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L'institutionnalisation du pouvoir et l'émergence de l'état en République Démocratique du Congo : 1960-2006

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par Corneille YAMBU -A- NGOYI
Université de Kinshasa - DES 2005
  

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III. L'effondrement du rôle de l'Etat ou le retour du « zombi » à sa tombe.

Nous avons montré que de 1965 à 1990, ce qui passait pour être un Etat congolais ou zaïrois selon les périodes ne pouvait nullement l'être sauf en terme de fiction comme à l'époque de Léopold II. Nous en avons donné les raisons parmi lesquelles la plus fondamentale est l'absence d'un pouvoir juridiquement « institutionnalisé » différent de la personne physique Mobutu son détenteur. Et celui-ci imposant la force de sa propre personnalité à l'ensemble des populations congolaises extenuées des affres des crises chroniques et des guerres incessantes, manipulait en fin stratège les caricatures d'un Etat dont l'embryon serait mort depuis les années 1961 et 1962, tel un « zombi »447(*) sans vie accomplissant les gestes de son maître.

Sennen Andriamirado cité par Afana dit : « le mal zaïrois réside dans la confusion que l'on a faite pendant la deuxième République et le parti Mobutu et le Zaïre. Mobutu, au temps fort de sa dictature était le Zaïre et le Zaïre était lui. Avec les événements de 1990, Mobutu quitte momentanément la scène politique et, avec lui, l'administration disparaît. Les bureaux se vident et la mafia s'installe »448(*).

Deux secteurs sont révélateurs de l'effacement du rôle de l' « Etat » de la vie nationale :

- L'Administration ;

- Et l'Armée.

1°. L'Administration congolaise.

Nous pouvons ainsi les décrire avec Désiré AFANA : « l'Administration zaïroise est en perte de vitesse. Elle est minée par la corruption et souffre de ses accointances passées avec le Mouvement Populaire de la Révolution. Elle n'a pas encore réussi à s'adapter aux exigences de la démocratie. Endetté tant sur la plan interne qu'à l'extérieur, l'Etat zaïrois ne peut plus à ce jour, assurer l'éducation de sa jeunesse, les soins de santé de sa population, l'entretien de son réseau routier etc.... ».

Sous l'acte constitutionnel de la transition, il a été tenté d'effacer juridiquement Mobutu de la scène politique. Il s'en suivi que l'Etat incarné par Mobutu devait aussi s'effacer. N'ont pas totalement tort ceux qui comparent l' « Etat » congolais ou zaïrois de ce temps ou ce qui en tient lieu à un « lobby » étranger plus attentif aux caprices de ses pilotes qu'aux problèmes de la masse »449(*).

Il est vrai que le Zaïre disposait encore d'une population comme élément constitutif ou condition d'existence de « l'Etat » ; il est aussi évident que le pays ne disposait plus d'un gouvernement et d'un territoire correspondant respectivement à une organisation politique ni à une territoriale étatique l'est ainsi que l'on pu assister à une double représentation diplomatique zaïroise au 34ème sommet de l'OUA où le pays fut représenté par Me Kamanda Wa Kamanda pour le compte de Kinshasa et par Bizima Karaha pour le compte de Goma, le 17 mars à Lomé au Togo.

2°. L'Armée congolaise.

Il n'est pas alors surprenant que l'Administration zaïroise batte de l'aile car il est de principe que l'Administration travaille sous l'impulsion du gouvernement en vue d'assurer l'exécution de ses orientations générales au bas niveau. Il ne pouvait en être ainsi lorsque l'autorité gouvernementale se trouvait dispersée. L'on ne peut parler de l'Etat au sens moderne sans l'existence d'une armée nationale permanente et organisée. Celle-ci sert à rendre effective la souveraineté tant sur le plan extérieur par la défense des frontières nationales contre une agression que sur le plan intérieur par la réduction de toute force opposée au gouvernement légale en cas d'échec de services de police. Or le Zaïre de 1990 à 1997, les services militaires formés pour n'obéir qu'à un seul Chef Mobutu, et vivant comme ledit Désiré Afana grâce aux retombées financières de cette soumission au guide éclairé, ne tenaient plus le coup sans la générosité du Maréchal Président, exception faite bien sûr, de la Direction Spéciale Présidentielle (DSP).

L'Armée est désormais comme sans maître depuis que le Chef suprême en proie à une lutte sans merci contre une classe politique déterminée à le diminuer résiste par une errance qui le tient loin de la capitale. C'est avec à propos que l'on peut conclure à la déliquescence des forces armées zaïroises lesquelles faute d'assurer la protection de leurs concitoyens abusèrent systématique de la force de la gâchette par les pillages rappelant les « razzia » des hordes barbares sur les populations victimes. Cela semble bien reculé dans l'histoire. Mais au Zaïre ce fut une triste réalité ; est-il aussi qu'une telle armée n'était plus qu'une coquille vide, incapable de jouer son rôle, elle se fondit comme neige au soleil à chaque confrontation avec les forces rebelles de Laurent Désiré Kabila appuyé par le Rwanda, jusqu'à ce que n'ayant plus ni troupe ni garde « impériale » comme Napoléon à Waterloo, Mobutu quitta Kinshasa le 16 mai 1997 sans que ni la constitution du 24 juin 1967 fréquemment révisée ni l'Acte constitutionnel de la transition du 09 avril 1994 aient eu suffisamment d'autorité juridique pour s'imprimer dans la culture congolaise et concourir à l'instauration d'un pouvoir politique institutionnalisé catalyseur d'une société politique organisée et d'une Armée Républicaine. Avant de disparaître de la scène, sur les cendres de son oeuvre qu'il a contribué activement à démolir le Maréchal-Président a promis après lui, le déluge à son peuple au lieu d'un Etat stable.

Le 17 mai 1997 Laurent Désiré Kabila s'auto - proclama, à partir de la ville minière du Zaïre, Lubumbashi, le 3ème Président du pays. Le lendemain ses troupes investirent Kinshasa la capitale sans combat faute de combattants. Avec le nouveau régime, l'ordonnancement constitutionnel devait changer. Ce qui nous intéresse c'est logiquement, le sort du pouvoir et ses implications sur la renaissance de l'Etat au Congo.

* 447 Terme attribué au mort manipulé part les chefs religieux « vaudou » pour accomplir certains actes d'après une certaine croyance.

* 448 Sennen Andriamirado, Zaïre, l'Etat néant, dans « Jeune Afrique » (le temps du monde) n° du 18 au 24 septembre 1996 cité par Afana, D., p.p. 63 et 147.

* 449 Afana, D., op.cit, p. 64.

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