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L'or blanc. le marché occulte et illégal du corps humain à  Libreville

( Télécharger le fichier original )
par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo - DEA 2010
  

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Section 3 : Démarche méthodologique

La notion de << terrain >>, notion clé en sciences sociales en ce sens que c'est le terrain qui est le premier << guide du chercheur >>, il est également le laboratoire où le chercheur va puiser le matériau brut de son enquête et il est enfin le lieu idéal où l'on peut observer les pratiques sociales, sinon la réalité sociale. En effet, << faire du terrain, c'est avoir envie de se colleter avec les faits, de discuter avec les enquêtés, de mieux comprendre les individus et les processus sociaux >>.69 Il va de soit qu'il n'y a pas de recherche sans terrain, surtout en sciences humaines.

1- Cadre empirique de la recherche

Indépendamment du cimetière de Mindoubé comme cadre empirique principal de notre recherche, nous avons aussi retenu deux autres sites : la Mission protestante de Baraka et la cathédrale Sainte Marie de Libreville. Ces deux sites présentent une même caractéristique : ils sont construits aux abords des cimetières (comme le montrent les photos qui suivent). D'où le tableau suivant :

69 Stéphane BEAUD et Florence WEBER, Guide de l'enquête de terrain. Produire et analyser des données ethnographiques, Nouvelle édition, Paris, éd. La Découverte, 2003, p.16.

Tableau n°2 : les Églises à proximité des cimetières

Arrondissement

Église

Cimetière
clôturé

Cimetière
éclairé

Cimetière
Gardé

Obédience

2ème

Sainte Marie

Oui

Non

Non

Catholique

4ème

La Mission Baraka

Partiellement

Non

De jour

Protestante

Nous voulons apporter quelques précisions. La Mission protestante de Baraka est construite à côté de son cimetière et comme nous l'a fait remarqué le pasteur Raymond AKITA de la paroisse :

Énoncé n°1 :

- « La construction du cimetière répondait déjà à un souci de sécurité des morts. Depuis l'antiquité, les cimetières doivent être mis en sécurité par les hommes d'Église pour éviter les profanations des tombes. L'Église étant mieux placée pour connaître les lois ésotériques. L'Église se faisait garante de veiller sur les cimetières. Et l'Église a compris et a réalisé que le pôle central de toutes les Églises du monde entier doit regarder le coucher du soleil. Tout simplement parce que le coucher du soleil est le repos de l'dme. Tout n'est que la symbolique du reflet du visible et de l'invisible selon les enseignements de l'Église et des dimensions supérieures. Alors quand tu viens à l'Église le dimanche c'est pour chercher le repos de ton dme. Et la porte centrale regardant le coucher du soleil c'est le symbole de l'homme qui a travaillé toute la journée et qui rentre dans sa maison le soir se reposer. Et l'Église, pour l'orientation de la vérification de la porte centrale face au coucher du soleil, l'Église a jugé mieux non seulement pour la sécurité, pour éviter la profanation des tombes, a trouvé mieux de mettre les cimetières derrière les Églises. Et la tête et la croix se situent au niveau du levé du soleil tout simplement parce que le levé du soleil est le symbole de la résurrection, de la naissance, le réveil du matin. Comme l'homme se réveille, celui qui est parti aussi a besoin d'un réveil par l'orientation de la croix sur la zone du soleil ».70

Ce que montrent surtout ces propos, c'est que la mission de l'Église est de protéger les cadavres de la profanation. Autre fait, c'est que les propos du pasteur, le

70 Propos du pasteur Raymond AKITA, pasteur de la Mission protestante de Baraka de Libreville, 42 ans, Galoa. Entretien réalisé le 6 août 2009 à 13 heures. Il exerce le sacerdoce depuis 2000.

seul qui a bien voulu nous recevoir, nous éclairent sur la façon dont sont disposées les tombes dans un cimetière et cela peut expliquer les propos selon lesquels il y'aurait une vie après la mort. La Mission protestante de Baraka est construite autour des habitations et Sainte Marie, est plutôt entourée de cimetières, nonobstant l'école catholique qui est située dans sa concession. De même, pour avoir une idée précise de ce que nous avançons ici, nous proposons aussi quelques photos de La Mission Baraka et de la cathédrale Sainte Marie qui viennent illustrer notre argumentation :

Photo n°1 : Une des vues de la Mission protestante de Baraka
de Libreville dans le 4ème arrondissement

Cliché de Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, 6 août 2009

Au premier plan, on peut apercevoir la bâtisse en bois construite dans les années 1880 par les missionnaires américains au Gabon. On note également une route secondaire visible qui conduit au cimetière de la Mission. Enfin, au second plan le nouvel édifice abritant la paroisse et au milieu la route principale goudronnée. De plus, le site est dans l'obscurité. Enfin, pour revenir au premier plan, la bâtisse en bois sert de centre de documentation et peut, selon les circonstances, prêter son cadre pour des réunions importantes etc.

Photo n°2 : Une vue principale du cimetière de Baraka

Cliché de Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, 6 août 2009

Le portail principal du cimetière est fait de bois et c'est un site qui n'est pas éclairé comme Plaine Niger, Mindoubé et Lalala. On observe lors de notre passage un travailleur qui préparait le caveau pour un enterrement. De plus, le pasteur AKITA nous a rappelé qu'il n'y a aucune profanation dans ce site. Ce qui prouve que l'Église protège de la profanation des tombes et des corps.

Photo n°3 : Un aperçu de la Mission protestante de Baraka

Cliché de Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, 6 août 2009

Notons que la paroisse est sans barrière de protection et est traversée de jour comme de nuit par les habitants qui vivent aux alentours.

Photo n°4 : Une vue latérale de la cathédrale Sainte Marie de
Libreville

Cliché de Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, 6 août 2009

Ici en premier plan, nous avons le cimetière catholique de Sainte Marie qui est protégé par une barrière. Notons que seules les tombes des missionnaires et les hommes qui ont servi l'Église y sont enterrés. Le site toutefois est dans l'obscurité. Dans la concession, il existe ce genre de cimetière, surtout lorsque l'on fait le tour de la cathédrale. Il ya plus de 2 ans que cette cathédrale fut fermée au public pour des travaux de réfection et d'agrandissement. Il semblerait que ces travaux ne furent qu'un alibi pour mieux déplacer la dépouille du défunt archevêque Monseigneur ANGUILET qui fut enterré à l'intérieur comme le veut la tradition catholique. Il fut canonisé.

Photo n°5 : Une vue partielle du cimetière catholique de
Sainte Marie

Cliché de Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, 6 août 2009

De près cette photo montre bien la disposition des stèles dont faisait allusion le pasteur AKITA. Au second plan, nous avons la cathédrale et juste sur son flan gauche, des statuettes d'hommes d'église qui ont fait son histoire. C'est comme si il s'agit d'un culte des morts un peu à l'européenne.

Photo n°6 : Une prise de vue faciale de Sainte Marie

Toujours pour renchérir les propos du pasteur AKITA, nous voyons que sur ce plan, une tombe a été érigée juste à l'entrée de l'église et est toujours disposée de telle sorte que le défunt puisse « ressusciter » selon le levé du soleil.

Photo n°7 : Des stèles à Sainte Marie

Cliché de Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY, 6 août 2009

On se rend compte finalement que Sainte Marie est un grand cimetière et nonobstant le fait que la cathédrale soit un lieu de prière, ce qui fascine les visiteurs et donc l'Église est un « cimetière » fait pour protéger les corps de la profanation.

2- Caractéristiques de notre population d'enquête

Sur un échantillon de cinquante-deux (52) personnes, nous n'avons retenu que 25 personnes dont les réponses nous paraissent plus pertinentes pour le travail. Aussi, en références documentaires, nous avons détaillé cet échantillon de vingt-cinq (25) personnes.

3. Techniques de collecte et de traitement des données

3.1. L'entretien et la photographie comme techniques de collecte des données

La technique utilisée pour collecter l'information repose sur un guide d'entretien, technique que nous avons trouvé pertinente car elle met en situation d'échange le chercheur et l'informateur ; mieux, comme on dit, il s'agit d'« une technique qui consiste à organiser une conversation entre enquêté et enquêteur. Dans cet esprit, celui-ci doit préparer un guide d'entretien, dans lequel figurent les thèmes qui doivent être impérativement abordés ».71 De même, le travail ethnographique est délicat puisque « être ethnographe, en effet, c'est d'abord consigner les dires d'informateurs indigènes convenablement choisis ».72

En somme, il existe plusieurs modalités d'organisation des entretiens ; dont nous avons retenu l'entretien semi-directif comme modalité utilisée. Cet entretien semi-directif « suppose que le chercheur annonce à son interlocuteur le thème de l'entretien. Il fait en sorte que celui-ci se déroule le plus « naturellement » possible (non standardisation de la forme et de l'ordre des questions), tout en abordant l'ensemble des sujets fixés au départ ».73

La photographie pour sa part nous permet de mieux apprécier le phénomène étudié parce qu'elle raconte l'objet en le rendant plus vivant, plus concret. En fait, elle suscite les émotions et la sensibilité du chercheur et des lecteurs face à l'objet d'étude. Mieux, les « photographies pourront (<) servir de document, d'aidemémoire »74 et font du chercheur un « spectateur au carré, caisse de résonance du spectacle»75 ou un témoin oculaire. La photographie est donc une preuve

71 Alain BEITONE et al., Sciences sociales, Paris, Sirey, (coll. « aide-mémoire »), 3ème éd., 2002, p.27.

72 Jeanne FAVRET-SAADA, Les mots, la mort, les sorts, Paris, Gallimard, 1977, p.26.

73 Alain BEITONE et al., ibid., p.28.

74 Stéphane BEAUD et Florence WEBER, Guide de l'enquête de terrain. Produire et analyser des données ethnographiques, Nouvelle édition, Paris, éd. La Découverte, 2003, p.154.

75 Ibid., p.155.

immensément importante au sujet de la nature même de l'objet d'étude observé et sur le rôle que l'on occupe souvent sans le savoir sur le terrain.

3.2. L'analyse de contenu comme technique d'analyse des données

« L'analyse de contenu porte sur des messages aussi variés que des oeuvres littéraires, des articles de journaux, des documents officiels, des programmes audiovisuels, des déclarations politiques, des rapports de réunion ou des comptes rendus d'entretiens semi-directifs. Le choix des termes utilisés par le locuteur, leur fréquence et leur et leur mode d'agencement, la construction du « discours » et son développement constituent des sources d'informations à partir desquelles le chercheur tente de construire une connaissance ».76

En un mot, l'analyse de contenu est un des outils d'analyse qui nous permet, en tant que technique de traitement des données, de confronter l'idée selon laquelle les faits scientifiques sont à la fois « conquis, construits et constatés ». Au coeur du dispositif : le recueil des données et leur analyse. Elle nous permet de rendre explicite l'implicite, pour lire au-delà des textes, pour décrypter les idéologies de nature qualitative et quantitative. Surtout, elle est à la base de la construction de notre concept fondamental d'étude : l'« or blanc ».

3.3. Limites de l'étude

Une des difficultés majeures n'est pas tant celle de la documentation en tant que telle, plutôt de pouvoir obtenir des entretiens avec les différents responsables religieux de Libreville. En effet, nous n'avons pas pu rencontrer un des prêtres du séminaire Saint Augustin assermenté sur la question et ce ; indépendamment du fait que nous étions recommandés. Cependant, seul le vicaire de la Paroisse de Saint André, l'abbé Dieudonné nous a apporté des informations précieuses. Il en est de même pour le pasteur de la Mission protestante de Baraka qui a été très coopératif.

76 Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT, op.cit., pp.229-230.

Par ailleurs, certains pasteurs des Églises dites de réveil qui, lors de nos premiers passages, acceptaient de nous recevoir puis, refusèrent sous prétexte qu'ils n'avaient jamais le temps disponible.

Précisons que nous assistions à toutes les messes comme ces pasteurs nous le recommandaient mais après, des parades étaient mises en place pour ne plus nous recevoir. De même, nous nous rendons compte que travailler de manière générale sur la problématique de la mort à Libreville pose d'énormes difficultés : la réticence de nos interlocuteurs de nous recevoir. Parfois même, on a été victime d'injures (les plus fréquentes faisaient toujours allusion à une possible adhésion aux loges rosicrucienne et franc-maçonne de la place) parce que selon eux, on ne peut pas travailler sur de tels sujets sans être un des leurs.

Pour finir, signalons que l'anonymat et les agressions verbales des interlocuteurs au cimetière ont constitué aussi des limites. En effet, si certains de nos interlocuteurs ont accepté que nous déclinions leurs identités dans ce mémoire, il n'en demeure pas moins que la majorité de nos interlocuteurs (surtout les familles des victimes des profanations des tombes et certains habitants de Mindoubé) a préféré l'anonymat et les menaces verbales à notre égard ; due certainement à la sensibilité et à la délicatesse du sujet que nous traitons présentement.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire