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Problématique de la désagrégation des indices de développement humain: méthodologie et application au cas du Bénin

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par Franck-Milord MITONWAHOUN
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - DTS 2010
  

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I.2. Revue de littérature

I.2.1. Intérêt pratique de la désagrégation

Les indicateurs synthétiques du développement humain sont généralement construits pour appréhender le niveau de vie de la population d'un pays donné. Ils sont calculés pour une nation et ne reflètent pas toujours le niveau réel de développement humain d'un pays surtout pour ceux qui renferment des nids de pauvreté. Les indicateurs nationaux ne sont utiles que pour les comparaisons internationales. Ils ne peuvent signaler que des problèmes et des priorités spécifiques à un pays. Le RMDH assigne la valeur moyenne d'un indicateur composite à toutes les personnes qui vivent dans un pays donné, ce qui définit l'individu «représentatif» (Kirman, 1992). Cette moyenne tient compte de l'instruction, de l'espérance de vie à la naissance et d'un revenu moyen, indépendant de l'âge. L'individu en question disposant d'un revenu, il s'agit forcément d'un adulte. Cet adulte représentatif n'a pas de métier ni de sexe défini, et il ne vit pas dans une région ou une ville précise. Or, dans la vie, les habitants d'un pays ne sont pas tous identiques.

De plus, si les indicateurs composites sont mal construits ou mal interprétés, ils peuvent envoyer des messages erronés aux autorités. De fait, ils peuvent :

o amener à tirer des conclusions simplistes ;

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o être mal utilisés, par exemple pour appuyer une politique, mais sans qu'un processus d'élaboration transparent et des principes statistiques ou conceptuels rationnels n'aient été mis en oeuvre ;

o être la cible d'un différend politique portant sur la sélection des indicateurs ou des pondérations ;

o occulter de graves carences concernant certains aspects et rendre encore plus difficile l'identification des mesures correctives à mettre en oeuvre ;

o déboucher sur des politiques inadéquates si les composantes des performances qui sont difficilement mesurables ne sont pas prises en compte.

Les Rapports Nationaux sur le Développement Humain contribuent largement à mettre en évidence des inégalités au travers d'une analyse désagrégée. La désagrégation des données est essentielle pour révéler le type de distribution infranationale qui est fondamental pour la politique d'un pays. La désagrégation assigne des indicateurs selon la sous-région géographique, le groupe ou la minorité ethnique, le genre et la catégorie de revenu, notamment. Une comparaison des groupes ethniques peut ainsi montrer lequel requiert le plus d'attention. La désagrégation facilite aussi la comparaison des pays : deux pays peuvent afficher le même IDH, mais une distribution probablement variable en leur sein. La comparaison temporelle de données désagrégées peut faire ressortir l'évolution du profil démographique. Le RDH 2005 du Brésil analyse les inégalités entre Noirs et Blancs en termes de revenu, d'instruction, de santé, d'emploi, de logement et de violence. Il constate que, dans ce pays, les Noirs sont confrontés à des conditions plus difficiles dans tous ces domaines. Cette étude comportait des données désagrégées relatives aux taux d'inscription à l'université des Noirs et des Blancs, et établissait des comparaisons avec les ÉtatsUnis. Elle concluait qu'au Brésil, le pourcentage de Noirs qui possédaient un diplôme universitaire en 2001 était le même que celui recensé aux États-Unis en 1947. Toujours en 2001, la proportion de Blancs diplômés de l'université au Brésil (10,2 %) correspondait à celle dénombrée aux États-Unis au milieu des années 1960. En Égypte,

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une série de rapports infranationaux (à l'échelle des gouvernorats) offre la première vue d'ensemble détaillée du niveau de développement local. Avec une base de données permettant d'effectuer des recherches, on peut procéder à une cartographie mettant en lumière les écarts de développement d'après plusieurs indicateurs du développement humain. Les inégalités ainsi mises en lumière servent à orienter la répartition des ressources, pour 77 sous-unités administratives. Selon le contexte national, certaines disparités plutôt que d'autres seront examinées. Par exemple, dans les petits pays, il n'est pas forcément très intéressant d'explorer les écarts régionaux ou ceux entre zones rurales et urbaines. D'autres différences, telles que celles liées à l'ethnie ou au genre, peuvent tenir à une idéologie culturelle et éclairer les problèmes de développement humain. Toutefois, il y a des précautions à prendre avec les indicateurs désagrégés.

Lorsque l'on travaille avec des données désagrégées, certaines précautions s'imposent. Elles concernent généralement la procédure de désagrégation, mais sont particulièrement importantes pour la désagrégation des indicateurs composites. On calcule des indicateurs composites désagrégés et adaptés au niveau national en prenant des données relatives aux composantes qui représentent la dimension étudiée et en traitant chaque ensemble désagrégé comme s'il s'agissait d'un pays distinct (RMDH 1993). C'est en grande partie ce que fait le RMDH pour établir un classement mondial d'après l'IDH. Premièrement, il faut pour cela des données représentatives de l'ensemble considéré. Les indicateurs désagrégés peuvent utiliser un échantillon des données servant par ailleurs à produire des indicateurs nationaux ou mondiaux, qui proviennent souvent d'enquêtes non représentatives. Si, par exemple, une étude se fonde sur celle de la Banque mondiale qui mesure les niveaux de vie, les données seront généralement représentatives au niveau des régions, des zones urbaines/rurales et du genre. Elles ne doivent toutefois pas être utilisées pour l'élaboration d'indicateurs portant sur les groupes ethniques qui vivent dans des régions isolées du pays, car elles sont susceptibles de sous représenter ces groupes. Autre exemple : si des données d'enquête recueillies par téléphone servent à inférer d'autres informations

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concernant tout un pays, il en résultera certainement une sous-représentation et des erreurs. En effet, dans nombre de pays en développement, les habitants des zones rurales, les femmes et les pauvres sont moins susceptibles d'avoir accès au téléphone. Pour calculer un indicateur, il est également essentiel de connaître la taille optimale de la sous population étudiée. Plus le degré de désagrégation est faible, plus la probabilité d'erreur est forte. Les valeurs désagrégées sont, bien sûr, plus petites que les séries de données d'où elles sont extraites. Par conséquent, si l'on traite un échantillon, l'erreur d'échantillonnage sera supérieure et il sera plus difficile d'évaluer écarts et tendances.

Deuxièmement, même si la désagrégation révèle des disparités, le tableau obtenu n'est pas toujours complet. Ainsi, en Chine, où les provinces sont très vastes, les disparités à cet échelon ne sont peut-être pas pleinement mesurables. Troisièmement, il importe de savoir jusqu'où la désagrégation peut aller. Pour désagréger un indicateur, il faut que ses composantes existent-elles-mêmes à un niveau désagrégé. Par exemple, la désagrégation de l'IDH nécessite des données sur le revenu, l'instruction et l'espérance de vie. Les données sur l'instruction sont souvent disponibles et représentatives pour des dimensions telles que zones urbaines/rurales, genre et appartenance ethnique. En revanche, ce n'est habituellement pas le cas des données ayant trait au revenu et à l'espérance de vie. Ainsi, dans bien des économies de subsistance, on ne peut qu'estimer ou que présupposer le revenu des femmes dans l'agriculture.

En somme, l'IDH se calcule généralement au niveau national. Or, parallèlement à la décentralisation, se développe simultanément, dans notre pays, le besoin de reconnaître les régions, d'étudier leurs différences, de mesurer leur position relative à l'intérieur du pays et donc d'affirmer voire de reconquérir une identité régionale. La recherche des spécificités régionales en termes de ressources, de progrès, de bien-être débouche donc sur la construction d'indicateurs infranationaux L'intérêt et l'utilité de cette démarche ne nous semblent donc pas devoir être démontrés plus longuement mais il faut souligner les difficultés supplémentaires, statistiques notamment, qu'elle

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implique, du fait de l'hétérogénéité des appareils statistiques régionaux voire nationaux.

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