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Le mouvement syndical haitien: luttes et conquêtes dans le secteur de l'éducation 1986-2000

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par Leonel l PIERRE
Université d'état d'Haiti INHAGEI - Licence en admnistration publique 2004
  

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CHAPITRE 5

LA LUTTE SYNDICALE DANS LE SECTEUR ÉDUCATIF

Le 24 Mars 1903, Haïti enregistre dans les pages de son histoire la première organisation portant le nom de syndicat 1946 soit quarante-trois (43) années après, le mouvement gagne du terrain et a connu un très grand essor. De grandes conquêtes ont été arrachées, toutes rattachées à des luttes d'ampleur considérable. Presque tous les secteurs sont touchés dans presque toutes les branches d'activités. Le secteur de l'Éducation, lui aussi, bien que touché par le mouvement syndical vers les années 50 n'était pas épargné. C'est pour cela dans les lignes qui suivent nous allons relater et analyser :

- les étapes marquantes de la lutte syndicale

- les retombées de la lutte (les conquêtes)

- la position du gouvernement face aux retombées.

Section 1 : Les Etapes Marquantes de la Lutte.-

Les étapes marquantes de la lutte syndicale dans le secteur de l'Éducation seront déterminées à partir de l'existence des différents syndicats, de leurs objectifs et de l'évolution de leurs luttes.

Syndicat, comme le définit, Guy Caire, société de résistance qui assure la défense des intérêts matériels((*)1). Le syndicat existe à partir de ses actes et de ses activités.

Le monde de l'Éducation a connu les differentes étapes du syndicalisme; deux organisations syndicales ont marqué le mouvement en Haïti : l'Union des Instituteurs Haïtiens (UIH) et l'Union Nationale des Maîtres de l'Enseignement du Secondaire (UNMES). L'expérience douloureuse de cette dernière en 1965 face à la répression des Duvalier et le sort tragique des professeurs entreprenant ont influencé négativement la création de l'Association Nationale des Enseignants Haïtiens (ANEH) en 1979 qui voulait se donner une couverture nationale.

Le mouvement syndical porte l'empreinte des divers gouvernements qui se sont succedés au pouvoir et de plus, le régime des Duvalier a duré 29 années soit 1957 à 1986. Il a fallu attendre la chute de ce régime soit le 7 Février 1986 pour poser des actions syndicales dans le secteur de l'Éducation et enclencher une lutte capable de faire avancer la cause de l'Éducation et de propulser les syndicats.

Les perspectives d'évolution de la lutte vont se faire non seulement à partir de l'action syndicale mais encore des différents changements de Gouvernements que nous avons tous connus. Même l'histoire nous enseigne que les activités syndicales sont liées parfois au rapport de force et favorisent l'accord et l'enttente.

1-1: LES DIFFERENTS SYNDICATS DU SECTEUR ÉDUCATIF.-

La liberté syndicale est garantie. Tout travailleur des secteurs privés et publics peut adhérer au syndicat de ses activités proféssionnelles pour la défense exclusive de ses intérêts de travail((*)1). Ainsi, les différents syndicats du secteur Éducatif peuvent être classés dans l'ordre chronologique suivant, en fonction de leur date de création comme nous l'avons déjà souligné.

Pour la première fois, vers les années 50, on assiste à la formation de l'Union Nationale des Maîtres de l'Eseignement Secondaire (UNMES) et la réanimation des activités de L'Union des Instituteurs Haïtiens (UIH).

§ 1979: C'était la création de l'Association Nationale des Enseignants Haïtiens (ANEH). Une Association qui n'a duré que l'espace d'un matin ou du moins c'était un projet mort-né.

§ 1986: C'est la création de la Confédération Nationale des Enseignants d'Haïti (CNEH) qui, après quelques années de fonctionnement a remplacé le terme Enseignant par Éducateur.

§ 1991: Les normaliens au niveau du Pré-scolaire, du primaire et du secondaire estiment que leurs problèmes ne sont pas réellement posés. Ils se réunissent et donnent naissance à l'Union Nationale des Normaliens d'Haïti (UNNOH).

§ 1992: C'est la création de la Fédération Nationale des Travailleurs en Éducation et en Culture (FENATEC).

§ 1995: C'est la création du Corps National des Evaluateurs d'Haïti (CONEH) qui, après quelques années de fonctionnement a remplacé le terme évaluateur par Enseignant.

§ 1996: La tentative de révocation massive des inspecteurs et Enseignants surtout ceux intégrés à partir d'octobre 1995. Les Enseignants se réunissent et décident de créer le Groupe d'Initiative des Enseignants de Lycée (GIEL).

Depuis lors, il est la dernière création en date, mis à part l'exsitence des associations de parents, d'élèves et d'Étudiants... etc.

Cependant, il est important de souligner que depuis les années 50 jusqu'à date, le monde de l'Éducation a connu l'existence de huit (8) syndicats. Faute de données et d'informations nous ne sommes pas en mesure de préciser le nombre de syndiqués.

1-2: ORIGINE, OBJECTIF ET ÉVOLUTION DE CETTE LUTTE.-

La lutte syndicale dans le secteur de l'Éducation tient son origine dans les divers problèmes générés par la dégradation du système Éducatif ou du moins dans la crise du système Éducatif Haïtien. Certains facteurs peuvent être identifiés comme élément de la crise. Il s'agit, entre autres de :

- l'irresponsabilité et le désintéressement de l'État

- l'insatisfaction et la qualité des Enseignants

- la faiblesse des structures de supervisions et d'encadrement

- la confusion qui existe dans l'application de la réforme de l'Éducation

- absence de partenariat entre syndicat d'enseignants et responsable de l'État en matière de l'Éducation.

- la non valorisation du métier d'enseignant.

En consèquence, ils donnent naissance à la lutte syndicale dont l'objectif fondamental est de valoriser le metier d'Enseignant qui passe forcément par:

- la définition véritable de l'Enseignant car, tout le monde est Enseignant qu'il soit formé ou non.

- la mise sur pied d'un programme de formation continue au profit des Enseignants

- l'attribution des salaires équitables et décent aux enseignants

- l'adoption d'une politique de sécurité sociale par l'État

- l`amélioration des conditions de travail.

Après avoir relaté les objectifs, nous pouvons souligner que plusieurs actions ont marqué l'évolution de ce mouvement. Elle a demarré avec la tentative de constituer les syndicats dans le secteur vers les années 50 : l'Union des Instituteurs Haïtiens (UIH) et l'Union Nationale des Maîtres de l'Enseignement Secondaire (UNMES). L'expérience douloureuse de ce drenier n'a fait qu'engendrer la peur. Est-ce pour cela qu'en 1979 l'Association Nationale des Enseignants Haïtiens (ANEH) n'a pas pu réaliser son grand rêve celui de se donner une couverture nationale ? c'est ainsi que le projet de l'ANEH n'a pu être excuté.

1965 à 1986 marque une période importante et difficile. Parler des syndicats n'était pas à l'ordre du jour dans aucun débat; la répression Duvaliériste ne l'a pas permis. La lutte syndicale se trouvait étouffer. Le 7 Février 1986, le régime des Duvalier s'éffondre et une lueur d'espoir s'annonça pour le pays et la lutte syndicale refait surface. Les syndicats se créent dans presque tous les secteurs d'activités. Dans le secteur de l'Éducation, le premier en date fut la CNEH, vient l'UNNOH, la FENATEC, le CONEH et le GIEL. Avec eux, les problèmes de l'Éducation sont profondément agités, la lutte s'intensifie alors que la résistance du côté de l'État tente de la faire échouer par certaines manoeuvres. Mais du côté des syndicats diverses activités sont envisagées afin de faire triompher la cause des Enseignants. Les actions sont : conférences de presse, déclarations de presse, conférence-débats, «Sit-in», marches pacifiques, grèves sous toutes les formes, émission de radio et de télévision ... etc.

Cependant, de 1986 qui marque aussi l'année de la création de la CNEH où Presque tous les enseignants obéissaient a son mot d'ordre passant par l'année 1991 qui marquait la création de l'UNNOH la lutte allait connaître une réorientation pour prendre son élan en 1995; des moments forts allaient marquer l'évolution de la lutte dans le secteur. Si en 1995 c'était l'affrontement entre lycéens et collégiens, les manifestations conjointes entre professeurs, étudiants et élèves pour faire aboutir leurs revendications. En 1997, les stratégies de lutte ont été plus ou moins changées. Les syndicats n'ont pas pliés l'échine sous de simple promesse verbale faite par les dirigeants de l'Etat mais sur la base de plusieurs accords. Deux concepts étaient d'actualité: la mobilisation et le syndicat Jaune*(*). Mais de part et d'autre l'usage de la grève s'affirmait comme arme de combat. Dans cette situation, les syndicalistes ont lancé et géré le mouvement en stratège. Certains actes le témoignent. D'un côté, les organisations comme l'UNNOH, le CONEH, la FENATEC et le GIEL se coalisent en laissant la CNEH de l'autre côté. Ils lancent une grève illimitée un (1) mois à l'avance pour le 5 Mai 1997 c'était bien là une véritable leçon politique. Ils exploitent la conjoncture (Situation Conflictuelle primature-Présidence-Parlement) et enfin ils font une sorte de «timing» conjoncturel par rapport aux autres organisations de la société civile qui brandissent leurs revendications.

Les syndicalistes croyaient que le travail étant inhérent à l'espèce humaine, le combat syndical pour la défense des intérêts matériels est donc permanent. Il faut de toute évidence lutter pour faire aboutir leurs revendications. C'est ainsi que l'année 1997 allait être considérée comme une date importante dans l'histoire du syndicalisme dans le secteur Éducatif en Haïti. Les syndicats, aux yeux de presque tous les secteurs, allaient être considérés comme une référence. Mais au cours de l'année 1998, les organisations comme l'UNNOH, le CONEH, le GIEL ont mené une lutte visant à empêcher la réalisation du Baccalauréat allégé; ils ont accusé un échec et depuis le mythe de l'invincibilité des syndicats commençait à tomber pour achever avec la chute d'un mouvement conjoint de l'UNNOH et de la CNEH en 1999. Depuis lors, le mouvement est frappé par ce que nous pourrions appeler une crise.

Jusque vers l'an 2000, la lutte syndicale connaît une stagnation. La campagne de diffamation et l'usage permanente de la grève comme arme de combat par certains syndi-calistes et organisations syndicale contribuent à faire de ce mouvement ce qu'il est. Ils ont travaillé inconsciemment à mener le mouvement là où il est. Les syndicats ne repré-sentent plus une force capable de constituer une menace pour le gouvernement et ne constitue en rien un contre pouvoir réel.

Si certains syndicalistes ont choisi de laisser le pays d'autres ont préféré d'abandonner la lutte d'autres encore cessent d'être acteurs pour se convertir en observa-teurs d'autres enfin réflechissent autour d'une relance du mouvement sous une base unitaire.

La lutte syndicale dans le secteur est étouffée. Les organisations dites populaires créées indirectement par le gouvernement à la faveur de la mouvance politique consti-tuent une menace pour les syndicats. Comme il ne peut y avoir de syndicats sans syndica-liste et sans moyens. Certaines activités syndicales dans le Secteur Éducatif sont bloquées. Même la menace du CONEH du GIEL de la FENATEC de mener l'État Haïtien par devant les tribunaux depuis le 11 octobre 1999 n'a pu être opérationnalisée. C'est, enfin, de cette manière qu'a évolué la lutte syndicale.

1-3: LES SYNDICATS DU SECTEUR ÉDUCATIF: LES MÊMES COMBATS.-

Syndicalistes, historiens du travail et autres militants ne s'accordent pas sur le fait que le mouvement syndical haïtien qui touche quelque soit le secteur fait face à d'énormes difficultés; mais ils s'entendent sur le fait que la lutte pour la satisfaction des revendications syndicales est un combat et que les syndicats du secteur Éducatif l'ont compris.

Comme ils mènent très souvent des luttes communes (lutte de l' UNNOH, du CONEH, de la FENATEC et du GIEL et de la CNEH) tout en accentuant sur leurs revendications. Nous estimons qu'ils mènent un même combat et ce dernier se crystallise autour de leurs revendications qui constituent la toile de fond de la lutte.

1-3-1: DES REVENDICATIONS.-

Les revendications des organisations syndicales dans le secteur éducatif sont articulées autour des problèmes de l'éducation. Ces organisations les ont formulées en vue de rechercher de la satisfaction dans un document conjoint de l'UNNOH du CONEH de la FENATEC et du GIEL intitulé extrait des cahiers de revendications constituées en Cinquante (50) points. Ces organisations ont déclaré qu'elles sont plus que jamais déterminées à obtenir de la satisfaction. Cependant, la CNEH, de son côté, réclame à cor et à cri l'application de la loi du 24 Octobre 1984.

Les revendications, formulées à partir des divers problèmes de l'Éducation, les organisations syndicales ont demandé, en toute priorité, à l'État d'intervenir en toute urgence afin de :

- réparer et équiper toutes les écoles publiques dans le meilleur délai

- allouer des indemnités de déplacement à tous les enseignants envoyés en poste loin de leur domicile.

- élaborer et mettre à exécution un plan d'éclairage à l'échelle nationale en vue de permettre aux jeunes de faire des recherches, d'étudier et de préparer leurs devoirs

- nommer sans délai des professeurs qualifiés et compétents à toutes les chaires vacantes

- payer sans délai tous les arriérés de salaires à tous les Enseignants munis ou non de lettre de nomination en tenant compte de la date effective de leur entrée en fonction

- introduire dans le budget 1996-1997 des provisions en vue de l'exécution d'un programme de formation des maîtres.

- introduire dans le budget 1996-1997, d'une part, des provisions en vue du paiement du reste d'ajustement d'avril 1995 soit 180% (base salaire du mois d'Avril) soit 82% (base nouveaux salaires) et d'autres part des provisions en vue d'instaurer des fonds de crédit et d'autres avantages sociaux (logement, taux préférentiels sur achats... etc) au profit des enseignants.

Il est impotant de souligner que même les organisations syndicales ont mis l'accent sur le caractère incomplet de leurs revendications. Mais, pour celles élaborées, elles sont classées et portées sur les salaires et autres facteurs capables de faire de l'école haïtienne une école digne de ce nom. Dans cette logique, les revendications sont, d'un côté, accentuées sur le revenu des Enseignants qui doit comprendre un salaire direct et un salaire indirect constitué par l'ensemble des avantages sociaux; de l'autre, les organisations, syndicales revendiquent leur participation dans les grands dossiers qui concernent le système Éducatif et veulent affirmer leur existence dans le secteur d'où deux aspects des revendications à la fois quantitatives et qualitatives.

* (1) Guy Caire : Les Syndicats Ouvriers, PUF 1971, P 39

* (1) - Constitution Haïtienne du 29 Mars 1987 : Art 35-3; P17

* *- On parlait de syndicat jaune à l'époque pour identifier tout syndicat considéré comme obstacle à la lutte ou du moins tout syndicat qui se rangeait du côté du patron.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus