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Modélisation de l'écoulement des dépôts à  vue : cas des banques commerciales camerounaises

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par CARLOS DENDI LACGNI
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur d'Application de la Statistique 2007
  

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CHAPITRE TROISIÈME : LES BANQUES COMMERCIALES DU CAMEROUN ET LA LIQUIDITÉ..47

SECTION I : Typologie des institutions financières, cadre réglementaire et prudentiel de l'activité du système bancaire camerounais 47

I.1 TYPOLOGIE DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES 48

I.1.1 La Banque centrale 48

I.1.2 Les Banques Créatrices de Monnaie (BCM) 48

I.1.3 Les Autres Institutions Bancaires (AIB) 48

I.1.4 Les Institutions Financières Non Bancaires (IFNB) 49

I.2 LES BANQUES COMMERCIALES DU CAMEROUN 49

I.2.1 Banques en activité au Cameroun et répartition du Capital Social 49

I.2.2 Fonctionnement des banques commerciales 50

I.3 CADRE RÉGLEMENTAIRE ET PRUDENTIEL INSTITUÉ PAR LA COBAC 51

I.3.1 Missions de la COBAC 51

I.3.2 Les normes prudentielles adoptées par la COBAC en 1993 52

I.3.2.1 Normes de solvabilité 52

I.3.2.2 Les normes de liquidité 53

SECTION II : La liquidité des banques au Cameroun 54

II.1 LA LIQUIDITÉ BANCAIRE 54

II.2 LES RESSOURCES DES BANQUES 56

II.3 LES DÉPÔTS DE LA CLIENTÈLE 57

II.3.1 La nature des comptes de dépôts des clients 57

II.3.2 L'évolution des dépôts par nature 60

CHAPITRE QUATRIÈME : MODÈLES D'ÉVOLUTION DES DÉPÔTS À VUE DANS LES BANQUES COMMERCIALES DU CAMEROUN 63

SECTION I : Données et méthodologie 63

I.1 LES DONNÉES ET LES SOURCES 63

I.2 LA MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL 64

SECTION II : Applications 65

II.1 DESCRIPTION DE L'ÉVOLUTION DE L'ENCOURS DES DÉPÔTS À VUE DE L'ENSEMBLE DES BANQUES CAMEROUNAISES 65

II.2 ANALYSE DES CARACTÉRISTIQUES DE LA SÉRIE 66

II.2.1 Analyse préliminaire 67

II.2.2 Analyse de la saisonnalité : 68

II.2.3 Analyse de la stationnarité de la série transformée des encours des dépôts (Log(depots)) 70

II.3 LE LIEN ENTRE LE TAUX D'INTÉRET ET LE NIVEAU DE L'ENCOURS DES DÉPÔTS À VUE 72

II.3.1 Le test de cointégration de Johansen et interprétation 73

II.3.2 Le test de causalité de Granger et interprétation 74

II.4 ÉTUDE DE LA SÉRIE DES DÉPÔTS SELON LA MÉTHODOLOGIE DE BOX ET JENKINS 75

II.4.1 L'identification et l'estimation des paramètres du modèle d'évolution de la série d'encours des dépôts à vue 75

II.4.2 La vérification et l'adéquation des trois modèles potentiels 77

II.4.2.1 Le modèle ARIMA(2,1,1) 77

II.4.2.2 Le modèle ARIMA(0,1,1) 78

II.4.2.3 Le modèle ARIMA(1,1,0) 79

II.4.3 Le choix du modèle 80

II.4.4 La prévision 80

II.5 DÉTERMINATION DE LA FONCTION D'ÉCOULEMENT 82

II.6 VITESSE ET DURÉE MOYENNE D'ÉCOULEMENT DU STOCK DES DÉPÔTS À VUE: 84

II.7 PARTIE DE L'ENCOURS DES DÉPÔTS À VUE STABLE EN FONCTION DU TEMPS 84

II.8 LIMITE DU MODÈLE D'ÉCOULEMENT DES DÉPÔTS À VUE 87

CONCLUSION GÉNÉRALE 88

BIBLIOGRAPHIE iANNEXES iii

Annexe I : Méthodologie de Box et Jenkins iii

Annexe II : Le concept de cointégration xi

Annexe III : Tableaux et figures xii

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AIB : Autres Institutions Bancaires

AIBE : Autres Institutions Bancaires Eligibles au refinancement de la BEAC

AIBNE : Autres Institutions Bancaires Non Eligibles au refinancement de la BEAC

ALM : Asset Liability Management (Gestion Actif/Passif)

BCM : Banques Créatrices de Monnaie

BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BICEC : Banque Internationale du Cameroun pour l'Epargne et le Crédit

CA : Crédit Agricole

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CLC : Crédit Lyonnais Cameroun (actuellement Société Camerounaise de
Banque, Crédit Agricole)

COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique Centrale

EBC : Ecobank Cameroun

FCFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique

FMI : Fonds Monétaire International

FRBG Fonds propres pour Risques Bancaires Généraux

IAS4 : Ingénieur d'Application de la Statistique, 4ième année

IF : Institutions Financières

IFNB : Institutions Financières Non Bancaires

Mds : Milliards

NFC : National Financial Credit Company

PIB : Produit Intérieur Brut

SCB : Société Camerounaise de Banque

SCBC : Standard Chartered Bank Cameroon

SGBC : Société Générale de Banques au Cameroun

SYSCO : Système de Cotation

UBAC : Union Bancaire d'Afrique Centrale

UBC : Union Bank of Cameroon

UMAC : Union Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale

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Tableau 1 : Principaux postes du bilan d'une banque 19

Tableau 2 : Le compte de résultat 21

Tableau 3 : Évolution des ratios de liquidité des banques du Cameroun 55

Tableau 4 : Évolution du plafond de refinancement et le taux d'utilisation 55

Tableau 5 : Résultat de l'estimation de l'équation (37) 67

Tableau 6 : Test de Dickey-Fuller Augmenté sur la série des dépôts transformés : modèle avec constante

et trend 71

Tableau 7 : Test de dickey-fuller augmenté sur la série D(Logdepots) 72

Tableau 8 : Résultat du test de causalité de Granger 74

Tableau 9 : Résultat de l'estimation du modèle ARIMA(2,1,1) 76

Tableau 10 : Résultat de l'estimation du modèle ARIMA(0,1,1) 77

Tableau 11 : Résultat de l'estimation du modèle ARIMA(1,1,0) 77

Tableau 12 : Dépôts observés et dépôts prévus par le modèle 82

Tableau 13 : Pourcentage de l'encours d'une date t stable en fonction du temps 85

Tableau 14 : Partie stable de l'encours observé en décembre 2005 en fonction du temps 86

xii

Tableau 16 : Répartition des dépôts à vue selon la nature des comptes xii

Tableau 17 : Résultats du test de cointégration entre l'encours des dépôts et le taux d'intérêt xiii

Tableau 18 : Test de Dickey-Fuller augmenté pour la variable taux xiv

Tableau 19 : Test de dickey-fuller Augmenté sur les dépôts transformés xv

Tableau 20 : Test de dickey -fuller sur la série en différence première des dépôts transformés) xvi

Tableau 21 : Test de dickey-fuller augmenté sur la série des taux transformés xviii

Tableau 22 : Test de dickey-fuller augmenté sur la série en différence première de la série des taux

transformés xix

Tableau 23 : Test ARCH sur les résidus du modèle ARIMA(2,1,1) xxi

Tableau 24 : Test ARCH sur les résidus du modèle ARIMA(0,1,1) xxii

Tableau 15: Situation de la trésorerie des banques au 31 Mars 2005

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Figure 1 : Répartition du capital social des banques commerciales en pourcentage au 31 Décembre 2004

50

Figure 2 : Évolution de la structure des ressources des banques camerounaises de 2000 à 2004 56

Figure 3 : Structure des Ressources des banques du Cameroun au 31 Décembre 2004 57

Figure 4 : Évolution de la structure des dépôts (en millions de francs CFA) 60

Figure 5 : Structure des dépôts au 31 Décembre 2006 61

Figure 6 : Évolution de l'encours des dépôts à vue des banques commerciales du 31/01/1997 au

31/12/2006 (en millions de F CFA) 66

Figure 7 : Corrélogrammes simple et partielle de la série des dépôts à vue 68

Figure 8 : Encours des dépôts à vue transformés (transformation logarithmique) 69

Figure 9 : Évolution de dépôts transformés et de ceux corrigés des variations 69

Figure 10 : Corrélogrammes simple et partielle de la série des dépôts tranformés . 70

Figure 11 : Corrélogramme des résidus 78

Figure 12 : Corrélogramme des résidus du modèle ARIMA(0,1,1) 79

Figure 13 : Dépôts estimés par le modèle et dépôts réels observés 81

Figure 14 : Répartition des dépôts par nature au 31 décembre 2004 xiiFigure 15 : Variation de l'encours des dépôts à vue en millions de F CFA xiiiFigure 16 : Évolution de la série des taux d'intérêt xviiiFigure 17 : Autocorrélogramme du carré des résidus xxi

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Le présent mémoire est l'aboutissement de quatre années de formation à l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie Appliquée. Il s'impose comme un cadre conceptuel de la gestion actif/passif pour les banques camerounaises, qui recherchent un outil leur permettant de gérer les risques de transformation et de liquidité.

Alors que les banques de la zone BEAC en général et celles du Cameroun en particulier se reprennent d'une crise qui a affecté leur système bancaire, on a constaté avec les nouvelles contraintes de gestion que les banques camerounaises sont passées à une situation de surliquidité ou l'essentiel de leurs ressources est fait de dépôts à vue. Ces ressources provenant de la clientèle, sont par définition exigibles à tout moment. Cette étude, axée sur « la modélisation de l'écoulement des dépôts à vue » se propose de concevoir un modèle qui permettra aux banques de ressortir la partie stable de leur dépôts à vue en fonction du temps. Ainsi elles pourront davantage s'impliquer dans le financement de l'économie en minimisant le risque de transformation et de liquidité.

L'intérêt principal de notre travail réside dans le fait que de nos jours, les banques sont devenues frileuses, refusant de s'impliquer dans le financement de l'économie puisqu'elles ne possèdent essentiellement que des ressources susceptibles d'être exigible du jour au lendemain. Pour cela, elles cherchent un outil pouvant leur permettre d'évaluer les risques de transformation et de liquidité liés aux dépôts à vue. Le présent document se fixe pour objectif de leur fournir un outil permettant la valorisation de ces dépôts à vue.

En espérant que cette étude permettra aux banques d'améliorer leur système de gestion des risques, nous restons réceptifs aux critiques et suggestions pouvant contribuer à la perfection de ce travail.

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La gestion des risques est une discipline aussi ancienne que les banques. Après la grave crise des années 1970 qui avait fragilisé plusieurs systèmes bancaires de part le monde, la gestion des risques bancaires est devenue un enjeu de taille pour les banques qui veulent assurer leur crédibilité, leur rentabilité et leur pérennité.

A partir de ce moment, plusieurs auteurs ont oeuvré dans la conception des méthodes en vue d'une meilleure gestion actif/passif bancaire. Pour les problématiques de risque de liquidité et de risque de taux, le Comité de Bâle, dans son document consultatif de Janvier 2001 « principles for the management and supervision of interest rate risk » recommande à chaque banque de mettre en place des modèles d'écoulement en liquidité pour chacun des produits de leur bilan. Ces modèles devant leur permettre de gérer efficacement leur liquidité.

En 1995, après de nombreuses restructurations qui ont suivi la crise bancaire en zone CEMAC, les banques de la zone en générale et celles du Cameroun en particulier sont devenues saines et très liquides. Cependant, l'examen de la structure des ressources des banques camerounaises montre qu'elles sont constituées à plus de 50% des dépôts à vue dont le retrait peut être effectué à tout moment. Dans le portefeuille des banques au Cameroun, ces ressources provenant de la clientèle représentent plus de 70% des dépôts. Et la banque s'exposerait à un risque de liquidité grave si elle utilisait mal ces ressources. D'après les recommandations du Comité de Bâle, la modélisation de l'écoulement des dépôts à vue serait d'une importance capitale pour les banques camerounaises.

Le travail fait ici constituera un outil supplémentaire dans la gestion actif/ passif bancaire au Cameroun. Puisque l'objectif que nous visons est la détermination d'un modèle d'écoulement des dépôts à vue qui permettra de filtrer la partie stable de ces dépôts en fonction du temps.

Les données que nous avons utilisées pour la modélisation sont constituées d'une série mensuelle d'encours des dépôts à vue de l'ensemble des banques commerciales allant de janvier 1997 à décembre 2006 et d'une série mensuelle d'observation sur les taux d'intérêt.

Pour atteindre nos objectifs, une analyse de la cointégration et un test de causalité de Granger nous ont permis de voir qu'au Cameroun, le niveau de l'encours des dépôts à vue ne dépend pas de l'évolution des taux d'intérêt. Autrement dit, le comportement des

clients en terme de dépôts sur leur compte à vue n'est pas influencé par les mouvements de taux d'intérêt. Ce qui voudrait dire que les niveaux atteints par les taux d'intérêt n'ont jusque là pas été significatif pour captiver l'ensemble des titulaires de comptes à vue. Puis la méthodologie de Box et Jenkins nous a permis de trouver dans la classe des modèles ARIMA, le modèle décrivant l'évolution des dépôts à vue. Il s'agit, après avoir transformé notre série par la fonction logarithme népérien, d'un modèle ARIMA(0,1,1) (Moyenne Mobile d'ordre 1 et intégré d'ordre 1). Enfin la détermination de la fonction d'écoulement nous a permis de voir qu'une fois tous les comptes des clients agrégés, l'encours ainsi obtenu est stable dans le temps. En effet d'après nos analyses, le stock des dépôts à vue pris à une date donnée mettra en moyenne 8 ans et 4 mois pour disparaître complètement du bilan. Il s'évapore à un rythme de 11,96% par mois. Ainsi, pendant un mois 88,04% de l'encours des dépôts à vue seront stables dans le bilan, 46,58% y resteront pendant 6 mois, 21,70% ne sortiront pas du bilan avant un an, les clients laisseront 4,71% du stock des dépôts à vue dans les caisses de la banque pendant deux ans.

Les résultats issus de ce travail peuvent permettre aux banques camerounaises d'améliorer la gestion de leur liquidité, de s'impliquer davantage dans le financement de l'économie, puisqu'elles disposent désormais d'un outil supplémentaire leur permettant d'évaluer le risque de transformation. La Banque Centrale pourrait utiliser la stabilité de ces dépôts à vue pour ajuster le coefficient des réserves obligatoires relatif à ce type de dépôts.

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

 

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Une banque est définie comme un établissement de crédit dont le rôle est de procurer des services financiers aux particuliers ainsi qu'aux entreprises (Encarta 2006). Leur activité principale consiste à collecter des fonds qui, mobilisés sous plusieurs formes (octroi d'un prêt par exemple), permettent de financer l'activité économique. Les fonds collectés peuvent d'une part, provenir de la clientèle qui effectue deux formes de dépôts : les dépôts à vue (c'est à dire avec possibilité de retrait à tout moment) ou les dépôts à terme (ce n'est qu'à échéance que le retrait est possible), d'autre part, être empruntés sur le marché monétaire.

Au milieu des années 80, les banques de la zone BEAC et particulièrement celles du Cameroun ont subi, une grave crise qui a entraîné d'importantes pénuries de liquidités, une faible capitalisation et une mauvaise structure de leur portefeuille. Au niveau social, cette crise bancaire a occasionné de nombreuses pertes d'emplois suite à la fermeture d'entreprises qui n'avaient plus la capacité d'accéder à leur trésorerie confiée aux banques. (cf. Marianne MBENA NGABA [2006], Gestion de la liquidité bancaire : une application au Cameroun, thèse professionnelle université de Douala)

De nombreuses restructurations ont été engagées au début des années 1990 de sorte qu'à partir de 1995, le secteur bancaire camerounais est assaini, liquide et stable grâce au dispositif réglementaire et prudentiel mis en place par la COBAC (Commission Bancaire d'Afrique Centrale, créée en janvier 1993). Les banques camerounaises, avec les nouvelles contraintes de gestion sont devenues surliquides. Avec un ratio de liquidité de 70% en 1991, elles ont atteint au 31 juin 1997 un niveau de 110,5% pour dépasser 150% en décembre 2004. (cf. rapports annuels d'activité de la COBAC)

Un autre constat est imminent dans le secteur bancaire camerounais : on constate le « paradoxe d'une forte liquidité bancaire dans une économie où le volume des crédits croît très lentement » (BEKOLO EBE [1998] cité par Marianne MBENA). La réalité est que la majorité de ressources des banques est faite de dépôts à vue (en effet d'après les données du Conseil National du Crédit, depuis la fin des opérations de restructuration, plus de 50% des ressources des banques sont des dépôts à vue dont le retrait peut être effectué à tout moment) et la banque s'exposerait à un risque de transformation et de liquidité grave si elle utilisait mal ces ressources. On remarque ainsi la «frilosité» du

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

banquier camerounais dans ses activités d'offre de crédit à cause des difficultés à évaluer le risque.

Face à cette opportunité que constitue la surliquidité bancaire et la place importante que les dépôts à vue occupent dans les ressources des banques, la préoccupation principale de ce travail est de savoir : comment on peut valoriser ces dépôts à vue. Autrement dit, quel est le modèle d'écoulement des dépôts à vue pour les banques camerounaises et quelle est la partie de ces dépôts, stable en fonction du temps que les banques pourraient utiliser pour octroyer des crédits en minimisant le risque de transformation et de liquidité ? Préoccupation pertinente surtout si on considère la banque comme un agent économique rationnel ayant pour objectif d'optimiser sa rentabilité. Le banquier camerounais devrait s'impliquer davantage dans le financement de l'économie puisque « la banque est l'un des moteurs essentiels de la croissance » (Valérie OHANNESSIAN [2007], la banque à découvert). La modélisation de l'écoulement des dépôts à vue se rapporte à un problème de gestion actif /passif bancaire et fait partie des recommandations les plus récentes du Comité de Bâle en vue d'une meilleure gestion des risques.

L'écoulement en liquidité d'un produit est généralement défini au moyen de sa fonction d'écoulement qui décrit comment le stock s'amortit dans le temps. La loi pouvant être contractuelle ou conventionnelle. La fonction d'écoulement de la production donne la probabilité qu'un franc CFA de production nouvelle (nouveau dépôt à vue par exemple) entrant à la date t dans le bilan, demeure dans ce bilan jusqu'à une date T ultérieure. Pour certains produits de type échéancé (pour lequel il existe une date de fin de contrat), la convention d'écoulement théorique correspond à l'écoulement tel qu'il est défini dans le contrat. Par exemple, lorsqu'on considère un crédit à la consommation de durée 5 ans, on peut, au moment où ce montant entre dans le bilan, définir l'écoulement contractuel du produit comme celui correspondant à l'échéancier de remboursement mis en place. Néanmoins, l'écoulement du produit qu'on choisira de retenir comme conventionnel peut être différent de cet écoulement théorique puisque le client dispose de diverses options (par exemple l'option de remboursement anticipé) qui viendront modifier la convention d'écoulement. Ainsi, on pourra choisir d'intégrer ces facteurs non contractuels, mais bien réels, dans l'écoulement conventionnel du produit. (cf. Grégory GHIEU [2003], Gestion Actif/Passif, Méthodologie et Application au Livret A).

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

Par ailleurs les dépôts à vue font partie des produits pour lesquels aucune date de fin contractuelle n'est spécifiée. En effet le contrat d'ouverture d'un compte de dépôt à vue ne spécifie pas la durée de fin de contrat. Les montants présents sur ces comptes peuvent être retirés a tout instant. Il n'existe pas d'écoulement contractuel pour ces produits et la définition d'un écoulement effectif est l'essence de notre problématique.

Ainsi, la présente étude se propose:

> de déterminer un modèle d'écoulement des dépôts à vue pour les banques camerounaises

> de ressortir la partie stable de ces dépôts en fonction du temps.

Pour atteindre ces objectifs, la revue de la littérature nous a permis de mettre en évidence les hypothèses suivantes :

Hypothèse 1 : Une fois tous les comptes à vue individuels des clients agrégés, l'encours global ainsi obtenu est stable dans le temps.

Hypothèse 2 : L'évolution des taux d'intérêt au Cameroun n'a pas un effet significatif sur le niveau de l'encours des dépôts à vue.

L'intérêt de cette étude réside dans le fait qu'elle constituera un outil supplémentaire dans la gestion actif/passif bancaire au Cameroun et permettra aux banques de s'impliquer davantage dans le financement de l'économie tout en minimisant le risque de liquidité et de transformation.

Pour résoudre notre problème, nous partirons d'une analyse de la liquidité des banques camerounaises et de la structure des ressources de ces banques pour montrer que l'essentiel de leurs ressources est fait de dépôts à vue. Puis nous utiliserons la méthodologie de Box et Jenkins pour déterminer le modèle d'écoulement de ces dépôts ainsi que la fonction d'écoulement qui nous permettra enfin de filtrer la partie stable de ces dépôts en fonction du temps.

Pour cela, nous avons structuré ce mémoire en deux grandes parties :

La première partie est consacrée à la définition des concepts et à la revue de la littérature sur les modèles de dépôts à vue. Il s'agira dans le premier chapitre de définir les risques bancaires et le concept d'écoulement, dans le second chapitre de présenter la revue des modèles de dépôts à vue. La deuxième partie est celle de l'application au cas du Cameroun. Nous présenterons les banques commerciales camerounaises et leur liquidité (Chapitre III) et après nous construirons un modèle d'écoulement des dépôts à vue pour ces banques (Chapitre IV).

REVUE DE LA LITTÉRATURE SUR LES

MODÈLES DE

Cette premiere partie est consacrée a la revue de la littérature. Elle comprend deux chapitres. Dans le premier, nous présenterons les concepts et les définitions nécessaires pour appréhender la modélisation des écoulements. Dans le deuxième, nous passerons en revue les généralités sur la modélisation des écoulements des postes du bilan d'une banque ainsi que les modeles e xistants de dépots a vue.

 
 

CHAPITRE PREMIER

 
 
 

GESTION DES RISQUES BANCAIRES ET CONCEPT
D'ÉCOULEMENT

Dans ce chapitre, nous présenterons les définitions et les concepts clés nécessaires pour appréhender la modélisation des écoulements. Le concept d'écoulement comme nous le verrons plus loin est essentiel à l'évaluation de certains risques bancaires. C'est pour cela que nous avons jugé important de passer en revue d'abord les principaux risques bancaires avant d'aborder la notion d'écoulement.

SECTION I : La firme bancaire et ses principaux risques

I.1 La firme bancaire

La banque peut être définie comme un établissement de crédit ayant pour objet de procurer des services financiers aux particuliers ainsi qu'aux entreprises, qu'elles soient privées ou publiques (Encarta 2006). Dans cette partie, nous allons présenter d'abord les activités de la banque, ensuite, selon l'activité principale exercée, les différents types de banques, les principaux postes du bilan et hors bilan, enfin le compte de résultat d'une banque.

I.1.1 L'activité de la banque

De nos jours, la monnaie sert d'intermédiaire d'échanges. Elle permet de pouvoir échanger un bien ou un service contre un autre bien/service, facilitant ainsi la circulation et l'évaluation de ces biens et services. On distingue la monnaie fiduciaire (billets de banque et pièces) et la monnaie scripturale (opérations ayant pour support les dépôts ou les crédits bancaires) et la monnaie électronique.

A certains moments, un agent économique peut disposer d'une quantité de monnaie supérieure à ses besoins. En revanche, il se peut qu'à d'autres moments, il vienne à en manquer pour répondre à ses besoins de trésorerie ou d'équipements. La banque sert ainsi d'intermédiaire entre des agents qui ont trop de disponibilités (les déposants) et ceux qui n'en ont pas assez (les emprunteurs).

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

Les clients à qui profitent les services de la banque sont : les particuliers (il s'agit de toute personne agissant en dehors de son activité professionnelle), les entreprises (il s'agit des individus ou groupes d'individus étudiés sur le plan de leur activité professionnelle), les collectivités (régions, départements, communes) et l'Etat.

L'activité principale des banques consiste à collecter des fonds qui, mobilisés sous plusieurs formes (octroi d'un prêt par exemple), permettent de financer l'activité économique. Les fonds collectés sont effectués sous deux formes :

> La collecte des dépôts : Il s'agit de l'ensemble des disponibilités confiées par les clients aux banquiers. Ces dépôts pouvant être effectués à vue (c'est-à-dire avec possibilité de retrait à tout moment) ou à terme (ce n'est qu'à échéance que le retrait est possible)

> L'emprunt sur le marché monétaire : lorsque la collecte des dépôts n'est pas

suffisante pour répondre à ses exigences, la banque peut emprunter sur le marché

monétaire qui est considéré comme le marché des capitaux à court terme.

Pour ce qui est du financement de l'économie, La banque l'assume en accordant des crédits soit par décaissement ou par caution (il s'agit dans ce cas de l'engagement pris par le banquier d'honorer la signature de son client en cas de défaillance de ce dernier). Les crédits accordés peuvent être à court terme (durée inférieure ou égale à 2 ans), à moyen terme (durée comprise entre 2 et 7 ans), long terme (durée supérieure à 7 ans).

Les banques offrent aussi à leurs clients un certain nombre de services (à savoir, service de caisse, location de coffres, conseils, gestion de portefeuille, exécution des ordres de virement, gestion des règlements par carte bancaire, opérations de change avec l'étranger, placement des emprunts de l'Etat etc.) moyennant des commissions.

I.1.2 Les différents types de banques

On distingue 4 catégories de banques selon leur activité principale1 :

> Les banques de détail ou traditionnelles : leurs activités sont principalement orientées vers une clientèle non financière (ménages, entreprises, collectivité) avec comme activité prédominante la collecte de dépôts et l'octroi de crédits ;

> Les banques de marché : elles sont spécialisées dans les opérations sur le marché des capitaux et pratiquent surtout les opérations sur titres, sur instruments

1 Cj Pascal KUATE, Cours monnaie et crédits, page 21.

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

financiers, interbancaires. Elles ne font pas d'opérations avec la clientèle non financière ;

> Les banques d'affaires : spécialisées dans les prises de participation dans l'industrie, elles se caractérisent par l'importance de leur portefeuille titres (actions, certificats d'investissement) et le montant élevé de leurs fonds propres ;

> Les banques universelles : contrairement aux banques spécialisées, elles exercent toutes les activités bancaires possibles et élargissent même leur gamme à d'autres activités non bancaires telles que l'assurance.

La photographie de la situation d'une banque à un moment donné est présentée par son bilan. Nous décrirons dans la suite les différents éléments qui constituent le bilan simplifié d'une banque.

I.1.3 Les principaux postes du bilan et hors-bilan d'une banque

Pour donner une classification de l'actif et du passif du bilan d'une banque, le premier critère utilisé est le degré de liquidité. C'est-à-dire le degré de disponibilité pour l'actif et d'exigibilité pour le passif. C'est cela qui distingue la présentation du bilan d'une banque de celle adoptée par la comptabilité traditionnelle (la présentation du bilan d'une banque se faisant donc dans l'ordre inverse). Le second critère concerne le type d'opération : on distingue les opérations avec les agents non financiers et les opérations avec les établissements de crédit.

I.1.3.1 Les principaux postes du bilan

Le bilan simplifié d'une banque regroupe les éléments de l'actif et du passif suivant :

Tableau 1 : Principaux postes du bilan d'une banque

Actif

Passif

Les avoirs liquides (caisse, avoirs en compte à la banque centrale)

Emprunts auprès de la banque centrale ou d'autres institutions financières

Les prêts à d'autres institutions financières (prêts interbancaires)

Les dépôts de la clientèle (dépôts à vue, comptes d'épargne, comptes à terme,...) ;

Les crédits à la clientèle (agents non financiers) ;

Les opérations sur titres (pensions, certificats de dépôts et obligations émises) ;

Les portefeuilles-titres (fusions, placements, participations) ;

Les fonds propres et provisions.

Les valeurs immobilisées (prêts subordonnés, immobilisations, crédit-bail,...)

 

Source : Pascal Kuaté, cours monnaie et crédit, page 21 et22

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

I.1.3.2 Le hors-bilan

Ce sont des engagements donnés ou reçus par la banque, mais qui ne donnent pas directement lieu à la mobilisation de fonds. Il s'agit des :

> Engagements de financement (par exemple, l'ouverture d'une ligne de crédit) ; > Engagements de garanties (cautions, avals) ;

> Engagements sur titres et instruments financiers à termes.

Il est à noter que la taille du hors bilan de la plupart des banques représente en moyenne plus de trois fois le montant de leur actif.

Après avoir présenté les éléments constitutifs de la situation de la banque à travers le bilan et le hors bilan, nous allons explorer dans la suite son compte de résultat.

I.1.4 Le compte de résultats

Le compte de résultats d'une banque retrace de façon exhaustive ses produits et ses charges sur une période donnée

I.1.4.1 Principaux postes du compte de résultat2

On distingue trois catégories de produits et de charges :

> Les produits et charges d'exploitation bancaire :

· Intérêts (versés ou reçus) ;

· Commissions (versées ou perçues) ;

· Gains/pertes sur opérations financières (titres, change, instruments financiers) ;

> Les autres produits et charges ordinaires, qui sont principalement constitués de:

· charges générales d'exploitation (frais de personnel et autres frais administratifs) ;

· dotations aux amortissements ;

· soldes en bénéfices ou perte, correction de valeur de créances, immobilisations, éléments de hors-bilan.

> Les produits et charges exceptionnels.

2 Cf. Pascal Kuaté cité plus haut, page 22.

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

Aux charges s'ajoute l'impôt sur les bénéfices ou une perte de l'exercice. De l'ensemble du compte de résultats se dégage un bénéfice ou une perte de l'exercice. Les frais de structure (ou frais généraux), se composent des charges générales d'exploitation et des dotations aux amortissements.

I.1.4.2 Les soldes intermédiaires de gestion

Ces grandeurs permettent de faire l'analyse des résultats, en particulier le produit net bancaire et le résultat net. On distingue généralement les soldes suivants, consignés dans le compte de résultat :

Tableau 2 : Le compte de résultat

CHARGES

PRODUITS

> Intérêts versés et Charges assimilées

> Intérêts reçus et produits assimilés

> Pertes sur opérations des

portefeuilles de négociation

> Revenus des titres à revenu variable

> Pertes sur opérations des

portefeuilles de placement et assimilés

> Commissions nettes

> Autres charges d'exploitation
bancaire nettes

> Gains sur opérations des

portefeuilles de négociations

 

> Gains sur opérations des

portefeuilles de placement et assimilés

 

> Autres produits d'exploitation bancaire nets

Solde : PRODUIT NET BANCAIRE

> Charges générales d'exploitation

 

> Dotations aux amortissements et aux provisions sur immobilisations incorporelles et corporelles

 

Solde : RESULTAT BRUT D'EXPLOITATION

> Coût du risque

 

Solde : RESULTAT D'EXPLOITATION

> Pertes sur actifs immobilisés

> Gains sur actifs immobilisés

Solde : RESULTAT COURANT AVANT IMPOT

> Résultat exceptionnel

> Résultat exceptionnel

> Impôts sur les bénéfices

> Reprises de FRBG (Fonds propres pour Risques Bancaires Généraux) et de provisions

> Dotations de FRBG (Fonds propres pour Risques Bancaires Généraux) et provisions réglementées

 

Solde : RESULTAT NET

Source : Paul Demey et al.[2003], Introduction à la gestion Actif-Passif Bancaire, Page 43,44

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

Dans la plupart des cas, la banque dans ses opérations, fait face à des risques qu'elle doit pouvoir gérer afin d'éviter de tomber en faillite. L'objet principal de notre étude étant la modélisation de l'écoulement, qui est un outil de mesure et de prévention de risque, il nous paraît important de passer en revue les principaux risques encourus par les banques.

I.2 Les risques bancaires

Comme nous l'avons mentionné plus haut, les banques assurent une fonction d'intermédiaire financier. Lorsqu'une banque combine des ressources d'origines diverses pour financer plusieurs emplois distincts, cette fonction est qualifiée d'allocation. La transformation, qui représente la deuxième fonction d'intermédiation, consiste à emprunter à une échéance courte et à placer les fonds ainsi obtenus dans des actifs de plus longs termes, ou à emprunter à taux fixe pour prêter à taux variable. C'est cette deuxième fonction qui est à l'origine de la majeure partie des risques financiers.

Après avoir présenté la typologie des risques encourus par les banques, nous examinerons ensuite les méthodes classiques mises en place pour gérer ces risques et enfin nous présenterons les recommandations faites par le Comité de Bâle pour une gestion actif/passif plus efficace.

I.2.1 Les principaux risques bancaires

En 1995, Bessis distingue deux sortes de risques (Cf. Bessis J. [1995]): les risques financiers et les risques opérationnels. Selon le comité de Bâle, « Operational risk is defined as the risk of loss resulting from inadequat or failed internal process, people and systems or from external events. This definition includes legal risk, but excludes strategic and reputational risk ». Ce risque, pouvant entraîner des pertes importantes pour la banque, doit être pris en compte dans sa gestion interne. On distingue 6 types de risques financiers3 :

> Le risque de contrepartie : c'est le risque pour un créancier de perdre définitivement sa créance dans la mesure où le débiteur ne peut pas, même en liquidant l'ensemble de ses avoirs, rembourser la totalité de ses engagements,

3 cf. Grégory GHIEU [2003] Cité plus haut, page 7.

> Le risque de liquidité pour une banque représente l'éventualité de ne pas pouvoir

faire face, à un moment donné, à ses engagements ou à ses échéances,

> Le risque de taux d'un établissement financier est celui de voir sa rentabilité ou la

valeur de ses fonds propres affectées par l'évolution des taux d'intérêt,

> Le risque de marché est le risque de pertes sur les positions du bilan et du hors

bilan à la suite de variations des prix de marché,

> Le risque de change, traduit le fait qu'une baisse des cours de change peut entraîner une perte de valeur libellée en devises étrangères.

> Le risque de solvabilité, est l'éventualité de ne pas disposer de fonds propres suffisants pour absorber les pertes éventuelles.

Certains de ces risques sont inhérents à l'activité relative à la banque commerciale et d'autres sont relatifs aux opérations de marché. En général, les risques trouvent leur origine soit dans les opérations de marché (on peut citer le risque de crédit, le risque de liquidité et le risque de marché), soit dans les opérations de la banque commerciale (le risque de crédit, le risque de taux d'intérêt, le risque de liquidité). (Grégory GHIEU [2003]).

Pour faire face à ces risques, la banque doit gérer de façon dynamique tant l'actif et le passif de son bilan que sa situation hors bilan. La modélisation de l'écoulement étant une technique de maîtrise du risque de liquidité et de taux sur le périmètre des activités commerciales de la banque, nous insisterons dans la suite sur la gestion des risques de taux et de liquidité. Rappelons que les analyses en liquidité et en taux sont extrêmement dépendantes. En effet, tout besoin en liquidité à une date donnée est financé aux conditions de taux de la date courante. Ainsi, bien qu'il soit indispensable de faire des prévisions de besoins de liquidité, cette prévision doit être complétée par une analyse du risque de taux. « Les besoins (respectivement excédents) de liquidités aux dates futures seront refinancés (respectivement placés) selon diverses modalités qui ont toutes pour particularité de porter une incertitude quant aux conditions de taux auxquelles elles seront effectuées. » (Grégory GHIEU [2003]).

I.2.2 La gestion des risques de taux et de liquidité

Le risque de taux d'intérêt est le risque de voir ses résultats affectés défavorablement par les mouvements de taux d'intérêt. Pour ce qui est de la liquidité

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

d'une banque, nous pouvons conformément au document du comité de Bâle, la définir comme la capacité de financer ses actifs et de rembourser les engagements pris au moment où ces financements ou remboursements surviennent. Le risque de liquidité se traduit donc à travers l'impossibilité de satisfaire ses engagements. Il apparaît lorsque des besoins inattendus sont subis par la banque et qu'elle ne peut y faire face à partir de ses actifs liquides. Le risque de liquidité est fondamental pour une banque. Comme le suggère la définition, une liquidité mal maîtrisée peut :

> provoquer la faillite d'une banque : en cas d'illiquidité extrême ;

> engendrer une perte d'opportunité par incapacité de financer le développement de l'activité ;

> engendrer une crise de liquidité par incapacité à honorer les engagements contractés.

Nous nous attachons dans cette partie aux méthodes d'appréhension et de quantification du risque de liquidité et du risque de taux.

Certains facteurs sont à l'origine du risque de liquidité et de taux d'intérêt. On peut citer le mouvement des taux d'intérêt (qui est un facteur important d'instabilité des résultats d'une banque) et le comportement de la clientèle (l'option de remboursement anticipé des crédits ou de retrait de tout ou d'une partie des montants placés sur son compte à vue sont quelques unes des options implicites à la portée du client de la banque). Les mouvements des taux d'intérêt influencent très fortement l'exercice de ces options par le client. Il naît alors un risque lié aux clauses optionnelles. J. Bessis en 1995 considère ce risque comme un risque de taux indirect.

Dans la suite, après avoir présenté les méthodes (ainsi que leurs limites) rencontrées dans la littérature et couramment utilisées dans les banques pour la gestion de ces risques, nous proposerons les recommandations faites par le comité de Bâle pour une gestion plus efficiente du risque de taux et de liquidité.

I.2.2.1 Les Méthodes classiques de gestion des risques de taux et de liquidité

Plusieurs méthodes sont couramment utilisées par les banques pour gérer les risques de taux et de liquidité. On peut citer la méthode des gaps, la méthode de la duration4

4Ces méthodes sont détaillées dans le document de Grégory GHIEU [2003] cité plus haut, Page 15-20.

1.2.2.1.1 Méthode des gaps

Pour évaluer l'impact du risque de taux sur le résultat global de la banque, c'est-àdire sur la marge d'intérêt, Bessis et Darmon font référence à la méthode des gaps. Cette méthode décompose un bilan bancaire en actif et en passif, contenant chacun des postes dégageant des flux caractérisés par un taux et un échéancier. Il est possible de classer ces postes par taux puis par échéance et de scinder chacune de ces classes en deux parties. L'une contenant les flux non affectés par un mouvement de taux et l'autre incluant les flux affectés par un mouvement de taux (ce sont ceux des postes à taux variables et ceux de la production nouvelle affectée par les nouveaux taux. On définit le gap (impasse) comme l'écart, à une date t, entre l'actif et le passif.

En particulier, on appelle gap à taux fixe, la différence entre l'actif et le passif non affectée par un mouvement de taux. Seuls les actifs et les passifs à taux variables sont concernés par une variation de taux. La méthode des gaps établit un échéancier de rémunérations payées ou reçues sur chacun des actifs et passifs dépendant des mouvements des taux d'intérêts en fonction de leur maturité ou de leur date de repricing5 lorsqu'ils sont à taux variable. L'amplitude du gap résultant de l'ensemble du bilan fournit alors le niveau d'exposition de la banque au risque de translation de la courbe de taux.

Relativement simple d'emploi, cette méthode est fréquemment utilisée et permet de fournir des indications sur l'apparition du résultat dans le temps.

Elle a l'inconvénient :

de ne se limiter qu'aux produits à échéanciers bien déterminés ;

> de mettre hors d'analyse l'optionalité : en effet, elle ne tient pas compte de l'impact de l'évolution des taux d'intérêt sur l'amortissement de l'encours (remboursement anticipés..) ou sur les effets de substitution (par exemple des dépôts à vue aux comptes à termes) ;

> elle n'intègre pas la production nouvelle qui va pourtant modifier la structure du bilan et par conséquent les impasses aux différentes dates futures.

1.2.1.1.2 Méthode de la duration

Dans la littérature, une autre méthode est couramment rencontrée (cf. Bitner, Darmon). Il s'agit de la méthode de la duration. Cette méthode s'intéresse à la valeur

5 Il s'agit de la date où le taux client est révisé (modifié).

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

actuelle nette de la banque et est utilisée lorsque les dirigeants souhaitent porter leur attention sur la valeur de marché de la banque et non sur une approche relative à son résultat à court terme. Dans cette méthode, on exprime l'exposition au risque de taux relative à chacun des actifs et passifs en termes de sensibilité de leur Valeur Actuelle Nette.

Le concept de duration et de sensibilité est alors utile pour évaluer l'exposition au risque de taux de la valeur de marché de la banque. Si on note V la valeur de marché d'un actif et r le taux d'intérêt, sa duration D vaut alors :

(1) (1 ) ,

+ r dv

D = -
·

v dr

La sensibilité S de cet actif vaut quant à elle :

D dv 1

(2)

= -
· ,

(1 )

+ r dr v

S =

Ainsi, si les taux augmentent de 1%, un actif de sensibilité globale S verra sa valeur augmenter de S%.

Cette méthode a l'avantage d'être très synthétique. En effet, l'ensemble des flux futurs est résumé à une seule valeur (la valeur Actuelle Nette) par le biais de l'actualisation. On peut ainsi déduire la sensibilité de cette valeur aux différents facteurs qui l'influencent, par exemple les taux d'intérêt ou le comportement des clients.

Cette méthode possède un avantage extrêmement important par rapport à la méthode des gaps. Elle permet d'intégrer les opérations optionnelles telles que les options relatives aux relations avec la clientèle puisque celles-ci peuvent être valorisées et ajoutées à la valeur obtenue par actualisation des flux futurs.

Cette méthode est limitée car elle est construite sous la seule hypothèse de translation des taux et telle qu'elle est décrite, dans les ouvrages de gestions actif/passif bancaire, elle ne permet pas d'appréhender le risque de liquidité. Elle se doit donc d'être complétée par une méthode permettant de gérer ce risque.

Les approches précédentes sont des approches statiques qui consistent à mesurer l'impact d'une variation de taux à une date donnée sur les résultats ou sur la valeur nette de l'établissement. L'analyse statique ne tient pas compte de l'évolution future du bilan (productions nouvelles), des risques de fluctuations ultérieures des taux, de leur volatilité.

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

Dans la partie suivante nous présenterons ce que recommande le comité de Bâle en vue d'une gestion plus rationnelle et efficiente des risques de liquidité et de taux.

I.2.2.2 Les recommandations du comité de Bâle6

Créé en 1974, le comité de Bâle est un mouvement international d'harmonisation des règles prudentielles. Il se réunit quatre fois par an et fait un certain nombre de recommandations relatives à la gestion bancaire. Il regroupe aujourd'hui la Belgique, le Canada, la France, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Chacun des pays est représenté par sa banque centrale. Grâce à la trentaine de groupes de travail qui se réunissent régulièrement, ce comité fait un certain nombre de recommandations relatives à la gestion bancaire. Chaque pays est ensuite libre de prendre les décisions qui conviennent le mieux à son système bancaire.

En ce qui concerne le risque de liquidité et le risque de taux, dans son document consultatif, le Comité de Bâle de Janvier 2001 consacre un chapitre aux « Principles for the Management and supervision of Interest Rate Risk » ainsi qu'un chapitre aux « principles for the Assessment of Liquidity Management in banking Organisations ». Dans ces documents, le comité considère que le niveau fondamental de gestion de la liquidité doit être la mesure de tous les flux sortant et entrant afin d'identifier où peuvent se situer les insuffisances potentielles de liquidité dans le bilan. Par ailleurs, il y est précisé qu'un aspect important de la liquidité réside dans les hypothèses de besoins futurs.

Le Comité de Bâle recommande alors de mettre en place des écoulements en liquidité pour chacun des produits du bilan de la banque. Cette modélisation devra permettre de calculer par la suite les impasses en liquidité, c'est-à-dire la différence entre les actifs et les passifs du bilan aux dates futures et de gérer de manière efficace certains risques bancaires. Le comité recommande ainsi d'effectuer à la fois des évaluations d'écoulement « statique » mais aussi « dynamique ».

Afin d'évaluer le lien entre le taux des différents produits et les taux de marché, le comité recommande aussi d'évaluer des écoulements en taux.

6 La version originale de ce document est disponible sur le site de la BIS (Bank for International Settlements) : http://www.bis.org/publ/bcbs29a.pdf, la version française se trouvant sur le site de la Banque de France

Modélisation de l'écoulement des dépôts à vue : Cas des banques commerciales du Cameroun

Le concept d'écoulement présenté à la section suivante constitue une réponse à ces souhaits.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams