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Le green business comme moteur du développement en afrique

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par Mathieu Studer
Solvay Brussels School of Economics and Management - Master en gestion 2010
  

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6 Conclusion

La situation socio économique actuelle de l'Afrique est assez préoccupante. Elle et ses populations ont été marquées par les différents faits importants de l'histoire, comme la traite des esclaves ou bien encore la colonisation. Ses événements montrent le début de la soumission économique de l'Afrique par rapport aux pays occidentaux.

La décolonisation n'a pas permis l'indépendance rêvée par les pays africains car les anciennes métropoles plaçaient et entretenaient leurs hommes de main au pouvoir. Il est vrai que des mécanismes d'aide ont été mis en place pour aider ces pays, sous certaines conditions. Ces contraintes macroéconomiques imposées par les bailleurs de fond internationaux et les Etats occidentaux n'ont fait qu'augmenter la dépendance économique des Etats africains. Les résultats de ces politiques économiques ont été désastreux : augmentation de la pauvreté, diminution du taux d'éducation, augmentation du taux de mortalité,.... Une révision des politiques de développement doit être effectuée au sein de ces pays afin de permettre leur épanouissement socio-économique cependant ces mesures s'opposent aux politiques de libre échange et de libéralisation.

Ces mesures sont multiples et variées. Cependant, la récente crise nous a prouvé qu'il est impossible ni de nier ni de minimiser l'importance du rôle de l'Etat dans ce domaine. Celui-ci ne peut financer à lui seul l'ensemble des besoins du développement, particulièrement dans les pays africains ne disposant pas de véritables politiques fiscales. Le développement nécessite un besoin en capitaux important. Paradoxalement ce sont les pays du Tiers-Monde qui financent les pays occidentaux. La mise en place de mesure limitant la fuite des capitaux permettrait l'augmentation des revenus de façon significative. De plus, une (re)nationalisation des ressources stratégiques permettrait à ces pays d'accroitre leurs capacités financière.

Par le passé, le développement de plusieurs pays a été assuré par des politiques d'industrialisation et de mesures protectionnistes vis-à-vis de ces industries. Le choix des secteurs a été primordial pour la réussite de la croissance économique. Il s'agissait de secteurs d'avenir avec un fort potentiel de développement et de demande future.

Aujourd'hui, une nouvelle ère est occupée à voir le jour, une ère écologique. Il n'est plus envisageable aujourd'hui, du moins dans les pays occidentaux de mettre sur le marché un produit qui ne tient pas compte de l'environnement. Cette nouvelle offre vient de la prise de conscience des consommateurs des conséquences du réchauffement climatique. Ceci a permis la mise en place d'un nouveau type de business : le green business.

S'agissant d'une nouvelle vague, l'Afrique et ses Etats ne doivent pas courir après ces nouvelles technologies mais prendre un nouveau train. Malheureusement, la question du réchauffement climatique et de ces conséquences sur le climat (qui sont plus dévastatrices pour l'Afrique) ne suscitent pas encore de grandes prises de conscience en Afrique. Les besoins physiologiques de base telle que boire, manger et dormir restent la principale inquiétude de ces populations.

Dans le futur, les possibilités et les potentialités du green business restent relativement limitées. Nous ne pouvons pas encore réellement estimer quel peut être le réel apport de ce business sur le développement. Cependant, il est sûr que dans certains domaines, le green business peut contribuer au développement. Les investissements de l'Etat, la gestion des ressources stratégiques, l'industrialisation ou bien encore le développement des infrastructures d'énergie sont autant de domaines dans lequel le green business peut avoir un rôle non négligeable à jouer.

Mais le green business n'est pas LA solution. Le développement passe par une augmentation des exportations, un substitut aux importations et par l'augmentation de l'offre de transport notamment. Ne sachant pas quels types de produits et/ou de services le green business permettra de développer dans le futur, il n'est pas possible de s'assurer que le commerce du green business assurera une rentrée d'argent suffisante pour la création et la croissance de ces nouvelles industries. L'augmentation et l'amélioration de l'offre de transports pour faciliter et rendre compétitif le commerce extérieur ne sont également pas compatibles avec le green business car ces mesures demandent des modifications du paysage et ont un impact négatif sur l'environnement qui sont à l'encontre des soucis du green business.

Bien que ce nouveau secteur offre de belles perspectives, beaucoup de questions restent actuellement sans réponses telles que : « quels produits le green business est-il capable de créer ? » « Les Etats africains ont-ils enfin l'indépendance politique et économique nécessaires pour prendre en main leur destin ? » ... Sans les réponses à ces questions il est difficile de trancher de manière définitive sur le rôle que le green business peut jouer dans le développement.

[1]

 
 

Bibliographie

BAD, Banque Africaine au développement, www.afdb.org

[2] Banque Africaine au développement « Politique environnementale du groupe de la Banque africaine au développement » Tunis, 2004

[3] DESERTEC, Projet de construction d'une centrale thermique dans le Sahara http://www.desertec.org/

[4] DOVI, E. « Renforcer l'épargne intérieure en Afrique », Afrique Renouveau, Vol. 22#3 (Octobre 2008)

[5] GILLIS, M. , PERKINS D.H., ROEMER, M. et SNODGRASS, D. « Economie du développement » traduction de la 4ème édition, De Boeck & Larcier s ;a ;, 1998

[6] Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) « Changement Climatique 2007 Rapport de synthèse » GIEC, Suisse, 2007

[7] HARVARD BUSINESS SCHOOL PRESS « Harvard Business Review on Green Business Strategy » Harvard Business School Press, 2007

[8] HUGON, P. « L'économie de l'Afrique » sixième édition, Paris, La découverte, 2009

[9] HUSSON, M. « Privatisations...Stopper l'hémorragie »

résumé de conférence La journée des privatisations Attac, Maroc, 2002

[10] ICA, Consortium pour les infrastructures en Afrique http://www.icafrica.org/

[11] INDEXMUNDI, données statistiques des pays www.indexmundi.com

[12] JEUNEAFRIQUE, journal en ligne spécialisé sur l'actualité africaine, www.jeuneafrique.com

internationale », Pearson Education France, Paris, 2009

[14] KUENGIENDA, M. « L'Afrique doit-elle avoir peur de la mondialisation », L'Harmattan, Paris, 2004

MILLET, D. « L'Afrique sans dette » Liège/Paris, CADTM/

[15] Syllepse, 2005

MILLET, D. « 60 questions 60 réponses sur la dette, le FMI

[16] et la Banque mondiale » Liège/Paris, CADTM/ Syllepse,
2008

[17] PNUD Programme Des Nations Unis Pour Le Développement www.undp.org

[18] PNUD « Rapport mondial sur le développement humain » New-York, 2006

[19] RUIZ CARNES, M. « De Monterrey à Doha, quels progrès dans le financement du développement » Notes de cours, Cycle d'Information Générale de la Coopération Technique Belge (CTB), Bruxelles, septembre 2009

[20] STIGLITZ, J. « Un autre monde contre le fanatisme du marché » New York, Fayard, 2006

[21] TENE, T. « Green business : l'Ile Maurice préfigure l'Afrique de demain » Article paru dans le journal « Les Afriques », 28-07-2009

[22] TOUSSAINT, E. « Comment sortir d'une économie d'endettement pour financer un développement humain durable et socialement juste ? » Notes de cours, Cycle d'Information Générale de la Coopération Technique Belge (CTB), Bruxelles, septembre 2009

[23] TREILLET, S. « L'économie du développement de Bandoeng à la mondialisation » 2ème édition, Paris, Armand Colin, 2005

[24] ZACHARIE, A. « Caractéristiques économiques des pays en voie de développement » Notes de cours, Cycle d'Information Générale de la Coopération Technique Belge (CTB), Bruxelles, septembre 2009

 
 

Annexe

6.1 Annexe 1 : Discours de Thomas Sankara

Monsieur le président, Messieurs les chefs des délégations,

Je voudrais qu'à cet instant nous puissions parler de cette autre question qui nous tiraille : la question de la dette, la question de la situation économique de l'Afrique. Autant que la paix, elle est une condition importante de notre survie. Et c'est pourquoi j'ai cru devoir vous imposer quelques minutes supplémentaires pour que nous en parlions. Le Burkina Faso voudrait dire tout d'abord sa crainte. La crainte que nous avons c'est que les réunions de l'OUA se succèdent, se ressemblent mais qu'il y ait de moins en moins d'intérêt à ce que nous faisons.

Monsieur le président, Combien sont-ils les chefs d'Etat qui sont ici présents alors qu'ils ont été dûment appelés à venir parler de l'Afrique en Afrique ?

Monsieur le président, Combien de chefs d'Etats sont prêts à bondir à Paris, à Londres, à Washington lorsque là-bas on les appelle en réunion mais ne peuvent pas venir en réunion ici à Addis-Abeba en Afrique ? Ceci est très important. [Applaudissements] Je sais que certains ont des raisons valables de ne pas venir. C'est pourquoi je voudrais proposer, Monsieur le président, que nous établissions un barème de sanctions pour les chefs d'Etats qui ne répondent pas présents à l'appel. Faisons en sorte que par un ensemble de points de bonne conduite, ceux qui viennent régulièrement, comme nous par exemple, [Rires] puissent être soutenus dans certains de leurs efforts. Exemples : les projets que nous soumettons à la Banque africaine de développement (BAD) doivent être affectés d'un coefficient d'africanité. [Applaudissements] Les moins africains seront pénalisés. Comme cela tout le monde viendra aux réunions. Je voudrais vous dire, Monsieur le président, que la question de la dette est une question que nous ne saurions occulter. Vous-même vous en savez quelque chose dans votre pays où vous avez dû prendre des décisions courageuses, téméraires même. Des décisions qui ne semblent pas du tout être en rapport avec votre âge et vos cheveux blancs. [Rires] Son Excellence le président Habib Bourguiba qui n'a pas pu venir mais qui nous a fait délivrer un important message a donné cet autre exemple à l'Afrique, lorsque en Tunisie, pour des raisons économiques, sociales et politiques, il a dû lui aussi prendre des décisions courageuses. Mais, Monsieur le président, allons-nous continuer à laisser les chefs d'Etats chercher individuellement des solutions au problème de la dette avec le risque de créer chez eux des conflits sociaux qui pourraient mettre en péril leurs stabilités et même la construction de l'Unité

africaine ? Ces exemples que j'ai cités - il y en a bien d'autres - méritent que les sommets de l'OUA apportent une réponse sécurisante à chacun de nous quant à la question de la dette. Nous estimons que la dette s'analyse d'abord de par son origine. Les origines de la

dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l'argent, ce sont eux qui nous ont colonisés. Ce sont les mêmes qui géraient nos Etats et nos économies. Ce sont les colonisateurs qui endettaient l'Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. Nous sommes étrangers à cette dette. Nous ne pouvons donc pas la payer. La dette c'est encore le néo-colonialisme ou les colonialistes qui se sont transformés en « assistants techniques ». En fait, nous devrions dire en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des

« bailleurs de fonds ». Un terme que l'on emploie chaque jour comme s'il y avait des hommes dont le « bâillement » suffirait à créer le développement chez d'autres. Ces bailleurs de fonds nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des dossiers et des montages financiers alléchants. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C'est-à-dire que l'on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus. La dette sous sa forme actuelle, est une reconquête savamment organisée de l'Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l'esclave financier, c'est-à-dire l'esclave tout court, de ceux qui ont eu l'opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l'obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette. Ce n'est pas une question morale. Ce n'est point une question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas rembourser.

Monsieur le président, Nous avons écouté et applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu'elle est intervenue ici même. Elle a dit, elle qui est européenne, que toute la dette ne peut pas être remboursée. Je voudrais simplement la compléter et dire que la dette ne peut pas être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d'abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre si nous payons, c'est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également. Ceux qui nous ont conduits à l'endettement ont joué comme au casino. Tant qu'ils gagnaient, il n'y avait point de débat. Maintenant qu'ils perdent au jeu, ils nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. Non, Monsieur le président, ils ont joué, ils ont perdu, c'est la règle du jeu. Et la vie continue. [Applaudissements] Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n'avons pas de quoi payer. Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu'au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c'est-à-dire la dette de sang. C'est notre sang qui a été versé. On parle du Plan Marshall qui a refait l'Europe économique. Mais l'on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l'Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs économies étaient menacées, leurs stabilités étaient menacées. Qui a sauvé l'Europe ? C'est l'Afrique. On en parle très peu. On en parle si peu que nous ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas chanter nos louanges, nous avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l'Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du nazisme. La dette, c'est aussi la conséquence des affrontements. Lorsqu'aujourd'hui on nous parle de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n'est pas venue de façon subite. La crise existe de tout temps et elle ira en s'aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leurs droits face aux exploiteurs. Il y a crise aujourd'hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus. Il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l'étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l'Afrique. Il y a crise parce que face à ces richesses individuelles que l'on peut nommer,

les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos et les bas-quartiers. Il y a crise parce que les peuples partout refusent d'être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et l'exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s'inquiéter. On nous demande aujourd'hui d'être complices de la recherche d'un équilibre. Equilibre en faveur des tenants du pouvoir financier. Equilibre au détriment de nos masses populaires. Non ! Nous ne pouvons pas être complices. Non ! Nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples. Nous ne pouvons pas les accompagner dans leurs démarches assassines.

Monsieur le président, Nous entendons parler de clubs - Club de Rome, Club de Paris, Club de Partout. Nous entendons parler du Groupe des Cinq, des Sept, du Groupe des Dix, peut-être du Groupe des Cent. Que sais-je encore ? Il est normal que nous ayons aussi notre club et notre groupe. Faisons en sorte que dès aujourd'hui Addis-Abeba devienne également le siège, le centre d'où partira le souffle nouveau du Club d'AddisAbeba. Nous avons le devoir aujourd'hui de créer le Front uni d'Addis-Abeba contre la dette. Ce n'est que de cette façon que nous pourrons dire aujourd'hui, qu'en refusant de payer, nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse mais au contraire dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique. Ceux qui veulent exploiter l'Afrique sont les mêmes qui exploitent l'Europe. Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d'Addis-Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saura être payée. Quand nous disons que la dette ne saura être payée ce n'est point que nous sommes

contre la morale, la dignité, le respect de la parole. Nous estimons que nous n'avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n'y a pas la même morale. La Bible, le Coran ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité. Il faudra qu'il y ait deux éditions de la Bible et deux éditions du Coran. [Applaudissements] Nous ne pouvons pas accepter leur morale. Nous ne pouvons pas accepter que l'on nous parle de dignité. Nous ne pouvons pas accepter que l'on nous parle du mérite de ceux qui paient et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne paieraient pas. Nous devons au contraire dire que c'est normal aujourd'hui que l'on préfère reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre quand il vole ne commet qu'un larcin, une peccadille tout juste pour survivre et par nécessité. Les riches, ce sont eux qui volent le fisc, les douanes. Ce sont eux qui exploitent le peuple.

Monsieur le président, Ma proposition ne vise pas simplement à provoquer ou à faire du spectacle. Je voudrais dire ce que chacun de nous pense et souhaite. Qui, ici, ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée ? Celui qui ne le souhaite pas peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à la Banque mondiale payer. [Applaudissements] Je ne voudrais pas que l'on prenne la proposition du Burkina Faso comme celle qui viendrait de la part de jeunes sans maturité, sans expérience. Je ne voudrais pas non plus que l'on pense qu'il n'y a que les révolutionnaires à parler de cette façon. Je voudrais que l'on admette que c'est simplement l'objectivité et l'obligation. Je peux citer dans les exemples de ceux qui ont dit de ne pas payer la dette, des révolutionnaires comme des non-révolutionnaires, des jeunes comme des vieux. Je citerai par exemple : Fidel Castro. Il a déjà dit de ne pas payer. Il n'a pas mon âge même s'il est révolutionnaire. Egalement François Mitterrand a dit que les pays africains ne peuvent pas payer, que les pays pauvres ne peuvent pas payer. Je citerai Madame le premier ministre de Norvège. Je ne connais pas son âge et je m'en voudrais de le lui demander. [Rires et applaudissements] Je voudrais citer également le président Félix Houphouët-Boigny. Il n'a pas mon âge. Cependant il a déclaré officiellement et publiquement qu'au moins pour

ce qui concerne son pays, la dette ne pourra être payée. Or la Côte d'Ivoire est classée parmi les pays les plus aisés d'Afrique. Au moins d'Afrique francophone. C'est pourquoi, d'ailleurs, il est normal qu'elle paie plus sa contribution ici. [Applaudissements]

Monsieur le président, Ce n'est donc pas de la provocation. Je voudrais que très sagement vous nous offriez des solutions. Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne pouvons pas payer la dette. Non pas dans un esprit belliqueux, belliciste. Ceci, pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence ! Par contre, avec le soutien de tous, dont j'ai grand besoin, [Applaudissements] avec le soutien de tous, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de payer nous pourrons consacrer nos maigres ressources à notre développement. Et je voudrais terminer en disant que nous pouvons rassurer les pays auxquels nous disons que nous n'allons pas payer la dette, que ce qui sera économisé n'ira pas dans les dépenses de prestige. Nous n'en voulons plus. Ce qui sera économisé ira dans le développement. En particulier nous éviterons d'aller nous endetter pour nous armer car un pays africain qui achète des armes ne peut l'avoir fait que contre un autre pays africain. Quel pays africain ici peut s'armer pour se protéger de la bombe nucléaire ? Aucun pays n'est capable de le faire. Des plus équipés aux moins équipés. Chaque fois qu'un pays africain achète une arme c'est contre un Africain. Ce n'est pas contre un Européen. Ce n'est pas contre un pays asiatique. Par conséquent nous devons également dans la lancée de la résolution de la question de la dette trouver une solution au problème de l'armement. Je suis militaire et je porte une arme. Mais Monsieur le président, je voudrais que nous nous désarmions. Parce que moi je porte l'unique arme que je possède. D'autres ont camouflé les armes qu'ils ont. [Rires et applaudissements] Alors, chers frères, avec le soutien de tous, nous pourrons faire la paix chez nous. Nous pourrons également utiliser ses immenses potentialités pour développer l'Afrique parce que notre sol et notre sous-sol sont riches. Nous avons suffisamment de quoi faire et nous avons un marché immense, très vaste du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Nous avons suffisamment de capacité intellectuelle pour créer ou tout au moins prendre la technologie et la science partout où nous pouvons les trouver.

Monsieur le président, Faisons en sorte que nous mettions au point ce Front uni d'AddisAbeba contre la dette. Faisons en sorte que ce soit à partir d'Addis-Abeba que nous décidions de limiter la course aux armements entre pays faibles et pauvres. Les gourdins et les coutelas que nous achetons sont inutiles. Faisons en sorte également que le marché africain soit le marché des Africains. Produire en Afrique, transformer en Afrique, et consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous produisons au lieu de l'importer. Le Burkina Faso est venu vous exposer ici la cotonnade, produite au Burkina Faso, tissée au Burkina Faso, cousue au Burkina Faso pour habiller les Burkinabè. Ma délégation et moi-même, nous sommes habillés par nos tisserands, nos paysans. Il n'y a pas un seul fil qui vienne d'Europe ou d'Amérique. [Applaudissements] Je ne fais pas un défilé de mode mais je voudrais simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C'est la seule façon de vivre libre et de vivre digne.

Je vous remercie, Monsieur le président.

La patrie ou la mort, nous vaincrons ! [Longs applaudissements]

Source : « Oser inventer l'avenir », la parole de Sankara, Thomas Sankara, présenté par David Gakunzi, Pathfinder et l'Harmattan, 1999.

Source http://www.groupesankara.be/spip.php?article475

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein