs de performance des institutions de microfinance du Bénin avant de corréler leurs interventions avec l'amélioration des conditions de vie des bénéficiaires. Son travail a permis d'avoir un baromètre au niveau national de la situation des bénéficiaires ayant obtenu des microcrédits auprès de diverses institutions.

Dans la même dynamique, Yessoufou (2000), en se basant sur la pratique de PADME, a montré comment la réforme du secteur financier peut contribuer au recul de la pauvreté à travers le financement d'un nombre croissant de microentrepreneurs. Il propose les conditions d'une grande accessibilité aux crédits de l'institution, l'élargissement du portefeuille et la définition d'un degré de responsabilité efficace des agents pour rendre plus souple le fonctionnement.

Cependant, s'il existe des obstacles au niveau des jeunes pour accéder au crédit, les choses demeurent difficiles pour ceux qui ont réussi à franchir cette étape. Le problème de remboursement a été abordé par Honlonkou, Acclassato & Quenum (2005) qui ont répertorié les aspects théoriques des problèmes de remboursement avant de faire une évaluation de la performance de remboursement des institutions de microfinance.

1-3- Question et problèmes

Rappelons, à toute fin utile et suite à cette revue de littérature qui vient enrichir notre problématique, que la question fondamentale issue de ces constats est la suivante : quels sont les déterminants qui influencent le financement des initiatives entrepreneuriales des jeunes au Bénin ? Nous le disions, répondre à cette question revient à proposer des solutions aux différents problèmes relevés dont les plus cruciaux sont relatifs :

· aux prédispositions des jeunes à l'entrepreneuriat ;

· aux conditions d'accès au crédit ;

· aux conditions de mise en place des crédits ;

· aux conditions de gestion et de suivi des crédits.

La résolution de ces problèmes passe par la formulation d'hypothèses que nous émettons en quatre points.

1-4- Hypothèses de la recherche

Les hypothèses étant des réponses anticipées à des problèmes, celles qui sont formulées ici présument de la nature du réel et sont émises relativement aux problèmes tantôt énumérés. Ainsi, on serait en droit de penser que :

· la faible diversification et le manque d'originalité des idées d'entreprise ne permettent pas aux jeunes de prospérer dans leurs initiatives ;

· les modalités d'accès aux crédits ne sont pas toujours favorables aux jeunes investisseurs ;

· les conditions de mise en place des crédits ne permettent pas toujours aux promoteurs de respecter leur planification pour bénéficier pleinement des avantages liés au financement ;

· l'absence de rigueur dans le suivi des crédits mis en place favorise chez les jeunes qui n'ont pas une culture rigoureuse d'entreprise le détournement de ces financements à d'autres fins.

Ces différentes hypothèses ont servi de boussole à l'élaboration des objectifs de la recherche.

1-5- Objectifs de la recherche

Objectif général

L'objectif général de cette étude est de contribuer à l'amélioration du système de financement des initiatives entrepreneuriales des jeunes au Bénin en prenant appui sur notre recherche empirique à Lokossa.

Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques sont les suivants :

· identifier la nature des motivations qui sous-tendent les jeunes à s'orienter vers l'entrepreneuriat ;

· connaître et analyser les différentes modalités qui entourent l'accès aux crédits;

· étudier les conditions dans lesquelles les crédits sont mis en place par les institutions ;

· apprécier les mécanismes de suivi et de contrôle de gestion mis en place par les instituions pour permettre aux bénéficiaires d'atteindre leurs objectifs.

* 1 Nous avons été au centre de documentation de l'Institut Universitaire du Bénin (IUB) et à la bibliothèque de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC), au centre de documentation de la mairie de Lokossa, au service des statistiques de la Direction Départementale de la Prospective et du Développement du Mono-Couffo, à la bibliothèque départementale du Mono-Couffo, dans les institutions de financement et sur internet où nous avons recueilli des extraits de plusieurs travaux spécifiques de chercheurs, consultants, spécialistes et experts.  

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus