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Les fondements ontologiques de la liberté dans l'etre et le néant de Jean-Paul Sartre

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par Jean-Merci ENDJIKESSE
Grand Séminaire Spiritain International Père Daniel BROTTIER de Libreville - Licence 2009
  

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III.1 - La liberté comme condition première de l'action.

Le postulat de Sartre, rappelons-le, est l'affirmation de la liberté absolue de l'homme. Le nouvel humanisme qui dérive de ce postulat tracera le chemin de la véritable libération de l'homme. L'humanisme ne se réduit plus à ''l'anthropocentrisme" et à la promotion de l'homme par les sciences et les arts, comme l'ont édifié la Renaissance, Erasme, Montaigne. Avec Sartre, l'humanisme devient la libération de l'homme de toutes formes d'aliénations par l'affirmation de l'absoluité de sa liberté. C'est, en d'autres termes, donner à l'homme la possibilité de passer de "l'ignorance'' de l'rtre-en-soi à "l'age de la raison", de l'rtre-pour-soi, c'est-à-dire de l'homme responsable qui prend en main le projet de la réalisation de son existence.

L'approche sartrienne de la liberté humaine ne se pose pas dans le sens de penser selon les raisonnements déterministes ni du libre arbitre, ni de la liberté. Il convient avant tout de dégager des structures contenues dans l'idée mrme de l'action. De prime abord, il est ici question de l'agir, des champs de l'agir qu'on ne doit pas confondre avec le hasard, car pour Sartre : « agir, c'est modifier la figure du monde, c'est disposer des moyens en vue d'une fin »73, c'est produire un changement. Autrement dit, le fondement ou le principe de l'action est l'intentionnalité en ce sens que sans l'intention, on ne saurait pas imaginer un sens, une fin au fait. Sartre illustre ce propos par l'exemple suivant que : « Le fumeur maladroit qui fait, par mégarde, exploser un poudrier n'a pas agit [parce que n'ayant pas d'intention ou de présupposés d'une fin à son action] ; par contre, l'ouvrier chargé de dynamiter une carrière, et celui qui obéit aux ordres donnés a agi lorsqu'il a provoqué l'explosion prévue. Il savait en effet ce quil faisait ou, si l'on préfère, il réalisait intentionnellement un projet conscient »74. Ce qui ne signifie nullement que l'on doit prévoir toutes les conséquences de son acte, mais au moins l'on sait qu'en faisant ceci nous allons obtenir l'explosion dans un temps relativement mesuré, mrme sans en avoir dans l'esprit l'ampleur de toutes les conséquences.

En effet, agir, c'est réaliser ou mettre en oeuvre le projet de ma pensée au sens où c'est par l'adéquation du résultat et de l'intention qu'on pourra se rendre suffisant pour pouvoir parler d'une action ; et donc l'action implique nécessairement comme condition la

73 J.P. SARTRE, L'etre et le néant, essai d'ontologie phénoménologique, Paris, Gallimard, 1943, p. 487.

74 Ibid., p. 487.

reconnaissance d'un néant, un "desideratum', c'est à dire, un manque objectif ou encore une négatité

Nous venons là d'évoquer la dualité ''conscience'' et ''intention' au sens où de même que la conscience implique nécessairement un agent extérieur, l'agir implique inconditionnellement une intention. C'est dans cette intentionnalité de la conscience que

conditionnera sa pensée. En effet, la conscience n'a point de dedans : elle n'est rien d'autre
que le dehors d'elle-même. Et c'est cette fuite absolue, ce refus d'être substance qui la

conséquent la caractériser comme ''être-au-monde'' ; et en cela, l'apport principal de Sartre
sera de définir l'être de la conscience comme liberté en situation. Seule une conscience libre

dans le monde. Elle n'est jamais une liberté abstraite, indépendante du milieu social physique dans lequel elle s'incarne, mais elle est liberté concrète et individuelle en face des choses et les hommes. En ce sens, la liberté ne consiste pas à contredire la loi, mais à savoir l'interpréter et éventuellement la dépasser. C'est le rôle d'une conscience more ou adulte. On

mais à savoir que le code a pour but le respect d'autrui. Etre libre, c'est donc respecter l'autre même en l'absence du code.

L'homme est libre du fait qu'il est conscient des motifs qui sollicitent son action, ces motifs sont déjà des objets transcendants pour la conscience, ils sont dehors : « En vain chercherais-je à m'y raccrocher, j'y échappe par mon essence par delà les mobiles et motifs de mon acte [...] je suis condamné à etre libre. L'homme est libre parce qu'il n'est pas soi mais présence à soi »75. L'être qui est ce qu'il est ne saura pas être libre. La liberté c'est précisément le néant qui est au coeur de l'homme et qui contraint la réalité humaine à se faire au lieu d'être. Ainsi, pour la réalité humaine, être libre c'est choisir. La liberté n'est pas un être, elle est l'être même de l'homme c'est-à-dire son néant d'être, autrement dit, l'homme n'est point d'abord avant d'être libre ensuite ; mais il n'y a pas de différence entre l'être de l'homme et son être libre. Sartre exprime cette idée dans cette formule apparemment

75 Ibid., p. 495.

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paradoxale : « « Condamné à être libre ; mais je ne puis jamais cesser d'être libre, même dans les passions j'affirme ma liberté par le seul fait que j'existe ».

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