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Expériences de Micro-assurance de Santé et d'AMO: qu'en est-il d'une transition vers la Couverture Maladie Universelle dans les pays à  revenus faible et moyen ? (Propositions pour la Tunisie)

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par Khaled MAKHLOUFI
Université d'Auvergne - CERDI - Master économie de la santé dans les pays en développement et en transition 2002
  

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III. Leçons des expériences mûres de transition d'Assurance Maladie Obligatoire vers la CMU :

On ne va pas apporter un plus en disant que l'AMO est une des principales méthodes de financement des systèmes de santé, si ce n'est la plus importante, puisque plusieurs pays ont établi le principe de la couverture universelle par cette méthode (Carrin et al, 2004). Plusieurs pays à faible ou moyen revenus sont en train d'étendre la couverture de leur assurance maladie existante, pour couvrir éventuellement la totalité de leur population. En 2005 l'OMS par son assemblée mondiale (WHA : World Health Assembly) a explicitement incité les pays membres à oeuvrer et planifier pour atteindre la CMU en tenant compte bien sûr des réalités

macroéconomiques, politiques et socioculturelles dans chaque pays (WHA, 2005). Le secrétariat de ce même WHA a adopté la définition suivante de la couverture universelle : « access to key promotive, preventive, curative and rehabilitative health interventions for all at an affordable cost » (WHA, 2005). Le rapport sur la santé dans le monde de 2008 a aussi définit la couverture universelle comme « universal access to the full range of personal and non-personal health services they need, with social health protection » (WHO, 2008). De son côté, Nitayarumphong a avancé la définition suivante : «universal coverage as «a situation where the whole population of a country has access to good quality services according to needs and preferences, regardless of income level, social status, or residency »(Nitayarumphong, 1998). Enfin de son côté la commission des determinants sociaux de la santé «added the requirement that people are empowered to use these services» (Commission on Social Determinants of Health, 2008). Ces définitions diffèrent sur la portée et l'étendue des prestations ou services de soins couverts, mais s'accordent sur la complète population couverte en termes d'effectifs. La différence a été qualifiée par «the relative concept of universal coverage with respect to health care services» (Kutzin, 2000). Ainsi, «In each of these definitions, universal coverage evokes equity in access, through financial risk protection and implicitly associated with equity in financing» (Criel et al, 2010). Le concept de couverture maladie universelle n'est pas à confondre «with more restrictive but incrementally used terms as universal insurance coverage (and/or `basic universalism' in Latin America)» (Criel et al, 2010). La CMU reste un objectif, et donc les manières et les degrés d'atteinte diffèrent d'un pays à l'autre. Dans ce qui suit, on va présenter les facteurs permettant d'accélérer la transition vers cet objectif - en se basant bien stir sur des expériences - puis les caractéristiques d'un régime de santé performant.

1. Les facteurs accélérant la transition vers la CMU via l'AMO :

«La couverture universelle comprend deux volets : la couverture médicale (soins médicaux adéquats) et la couverture de la population (soins médicaux pour tous)»(Carrin et al, 2004). L'importante mise en commun des risques individuels de santé ayant des probabilités de réalisation différentes, va permettre à la population assurée de moins supporter les conséquences financières de son risque et donc favoriser son accès aux soins de santé nécessaires puisque ses individus se partagent le financement de ces cotits de soins. Classiquement, il existe deux options principales de financement du système de santé pour arriver à la CMU.

1-«Les impôts sont la source principale de financement des services de santé. Ces services de santé sont habituellement rendus par un réseau de contractants publics et privés, souvent nommé Service National de la Santé.

2- L'AMO, qui en principe, implique une adhésion obligatoire de toute la population. Salariés, travailleurs indépendants, entreprises et gouvernement paient une contribution à une caisse d'assurance maladie obligatoire. Le gouvernement peut apporter une aide à ceux qui, autrement, ne pourraient payer, tels que les sans emploi ou les salariés à bas salaires du secteur informel» (Carrin et al, 2004). Les fonctions d'affiliation, de recouvrement des cotisations, de contractualisation et de remboursement des prestataires de soins ...etc, peuvent être exécutées par des établissements publics ou des institutions non gouvernementales connues sous le nom de caisse maladie. Les prestataires de soins publics ou privés sont accrédités et forment le réseau de l'AMO.

3- Certains pays utilisent une combinaison des deux principales options, et on trouve des systèmes mixtes de financement de la santé, puisqu'une partie de la population est couverte par le financement de l'impôt et une autre partie de cette même population est couverte par l'assurance maladie obligatoire.

Des services de santé supplémentaires (non couverts par les forfaits de prestations de base financés par les trois systèmes décrits), peuvent être offerts par l'assurance maladie privée jouant un rôle complémentaire (Sekhri et al, 2003). Ces options de base ou mixtes, sont utiles pour définir une méthode motivant un système de financement de santé à s'orienter vers une couverture universelle. (Carrin et, 2004).

a/ Les facteurs généraux pour arriver à une CMU : aperçu général :

En se référant au papier de Carrin et James (OMS, 2004) portant sur les expériences de transition dans certains pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Luxembourg, Costa Rica, Japon, République de Corée) vers la CMU par l'AMO. La période de transition était définie comme le nombre d'années écoulées entre le vote de la première loi sur l'assurance maladie et la dernière loi pour la mise en oeuvre de la couverture universelle. A titre d'exemples, ces périodes étaient :

Tableau 2 : Résumé de la période de transition de quelques régimes nationaux d'AMO

Pays Allemagne Autriche Belgique Japon1 Costa Rica1 ROK

Période de transition

1854-1988

(127années)

1888-1967 (79années)

1851-1969 (118années)

1922-1958 (36années)

1941-1961 (20années)

1963-1989 (26années)

1 Il faut noter que dans le cas du Costa Rica, la couverture universelle n'a pas été atteinte suite à la loi de 1961. Au Japon, la couverture universelle par une assurance maladie obligatoire a été atteinte en 1961.

Source : Carrin et James (OMS, 2004).

De manière générale certains facteurs peuvent accélérer le processus vers une couverture universelle à travers l'AMO.

1- le niveau de revenu disponible dans le pays : que se soit du côté des entreprises ou des citoyens capables de payer les cotisations d'avance au régime AMO, ou bien l'augmentation des recettes fiscales de l'Etat par l'augmentation des revenus. La capacité de payer les cotisations en avance sera plus grande dans une situation de forte croissance économique (Ensor, 1999).

2- la structure de l'économie c'est-à-dire la taille du secteur formel et celle du secteur informel. Plusieurs pays en voie de développement ont d'importants secteurs agricoles, manufacturiers et de service, avec une partie importante de l'emploi étant informel. Faute de déclaration des salaires ou revenus, de sérieuses difficultés administratives empêchent le prélèvement de l'impôt sur le revenu et la collecte des cotisations. Ce qui mettra en cause l'application de la protection maladie au secteur informel de la population, surtout lorsque le système AMO repose de façon significative sur les contributions des ménages.

3- la répartition de la population qui va être couverte par l'AMO : les populations à densité élevée des zones urbaines, dans lesquelles il est vraisemblable de trouver un minimum d'infrastructures et de moyens de communication de qualité, a plus de chance d'être servie par le régime AMO que la population disparate des zones rurales (Ensor, 1999).

4- la capacité de gestion du pays : La mise en place d'un régime AMO requiert une maind'oeuvre suffisamment qualifiée ayant des capacités comptables, bancaires et informatiques. L'éducation secondaire et tertiaire devrait en principe répondre à cette demande en termes de formation. Le propre personnel du régime AMO, peut être appelé à être impliqué dans la formation et le renforcement des capacités de leurs collègues.

5- le niveau de solidarité parmi les membres de la société : On considère ici une société ayant un niveau de solidarité élevé comme étant une société dans laquelle les individus ont une propension plus grande à soutenir les autres individus. Un système de protection financière totale requiert une quantité significative d'interfinancement, aussi bien des riches aux pauvres que des personnes à faibles risques à celles à hauts risques. Les décideurs politiques peuvent, parfois, imposer la solidarité, pour parvenir à un niveau nécessaire permettant la mise en oeuvre durable de l'interfinancement de l'AMO.

Les cinq facteurs peuvent être plus ou moins présents, mais l'appui du gouvernement pour lancer et orienter le procédé qui mènera à un système d'assurance maladie obligatoire pour tous est l'élément fondamental. L'élément de l'appui du gouvernement sera discuté ultérieurement.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe