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Participation communautaire et professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale en Côte d'Ivoire: expérience du projet kfw8 à  Kaouara et N'Déou (Région des Savanes)

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par Eugène KANGA SOSSONAN
Centre de recherche et d'action pour la paix - Master en éthique et gouvernance 2011
  

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I-1-2- Questions et objectifs de recherche

Dans le cadre de cette nouvelle politique qu'est la professionnalisation, il est à souligner que les quotes-parts sont recouverts difficilement, que la participation des genres est différenciée et qu'il existe des conflits communautaires autour des ouvrages. Qu'en est-il exactement ? Autrement dit, notre question de départ se pose en ces termes : « quelles sont les contraintes liées à la participation des communautés dans le cadre de la professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale ? ».

De cette question, il découle l'objectif principal de cette étude qui est « d'identifier les contraintes à la participation des communautés dans le cadre de la professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale à travers le projet KfW8 en vue de proposer des actions rectificatives ».

Cet objectif principal se décline en plusieurs objectifs spécifiques :

ü décrire le fonctionnement de la professionnalisation ;

ü expliquer les difficultés de recouvrement des quotes-parts ;

ü identifier les contraintes à la participation des genres ;

ü comprendre les conditions d'émergence de conflits communautaires.

I-1-3- Revue critique de la littérature

Avec l'approche développementaliste, nous assistons à un développement soutenu par l'innovation technologique et technique dans le but d'apporter le changement social. Toutefois, face à ces innovations, des comportements souhaités ne sont toujours pas adoptés. En effet, l'approche développementaliste reconnait un caractère nécessaire de la participation des individus au processus de développement non pas seulement en termes de production et de revenu, mais aussi et surtout en termes de dignité avec la satisfaction de leurs besoins matériels et non matériels. Cette participation des citoyens se trouve être un impératif au processus de développement avec notamment l'intégration des femmes dans les projets de développement et la mise en oeuvre de stratégies fondées sur le développement d'activités génératrices de revenu pour elles.

Cependant, la non participation ou la participation partielle des populations dans la mise en oeuvre de projets de développement notamment en matière d'hydraulique, entraîne de nombreuses contraintes. C'est dans cette optique que Thibeault (1992) a démontré que la participation communautaire est influencée par la non ou la mauvaise concertation des populations. En effet, pour illustrer cette réalité, il cite Hamadou Bila du Secrétariat Permanent des Organisations Non-Gouvernementales au Burkina Faso qui affirme : « Les projets d'hydrauliques furent des cadeaux empoisonnés (...), les organismes des pays industrialisés ont procédé à la mise en place des infrastructures sans préparer les paysans au niveau de l'entretien, de la procédure à suivre pour le changement des pièces, etc. Bref, on a fait de l'aide spontanée pour répondre momentanément à un besoin. Un des principaux problèmes découle du fait que les populations n'ont pas été consultées, ni impliquées dans les projets hydrauliques ». C'est alors qu'il considère que les deux facteurs conjugués (le manque de financement et la faible participation des populations à toutes les étapes du projet) sont à la base de la faillite de ces projets hydrauliques. A côté de cela, il relève également qu'il y a des cas de participation des populations. Toutefois, cette participation se laisse entrevoir uniquement lors de la phase de mise en oeuvre et ce fait contribue plus à maintenir la dépendance qu'à développer l'autonomie. C'est alors qu'il recommande que la participation des bénéficiaires soit prévue à toutes les phases d'un projet hydraulique pour garantir l'atteinte des objectifs à court, moyen et long terme.

A l'opposé de cet argumentaire, Dia (2006) affirme que la faillite des projets hydrauliques est principalement due à la mauvaise gestion (financière, ...) des ouvrages par les populations bénéficiaires du projet. Sans toutefois négliger la participation des populations comme condition d'appropriation et donc de pérennisation des ouvrages d'hydraulique, il souligne que les nombreux détournements opérés par les comités de gestion ont favorisé l'échec de ces projets. Aussi, relève-t-il dans le cas spécifique de Kanel au Sénégal, que certains conflits d'intérêt naissent autour de la gestion des points d'eau. C'est alors que pour lui, différents acteurs locaux, de par leurs intérêts toujours pas mesurés peuvent contribuer à l'échec des projets en milieu rural.

Toutefois, et au-delà de ces deux thèses, Forkasievicz affirme que deux raisons essentielles expliquent en fait cet "échec relatif" des projets hydrauliques en milieu rural. Il s'agit du manque d'entretien des points d'eau d'une part. Pour lui, le nombre insuffisant de mécaniciens-réparateurs (...) pour couvrir tout le territoire et la difficulté d'approvisionnement en pièces détachées constituent un obstacle majeur à la pérennisation des projets hydrauliques. Il a également montré que l'on peut s'épuiser à développer la participation communautaire, sans obtenir de résultats concrets par rapport à l'objectif, si d'autres conditions de réussite ne sont pas remplies.

Mis à part ces problèmes liés à la participation en général comme condition de la réussite ou de l'échec des interventions en milieu rural, il est important de relever que cette participation au niveau des genres, de manière spécifique, se trouve être différentiée. Le genre met l'accent sur le caractère social des distinctions fondées sur le sexe : c'est un fait de culture, un caractère acquis qui est donc susceptible de changement. Le concept de genre peut être également considéré comme un outil analytique qui permet de prendre en compte à la fois les rôles, les responsabilités et les chances des femmes et des hommes dans une société donnée, en intégrant leurs différences, leurs complémentarités, leurs synergies et parfois leurs conflits. Ignorer cette donne introduite à partir des années 1970, peut entraîner des réticences d'ordre culturel et socio-économique favorables à la mauvaise appropriation des ouvrages notamment par les femmes, considérées comme les premières bénéficiaires des projets hydrauliques (Nations-Unies, 1999).

Pour aller dans le même sens, Oumar (2005), ancien Représentant résident de l'UNICEF en Côte d'Ivoire affirme : « La responsabilisation des femmes dans la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale contribue à la pérennisation de l'entretien de ces derniers et de l'offre en eau potable au sein des communautés. ». Ainsi, pour lui, tous les projets devraient intégrer les femmes dans l'optique d'une meilleure appropriation de ces derniers par l'ensemble des populations bénéficiaires.

Au delà même du fait que certains projets n'intègrent pas la question du genre, Helvétas-Mali (2003) souligne : « Malgré la désignation de certaines femmes en qualité de déléguées des groupements d'usagers, les femmes sont restées absentes de toutes les procédures de prise de décision concernant la gestion des adductions d'eau ». En effet, pour cette structure les femmes n'ont pas encore bien cernées le rôle indéniable qu'elles doivent jouer dans la réalisation des projets d'hydraulique rurale. Egalement, du point de vue des croyances et traditions, dans certaines régions du Mali ainsi que d'autres en Afrique, la femme est considérée comme un être inférieur à l'homme. De ce fait, elle ne peut aucunement siéger en même temps que l'homme.

Pour la Direction du Développement et de la Coopération Suisse (2005), le rôle des femmes ne doit pas consister uniquement en une présence massive dans les comités eau ni seulement donner leur avis dans la mise en oeuvre des projets d'hydraulique rurale. Elles peuvent et doivent jouer d'autres rôles majeurs au même titre que les hommes. C'est alors que, prenant l'exemple du Rajasthan (Inde), la DDC préconise la formation des femmes au métier de mécanicien, partant de l'idée qu'elles réagiraient probablement plus volontiers et plus promptement lorsque sollicitées pour les réparations d'ouvrages hydrauliques.

A côté de ces deux éléments (participation communautaire et intégration du genre) nécessaires à la pérennisation des ouvrages d'hydraulique rurale, il est impérieux de relever que la réussite des projets d'hydraulique en milieu rural est conditionnée par la communication qui est faite autours du projet. A ce niveau, et comme le soulignent Servaes et Malikhao (2007) il faut communiquer pour un changement des comportements en visant le changement de comportement individuel, interpersonnel et communautaire ou sociétal. Seule cette communication intégrant largement la dimension santé peut participer à la prise de conscience des populations à changer. Cette thèse est soutenue par Boudreau (2005) qui affirme que la conscientisation apparaît lorsque les bénéficiaires des projets, après analyse trouvent les aspects positifs de ce changement supérieurs aux aspects négatifs. Pour ce faire, une action bien planifiée doit être mise en oeuvre afin de permettre aux populations d'embrasser l'innovation qui leur est apportée.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard