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Les enjeux de la transmission dans la prise en charge de l'enfant en CMP: la construction de sens

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par Camille PATRY
Université Paris Descartes, Institut Henri Piéron  - Master 2 pro psychopathologie et psychologie clinique 2010
  

Disponible en mode multipage

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Mémoire Professionnel présenté par Camille PATRY

En vue de l'obtention du Master 2 Pro de Psychologie Clinique

N° étudiant : 20909629

Les enjeux de la transmission dans la prise en charge de l'enfant en CMP : la construction de sens

Dirigé par Mlle Sarah VIBERT, Maitre De Conférence à l'Université Paris V

Co-encadré par Mme Marion PERUCHON, Maitre De Conférence à l'Université Paris V

.

Université Paris Descartes - Centre Henri Piéron

Département de Psychologie Clinique et Psychopathologie

Année 2009-2010

SOMMAIRE

1ère Partie : Le cadre du stage

Introduction 2

I/ Présentation de l'institution 2

1) Le CMP au sein du secteur de psychiatrie infanto-juvénile 2

2) Fonctionnement et missions du CMP 3

II/ Le rôle du psychologue 5

1) Les activités du psychologue 5

2) Le cadre réglementaire d'intervention 6

III/ La place du stagiaire psychologue 7

Problématique 9

2nde partie : Les enjeux de la transmission dans la prise en charge de l'enfant en CMP : la construction du sens

I/ La transmission au sein de l'espace thérapeutique 12

1/ Le lien parents-enfant : les enjeux de la filiation et de la différenciation 12

2/ La transmission du clinicien à la famille et la construction de sens 17

A/ Les interventions du psychologue en consultations parents-enfants  17

B/ La transmission du « savoir » professionnel : l'exemple des bilans psychologiques 19

II/ La transmission au sein de l'équipe et la prise en charge en institution 23

III/ La constellation autour de l'enfant : le travail de liaison du consultant 28

1/ L'appréhension clinique de l'enfant dans les équipes éducatives  29

2/ Le décryptage des enjeux relationnels  30

3/ Réflexion personnelle sur la transmission informative entre professionnels 32

Discussion 34

Conclusion : mon expérience de stagiaire 37

· Références bibliographiques

· Index onomastique

· Glossaire des sigles

1ere Partie :

Le cadre du stage

Introduction

Ce stage se déroule au sein d'un Centre Médico-Psychologique pour enfants qui accueille une population âgée de 0 à 18 ans. Suivant les considérations de Winnicott selon lesquelles « un bébé tout seul ça n'existe pas », on comprend alors que le développement de l'enfant est toujours tributaire des qualités du lien de l'enfant à son entourage. Les soins s'effectuent donc auprès des enfants, mais intègrent aussi la plupart du temps les parents.

Ayant effectué mes stages de Master 1 auprès d'une population adulte, j'ai voulu approfondir mes connaissances dans le milieu de la clinique infantile. Je désirais appréhender la dynamique spécifique de l'entretien clinique de l'enfant, ainsi que les différentes modalités de prise en charge thérapeutique et d'interventions auprès de l'enfant et de sa famille.

Dans cette première partie, je présente l'institution dans laquelle j'interviens, son fonctionnement et ses missions. Dans un second temps, j'évoquerais le rôle du psychologue au sein de la structure, puis la place du stagiaire-psychologue.

I/ Présentation de l'institution

1) Le CMP au sein du secteur de psychiatrie infanto-juvénile

Le CMP enfants de Châtillon dépend de l'Etablissement Public de Santé Mentale Erasme qui ouvrit ses portes en 1982 et doit son nom au célèbre auteur de l'éloge de la folie. La psychiatrie infanto-juvénile est répartie selon trois secteurs, et comprend 18 CMP, 5 hôpitaux de jour et 5 CATTP. Au sein de l'intersecteur auquel est rattaché le CMP de Châtillon, plusieurs structures complètent la mission de soins proposée, et ce afin de pouvoir adapter la prise en charge au plus près des besoins de la population. Ainsi, Une Unité Mobile d'Urgence et de Psychiatrie Périnatale en Maternité, crée en 2007, est disposée à intervenir à la demande des professionnels des maternités. L'aubier, Centre de Soins et de Recherche en Psychopathologie Périnatale qui a ouvert ses portes en 1991, s'adresse aux parents qui rencontrent des difficultés dans les relations avec leur bébé et les soutient également pendant la grossesse. Depuis 2004, un Centre de Soins en Psychopathologie pour les 15-25 ans propose une prise en charge ambulatoire adaptée à une population adolescente et jeune adulte. De plus, une unité d'hospitalisation spécialisée pour les 12-18 ans est en cours de création et devrait ouvrir ses portes d'ici juin 2010.

Du fait des prises en charges spécifiques, le CMP reçoit des enfants qui ont entre 6 et 10 ans pour la plupart, et secondairement les enfants entre 11 et 15 ans. Il accueille 300 à 400 enfants par an environ. L'équipe pluridisciplinaire intervient auprès des enfants et des parents préoccupés par les difficultés psychologiques de ceux-ci dans le domaine du langage, du sommeil, du comportement ou de la scolarité. Elle prend en charge les pathologies qualifiées de « sévères » (organisations psychotiques, autistiques et déficitaires, pathologies limites), les organisations névrotiques, les pathologies réactionnelles (dont le diagnostic est souvent provisoire) et les diagnostics symptomatiques. Le CMP héberge également l'association SUROYA, qui propose des consultations ethnopsychiatriques à visée thérapeutique pour les familles migrantes en grande difficulté, et a élargi son action aux situations multi-partenariales bloquées.

D'autre part, le manque de structures proposant une prise en charge intensive astreint le CMP à ajuster ses interventions face à une population qui aurait dû bénéficier de celle-ci. On ne trouve, au sein du secteur, ni internat thérapeutique, ni hôpital de jour, et aucun CATTP. Ainsi, les problèmes d'orientation vers des soins intensifs donnent lieu à des montages au sein desquels la prise en charge s'organise autour d'un consultant référent et à partir de la mise en commun des ressources de chaque établissement médico-social du sud 92, par la mise en place de groupes thérapeutiques notamment. Actuellement, des rencontres entre les institutions de l'intersecteur sont organisées dans le but de promouvoir une réflexion commune sur les différents groupes thérapeutiques mis en place, qui sera inclut dans le projet de service et devra ouvrir sur des perspectives de soins tenant compte de cette particularité. De plus, les milieux scolaires sont sollicités dans le cadre des Projets Individuels d'Intégration Scolaire et les CMP proposent un suivi psychothérapeutique en ambulatoire renforcé.

2) Fonctionnement et missions du CMP

L'équipe du CMP comprend différents professionnels, et ceci afin de pouvoir offrir une prise en charge la plus complète. Elle se compose de deux pédo-psychiatres, dont l'un est médecin responsable du CMP, de deux psychologues, deux orthophonistes, une psychomotricienne, une assistante sociale et une secrétaire médicale. La plupart des parents consultent d'eux-mêmes. Néanmoins, les demandes émanent parfois du milieu scolaire, des centres de Protection Maternelle et Infantiles ou des praticiens qui exercent en libéral.

C'est à ce niveau que l'on mesure d'autant plus l'importance de l'entretien d'accueil proposé pour chaque demande de prise en charge. Celui-ci a pour objectif non seulement d'évaluer la situation de l'enfant et de sa famille, mais également d'accompagner les parents dans la démarche de consultation, d'amorcer une relation de confiance et de faire émerger une demande propre. Il me semble toutefois que ces deux derniers points sont à travailler tout au long du suivi. Ce travail d'accueil est réalisé par deux intervenants, si possible ne risquant pas d'être impliqués dans les soins ultérieurs pour l'enfant, et le(s) parent(s) est invité à venir sans l'enfant. En effet, il s'agit d'un entretien à visée plus exploratrice que clinique et la dimension d'évaluation qu'il implique donne lieu à une orientation, à partir de laquelle commencera le véritable travail thérapeutique. Cet entretien entre aussi dans les dispositifs mis en place face à l'acuité de la demande qui dépasse les capacités d'accueil de l'institution. De cette façon, les parents et/ou les partenaires sont assurés que leur demande est entendue, et les situations les plus urgentes sont prises en charges rapidement.

Selon le projet de soins, l'enfant et sa famille peuvent bénéficier de divers cadres d'intervention. L'évaluation des troubles de l'enfant peut être affinée par des consultations, des bilans psychologiques, psychomoteurs ou orthophoniques.

Les soins dispensés comprennent des suivis individuels et familiaux, tels que des consultations thérapeutiques parents et/ou enfants assurées par un psychiatre ou un psychologue, et l'enfant peut bénéficier d'un suivi psychothérapeutique d'orientation analytique, de médiation corporelle (assuré par la psychomotricienne), et d'un travail sur les processus de langage et de communication (assuré par une orthophoniste).

Les enfants pourront aussi intégrer des groupes thérapeutiques. Un groupe travaille la question des limites à travers la situation de jeux ; il est conduit par la psychomotricienne et une orthophoniste sensibilisée à l'approche analytique. Pour les pré-adolescents, il est proposé un psychodrame de groupe, animé par un pédo-psychiatre et une psychologue. Qui plus est, un groupe transitionnel pour les 3-4 ans devrait se mettre en place au cours de l'année 2010, et oeuvrera au niveau des processus de séparation-individuation.

L'activité du CMP est coordonnée par le médecin-responsable. C'est au cours de la réunion de synthèse hebdomadaire que l'ensemble des professionnels se réunit afin partager les informations sur différentes situations, de présenter les nouvelles demandes ainsi que de trouver la manière d'y répondre au mieux, et d'élaborer entre les différents intervenants sur des situations problématiques. Les professionnels qui collaborent sur une même situation ont la possibilité d'approfondir leurs réflexions communes au cours d'un temps aménagé et appelé mini-synthèse. Ce temps de partage est indispensable à la cohérence de la prise en charge pour un patient, mais aussi au maintien d'une identité et d'un fonctionnement clair au sein de la structure. En effet, ces points me semblent essentiel pour que l'institution puisse adopter une fonction contenante et pare-excitatrice face à des familles généralement débordées par les difficultés qu'elles traversent.

Par ailleurs, il est important que le projet de soins concernant l'enfant soit coordonné dans son ensemble. L'enfant peut bénéficier d'interventions ou de soins extérieurs au CMP, de par le travail de réseau entre les différentes structures, mais aussi de par le rôle de l'école qui ne se limite pas aux apprentissages mais tient une place centrale dans la vie et le développement de l'enfant. Le CMP doit donc nécessairement s'ouvrir aux institutions qui peuvent le relayer, et c'est l'assistante sociale qui a pour fonction de maintenir le lien entre les différentes institutions. Elle se déplace lors des synthèses extérieures qui concernent un enfant pris en charge au CMP et pourra transmettre ces informations au consultant ou à l'équipe lors des réunions de synthèse.

II/ Le rôle du psychologue

1) Les activités du psychologue

Les consultations sont l'occasion de resituer la place du symptôme dans la dynamique familiale. Elles sont par là un lieu propice à la mise en mots de ce qui ne peut se dire dans le quotidien familial. Il s'agit, d'après moi, d'un partage dans lequel le consultant utilise ses savoirs et son analyse de la situation pour ouvrir sur une élaboration commune dans le but de mettre du sens sur les difficultés rencontrées par la famille. Généralement, le consultant commence par recevoir l'enfant seul lorsque c'est possible (il est nécessaire que les résistances ne soient pas trop fortes, du côté de l'enfant comme du parent), afin que l'enfant puisse faire part de ce qu'il ressent de sa situation en ce moment, ou d'évènements, de ressentis dont il n'ose parler à ses parents, et ce dans le but de pouvoir lui proposer un travail de médiation notamment. Le consultant peut ainsi saisir ce que l'enfant a vécu d'important et qui passe souvent inaperçu de ses parents ; il est alors question de s'intéresser à la subjectivité de l'enfant plus qu'aux faits objectifs. Ensuite, le(s) parent(s) sont intégrés dans la consultation, ce qui permet l'observation directe des interactions entre les différents membres de la famille et de travailler sur les représentations intra-familiales. Enfin, il arrive que le consultant reçoive le parent seul, notamment lorsque celui-ci éprouve le besoin de soutien dans son rôle éducatif (guidance parentale) ou dans son vécu propre des troubles de son enfant et leurs influences sur sa vie personnelle. C'est le travail de l'ensemble de ces dimensions qui accordent une valeur thérapeutique à ces consultations. Il s'agira alors pour le clinicien de faire preuve de souplesse en s'identifiant à la fois à l'enfant et au(x) parent(s).

Lorsque cela s'avère possible et que le consultant perçoit que cela peut être profitable à l'enfant, celui-ci peut bénéficier d'un travail psychothérapeutique. Il est essentiel que le petit patient comprenne que l'espace psychothérapeutique est un lieu qui lui appartient à lui seul, indépendamment de ses parents. Il doit pouvoir être assuré du caractère confidentiel que revêtent ses dires, et y trouver une écoute bienveillante qui se dégage de l'asymétrie habituelle des relations entre adulte et enfant. Il est donc indispensable que le psychothérapeute soit une autre personne que le consultant afin que soit préservé cette intimité.

De plus, le consultant est le garant, et le coordinateur du projet de soins. De ce fait, il pourra, d'après les repérages qu'il fait de la situation de l'enfant, adresser l'enfant pour des prises en charges complémentaires. Selon la nécessité, il peut faire des indications de bilans, de suivi orthophonique, psychomoteur etc. mais aussi orienter vers des praticiens extérieurs au CMP avec qui il devra travailler en collaboration.

2) Le cadre réglementaire d'intervention

Toute prise en charge par le CMP donne lieu à la constitution d'un dossier-patient. Ce dossier permet à l'administration de l'EPS d'être informé de la prise en charge de chaque patient qui se trouve enregistrée sur le logiciel Lisia. Il retrace les éléments essentiels à la prise en charge du patient et à son suivi : identité, soins appliqués, diagnostics codés selon les classifications de la CIM 10 et de la CFTMEA. Le psychologue se doit donc de réviser ces informations régulièrement. De plus, Le CMP possède un dossier papier pour chaque patient. Ce dossier doit être mis à jour par les soignants ; il indique les modalités de prise en charge (mode, fréquence) et donne un compte-rendu de l'évolution des soins et des difficultés rencontrées. Dans le cadre des réglementations communes à l'ensemble des professionnels, les écrits doivent être lisibles, indélébiles, signés, datés et permettre l'identification du patient. Le psychologue quant à lui, s'en remet au code de déontologie des psychologues. Il se doit ainsi de communiquer les informations utiles pour la prise en charge partagée entre les différents professionnels. Toutefois, il reste le seul responsable de ces écrits et s'oblige à les rédiger de façon adaptée à chaque interlocuteur en prenant soin de préserver le secret professionnel. Il me semble que le psychologue doit faire preuve d'une véritable réflexion quant à la rédaction de ces écrits. En effet, dans le cadre de la loi du 04 mars 2002, le patient, ou dans notre cas les tuteurs légaux de celui-ci, ont un droit d'accès à leur dossier médical en suivant une procédure spécifique à l'hôpital. Il donc nécessaire de garder à l'esprit cette possibilité et de rédiger nos notes en mesurant l'impact qu'elles peuvent avoir si le patient y a accès. Par conséquent, le psychologue doit s'assurer qu'elles ne puissent être préjudiciables au patient. A cet effet, le dossier-patient contient une enveloppe distincte qui ne sera pas transmise au patient lors de la remise de son dossier. Elle comprend les informations obtenues par des tiers, excepté les parents de mineurs. Le psychologue peut également user du droit à rédiger des notes personnelles qui ne seront pas incluses dans le dossier et ne seront de ce fait pas accessibles. C'est à mon sens ici que le psychologue peut inscrire ses élaborations personnelles et ses hypothèses concernant le fonctionnement psychique du sujet. Il les gardera pour son usage propre et se doit de les détruire en fin de prise en charge. Néanmoins, il devra là aussi faire preuve d'une certaine réserve puisque ces notes peuvent quand même être saisies lors de procédures judiciaires.

Par ailleurs, chaque professionnel doit à présent justifier de ses actes auprès de l'administration de l'EPS. En conséquence, il inscrit ceux-ci sur son agenda professionnel en respectant une codification établie, et la secrétaire les saisit sur un logiciel interne à l'EPS. Cette démarche aboutit notamment à la distribution budgétaire de l'établissement. Elle pose cependant la question de la valeur de « l'acte » dans le soin psychique et des difficultés à rendre compte des spécificités de notre profession.

III/ La place du stagiaire-psychologue

L'une des conditions lors de mon recrutement pour ce stage était ma présence lors réunions de synthèse. Comme je l'ai déjà mentionné, celles-ci garantissent la cohérence du cadre d'intervention du CMP. J'ai pu apprécier la dimension focale du travail pluridisciplinaire. Ma présence est donc nécessaire afin que je puisse penser ma propre expérience de stage en cohérence avec le travail d'équipe qui s'inscrit dans ce cadre institutionnel. C'est également l'occasion d'être informée des prises en charge en cours et de m'insérer dans celles-ci auprès des différents professionnels lorsque c'est possible. Je dispose ainsi d'une certaine autonomie par rapport ma référente, bien qu'elle me supervise dans mes élaborations et mes actes, ce dont j'éprouve le besoin. D'autre part, j'ai la chance d'effectuer ce stage dans une structure habituée à recevoir des stagiaires ce qui, je pense, a t facilité mon intégration au sein de l'équipe.

J'ai la possibilité d'assister à des consultations thérapeutiques menées par différents consultants. Je peux donc observer les façons de mener un entretien variant selon le « style » propre à chacun. J'ai saisi l'importance d'être à l'aise dans sa pratique, ce qui ne va pas sans un regard critique sur cette manière d'être afin d'en dégager les effets potentiels. De même, il me parait nécessaire de faire preuve de créativité pour favoriser les conditions d'une réelle rencontre avec l'enfant et ses parents afin que la consultation puisse être féconde. Il m'est parfois demandé de rédiger les comptes-rendus d'entretien, ce qui me permet de me pencher sur le travail de rédaction et la réflexion auquel il donne lieu. Cela ouvre aussi sur un travail commun d'élaboration entre ma référente et moi.

J'ai également eu l'occasion de mener des entretiens d'accueil en collaboration avec l'assistante sociale. A travers ceux-ci, j'ai appréhendé la valeur de l'écoute lors de ce qui constitue la première rencontre des parents avec le CMP. Il s'agit bien de les accueillir dans un climat de bienveillance, et au-delà de la visée prospective de cet entretien, de pouvoir présenter le cadre d'intervention de l'institution à laquelle ils s'adressent et les soins qu'elle propose.

Par ailleurs, je suis sollicitée pour réaliser des bilans psychologiques auprès de certains enfants. Outre l'application de mes enseignements sur les tests psychologiques que m'offre cet exercice, cela me confronte seule à la pratique auprès de l'enfant. Il s'agit donc d'une mise en situation professionnelle au travers de laquelle je m'efforce d'adopter une véritable pratique réflexive sur l'ensemble de la situation ; que ce soit quant aux conditions de la demande, à ce qu'elle peut impliquer pour les parents et l'enfant, sur ce qui se joue lors de la passation elle-même ou lors de l'entretien de restitution.

Enfin, J'ai régulièrement assisté aux consultations menées dans le cadre de l'association SUROYA. Etant sensibilisée dans mon parcours universitaire à la psychologie interculturelle, ces consultations me fournissent l'opportunité d'approfondir cette approche. J'ai pu y saisir l'influence de la culture et de la migration dans la psychopathologie, dans l'étiologie que la famille lui donne et dans les modalités de prise en charge ; ainsi qu'une appréhension idiosyncrasique du sujet. J'ai approché les particularités des consultations menées avec un médiateur culturel, les éclairages que cela pouvait apporter mais aussi les écueils desquels il est nécessaire d'essayer de se préserver. D'autre part, j'ai aussi assisté à des concertations cliniques autour de situations dites « bloquées ». Ce fut l'occasion d'aborder le travail en réseau et les enjeux sous-jacents. Il s'agit principalement d'une méthode d'éclaircissement sur le rôle de chaque institution dans la situation et de réflexion sur la façon de trouver, où de retrouver une complémentarité dans leurs différentes fonctions. En effet, j'ai observé, entre autres, que la plupart des situations dont nous traitions engageaient un faisceau d'institutions telles que l'ASE, les structures sociales etc., et que des difficultés à penser des perspectives communes s'établissent souvent à l'image des familles concernées qui apparaissent éclatées. Ces interventions m'ont sensibilisé à la complexité de la clinique groupale, que cela concerne les phénomènes inconscients de groupe, le décryptage des enjeux relationnels sous-jacents à la situation traitée, ou l'art de mener une consultation de groupe.

Problématique

A travers ce stage, j'ai l'occasion d'appréhender les différentes dimensions de l'exercice du psychologue clinicien en CMP pour enfants. En prime abord, cela me permet d'approcher les spécificités de l'intervention auprès de l'enfant. Le petit patient que nous rencontrons est un sujet en pleine évolution, et ce à travers un processus de développement qui n'est pas linéaire. Dès lors, les symptômes peuvent faire partie des aléas du développement, et nécessitent une aide afin que les difficultés puissent être dépassées. Outre la souffrance qu'ils provoquent, il s'agit de faire au mieux afin qu'ils ne mettent pas en péril le processus développemental dans son ensemble.

Qui plus est, cette expérience me sensibilise à la complexité de la prise en charge d'un sujet aux prises directes avec son environnement. Comme l'énonce Houzel (2004), « la famille est à la fois le lieu d'inscription de l'enfant dans une généalogie et dans une filiation, inscription nécessaire à la constitution de son identité et à son processus d'humanisation et le lieu de confrontation aux trois différences fondatrices (...) : la différence de soi et de l'autre, la différence des sexes et la différence des générations »1(*). Dès lors, le développement de l'enfant dépend étroitement des qualités de son lien à l'environnement, et en premier lieu à la famille. C'est par ce lien que s'effectuent les transmissions qui font le lit de la construction psychique de l'enfant. Qu'il soit dysfonctionnel et les transmissions seront brouillées, amenant ou renforçant la souffrance de l'enfant. On comprend ainsi, et c'est bien l'une des particularités du soin des enfants, qu'il est impensable d'envisager la prise en charge sans y inclure la famille.

A partir de ce constat, comment le clinicien peut-il se positionner par rapport à la transmission afin de favoriser une mise en liens créatrice de sens ? A travers la transmission, son rôle ne serait-il pas de soutenir les liens entre les différents acteurs de la vie de l'enfant en miroir à l'importance des liens familiaux pour l'enfant ?

Avant tout, il me semble important de signifier le sens que revêt le terme de transmission. Approfondissant la définition commune de faire passer ce que l'on possède en la possession d'un autre, Sassolas (2009) insiste sur l'attitude active de l'ensemble des sujets impliqués dans ce processus. Il implique une véritable appropriation de ce qui se transmet par le sujet récepteur « cocréateur de ce qui lui est transmis », à hauteur des processus engagés dans l'identification. A travers les transmissions verbales, corporelles, émotionnelles ou autres, Grange-Ségéral (2009) affirme que « la transmission s'effectue par des opérations psychiques en grande partie inconscientes dans un double mouvement des données parentales sur les enfants et des données en provenance des enfants sur les parents »2(*).

Alors, l'une des fonctions du clinicien consistera à analyser le lien parents-enfant afin qu'il puisse se modifier, et ce en partie à travers la transmission de sa compréhension de la dynamique familiale.

Néanmoins, comme pour tout patient, nous devons le secret professionnel à l'enfant ; et c'est parce qu'il nous fait confiance qu'il pourra externaliser ce qu'il ressent, que cela soit en mots, ou à travers ses comportements ou ses jeux. Ainsi, quels sont les enjeux de l'appréciation de ce qui doit être communiqué ou non entre les parents et l'enfant ?

Nous avons remarqué préalablement que la prise en charge au sein du CMP fait intervenir plusieurs professionnels. Il s'agit donc de concevoir le rôle du psychologue au sein d'une équipe pluridisciplinaire, en plus de sa fonction thérapeutique pour l'enfant. Or, l'exercice de ces différentes fonctions se doit bien d'être cohérent, ce qui m'amène à me questionner sur les aspects de cette prise en charge pluri-focale, mais aussi l'impact de la transmission des informations avec l'équipe, toujours dans une perspective de « mise en sens ».

Enfin, il est admis que le 2nd lieu d'inscription pour l'enfant, après la famille, est l'école. C'est d'ailleurs souvent par le biais de celle-ci que la demande de soin s'effectue. Ce fait témoigne bien de ce que la souffrance de l'enfant s'exprime aussi à l'école, et qu'elle y est prise en compte. De même, quand ce n'est pas l'école, cela peut être toute autre institution recevant l'enfant, lieu qui se trouve parfois dépourvu face au fonctionnement de l'enfant et/ou de la famille. Ceci est d'autant plus d'actualité depuis l'application de la loi du 11 février 2005 favorisant l'intégration des élèves handicapés en milieu scolaire ordinaire, mais laissant parfois les enseignants démunis. En conséquence, dans quelles mesures le clinicien, mandaté par le CMP, peut-il restituer sa compréhension de la personnalité de l'enfant auprès des autres institutions et quelle en est la portée pour le bien-être de l'enfant ?

2nde Partie :

Les enjeux de la transmission dans la prise en charge de l'enfant en CMP : la construction du sens

I/ La transmission au sein de l'espace thérapeutique

Qu'on se le dise, le CMP pour enfants a pour mission le soin psychique des enfants. Les professionnels doivent donc placer l'enfant au centre de leurs réflexions et de leurs interventions. Toutefois, comme je l'ai déjà mentionné, l'adhésion des parents à la prise en charge est essentielle pour qu'un processus de changement puisse s'amorcer ; et il est difficile de penser la souffrance de l'enfant en dehors d'une dialectique dynamique avec la souffrance des parents, quelle soit en partie cause ou conséquence du mal-être de notre patient. Il s'agit alors de ne pas tomber dans l'écueil inverse qui consisterait à placer les parents au centre du dispositif de soin, ce qui pourrait prendre la valeur de conduites d'évitement de l'enfant malade selon Lustin (2004) [Le fait que le CMP adulte soit situé juste en face du CMP enfant ne renforce-t-il pas cette signification ?]. C'est sur la base de ces réflexions que je me suis questionnée sur la place de chacun dans le cadre de la consultation thérapeutique.

1/ Le lien parents-enfant : les enjeux de la filiation et de la différenciation

Réfléchissant sur les consultations thérapeutiques en ambulatoire, Matot (2007) nous dit que « le patient est, en fait, presque toujours l'enfant et sa famille, ce qui implique (...) que la construction de l'espace thérapeutique doit tenir compte de la nécessité d'accueillir la souffrance de l'enfant et celle de ses parents, tout en préservant la possibilité d'une différenciation des espaces psychiques des parents et de l'enfant »3(*). Comment le cadre instauré par le clinicien peut-il appuyer cet « entre-deux » entre le travail sur les liens familiaux et le maintien des espaces psychiques subjectifs ?

En effet, « tout sujet se trouve pris par essence dans un enchevêtrement d'intérêts et de pactes inconscients auxquels il adhère et participe à son insu ; la reprise de cette continuité préexistante détermine et conditionne ses possibilités d'existence, son narcissisme et ses modalités de structuration psychique (...) C'est pourquoi, en raison de cette nécessité de faire corps avec ce qui nous précède et nous soutient, se transmettront aussi des tendances à réduire les différences et les oppositions entre les générations, les sexes, les êtres dans une « mêmeté » indifférenciée»4(*). Dans ce contexte, la place donnée à l'enfant dans l'espace thérapeutique est précieuse pour réamorcer ce travail de différenciation au sein de la famille.

C'est en partie par là que le secret professionnel vient prendre toute sa valeur en plus du respect que nous devons à l'enfant. Selon Moi, cela nécessite une réflexion constante puisqu'il me semble qu'instinctivement, nous, professionnels, avons du mal à considérer l'enfant comme sujet à part entière et avons tendance à moins y faire attention que lorsque nous travaillons avec des adultes. Il faut pouvoir s'identifier à l'enfant, se resituer à son niveau, avoir conscience de ce qui constitue son quotidien, et donc faire appel à l'infantile en nous. En effet, Chiland (1983) rappelle que « l'évènement n'existe pas à l'état brut. Il est ce que chacun en fait et supporte d'en dire (...). L'évènement manifeste peut avoir été sans importance réelle et la source du traumatisme avoir été inaperçue de l'entourage. La vérité objective importe moins pour nous que la vérité subjective »5(*). C'est ainsi qu'un événement vécu par l'enfant peut paraitre anodin aux yeux des adultes, qui plus est de ses parents, et avoir une forte répercussion sur le psychisme de l'enfant qui lui accorde une grande importance. Les parents, projetant leur mode de pensée sur l'enfant, auront tendance à ne pas prendre la mesure de l'impact de l'évènement sur leur enfant, voir à minimiser celui-ci. Le rôle du psychologue peut alors être de partager le récit de cette expérience avec l'enfant en lui restituant toute sa valeur affective.

Cas clinique 1: Magalie est une fillette de 11 ans, suivie au CMP depuis des années en raison de son développement dysharmonique. La consultante la reçoit régulièrement avec sa maman avec qui elle vit seule. La relation est assez fusionnelle et difficile entre elles deux ; Madame n'a pas refait sa vie et il manque un peu d'espace entre elle et sa fille. Lors de l'une des consultations mère-fille à laquelle j'assiste, Magalie évoque vaguement un évènement qui s'est déroulé au collège et qui l'a beaucoup touché. Madame montre son étonnement, et lorsque sa fille replace l'évènement qui est en faite connu de sa maman, celle-ci s'exclame : « oh, c'est juste ça ! » avec un sourire en coin pendant que le visage de sa fille exprime de la tristesse. Magalie exprime le souhait de parler seule avec la consultante, ce qu'elle accepte. Pendant ce temps, nous sortons sa mère et moi en salle d'attente ; madame me confie, toujours en souriant, que ce n'est rien et me raconte alors ce qu'il s'est passé, à l'instar de ce que sa fille fait au même moment avec la consultante. Il me parait que l'épisode tel que le décrit madame d'une manière banalisée, peut prendre une signification singulière dans les rouages des troubles de Magalie. La consultante nous fait signe de revenir afin que nous puissions terminer la consultation. Sans revenir sur l'exposé que Magalie lui a fait de son vécu, elle mentionne quand même les questions que cela a pu soulever chez la fillette.

Je pense qu'en accordant de l'importance à ce que pouvait ressentir l'enfant et en faisant sortir la mère, la clinicienne, intervenant sur le cadre de la consultation, a pu donner sens à la subjectivité de la petite patiente. De plus, en respectant le secret de ce qui a était déposé dans leur tête à tête, elle a marqué la différenciation des espaces psychiques de la mère et de la fille, ce que madame semble avoir du mal à penser.

Frisch-Desmarez et De Buck (2007) insistent sur l'accord entre l'enfant et le clinicien de ce qui pourra être communiqué aux parents : « certains éléments livrés par l'enfant sont parfois essentiels à la poursuite du traitement : il peut être discuté avec l'enfant de l'opportunité d'en parler avec ses parents ou de l'aider, dans un second temps d'entretien, à leur en parler lui-même »6(*). Effectivement, la différenciation des espaces psychiques doit se faire en tenant compte de l'importance des liens familiaux pour l'enfant, que se jouent dans la réalité pour lui. On ne peut nier la dépendance au milieu familiale dans laquelle il est inscrit, et nous devons veiller à conserver, voire à favoriser ces liens, et à ne pas se substituer aux parents dans leurs fonctions parentales. Il n'est pas non plus de notre ressort de servir de « prothèse  communicationnelle » entre l'enfant et les parents, mais bien de soutenir les échanges au sein de la famille.

Cas clinique 2 : Dès la première rencontre, Eric se saisit directement de l'espace thérapeutique que le consultant et moi lui proposons ; il l'investit d'ailleurs uniquement par la parole, ce qui nous étonne compte tenu de son âge. Il est à noter qu'Eric a déjà était suivi en CMP auparavant, ce qui explique probablement son aisance à s'engager dans le soin. Il dévoile rapidement son vécu affectif, parle de ses relations conflictuelles à la maison et à l'école. Lorsque nous lui proposons de discuter de certains aspects avec sa mère qui l'accompagne au CMP, Eric acquiesce, mais exprime le souhait d'attendre en salle d'attente pendant que nous nous entretenons avec sa maman. Il répètera cette configuration durant plusieurs consultations. Après réflexion, nous lui demandons de rester lorsque nous recevons sa mère.

Il me semble que ce jeune patient, manifestant par ailleurs consciemment des désirs d'indépendance surprenants pour son âge, nous ai attribué un rôle de médiateur (que j'aurais presque envie de qualifier de « facteur ») entre lui et sa mère tout en se maintenant lui dans une certaine passivité. Son désir de prise de distance par rapport à sa mère peut se comprendre ; Madame semble avoir eu du mal à considérer Eric dans sa place d'enfant et parait avoir partagé beaucoup de « choses » de l'intime de sa vie de femme avec lui. Ainsi, je considère qu'il est important de travailler sur le lien entre eux et les places respectives de chacun, sans pour autant répondre à la demande de notre patient qui s'apparente à une distanciation complète. Il s'agit alors de faire comprendre à Eric qu'il peut déposer des choses qui lui appartiennent en consultation, mais qu'il est aussi utile qu'il échange avec sa mère et que nous allons travailler ensemble dans ce sens et avec son accord sur ce qui sera transmis.

A l'inverse, il arrive que le consultant reçoive le(s) parent(s) seul(s) dans certaines situations. Comment se positionner avec l'enfant dans cette configuration ? Que lui transmettre de ce qui se dit afin qu'il ne pense pas que nous soyons de connivence entre adultes ?

Par exemple dans le cas de Magalie (cas clinique 1), la consultante reçoit régulièrement la mère de l'enfant seule. Je n'ai pu assister à ces entretiens, mais elle m'a expliqué qu'il s'agissait principalement de soutenir Madame dans l'exercice de sa parentalité. La Mère de Magalie peut alors évoquer, plus librement qu'en présence de sa fille, son vécu par rapport aux troubles de celle-ci, et leurs répercussions sur sa vie de femme et de mère. Je pense alors que cela correspond en aucun point à une psychothérapie, mais à un travail de soutien, qui sera bénéfique indirectement pour Magalie. Néanmoins, Vibert, Morel et Flaig (2007) admettent que « pour soutenir et enrichir les capacités de pensée des parents, il est nécessaire que cette dimension pédagogique, afin qu'elle reste pertinente et recevable, s'articule à une écoute qui prenne en compte à minima la dimension fantasmatique liée à la singularité de l'histoire de chacun des parents »7(*) . Compte-tenu de cette conjoncture, Il est important d'accueillir la parole des parents dans un espace où ils pourront avoir confiance et eux aussi, être assurés de la confidentialité de ce qui s'y déroule. Revenant à Magalie, même si nous ne pouvons savoir directement ce qui se dit ou se joue de ce dispositif entre la mère et la fille au foyer, il ne me semble pas que cela interfère avec le travail de consultation entrepris avec cette famille. Il faut dire que ce cadre est posé depuis un certain temps, et que Magalie bénéficie de son côté d'une psychothérapie avec un pédopsychiatre du CMP. Il est d'ailleurs parfois nécessaire de lui rappeler qu'elle dispose de cet espace personnel afin qu'elle comprenne que celui-ci et la visée des consultations thérapeutiques ne sont pas superposables.

Pour ma part, il m'est arrivé de recevoir les parents seuls dans le cadre d'entretiens d'accueil et de les revoir après avec la consultante et leur(s) enfant(s). En effet, nous convions parfois le(s) parent(s) pour un premier entretien sans la présence de leur(s) enfants, notamment lorsque nous pensons que la demande ou la situation doit être éclaircie avant d'entamer une prise en charge ; dans d'autres cas, il s'agit d'une demande « urgente », dans le but de clarifier l' « urgence ». A ce sujet, Chiland (1983) affirme que « s'il nous est utile de connaitre l'histoire de la famille et de l'enfant pour commencer de pressentir où se situe le problème vécu par l'enfant, nous ne pouvons faire dans l'entretien avec l'enfant qu'un usage limité ou aucun usage de ce que les parents nous ont dit. Ce qui sera utile pour l'enfant, c'est ce qu'il pourra nous communiquer de sa propre vie »8(*). Dans certains cas où le parent se montre dépassé par ses angoisses, cet entretien est l'occasion de l'encourager à communiquer avec son enfant ; car il arrive que le parent espère que l'on puisse le remplacer complètement dans ses fonctions parentales. Ainsi, un père est venu nous voir pour son fils sans avoir pris l'initiative d'introduire lui-même la discussion avec son fils, notamment concernant l'hospitalisation de sa mère.

Qui plus est, il s'agit généralement de contextes au sein desquelles les parents eux-mêmes sont dans une situation complexe. Il convient donc d'offrir la possibilité aux parents de parler en toute liberté de ce qu'ils vivent afin de pouvoir mieux situer les enjeux de la souffrance de l'enfant que nous allons recevoir ultérieurement.

Par exemple, l'assistante sociale et moi avons reçu en entretien d'accueil une maman ayant demandé un rendez-vous pour ses deux enfants en expliquant qu'ils ne voyaient plus leur père depuis plusieurs mois et que celui-ci ne pouvait s'engager dans la prise en charge à cause de mesures judiciaires. Nous avons donc ressenti le besoin d'investiguer ce qui se cacher sous cette absence brutale du père. En recevant Madame seule, elle a pu exposer la situation sous laquelle se cacher un vécu traumatique pour elle en raison des violences conjugales qu'elle a subi et qui ont donné lieu à un jugement à la cour d'assise pour Monsieur. Il me semble alors que ce qui relève de l'intime du couple, et dans ce cas, de violence effractante, tient une place importante dans la dynamique familiale mais ne peut être transmis tel quel aux enfants. Pourtant, il est nécessaire que le clinicien en ait connaissance afin de pouvoir travailler sur un plus long terme ce côté de l'histoire familiale.

Nombre d'auteurs dans la lignée des travaux de R. Kaës (1993) soulignent actuellement que la transmission psychique s'effectue aussi à partir du « négatif », c'est-à-dire que « c'est à partir de ce qui est non seulement faille et manque que s'organise la transmission, mais à partir de ce qui n'est pas advenu, ce qui est absence d'inscription et de représentation, ou de ce qui, sur le mode de l'encryptage, est en stase sans être inscrit »9(*).

C'est sur la base de ces réflexions que je me suis interrogée sur les processus à l'oeuvre dans la transmission et la fonction du clinicien face à eux.

2/ La transmission du clinicien à la famille et la construction de sens

Il me parait utile d'approfondir ce qui se joue à travers ce lien si fort entre l'enfant et ses parents, et les aspects dysfonctionnels qu'il peut revêtir, notamment lorsque l'on considère celui-ci comme une interaction entre plusieurs fonctionnements psychiques, chacun tributaire de ses propres mécanismes inconscients, fantasmes et angoisses.

A/ Les interventions du psychologue en consultations parents-enfants :

Je pars du principe que la consultation parent-enfant va permettre que se transpose la dynamique familiale sur l'espace thérapeutique en y incluant le clinicien. Celui-ci va alors pouvoir observer les éléments inconscients sous-jacents aux échanges qui s'opèrent dans la réalité externe de la consultation et les répercussions que cela sous-entend sur la scène psychique de chacun. Manzano, Palacio-Espasa & Zilkha (1999), lorsqu'ils évoquent l'impact des fantasmes parentaux sur l'enfant, nous disent que « les fantasmes et rôles imaginaires inconscients déterminent non seulement la représentation de soi (self) des parents mais également les conduites qu'ils ont avec leurs enfants dans le sens général du terme : attitudes et comportements verbaux et infraverbaux, expressions d'affect, omissions, etc. »10(*). En ce sens, on comprend que l'enfant réagisse à ces « pressions fantasmatiques » selon ses propres motivations, et notamment son besoin d'attachement. Dès lors, le consultant, par son interprétation, devrait pouvoir intervenir dans l'espace de « reprise transformatrice » (selon l'expression de Kaës) de la transmission intersubjective. Toutefois, ses interventions doivent être pensées et mesurées ; elles s'inscrivent dans certaines conditions afin de ne pas effracter l'appareil à penser des patients et peuvent prendre plusieurs formes. Tout d'abord, le clinicien doit avoir construit un cadre dans lequel puissent se déposer les angoisses et fantasmes de chacun, dans un espace « sécure ». Poussin (1994) compare la tâche du psychologue à la fonction alpha maternelle que décrit Bion. Il considère par là que le clinicien doit recouvrir une fonction contenante pour permettre au sujet de passer des éprouvés à la représentation. Dans ces conditions, l'interprétation peut réaliser une véritable transformation. Manzano, Palacio-Espasa & Zilkha (1999) expliquent ce processus : « le thérapeute modifie la partie du patient qui a été déposée en lui par identification projective grâce à son « insight » et à l'activité mentale qui l'accompagne »11(*). Néanmoins, il est essentiel de tenir compte des écarts qu'il y a entre les références théoriques du clinicien et les théories personnelles et familiales afin que chacun puisse se reconnaitre dans les représentations qui apparaissent. Si l'on se resitue dans le cadre des consultations parents-enfants, j'estime qu'il est indispensable d'user de représentations et d'un langage qui soit adapté à l'enfant et aux parents. En effet, si nous envisageons les processus de transmissions subordonnés aux interventions du psychologue, il faut que l'acte de transmettre de celui-ci englobe le désir de voir l'autre s'approprier ce qu'il lui apporte.

Cas clinique 3 : Alexis, âgé de 3ans, vient en consultation avec sa mère en raison d'angoisses de séparation entrainant l'impossibilité de mettre en crèche. La maman d'Alexis se plaint de son caractère « dur », nous expliquant qu'il est opposant et agressif à la maison, qu'il se met très souvent en colère, casse des objets volontairement... Elle se montre dépassée par les comportements de son fils ; Elle ne témoigne que des aspects difficiles et négatifs de ses comportements. Au fil de la consultation, elle ajoute qu'Alexis ressemble beaucoup à son père physiquement alors que son ainé ressemble davantage à elle-même. Elle nous a également expliqué qu'elle avait porté plainte contre Monsieur suite à des violences conjugales qui ont eu un effet traumatogènes. La consultante perçoit que pendant que nous nous entretenons, Alexis s'arrête parfois dans ses débordements et est réactif à ce qui se dit entre elle et sa mère. L'une de ses interventions consiste alors à faire remarquer à madame que son fils peut être à l'écoute de ce qui se passe et que ses réactions n'ont pas rien avoir avec ce qui se passe dans son environnement. Elle signifie alors qu'Alexis n'est pas que dans une destructivité et que ce petit garçon, bien qu'il soit « dur », reste un petit garçon qui a besoin d'être rassuré et qui est sensible à ce qu'il se passe en ce moment.

Il me semble que dans cette situation, le lien mère-enfant est teinté du prisme fantasmatique de la mère. Son enfant, par sa ressemblance physique au père sur laquelle l'entourage insiste beaucoup apparemment, lui rappelle peut-être trop la violence angoissante de celui-ci. Par ailleurs, Alexis nous a montré plusieurs fois en consultation ses interrogations sur le lien de filiation qui l'unit à son père et son besoin d'identification à la figure paternelle. Je présume que, par son intervention, la clinicienne a pu mettre en sens ce que l'enfant exprimait par son comportement et peut éventuellement modifier la perception que la mère a de lui, et introduire un ajustement du lien mère-enfant en en relevant les aspects cachés. En effet, « ce que l'enfant fait et dit, ce qui lui est interprété constituent une surprise pour la mère et peuvent déclencher en elle un travail psychologique »12(*). Qui plus est, souligner le vécu de l'enfant amène un soulagement chez l'enfant qui se sent compris et chez la mère qui comprend mieux son enfant. Ceci pourra ouvrir la porte à de nouvelles associations qui permettront peut-être de relancer la narrativité familiale dont parait avoir besoin Alexis.

B/ La transmission du « savoir » professionnel : l'exemple des bilans psychologiques :

La situation de l'examen psychologique m'apparait être paradigmatique des effets que l'on peut attendre de la transmission de la compréhension de la problématique sur l'élaboration des sujets. Qui plus est, ayant réalisé plusieurs bilans psychologiques durant mon stage, c'est une expérience que j'ai pu pratiquer directement.

En fait, j'ai eu l'occasion de constater que certains parents ne sont pas prêts à élaborer sur leurs propres perceptions et les retentissements de celles-ci sur leurs enfants. Il me semble que les tests peuvent alors constituer une médiation intéressante pour l'ouverture des réflexions à condition que les transmissions auxquelles ils donnent lieu soient raisonnées. Il y a des familles qui ont du mal à entrevoir le sens d'un travail psychologique ; nous sommes alors face à des entretiens très factuels au sein desquels il est difficile de faire ressortir la dynamique. Ce sont généralement des parents qui perçoivent la prise en charge de leur enfant dans une visée éducative ou rééducative. Dans ce contexte, le pragmatisme des bilans est généralement bien accueilli et peut permettre de créer une alliance qui a du mal à se déployer. Cependant, il ne s'agit pas de répondre de manière plaquée à la demande (qui s'apparente parfois même à une commande) des parents, mais d'utiliser cet outil pour essayer de faire émerger un autre type de demande, d'où l'importance de prendre le temps d'introduire une telle démarche. Roman (2007) déclare qu'il convient de dégager l'enfant de la place qui peut lui être assigné dans le discours parental.

Cas clinique 4 : La mère de Kilian prend rendez-vous au CMP dans l'optique précise d'effectuer un bilan psychomoteur et de poursuivre un suivi orthophonique qui se faisait jusqu'à présent en libéral. Kilian présente des difficultés scolaires et sa mère le trouve peu tonique. Depuis plus d'un an qu'il est pris en charge au CMP, il bénéficie d'un suivi orthophonique en raison d'un défaut d'attention et de difficultés de compréhension qui ont été mises à jour par le bilan orthophonique, mais démontrant qu'il n'y avait pas de défaillances spécifiques. La consultante ayant effectivement observé une apparence hypotonique chez Kilian à également demandé un bilan psychomoteur. De ce dernier, la psychomotricienne insiste surtout sur les aspects de tristesse et de dévalorisation que sur de réels troubles. La consultante me demande de réaliser un bilan psychologique avec Kilian afin d'approfondir la compréhension de son organisation psychique. Elle me précise qu'elle se questionne sur l'implication de la dynamique affective sur son fonctionnement cognitif. Elle me fait également part de sa difficulté à travailler la dynamique familial en consultation, qui, pourtant, mériterait d'être explorée. La mère de Kilian a pu dire qu'elle avait donné naissance à deux enfants mort-nés avant Kilian ; de ce fait la grossesse de celui-ci a été très surveillée dans une atmosphère probablement chargée d'angoisse. Toutefois, elle ne peut creuser cela en consultation. En miroir, de sa mère, Kilian parait peu accessible en consultation. La proposition de bilan psychologique est bien acceptée par la mère et son fils. La consultante et moi-même leur présentons le bilan comme une aide pour réfléchir ensemble sur la manière d'être de Kilian ; nous reprenons la signification clinique des résultats qui seront appréhendés autrement que comme une simple mesure chiffrée.

N'ayant pas encore effectué l'entretien de restitution de ce bilan, ma réflexion concernant ce cas est peut-être illusoire. Cependant, j'ose espérer que la démarche dans laquelle s'inscrit ce bilan et la façon dont il a été présenté aient un effet mobilisateur sur l'élaboration de la position subjective dans laquelle se trouve Kilian. Il me semble en tout cas que nous avons essayé d'ouvrir l'espace entre les deux démarches décrites par Lam, Deconinck et Cailliau (2007) : « la démarche linéaire classique de type médicale : analyse-diagnostic-prescription ; et la démarche de type circulaire, participative, intégrant les aspects subjectifs et interactifs de la relation et du fonctionnement propre »13(*). Ces auteurs évoquent l'aspect dynamique et potentiellement mobilisateur de la situation de bilan. Ils citent ainsi plusieurs processus que le bilan peut amorcer, comme le début d'une réappropriation du champ de pensée, des bénéfices narcissiques liés à la considération positive pour l'enfant, des bénéfices cognitifs liés aux prises de conscience métacognitives, et des bénéfices relationnels engendrés, entre autres, par une meilleure démarcation des zones où se joue la problématique.

En fait, nous le voyons, c'est surtout dans le contenu de la restitution du bilan et ce que l'on transmet dans ce cadre que se placent les possibilités d'une transformation. Evoquant ce moment, Vibert, Morel et Flaig (2007) mentionnent qu'il doit avoir pour but de favoriser la rencontre du sujet avec son monde interne « à la manière dont la médiation thérapeutique le permet », et qu'il peut être l'occasion d'une « amorce d'insight ». En ce sens, l'utilisation du bilan psychologique permet de rendre compte du fonctionnement psychique de l'enfant en s'appuyant sur les exemples concrets de ses productions, initiant une expérience partagée entre le clinicien et lui qui dépasse la transmission d'un savoir unilatéral. Au niveau de ce que peuvent en retirer les parents de l'enfant, Debray (2000), quant à elle, envisage que la restitution du bilan permette à ceux-ci de formuler ce qu'ils éprouvent vis-à-vis de leur enfant, leurs attentes, éventuellement leurs déceptions, leurs peurs etc. Il s'agit donc de faire de cet entretien un moment riche de réflexions partagées plutôt que celui d'une simple retranscription des « résultats » obtenus. Force est de constater que cela implique que ce que nous transmettons puisse être entendu, intelligible et prendre sens dans l'historicité de l'enfant.

Cas clinique 5 : Clarisse est une jeune fille diagnostiquée dyslexique depuis plusieurs années ; elle est régulièrement reçue en consultations thérapeutiques au CMP. Le collège spécialisé qu'elle va intégrer à la rentrée prochaine demande à ce que soit effectué un bilan psychométrique afin de confirmer qu'il s'agit bien d'un trouble instrumental et non d'une déficience intellectuelle. En dehors de la commande institutionnelle qu'il incarne, ce bilan est l'occasion d'approfondir le fonctionnement cognitif de Clarisse et son vécu en rapport à celui-ci. Lors de la restitution, après avoir évoqué les difficultés de cette jeune fille, je signale ses compétences dans certains domaines et la créativité dont elle fait preuve ; je dévoile, à l'aide d'exemples concrets, les stratégies qu'elle met en oeuvre spontanément pour soutenir ses processus de pensée. Clarisse se saisit de cela pour étoffer mes réflexions par d'autres exemples sortant de la situation de bilan. En ce sens, j'entrevois qu'elle s'approprie les élaborations que je lui transmets. La mère de Clarisse quant à elle, après avoir déclaré qu'elle ne doutait pas des capacités de sa fille, exprime toutefois ces inquiétudes quant à son avenir.

A travers cet exemple, on peut visualiser les bénéfices narcissiques que l'enfant peut retirer de la restitution du bilan. Je pense que le rappel de ses difficultés a permis la reconnaissance de la souffrance de Clarisse. L'éclairage sur les spécificités de son fonctionnement enclenche une prise de conscience de ses possibilités de manoeuvre concernant son fonctionnement cognitif. Debray (2000) affirme que « la prise de conscience par rapport à ce qui se joue dans « l'en dedans psychique est capitale si l'on vise un réinvestissement des démarches intellectuelles »14(*) ; elle ajoute que l'examen psychologique est une expérience de choix pour favoriser une telle réflexion après-coup. De plus, ce moment à été l'occasion d'une reprise associative par la mère de cette patiente. Elle a pu verbaliser ses inquiétudes qui pourront probablement être reprises par le consultant ultérieurement.

Nonobstant, je souhaite faire remarquer que la passation et la restitution du bilan de Clarisse s'est faite dans des conditions relativement aisées puisque cette jeune fille faisait preuve de ressources personnelles particulièrement développées. J'ai dû pratiquer des restitutions qui me paraissaient autrement plus complexes. L'examen psychologique peut parfois être angoissant pour l'enfant et ses parents, et bien que l'on puisse généralement s'appuyer sur des points forts, leurs faire accepter les difficultés et les souffrances de l'enfant n'est toujours facile. Il est des situations où la renarcissisation passe davantage par la reconnaissance de la souffrance de l'enfant, et où l'enjeu principal est alors de faire comprendre aux parents les bénéfices d'un travail de consultations thérapeutiques, voire de psychothérapie.

Par les différents points abordés précédemment, j'ai retracé les différentes formes de transmissions qui se déroulent au sein de l'espace thérapeutique, entre l'enfant, les parents et le clinicien. De fait, j'ai présenté des considérations dont on peut tenir compte afin de penser la dialectique entre les transmissions intrafamiliales et les transmissions entant qu'outil du psychologue pour l'acte thérapeutique. Or, les consultations en CMP s'incluent dans une prise en charge institutionnelle qui englobe souvent plusieurs intervenants. Par surcroit, même lorsque la famille ne rencontre qu'un seul professionnel, la fonction de celui-ci s'inscrit bien dans un mandat institutionnel et à l'origine, la demande est bien adressée à l'institution CMP avant d'être reprise dans la relation thérapeutique.

II/ La transmission au sein de l'équipe et la prise en charge en institution

Le travail d'équipe n'est pas réductible à la somme de ce que chacun fait. L'équipe du CMP se compose de plusieurs professionnels ayant chacun des fonctions différentes, mais porteur d'un mandat institutionnel commun à travers lequel ils se retrouvent autour de préoccupations communes pour un enfant donné. Par le fait d'échanger des informations, ils vont pouvoir mettre en évidence certains aspects du fonctionnement de l'enfant et/ou de la famille et redonner un aspect dynamique aux élaborations propres à chacun. Pourtant, Lustin (2004) nous dit que « la coexistence de diverses catégories professionnelles ne peut se faire qu'au prix de conditions contradictoires : le respect de l'identité et de la spécificité technique de chacun, le respect de l'intimité et du secret de chaque prise en charge »15(*). Dès lors, il parait nécessaire de soupeser convenablement ce qui sera les informations transmises lors des échanges.

Pour introduire ce questionnement, je vais reprendre la démarche de la demande adressée à l'institution. Beaucoup de parents prennent rendez-vous sur l'incitation, voire l'injonction, d'une autre institution (PMI, école...). Ils s'adressent quelques fois au CMP comme à une « entité » mal identifiée, sans savoir vraiment ce qu'ils peuvent y trouver ni comment celui-ci fonctionne. Dans ces conditions, il est précieux de pouvoir clarifier notre mission et de s'assurer que nous pouvons répondre à leur demande. Il peut aussi s'agir de travailler cette demande et de l'éclaircir. La réalisation d'entretiens d'accueil me semble être une procédure intéressante en ce sens qu'elle peut servir de sas entre la prise de contact et l'engagement dans une démarche thérapeutique. C'est dans cette optique que les entretiens d'accueil sont, lorsque c'est possible, effectué à deux et par des intervenants qui ne s'engageront pas dans le suivi thérapeutique de l'enfant ensuite. Il est question de différencier le cadre de l'entretien d'accueil et de l'espace thérapeutique. On peut imager l'utilité de ce dispositif par l'exemple des demandes « urgentes ». A ce sujet, Bastin et Matot (2007) affirment que la demande urgente contient généralement un paradoxe puisque souvent «celle-ci ne traduit pas une demande de changement mais plutôt une demande de retour à l'état antérieur à la crise ». Ils ajoutent que « ces demandes en urgence se soldent pour la plupart, si aucun décalage ne peut y être apporté, par des premières rencontres sans lendemain »16(*). En conséquence, cette prise de contact avec le CMP permet de différer l'engagement thérapeutique qui peut « effrayer » les parents et de favoriser le commencement de l'élaboration qui s'effectue autour de la demande, dans un espace temporel qui y est propice et nécessite un décalage entre la demande et la réponse.

Force est de constater qu'il est utile de porter à la connaissance du futur consultant certains éléments recueillis. J'ai relevé précédemment le cas des situations où l'enfant évoluait dans un environnement familial conflictuel ou violent. Je pense que le clinicien qui s'engagera dans le suivi thérapeutique de l'enfant aura tout intérêt à connaitre la situation afin de pouvoir envisager les enjeux de celle-ci dans la problématique de l'enfant. Dans ce contexte, il parait nécessaire d'informer le parent de la transmission à laquelle donnera lieu notre entretien en évoquant le secret partagé. Cela peut être l'occasion de témoigner de la complémentarité et du travail de liaison sous-jacent à la prise en charge en institution. Qui plus est, les répercussions sont moindres puisque nous ne sommes pas encore engagés dans un processus thérapeutique avec la notion de contrat entre le patient et le thérapeute qui est son corollaire. Néanmoins, nous devons prendre en considération les effets que la transmission peut avoir sur le clinicien qui prend en charge l'enfant. Nous sommes face à la dialectique énoncée par Chiland : « Si l'on ne sait rien de l'enfant avant de le voir, on est tout à fait disponible. Mais on peut aussi ne pas s'apercevoir de l'importance de ce que dit et ne dit pas l'enfant »17(*). En effet, ne risque-t-on pas d'influencer le clinicien au dépit de son écoute clinique ? Je crois que dans cette configuration, il est important de s'en tenir aux objectifs de l'entretien d'accueil, c'est-à-dire, d'amener des faits réalitaires qui peuvent éclaircir la situation de l'enfant, et de restituer en quoi consiste la demande des parents, à quel niveau elle se situe pour le moment. Pour cela, on doit être en mesure d'identifier ce qui est de l'ordre de la réalité psychique et des fantasmes des parents dans les mailles de leur discours, mais aussi ce qui tient de notre propre élaboration des faits. Bien évidemment, il est trompeur de croire que l'on puisse avoir une maitrise complète de ces éléments, mais il importe d'être conscient de ces phénomènes pour les contrôler à minima.

Par ailleurs, si l'on sort du cadre particulier des entretiens d'accueil, les échanges concernant les élaborations des différents intervenants auprès de l'enfant me paraissent être riches de sens ; ils peuvent insuffler une créativité dynamique. La pluralité de regards sur l'enfant amène des possibilités qui ne peuvent se présenter dans un suivi isolé. Villand (2009) conçoit le travail d'équipe comme « différentes chambres d'élaboration, séparées les unes des autres, et en communication articulée »18(*). Dans ma position de stagiaire, j'ai surtout été amené a explorer ce point par la réalisation des bilans psychologiques et le travail de collaboration qui s'y rattache avec le consultant à l'origine de la demande. S'agissant d'un travail entre professionnels, les échanges autour de la situation de bilan n'auront pas les mêmes fonctions que la restitution faite à l'enfant et ses parents que j'ai évoqué auparavant. En rapport à cela, Lam, Deconinck et Cailliau (2007) déclarent que « la transmission et la discussion des résultats n'apparaissent non pas comme une réponse formelle mais comme un passage entre l'analyse d'une demande et la mise en place d'un cadre thérapeutique »19(*). On convient donc qu'il n'y a pas lieu de se contenter de la remise d'un diagnostic ou d'une figuration figée du fonctionnement psychique de l'enfant. Au-delà de ces aspects qui sont généralement à l'origine de la demande du consultant, on procède à une véritable discussion sur les caractéristiques soulevées par la passation du bilan. Ceci permet notamment de confronter une perception nouvelle et momentanée de l'enfant à celle du consultant qui se situe dans la temporalité régulière des consultations. Cela peut relancer les processus d'élaboration de ce dernier en sortant d'une perception univoque du patient qui conduit parfois à un essoufflement des pensées. Ces effets se surajoutent aux perspectives mêmes du bilan psychologique quant à la mise au jour de certains aspects cachés du fonctionnement psychique.

Qui plus, le soin psychique dans une approche clinique est loin d'être une démarche linéaire. Le clinicien travaille avec des hypothèses, en avançant et en reculant, ce qui va avec une dose d'incertitude et parfois un sentiment d'impasse. Supporter et accueillir les mouvements transférentiels des patients n'est pas toujours aisé. En cela, le travail dans une équipe institutionnelle engendre plusieurs mouvements qui pourront favoriser la prise en charge et la compréhension de la problématique, pour peu qu'ils puissent donner lieu à des discussions entre ses différents membres. C'est principalement au sein des réunions de synthèse que ces points là pourront être abordés dans une forme constructive. Celles-ci sont dirigées par le pédopsychiatre, dans son rôle de chef de service. Il a pour tâche de réguler les échanges dans lesquels chaque membre de l'équipe est implicitement invité à s'exprimer et peut inscrire une situation à l'ordre du jour. En dehors des informations dont il a besoin et qu'il peut recueillir auprès de ses collègues spécialisées, les transmissions peuvent donner lieu à une aide précieuse, que ce soit par la confrontation des mouvements contre-transférentiels des soignants ou par le regard extérieur de ceux qui ne sont pas personnellement engagés dans la prise en charge de l'enfant. Villand (2009) considère que la parole doit être libre au maximum mais à un moment et dans un lieu donnés afin d'assurer un effet de contenance. Car il est nécessaire que la parole soit contenue pour mettre en oeuvre la transformation visée par les transmissions. Comprenons bien, il n'est pas question de se décharger de manière cathartique d'un sentiment trop lourd, mais de pouvoir reprendre ce vécu pour le penser et le mettre en sens, ce qui aura indirectement des effets de levier thérapeutique. A ce moment là, l'équipe « métabolise, symbolise, joue le rôle d'appareil psychique groupal »20(*).

Cas clinique 6 : l'une des psychologues de l'équipe fait part de son questionnement quant à l'utilité de poursuivre une psychothérapie. Frédéric présente une psychose infantile ; il est scolarisé sur des temps séquentiels très réduits car les situations de collectivités sont effractantes pour lui. Le reste du temps, il est à l'hôpital de jour, et suit une psychothérapie au CMP ; des consultations parents-enfant ont également lieu régulièrement. Le père de Frédéric ne reconnait pas les troubles de son enfant, et manifeste son projet d'arrêter l'hôpital de jour. De même, il n'investit pas le CMP et ne s'est rendu que 2 fois en consultation depuis des années que la prise en charge est enclenchée, lorsqu'il était question d'orientation. La psychologue évoque les difficultés auxquelles elle se confronte dans la psychothérapie. Le consultant, lui, signale qu'il voit une évolution au sein des consultations : Frédéric peut parler de sa détresse en consultation désormais. A ce moment, la thérapeute modifie quelque peu sa perception et ajoute qu'effectivement, des progrès sont quand même apparus malgré sa difficulté. Elle reprend que les débuts ont été très difficiles, elle-même se éprouvant de la colère dans son contre-transfert, mais qu'après avoir échangé à plusieurs reprises avec sa collègue, ce sentiment de colère a pu être apaisé, ce qui permit à Frédéric d'entrer davantage en relation avec elle. Toutefois, il ressort de la discussion que cet enfant peut davantage mettre des mots sur son désarroi en consultations, qui se font en présence de sa mère. La psychologue informe alors l'équipe que Frédéric parle beaucoup des sorties qu'il fait avec ses grandes cousines et qu'il investit affectivement. Un des membres de l'équipe partage son impression que cet enfant a l'air moins malade quand il est avec les femmes de sa famille, en l'occurrence sa mère et ses cousines. Le consultant ajoute qu'il parait moins « fou » lorsqu'il est aux Antilles, terre d'origine des parents, donc lorsqu'il se situe dans une aire maternelle. Serait-ce la folie du père qu'il faut traiter ? Peut-on poursuivre un travail soutenu par la mère mais rejeté par le père ? Dans ces conditions, Frédéric peut-il vraiment investir le cadre psychothérapeutique ? Les attaques de ce cadre qu'il faisait au début de la thérapie consistaient probablement en la mise en scène de ce rejet, ce à quoi la thérapeute a pu résister. Cette famille pourrait-elle bénéficier des consultations ethnopsychiatriques proposées au CMP ? Quoiqu'il en soit, cet enfant a besoin d'être pris en charge et l'équipe s'accorde à dire que si la psychothérapie ne peut se poursuivre, il faut bien proposer un projet à cette famille. Nous devons donc convier les parents de Frédéric afin de discuter de cela et nous verrons si Monsieur vient et s'ils arrivent déjà à s'accorder entre eux. Effectivement l'un des pédopsychiatres fait remarquer que dans notre discussion, nous n'avons cessé de dissocier Mr et Mme.

Cette mise en parole de la situation nous montre la richesse du travail de co-élaboration. Tout d'abord, la manière dont nous nous entendons parler des parents laisse entrevoir les contradictions qui règnent au sein de la famille et dans lesquelles se trouvent pris Frédéric. La thérapeute a pu se dégager son impression d' « échec » pour entrevoir les aspects positifs de son accompagnement. Qui plus est, la confrontation des éléments de la consultation et de la thérapie mettent en lumière certains aspects du fonctionnement de l'enfant et de la problématique familiale. Sur ces faits, nous percevons la portée des capacités de réaménagements internes et de la plasticité nécessaires aux soignants pour l'appréhension clinique du patient, tels que ces points sont évoqués par Vibert, Morel et Flaig (2007). Cela permet, entre autres, d'envisager d'autres perspectives d'interventions thérapeutiques.

Pourtant, au niveau éthique, Racamier (1973) soutient que « la situation psychothérapeutique représente le seul cas où le secret vis-à-vis des autres éléments traitants peut être promis au patient »21(*). Je n'ai pas été personnellement dans ce cas où je pense, la réflexion concernant l'utilité de la transmission à l'équipe doit être doublée. Mais le clinicien ne peut contester que, même au sein des consultations thérapeutiques, ce qui se dit de l'intime peut justement se dire parce qu'il y règne un climat de confiance et de confidentialité. Je reconnais donc que tout ne peut pas se partager avec l'équipe. Pour cela, il me suffit d'imaginer ce que la famille ressentirait s'ils assistaient au débat les concernant. Outre le fait d'annoncer aux parents que la situation va être discutée en équipe, notamment lorsqu'il est question d'orientation ou d'évolution du projet thérapeutique, il convient justement dans toutes transmissions de garder à l'esprit le but thérapeutique de celles-ci. La parole doit être proportionnée selon ce qui relève de l'intimité du patient et ne servirait pas la compréhension globale de la situation et ce qui doit être communiqué afin de ne pas tomber dans les biais de « l'information perdue » décrit par Racamier lorsque pour divers raisons, celle-ci se trouve prise dans le jeu du transfert institutionnel.

De plus, concernant le cas clinique précédent, la psychologue a mentionné les effets de ses échanges avec sa collègue sur l'avancée de la psychothérapie. On remarque là les avantages de la supervision. En revanche, cela pose le problème du fait qu'elle se fasse à l'intérieur même de l'institution, puisque la collègue en question peut être amenée à croiser cette famille, et à traiter avec eux à un moment où un autre.

III/ La constellation autour de l'enfant : le travail de liaison du consultant

Dans la présentation de ce stage, j'ai évoqué le rôle de coordination du consultant par rapport au panel des soins qui concernent l'enfant. En effet, le CMP se trouve généralement être la structure pivot des différentes aides dont bénéficie la famille de l'enfant en souffrance psychique. Si l'on comprend la mission de soin comme d'aider l'enfant à aller mieux sur les plans de son équilibre psychoaffectif et de son développement, alors je considère que le rôle du consultant dépasse ici la simple fonction organisationnelle. Il me semble indispensable de procéder à un travail commun avec les différents intervenants auprès de l'enfant. La plupart des enfants que nous recevons au CMP sont scolarisés. Force est de constater que l'école prend une place considérable dans la vie de l'enfant, particulièrement puisqu'elle est l'institution qui relaie les parents dans leurs fonctions éducatives et socialisantes. A ce sujet, Botbol et Lecoutre (2004) stipulent qu'à l'instar de la famille « l'école répond à un besoin universellement reconnu à l'enfant, celui de voir prises en compte son immaturité et sa dépendance pour préparer son avenir en développant ses compétences cognitives et sociales, dans une institution susceptible d'assurer sa sécurité affective et physique »22(*). Alors, comment peut-on étayer l'école dans ces missions ?

1/ L'appréhension clinique de l'enfant dans les équipes éducatives 

Au premiers pas de la sectorisation de la psychiatrie, Paumelle (1973)23(*) énonçait les actions d'informations qu'il incombait au psychiatre dans le but d'intégrer la dimension psychiatrique dans la pratique des institutions de la communauté. Or, la problématique psychique de l'enfant a fréquemment des incidences sur le rapport de l'enfant aux apprentissages, et donc au milieu scolaire. Le rôle de l'instituteur n'est pas de se faire thérapeute de l'enfant. Néanmoins, les transmissions du consultant, en restituant des éléments du fonctionnement de l'enfant, permet de le replacer dans sa subjectivité souvent oubliée par le milieu scolaire, au sein duquel le pédagogue s'occupe de l'enfant dans une collectivité et, on le sait bien, a à faire avec un nombre important d'élèves. Il s'agit donc de pouvoir éclairer les professionnels de l'école sur ce qui se joue dans l'espace scolaire et rétroactivement, de leur donner les moyens de mieux accompagner l'enfant dans ses apprentissages. A eux de transformer ces renseignements pour envisager d'autres moyens d'approcher leur élève, dans la limite de leurs missions bien sûr.

Cas clinique 7 : Nous sommes conviés à l'équipe éducative qui se tient autour de Raphael, scolarisé en CE2. Elle réunit le consultant, les professionnels qui interviennent auprès de Raphael à l'école et ses parents. Raphael obtient de faibles résultats scolaires et se montre très discret à l'école, voire souvent « dans la lune ». Il répond peu aux sollicitations de son institutrice, et n'a pas investit non plus l'accompagnement mis en place un moment par une intervenante du RASED, sans toutefois le refuser. A la maison, les parents expliquent qu'il comprend les exercices, mais qu'il faut insister et l'accompagner pour qu'il fasse ses devoirs. Le consultant verbalise son impression d'une forte mobilisation de la part de tous autour de cet enfant comme une « agitation » qui appelle à la mise en place de moyens spécifiques d'accompagnement alors que Raphael, lui, se laisse aller à ceux-ci dans une sorte de passivité. Il fait le lien avec le passé de Raphael qui est un grand prématuré et qui a été lourdement assisté pour être maintenu en vie durant les semaines qui suivirent sa naissance. Cet enfant aurait donc mobilisé ce type de configuration dès la première enfance. Par ailleurs, le clinicien fait part de son sentiment de tranquillité, mentionnant la grande la curiosité Raphael pour les domaines qui l'animent, bien qu'il ne puisse encore être autonome par rapport aux apprentissages scolaires. Il a de grandes connaissances en entomologie et en mythologie par exemple, ceci témoignant de la mise à l'oeuvre des pulsions épistémophiliques. C'est ainsi qu'il soumet l'idée que de relâcher un peu les inquiétudes ouvrirait peut être sur une autonomie de la part de Raphael. En tout les cas, tout le monde s'est accordé à dire qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter quant aux capacités intellectuelles de ce garçon, ce qui a pu donner une note positive à la réunion et a gratifier les parents.

A la suite de cet exemple, on entrevoit l'intérêt d'un travail transversal de réseau. L'attitude de Raphael a était réintégrée dans son historicité. Il me semble que le fait que les parents soient présents lors de ces échanges les campe comme véritables acteurs dans les dispositifs qui sont mis en oeuvres et valorise par conséquent leur parentalité. Cela oblige l'ensemble des professionnels à adopter une position déontologique en veillant à ne pas atteindre la dignité des parents. D'autre part, on peut de souligner la réciprocité de tels échanges. Le consultant ne vient pas simplement déposer son « savoir » sur l'enfant, mais par le partage des expériences, il peut enrichir son appréhension de la problématique de l'enfant et de sa famille. L'enfant est parlé par d'autres personnes que les parents et cela peut mettre en lumière des modes d'être différents. A l'inverse, dans le cas précédent, Il a pu observer l'effervescence demeurant autour de son petit patient, à l'image de ce qu'il avait remarqué du fonctionnement familial. Par surcroit, il est question d'améliorer la cohérence des discours et la continuité entre les personnes qui représentent les sphères principales de la vie de l'enfant.

2/ Le décryptage des enjeux relationnels 

Continuant à illustrer ma pensée sur le cas de Raphaël (cas clinique 7), j'ai remarqué la complexité des interactions entre l'école et les parents. En paraphrasant Botbol et Lecoutre (2004)24(*), il s'agit d'envisager les relations entre les parents et les enseignants en articulation avec le narcissisme familial et celui de chacun des parents, mais aussi avec leur propre histoire. Dans cette configuration, les divergences qui s'expriment admettent un sens caché qu'il est utile d'analyser pour que l'enfant ne se sente plus pris dans un conflit de loyauté entre ses parents et l'investissement de la sphère scolaire. Les désaccords entre les parents de Raphaël et l'école (dans son ensemble) sont explicites et occupent une place prégnante depuis plusieurs années, quelque soit les professionnels intervenant auprès de cet enfant. Un événement se situant dans ces interrelations insiste dans le discours de la maman de Raphael et semble avoir réactivé un conflit non résolu chez elle, dans une logique d'après-coup. Que ce soit au cours des consultations auxquelles j'ai assisté ou lors de l'équipe éducative, Madame rappelait avec émotion que quelques jours après l'entrée au CP de Raphael, l'institutrice lui aurait dit qu'on « ne pourrait rien tirer de cet enfant » ; ces propos ont fait violence et la cassure des relations entre les parents et l'institution scolaire se situe à ce niveau. Si l'on reprend l'histoire de la relation mère-enfant, on peut se référer au fait qu'en plus de « représenter une situation de stress traumatique, l'accouchement prématuré réactive des angoisses de séparation et de perte des parents »25(*). Qui plus est, l'identification maternelle à la souffrance de l'enfant peut conduire la mère à un comportement de surprotection. Or, l'école est bien ce lieu qui symbolise l'ouverture de l'enfant hors du milieu familial et mobilise les processus inhérents à la séparation. On peut émettre l'hypothèse que la scolarité de Raphael a rejoué quelque chose des premiers moments difficiles de son existence pour ses parents. De plus, j'entrevois à travers les paroles des parents, et principalement celles de la mère, qu'ils se sentent sans cesse jugés dans l'exercice de leur parentalité par l'école ; ce qui m'amène à penser que, peut-être, la situation active un sentiment inconscient de culpabilité qu'ils auraient pu ressentir à la naissance de Raphael, celle-ci n'ayant pu être menée à terme et remettant en question leurs capacités à être des parents « suffisamment bons ». On peut envisager que ce sentiment inconscient interfère dans les relations parents-école. Quoi qu'il en soit, depuis cet évènement, les relations entre les parents et l'école se présentent comme un affrontement permanent (lors de la consultation ultérieure à la réunion, Monsieur et Madame se représentaient la réunion comme un « combat » dans lequel, les intervenants scolaires « attaquaient » leur enfant et le consultant « prenait sa défense »). Ces conflits se matérialisent par des malentendus et ce que l'on peut entendre comme des actes manqués. Par exemple, L'institutrice a indiqué aux parents que Raphael n'avait pas rendu des travaux demandés alors qu'après vérification, il les avait effectivement rendus, ce qui a alimenté le sentiment des parents d'être stigmatisés. On entre alors dans un véritable cercle vicieux rigidifiant les positions de chacun.

Dès lors, comment le clinicien peut-il restituer sa compréhension de la situation afin de désenclaver les ruptures ? Outre le fait que les parents de Raphael ne soient pas encore arrivés à un « insight » approchant la dynamique familiale décrite ci-dessus, il n'est pas question que les professionnels de l'école aient accès à ce degré d'intimité concernant la famille. En effet, ces éléments, s'ils doivent être repris, le seront dans l'espace de la consultation thérapeutique. Mais je crois que de pointer les conséquences des conflits sur les représentations et les actions de chacun, lors d'une concertation commune autour de l'enfant (qui témoigne bien d'une volonté de faire avancer les choses), permet de remettre en route l'élaboration subjective et la prise de conscience de ce que chacun met en jeu personnellement par ces attitudes. Il s'agit également de replacer l'enfant dans cette dynamique interrelationnelle, d'où l'intérêt de pouvoir signifier que les divergences le situent probablement dans un conflit de loyauté qui le dessert.

3/ Réflexion personnelle sur la transmission informative entre professionnels

Comme je l'ai déjà stipulé, la présence des parents dans ce type de concertation oblige intuitivement les professionnels à un positionnement déontologique qui est parfois « oublié » lorsqu'ils sont absents. Bien que l'intérêt de telles concertations ne soit pas à remettre en question, le clinicien doit redoubler de vigilance quant aux informations qu'il transmet pour ne pas se laisser à ce qui s'apparente, selon moi, à des « conversations entre collègues » plus qu'à une réflexion commune visant le mieux être de l'enfant. J'ai pu entrevoir les biais de ce type de réunion lors d'une CLE où l'assistante sociale du collège posait la question d'une mesure éducative pour un jeune garçon présentant des problèmes de comportement au collège. Ce dernier est en rupture avec sa mère depuis quelques mois et vit depuis ce temps chez son père qui avoue être débordé dans l'éducation de son fils. Nous réfléchissions à ce que Monsieur figure de son histoire dans l'exercice de sa parentalité lorsque certains professionnels posèrent des questions sur le deuxième enfant de Madame et la place de son père (différent du premier). Ayant reçu une fois en consultation cet enfant et son père, Monsieur m'avait exposé la situation familiale dans son ensemble et je possédais donc ces informations. Toutefois, il ne m'a pas paru nécessaire de partager celles-ci avec l'ensemble des intervenants puisque nous cherchions à savoir quel sens pourrait avoir une mesure éducative pour l'autre enfant. Cette partie de l'histoire familiale n'aurait, à mon avis, pas éclairé davantage notre réflexion mais aurait simplement répondu à la curiosité des participants de la réunion. Il en aurait sûrement été autrement si nous avions parlé de son frère. Sans restituer les enjeux des conflits conjugaux des parents en question, j'ai par contre jugé utile de faire savoir que Monsieur avait conscience de l'importance de maintenir le lien entre son enfant et la mère de celui-ci, et de sa préoccupation concernant les difficultés de son fils, qui laissent envisager la coopération que nous pouvons attendre de sa part si l'on met en place l'aide éducative. Il s'agit donc bien de s'attacher à ne pas déborder des missions qui nous sont attribuées par nos professions.

Discussion :

Par les réflexions qui ont donné lieu à cet écrit, il me semble pouvoir dire que la transmission, sous toutes les formes qu'elle comprend et les processus qui y sont inhérents, recouvre l'ensemble des pratiques du psychologue. Bien que la problématique ait été analysée à travers les missions du CMP, je suppose qu'elle est applicable dans beaucoup d'autres champs d'interventions du psychologue, dans des modalités différentes. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un véritable exercice de réflexion à renouveler sans cesse en tenant compte de la singularité de chaque situation.

Le clinicien est tenu de déterminer les conséquences de ses paroles sur ses interlocuteurs et de respecter l'intimité et l'intégrité de ses patients, ce qui englobe ici l'enfant et sa famille et complexifie encore la tâche. Si l'on examine les processus intrinsèques à la transmission, on distingue qu'elle ne peut se résumer à un simple échange linéaire, mais opère des transformations sur les représentations de chacune des personnes qu'elle engage. Dès lors, il parait indispensable que le psychologue ne se fige pas dans une position de détenteur d'un savoir univoque ayant pour corollaire l'illusion d'une « toute-puissance ». A l'inverse, il doit faire preuve de plasticité et être prêt à remettre en question ses propres représentations concernant le fonctionnement de l'enfant et/ou la dynamique familiale. C'est par ces transformations collectives créatrices de sens que pourra être resituée la singularité de chaque situation. Et c'est bien, entre autres, l'un des points constitutifs du travail en équipe. Si je repositionne mon observation dans le cadre du soin de l'enfant, le fait est que la problématique du petit patient s'inscrit directement dans la dynamique familiale ; l'enfant est sensible à l'état interne dans lequel est le parent qui s'occupe de lui, lui parle, et lui transmet inconsciemment des éléments qui vont colorer son monde intérieur. L'intervention clinique du psychologue se situe donc à bout portant du jeu des relations intersubjectives. A l'instar de la dynamique familiale, celles-ci pourront être transférées sur l'institution soignante, et analysées par la co-élaboration en équipe. C'est de la dimension clinique des réunions de synthèse dont il est question.

Force est de constater que ce travail est tributaire du bon fonctionnement même de l'équipe institutionnelle. Or, j'ai remarqué que les questionnements de l'équipe sur le fonctionnement de l'institution prennent actuellement une place importante dans les synthèses, au détriment de la disposition de chacun à l'élaboration des situations qui y sont rapportées. En effet, il me semble que les réformes hospitalières en cours au sein de l'EPS engendrent une remise en question des missions du CMP et de l'identité professionnelle de chacun des membres de l'équipe. J'ai l'impression que les discussions sur ce sujet donnent lieu à des échanges effervescents où les professionnels s'impliquent affectivement et personnellement avec peu de recul ; ambiance qui marque parfois la totalité de la réunion. Il est possible que ces remaniements institutionnels, qui dépassent le cadre du CMP, entrainent un sentiment d'incertitude relatif aux perspectives de l'institution et des activités de chacun, et qui affecte par là même le dynamisme et la créativité de l'équipe. Mais à ce moment-là, comment maintenir le sens de nos interventions malgré ces faits sur lesquels nous n'avons que peu de prises ?

Pour finir, il me parait opportun d'évoquer la place des transmissions écrites qui balayent l'ensemble des points que j'ai parcouru. En effet, les écrits tiennent une place importante dans les fonctions attribuées au psychologue ; qu'ils soient destinés aux parents, aux institutions extérieures ou qu'ils constituent la trace de la prise en charge dans le dossier patient. Navalet et Guérin-Carnelle (1997) repèrent deux utilisations qui peuvent être faites des écrits du psychologue : une utilisation officielle, qui en fait un outil de réflexion, et une utilisation sauvage, qui est susceptible d'en faire une arme. Le clinicien doit donc garder à l'esprit ces deux versants. Il doit s'efforcer à une véritable réflexion quant aux enjeux que ses écrits peuvent représenter.

Mais, selon moi, les écrits remplissent d'autres fonctions. Si l'on prend l'exemple de l'examen psychologique, au-delà du code de déontologie stipulant le droit des patients d'obtenir un compte-rendu compréhensible des évaluations les concernant, je pense que ce type d'écrit permet de s'assurer que les informations transmises pourront être bien comprises par la famille. J'ai effectivement décrit ci-avant que les processus de la transmission comprennent une réappropriation de l'information. En ce sens, il me semble que le compte-rendu adressé à la famille permet, entre autres, d'éviter les écueils d'une interprétation hâtive ou pervertie des conclusions du psychologue. De plus, ces écrits constitueront une trace durable de l'évaluation de l'enfant à un temps donné et favoriseront une reprise en après-coup des élaborations autour de celle-ci. Mais en ce sens, cela oblige aussi à prendre la mesure des effets de ces conclusions sur le long terme.

On peut ajouter, d'après les propositions de Roman (2007), que tout écrit contraint le psychologue à la mise en tension entre la nécessité de l'expression de ses compétences spécialisées, impliquant le recours à des notions complexes, et le souci d'un partage de sa compréhension de la problématique incluant l'usage d'un langage accessible aux parents. Le fait est que son compte-rendu doit pouvoir être adressé à un collègue comme aux parents.

D'autre part, outre l'ordonnance légale exigeant une traçabilité des soins et qui donne lieu à un archivage réglementé, les écrits du psychologue dans le dossier-patient peuvent être considérés comme garants de la continuité des soins, mais ils doivent être rédigés en tenant compte des diverses utilités qu'ils pourront avoir. Je pense qu'ils sont ainsi au croisement même de la conciliation entre l'utilité de la transmission et le respect du secret professionnel.

A la lumière de ces considérations, il me semble que ces questions, bien que touchant de prêt le sujet de mon travail, mériteraient d'être traitées indépendamment et pourraient faire l'objet d'une élaboration théorico-clinique à part entière.

Conclusion : mon expérience de stagiaire

Tout au long de cette expérience, j'ai pu appréhender les multiples facettes que comprend le travail du psychologue en CMP enfants. Ce stage a été d'une grande richesse pour la construction de mes représentations concernant ma future profession. Je m'aperçois de cet évolution quand je compare mes attitudes en début de stage et celles que j'adopte à l'heure actuelle.

Mes expériences préalables se situaient davantage auprès d'une population adulte ; ainsi, je me suis confrontée à la complexité de la clinique infantile. Par le fait que l'enfant soit en plein développement, il est plus difficile d'établir des repères quant à la structuration psychique et au développement psychoaffectif. Cela s'est confirmé, pour moi, lorsque j'ai eu à analyser des bilans psychologiques et que j'ai constaté plusieurs registres de fonctionnement, ainsi que le chevauchement de différentes problématiques.

Qui plus est, je me suis rendue compte que le psychologue doit faire preuve d'un grand sens clinique pour approcher la réalité psychique de l'enfant, qui, ne possède pas toujours les capacités de mentalisation que l'on peut attendre d'un adulte. En ce sens, il me semble que le clinicien doit pouvoir faire appel à l'infantile en lui pour développer une empathie nécessaire à la compréhension de la dynamique psychique, et qui, je pense, passe par une identification « maitrisée » à l'enfant. On peut ajouter à cet aspect que l'engagement des parents dans le soin complexifie encore ce travail empathique, puisqu'il faut se situer à différents niveaux, celui de l'enfant et de chacun des parents. Cette manoeuvre a été difficile pour moi et a donné lieu à un cheminement tout au long de mon stage. Avec du recul, je reconnais m'être un peu trop focalisée sur la réalité psychique des parents au début de mon stage, au détriment de celle de l'enfant, qui est pourtant le sujet que l'on estime souffrant. Je présume qu'il était plus facile de m'identifier aux adultes. Néanmoins, il m'apparait qu'à force de recevoir des enfants en consultation, j'ai assoupli, au moins en partie, mon fonctionnement propre, ce qui m'a permis de me défaire peu à peu de cette rigidité.

De même, il m'a fallu un certains temps avant de saisir véritablement ce qui constitue le phénomène de contre-transfert. Je pense que la reconnaissance de mon vécu émotionnel a pu émerger conjointement à l'établissement de mes repères au sein de l'institution et de l'équipe. Il est possible que l'arrivée dans un lieu nouveau, avec son histoire propre et ses modalités de fonctionnement groupal notamment, me confronta à une dose d'inconnu et me campa sur un fonctionnement trop défensif pour que je puisse m'impliquer affectivement dans les situations, ou tout du moins en avoir conscience. Au fur et à mesure, et en voyant ma référente partager son propre vécu contre-transférentiel avec moi après les consultations auxquelles j'assistais, je me suis autorisée à ressentir des affects, à les identifier et à les nommer afin de les inclure dans mes élaborations cliniques. Malgré tout, j'envisage que ma position de débutante, et le fait de n'avoir entamé mon travail psychothérapique personnel que trop récemment, ne me permettent pas de maitriser suffisamment ces phénomènes. J'ai pu m'en apercevoir, entre autres, lorsque je me suis retrouvée en face de parents relatant une histoire violente lors d'un entretien d'accueil qui, je pense, m'a effracté. Quand j'ai restitué le contenu de l'entretien à la consultante, j'ai alors eu du mal à produire un discours ordonné ; de la même manière, en confrontant mes impressions avec l'assistante sociale qui avait mené l'entretien en ma compagnie, j'ai constaté que j'avais « oublié » certaines informations. A ce moment-là, j'ai saisi l'impact des paroles de cette mère sur mon fonctionnement psychique.

A l'instar des différents points abordés ci-avant, j'ai conscience qu'il m'a fallut du temps pour être plus à mon aise en consultations. Au départ, je me sentais un peu comme une « intruse », surtout lorsqu'il s'agissait de suivis thérapeutiques déjà engagés avant mon arrivée en stage. J'avais l'impression que les patients donnaient leur accord dans le but de satisfaire au désir des consultants, mais qu'il ne s'agissait pas d'une décision totalement libre. Puis, je me suis dit que mon sentiment de gêne devait se percevoir et que cela risquait d'accentuer le leur. J'ai donc essayé de travailler ceci, et je me suis progressivement permise de prendre une place active en témoignant de ma réceptivité aux éléments amenés dans l'espace thérapeutique, en m'autorisant à intervenir oralement avec certains consultants lorsque c'était possible ou en jouant avec les enfants. De plus, ma référente, auprès de qui j'ai le plus travaillé, me présentait comme une étudiante en fin de formation, ce que j'ai éprouvé comme une valorisation aux yeux des patients ; j'estime que cela m'a aidée à admettre que j'avais effectivement une place au sein du CMP. Par ailleurs, durant la première période, il me semble que j'essayais de retirer un enseignement peut être un peu trop technique et théorique. Cette recherche prenait probablement un aspect défensif face à mes incertitudes d'étudiante en situation préprofessionnelle. Or, j'ai vite perçu que le savoir-faire clinique ne peut se transmettre tel quel, et qu'il incombe à chaque personne de composer avec sa personnalité et de créer sa propre manière de travailler. A ce moment là, j'ai pu sortir de ce qui s'apparente à une position d'identification adhésive au consultant, et je pense que mon attitude a été plus naturelle ; ce point me parait essentiel, et même inhérent, à la dimension clinique de notre profession. Cependant, j'avoue que je manque encore de confiance et que cela se traduit notamment par mes appréhensions concernant le regard du professionnel expérimenté qui mène la consultation. Je l'ai ressenti personnellement comme une position un peu surmoïque, bien que je n'ai pas la sensation que les consultants mobilisent ouvertement cette disposition.

Prendre la parole en réunion de synthèse reste encore aujourd'hui l'une de mes principales difficultés. En effet, là encore, je manque d'assurance et il sera nécessaire que je m'applique à améliorer ce point dans mes futurs lieux de travail. Sans doute ma position de stagiaire accentue cette difficulté en me fixant à une place d'élève, dans laquelle je suis là pour recevoir un enseignement. Pourtant, le médecin responsable du CMP se montrait favorable aux interventions de l'interne et de moi-même, stipulant qu'un regard neuf était porteur d'une créativité qui a parfois tendance à s'essouffler avec l'expérience. Je dois dire que j'ai l'impression de ne pas avoir pu m'intégrer auprès de l'ensemble des professionnels. Le fait est que la majeur partie d'entre eux travaille sur des temps partiels au CMP, et que je n'ai pas eu l'occasion de travailler en collaboration avec certains. Je crois que ma présence aux réunions de synthèse n'a pas suffit à me manifester comme membre à part entière de l'équipe. Toutefois, on peut retourner ce questionnement, car si je m'étais plus exprimée durant celles-ci, je me serais sûrement davantage incluse dans l'équipe.

Pour en revenir à la problématique de cet écrit, j'observe qu'à la lumière des considérations auxquelles il a mené, j'ai certainement transmis davantage d'informations que je n'aurait dû. En effet, le besoin d'être étayée dans mes élaborations m'a conduit à partager beaucoup d'éléments avec ma référente ; je pense notamment aux bilans psychologiques que j'ai réalisé à sa demande, pour des enfants qu'elle suivait en consultation. En ce sens, il m'a quelquefois était difficile de respecter le secret professionnel concernant ce que l'enfant avait mis en jeu lors de nos rencontres. Par contre, j'estime avoir fait en sorte de respecter la dignité de l'ensemble des patients avec lesquels je me suis entretenue. De même, au fur et à mesure de ma réflexion sur ce sujet, je me suis efforcée de tenir compte des enjeux soulevés lorsque j'ai eu à faire des restitutions, que ce soit à ma référente, à l'équipe ou à l'extérieur de l'institution.

A l'issue de cette expérience, je peux dire que je suis globalement satisfaite de l'enseignement que j'en ai retiré, et qu'elle a renforcé encore davantage mes aspirations à exercer le métier de psychologue clinicienne. J'ai effectué un réel travail de co-élaboration avec ma référente qui a favorisé les échanges bilatéraux entre nous. J'ai également éprouvé un grand attrait pour la clinique infantile, bien que je sois consciente qu'il me reste beaucoup de domaines d'intervention à explorer en tant que psychologue. A travers l'autonomie dont j'ai pu profiter, notamment dans la passation des bilans psychologiques, je pense avoir développé une certaine assurance qui m'a donné l'envie de démarrer ma propre pratique. Enfin, de par cette activité de terrain et l'enseignement théorique de l'université, j'estime avoir posé les bases de mon identité professionnelle. Je sais qu'elle sera sans cesse à renouveler et j'espère pouvoir affiner mon positionnement à mesure que j'acquerrais de l'expérience.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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SOLIS-PONTON, L. (dir.) (2004), La parentalité, Défi pour le troisième millénaire. Paris, PUF.

INDEX ONOMASTIQUE

· BASTIN, Thierry : 23

· BATISTA PINTO, Elizabeth : 31

· BION, Wilfred Ruprecht : 18

· BOTBOL, Michel : 29, 30

· CAILLIAU, Michel : 20, 21, 25, 26

· CHILAND, Colette : 13, 16, 19, 24

· DEBRAY, Rosine : 21, 22

· DE BUCK, Carine : 14, 26

· DECONINCK, Agnès : 20, 21, 25

· FLAIG, Eric : 15, 21, 27

· FRISCH-DESMAREZ, Christine : 14

· GUERIN-CARNELLE, Brigitte : 35

· GRANGE-SEGERAL, Evelyne : 10, 12

· HOUZEL, Didier : 9

· KAES, René : 17

· LECOUTRE, Caroline : 28, 30

· LAM, Hai : 20,21, 25

· LUSTIN, Jean-Jacques : 12, 23

· MANZANO, Juan : 17, 18

· MATOT, Jean-Paul : 12, 24

· MOREL, Alexandre : 15, 2, 27

· NAVALET, Claude : 35

· PALACIO, Francisco : 17, 18

· POUSSIN, Gérard : 18

· ROMAN, Pascal : 20, 35

· RACAMIER, Paul-Claude : 27, 28

· SASSOLAS, Marcel : 9

· VIBERT, Sarah : 15, 21, 27

· VILLAND, Michel : 25, 26

· ZILKHA, Nathalie : 17, 18

GLOSSAIRE DES SIGLES

· ASE : Aide Sociale à l'Enfance

· CATTP : Centre Thérapeutique à Temps Partiel

· CFTMEA : Classification Française des Troubles Mentaux de l'Enfant et de l'Adolescent

· CIM 10 : Classification internationale des Maladies, 10e édition

· CLE : Concertation Locale Enfance

· CMP : Centre Médico Psychologique

· EPS : Etablissement Public de Santé

· PMI : Protection Maternelle et Infantile

· RASED : Réseau d'Aides Spécialisées aux Elèves En Difficulté

* 1 HOUZEL, D (2004). Les enjeux de la parentalité. In : L. Solis-Ponton (Dir), La parentalité, Défi pour le troisième millénaire. Paris : PUF. p. 70.

* 2 Grange-Ségéral, E (2009). Les « choses » de la transmission. In : M. Sassolas (Eds), Transmissions et soins psychiques. Toulouse : Erès. p. 190.

* 3 Matot, J.-P. (2007). Le travail en réseau. In: J.-P. Matot, C. Frisch Desmarez et al. Les premiers entretiens thérapeutiques avec L'Enfant et sa famille. Paris : Dunod. p. 240.

* 4 Grange-Ségéral, E. Op. cit. p. 190.

* 5 Chiland, C. (1975). L'entretien avec l'enfant. In : C. Chiland (Ed), L'entretien Clinique. Paris : PUF. pp. 96-97.

* 6 Frisch-Desmarez, C., De buck, C. (2007). L'entretien avec l'enfant. In: J.-P. Matot, C. Frisch Desmarez et al. Les premiers entretiens thérapeutiques avec L'Enfant et sa famille. Paris : Dunod. p. 108.

* 7 Vibert, S., Morel, A., Flaig, E. (2007). Psychologues cliniciens dans un service de psychiatrie de l'adolescent. In : F. Marty (dir.), Le psychologue à l'hôpital. Paris : In Press.

* 8 Op. Cit. p. 97.

* 9 Kaës, R et al. (1993). Transmission de la vie psychique entre générations. Paris : Dunod. p. 12.

* 10 Manzano, J., Palacio-Espasa, F., Zilkha, N. (1999). Les scénarios narcissiques de la parentalité. Paris, PUF.

p. 7.

* 11 Ibid. p. 26.

* 12 Chiland, C. Op. Cit. p. 87.

* 13 Lam, H., Deconinck, A., Calliau, M. (2007). L'utilisation des bilans psychologiques, orthophoniques et psychomoteurs. In: J.-P. Matot, C. Frisch Desmarez et al. Les premiers entretiens thérapeutiques avec L'Enfant et sa famille. Paris : Dunod. p. 118.

* 14 Debray, R. (2000). L'examen psychologique de l'enfant à la période de latence. Paris, Dunod. p. 111.

* 15 Lustin (2004). Op. Cit. p. 324.

* 16 Bastin, T., Matot, J.-P. (2007). L'itinéraire de la demande. In: J.-P. Matot, C. Frisch Desmarez et al. Les premiers entretiens thérapeutiques avec L'Enfant et sa famille. Paris : Dunod. p. 48.

* 17 Chiland, C. Op. Cit. p. 95.

* 18 Villand, M. (2009). Le soin : de la diffusion à la transmission. In : M. Sassolas (Eds), Transmissions et soins psychiques. Toulouse : Erès. p. 156.

* 19 Op. Cit. p. 126.

* 20 De Buck, C., Calliau, M. Op. Cit. p. 234.

* 21 Racamier, P.-C. (1973). Le psychanalyste sans divan. Paris, Payot. p. 410.

* 22 Botbol, M., Lecoutre, C. (2004). Les parents, l'enfant et l'école. In : L. Solis-Ponton (Dir), La parentalité, Défi pour le troisième millénaire. Paris : PUF. p. 193.

* 23 Paumelle, Ph. (1973). Psychiatrie de secteur, psychiatrie communautaire -espoir ou alibi. In : P-C Racamier , le psychanalyste sans divan. Paris, Payot.

* 24 Op. Cit. p. 194.

* 25 Batista Pinto, E. et al. (2004). Le bébé prématuré, les enjeux de la parentalité. In : L. Solis-Ponton (Dir), La parentalité, Défi pour le troisième millénaire. Paris : PUF. p. 279.






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe