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Christologie contemporaine: le défi du pluralisme religieux

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par Clément TCHUISSEU NGONGANG
Grand séminaire Notre Dame de l'Espérance de Bertoua - Baccalauréat canonique en théologie 2011
  

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CHAPITRE IV : L'UNIVERSALITE DE LA MEDIATION SALVIFIQUE FACE AUX AUTRES RELIGIONS

Le phénomène du pluralisme religieux a provoqué un développement christologique. Les deuxième et troisième chapitres ont pu exposer ces principales approches. Il sera à présent question de nous servir de ce déploiement théologique pour réinterpréter dans le contexte actuel du pluralisme religieux, l'affirmation de l'universalité de la médiation salvifique du Christ. Pour ce faire, nous allons d'abord nous pencher sur quelques points qui constituent des obstacles à une telle entreprise. Nous terminerons par quelques repères pour le dialogue interreligieux.

I- PROBLEMES LIES A L'AFFIRMATION DE L'UNIVERSALITE DE LA MEDIATION SALVIFIQUE DU CHRIST

Dans la société postmoderne, l'affirmation de l'universalité de la médiation salvifique du Christ demeure justifiée. Mais, elle se heurte à quelques difficultés que nous allons clarifier.

1- Le problème du langage

La société postmoderne exige une vision plurielle de la réalité. Cette pluralité n'épargne aucun domaine (religieux, politique, moral...). Dans ce contexte, tout langage rationnel ne doit pas être entaché d'une vision moniste du réel. Or, comme nous le fait remarquer Albert Dondeyne, le malaise christologique contemporain est aussi un « malaise qui se situe d'abord et directement au niveau de la formulation dogmatique. »248(*) Il est vrai que le discours sur le Christ, et de façon générale la théologie, s'est élaborée sur la base de l'ontologie métaphysique. Un regard historique permet de nous rendre compte que « traditionnellement, la théologie a considéré comme universels ses énoncés consacrés par un long usage, y voyant les expressions d'une vérité absolue et salvifique qui, selon la célèbre phrase de Lérins, a été crue « partout, toujours et par tous. »249(*) C'est comme si pour l'homme moderne, la médiation salvifique universelle du Christ, au niveau de son expression, évoque le retour à l'ère des universaux.

Il serait judicieux de préciser que dans les formulations dogmatiques, on distingue l'expression et le contenu. Il apparaît que c'est davantage la proximité de l'affirmation de cette médiation avec, du point de vue de l'expression, le concept de l'universalité comme telle qui fait problème. Il rappelle en apparence l'universel des systèmes hégélien ou néoplatonisme. Les épistémologues de la ligne historiciste radicale comme Nietzsche, Foucault et Derrida pousseront loin la thèse de la réfutation de l'universalité épistémologique jusqu'au rejet d'un sens englobant tous les autres, d'une intentionnalité et d'une universalité dans les résultats épistémiques.250(*)

C'est aussi vrai de remarquer que la théologie est passée par une étape où l'universalité des vérités énoncées était inséparable de l'unicité de son expression. Claude Geffré décrit d'ailleurs ce passage en ces termes :

« A l'aube des temps modernes, l'Eglise s'est pensée comme une société exclusive selon le modèle d'une idéologie unitaire. La théologie dogmatique de type monolithique était cohérente avec son rapport défensif à l'égard de la société moderne. En même temps qu'elle refusait à l'extérieur d'elle-même le pluralisme idéologique et culturel des sociétés libérales d'Occident, elle condamnait le pluralisme doctrinal à l'intérieur d'elle-même et définissait des règles de l'orthodoxie de plus en plus strictes. »251(*)

De son côté, Walter kasper fait le constat similaire : « Etant donné le pluralisme du monde moderne et postmoderne, il n'est pas surprenant que l'affirmation selon laquelle Jésus-Christ est le Verbe définitif, qui a une valeur universelle, pose problème et que la question du caractère unique de Jésus-Christ soit devenu le sujet d'une vaste et âpre discussion à l'intérieur et à l'extérieur de la théologie. »252(*)

Aujourd'hui, au sein même des sciences théologiques, l'universalité dans l'expression n'est plus nécessaire. La théologie a intégré la pluralité des approches de la vérité, caractéristique de la postmodernité dont l'émiettement des domaines du savoir dans les sciences en général. Il n'est donc pas surprenant qu'avec les penseurs comme Karl Popper253(*), on soit conduit vers la thèse de la falsifiabilité des hypothèses en science induisant à abandonner l'idée traditionnelle de vérité pour embrasser celle de vérisimilarité, ou qu'avec Thomas Kuhn et son approche des paradigmes, les vérités scientifiques (au sens large) ne soient plus de l'ordre de l'immuable, des noumènes objectivables, mais du provisoire. Ces vérités valent tant que ce modèle auquel elles appartiennent n'est pas dépassé.

Pour résumer, l'affirmation de l'universalité de la médiation salvifique du Christ rencontre dans l'époque postmoderne un obstacle épistémologique. Nous montrerons dans la suite comment le contenu de cette affirmation reste justifiable face au pluralisme religieux de notre époque, puisque la valeur universelle de la médiation en question transcende la simple appréhension épistémologique.

* 248 DONDEYNE Albert, « Le malaise christologique contemporain », dans Albert DONDEYNE (et alii), Op.Cit., p. 31.

* 249 THIEL John, « Le pluralisme dans la vérité théologique » dans Concilium, n°256, 1994, p. 81.

* 250 Ibidem, p. 83.

* 251 GEFFRE Claude, Le Christianisme au risque de l'interprétation, Cerf, Paris, 1983, p. 73.

* 252 KASPER Walter, « Jésus-Christ, Verbe définitif de Dieu » dans Communio, Op.Cit., p. 16.

* 253 « Popper, sir Karl Raimund. » dans Microsoft® Encarta® 2009 [DVD]. Microsoft Corporation, 2008.

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