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Crise financière mondiale et banques islamiques

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par Yacouba Sibi
Université de Nouakchott - Maitrise Droit privé, Option Droit des Affaires  2010
  

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PARTIE I :

CRISE FINANCIÈRE MONDIALE ou

CRISE BANCAIRE : causes et origines

Depuis la fin de l'année 2007 le monde est en proie à une crise qui, par un effet domino touche toutes les sphères de la société active. De l'économie, à la finance, en passant par les banques. Encore heureux qu'elle n'ait pas entrainé de crise politique, bien qu'elle ait engendré des remous et des protestations dans les sociétés, revêtant plusieurs aspects.

Dans ce contexte généralisé de crise, les banques ont été pointées d'un doigt accusateur, notamment à travers les risques inconsidérés pris par les banquiers, et aussi à travers le système prudentiel qui devait, à défaut de prévoir, permettre d'éviter l'embourbement de la finance internationale dans un tel engrenage.

C'est pourquoi, afin de mieux comprendre ce qui s'est produit nous envisageons une étude de la gestion des risques dans la banque conventionnelle en ayant préalablement pris le soin d'expliquer la crise financière elle-même. Tenter donc de comprendre l'origine de la crise (Chapitre 1) et voir ensuite les règles prudentielles dans le système bancaire en général (Chapitre 2).

Chapitre 3 : De la crise financière à la crise des banques

En occident comme en Amérique et même dans les pays du sud, l'on est unanime sur un fait : la crise financière mondiale (chapitre1) fut à l'origine causée par les crédits hypothécaires à taux variables « subprimes » (section 1-I) accordés aux ménages moyens aux États-Unis. Les banquiers et/ou les traders8 qui ont effectué sur ces crédits une spéculation excédant la mesure (section 1-III) en prenant des risques excessifs (section 1-II) et qui, incidemment, ont par un effet de contagion enrayé le système bancaire international (section-2).

SECTION 1 : la crise financière

De prime abord une crise se définit comme un changement subit, souvent décisif, favorable ou défavorable du cours d'une maladie9. Cette définition bien que générale nous permet tout de même de définir la crise financière qui est l'objet de notre étude.

En effet la crise financière10, assimilée à tort ou à raison à la crise économique, survient lorsqu'il se produit un déséquilibre entre la sphère réelle (biens et services) et la sphère financière (banques et bourses). Au risque de faire de la tautologie on dirait bien qu'il s'agit d'une maladie, car il y a bien un déphasage, une déconnexion des entités. Alors que la crise économique, elle, a pour origine une rupture dans les relations qui unissent les différents éléments du système économique, la finance y compris.

Dès lors se pose une question fondamentale : qu'est ce qui est la base, ou qui est coupable de ce déséquilibre entre sphère réelle et sphère financière ? Comment en sommes-nous arriver à une rupture des liens ? Est-ce un fait endogène au milieu, qui en est à la base ou y a-t-il des causes exogènes ?

Afin de répondre à ces questions nous étudierons cette crise au regard de trois éléments qui nous semblent déterminants : les subprimes (paragraphe I), les risques dans la finance (paragraphe II) et la spéculation (paragraphe III)

Paragraphe I L'explication par les subprimes

Mécanisme simple pour un besoin simple voire élémentaire, dirait-on. Un ménage pauvre qui veut acquérir un logement, sans en avoir les moyens. Les banquiers et les courtiers proposent alors des crédits11 qui, plus tard feront basculer, le monde.

Tout commence aux États-Unis

8 Et/ou pour exprimer les opinions divergentes sur les « coupables » réels du déclenchement de cette crise

9 Le Petit Larousse Illustré 2009, Larousse, Juillet 2008

10 La finance est entendue comme gestion des patrimoines individuels, des patrimoines d'entreprises, et des deniers publics. C'est donc l'ensemble des professions qui ont pour objet l'argent (exemples : banques, bourses)

11 La banque accorde à ses clients des prêts

En effet, les prêts immobiliers12 sont ventilés en trois catégories : « subprime », « non-prime » et « prime ». La catégorie des « subprime » correspond au niveau de solvabilité le plus bas de l'emprunteur, le plus souvent des salariés pauvres.

Ces prêts sont accordés par un institut de crédit spécialisé ou par une banque commerciale. Ils sont garantis par une hypothèque et fonctionnent comme un véritable piège : les premières années les mensualités de remboursement sont peu importantes. Mais très rapidement le taux s'élève et peut atteindre les 18 %. Nombre de salariés pauvres ne peuvent plus alors payer leurs mensualités. C'est un système qui ne fonctionne qu'au détriment des salariés pauvres, mais qui profite à la banque et cela dans un contexte de hausse des biens immobiliers.

La conjoncture économique entraine une hausse des taux de la FED qui passent de 2 à 5,75%. Conséquence immédiate, les taux des prêts, indexés sur celui de FED augmentent et entrainent à leur tour la cessation des paiements des mensualités par les emprunteurs qui sont désormais incapables d'effectuer les remboursements. Leurs logements sont saisis et vendus aux enchères. Cette situation ne fera qu'accentuer la baisse des cours de l'immobilier.

Les banquiers et les courtiers qui avaient tablé sur une hausse des prix de l'immobilier sont pris au dépourvu et la bulle13 immobilière qu'ils ont créé se dégonfle peu à peu.

Afin de trouver une issue favorable à cette situation et se sortir de cette passe difficile dans laquelle elles se trouvent, les traders, organismes financiers et banquiers vont prendre des risques inconséquents.

Paragraphe II L'explication par les risques

Lorsqu'ils ont créés les emprunts « subprimes », les banquiers avaient pris le soin, ou du moins commis le forfait de ne pas les garder dans le bilan de leurs organismes. Ces prêts ont été titrisés14 et regroupés avec d'autres créances sur un instrument financier, le CDO15, et mis en vente sur les marchés financiers. Il faisait ainsi partie de la grande famille des ABS (Asset Backed Securities, en français « valeurs mobilières adossées à des actifs »).

Ces titres ont été plutôt bien notés par les organismes de notation16 et ont été achetés par des fonds de placement partout dans le monde. Toutes les entreprises ou organismes qui ont acquis ces CDO l'ont fait en toute connaissance de cause : ils voulaient « doper » le rendement de leurs produits grâce aux intérêts exorbitants payés par les emprunteurs du secteur des « subprime ». Ces titres se sont même retrouvés dans de très nombreuses SICAV17 qui les ont présentées comme « sans risque » à leurs souscripteurs aux fins de les disséminer dans la finance mondiale. Ainsi quand les ménages modestes n'étaient plus en mesure de rembourser, les préteurs se sont tournés vers la clientèle « ninja » (no-income, no-job, no-asset, « pas de revenu, pas de travail et pas patrimoine »). Tout cela s'est fait alors même que la plus élémentaire des règles de protections du consommateur aurait dû bannir.

Les organismes de prêts hypothécaires à risque (tel l'American Home Mortgage) ont été les premiers touchés par l'augmentation rapide des non remboursements de prêts « subprime » : il leur devenait difficile de continuer leur activité. Les fonds de placement ont suivi dans de nombreux autres pays, aux États-Unis, en Allemagne, en Australie, en France où, BNP-Paribas décidait de

12 Un prêt garanti par une hypothèque sur un bien immobilier (la garantie), qui oblige l'emprunteur à effectuer une série de paiements prédéterminés.

13 Une situation dans laquelle le prix des titres se meut, d'une manière significative, au-dessus de sa vraie valeur.

14 La logique de la titrisation est de transformer une créance bancaire en un titre pouvant faire l'objet de transactions, Alternatives économiques N° 274 de novembre 2008

15 Collateralized Debt Obligation, en français obligations adossées à des actifs

16 Moodys's, Standard and Poor's ou Fich.

17 Société d'Investissement à Capital Variable. Elle fait partie de la famille (OPCVM) Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières. Elle a pour objectif principal de gérer un portefeuille collectif de titres pour le compte de ses souscripteurs

Crise Financière Mondiale et Banques Islamiques psibiyacouba@yahoo.fr

suspendre le calcul de la valeur liquidative de trois de ses fonds qui venaient de perdre plus de 20 % en un peu moins d'une semaine.

Certaines banques utilisent aussi un mécanisme appelé l'effet levier dans lequel la banque tente de dégager des rentabilités très élevées à partir d'un capital de base limité.

À titre illustratif prenons le cas d'une banque dispose d'un capital de base de 2 millions. Elle emprunte 8 millions au taux de 5%. Avec les 10 millions réunis elle se lance dans une opération hautement risquée, mais qui lui rapporte 10%, soit 1 million. Une fois payés les intérêts de 0,4 millions, il lui reste 0,6 millions à rapporter à son capital de base, ce qui fait une rentabilité de 30% sur capitaux propres.

Quand le risque se concrétise, non seulement la rentabilité n'est pas au rendez-vous mais elle ne peut plus être à même de rembourser ses emprunts. C'est la faillite.

En analysant on se rend compte que les risques pris par les banques mais aussi par les organismes de notations et les courtiers sont hors mesure et tombent sous le coup de la censure. Mais ceux-ci dans le fond n'avaient aucune raison de ne pas faire. On se pose dès lors la question de savoir pourquoi ?

En effet, le processus de titrisation est un mécanisme de transfert de risque, car dès lors qu'on a une créance douteuse, on l'adosse à un actif afin qu'il fasse l'objet de transactions et que le risque soit partagé par tous acteurs aux mains desquels ils passent. C'est une faille du système que les banquiers exploitent. Ils se débarrassent de tout ce qui peut leur nuire.

Ils entrainent ou poussent à la spéculation sur des titres qu'ils savent de peu de valeur. D'où la nécessité de l'explication de cette crise par la spéculation.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams