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Les ONG et la protection des enfants soldats

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par N'taho Désirée Florine Roxann Victoire ODOUKPE
Université Catholique d'Afrique de l'Ouest - Maitrise en droit, otion relations diplomatiques et consulaires 2006
  

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Paragraphe 2 : La démobilisation: un processus chancelant

La démobilisation fait référence au processus par lequel les parties au conflit commencent à disperser leurs structures militaires et les combattants commencent à réintégrer la vie civile. Elle suppose généralement d'enregistrer tous les anciens combattants, de leur fournir une assistance pour leur permettre de répondre à leurs besoins fondamentaux immédiats, de les rendre à la vie civile et de les transporter jusqu'à leur communauté d'origine.

Pour l'enfant, la démobilisation permet d'abord d'annoncer son retour dans son contexte social d'origine, de lui donner l'éducation qu'il faut pour qu'il assure la relève de demain.

Mais pendant longtemps la démobilisation des enfants soldats s'est produite de manière désorganisée. En effet, la méconnaissance concrète des situations réelles en brousse, les difficultés à prendre en compte les enfants non combattants (les handicapés et filles en particulier), le nomadisme guerrier ou la guerre à temps partiel, l'exode des réfugiés et des enfants déplacés sont autant de difficultés que les Etats n'arrivent souvent pas à cerner parce que soit ils ne prennent pas le temps de le faire, soit ils ne mettent pas assez de moyens à disposition. Du coup, le retour des enfants à la vie civile s'avère éphémère voire utopique.

Ensuite, d'autres raisons telles que la condamnation publique peuvent empêcher les enfants de quitter les forces armées ou leur faire éviter la démobilisation officielle. Effectivement, la condamnation publique des groupes armés qui utilisent des enfants peut faire qu'il est difficile à ces groupes, sur le plan politique, de reconnaître la présence d'enfants dans leurs rangs ou de les libérer. Au Mozambique, par exemple, l'utilisation et l'exploitation des enfants soldats étaient particulièrement stigmatisées.

En sus, la démobilisation par étape laisse des milliers d'enfants soldats en inactivité pendant un temps relativement long. Cette attente peut paraître insupportable pour un bon nombre d'enfants soldats et être une cause de dérapage. Toutes ces difficultés rencontrées dans l'exécution des programmes DDR constituent des obstacles aux efforts déployés en vue de protéger les droits des enfants touchés directement par les conflits armés.

A celles-ci viennent s'ajouter les difficultés liées à la multiplication des groupes armés.

En effet, les conflits en Afrique se caractérisent par la multiplicité des groupes armés. L'émergence des milices pro-gouvernementales pose des problèmes singuliers à cet égard. On assiste alors à un affrontement tous azimuts entre une armée gouvernementale soutenue par la ou les milices et diverses factions de groupes rebelles50(*).

La prolifération des factions rebelles a pour conséquence de rendre difficile le contrôle de ces éléments sur le terrain. Dans ce cas les enfants soldats agissent d'une manière plus ou moins autonome et sont libres de leurs actions. Finalement, ces derniers obéissent non pas aux ordres de leurs chefs hiérarchiques mais individuellement, ils exécutent les ordres du chef qui les incarne ou avec qui ils partagent les mêmes convictions ou l'appartenance à une ethnie. Dans beaucoup de cas, ces entités non étatiques ignorent les règles conventionnelles régissant les conflits armés. Mais même si ces acteurs les connaissent, ils dénient ce droit.

Les enfants soldats doivent être reconnus et intégrés aux programmes de démobilisation officiels. Lorsqu'ils sont exclus, le ressentiment et un sentiment d'abandon amènent certains d'entre eux à recourir à la violence comme moyen d'améliorer leur vie. Pour d'autres, la reconnaissance joue un important rôle de protection. En Ouganda par exemple, les assurances de sécurité et les documents qu'ont reçu les enfants, les rassurent de retourner dans leur communauté sans crainte.

En outre, la protection des enfants soldats est rendue difficile par le fait que les zones contrôlées par les rebelles sont difficilement accessibles. Parfois les obstacles sont posés par les groupes armés à dessein pour éviter que les organismes humanitaires ou de défense des droits de l'homme n'y accèdent. Dans cette confusion beaucoup d'exactions sont permises. Les personnels des organismes humanitaires et des missions de maintien de la paix, les journalistes sont plus souvent la cible d'actes de violence organisés. Tout ceci rendant la réinsertion difficile.

* 50 Pour le cas de la Côte-d'Ivoire, les factions de groupes rebelles présentes lors du conflit étaient le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP), le Mouvement Populaire Ivoirien pour le Grand Ouest (MPIGO) et le Mouvement Patriotique de Côte-d'Ivoire (MPCI).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry