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Gouvernance et pérennisation des actions de développement villageois au Bénin: cas de la commune d'Adjarra

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par Coffi Fiacre F. NOUWADJRO
Université d'Abomey-Calavi - Maà®trise en développement communautaire 2008
  

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3.2. Niveau de signification des résultats

Les résultats obtenus en matière de participation avec un faible niveau de responsabilisation des communautés villageoises laissent douter de la qualité de cette participation. On pourrait parler d'une `'participation alibi''. En nous référant à notre cadre théorique qui reconnaît l'existence d'une gouvernance à l'échelon villageois, mais qui n'est effective que s'il existe une réelle implication des communautés, on peut alors parler d'une gouvernance hypothéquée dans les communautés sillonnées. En effet, l'implication des communautés reste encore passive. Les actions de développement mises en oeuvre restent « l'affaire » des bureaux des ADV, des animateurs et de la Mairie. Or la durabilité des actions, des investissements en milieu villageois, donc leur pérennisation passe par leur appropriation par les communautés concernées. Il s'agit non seulement de la durabilité physique, mais surtout de l'appropriation du processus par les bénéficiaires. La responsabilisation des villageois suppose donc qu'ils doivent être engagés dans les activités qu'ils ont eux-mêmes préconisées. Ainsi, une responsabilisation en souffrance amène à s'interroger sur la forme de la participation développée avec les communautés. S'agit-il d'une participation imposée ou d'une participation proposée ?

On ne peut véritablement parler de développement que si les populations bénéficiaires d'actions de développement ont fait pression. La demande doit provenir de nos populations pusillanime qui sont toujours prêtes à discuter des problèmes de développement, mais qui ne sont pas prêts à prendre des responsabilités ; attendant toujours un projet, un animateur dans le cas d'espèce pour leur « tenir la main ».

Consulte-t-on les populations et comment dès la construction des actions de développement ? Sur quelles bases  les organismes d'appui élaborent des programmes et projets? Qu'ils apportent comme une cerise sur du gâteau aux populations en définissant au préalable les domaines d'intervention. Ces populations en situation « d'assistées » se conduisent alors de manière générale à partir de ce qu'elles pensent qu'on attend d'elles afin de bénéficier de l'investissement. C'est la preuve de l'infantilisation des communautés pendant longtemps entretenu par les partenaires au développement. La responsabilisation n'est donc pas spontanée et volontaire et la communauté ne se soucie pas de l'appropriation du processus. C'est cette situation de non appropriation du processus qui justifie la demande en renforcement de capacités des communautés. C'est la preuve que les formations reçues et le type de collaboration instituée par le PNDCC et la Mairie n'ont pas suffi pour aguerrir et mettre en confiance les acteurs. Il est évident que la pérennisation d'une action de développement requiert que la communauté ait le contrôle de l'investissement et des décisions ; d'où nécessairement la maîtrise du processus par celles-ci.

C'est alors à juste titre que les ADV réclament plus de pouvoir et de reconnaissance institutionnelle pour mieux agir sur le développement de leur localité. Seulement, la forme de participation utilisée par les organismes d'appui ne favorise pas une réelle implication des communautés. On pourrait alors distinguer deux formes de participation:

· la participation de type développement basé sur les communautés, où celles - n'y ont qu'un rôle de consultation et pas de responsabilités ; et

· la participation de type développement conduit par les communautés qui favorise l'intervention de ces dernières dans la gestion des actions de développement. Ce type de participation vise à autonomiser les groupes communautaires en leur permettant de contrôler les décisions et les ressources qui touchent leur vie.

L'appropriation de ce processus nécessite donc du temps et l'apprentissage par l'expérience surtout que nous avons à faire à des populations analphabètes. Il faut donc du temps et une démarche qui réponde aux réalités de chaque milieu. Les acquis doivent être méthodologiques de façon à favoriser l'appropriation du cheminement par les communautés. C'est là que l'on pourrait parler de pérennisation. Mais dans le contexte de notre étude où les communautés rencontrent des difficultés dans la gouvernance des actions de développement, et où le PNDCC est satisfait du nombre de formations données aux populations et des réalisations en terme d'infrastructure, nous pouvons conclure que les objectifs visant à autonomiser les communautés ne seront pas atteints.

Après le retrait des partenaires au développement, les communautés doivent être capables de mettre en oeuvre le cycle de vie d'un projet que nous préconisons ci-dessous.

Prise de conscience et identification des problèmes

Evaluation du processus et capitalisation des acquis

Mise en oeuvre des actions préconisées

Mobilisation interne et externe des ressources

Prise en main du processus et expression d'un vrai besoin

Figure 9 - Cycle de vie préconisé pour la pérennisation des actions

C'est ce processus que les communautés devront maîtriser afin qu'on puisse parler de pérennisation.

Manque de volonté de construire sur l'existant

Cette situation observée n'est pas surprenante car généralement, la population ne s'approprie pas le processus de développement villageois. La réalisation des actions de développement doit être un tandem avec l'appropriation du processus. Il faut construire sur l'existant afin de mener des actions cohérentes qui répondent aux aspirations des communautés. La plupart du temps, le souci de participer à un programme ou de bénéficier d'un investissement, amène les communautés à exprimer des besoins qui ne sont souvent pas les réels. Mais ce manque de volonté de construire sur l'existant ne dépend pas que des communautés. Il émane beaucoup plus des structures d'appui, des partenaires qui viennent vers les communautés avec des champs d'actions bien définis et ce depuis le sommet. Il se pose encore une fois, le problème de la forme de la participation. Les populations sont obligées d'abandonner une logique installée pour suivre le « nouveau modèle » apporté ou inventé par les partenaires pour les sortir de la pauvreté. On assiste alors à un développement ''coq à l'âne''. Cela ne participe pas à la durabilité dans le temps et dans l'espace des actions.

Le développement durable de nos villages ne doit pas être envisagé comme un nouveau processus de planification mais plutôt comme une initiative destinée à bâtir sur ce qui existe déjà dans le village ; de façon à favoriser la convergence, la complémentarité et la cohérence entre les différentes actions entreprises. Malheureusement, chaque organisme d'appui ayant mobilisé un financement auprès d'un bailleur, vient investir dans les villages avec une nouvelle approche, une dynamique nouvelle sans tenir compte de l'existant. Les communautés sont perpétuellement entraînées dans de nouveaux processus de planification ; ce qui ne favorise pas la pérennisation des acquis. Les interventions sont éparses et ne suivent pas une logique. Souvent, on assiste à un recommencement des actions tant les partenaires varient. Les actions de développement villageois ont des chances de réussir et de durer dans le temps si elles donnent corps à une ambition à long terme inscrite dans un calendrier précis et suscitant l'adhésion des parties prenantes. Parallèlement, les villageois doivent prévoir les moyens permettant de faire face aux contraintes et aux évolutions qui peuvent se manifester à court et à moyen terme.

Il est donc souhaitable que les organismes d'appui se réfèrent au plan de développement villageois élaboré de façon consensuelle dans les villages appuyés par le PNDCC. En dehors de l'acquis méthodologique qu'il faut laisser aux populations ; les stratégies de mobilisation financière ; cela fait partie des préoccupations pour ces communautés qui ont toujours bénéficié des financements dans le cadre de la mise en oeuvre d'action de développement sans être en mesure d'identifier des sources de financement en vue de mobiliser des ressources.

L'ensemble des insuffisances relevées en matière de participation et de vision en matière de développement durable affecte profondément la gouvernance :

- les groupes d'individus organisés ou non ne se sentant pas impliqués et se mettant à l'écart des structures projets avec un regard critique ;

- note - t-on aussi un partage de l'information biaisée d'une part des structures d'appui qui visiblement ne sont pas prêtes à accompagner les populations vers l'autonomisation en ne mettant pas en pratique les principes de l'approche « développement conduit par les communautés ». Cette approche préconise d'avoir comme principes :

1/ donner du pouvoir aux communautés,

2/ renforcer le pouvoir du gouvernement villageois,

3/ assurer un nouvel équilibre de décentralisation niveau village,

4/ assurer la transparence et la redevabilité de l'action de développement,

5/ apprendre par l'expérience.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry