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Enjeux énergétiques et logiques sécuritaires: une analyse du déploiement américain dans le golfe de Guinée

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par Gen-serbé SINIKI
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master en Gouvernance et Politiques Publiques 2010
  

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Section 2. Les dimensions militaires de sécurisation et leur mise en oeuvre par les

Etats du golfe de Guinée

Si la sécurité nationale est foncièrement une question d'Etat, la complexification des relations internationales pousse celui-ci à prendre en compte aussi bien les dynamiques de dedans que les dynamiques de dehors. L'Etat s'insère désormais dans une nouvelle logique sécuritaire, celle de la sécurité avec les autres.

Paragraphe 1. Les initiatives nationales de sécurisation

Chaque Etat du golfe de Guinée développe des logiques très poussées pour sa sécurité. Chaque Etat essaie de (ré) construire une image de ses forces de sécurité et de défense suivant une catégorie bien précise.

A. La reconsideration de la sécurité nationale des Etats dans le golfe de Guinée

Chaque Etat développe une doctrine militaire par rapport à son environnement interne et externe. En effet, depuis les indépendances, la plupart des Etats africains insistent sur la dimension de l'intégrité de leurs frontières par leurs armées. Mais, il faut noter que la trajectoire historico-politique de chaque Etat conditionne l'importance qu'il accorde à son armée. Il peut s'agir pour l'Etat de noter les types de menaces avérées ou non auxquelles il fait face. Du coté des enjeux internes, on peut avoir les rebellions, le banditisme urbain ou encore les violences intercommunautaires. Du côté externe, on peut avoir les conflits liés au territoire, la criminalité transfrontalière, etc.

Dans une perspective comparative, Joseph Vitalis fournit une analyse de la manière dont l'armée est pensée à travers ses fonctions. D'abord, s'agissant de ía fonction de confinement, les armées africaines oeuvrent pour la maîtrise des pertes de substance, humaine et matérielle (pillage de l'Angola, du Congo-Zaïre, de la Sierra Leone), le contrôle de l'entrée d'éléments déstabilisants, seul moyen de briser la solidarité transnationale des crises (Sahel/Sahara, Tchad/Darfour, République centrafricaine/Sud-Soudan, arc de crise du golfe de Guinée). Ensuite, on a l'acquisition du renseignement qui est donc la deuxième mission de la force publique : donner au pouvoir central les moyens de savoir et de comprendre. Puis, la mission de contrôle des populations, la plus visible des tâches de police, consiste à faire échec aux facteurs et fauteurs d'insécurité, délinquants et criminels, au plus tôt et au niveau de contrainte le plus faible. Aussi, note-il que les armées peuvent certes agir hors du territoire national mais, en Afrique, le caractère transnational des menaces appelle à une coordination bi

et multilatérale des forces publiques de pays voisins, par des opérations de maintien de la paix ou la création de forces sous-régionales, plutôt que par l'action offensive ou défensive de moyens de combat165.

Nous devons comprendre que les doctrines sont très souvent mises à mal par les réalités quotidiennes soit par les comportements au sein même des Etats-majors, soit par les logiques internes et externes aux Etats qui sans cesse menacent leur souveraineté. Souvent aussi, on voit des confusions entre armées, police et gendarmerie surtout dans les Etats comme le Tchad où le visage social des forces de sécurité s'est considérablement dé/socialisé, déshumanisé voire même décivilisé.

Mais, en gros, ce qui structure la pensée sécuritaire en Afrique aujourd'hui peut être résumé en quelque points : démocratisation du secteur de la sécurité et de la défense, adaptation des forces armées au nouvel environnement de la sécurité et aux nouvelles missions d'interposition sur le théâtre d'opération sous-régionale, une restructuration conjoncturelle au service de la sécurité du régime et non de la sécurité de l'Etat, la formation et l'entrainement des forces de police166.

B. L'impact des reformes du secteur de la sécurité sur la gouvernance des Etats

C'est souvent fort de constats décevants du rôle des corps de sécurité que les Etats africains se lancent dans l'optique d'une réforme du secteur. Plusieurs réformes sont envisagées. Les enjeux ont considérablement changé et les Etats optent pour des corps bien formés à même de répondre aux conflits internes et externes. Les premières reformes permettent d'abord de répondre aux logiques sécuritaires internes, ensuite, il s'agit d'avoir des forces de défense et de sécurité aptes à coïncider avec les crises des sous-régions. À cela s'ajoute l'existence des dispositifs régionaux de gestion de crises qui reposent sur une logique aussi bien diplomatique que militaire. Il s'git de républicaniser les armées. Axel Augé dit, justement, que « l'armée n'est pas un isolat social. L'armée et les forces de sécurité sont dans la société tout comme la société est dans l'armée »167.

165 Joseph VITALIS, << La réforme du secteur de sécurité en Afrique : Contrôle démocratique de la force publique et adaptation aux réalités du continent », in Afrique contemporaine - Printemps 2004.

166 Axel AUGÉ, << Les réformes du secteur de la sécurité et de la défense en Afrique sub-saharienne : vers une institutionnalisation de la gouvernance du secteur sécuritaire », in Afrique contemporaine - Printemps 2004, p.125.

167 Ibidem.

Il s'agit en un mot de rendre les armées plus performantes. Pour de nombreux Etats, notamment, pétroliers du golfe de Guinée, il faut augmenter les dépenses dans le secteur168. L'exemple du Tchad est d'une grande importance dans cette analyse. Alors que le Fonds Monétaire International reproche à l'Etat tchadien de maintenir ses dépenses militaires à un niveau trop élevé, alors même que ses recettes pétrolières sont en baisse, ce qui crée un déficit budgétaire représentant 20 % du Produit Intérieur Brut, le président Idriss DEBY ITNO justifie.

De 2005 à 2009 nous avons effectivement consacré à notre armée presque autant de ressources qu'à notre développement. Nous n'avions, hélas, pas le choix. Avant le conflit avec le Soudan, l'armée tchadienne ne comptait pas plus de 25 000 hommes, contre plus de 8 0000 aujourd'hui, auxquels s'ajoutent les multiples équipements qu'il nous a fallu acquérir. Si nous n'avions pas consenti a cet effort exceptionnel, on ne parlerait plus du Tchad aujourd'hui. Mais si nos amis du FMI et de la Banque mondiale étaient objectifs, ils reconnaîtraient que, depuis 2003, ce que nous avons dépensé pour la santé, l'éducation et les infrastructures est dix fois, cent fois supérieur a nos dépenses militaires169.

Les Etats en augmentant les dépenses prétendent aussi professionnaliser leurs armées et à les socialiser. C'est dans cette optique que les propos du Président tchadien permettent de comprendre en substance que l'armée, entre 2005 et 2009, a crée 55 000 emplois.170 Le constat est que l'augmentation des dépenses dans le domaine de la sécurité et de la défense, notamment, n'est pas synonyme de performance de l'armée ou de la police. Encore faut-il prendre en compte les sous-secteurs dans lesquels on investit. Une étude consacrée à

168 Les dépenses militaires sont une évaluation des sommes attribuées que les gouvernements attribuent à des fins militaires. Ces dépenses permettent d'évaluer la priorité donnée aux moyens militaires d'assurer la sécurité, selon la façon qu'a chaque gouvernement d'évaluer la sécurité nationale, ou d'atteindre d'autres types d'objectifs nationaux définis dans les doctrines de sécurité nationale.

169 << Les vérités d'Idriss Deby Itno », interview du 27/04/2010, Jeune Afrique, disponible sur le site de jeune Afrique.

170 Soit presque deux fois l'effectif du reste de la fonction publique nationale. Ces reformes ont produit un << effet pervers »; l'armée tchadienne semble être une troupe incontrôlée, omniprésente dans les villes et les quartiers, notamment a N'Djamena, et dont on ne distingue plus clairement ni les grades ni les corps. Elle semble se construire par empilements successifs de rebelles ralliés au gré des stratégies changeantes de leurs chefs, sans aucune planification de l'état-major, ni intégration véritable du commandement et des hommes. International Crisis Group, << Tchad : un nouveau cadre de résolution du conflit », Rapport Afrique, N°144 - 24, septembre 2008.

l'efficience des dépenses militaires dans 37 Etats africains dont l'ensemble de ceux du golfe de Guinée conclut que :

les résultats obtenus après estimation des scores d'efficience des dépenses militaires indiquent qu'en moyenne, les gouvernements africains sont très peu efficients en ce qui concerne les services de défense. Toutefois, les résultats indiquent aussi que les inefficiences observées en Afrique ne sont pas liées au niveau des dépenses allouées, mais plutôt sont la résultante de l'allocation sous-optimale des ressources dans les dépenses publiques171.

Les indicateurs sociaux ne pas positifs non plus. Les Etats qui allouent des grosses sommes aux dépenses de sécurité présentent des indicateurs sociaux moins satisfaisants en Afrique. L'étude dont nous faisons écho souligne aussi qu' à partir d'une comparaison des indicateurs sociaux dans les pays à des niveaux différents de revenus, les auteurs concluent que des dépenses publiques élevées n'améliorent pas significativement le bien-être social. Le message central de cette partie est qu'augmenter les allocations budgétaires pour la défense n'est pas le moyen le plus efficace pour accroître les outputs économiques et sociaux en Afrique, et qu'une attention plus soutenue doit être accordée à améliorer l'efficience des dépenses militaires172. Au contraire, les Etats sont militarisés. Il se « crée des principautés fondées essentiellement sur la force des armes et le jeu d'influence des puissances protectrices ou conquérantes. Le trait politique dominant devient alors l'instabilité. Car, tout changement d'intérêt ou de rapports de forces au sein de la coalition des Etats protecteurs déclenche systématiquement des rebellions »173. L'enjeu des reformes sécurité devient, de ce fait, politique. Les Etats engagent des réformes destinées d'abord au renforcement de la subordination de l'armée aux autorités politiques civiles puis à la modernisation du secteur de la sécurité. C'est l'exemple du Bénin. Ceci donne lieu à des réformes centrées sur la reconstruction du secteur de la sécurité et de la défense, comme en Côte d'Ivoire, ou plus récemment au Togo. La régionalisation devient tout au moins important pour les Etats du golfe de Guinée, au vu de flux transnationaux.

171 Thérèse Félicitée AZENG, « Dépenses militaires, gouvernance et efficience économique : le cas de l'Afrique sub-saharienne », Mémoire de Diplôme d'Etudes Approfondies (DEA) en Sciences Economiques, Macroéconomie appliquée, option Finances Publiques, Université de Yaoundé 2-Soa, 2007, p.42.

172 Ibidem.

173 Wullson MVOMO ELA, op.cit., p. 29.

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