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Les ONG et la protection des enfants soldats

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par N'taho Désirée Florine Roxann Victoire ODOUKPE
Université Catholique d'Afrique de l'Ouest - Maitrise en droit, otion relations diplomatiques et consulaires 2006
  

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Paragraphe 3 : Une difficile réinsertion

Alors que la démobilisation correspond au moment où un enfant quitte la vie militaire, la réinsertion désigne le processus où il rejoint la vie civile.

La réinsertion est un processus à long terme visant à offrir aux enfants des alternatives viables à leur implication dans un conflit armé et les aider à se réintégrer au sein de leur communauté.

Autrement, par réinsertion, on entend le processus selon lequel une aide est fournie aux anciens combattants en vue de faciliter leur réinsertion économique et sociale et celle de leur famille, dans la société civile. Cette aide peut inclure des indemnités en espèces ou en nature ainsi qu'une formation professionnelle et des activités rémunératrices. Les programmes de réinsertion doivent appuyer l'enfant vers une nouvelle voie de développement constructive

La réinsertion des enfants soldats constitue en la matière un défi majeur des sociétés post-conflictuelles. Si dans les programmes de désarmement, démobilisation, réinsertion les deux D semblent être bien menés sans trop de difficulté, le R en reste le point faible. En effet, l'enjeu de la réinsertion, outil fondamental pour sortir les enfants des conflits, est double : prendre en charge les enfants et assurer leur retour à la vie civile. La réinsertion familiale et sociale présente souvent des difficultés liées à la durée de l'éloignement, aux violences commises ou subies et au rejet de l'autorité. Ainsi, en fin 2003, des programmes de réinsertion avaient été mis en place dans une dizaine de pays ; notamment en Colombie, au Congo, au Rwanda, en Sierra Léone, en Somalie, au Soudan, en Ouganda, au Burundi, au Liberia et au Sri Lanka. Mais la question de la responsabilité juridique des enfants ainsi que celle des opportunités économiques qui leur sont offertes après leur retour à la vie civile sont autant de difficultés à résoudre pour favoriser leur réintégration et empêcher leur re-recrutement.

De plus, il s'avère très difficile de traiter leur traumatisme et quasiment impossible, après des épreuves initiatiques violentes et sanglantes, de les faire revenir au rôle d'enfant. De même, faute d'un consensus entre factions, les enfants démobilisés et désarmés devraient être regroupés dans des centres où ils seront pris en charge par un organisme humanitaire, mais la culture de la haine a fait échouer cette opération. A titre illustratif de 1994 à 1996 a eu lieu une «démobilisation spontanée» pendant laquelle un peu plus de 650 enfants soldats ont rendu les armes à l'ECOMOG. Un certain nombre d'entre eux ont été enregistrés et pris en charge. Ceux qui n'ont pas été pris en charge (enregistrement, transport vers le lieu de leur choix) ont rejoint les rues et d'autres sont repartis vers les pays en guerre tels que la Sierra Léone, la Guinée.

Ce processus a par ailleurs mis de côté une catégorie d'enfants soldats. Il s'agit des filles qui sont mal perçues car on continue à croire qu'elles sont uniquement cantonnées aux tâches logistiques et aux mariages forcés ou tout simplement qu'elles servent à «calmer le coeur des garçons». A cet égard il faut préciser que selon le rapport des Nations Unies établi pour 1996 et 1997, sur les 4306 enfants soldats seulement 2% sont des filles alors que d'autres sources en indiquaient plus de 27%. Ces filles ont entre 10 et 15 ans. D'une manière générale, plus de 90% de filles engagées, quelles que soient leurs activités dans la guerre, ont été négligées et n'ont que la prostitution comme dernier rempart, nombreuses sont celles, du fait qu'elles n'avaient pas d'armes n'ont pas été prises en charge. La réintégration des enfants soldats est donc au coeur d'un complexe social, économique et militaire qui, pour réussir, doit s'articuler autour d'une construction de la paix sur le long terme.

Il faut donc retenir que dans le contexte du DDR, les programmes de désarmement et de démobilisation font souvent suite à un conflit armé et interviennent subséquemment dans l'urgence (période postérieure à la signature d'accords de paix, impératif humanitaire...) alors que l'activité de réinsertion est un processus généralement plus long qui requiert bien souvent la contribution de plusieurs acteurs (politiques, humanitaires...) agissant de concert pour une paix et un développement durables. Ils ont aidé d'anciens enfants soldats à acquérir de nouvelles compétences et à retourner dans leurs communautés. Cependant, ces programmes manquent de financements et de ressources suffisants. Pour qu'ils soient efficaces, un investissement soutenu sur le long terme est donc nécessaire.

En définitive, les Etats et leurs diplomaties éprouvent beaucoup de difficultés à mettre fin aux guérillas, tentatives de sécession et autres violences intérieures. Les ONG spécialisées dans la prévention des conflits sont alors mieux placées pour opérer, au plan politique, juridique, institutionnel voire personnel, des changements qui, initialement modestes, permettent parfois de désamorcer un conflit en le ramenant à une série de désaccords négociables. Dans ces conditions, leur rôle s'avère incontournable.

DEUXIEME PARTIE

L'INCONTOURNABLE ROLE DES ONG DANS

LA PROTECTION DES ENFANTS SOLDATS

Face à la violence accrue des conflits internes, conjuguée à leur complexité croissante, les moyens classiques de prévention et de résolution apparaissent-ils dépassés et impuissants. Les ONG se sont vues obligées de statuer pour le redressement et l'éradication du phénomène d'enfants soldats51(*) en Afrique en générale et dans la région des Grands Lacs52(*) en particulier. Ces ONG sont des institutions à but non lucratif créées sur une initiative mixte ou privée et regroupant des personnes privées ou publiques, morales ou physiques de nationalités diverses. Leur connaissance des situations concrètes et leurs contacts étroits avec les mouvements locaux sont d'incontestables atouts dans l'approche de conflits nationaux complexes afin d'agir de manière optimale en vue de la prévention et de la résolution des conflits et surtout du phénomène de recrutement.

Le gros des efforts doit porter sur la nécessité de mise en oeuvre effective des normes juridiques qui sont des outils essentiels pour assurer la protection des civils, au nombre desquels figurent les enfants touchés par des conflits armés.

Pour ce faire, nous verrons l'apport des ONG dans la détermination des normes interdisant l'utilisation des enfants soldats (Chapitre I), avant d'examiner leur contribution dans l'application des normes relatives à la protection desdits enfants (Chapitre II).

* 51 Par sa résolution 55/47 adoptée sans vote le 29 novembre 2000, l'AG de l'ONU déclare la décennie 2001/2010 « Décennie internationale de la promotion d'une culture de non-violence et de paix au profit des enfants du monde ».

* 52 Voir annexe 2

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus