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Christologie contemporaine: le défi du pluralisme religieux

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par Clément TCHUISSEU NGONGANG
Grand séminaire Notre Dame de l'Espérance de Bertoua - Baccalauréat canonique en théologie 2011
  

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CONCLUSION GENERALE

Somme toute, que faut-il retenir ? Notre étude était guidée par une interrogation principale : comment concilier l'universalité du salut en Jésus avec le phénomène du pluralisme religieux ? L'unique médiation salvifique du Christ est-elle encore justifiable dans la période contemporaine ? Cette problématique traduit le défi auquel la christologie contemporaine est soumise.

Avant de nous pencher sur les investigations christologiques contemporaines en lien avec la problématique, il nous a paru important de rappeler la théologie du Logos comme principale réaction christologique de l'Eglise primitive face au pluralisme religieux à l'époque antique : Justin et le Logos spermatikos, Clément d'Alexandrie et la praeparatio evangelica et Irenée de Lyon et la théologie de la récapitulation. Or, une période de répit suivit la persécution et vit l'Eglise être érigée en religion d'Etat. Dans cette période, la maxime de Cyprien et d'Origène (« hors de l'Eglise point de salut ») visant à l'origine la préservation de l'unité et adressée aux hérétiques et aux schismatiques, fut étendue à la situation de ceux qui n'appartenaient pas à l'Eglise. Progressivement, certains facteurs (découvertes de nouvelles terres et différents schismes) vont précipiter le passage de l'exclusivisme ecclésiologique issu d'une certaine interprétation de la formule à l'exclusivisme christologique plus englobant. L'exclusivisme a été (même sous la forme de la théorie de récapitulation de Jean Daniélou et de Henri de Lubac) une réponse à la question que pose le pluralisme religieux à la foi chrétienne.

En réalité, si l'ère de l'exclusivisme a été révolue avec le concile Vatican II inaugurant un nouveau regard sur les autres religions, c'est qu'au niveau théologique les choses sont avancées. Plus encore, la situation de la modernité frappe l'option de l'exclusivisme du sceau de l'archaïsme et lui reproche l'étroitesse de son regard. Le pluralisme religieux, à cause de ses incidences sociopolitiques et juridiques (laïcité, Droit de l'homme), prend un visage particulier au sein de la société moderne, surtout à l'itinéraire gestationnel de l'Etat laïque. N'a-t-on pas été sommé de constater que le religieux que l'Etat moderne avait mission de faire disparaitre, s'est comme démultiplié sous la forme du pluralisme religieux et se présentant du même coup comme une composante incontournable de la société que le politique se doit d'intégrer ? Le pluralisme religieux avec lequel la christologie est aux prises est d'essence contemporaine, autrement dit, celui-ci n'apparait pas uniquement comme la configuration d'une pluralité d'options religieuses. Il s'inscrit dans le projet de la postmodernité comme l'avènement irréversible de la pluralité, nourrissant l'horreur de l'unitarisme absolutiste même sous la forme religieuse d'une unicité de la médiation salvifique du Christ. Dans ce contexte, deux grands courants marqueront le débat théologique : l'inclusivisme christologique et le théocentrisme. L'inclusivisme constitue assurément dans cette perspective la première réponse ouverte au phénomène du pluralisme religieux. Pour cette approche, le Christ est cause du salut de l'humanité. Il peut être perçu comme cause formelle du salut (inclusivisme constitutif). C'est dans ce sillage que s'inscrivent les approches de Karl Rahner avec la théorie des « chrétiens anonymes », de Jacques Dupuis et de Walter Kasper. En revanche, le Christ peut aussi être cause de salut dans la mesure où en lui, le salut est définitif et indépassable, sans pour autant exclure que d'autres figures en soient aussi des canaux (inclusivisme normatif de Hans Küng par exemple). D'autres tentatives cependant approchent l'intelligibilité par l'analogie - c'est le cas de l'approche incarnationnelle de la christologie africaine ou de Pannikar -, ou par comparaison avec d'autres figures salvifiques sous l'angle de la sacramentalité historique du salut qui vient de Dieu (Schillebeeckx).

La dernière approche est le théocentrisme qui, pour l'essentiel, transpose sur la figure du Christ le projet de désabsolutisation du christianisme initié par les penseurs comme Tillich et Troeltsch. A la suite de ces derniers, certains vont pour ainsi dire réviser la christologie en niant par exemple l'affirmation pour eux aberrante du Dieu incarné réduite à une métaphore (John Hick). D'autres encore soutiendront qu'étant une figure salvifique parmi tant d'autres, la révélation issue de lui doit être complétée par d'autres et servir des causes de libération des opprimés (Paul Knitter) et de rapprochement des peuples (John Cobb). Le constat est évident : pour le théocentrisme, l'universalité de la médiation salvifique du Christ est injustifiable.

L'étude approfondie de l'inclusivisme christologique et du théocentrisme nous a permis d'amorcer dans le quatrième chapitre une justification de l'universalité et de l'unicité de la médiation salvifique du Christ. Le pluralisme - qui prône le théocentrisme - exploite une caractéristique de l'épistémologie postmoderne, celle du culte de la pluralité, prolongeant de ce fait le perspectivisme nietzschéen. Ensuite, ce courant interprète d'une certaine façon des passages johanniques où Jésus est présenté en dépendance d'action par rapport à son Père. Enfin, ce courant, dans une sorte d'amalgame entretenue entre culture et religions, comprend l'universalité de la médiation du Christ comme une entorse faite aux autres cultures qui n'adhèrent pas massivement au christianisme. Il a fallu montrer que l'universalité de la médiation salvifique transcende le cadre épistémologique ou culturel, émerge même de la pensée johannique. Cette médiation n'est pas exclusive des autres médiations des traditions religieuses. Elle est relationnelle ; parce que liée à la consubstantialité du Verbe incarné avec la nature humaine, elle se manifeste bien que de manière incomplète, dans toutes les autres médiations, comme leur source et leur fondement. Dans cette perspective, peuvent se dégager, comme nous l'avons montré, quelques repères utiles dans le dialogue interreligieux.

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