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Incivisme fiscal au burkina faso:etat des lieux et mesures d'atténuation

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par Djibril Sawadogo
Ecole nationale des régies financières (ENAREF) - Diplôme d'Inspecteur des impôts 2002
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GENERALE

Le système fiscal est considéré comme l'ensemble des impôts institués dans un Etat. Il désigne, au sens large, toutes les procédures d'adoption et de gestion de l'impôt, d'organisation de l'Administration fiscale ainsi que les éléments du système d'organisation et de gestion de l'économie, les influences des données culturelles et psychologiques des citoyens.

Au Burkina Faso, le système est déclaratif assorti d'une obligation de paiement spontané de l'impôt auquel le contribuable est assujetti. Cela met à la charge de celui-ci la liquidation de l'impôt supposant de ce fait qu'il ait une connaissance étendue et parfaite de ses obligations fiscales.

Auparavant, une prise de conscience de sa situation de citoyen et son sens de sacrifice sont nécessaires afin qu'il puisse mieux jouer ce rôle. En un mot une dose de civisme.

« En Latin le mot «civis» est une expression qui désigne précisément le lien social qui, par-dessus tous les rapports particuliers et tous les groupements partiels, rattache tous les membres de la nation à un corps unique de société politique.1(*) » Ce qui exige alors de ces membres un comportement citoyen. Et le pacte social est construit de différentes normes.

Ainsi, le civisme fiscal est entendu comme le comportement des contribuables qui s'efforcent de respecter leurs obligations fiscales le mieux possible d'une part et de se garder d'utiliser des méthodes d'évitement de l'impôt d'autre part.

Or, l'impôt dans sa conception moderne, est un acte de puissance publique, un prélèvement définitif, sans contrepartie et à une finalité publique. C'est donc dire que le système fiscal sert à procurer des recettes aux collectivités publiques. Celui du Burkina Faso est composé d'un ensemble hétéroclite d'impôts portant sur les revenus, sur la dépense, sur le capital et d'autres impôts locaux.

Aussi, un contribuable, de par la nature des activités qu'il mène, peut-il être assujetti à des impôts différents. Il doit subséquemment s'atteler au respect de la chaîne des obligations qui lui incombent.

Avec l'environnement économique et financier en pleine mutation, l'Etat burkinabè, face à ses missions traditionnelles, doit honorer ses engagements. L'effort contributif alors demandé aux redevables est exacerbé par l'enclavement et la pauvreté du pays qui dispose de très peu de ressources naturelles.

Les contribuables développent des méthodes d'évitement de l'impôt qui s'affinent par rapport aux efforts fournis par la Direction Générale des Impôts (D.G.I.). La perception de l'impôt rencontre de nombreuses difficultés dues à la propagation de ces types d'attitudes.

L'Etat de droit suppose que tous les citoyens aient connaissance de leurs droits et leurs devoirs au niveau de la société organisée dans laquelle ils vivent. L'application du tarif extérieur commun (T.E.C.) au sein de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (U.E.M.O.A.) dont le Burkina Faso fait partie ; en plus du rejet de l'impôt par les contribuables amènent des interrogations sur leur niveau de civisme telles que :

· Connaissent-ils à quoi sert l'impôt qu'ils paient ?

· Font-ils le lien entre la quiétude dont ils jouissent et les impôts qu'ils honorent ?

· Etablissent-ils les interactions paiement d'impôts et réalisations d'infrastructures publiques ?

· Sont-ils suffisamment imprégnés des finalités de l'impôt ?

Autant de questions qui nous amènent à la réflexion sur l'état des lieux de l'incivisme fiscal au Burkina Faso et quelles peuvent être les mesures possibles de son atténuation.

Pour ce faire, nous allons dans la première partie de notre étude essayer de situer le phénomène par la présentation non exhaustive des obligations et des avantages de notre système fiscal. Il constitue le cadre juridique permettant aux citoyens qui y sont astreints d' voir une bonne connaissance de leurs obligations.

Dans la seconde partie, nous feront un certain nombre de propositions de mesure correctives ; elles constitueront, nous l'espérons, à une meilleure perception de l'impôt. Ces propositions sont faites après une analyse profonde des multiples causes de l'incivisme fiscal. Nous ne pensons pas avoir épuisé les pistes de solutions mais nous espérons avoir ouvert des voies qui pourront être explorées et enrichies par d'autres réflexions.

TITRE I : LES ELEMENTS D'APPROCHE DE L'INCIVISME FISCAL AU BURKINA FASO

Dans cette partie, nous feront l'historique du système fiscal burkinabè pour montrer que l'impôt est une réalité sociologique mais liée à un contexte historique. Ensuite, les obligations qu'imposent le système aux citoyens seront exposées avec une mise en exergue des avantages qui s'y rattachent pour enfin dégager la notion de devoir fiscal.

Enfin, les manquements aux différentes obligations seront abordés afin de mieux situer le phénomène de l'incivisme au Burkina.

CHAPITRE I : LA PRESENTATION DU SYSTEME

FISCAL BURKINABE

Jadis dans nos sociétés traditionnelles, la soumission au chef de clan ou au Roi lorsqu'il s'agissait d'un royaume, se matérialisait, entre autres, par une contribution en nature par chaque famille. Il disposait d'un champ communautaire dans lequel il était obligatoire pour chaque individu majeur d'y venir accomplir son devoir en exécutant tous les types de travaux nécessaires au moment de la saison pluvieuse.

Cette forme de contribution très primitive est supplée aujourd'hui, grâce à la colonisation, par le système dit moderne d'imposition. Il correspond d'ailleurs à l'organisation actuelle de nos Etats souverains. Il a subit des modifications successives au cours de l'évolution économique, politique et sociale de notre pays.

Section 1 : Les fondements du prélèvement fiscal

Paragraphe 1 : les finalités du prélèvement fiscal

I - La fonction financière

Par impôt, les pouvoirs publics entendent fournir des ressources au Trésor public afin de permettre la couverture des dépenses de l'Etat. Ces dépenses dites publiques intéressent le maintient de l'ordre publique, de la défense du territoire national et les divers besoins de l'Administration générale.

Cependant, au cours de ces deux dernières décennies, les mutations intervenues dans l'environnement économique et financier, ont privilégié cette fonction car les charges de l'Etat ont connu une croissance exponentielle soutenue (Tableau 1). Les règles de gestion budgétaire préconisées dans le cadre des différents Programmes d'Ajustement Structurel ainsi que l'entame par les autorités d'une politique d'intégration économique au sein de l'U.E.M.O.A. ; donnent alors une importance à cette fonction de l'impôt.

II - la fonction socio-économique

Elle peut consister en la résolution des problèmes conjoncturels ou structurels. L'Etat utilise l'impôt de façon multiforme pour agir dans le domaine économique.

Les codes des investissements sont élaborés afin d'attirer les opérateurs privés étrangers qui ont des capitaux nécessaires à l'investissement direct ; mais il contient aussi des incitations pour les opérateurs économiques nationaux.

En effet, ces codes confèrent un statut fiscal très particulier pour les bénéficiaires avec des garanties financières et commerciales, des avantages douaniers et fiscaux, etc. (Tableau 2).

L'impôt peut aussi être utilisé directement ou indirectement pour combler « les failles du marché » notamment par la production de biens collectifs, de biens à effets externes positifs pour l'économie.

Il y a ensuite la réalisation de grandes infrastructures publiques telles que la construction de routes, de bâtiments administratifs, de grands barrages...En ce sens, l'Etat est le plus grand pourvoyeur de contrats d'ouvrages.

« L'impôt doit être établi de manière à permettre l'égalité et la justice fiscale lesquelles contribuent à la justice sociale2(*) ». En procédant à des exonérations fiscales, le législateur exclut des catégories sociales de l'effort contributif et ainsi la charge fiscale est repartie uniformément.

Par ailleurs, le jeu de taux discriminatoires du système fiscal permet la justice fiscale en nivelant le prélèvement sur les tranches de revenus des contribuables.

Dans le soucis de sauvegarder la santé de la population des biens ou des produits nocifs sont lourdement imposés pour infléchir leur consommation : l'alcool, le thé et le tabac. La ponction fiscale atteint alors 45 à 60% de leur valeur marchande.

Actuellement, dans la nouvelle conception du développement basée sur le bien être de l'individu dans son environnement économique et social, les secteurs sociaux bénéficient notamment d'énormes allocations budgétaires. Un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté sert de référentiel dans la réduction de la précarité des populations prônée dans l'initiative des pays pauvres très endettés (P.P.T.E.) dans laquelle le Burkina Faso est admis3(*).

Cependant, les méthodes d'imposition indirecte ignorent les objectifs de la justice fiscale basée sur la réclamation de la même contribution à des citoyens qui ont des capacités contributives différentes.

Pourtant, l'universalité de l'impôt, la proportionnalité de celui-ci aux facultés contributives de chacun et l'absence de traitement discriminatoires sont des facteurs qui influencent le comportement du contribuable dans le respect des obligations fiscales.

Paragraphe 2 : l'évolution du système fiscal burkinabè

I - Le système colonial d'imposition

Du troc dans le système d'échanges de nos sociétés traditionnelles à une embryonnaire financiarisation de l'économie, la fiscalité de la Haute Volta (actuel Burkina Faso) a enregistré deux (2) grandes périodes.

De la pénétration coloniale à la fin du 20ème siècle à la fin de la seconde guerre mondiale, l'Administration coloniale a réduit les chefs traditionnels en agent collecteur de l'impôt afin de soumettre les populations autochtones à l'impôt en argent et à des prestations en nature de tous genres.

Une deuxième partie allant de 1945 à l'indépendance la Haute Volta en 1960 a connu une fiscalité plus variée et moderne témoignant de l'installation d'une économie de plus en plus monétisée et élargie mais surtout de la diffusion de la règle de droit français en cette zone ouest de l'Afrique.

La plupart d'ailleurs des impôts qui constituent le système fiscal burkinabè ont été crées à ce moment, soit entre 1948 et 1958.

II - Le système post colonial d'imposition

Les années 1962 - 1965 voient naître les trois principaux codes de la fiscalité voltaïque :

* Le code des douanes en 1962 ;

* Le code de l'enregistrement, du timbre et de l'impôt sur les revenus des capitaux mobiliers (C.E.T.) en 1963;

* Le code des impôts (C.I.) en 1965.

Il s'agit de la création de nouveaux impôts et de la transformation de certains impôts d'Etat en impôts locaux.

L'époque dite de la « garangose » située entre 1968 et 1975 est caractérisée par l'abrogation de l'impôt progressif sur le revenu et des impôts fonciers sur les propriétés avec l'institution de l'impôt unique sur les traitements et salaires (I.U.T.S.) ; de l'impôt sur les revenus immobiliers (I.R.I.) ; de la taxe patronale et d'apprentissage (T.P.PA.) puis la modification de plusieurs impôts et taxes.

La période révolutionnaire (1983 - 1987) sous l'égide du Conseil National de la Révolution, a connu beaucoup de changements : suppression de la 6ème catégorie de l'impôt forfaitaire sur le revenu (I.F.R.) et de la taxe de bétail. Les décisions d'alors ont reformé l'I.R.I., imposé des produits importés à la taxe sur le chiffre d'affaires (T.C.A.) et institué plusieurs « prélèvements » plus ou moins ponctuels à caractère fiscal dans le cadre de « l'effort populaire de développement (E.P.D.) ».

Dans les années 1990, conformément aux changements institutionnels, d'importantes reformes ont été entreprises : institution de la taxe sur la valeur ajoutée et création d'une fiscalité globale pour les secteurs informels ; de l'élevage et des boissons de fabrication locale. On note également, la reforme de la contribution des patentes, la transformation de la contribution mobilière en taxe de résidence, la baisse des taux d'imposition aux bénéfices et récemment la simplification des procédures de recouvrement.

Ces diverses mutations entamées par le législateur ont pour but de permettre au prélèvement fiscal d'assumer son rôle moteur dans le développement de l'économie nationale. Ce rôle est constitué par les différentes finalités poursuivies par l'impôt évoquées ci-dessus.

Section 2 : Les droits et obligations du contribuable

Paragraphe 1 : Les obligations fiscales

Elles s'entendent comme l'ensemble des obligations instituées par la loi en matière fiscale et tout citoyen y est contraint lorsqu'il entre dans leurs champs d'application. Elles sont nombreuses et variées et on peut les classer en deux grands groupes : les obligations déclaratives et les obligations de paiement.

I - Les obligations déclaratives

Signes caractéristiques de notre système fiscal, les déclarations fiscales sont faites à l'aide d'imprimés fournis par les services des impôts. Ils sont remplis par ces derniers par inscription de leurs différents éléments d'imposition et déposés au service des impôts territorialement compétent. Ils sont quelques fois accompagnés de documents explicatifs ou complémentaires.

La déclaration d'existence, vraie pièce d'identité fiscale du contribuable, contient toutes les informations concernant la personnalité juridique, la nature des activités entreprises, les perspectifs de l'exploitation, les partenaires commerciaux immédiats, l'adresse compète ; en somme tous les renseignements à même d'orienter l'Administration fiscale dans la connaissance de celui-ci.

Ainsi, toute personne qui désire exercer une activité ou créer un établissement au Burkina Faso quelle que soit la nature ou la forme juridique, doit en faire déclaration dans le bureau d'assiette compétent dans les trente jours à compter du commencement ou de son ouverture en matière de Patente4(*) et dans les quinze jours pour les impôts et taxes indirects5(*).

Les déclarations des états financiers en matière de bénéfices contiennent, outre les éléments de revenus permettant la détermination de la base d'imposition, d'autres informations d'analyse financière et économique de l'entreprise qui doivent être souscrites dans les quatre mois et deux mois suivant l'année de réalisation pour respectivement les B.I.C. et les B.N.C6(*). Pour les sociétés d'assurance ce délai est fixé au 31 mai.7(*)

Quant à la déclaration de la taxe sur la valeur ajoutée, le délai de dépôt est fonction du régime d'imposition de l'assujetti et elle doit contenir les éléments de liquidation8(*).

Généralement, les déclarations sont des supports contenant l'identité du contribuable, son adresse, toutes les informations servant à la détermination de la base et à la liquidation de l'impôt auquel il est assujetti. Il en est ainsi pour tous les impôts ou taxes du fait déclaratif de notre système et technique d'imposition. Elles sont accompagnées souvent de bordereau de versement en ce qui concerne les impôts sur les revenus.

Par ailleurs, la périodicité des déclarations est mensuelle, trimestrielle, semestrielle ou annuelle. La tendance actuelle est à la mensualisation des déclarations des impôts sur les revenus.

En ce qui concerne les droits régit par le C.E.T. l'accomplissement de la formalité par laquelle le contribuable doit se déclaré au bureau de l'enregistrement devient obligatoire eu égard à la qualité du rédacteur de l'acte, à la nature des conventions qu'il renferme, à la profession ou à l'activité à laquelle il se rattache. Toutefois il existe aussi des actes qui ne sont pas à présenter obligatoirement à la formalité et enregistré s'ils sont présentés volontairement.

Ainsi, l'on distingue des droits d'actes exigibles seulement en cas de rédaction d'un document écrit puis des droits de mutations réclamés même en l'absence de document écrit du fait de l'existence d'une convention. La formalité de l'enregistrement constitue un mode particulier, très pratique pour le Trésor public, de taxation de la vie juridique.

Au titre des obligations en matière domaniale et foncière, le contribuable doit veiller d'une part au paiement des droits et taxes de jouissance ou de pleine propriété et d'autre part à la réalisation des investissements convenus dans les délais prescrits. Les droits de publicité foncière sont payés lorsque les actes constatent la constitution, la transmission, la déclaration, la modification et l'extinction des droits réels immobiliers9(*) obligatoire-ment inscrits au registre foncier dans les deux mois de leur date10(*). Les hypothèques de la femme mariée, du mineur et de l'interdit ainsi que les causes d'indisponibilité des immeubles doivent être inscrites dans les dix jours de leur date11(*). Sous peine d'irrecéva-bilité du dépôt, les demandes d'inscription doivent être accompagnées des pièces et documents qui les justifient12(*).

Outre ces obligations, aucune administration, aucune entreprise ne peut opposer le secret professionnel aux agents des impôts dûment assermentés qui demandent communication des documents et des renseignements en vue de l'établissement ou du contrôle de l'impôt.

II - Les obligations de paiement

Le paiement de l'impôt est généralement concomitant au dépôt de sa déclaration dans notre système fiscal. L'agencement des rubriques de déclarations des impôts régis par le code des impôts est tel que le contribuable arrive au service des impôts dont il dépend en connaissance du montant à devoir. Ainsi, qu'il s'agisse d'impôts ou taxes directs ou indirects, le paiement est immédiat au dépôt de leurs déclarations à leur date. Cette date sert au délai pour l'engagement des procédures de recouvrement.

Au niveau de l'impôt direct, c'est le contribuable réel c'est-à-dire celui qui supporte la charge fiscale procède au paiement de celui-ci. Il est en même temps le redevable légal.

Quant à l'impôt indirect, le contribuable légal est chargé de la collecte à son niveau des impôts dus par les redevables réels et de procéder ensuite à son reversement, dans un certain délai, dans les caisses du Trésor. Le contribuable légal est celui désigné par la loi pour collecter et reverser l'impôt institué. Il supporte les sanctions pécuniaires en cas de non reversement ou de détention par devers lui des fonds ainsi collectés.

Les exceptions à cette règle de paiement des impôts directs est constituée, dans un premier temps, par l'I.U.T.S. où au secteur privé ; ce sont les opérateurs économiques employeurs qui retiennent l'impôt à la source pour le reverser. Le Trésor procède à la retenue au niveau des salaires avant paiement au niveau du secteur public.

Dans un seconds temps, ce mode d'acquittement a changé à partir de 1999 pour les impôts sur les bénéfices avec l'institution des bordereaux de versement des prélèvements et des retenus à la source.

En effet, dans l'objectif d'alimenter continuellement le budget de l'Etat et d'endiguer un temps soit peu l'évasion fiscal, le législateur a adopté en 1999 une série de textes instituant les prélèvements 1% et 2% à la source d'impôt sur les B.I.C. et les retenues 5% sur l'impôt sur les B.N.C. pour les prestataires locaux et 20% pour les prestataires étrangers intervenant au Burkina Faso sans domicile fiscal. Il y a alors possibilité de reporter indéfiniment les excédents de prélèvements ou de retenues subis en crédits d'impôt. De ce fait, les sanctions encourues sont de nature répressive.

Sur la même option, une retenue de 80% opérée sur la TVA facturée par les clients des institutions semi publiques et publiques puis par les sociétés d'Etat est adoptée en 1999 et applicable pour compter du 1er janvier 2000. Ce type de précompte à la source est appliqué en impôt sur les revenus fonciers à la même période.

De manière générale, l'astreinte s'exerce sur le redevable légal porteur de l'impôt qui subit alors les sanctions en cas d'irrespect de la loi.

En matière de droits d'enregistrement, selon que l'acte éventuellement rédigé est présenté ou pas à la formalité, la perception est préalablement à charge pour l'étude de ressortir des rappels de droits immédiatement exigibles. Il faut relever l'existence de droits proportionnels, progressifs par tranches et fixes indexés sur des critères de droits de détermination des bases d'imposition des actes en cause. Les droits de timbres sont payables par apposition de timbres sur les actes à authentifier par l'autorité de police judiciaire ou lors de paiements en numéraires pour certains actes. Il arrive que les droits soient proportionnels aux montants des actes en cause.

Quant aux droits de jouissance ou une pleine propriété réclamée aux attributaires de terrains, il faut remarquer que leur paiement s'effectue dans un délai largement avantageux permettant aux acquéreurs de pouvoir s'acquitter. Le non respect entraîne la déchéance du terrain en question.

En tout état de cause, les différentes obligations sus égrenées n'ont de sens que dans le respect de leur délai respectif. Les impôts et taxes doivent être payés à leur date quel que soit le type de contribuable. Les sanctions découlent du non respect de ses échéances de paiement. Le citoyen doit alors s'organiser de sorte à pouvoir payer ses impôts à bonne date sous peine de sanctions.

La tenue d'une comptabilité régulière est exigée par la loi fiscale dans bon nombre de ses dispositions. Les obligations de facturation et de conservation des pièces comptables pendant les délais prévues par le code du commerce sont imposées afin de permettre non seulement, au contribuable d'être en règle vis-à-vis de la loi comptable mais surtout d'assurer au prélèvement une base plus sincère reflétant fidèlement la réalité de l'entreprise.

Paragraphe 2 : Les droits et les garanties du contribuable.

I - En matière d'assiette et de recouvrement

Le droit à l'égalité de traitement devant l'impôt est de rigueur car chaque contribuable doit être traité selon le régime d'imposition auquel il est assujetti. Il a le droit d'être informé de la technique de liquidation de son prélèvement.

Une fois que la créance de l'Etat naît, il est un devoir pour le redevable de payer son impôt. Cette naissance est matérialisée par des déclarations souscrites, les fiches d'imposition des services d'assiette ou des avis de redressements émis par les services de contrôle.

Le recouvrement de l'impôt suit une procédure stricte entrecoupée par le temps donné au contribuable pour réagir.

En matière d'impôts et taxes régis par le C.I., le non paiement à l'échéance entraîne la notification successive au débiteur, d'un A.M.R. et d'un A.M.D. qui, est une sommation faite au débiteur d'une imposition dûment authentifier d'un A.M.R. de se libérer et lui annonce la possibilité de poursuites par l'Administration en son encontre dans le cas de son inexécution dans le délai imparti.

En matière de droits d'enregistrement légiférés par le C.E.T., il est établi à l'encontre des débiteurs retardataires, un titre de perception. Il est visé et rendu exécutoire sans frais par le Président du Tribunal de Grande Instance territorialement compétent. Les sommes qu'il comporte sont immédiatement exigibles. Le non paiement dans le délai de quinze jours entraîne l'engagement de poursuites.

Les poursuites ou voies d'exécution sont des procédures visant à obtenir, pour le Trésor, le recouvrement forcé de sa créance. Elles s'exercent sur le patrimoine qui constitue le gage général du créancier. Elles s'effectuent par :

· La saisie des biens meubles ;

· L'avis à tiers détenteur ;

· La fermeture administrative ;

· La vente de fonds de commerce ;

· Les procédures visant les immeubles ;

· Et certaines autres procédures.

Dans tous les cas, des voies de recours s'offrent au contribuable lorsqu'il se sent abusé dans ces procédures. A ce titre, deux principales possibilités sont données au contribuable pour atténuer son imposition sous certaines conditions ou raisons bien précises.

D'une part, il s'agit du recours gracieux qui concerne les contribuables que l'indigence ou la gène empêche d'acquitter leurs impôts réguliers. Les demandes sont formulées dans le sens de la modération ou de remise d'impôts, de pénalités ou d'amendes fiscales13(*). Elles contiennent précisément lesdits montants et sont adressées au Directeur Général des Impôts ou au Ministre chargé des finances14(*) .

D'autre part, il y a le recours contentieux qui est engagé lorsque le redevables estime être objet d'imposition irrégulière en apportant les preuves devant le juge de l'impôt. Les objectifs sont de réparer lesdites erreurs issues de la liquidation de la cotisation du contribuable ou bien se voir rétablir dans ses droits légaux. Ces demandes alors nécessairement respecter les conditions de fonds et de formes requises sous peine d'irrecevabilité15(*).

Ces deux voies constituent d'essentielles garanties du contribuable face aux pouvoirs coercitifs du fisc.

II - En matière de contrôle fiscal externe

Le contrôle fiscal est un ensemble de procédures et de moyens légaux ou règlementaires qu'emploie le fisc pour s'assurer qu'une personne a été correctement imposée et s'est acquitté de ses obligations fiscales. Il s'agit ainsi de la contre partie de la « liberté » donnée aux contribuables de souscrire ses déclarations ou présentation de ses actes nécessaires à la liquidation de ses cotisations.

A cet effet, il bénéficie des garanties suivantes :

* L'envoi d'un avis de vérification huit (8) jours au minimum avant la première intervention sur place ;

* Le droit d'assistance d'un conseil de son choix ;

* Le droit d'exiger la qualité d'agent des impôts assermentés ;

* L'interdiction de vérifications répétées ;

* La garantie contre les changements de doctrine fiscale ;

* Et enfin, le droit de donner son accord écrit et signé pour tout emport de document de gestion au bureau.

La constitution de juin 1991 de notre pays stipule en son article 17 le « devoir fiscal » et pose des garanties générales issues des principes du consentement de l'impôt comme l'égalité devant l'impôt, la non rétroactivité des lois pénales plus sévère et du respect de la vie privée en cas d'investigations poussées.

En définitive, si le système fiscal même impose des obligations aux contribuables ; il leur garantie en retour des droits essentiels à leur libre contribution.

CHAPITRE I : LES MANIFESTATIONS DE

L'INCIVISME FISCAL

L'incivisme peut être défini de façon simpliste comme une absence de civisme. Il se traduit dans le comportement de citoyen par une plus grande préoccupation pour ses intérêts personnels que pour ceux de la collectivité dans laquelle il vit.

L'incivisme fiscal se caractérise par une négligence voire une ignorance totale ou mitigée des règles de conduite en matière fiscale.

Le but principal du système fiscal étant de procurer des ressources budgétaires à l'Etat et aux collectivités publiques, un mauvais comportement du contribuable face aux obligations qu'il contient fait un impact négatif sur la performance de l'impôt.

Section 1 : Les manquements aux prescription de la loi

Paragraphe 1 : Les manquements aux obligations

déclaratives

I - La fraude et ses dérivés

Définir la fraude relève d'une gageure tant les avis sont partagés au sein des fiscalistes. La doctrine s'est donnée une conception qui essaie d'être large mais en réalité le phénomène est difficile à être cerné.

1° Les défaillants

La connaissance du contribuable est faite lors de la déclaration d'existence qu'il souscrit auprès du service des impôts compétent ou le cas échéant, pendant le recensement fiscal annuel.

En matière de contributions de patente, les déclarations sont faites tardivement si elle n'est pas tardivement souscrite. L'exigence de la déclaration avant tout immatriculation au R.C/C.M. n'a pas pour autant supprimé ces défaillances constatées. Les contribuables personnes physiques ne viennent se déclarées que dans le but d'obtenir une A.S.F. pour soumissionner aux appels d'offres publics ou pour complément de dossier où est réclamé cet acte de bonne conduite devant le fisc.

Aussi, les actes à présenter obligatoirement à la formalité de l'enregistrement subissent également cette tentative d'évitement de l'impôt. En effet, les actes sous seing privés, quand ils ne sont pas présentés tardivement dans la recette de l'enregistrement compétente, ils sont simplement gardés par les parties bénéficiaires jusqu'à utilisation à d'autres transactions.

Pour ce qui concerne les droits et taxes de jouissance ou de pleine propriété, les échéances de paiement ne sont pourtant pas respectées. L'existence d'une contrepartie, la fixation d'échéances de paiement plus ou moins longues et l'absence même de fiches de taxation posent un réel paradoxe dans le comportement du contribuable. Les « restes à recouvrer » demeurés élevés face aux différentes mesures de facilitation de paiement prises à les exercices budgétaires 1998 et 1999 témoignent d'une certaine allergie à payer les droits et taxes régis par textes portant reforme agraire et foncière. Egalement, les attributaires de terrains à usage autre que d'habitation qui connaissent pourtant bien le sens de cette possession pour l'usage qui peut en être fait dans les affaires ; se refusent au respect des échéances.

Les bénéficiaires de revenus fonciers ne s'offusquent pas de négliger les obligations déclaratives en matière d'I.R.F.16(*), or la plupart des citadins vivent en location. Il existe, cependant, des pans entiers de quartier, de secteurs puis de zones bondés et non recensés de concessions louées généralement appelées « celibatérium ou cours communes» et même des magasins de stockage de marchandises ou produits inconnus.

Seules les sociétés de promotion immobilière17(*), en essor depuis quelques années, font l'exception dans le respect des ces règles fiscales.

En conséquence, ce sont les droits d'enregistrement sur les contrats de bail qui subissent cette fraude des propriétaires d'immeubles.

Pour les impôts sur les revenus des capitaux mobiliers (I.R.C. et I.R.V.M.), les déclarations d'existence et modificatives sont généralement faites. Les apports pour constituer le capital et les risques pris par les associés de même que la réglementation commerciale oblige les actionnaires à faire enregistrer les statuts et le procès verba constitutif à leur date en dépit des dispositions fiscales.

Toutefois, les procès verbaux produits au cours de la vie sociale ne sont pas présentés quand bien même cela est obligatoire18(*). Les réunions, les assemblées générales ordinaires ou extraordinaires ne produisent « curieusement » pas d'actes obligatoirement soumis à ce type d'impôt. Or, les statuts de ces personnes obligent la rédaction d'actes témoin de la vie de ses organes sous peine d'invalidité des décisions prises.

En effet, ces personnes sont le plus souvent des organisations juridiques de la gestion d'entreprise familiale où la composition du capital fait de l'actionnaire principal le véritable propriétaire et seul détenteur du pouvoir décisionnel.

En ce qui concerne les contribuables personnes physiques déclarées au service des impôts, leur comportement tendant à l'évitement de l'impôt et au refus de paiement de celui-ci.

En matière de contribution de patente et de la taxe de bien de mainmorte, les contribuables s'évertuent à souscrire des déclarations aux montants en deçà de la réalité pour payer moins. Il s'agit de l'évitement spontané mais actif de l'impôt ; il existe une conscience de devoir fiscal mais le comportement est contraire aux obligations fixées.

En matière d'impôts sur les bénéfices (B.I.C.A et B.N.C), il y a une négligence dans les délais des déclarations d'états financiers. A la clôture de chaque exercice fiscal, les contribuables obtiennent des prorogations tolérables de délais sur leur demande auprès de l'Administration fiscale qui les leurs accorde généralement.

Les raison souvent avancées sont que les portefeuille des experts comptables et comptables agrées sont si débordés qu'en fin d'exercice il leur est impossible de souscrire lesdits états dans les délais légaux. Ces attitudes qui commencent à s'installer traduisent la volonté d'affiner davantage les procédés de contournement de l'impôt en essayant de tronquer les comptabilités de leurs clients. Il est incompréhensible que des sociétés ou groupes de sociétés ne puissent pas produire actuellement en quatre mois le bilan général de leurs activités annuelles. Les relations commerciales avec l'extérieur, la compétition des entreprises tant niveau régionale qu'international ainsi que la disponibilité de l'information économique en temps réel est tel que le défaut de célérité est très dommageable pour l'entreprise. Les reports de période de souscription des états financiers semblent constituer aussi des temps de répit pour la trésorerie de l'entreprise expliquant partiellement les dernières mesures de recouvrement qui ont été prises.

De ces retards accusés dans la souscription des déclarations, le paiement n'en subit pas moins les conséquences aggravantes.

2° La dissimulation

Sévèrement sanctionné en TVA19(*), la réalisation entière de l'égalité n'est pas toujours effective entre les C.A. déclarés en TVA, en impôt sur les B.I.C., en I.M.F.P.I.C. ou en matière de prélèvements à la source. Le train de vie bien de contribuables est nettement au dessus des revenus souvent déclarés au fisc.

C'est ainsi que les marchandises traversant la frontière ne sont aucunement identifiées dans les magasins de stockage des importateurs. Certains ne disposent pas de lieu de stockage et préfèrent livrer directement les marchandises à leurs clients. D'autres, par ailleurs, les éparpillent soit en de petites boutiques disséminées à travers les villes soumises à la C.S.I., soit par de petits commerçants ambulants qui échappent à toute forme d'imposition.

L'un des procédés les plus usités consiste à disposer de deux factures distinctes pour les opérations l'une pour les affaires à présenter au service des impôts et l'autre pour réelle appréhension des activités menées. Il ressort de ce système, la confection de deux types d'états financiers en rapport avec les objectifs poursuivis.

En matière de liquidation des droits de succession, certains immeubles ne sont pas déclarés au bureau de l'enregistrement compétant. Les conventions de mutation d'immeubles sont sciemment mal qualifiées à la présentation pour les formalités. Les parties créent des soultes des soultes fictives entre elles dont la réplication au plan fiscal n'entame pas réellement les revenus que les parties ont pu engranger.

En matière d'I.U.T.S. et de T.P.A., les sociétés familiales ou les entreprises du même genre s'évertuent à ne pas déclarer leur supposés « frères » ni à la sécurité sociale ni au impôts pour enfin échapper aux deux types de prélèvements. Certes, la pise en compte de certains avantages en nature dans la liquidation de ces impôts permet de mieux cerner les salaires des cadres mais demeure toujours cette main-d'oeuvre jamais déclarée. Cependant, il existe au Burkina de milliers de jeunes gens qui, par manque d'emploi correspondant à leur qualification réelle, s'adonnent à ces « passe temps » dans l'espoirs de lendemains meilleurs.

Cette dissimulation va jusqu'au niveau des régimes d'imposition. Ainsi, de contribuables du réel normal d'imposition se retrouve au réel simplifié d'imposition ou même à la C.S.I.

3° le travestissement

Il s'apparente à de la dissimulation mais se différencie nettement par la dose de fourberie qui est ajoutée à la réalité de l'opération. Il consiste à la dénaturation d'une opération aux fins de la rendre moins ou pas du tout imposable.

En effet, au titre des charges en matière d'impôt sur les B.I.C. d'un exercice, des amortissements d'emprunt peuvent ressortir au niveau des frais et intérêts bancaires, tout comme les achats de matières premières apparaissent dans le compte d'achat de produits intermédiaires. L'objectif en comptabilité est de faire apparaître l'opération au mauvais endroit pour mieux en cacher la nature.

Dans le registre de l'I.U.T.S., des indemnités ont des qualifications non énumérées par les dispositions législatives en la matière telle que l'indemnité compensatrice allouée à un agent public détaché dans un projet de développement local. Il s'agit réellement d'un salaire alors qu'elles ne sont généralement pas imposées à cet impôt sur les salaires.

4° la technique de répercussion de l'impôt sur le prix

C'est le procédé par lequel le contribuable majore le prix des marchandises et biens vendus en y incorporant le montant de la taxe. Il se traduit par un jeu « d'inflation par la fiscalité »20(*).

Il n'est pas rare de s'entendre demander par un commerçant lors d'un achat d'article s'il faut ou pas vous facturer la TVA ? Avec les nouvelles mesures de recouvrement instaurées par la loi de finances gestion 2000 avec le prélèvement et la retenue à la source sur les impôts sur les bénéfices, ils ont été nombreux, les commerçants, à l'avoir répercuter sur les prix.

5° la fiction

Forme élaborée et pernicieuse de la fraude, elle consiste à faire état d'une situation ou d'une opération imaginaire de sorte à alléger l'impôt voire obtenir le remboursement d'un impôt qui n'a d'ailleurs pas été réellement supporté.

En effet, une société industrielle actuellement en liquidation judiciaire, d'antan fleuron de notre tissu économique, a fait les beaux jours de ce système dit « taxi » en matière de taxe sur la valeur ajoutée. Les grossistes ont ainsi échafaudé des crédits de taxe si bien que les liquidateurs ont des difficultés pour recouvrer les créances et réaliser le plan social convenu avec les partenaires sociaux.

6° l'évasion fiscale

L'évasion fiscale peut être définie comme une exploitation judicieuse des failles et insuffisances de la législation et le règlementation fiscale. Elle se pratique généralement

sans être apparemment réprimée. Elle est mise en oeuvre par les contribuables qui maîtrisent les textes et s'appuient surtout dans les dispositions relatives aux avantages légaux concédés par le système d'imposition.

C'est ainsi qu'au niveau des différents codes des investissements, il existe le bénéfice d'avantages et privilèges pour les entreprises qui ne sont pas éligibles au domaine d'application. Les semi industries, les nouveaux investisseurs étrangers et les prestataires temporaires prétendent auxdites dispositions suite aux quelques petits investissements non durables effectués.

Dans l'exécution du plan de privatisation amorcé sous l'égide des institutions de Brettons Woods, les sociétés nouvelles bénéficient non seulement des avantages liés au rachat restructuration mais également de ceux liés aux nouveaux investissements convenus.

Enfin, la ligne de démarcation entre la fraude et l'évasion fiscale est entrecoupée par endroit tant il existe des similitudes entre leur pratique et leurs conséquences.

II - Les défiances notoires à la loi fiscale

Ce sont les manifestations ultimes de l'incivisme fiscal de l'oeuvre des contribuables retors. Ils se donnent délibérément pour objectif de nuire à l'intérêt général. Ces comportements prennent la forme d'attitudes dites « grève de l'impôt », de falsification de documents fiscaux et de voies de faits.

1° la grève de l'impôt

C'est l'ensemble des actes et agissements individuels ou collectifs faits en vue de faire obstacle au recouvrement de l'impôt.

Au plan collectif, il n'est pas rare d'entendre dire dans des zones de certains marchés sont interdites aux agents des impôts. C'est sont des « zones rouges ». Généralement situés dans des marchés centraux des grandes villes du Burkina Faso ces espaces marchands ne voient pas leurs occupants imposés ou ne paient pas en cas d'imposition.

Ainsi, les « opérations spéciales de recouvrement » entamées par la DGI restent vaines quelques fois : fermeture de locaux ou hangars, marchés désertés, disparition de fiches d'imposition, etc. il s'agit réellement de zones franches informelles et illégales.

Au niveau individuel, cette situation se matérialise par la fourniture de fausses informations nécessaires à l'imposition intéressant notamment l'adresse géographique, de la désinformation sur la nature de l'activité.

2° la falsification des documents fiscaux

Elle s'attaque aux imprimés ou actes fournis au niveau des services des impôts et qui font foi devant l'autorité publique. Ce phénomène qui, ces dernières années, commence à s'enraciner dans le paysage des combines entreprises par les intermédiaires informels du fisc, pose le problème de trafic des documents administratifs. A terme, cette pratique si elle n'est pas éradiquée, écornera l'éthique administrative et par ricochet provoquer de graves préjudices à l'Etat. Ce sont des actes tranchés au plan pénal21(*).

En exemples, des titres de jouissance de terrain, des attestations de situation fiscale de même que les cachets et les scellés sont falsifiés par ces contribuables d'un autre genre.

3° les voies de faits

Elles sont constituées par l'ensemble des menaces de tous ordres faites à l'endroit de l'Administration fiscale ou de ses agents dans l'exercice de leurs fonctions ou de l'exécution de leurs taches professionnelles.

On constate qu'au quotidien les agents des impôts subissent les quolibets proférés çà et là à leur encontre lors de leur différents sorties de terrain22(*).

Paragraphe 2 : Les manquements aux obligations de

paiement

L'exigibilité ou la date d'exigibilité d'un impôt est la période ou la date à laquelle le Trésor public est fondé à réclamer le paiement de celui-ci.

Au titre des impôts directs et sauf dérogations prévues par un texte quelconque, l'exigibilité intervient deux mois après l'établissement des fiches d'imposition. Exceptionnellement, les émissions faites par les B.V.E. sont immédiatement exigibles ainsi que celles issues des situations particulières du contribuable23(*).

Quant aux impôts indirects et taxes assimilés, l'exigibilité est fixée par les dispositions propres à chaque impôt.

Les droits d'enregistrement sont immédiatement réclamés au moment de la présentation à la formalité sauf pour les cas où la loi autorise le paiement fractionné des droits ou l'enregistrement en débet24(*).

Les dates d'exigibilité ne sont généralement pas respectées par les débiteurs et enfreignent ainsi ces obligations. D'aucuns se limitent aux souscriptions des déclarations sans aligner cette obligation de paiement au même titre que celles qu'ils ont vis-à-vis des tiers partenaires. Le règlement de la dette fiscale paraît secondaire par rapport aux transactions commerciales courantes génératrices de dettes.

Nous pouvons évoquer, à titre d'exemple, le « cas taxe de jouissance » où son recouvrement est demeuré très difficile malgré la prise de mesures d'assouplissement d'apurement dans la loi de finances gestion 1998. Mesures reconduites en 1999 avec les mêmes résultats.

Au niveau des services d'assiette, il faut relever que les lettres de rappel ne sont pas encore rentrées dans les usages et peut être justifié de son inefficacité au regard de l'attitude de défiance des contribuables par une fin de non recevoir.

C'est ainsi que depuis la loi de finances pour l'exécution du budget de l'Etat gestion 2000, il est institué un système de recouvrement dont le principe de base est essentiellement la technique de retenue à la source. Il ne concerne que les contributions directes. Un jeu de déclarations est remis aux contribuables qui se charge de leur remplissage pour enfin le déposer à la Division fiscale de rattachement.

La technique consiste à imputer sur l'impôt à payer de la période, s'il y a lieu, le prélèvement ou la retenue subis en amont lors de l'achat de biens ou de services avec possibilité de report illimité de l'excédent d'impôt non imputé en crédit d'impôt. Là encore, les contribuables trouvent matière à plainte comme leur complexité de jeu d'imputation.

En somme, l'on ne peut que s'interroger à juste titre sur les complaintes et autres réticences des contribuables face aux différents acomptes sur l'impôt : n'est-ce pas ici, un indice de leur mauvaise foi dans l'accomplissement de leurs obligations de paiement voire leur propension naturelle à dissimuler ? C'est-à-dire à frauder l'impôt ?

Section 2 : Les manquements à la règlementation

Paragraphe 1 : Les infractions à la loi comptable

La comptabilité est un des instruments de gestion de l'entreprise. Elle permet une réelle connaissance de celle-ci dans son environnement économique. La tenue d'une comptabilité est prescription du droit comptable et du droit commercial. Elle permet la production régulière de documents obligatoires destinés aux propriétaires et aux partenaires de l'entreprise.

C'est un système d'informations destiné à servir de moyens de preuve et de contrôle. Le SYSCOA25(*) institue trois (3) systèmes de comptabilité en fonction de la taille des entreprises. Ces systèmes sont les suivants :

Ø Le système normal :

Il est réservé aux grandes entreprises qui doivent présenter chaque année :

* Un bilan normalisé ;

* Un compte de résultat ;

* Un tableau des ressources et des emplois (TAFIRE) ;

* Un état annexé.

Ø Le système allégé :

Il est réservé aux petites et moyennes entreprises qui doivent présenter par an :

* Un bilan allégé ;

* Un compte de résultat ;

* Un état annexé.

Ø Le système minimal de trésorerie : réservé aux très petites entreprises, il exige la tenue d'une comptabilité embryonnaire axée sur la trésorerie.

Ces documents sont les produits d'un certain nombre de pièces de base telles que les reçus, les livres de paie, les pièces de caisse, les relevés bancaires et surtout des factures produites ou reçues. Cette dernière catégorie de pièces constitue le point de départ de toute justification des opérations effectuées ou accomplies. Leur production et leur conservation sont instituées par la législation fiscale. Elles doivent obligatoirement porter les mentions énumérées par les dispositions de l'article 373 du C.I.

Les ne respectent cependant pas ces différentes règles. Même produites, elles ne sont le plus souvent pas conservées. Elles sont également détruites par les mauvaises conditions de conservation et des fois jetées.

Il y a la pratique de la double facturation des opérations pour aboutir à des deux états comptables différents utilisables selon les circonstances, les situations ou même par rapport à l'objectif poursuivi. Les écritures comptables sont mal passées.

L'absence de documents annexes obligatoires et la tenue d'uns comptabilité inadaptée à l'envergure de l'entreprise sont autant de d'infractions à la loi comptable.

Paragraphe 2 : Les infractions à la loi économique

Les contribuables fraudeurs faussent le jeu économique par leur pratique d'évitement de l'impôt. Les schémas économiques exigent une clarté des opérateurs dans leurs relations d'affaires. Le libéralisme économique que notre pays a adopté actuellement commande la saine concurrence des acteurs économiques. La fiscalité intérieure nivelle les gains de et d'autre de par son intervention à divers stades du circuit économique. Les ponctions alors opérées sont fonction de la capacité contributive de chacun.

Un contribuable qui vent ses produits sans impôts ou taxes pratique des prix en deçà de ceux du marché. Il ne supporte pas le prélèvement fiscal au même titre que les autres et du coup, il y a une concurrence déloyale. Ceux-ci se sentant lésés peuvent évidemment, à la longue, chercher à contourner l'impôt.

Section 3 : Les conséquences de l'incivisme fiscal

Le prélèvement fiscal est une prérogative de la puissance publique ; lorsqu'il est tenu en échec par l'action des citoyens, c'est l'Etat qui est alors privé des moyens de sa politique.

Paragraphe 1 : Sur le plan financier

Les impôts et taxes sont des prélèvements pécuniaires destinés à la couverture des charges publiques ou à des fins d'intervention de la puissance publique dans l'économie.

Au plan financier, l'incivisme fiscal se traduit par de mauvaises rentrées fiscales pour le budget de l'Etat. Certes, celui-ci n'est pas uniquement constitué de ressources fiscales mais également d'autres apports de partenaires unilatéraux ou multilatéraux qui viennent d'ailleurs combler le déficit budgétaire ou le besoin de financement.

Dans un pays comme le nôtre, les tensions financières dues aux mauvaises rentrées fiscales c'est-à-dire de porte que d'intérieure indisposent constamment les hautes autorités financières au plus haut point. La nécessité d'une meilleure gestion des finances publiques gage d'intégration dans l'U.E.M.O.A ; n'autorise pas de tels manquements en terme de recettes fiscales. C'est ainsi qu'un budget qui ne se réalise pas financièrement remet automatiquement en cause le programme pour lequel il a été conçu.

Paragraphe 2 : Sur le plan économique

Avec la fraude, une économie parallèle se développe car, par découragement, les contribuables auparavant honnêtes et persuadés par les mauvaises pratiques de certains ; préfèrent évoluer en dehors de toute règlementation fiscale. Les desseins de développement économique du Gouvernement sont quelques fois hypothéqués. Les grands paramètres des agrégats étant perturbés, le pilotage de l'économie est quelque peu mis en difficulté. Ce qui amène à des estimations et des prévisions qui ne reflètent pas la réalité économique du pays.

Paragraphe 3 : Sur le plan social

A ce titre, la remise en cause de la réalisation financière du budget produit nécessairement un effet de domino sur les politiques de développement social. En d'autres termes, les faillites de certaines activités entraînent systématiquement une propension de la précarité. Tous les domaines paraissent prioritaires au yeux du gouvernement et les choix d'intervention devient un exercice on ne peu plus fastidieux. Surtout l'aspect social qui, d'ailleurs, est assez tangible du point du développement humain durable.

En définitive, l'incivisme fiscal perdure malgré le cadrage du comportement du contribuable par le législateur. Le système fiscal a progressivement intégré des dispositions qui tendent, non seulement, à des ressources budgétaires mais aussi à lutter contre les méthodes d'évitement de l'impôt. « Les fraudeurs ont toujours une longueur d'avance sur la législation. Il n'est pas possible, en matière d'impôts, de se fier purement et simplement au bon vouloir et à la sincérité de tous les assujettis26(*) ». La fraude est permanente. Ce qui n'est pas sans conséquences néfastes.

Financièrement, les mauvaises rentrées fiscales augmentent le besoin de financement et un agrandissement du déficit budgétaire de l'Etat et des autres collectivités publiques. Les déséquilibres financiers sont alors permanents d'où la remise en cause des projets et programmes de développement.

Sur le plan social, les ambitions gouvernementales pour le bien être des citoyens ou de l'ensemble de la population se transforment en une pauvreté généralisée. L'amoindrissement des ressources au regard des besoins en matière de santé et d'hygiène, d'éducation et d'alphabétisation, de sécurité sociale et d'assistance sociale ; en somme au minimum de droits humains fondamentaux, exacerbe ces aspirations légitimes des populations du pays. Les injustices éclosent à tous les niveaux jusqu'à une certaine criminalisation dans la manière de se procurer des revenus personnels.

Aussi, les mesures à appliquer pour contenir raisonnablement ces phénomènes handicapant de notre développement nécessitent l'emploie de méthodes appropriées accompagné d'une détermination des autorités politiques et administratives.

TITRE II : LES MESURES D'ATTENUATION DE

L'INCIVISME FISCAL

L'incivisme fiscal se manifeste sous diverses formes. Il ne peut être endigué que par une forte détermination des responsables techniques et politiques.

Pour ce faire, avant de procéder à l'exposition des mesures d'amélioration du civisme fiscal, nous examinerons d'abord les différentes causes non exhaustives de l'incivisme des contribuables.

CHAPITRE I : LES CAUSES DE L'INCIVISME

FISCAL

Les diverses causes de l'incivisme fiscal peuvent être analysées selon qu'elles sont internes ou externes à l'Administration fiscale. La situation du phénomène est du fait soit des autorités publiques, soit des contribuables mêmes.

Section 1 : Les causes imputables aux autorités

publiques

Les autorités publiques s'entendent des personnes, organes et institutions publiques à l'origine ou détentrices, directement ou indirectement, du pouvoir public. De leur conception et de leur gestion de la politique fiscale dépend le comportement du contribuable face à ses obligations fiscales.

Paragraphe 1 : Les problèmes liés à la gestion de l'Etat

A - Les difficultés d'application de la loi

1 - L'interprétation des lois

Au plan formel, les dispositions qui régissent la fiscalité intérieure sont dispersées à travers le C.I., le C.E.T., la R.A.F., le Code des investissements, le Code minier et divers autres textes à portée spécifiques. L'abondance livresque ne facilite pas les recherches de dispositions malgré l'existence d'un recueil de textes relatifs à la fiscalité intérieure.

Par ailleurs, les renvois d'article à article tels que les sanctions en matière d'I.U.T.S. et de T.P.A. créent une certaine confusion dans l'esprit des contribuables quant à la nature de perception de ces deux cédules d'impôt.

Egalement, les lois de Finances qui sont annuellement adoptées perturbent le dispositif législatif de sorte à créer un labyrinthe de normes sur une certaine période fiscale. Ce qui entraîne de sérieuses difficultés de communication lorsque les contribuables désirent des informations avec les agents du fisc qui ne suivent pas « l'actualité fiscale ».

Dans le fonds, les termes utilisés dans les lois de finances paraissent ésotériques pour le contribuable. La juxtaposition d'articles limitatif et non limitatifs ne précise pas l'esprit du législateur27(*). Les interprétations d'un problème à travers les instructions administratives sont quelques fois en conflit avec la loi. Le silence des textes sur certaines activités permettent l'évasion fiscale ou leur sous imposition. Il en est ainsi de l'activité agricole qui est presque ignorée par les dispositions des articles 1 à 40 du CI. L'imprécision de traitement des charges de gestion en matière d'imposition du BIC n'y empêche pas la fraude malgré l'abondance d'IA. Ce flou des textes est l'apanage des dispositions relatives à l'impôt sur les BNC si bien que certains acteurs n'arrivent point à se situer ni en IUTS, ni en BNC, ni en BIC. Les IA émises dans ce cadre désorientent les contribuables. Il ne perçoivent alors que l'aspect coercitif et préfèrent se dérober face à cette imbrication d'obligations qui semblent ne leur accorder aucun avantage.

Aussi, les impôts directs sont-ils régis par deux codes différents alors qu'ils sont souvent payés par un même contribuable. Les dispositions qui les coordonnent respectivement dans chaque législation n'empêchent pas leur gestion distincte par les contribuables.

2 - Le contentieux fiscal

Les voies de recours sont ouvertes aux contribuables pour contester les abus de l'Administration fiscale. Le formalisme cependant imposé aux réclamations allié à la longueur de la procédure décourage les contribuables.

En ce qui concerne les impôts et taxes assimilés relevant du CSI, l'action contentieuse exige une présentation et un contenu de manière rigoureuse. Du temps de l'instruction jusqu'à l'obtention de réponse est assez long car la procédure est très hiérarchisée. L'instruction de la demande est faite par le service à la base de l'imposition objet du contentieux.

Le recours contentieux doit d'abord emprunter l'étape administrative avant que la réclamation aboutisse au tribunal administratif. En effet, il suit une rigueur dans la présentation des réclamations depuis l'instruction jusqu'à la décision du Directeur général des impôts. Cette décision est prise dans suivant une forme et un temps bien précis. L'insatisfaction à la suite amène le contribuable à ester en justice devant les tribunaux administratifs.

En ce qui concerne les droits régis par le CET où le recours semble moins pénible, il n'en pas de même de l'action contentieuse. En effet, la procédure, la forme et le contenu des réclamations puis de la décision de l'Administration convainquent les contribuables de ne pas suivre cette voie pour avoir gain de cause. Le recours qui peut être fait auprès du juge civil avec possibilité de contre-expertise par le fisc déroute le plaignant.

Ainsi, toutes les précautions juridiques qui entourent les différentes voies de recours semblent plus protéger les intérêts de l'Etat plutôt que de permettre aux contribuables de recouvrer leur droit.

Toutefois, la pétition de remise de pénalités et le dégrèvement ou les restitutions d'office demeurent les techniques bien accessibles aux contribuables. Ne trouvant pas de voies légales légères et réellement satisfaisantes ; les contribuables préfèrent emprunter la voie de l'illégalité. C'est également la conséquence de la difficulté qu'a le juge à interpréter la loi fiscale du fait de leur complexité.

B - La gestion des ressources publiques

Une meilleure gestion des ressources publiques suscite plus ou moins l'adhésion des contribuables au prélèvement fiscal. L'Etat doit montrer que l'argent du contribuable est entre de bonnes mains et utilisé aux fins utiles pour tous.

1 - L'opacité dans la gestion des finances publiques

La transparence à ce niveau signifie que la clarté doit subsister depuis la perception de l'impôt jusqu'aux dépenses publiques. L'exécution du budget de l'Etat et de ses démembrements doivent suivre les principes qui gouvernent sa gestion avec toutes ses contraintes. Il y a cependant des difficultés à ce niveau.

D'abord dans la levée et la gestion de l'impôt, des insuffisances imputables au fisc apparaissent. Les difficultés alors évoquées supra traduisent le manque de transparence fiscale.

Ensuite, dans la conservation des fonds et valeurs assurée par la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique, une opacité des opérations explique les difficultés de mises à jour des comptes en terme de proposition de loi de règlement par le gouvernement au niveau de l'Assemblée Nationale. L'imprécision des règles de dépenses et le statut souvent flou des régies de recettes sont des indices du manque de transparence dans l'exécution des missions attribuées à la DGTCP.

Aussi, les difficultés de paiement constatée par les usagers du Trésor public traduisent non seulement la raréfaction des ressources budgétaires mais surtout le l'illisibilité dans les procédures d'exécution de leurs opérations.

Enfin, une meilleure explication des principes budgétaires de gestion traduirait une réelle transparence dans l'exécution du budget de l'Etat. Les citoyens ne perçoivent pas l'utilisation de l'impôt payé en dehors de des frais de personnel puis des matières et fournitures consommées au niveau de l'Administration. Ces constats ne facilitent pas la visibilité des investissements publics.

2 - Le manque de visibilité des investissements publics

La rareté des ressources publiques a beaucoup freiné l'Etat dans l'exécution des investissements à caractère public. Les différents programmes populaires de développement engagés au moment de la Révolution démocratique et populaire ont longuement justifié l'interventionnisme de l'Etat dans l'impulsion du développement. Mais depuis l'entrée du Burkina Faso dans la chaîne des ajustements structurels de son économie, la visibilité des investissements publics n'est plus évidente. Les gouvernements semblent indiquer qu'avant la mise en place des critères de convergence préconisés dans le cadre de l'UEMOA, aucun investissement n'était possible. Les réalisations en infrastructures routières, administratives et sanitaires ne sont pas perçues comme des actions concrètes de l'Etat. Elles sont travesties par la multitude des projets qui les accompagnent, la mauvaise foi des gouvernants dans leur réception est démontrée par la récupération politique qui en est faite. Dans l'esprit de certains agents publics chargés de la gestion de projet, l'argent du contribuable n'y est pour rien. Or, même si ces projets sont obtenus sur financements extérieurs, c'est finalement de la poche du contribuable que se fera, à long terme, le paiement.

L'institution d'une assemblée générale des gestionnaires de projets est la bienvenue mais ne permet pas réellement la perception des investissements effectués. Cette assise s'intéresse plus aux modalités d'intervention des partenaires au développement.

En définitive, une mauvaise gestion des finances publiques par le défaut de transparence et l'invisibilité des réalisations gouvernementales fait douter le contribuable de l'utilisation efficiente de l'impôt qu'il paie. Ce déficit d'informations l'entraîne dans l'incivisme fiscal manifesté par le non paiement spontané de l'impôt.

C - Les interférences politiques dans le fonctionnement de l'administration fiscale

1 - Les influences politiques

Les facteurs, entre autres, qui influence la « mentalité fiscale » du citoyen sont la politique gouvernementale et gestion gouvernementale. Certains agissements du politique infléchissent sensiblement le niveau du civisme fiscal.

D'une part, la confrontation violente des parties politiques crée un climat malsain dans la population et empêche toute action du service des impôts. Ce qui amène souvent à la suspension d'action de recouvrement par exemple. Le traitement alors de certains contribuables politiquement assis devient délicat. Aussi certains contribuables ont la perception que le traitement fiscal des dossiers est fonction de leurs appartenances politiques. L'imposition paraît lourde ou légère lorsque le contribuable considère appartenir ou pas au parti politique de l'agent d'assiette militant. Cet état d'esprit l'entraîne dans le non respect de ses obligations fiscales. Ce qui est accentué par de supposés « intouchables du fisc » parmi eux. Ces allégations prétentieuses sont malheureusement soutenues par les actions de quelques leaders politiques en mal d'assise locale.

En effet, les démarches de quelques hommes politiques, toutes tendances confondues, entravent la bonne gestion du prélèvement fiscal. Ainsi, des responsables de services subissent fréquemment des pressions d'acteurs politiques dans le but d'amoindrir la taxation ou la sanction de leurs protégés fautifs. Il se dégage subséquemment une inégalité de traitement des contribuables devant l'impôt. Cette discrimination dans le traitement, discrédite l'image de l'administration fiscale.

C'est ainsi que certaines villes du Burkina Faso sont fiscalement difficiles à gérer. Il y'en a qui se targuent d'être du même parti politique que leurs rejetons haut placés et croient ne pas être obligés aux injonctions ni de l'administration fiscale, ni de ses agents.

D'autre part, ces leaders politiques utilisent une vieille rengaine héritée des luttes anti-coloniales pour mobiliser leurs militants. Ils promettent ainsi d'épargner de l'effort contributif aux citoyens qui feront aboutir leurs ambitions politiques. Nous reviendrons sur cet aspect au paragraphe suivant. Cette allusion politique sinon démagogique savamment distillée dans les joutes électorales ou à l'occasion de certains quiproquos ; n'est pas de nature à faire accepter les obligations fiscales par les uns et les autres.

Ainsi, depuis la restauration de l'Etat de droit en 1991, les lois fiscales votées sont souvent dévoyées par ces mêmes élus à travers les lois de finances rectificatives ou sur le terrain. Il n'est pas rare d'entendre souvent les contribuables se plaindre d'une application discriminatoire, par la localité, de la mesure fiscale. Une attitude qui dénote leur incivisme fiscal.

Enfin, l'ignorance affichée des contribuables de la valeur institutionnelle de l'impôt permet aux acteurs politiques d'encourager cet incivisme.

2 - La démagogie des acteurs politiques

Le défaut des acteurs de la vie politique est de présenter leur projet de société en occultant le programme financier qui le sous-tend. Or, le débat économique doit être incorporé dans les campagnes électorales afin de fixer les citoyens, potentiels contribuables, sur les coûts financiers de réalisation des programmes proposés. Cette pratique devrait prédisposer leurs électeurs aux prélèvements plausibles de leurs revenus ou richesse. En retour, ils auront le droit de demander des comptes aux élus après leur mandat.

En sus de leur fonction de voter et de consentir l'impôt, les députés se doivent d'assurer la formation citoyenne des militants et sympathisants de leurs formations politiques respectives. En somme, les organes chargés de la formation politique et civique au sein des partis politiques doivent dispenser un volet respect des obligations fiscales.

Cependant, la réalité montre cet aspect est malheureusement négligé. Ces questions semblent démobiliser les militants et sympathisants. Ce qui corrobore le fait que le discours sur l'impôt est mal fait. Les différentes lois fiscales ne sont pas expliquées aux populations. Les alliances sont plutôt faites avec certains groupes d'opérateurs économiques dans le but de modifier les lois fiscales en leur faveur. Il en est ainsi de la taxe de résidence ou de l'impôt sur les revenus fonciers. Ces comportements, à la limite irresponsables, des leaders politiques, réduisent la portée des lois fiscales.

Ces faits ont des répondants au niveau de la structure administrative et ce sont des exemples qui expliquent l'ambiance d'incivisme fiscal.

Paragraphe 2 : Les problèmes liés à l'Administration fiscale

A/ L'organisation des services

1 - L'organisation interne

L'accomplissement des missions confiées à la Direction Générale des Impôts dépend de l'organisation efficiente de ses services. La division du travail en son sein conditionne la meilleure exécution des tâches. Le étant de faire respecter les obligations fiscales en vue du recouvrement optimum des ressources. Cependant, des difficultés internes organisationnelles encouragent les partenaires du fisc à l'incivisme.

La fonctionnalité horizontale de la structure administrative de base qu'est la Division fiscale ; engendre des conflits entre les responsables des entités qui la composent. En effet, il n'est pas rare de constater des situations d'insubordination entre le Chef d'une division avec les receveurs de son service. Ce qui amène les contribuables à opérer des préférences dans leurs rapports avec le fisc.

C'est alors que le traitement des actes présentés à la formalité de l'enregistrement par un agent « spécial » et l'isolement de la R.D.P.F. encourage le contribuable à vouloir éviter l'impôt. Ils tiennent des engagements par service qu'ils ne respectent pas. Aussi, l'animation du Chef de la Division fiscale est alourdie par le manque de responsabilisation du Chef de bureau assiette et des Receveurs.

La composition des équipes de travail est souvent faible par rapport au volume de travail à accomplir. Le chef d'équipe monopolise le plus souvent tous les dossiers dont il juge intraitables par ses collaborateurs et il est le seul à faire leur contrôle sur pièces. D'où leur relégation au rôle de classement des déclarations, d'établissement de statistiques...il en résulte un mauvais suivi des contribuables dans le respect de leurs obligations déclaratives que de paiement. Les déclarations restent de longues périodes sans être examinés.

De ce fait, l'insuffisance d'animation atténue la présence de l'Administration fiscale auprès des contribuables. Le manque d'utilisation judicieuse des renseignements externes réduit l'action du fisc de sorte à favoriser le développement de l'incivisme.

2 - L'organisation territoriale

Notre administration n'est pas présente dans toues les provinces du territoire national. Sur les quarante cinq provinces, seules trente (30) ont une division fiscale. Le prétexte de l'inexistence de potentiel fiscal dans ces parties du territoire est insuffisant car il peut y être rendu des services relevant du cadastre, du domaine et du foncier. Avec la décentralisation annoncée, la D.G.I. se doit d'être à l'avant-garde dans le rapprochement du service public de l'administré afin d'éviter que ces localités ne deviennent des « zones franches » pour les fraudeurs. Ce qui permettra à la D.G.I. d'avoir une vision exacte de la politique fiscale à proposer au gouvernement.

Toutefois, la réalité de l'action fiscale est inexistante au sein des populations et ne permettant pas à celles de l'intégrer dans leur comportement quotidien.

B/ Le dysfonctionnement des services

1 - Dans l'encadrement des partenaires directs

Dans la communication avec les partenaires, la disponibilité de l'information sur leurs obligations fiscales doit être une réalité à travers sa généralisation et son alimentation par le renseignement et la documentation.

Les supports de l'information générale sont actuellement défaillants. Il n'est plus produit de fisc info, de prospectus sur les obligations fiscales par secteur d'activités économiques, ni de bulletin économique et fiscal.

Par ailleurs, il n'existe pas un réel fichier des contribuables contenant toutes les renseignements nécessaires à l'administration fiscale dans l'approche de l'assiette. Le nombre exact de contribuables gérés dans les zones de compétence des équipes d'assiette n'est pas souvent connu. Le recensement fiscal a disparu des tâches quotidiennes des équipes d'assiette. Comment alors mieux encadrer les contribuables lorsque la connaissance des lieux d'activités n'est pas évidente ?

Ainsi, certains contribuables prospèrent dans leurs activités en l'occurrence ; ils diversifient les domaines d'exercice sans aucun déclassement de régime d'imposition. Cet état de faits encourage les autres à se cacher du service des impôts.

2 - Dans la circulation de l'information

Un des avantages du système déclaratif est l'existence de possibilité de recoupements entre les différentes déclarations que souscrivent les contribuables.

Au niveau interne, la maille de transmission des informations sur les contribuables est assurée avec les bulletins de renseignements, les bulletins de recoupement prioritaires et les fiches de constatation de procédés de fraude. Ces derniers sont des instruments administratifs internes de transport de l'information et des renseignements. Ils sont soit mal ou insuffisamment utilisés, soit ils ne le sont pas du tout. La courroie de transmission est coupée entre les différents services malgré leur réorganisation. Le principe de dossier individuel unique pour chaque contribuable ne donne pas tous les avantages qui sont en droit d'être espérés.

En effet, le patrimoine foncier de chaque contribuable ne se trouve pas dans le dossier d'assiette. Les R.D.P.F. et les R.I. ont pourtant des fonds de dossier. Les B.V.E. recueillent de précieuses informations sur le terrain mais elles ne sont pas transmises aux services gestionnaires des dossiers individuels que sont les Divisions fiscales. Les notifications de contrôles ponctuels s'accumulent dans les brigades et les rapports de vérifications sont également gardés et non transmis auxdits services.

C'est ainsi que les services fonctionnent en autarcie sans aucune diffusion de l'information fiscale au bénéfice de la mauvaise gestion des contribuables. La recherche de l'information systématique sur les contribuables est quasi absente des tâches quotidiennes. Les vérificateurs sont le plus souvent préoccupés à démasquer les irrégularités et les infractions qu'à recueillir du renseignement fiscal.

3 - Dans l'application des textes

L'Administration fiscale dispose d'assez de pouvoir pour appréhender les contribuables indélicats et surtout faire respecter la loi.

Dans sa mission d'asseoir et de recouvrer l'impôt, la D.G.I. doit appliquer égalitairement la loi à tous les citoyens concernés. Cependant, des redevables échappent à cette législation du fait du manque de rigueur du fisc dans son application tant en droits et devoirs qu'en répression des cas de manquements. Ce qui se constate dans le manque de recherche de la matière imposable en réduisant les sorties de terrain à la seule transmission des correspondances.

Les grands centres urbains au potentiel fiscal très élevé ne sont pas investigués par les agents malgré les pouvoirs exorbitant dont ils disposent en la matière. Des magasins de marchandises en zone à usage d'habitation, des investissements immobiliers sont constamment réalisés et les Divisions fiscales ne disposent pas de données sur les identités de ces derniers !!!

La répression de la fraude par application rigoureuse des sanctions fiscales et pénales sur des cas flagrants pour donner l'exemple est un leurre. Ces « délinquants fiscaux » affichent leurs richesses et narguent même les honnêtes citoyens grâce à cette sorte d'impunité dont ils bénéficient.

C/ la qualité du service fourni

1 - L'égalité de traitement des contribuables

La célérité de traitement des dossiers n'est pas observée dans la communication de l'information désirée par le contribuable. Or, il est en d'avoir l'information en premier chef auprès du service des impôts.

Du fait de certaines relations particulières, des dossiers de contribuables sont traités avec rapidité au détriment d'autres. Les sanctions sont appliquées à la tête du contribuable. Des agents gèrent personnellement les dossiers de certains contribuables. Ils n'hésitent pas intercéder auprès des équipes gestionnaires ou du responsable de service afin d'obtenir des arrangements pour ceux-ci. Il est ainsi fréquent que les agents vérificateurs ou enquêteurs subissent les assauts du genre à être clément dans le traitement d'un dossier. Ils sont souvent l'objet de tentative de corruption de la part de ces agents atypiques. Cette complicité est de nature à propager cet autre fléau au sein de notre Direction Générale mais surtout encourage l'incivisme fiscal. Ces inégalités dans l'application de la loi fiscale engendrent des frustrations et incitent les autres à frauder ou à corromprent les agents.

En définitive, cette discrimination de traitement rebute le contribuable dans le respect de ses obligations fiscales. L'incivisme fiscal y trouve ainsi un terreau fertile.

2 - La serviabilité des agents publics

En tant qu'agent public, le fonctionnaire des impôts est soumis à une déontologie qui doit lui permettre de rendre un service de qualité aux usagers.

« Il doit posséder une intégrité et un sens de la justice, nécessaire pour assurer l'établissement et la perception de l'impôt avec parfaite objectivité, abstraction faite de toute sympathie ou antipathie personnelle et sans égard ni au rang du contribuable en cause, ni aux pressions directes et indirectes qui pourraient éventuellement s'exercer28(*) .». Or, la réalité montre l'émergence d'une nouvelle race d'agents sans scrupules irrespectueux du bien commun. Le laxisme, la corruption et l'inféodation aux politiques et milieux d'affaires sont des maux qui commencent à entamer sérieusement l'image de la D.G.I. Cette façon d'administrer n'est pas de nature à encourager les contribuables au respect de la loi fiscale.

Section 2 : Les causes imputables aux contribuables

Le civisme fiscal d'un citoyen est déterminé par les facteurs suivants : la conscience de citoyenneté, le niveau de vie et la sanction qui se rattache à son comportement.

Cependant, l'incivisme fiscal du contribuable est dû au fait qu'il paie l'impôt sans comprendre en quoi cela peut améliorer ses conditions de vie et l'héritage sociologique négatif ne le prédisposent pas au meilleur accomplissement du devoir fiscal.

Paragraphe 1 : La mauvaise perception de la finalité de

l'impôt

A - Les difficultés d'assimilation des textes fiscaux

Les textes sur l'impôt utilisent un langage généralement ésotérique que seuls les intellectuels et les personnes avisées sont à mesure de cerner les contours.

Le désarroi de certains citoyens face aux questions d'interprétation de la législation fiscale justifie les difficultés réelles auxquelles sont confrontées les contribuables dans la mise en pratique de ceux-ci. Ils ont de vrais problèmes de compréhension des termes usités.

La complexité de certaines dispositions, notamment du C.E.T., la multiplicité des instructions techniques tentant de les expliciter déroutent davantage les contribuables dans cette quête du savoir de la pratique fiscale.

Cette inaccessibilité par la grande majorité des contribuables, nonobstant le caractère généralement impénétrable du langage juridique avec l'ampleur de l'analphabétisme constitue une des causes de l'incivisme fiscal.

B - Le manque de sensibilisation sur les finalités du prélèvement fiscal

Le patriotisme qui était assez fort élevé au temps de la période révolutionnaire est actuellement en effritement avancé. L'esprit d'appartenir à une même nation et surtout la conscience de participer au développement national est assez vague dans les esprits. Le lien entre le paiement de l'impôt et les réalisations en matière d'émancipation communautaire n'est par perceptible. Cela ne provient-il pas de la conception de l'Etat dans la conscience collective des citoyens ?

Il convient d'admettre que la conscience qu'ont les citoyens de « leur » Etat conditionne leur sens civique et du coup leur moralité fiscale.

Ainsi le niveau de perception de l'impôt a été optimum à la période révolutionnaire car une frange importante de la population se reconnaissait au C.N.R. au pouvoir mais aussi la volonté politique d'extraction fiscale a existée. « C'est la conscience de l'Etat qui gouverne la relation entre le contribuable et le fisc29(*)».

Il n'existe pas d'initiative de vulgarisation des textes fiscaux comme cela est entrepris au niveau du code des personnes et de la famille. Ce qui devrait permettre aux contribuables de distinguer perception de l'impôt et son utilisation publique.

Par ailleurs, il n'y a pas de visibilité des investissements publics. Il n'est pas indiqué que le paiement des impôts est à la base de ces réalisations de l'Etat. L'utilisation à des fins politiques et de propagande desdits investissements crée une confusion dans l'esprit des uns et des autres. Les contribuables estiment alors que les ressources budgétaires sont utilisées seulement à des fins politiques.

Paragraphe 2 : Les facteurs sociologiques

A - La psychologie du contribuable

L'impôt est un prélèvement sur la richesse des hommes. Ce caractère pénible explique la non spontanéité de l'acquittement du devoir fiscal. Les contribuables répugnent généralement à accomplir les formalités fiscales. Or, l'impôt est originellement et essentiellement une coercition. Il est la conséquence du pouvoir de contrainte, qui est le monopole de l'Etat. « La colonisation a crée (...) une mentalité éminemment anti-fiscale, une répugnance sans égale à l'impôt30(*). »

En effet, les travaux forcés qui ont fait de milliers de victimes, les contributions en nature par la fourniture de vivres, les travaux domestiques, l'assistance à l'Administration coloniale puis les peines et sévices corporelles ou morales ont laissé des souvenirs tragiques sinon traumatiques dans la conscience collective. Il a souvent ét utilisé comme un instrument de soumission ou d'humiliation de sorte que des stigmates demeurent ancrés dans le subconscient de la population.

Ce explique ce comportement de contribuables consistant à commencer par exercer dans l'illégalité avant de régularisation de ses relations avec l'Etat. Le développement du secteur informel est une illustration de cette philosophie. Il constitue un refuge de fraude et d'évasion fiscales.

B - La pauvreté

La population fiscale estime payer trop d'impôts de manière générale. Chaque contribuable pense subir plus d'impôts que ne lui permet son revenu ou sa richesse.

La nouvelle conception du développement, basée principalement sur la réalisation des droits fondamentaux de base et universellement reconnus ; a pour maître mot l'accès de l'individu à) la jouissance des droits humains. Le Burkina Faso est classée parmi les pays les plus pauvres du monde depuis ces dernières années. Cela traduit effectivement l'état de pauvreté endémique de la population. Cette pauvreté est concentrée en milieu rural. Or, la pression fiscale s'exerce sur une portion de la population active. Aussi, certains ne respectent pas les échéances de paiement par manque de moyens financiers.

La croissance du P.I.B. global autorise toujours les prévisions budgétaires conséquentes mais il ne faut pas ignorer que le P.I.B. par tête montre que la pression fiscale semble élevée et en considération de la majorité qui ne contribue pas. (Tableau 4)

C - Le niveau d'instruction

La faiblesse du niveau d'instruction de la population est des freins du civisme fiscal. L'instruction civique n'est pas dispensée aux intellectuels et alphabétisés. Pour ce faire, l'interrogation sur l'utilisation du l'impôt est quasiment inexistante. La compréhension des dispositions fiscales est assez difficile en ce moment. Les rapports alors entretenus avec le fisc deviennent compliqués et problématiques. La majorité des contribuables est constituée par des citoyens qui ont peu ou pas du tout fréquenté l'école sauf la nouvelle génération. Toutefois, il est démontré que l'analphabétisme a un effet limité sur l'importance de recouvrement de l'impôt31(*).

En somme, l'incivisme est dû à un environnement économique, politique et social favorable. L'Administration fiscale, en dépit des tares propres aux administrations des pays en voie de développement, ne possède pas assez de moyens logistiques pour lutter contre les manifestations du phénomène. Ses partenaires incontournables ne sont innocents dans cet état de faits ; soit ils en font un principe de comportement, soit ils en sont inconsciemment le vecteur.

Les stratégies à déployer pour atténuer le « fléau » doit tenir compte de ces paramètres tant il est vrai qu'il est multidimensionnel. Il faut alors une démarche à la fois globale, logique et réaliste pour y venir à bout.

CHAPITRE IV : L'ATTENUATION DE L'INCIVISME

FISCAL

« Toutes les politiques fiscales élaborées au mépris des attitudes et du comportement des citoyens sont vouées à l'échec32(*). ». Les causes de l'incivisme fiscal militent pour l'augmentation des moyens de l'administration fiscale afin de lui permettre de mieux encadrer les contribuables.

Ces perspectives doivent, cependant, être soutenues par un engagement réel au niveau politique avec l'adoption de certaines mesures nécessaires. La sanction effective de certains comportements de fraude doit également être permanente afin de défendre l'intérêt général et protéger les citoyens honnêtes.

Section 1 : L'amélioration des relations avec les

contribuables

Paragraphe 1 : La disponibilité de l'information fiscale

A - L'activité d'information permanente

L'agent des impôts est le premier informateur du contribuable dans ses rapports avec l'Administration fiscale. De par sa formation initiale, il doit être en mesure de renseigner ce dernier sur ses obligations fiscales et ses droits dérivés. Cependant, l'agent n'a pas toujours à sa disposition les instruments d'information comme les différents codes, les instructions et les notes administratives, les lettres à potée générale, en somme, le minimum de documentation fiscale d'appui.

Les efforts déployés ces dernières années en la matière sont certes louables mais il n'est pas sans ignorer qu'il subsiste des insuffisances soutenues par la catégorisation dans la dotation des agents en textes. Les cadres supérieurs étant bien entendus privilégiés. Or, les services provinciaux ont des agents qui cumulent les tâches et sont le plus souvent confrontés aux contribuables analphabètes.

L'accueil des contribuables dans certains services n'est pas bien fait. La tension nerveuse due aux multiples tâches ; amène les agents à présenter une humeur à fleur de peau. Or, la disponibilité des agents est un atout majeur pour susciter la coopération du contribuable. La courtoisie doit être de rigueur dans leur management.

Autrement dit, les contribuables sont trompés par les « auxiliaires informels » du fisc qui véhiculent des informations inexactes. Ces contribuables malchanceux sont souvent victimes d'escroquerie de leur part. certains usagers du service public ont donc peur d'approcher l'administration publique en générale et celle des impôts en particulier et vont se renseigner à la mauvaise source. En vue de prévenir de tels agissements, l'information fiscale doit être largement diffusée.

B - La diffusion de l'information fiscale

Les dispositions fiscales, comme toute loi, doivent être portée à la connaissance des individus sur lesquels elle s'applique. Dans ce cadre, les objectifs poursuivis sont d'une part, la connaissance des obligations, des droits et des sanctions encourues ; et d'autre part, des finalités du prélèvement par le contribuable. Pour ce faire, en plus de la disponibilité et des courtoisies exigées de la part des agents, il faut production quantitative et qualitative des textes fiscaux.

Des boutiques de fiscalités à l'image de celles du M.B.D.H.P. sur les droits humains, peuvent être créées au sein des Directions régionales où les contribuables peuvent s'en procurer. La vente des imprimés au niveau des Divisions fiscales doit être organisée au même titre que la distribution des lois et/ou des codes, et les règlements provenant des autres pays membres de l'U.E.M.O.A. etc. Il s'agit de gestion globale de l'information fiscale sous l'angle de l'intégration. L'accessibilité de ces textes se sera alors réalisée.

Paragraphe 2 : L'accessibilité des textes fiscaux

A - La simplification des textes fiscaux

La simplification consiste à rendre plus pratique les lois fiscales en utilisant le langage fiscal qui est le plus accessible à tous. Les déclarations doivent être facilement manipulables par les contribuables et contenir l'essentiel des renseignements voulus par le fisc. Le reste sera complété par une investigation de terrain. Les principales techniques de l'impôt sont conservées en ce moment mais l'habillage littéraire est à allégé.

Les agents sont constamment amenés à lire la documentation fiscale dans les langues locales afin de mieux se faire comprendre mais souvent cette traduction est quelque peu fastidieuse. Les principes d'assiette, de liquidation, de recouvrement, de sanction et de contrôle doivent être précisés. L'exemple est fourni par la loi n° 92/54/ADP portant institution de la T.V.A. qui est assez « claire » dans ses dispositions.

La production en matière d'instructions administratives peut être incorporées à la loi dès lors qu'elle n'est pas en conflit avec celle-ci. Cela est fait lorsque l'instruction est plus explicite que la loi.

Le formalisme qui entour les actions gracieuses et celles contentieuses doit être simplifié de telle sorte que le contribuable ne se ente pas désarmé. Toute la latitude doit être donnée à celui-ci de présenter sa défense soit devant l'Administration, soit devant les juridictions compétentes. Ce qui améliorerait le climat des affaires au Burkina Faso gage d'attirance des investisseurs directs étrangers.

Pour ce faire, la latitude donnée au Directeur Général des Impôts pour rendre sa décision doit être réduite dans le temps. Cette réduction peut s'opérer par l'injonction au service instructeur de formuler leurs analyse et observation dans délai assez court. La simplification de la procédure de recours contribuera à n'en pas douter à « la pacification des relations fiscales33(*) ».

Une bonne déclaration est celle qui donne la possibilité au contribuable de calculer exactement son bénéfice ou autre élément d'imposition. Les déclarations ne doivent pas être le seul moyen de communication ou l'administration des impôts tente de tirer le maximum de renseignements. Le recto doit contenir tous les éléments de liquidation de l'impôt par une réduction des cases et des caractères. Le verso comportera les obligations à respecter, la citation des sanctions éventuelles encourres et un encadré qui montre les finalités de l'impôt objet de la déclaration. Il s'agit là d'un « marketing de l'impôt34(*) ».

B - La vulgarisation des textes fiscaux

Un agent qui n'arrive pas à informer un contribuable doit éprouver un gène. L'information première doit aller à l'endroit de l'ensemble des acteurs de la D.G.I. La rénovation du journal « fisc info » sera d'un grand apport dans ce cadre.

Vis-à-vis des contribuables, l'information ou les renseignements peuvent être transmis par des interventions, par articles interposés, dans les colonnes des brochures d'animation des groupements interprofessionnels puis dans les publications de la C.C.I.A-B. Les auxiliaires du fisc que sont les différents ordres professionnels pourront également servir de relais dans cette vision.

Paragraphe 3 : La sensibilisation sur les finalités

de l'impôt

A - Les actions antérieures

Les agents sont, en général, disponibles et apportent les informations sollicitées par les contribuables lors du dépôt des déclarations d'existence ou périodique. Ces derniers sont assistés pendant l'établissement de leur première déclaration. Ils les mettent en confiance pendant les vérifications sur place et veillent à faire comprendre l'objectif de leur mission puis les explications sont fournies pour lever les zones d'ombre. Des interférences publiques ont souvent été organisées afin d'amener les contribuables à se familiariser avec leurs obligations fiscales. L'application de nouvelles lois fiscales a aussi amené la D.G.I. à monter au créneau à travers les mass media pour expliquer et faire mieux comprendre lesdites dispositions.

B - Les actions à mener

Les frais administratifs qui accompagnent de telles opérations ne doivent pas être mal perçus. Les opérations menées par les douaniers pour traquer les fraudeurs dans la brousse ne sont pas coûteuses par rapport aux recettes encaissées à cet effet. Aussi, les moyens doivent-ils être mis à la disposition des agents pour mener à bien cette mission.

Ainsi, les initiatives novatrices moribondes doivent être redynamisées incessamment. Il s'agit :

- des rencontres trimestrielles entre les D.R.I. et les représentants des contribuables relevant de leur compétence territoriale ;

- la publication d'articles sur la fiscalité dans les B.E.F. de la C.C.I.A.-B. ;

- la publication au sein de la D.G.I. et la distribution gratuite du fisc info aux contribuables et les autres auxiliaires de l'Administration fiscale à l'instar des calendriers actuels;

- la distribution de prospectus sur les obligations et les droits des contribuables suivant le type d'activité exercée ;

- la production suffisante du guide et de la charte du contribuable.

Un travail de fonds doit être engagé afin d'évaluer la logistique à mettre en oeuvre pour atteindre l'objectif fixé : faire comprendre aux citoyens les finalités du prélèvement. Il s'agira d'éveiller les consciences sur la nécessité de l'impôt pour une meilleure vie en société. Il faut alors :

ü Organiser une rencontre avec l'Association des municipalités du Burkina afin qu'elle accepte prendre en charge les tournées de sensibilisation sur le rôle de l'impôt dans le cadre du développement local ;

ü Rendre effectif le centre de gestion agrée par la prise de décret d'application de la loi adoptée à cet effet ;

ü Un projet de réalisation de l'émission satirique « vis-à-vis ». La D.G.I. peut aussi mettre en exergue les relations fisc contribuables pour mieux expliquer la corrélation paiement de l'impôt et leur finalité publique. Elle pourra être diffusée en langues nationales ;

ü Des émissions radiophoniques en F.M. peuvent être faites périodiquement pendant lesquelles les responsables ou/et des inspecteurs des impôts animeront les débats. Il s'agira de formuler un jeu de questions téléphoniques.

Section 2 : La lutte contre la fraude

Les manifestations de l'incivisme fiscal se résument à la pratique de la fraude fiscale. Atténuer le phénomène consiste à lutter contre la fraude en éliminant ses causes et en réprimant vigoureusement leurs auteurs.

Paragraphe 1 : La juste répartition de la charge fiscale

L''impôt est perçu en fonction des capacités contributives des citoyens. La justice fiscale est réalisée par la participation de tous les citoyens aux charges publiques.

Pour se faire, chacun doit, quelque soit son activité et son niveau de revenu, payer une contribution au budget de l'Etat et des collectivités publiques.

Les régimes de fiscalité globale que sont la C.S.I, la C.S.E. et la C.S.B. constituent de véritables nids de fraudeurs. Ils préfèrent y être car les prélèvements qui y sont réclamés demeurent faibles.

En ce qui concerne surtout la C.S.I, les montants mis en charge doivent être revus à la hausse car de plus en plus d'opérateurs économiques non organisés en comptabilité ou ayant des problèmes de gestion ; utilisent plusieurs subterfuges pour y retourner. Certains en ressortent instantanément pour postuler à des contrats publics. Cette révision des montants doit être dissuasive afin d'inciter les contribuables à opter pour le régime du réel d'imposition.

Par ailleurs, il existe des secteur en expansion et cependant insuffisamment imposés. D'autres commerces ou productions ne sont même pas repéré et imposés.

· L'agriculture : La promotion de l'agrobusiness doit s'accompagner de sa fiscalisation. L'agriculture intensive nécessite des moyens techniques et financiers énormes. L'accord des partenaires au développement par l'octroi de divers crédits, nécessite la mise en place d'un impôt spécifique.

· Les produits d'arts traditionnels : ce domaine est resté longtemps en marge du système fiscale burkinabè. La taxe sur les spectacles est faible par rapport aux revenus générés. Le groupement de plusieurs opérateurs pour organiser des spectacles ou des manifestations culturelles est une des astuces savamment employé pour échapper à l'impôt. Il s'agit d'un mécénat informel qui génère assez de bénéfices pour les organisateurs. Les cachets versés aux artistes et les bénéfices net dégagés par les organisateurs échappent bien au B.N.C. il est actuellement difficile d'évaluer les gains d'impôts des grandes manifestations que sont le FES.PA.C.O, du S.I.A.O. et de la S.N.C. Les recettes de loisirs peuvent être imposées par une réelle approche fiscale de ces évènements.

· Les commerces de nuit : Dans les grandes villes du Burkina Faso, les nuits semblent plus actives que les journées car des lieux publics vides le jour se voient envahis la nuit par des activités commerciales. Toute une industrie du loisir s'active en ce moment. Les dépenses sont élevées car les loisirs coûtent généralement très chers. Le développement de l'activité hôtelière, la prolifération des bars, maquis et buvettes, les vidéos clubs au niveau des différents quartiers de ces villes sont autant d'indices révélateurs de création de richesses.

Paragraphe 2 : L'amélioration de l'exploitation de

l'information fiscale

La sous chemise « renseignements particuliers ou divers » du dossier individuel géré dans les divisions fiscales demeure souvent vide. Elle doit être alimentée par les équipes des autres services de la Division fiscale. Par exemple, toutes les acquisitions de d'immeubles, les possessions et les investissements de parcelles doivent figurer dans ce dossier assiette tenue en division.

En effet, il doit être créé une sous chemise destinée à recevoir à titre d'ampliation au minimum, les titres de jouissance ou de propriété de parcelle, les copies des contrats publics et éventuellement privés et / ou les indices de revenus du contribuable puis de ceux des associés quand il s'agit d'une personne morale. Ces éléments peuvent être à l'origine de la constitution d'une banque de données sur les contribuables du Burkina Faso.

Paragraphe 3 : L'application effective des sanctions

Fiscales répressives et pénales

Le civisme fiscal est aussi fonction de l'effectivité des sanctions prévues par la loi en cas de fraude. « Il n'est que le reflet de la fermeté du pouvoir politique et de la réalité de l'Etat35(*) ». En effet, le but de la sanction est d'inciter le contribuable à accomplir ses obligations fiscales et lui inspirer la peur du gendarme par voie de conséquence. Ceux qui négligent ou fraudent doivent être sanctionnés pour le préjudice causé à l'Etat et aux autres citoyens.

Au niveau du C.I, les articles 452,455 et 511 contiennent des sanctions de nature pénale corrigeant les délits fiscaux suivants :

_ Voies de faits, menaces ou manoeuvre de refus de l'impôt ;

_ Incitation au refus de l'impôt ;

_ Complicité en soustraction frauduleuse ou tentative de soustraction frauduleuse au paiement de l'impôt ;

_ Dissimulation volontaire de sommes sujettes à impôt ;

_ Insolvabilité organisée ;

_ Obstacles au recouvrement de l'impôt.

Les diverses sanctions à appliquer sont fonction de la gravité du délit commis. Elles sont privatives de liberté ou consistent en une interdiction d'exercice de la profession pendant une certaine période. Dans certains cas, l'article 43 du Code pénal peut être appliqué.

Le C.E.T. prévoit, en ces articles 137 et 138, des sanctions correctionnelles lorsque les affirmations de sincérités prescrites par les articles 134 et 135 s'avèrent frauduleuses. Les complices sont sanctionnés au même titre et les articles 59, 60 et 463 du Code pénal sont applicables aux délits fiscaux.

Ces différentes dispositions doivent être appliquées avec rigueur aux cas de fraudes constatés. Leur inapplication encourage les autres contribuables dans ces comportements anormaux.

Section 3 : La volonté politique

Paragraphe 1 : La transparence sur gestion des ressources

publiques

Cette transparence doit être attestée par la production régulière des lois de règlement sur l'exécution du budget de l'Etat. En effet, aux termes des dispositions de l'article 105 de la Constitution, le gouvernement a l'obligation de présenter un compte rendu de l'exécution dans les règles du régime financier institué du budget, en recettes et en dépenses, auprès de la représentation nationale. Il s'agit d'un projet de loi qui constate le montant des encaissements et des ordonnancements des dépenses se rapportant à l'année financière d'exécution du budget.

Egalement, la cours des comptes qui est l'ordre juridique supérieur en matière financière de l'Etat, devrait veiller au respect des règles de gestion financière et matérielle de ses organes. Il n'est jusque là pas encore créé ; la cours suprême regroupant toutes ses entités juridiques supérieures.

Paragraphe 2 : La lisibilité des actions de développement

La rééducation de la mentalité des contribuables consiste à ramener l'impôt à sa conception originelle. Il fau, pour cela, que les citoyens puissent constater d'eux-mêmes l'utilisation faite des impôts qu'ils paient : construction d'écoles, d'infrastructures sanitaires et routières, assurance de leur sécurité, continuité des institutions républicaines, etc.

Cependant, le déclin de l'Etat providence provoqué par les institutions de Brettons Wood, ramenant ce dernier à s'assurer uniquement de tout ce qui est non commercial. Les activités privées que sont la création et la gestion d'industries sont léguées aux opérateurs privés nationaux qu'internationaux. De ce fait, le minimum réalisé ou les interventions dans les secteurs jugés stratégiques doivent être montrés aux citoyens.

L'application effective de la loi portant modalité d'intervention de l'Etat et répartition de compétences entre l'Etat et les autres acteurs du développement, permettra la lisibilité des actions gouvernementales36(*). La démagogie des acteurs politiques peut être endiguée par la réception des ouvrages par la population bénéficiaire.

Paragraphe 3 : L'assainissement de l'environnement

économique.

La fiscalité ne doit pas freiner l'économie, mais l'accompagner dans sa croissance. Ainsi, l'Etat doit prendre des mesures de nature à encourager les opérateurs économiques dans leurs activités selon la politique gouvernementale sans succomber à leur chantage.

La loyauté dans la concurrence doit être assurée par l'Etat par la répression de toute velléité aux normes établies en la matière. Cela est essentiel non seulement pour l'économie nationale mais surtout pour les recettes fiscales. Les prix doivent être réellement déterminés par la loi de l'offre et de la demande.

L'Etat, en tant qu'agent économique, doit être aussi bon payeur au même titre que les autres acteurs du développement. Cette amélioration doit se traduire par une célérité dans le règlement de sa dette intérieure. Ce qui permettra aux opérateurs et aux fournisseurs de réguler le reste de l'environnement économique par la redistribution de revenus. La réglementation actuelle en matière de marchés publics doit être la plus transparent possible.

Globalement, on peut dire que l'incivisme fiscal se ressource dans les diverses tares et insuffisances de l'Administration fiscale. Celle-ci n'arrive pas à accomplir convenablement ses prérogatives par des déficits de tous ordre dans la maîtrise des contribuables. Le manque de sens civique de la majorité des citoyens complique davantage l'exécution des tâches par les agents des impôts.

Avant de procéder à la perception de l'impôt, ils doivent prodiguer d'interminables explications afin de mieux faire comprendre les raisons de leurs interventions.

Aussi, les conditions de gestion des finances publiques et l'utilisation des ressources budgétaires ne facilitent-ils pas les actions d'éducation, de sensibilisation et surtout d'information du contribuable.

Toutefois, ils sont prédisposés aux comportements inciviques et n'hésitent pas à inventer des méthodes et techniques de contournement de l'impôt.

Ainsi, les pistes de solutions fournies impliquent l'assainissement des relations du fisc avec les contribuables d'une part et le maintien d'une répression de la fraude fiscale en vue d'encourager les contribuables honnêtes d'autre part.

Cependant, toutes ces actions qui tendent à atténuer l'incivisme fiscal doivent être politiquement soutenues par l'adoption d'une attitude de bonne gouvernance financière et économique.

CONCLUSION GENERALE

Cette étude a montré que l'incivisme fiscal est réel au Burkina Faso comme le prélèvement fiscal est une obligation inexorable pour le citoyen. Il n'y a pas de sociétés organisées sans la participation financière de ses membres en vue de sa gestion.

Le système fiscal constitue le moyen qui favorise la réalisation financière des desseins collectifs. L'amélioration de l'adhésion des contribuables à ce prélèvement fiscal nécessité l'assainissement du climat fiscal par la prise de mesures politiques conséquentes. Elles doivent alors s'articuler autour de la mise en place d'un Etat fort, pédagogue et innovateur.

Fort, par la répression de tout comportement préjudiciable aux finances publiques ; que ce soit à l'encontre des contribuables fraudeurs ou aux cas de comportements opportunistes d'agents de l'Administration.

Pédagogue, par la mise en oeuvre de systèmes d'encadrement efficient du contribuable et l'institution dans la durée d'une instruction civique accentuée sur le devoir fiscal afin de permettre une meilleure fixation de l'impôt dans les consciences.

Innovateur, par le maintien d'une dynamique évolutive de la technique fiscale afin de faire contribuer tous les acteurs productifs de l'économie. L'utilisation rationnelle des ressources en vue de la satisfaction des besoins réels collectifs est un puissant moyen d'adhésion des populations aux contributions.

Le processus de décentralisation engagé dans notre pays est une très bonne opportunité offerte aux populations à participer à l'élaboration de leur programme de développement. Ce qui leur permettra de mieux appréhender les finalités de l'impôt.

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

I - Ouvrages généraux

-FOTSING Jean Baptiste, Le pouvoir fiscal en Afrique : Essai sur la légitimité fiscale dans les Etats d'Afrique noire, Bibliothèque africaine et malgache, Tome 51, L.G.D.J, édition 1995, 327 pages.

-SAWADOGO Filiga Michel, Précis de droit fiscal burkinabè, Namur, A. BOLAND, 1191, 363 pages.

-N'GAOSYNVATHN Phéniphanh, Le rôle de l'impôt dans les pays en voie des développement : Le rôle qualitatif, l'impôt promoteur de développement économique et sociopolitique, L.G.D.J, Paris, 2ème trimestre 1978, Tome XIII, 316 pages.

-LOECKX Francis, Eléments de la science des impôts, Tome 2, 4ème édition 1982, 459 pages.

-MEHL Lucien, BELTRAME Pierre, Science et technique fiscal, P.U.F, Collection THEMIS, avril 1984, 786 pages.

II - Ouvrages spécialisés

-EUZEBY Alain, Les prélèvements obligatoires, P.U.F, 1ère édition 1992, 248 pages.

-AUBERGER Philippe, L'allergie fiscale, CALMAN-LEVY, 3ème édition 1981, 318 pages.

-DUCROS Jean Claude, Sociologie financière, P.U.F, Octobre 1982 1ère édition, 451 pages.

-SCHMÖLDERS Günter, Psychologie des finances et de l'impôt, P.U.F, 1973, 18cm, 316 pages.

-BOUARE DES DESERTS Marie Claude, Education civique et philosophie politique, ARMAND-COLIN, janvier 1992, 255 pages.

III - Thèses et mémoires

-TOE Jean Yado, Les aspects fiscaux et douaniers du développement économique de l'Afrique occidentale, Tomes 1 et 2, Université de Paris IV.

-COULIDIATY Abou Saïb, L'image de l'Afrique noire francophone, Tomes 1 et 2, Université de Poitiers, EDSS, février 1995, 398 pages.

-SANOU Adama, La fraude fiscale au Burkina Faso : Manifestation et stratégies de lutte, E.NA.RE.F, mars 1992, 87 pages.

-TAPSOBA Korotimou, Problématique de la fiscalité du secteur agricole, E.NA.RE.F, 1992, 59 pages.

-TOE Djibril, Monographie du système fiscal burkinabè : la justice fiscale, E.NA.RE.F, 1992, 59 pages.

-KOULDIATY Babribilé, Les droits garanties du contribuable dans le système fiscal burkinabè, E.NA.RE.F, 2001, 64 pages.

-KONDE Sériba, Civisme fiscal et mobilisation des recettes par la D.G.I. au Burkina Faso, E.NA.M, 2001, 62 pages.

IV - Textes législatifs et réglementaires

-Constitution du 2 juin 1991.

-Recueil de textes relatifs à la fiscalité interne, édition 1996.

-Code des impôts.

-Code de l'enregistrement, des timbres et de l'impôt sur les valeurs mobilières.

-Code du commerce.

-Journal Officiel du Burkina Faso, Spécial n°1 du 25 juin 1998.

-Loi n° 014/96/ADP portant Réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso du 23 mai 1996.

-Décret 97-054/PRES/PM/MEF portant conditions et modalités d'application de la loi sur la Réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso du 06 février 1997.

V - Rapports et autres documents

-P.N.U.D, Rapport mondial sur le développement humain 1996, Paris, ECONOMICA, 1996, 251 pages.

-D.G.I./CREDAF, Relations entre Administrations fiscales et contribuables, 1989.

-D.G.I./CREDAF, Communication sur l'expérience de la D.G.I. en matière de mobilisation optimale des ressources financières, 1992.

-Cours de droit fiscal, 1999- 2000, SAWADOGO Jean Pierre

-Cours de comptabilité générale, 1999-2000, ZEBA Adama.

-Cours de recouvrement, 2000-2001, TRAORE Abass.

- Cours de contentieux, 2000-2001, SAWADODO Jean Pierre, GOUNABOU Euloge.

-Cours d'enregistrement et des timbres, 2000-2001, GOUNABOU Euloge.

* 1 R. Carré de MALBERG in Contribution à la théorie générale de l'Etat, Paris 1920, CNRS PARIS 1969,+1, P.3 cité par J.C. DUCROS, Sociologie financière, PUF Octobre 1982, 1ère édition, P.144

* 2 Filiga Michel SAWADOGO, Précis de droit fiscal burkinabè, Namur, André BOLAN, 1991, P.67

* 3 Mesures supplémentaires prises par les Institutions multilatérales afin d'alléger la dette des pays très pauvres.

* 4 Art 251 du C.I.

* 5 Art 372 du C.I.

* 6 Art 16 al 4° nouveau de la Loi n°038/AN du 30/7/1998 et Art 47 du C.I.

* 7 Art 16 § 6 du C.I.

* 8 Art 374 nouveau et Art 384 du C.I.

* 9 Art 148 de la Loi n° 014/96/ADP du 23/5/1996

* 10 Art 463 du décret n° 97-054/PRES/PM/MEF du 6/2/1997

* 11 Art 468 du décret n° 97-054/PRES/PM/MEF du 6/2/1997

* 12 Art 471 du décret n° 97-054/PRES/PM/MEF du 6/2/1997

* 13 Art. 460 al. 2° du C.I.

* 14 Arrêté n° 96/060/MEF/SG/DGI du 27/05/1996 et la Note de service n° 96-119/MEF/SG/DGI/DVE du 30/10/1996

* 15 Art 460 al 4° du C.I.

* 16 Art 11 de la loi n° 54/94/ADP du 14/12/1994

* 17 Il s'agit essentiellement de la SOCOGIB, de la CEGECI, de la SONATUR et de la Société AZIMMO qui vient d'ailleurs d'acquérir la SOCOGIB dans le cadre de la privatisation (C.M. du 28/12/2001)

* 18 Art 649, 661, 666, 668 et 673 du C.E.T.

* 19 Art. 375 du C.I.

* 20 Alain EUZEBY, Les prélèvements obligatoires, PUF, 1992, 1ère édition P.94.

* 21 Art. 50 du Code pénal.

* 22 La formation des agents comprend l'exercice de la courtoisie en toute circonstance, mais en 1999 dans une localité de la région du plateau central, des agents ont été physiquement agressés dans une zone commerciale.

* 23 Art 40 et 413 nouveaux du CI selon la loi 98/38 op-cit

* 24 Art 589 à 602 du CET

* 25 Art. 11, 13, 112 et 113 du règlement n° 4/CM/96 du 20/12/1996 portant adoption d'un référentiel comptable commun au sein de l'UEMOA dénommé Système Comptable Ouest Africain (SYSCOA)

* 26 Francis LOECKX, Elément de la science des impôts, Tome 2, 4° édition 982, P 259.

* 27 Les avantages en matière d'IUTS-TPA, les exemptions et exonérations, les biens concernés par l'amortissement dégressif, la nature des actes sont énumérées tandis que des formules telles : « d'une manière générale... » sont imprécis.

* 28 F. LOECKX, op. cit. P. 302

* 29 J.B. FOTSING, Le pouvoir fiscal en Afrique, LGDJ, Tome51, Edition 1995, P. 160.

* 30 J.Y. TOE, Les aspects fiscaux et douaniers du développement économique de l'Afrique occidentale, Tome2, Thèse PARIS IV, 1978, P. 185.

* 31 D.G.I./CREDAF, op. cit. 1993, P. 72.

* 32 J.B. FOTSING, op. cit. P. 15.

* 33 J-M. LE BERRE, cité par L. MEHL, P. BELTRAME, op. cit. P. 709

* 34 Il faut rendre l'impôt attrayant en montrant sa nécessité pour le développement de la communauté.

* 35 P.N'GOASYNVATHN, op. cit. P. 206.

* 36 Il s'agit du Décret n°98-185/PRES du 27/05/98 promulguant la Loi n °010/98/AN 21/04/98.






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