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Les conditions de vie des retraités en Cote d'Ivoire

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par Arnaud kévin DAYORO
Université de Cocody - Doctorat 2008
  

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Conclusion

Au terme de cette réflexion, il convient de retenir que la retraite est une construction sociale, dont la compréhension requiert de se départir d'une approche simpliste et déterministe qui consiste à faire une projection des conclusions obtenues à partir des problématiques constatées dans d'autres contextes sociaux. Nous voulons parler ici des contextes occidentaux.

En analysant le cas particulier de la Côte d'Ivoire, nous remarquons que les retraités connaissent des difficultés particulières dans la reconstruction de leur parcours de vie post-retraite. Cette particularité nous conduit à conclure qu'en Côte d'Ivoire, les logiques de prise en charge institutionnelle, les représentations de la vieillesse, la structuration standardisée du parcours de vie, font rimer retraite avec vieillesse, retraite et incapacité intellectuelle et/ou physique.

Ainsi, le statut des retraités, leurs conditions de vie difficile, les problématiques inhérentes à la reconstruction de leurs parcours de vie, à la participation sociale des retraités, sont des construits sociaux et institutionnels qui contribuent à les maintenir dans l' « oubli social ».

Or, la pluralité des sorties du marché de travail, fait des retraités actuels, un groupe hétérogène qui se particularise par sa relative jeunesse, ses capacités à participer à la vie socio-économique et son choix de résider en milieu urbain. Les retraités et avec eux, les seniors se trouvent engagés dans un contexte social particulièrement complexe et fait de pluri rationalités.

Ceci implique d'une part que ces acteurs sociaux en rupture biographique, aient les ressources (identitaire, politique, culturelle, sanitaire, psychologique) et d'autre part qu'ils développent des stratégies nécessaires au processus d'adaptation, de résistance et d'innovation.

Cette observation indique que le phénomène du vieillissement en général et de façon particulière celui de la retraite, mérite aujourd'hui autant de réflexions que

les autres thématiques du fait de sa dynamique et de la précarité de la vie des retraités.

Mais et surtout parce qu'elle met en exergue une problématique anthropologique, celle de la conservation des particularités culturelles dans un champ sociohistorique marqué par la dynamique socioculturelle et la tendance actuelle à faire converger tous les modèles économiques, culturels, politiques, éducationnels.

Comment répondre aux défis que soulève une telle exigence anthropologique surtout quand il s'agit du vieillissement, inscrit dans ce processus de transition culturelle, politique, éducationnelle et surtout au regard de ses conséquences sur les rapports intergénérationnels ?

En conséquence, par rapport à cette interrogation qui va certes soulever des réflexions théoriques, et épistémologiques et des recherches visant à construire des politiques d'actions en faveur des seniors en Côte d'Ivoire, il découle de l'ensemble de ces travaux les acquis suivants:

I : De la nécessaire socialisation anticipatrice à la retraite

L'anticipation à la retraite concerne l'ensemble des procédures politiques et des stratégies qui préparent le retraité à mieux s'engager dans la transition biographique qu'impose la désocialisation professionnelle ; mais et surtout à réussir sa resocialisation, afin qu'il puisse (re) utiliser son « capital longévité » pour une vieillesse réussie.

Mais cette institutionnalisation de l'« éducation trouve son fondement dans une alternative paradigmatique.

II- La référence au paradigme de la complexité comme une alternative au paradigme déterministe et mécanique de la structuration du parcours de vie.

Le paradigme de la complexité est l'alternative à la dialectique retraite/mort sociale. Elle fonde une nouvelle rationalité qui intègre la personne retraitée dans une logique de pluriactivité et légitime les réflexions des facteurs sociaux du vieillissement actif. De façon pratique, cet intérêt s'illustre par la déconstruction de la corrélation « retraite mort /sociale ». C'est le troisième de cet essai.

III : De l'intérêt de la déconstruction de la corrélation « retraite-Vieillesse » ou « retraite-mort sociale » dans le processus de vieillissement actif et la quête de longévité.

L'étude recommande d'inscrire le phénomène de retraite dans une perspective de « destandardisation » du parcours de vie. Car la révolution de la longue vie et les recompositions sociales qui l'accompagnent, en plus de brouiller les repères temporels, ont contribué à brouiller l'assimilation entre les temps biologiques et les temps sociaux.

La topographie de la vieillesse se transforme de plus en plus, en même temps que s'entrecoupent et se reconfigurent les étapes du cycle de vie. Les personnes âgées ont plus besoin d'être reconnues que d'être assistées. Parce que l'avancée en âge ne doit pas signifier une " mort sociale ",

La déconstruction de la corrélation « retraite-Vieillesse consiste à indiquer que les retraités peuvent continuer à étudier, ils peuvent continuer à travailler, à s'investir dans des projets économiques, culturels, politiques, parce que l'éducation et la formation ne doivent plus être corrélées aux deux premiers âges. La répartition tripartite du parcours de vie ne doit plus orienter les politiques de gestion des seniors, mais elles doivent s'adapter à la dynamique du phénomène de retraite.

C'est donc l'immobilisme de la prise en charge, ou la continuité de la logique socioculturelle de l'administration coloniale à propos de la retraite qui conduit au constat suivant :

1- Les retraités ne bénéficient pas de véritables politiques visant à les préparer et à mieux gérer cette transition biographique.

2-Aucune politique d'accompagnement social, économique, psychologique et culturel et sanitaire n'est faite en faveur des seniors, pour qui la retraite ne rime plus avec « mort sociale » et « vieillesse ».

La gestion institutionnelle de la retraite en Côte d'Ivoire, ne prend pas en compte les nouvelles réalités sociologiques qui caractérisent le phénomène de la retraite en Côte d'ivoire. La gestion de la retraite en Côte d'Ivoire reste encore tributaire de cette logique ternaire de la subdivision du parcours de vie. C'est ce qui justifie que les grandes lignes de la gestion administrative soient focalisées sur trois axes : réception des dossiers, liquidation de la retraite et gestion des pensions des retraités.

IV- De la nécessaire valorisation des seniors ou « l'Ebébulisation » de la société ivoirienne dans le processus de quête de longévité

Il s'agit donc d'abandonner, d'une part, les lectures

« misérabilisantes », « avilissantes » de la vieillesse qui ont pour matrice, le paradigme du déclin, qui associe de fait « vieillesse et fragilité », « vieillesse et dérèglement du système immunitaire » « vieillesse et déficience cognitive », etc. et d'autre part l'homogénéité du cycle de vie.

Fort de tout ce qui précède, nous disons que la retraite, la bonne retraite, la vieillesse réussie, le vieillissement actif, la vieillesse active, le vieillissement réussi, sont autant de concepts qui désignent une réalité sociale, qui se caractérise par la capitalisation des capacités fonctionnelles, intellectuelles, relationnelles, économiques, psychologiques, religieux et politiques. Une vieillesse réussie se construit, depuis l'étape de la jeunesse. Il importe donc d'éduquer, de sensibiliser, d'informer.

Ce travail de recherche ouvre donc un vaste chantier de réflexion scientifique transdisciplinaire à propos du vieillissement mais et surtout du vieillissement actif, du vieillissement réussi, c'est le chantier « du comment passer du vieillir simple au mieux vieillir ». Tel est le défi actuel et futur des africains en général et particulièrement des Ivoiriens comme un projet personnel, communautaire, collective et institutionnel. En d'autres termes, comment éveiller la conscience de la longévité et développer les comportements appropriés ?

De vastes chantiers attendent donc des chercheurs de disciplines diverses (sociologie, anthropologie, médecine, psychologie, démographie, économie, etc.), pour rendre plus intelligible le phénomène du vieillissement en Afrique dans un contexte de transition culturelle, économique et social, afin de permettre aux décideurs politiques de construire de véritables programmes sociaux à court, à moyen et à long terme.

Cette étude vient contribuer ainsi à sensibiliser les chercheurs, les gestionnaires, les politiques, à propos de l'émergence de « l'homo senectus » et des implications sociales en termes de défis :

Les points qui méritent d'être approfondis sont :

· les constructions de l'aînesse sociale dans un contexte de transition culturelle, économique, et politique;

· les pathologies gériatriques spécifiques en Cote d'ivoire;

· les modèles traditionnels qui survivent comme source de potentialisation du vieillissement réussi ;

· les facteurs endogènes au vieillissement réussi;

· les logiques et les formes d'actualisation du pouvoir des vieux;

· les réponses du système sanitaire aux besoins de santé des seniors. En somme, comment intégrer la question du vieillissement actif dans tous les programmes développement humain durable, à court, moyen et long terme ?

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand