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Les institutions financières internationales dans la transition des PECO

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par Francois Hurstel
Université Paris IV La Sorbonne - Master 2 - DEA 2007
  

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C/ Approches particulières aux différents secteurs de l'économie

De quelle manière l'éducation a-t-elle été privatisée en Pologne ? L'étude de cet exemple particulier va nous permettre d'avoir une idée plus concrète de la privatisation et de ses théories.

La privatisation du système éducatif en Pologne a commencé presque immédiatement après l'effondrement du socialisme réel. Le 12 septembre 1990 la chambre basse du parlement (Sejm) a promulgué la loi autorisant la création d'écoles supérieures non publiques et le 7 septembre 1991 la loi concernant l'enseignement primaire et secondaire a donné le feu vert au développement du secteur privé dans cette branche éducative. Depuis, les établissements non publics sont présents à tous les niveaux. Voyons de plus près de quelle manière la privatisation du système s'est-elle opérée dans le primaire/secondaire, le supérieur ainsi que dans le secteur public, dont certains établissements ont ouvert des sections privées.

En 1999, dans l'éducation primaire et secondaire, on comptait 2 000 écoles primaires et secondaires privées qui rassemblaient environ 200 000 élèves, soit 2,5% de l'ensemble des élèves polonais. Au début des années 1990, les établissements de ce secteur ne recevaient pas encore de subventions de l'Etat mais à partir du milieu des années 1990, le budget a commencé à les financer. La part des subventions publiques dans les budgets des écoles privées pour l'année scolaire 2000-2001 a été de 35% pour les écoles primaires, 36,4% pour les collèges et 44,9% pour les lycées. Malgré cette aide considérable de l'Etat, les frais de scolarité ont augmenté. Selon un rapport de la NIK (Chambre suprême de contrôle) portant sur un contrôle réalisé en 2001 dans 11 districts et 320 communes du pays - le montant moyen mensuel des frais de scolarité était de 400 PLN, soit environ 100 euros dans les écoles primaires et de 175 PLN, soit 43,75 euros dans les établissements secondaires. Dans un pays où le niveau de vie reste bien plus bas que dans les pays d'Europe occidentale, les couches les moins favorisées, enfants de chômeurs et familles rurales sont complètement exclues de ce système élitiste.

En 1998, l'Etat a décentralisé l'ensemble du système éducatif. Depuis, les écoles primaires sont gérées et financées par les communes (gminy), alors que l'enseignement secondaire se trouve sous la tutelle des districts (powiaty). Enfin, en 1999, une nouvelle réforme est entrée en vigueur. D'un système à deux échelons - un tronc commun de huit ans pour les enfants de 7 à 15 ans, suivi d'un lycée d'enseignement général ou d'un enseignement technique ou professionnel - on est passé à un système à trois échelons, avec un échelon intermédiaire, le « gymnase » (collège) pour les 13 - 16 ans. Toutes ces réformes ont été très contestées aussi bien par les spécialistes que par les parents. La BERD a participé à la privatisation de l'éducation mais a aussi critiqué les dernières réformes. En effet, la décentralisation du financement porte en germe le développement d'inégalités régionales et d'un système éducatif à deux vitesses. Comme la Banque Mondiale en a avertit le gouvernement polonais, le contribuable de la « riche » Varsovie peut en effet verser en moyenne plus d'impôts que l'habitant de la campagne ruinée par la liquidation brutale des fermes d'Etat. La création des gymnases a aussi entraîné la liquidation des petites écoles de campagne, ce qui a provoqué les protestations des parents. Ils ont peur que leurs enfants ne soient rejetés par les collèges des écoles communales plus riches, ce qui a semblé justifié si l'on en croit les rapports internationaux.

Du point de vue quantitatif et social, c'est toutefois la privatisation de l'éducation supérieure qui constitue le phénomène le plus important. Plus de dix ans après son introduction, la population estudiantine en Pologne compte 1,8 million d'étudiants contre environ 390 000 en 1989, ce qui représente une augmentation de plus de 4 fois. Le taux de scolarisation brut, c'est-à-dire la relation la relation entre le nombre total de la population estudiantine et le nombre de la tranche d'âge 19-24 ans de la société, a atteint en 2003 43,6% contre 12,9% en 1989. En 1998, 7% de la population polonaise possédait un diplôme de formation supérieure. Cette évolution spectaculaire ne s'explique cependant pas uniquement par la privatisation, même si cette dernière, en plus d'avoir crée de la diversité dans les études, a également stimulé l'éducation supérieure publique.

Le secteur privé forme 29% de la population estudiantine, soit 52 000 étudiants. Il compte actuellement 286 établissements, mais seuls 21,1% des étudiants de ce secteur poursuivent leur enseignement dans le système régulier et journalier. Les écoles non publiques ont surtout développé des formations de type économique, telle que la gestion, le marketing, les finances. Pour ouvrir un établissement privé, il faut obtenir une autorisation du Ministère de l'Education. Le statut de l'école doit être accepté par ce ministère. Le secteur public de son côté compte 120 écoles supérieures dont 86 dépendent du Ministère de l'Education, de la Recherche et du Sport (MENiS), 34 dépendant d'autres ministères.

Dans toutes les écoles supérieures de Pologne, 80 100 enseignants sont employés, dont 17 700 professeurs, 429 directeurs de recherche avec habilitation, 3 031 maîtres de conférences, 17 500 assistants. Au début des années 1990, les grandes écoles embauchaient environ 60 000 enseignants. Plus de dix ans après, leur nombre a donc seulement augmenté de 27%. Ceci constitue une flagrante disproportion avec le développement rapide du nombre d'établissements scolaires et des étudiants. En fait, l'Etat s'est montré particulièrement avare pendant la période de transition. De 1990 à 1999, il a diminué de moitié ses dépenses budgétaires pour ce secteur, trois fois si l'on compte par étudiant. Les dépenses annuelles pour les besoins de l'éducation constituaient en 2002 en Pologne 3% du PNB, dont seulement 0,84% pour l'enseignement supérieur, alors que les pays riches dépensent en moyenne 5,3% de leur PNB. En conclusion, cette croissance du secteur de l'éducation supérieure, certes quantitativement impressionnante, a été obtenue non pas grâce à un investissement dynamique de la part de l'Etat mais, par son abdication : il a rejeté les coûts de cette « réforme » sur la société.

En 1999, la NIK a contrôlé 80 établissements scolaires non publics sur les 180 existants. Elle voulait savoir comment leur activité était surveillé, car la loi du 2 septembre 1990 ne donne pas au ministère la possibilité d'exercer un contrôle direct sur l'activité des écoles privées. Les enquêteurs ont mis en évidence leur manque d'enseignants et leur démarche purement commerciale. Ainsi, dans la très médiatisée et « élitiste » Ecole privée de journalisme « Melchior Wankowicz » à Varsovie, on a embauché des personnes n'ayant pas les qualifications d'enseignant supérieur alors même que dans son prospectus publicitaire, tous ses enseignants était abusivement présentés comme des professeurs titulaires. Dans une autre école privée (l'école de Business de Cracovie), un étudiant a fait preuve d'incroyables performances intellectuelles en commençant ses études trois ans avant la création de cette école ! Toute proportion gardée, ces exemples illustrent les défaillances qui peuvent découlées d'une privatisation trop rapide et sans contrôle externe, comme celui des IFI par exemple.

Les établissements publics ont également développé depuis 1989 tout un système d'éducation payant. Leur offre « commercial » comprend les études du soir et d'autres formations alternatives. Pour l'année académique 2003/2004, il y avait dans les écoles publiques polonaises 535 000 étudiants payant. Les recettes des frais de scolarité constituent 30% du budget des établissements publics. Le nombre d'étudiants des deux secteurs payant est de 1 055 millions, soit 58,6% du total.

A l'instar des établissements privés en général, la procédure d'entrée dans les études du soir du secteur public est facile. Les enquêteurs de NIK ont constaté que la très renommée Alma Mater - Université de Cracovie - s'est facilement adaptée à la nouvelle réalité économique du pays et n'hésite pas à « faire de l'argent ». Pour l'année universitaire 1999/2000, sa faculté de droit - malgré un quota de 500 pour les cours du soir - avait accepté tous les candidats, soit 577. Les frais de scolarité par étudiant est pour la première année de 5 000 PLN (1 250 euros) et de 3 000 PLN (750 euros) pour chaque année suivante.

Les contrôles de la NIK ont dévoilé le caractère « anarchique » du développement de l'éducation supérieure au cours de la période 1990 - 2001. Ceci a finalement poussé en 2001 le ministère de l'éducation à préparer une ordonnance définissant les standards d'éducation. En janvier 2003 on a crée la Commission Nationale d'Accréditation dont les compétences consistent à émettre une opinion sur la création d'une nouvelle école, d'une nouvelle spécialité et à contrôler la qualité de l'enseignement dans les établissements déjà existants (privés et publics). Son président considère que la mise sous contrôle de toutes les écoles prendra trois à quatre ans.

Cette brève analyse montre bien que l'éducation en Pologne, depuis sa privatisation, constitue un marché juteux. Cependant, ses professionnels et ses observateurs sont inquiets pour l'avenir et les excès se sont déjà manifestés. Cet exemple concret, nous montre pourquoi le débat sur les privatisations a été si long et passionné et qu'il n'a pas trouvé de réponse arrêtée. La privatisation de l'éducation en Pologne s'est faite très rapidement, sans aucun contrôle dans un premier temps, et sans participation importante des organisations internationales. Dans ce contexte, elle n'a pas réussi et la Pologne est obligée de revenir en arrière aujourd'hui, en réinstaurant le contrôle des établissements privés par l'Etat.

Chap. 2

Malgré leur diversité, les IFI n'ont pu répondre à tous les défis posés par la transition des PECO

1. DES IFI FORTS DE LEURS CARACTERISTIQUES ET DE LEURS EXPERIENCES

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