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Les contes et les mythes en pidgin : facteur d'éducation de l'enfant dans la société africaine traditionnelle dans la région du sud- ouest (BUEA)

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par Anne OBONO ESSOMBA
Université de Yaoundé I - Doctorat en littérature orale et linguistique 2014
  

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V.2.MYTHES PIDGIN : VALEURS ET IMPACTS

Un bref parcours historique du système éducatif camerounais montre que c'est en 1844 qu'a été fondée la première école camerounaise9(*), suivie d'une seconde créée à Douala en 1845. Après la création de ces premières écoles et avant l'accession à l'indépendance le pays a connu tour à tour le système éducatif allemand et puis à la suite de la défaite allemande pendant la première guerre mondiale, le Cameroun fut partagé en deux parties: l'ancien Cameroun occidental qui bénéficia du système éducatif anglais et l'ancien Cameroun oriental qui bénéficia du système éducatif français10(*).

S'il est vrai que l'école fut introduite sous le prétexte d'asseoir une oeuvre civilisatrice et plus tard dans le but de former des auxiliaires d'administration qui devaient seconder les colonialistes dans leur tâche administrative, il faut avouer que très vite l'école va devenir pour les colonialistes occidentaux: « un outil d'assujettissement des esprits, contribuant à modifier les systèmes et les conceptions du monde» (Encyclopédique de la république,1981 :5).

Après l'accession du pays à l'indépendance en 1960 et même après l'avènement de la république unie du Cameroun en 1972 jusqu'à aujourd'hui le constat reste clair, l'éducation traditionnelle dite précoloniale qui permettait à l'enfant: « de connaître ses véritables capacités et ses limites, d'en faire un homme épanoui physiquement et moralement, tant sur le plan intellectuel qu'artistique, ; en intégrant l'individu à son contexte social ... de devenir responsable et solidaire des autres membres de la société » ((Encyclopédique de la république,1981 :4) , s'est effritée de façon considérable dans ses fondements et ses manifestations au point ou aujourd'hui:« Nous sommes les esclaves culturels d'autres nations et pour tout dire, nous nous plaisons déjà dans cet esclavage, nous Y avons pris goût et nos entreprises tendent à perpétuer cet asservissement. » (K.Ndumbe III, 1985 :13). Pire, nous parlons la langue occidentale, nous singeons leur moeurs, nous ne formons plus qu'un avec eux, nous nous sommes aliénés, auto acculturés.

C'est dans cette perspective que nous intitulons cette partie perspective: l'apport de la tradition à l'éducation de l'enfant moderne. Nous disons ici que ce titre n'est pas gratuit, il est fort utile car s'il est admis que: « Chaque communauté humaine a sa propre conception de l'éducation et essaie de l'orienter selon l'image que ses membres ont d'eux- mêmes, de l'autre et d'après l'idée qu'ils ont de leur environnement immédiat et du monde » (A.Tshibilondi,2003 :40), il est utile de dire que l'enracinement dans sa culture dans tout ce qui fait l'âme d'une nation est le préalable pour son ouverture au monde et par conséquent le préalable de tout développement humain. C'est le pari à relever pour nos sociétés prises dans l'étau d'un effritement graduel et continuel de leurs valeurs culturelles et ancestrales.

Une nation qui veut se développer ne peut se construire sans une prise en compte féconde de ses valeurs. Nkwamé Nkrumah, cité par Ntebe Bomba (2005 :11) à ce propos disait: « Va. Cherche ton peuple. Aime-le. Apprends de lui. Fais des projets avec lui. Commence parce qu'il sait. Construis sur ce qu'il est et ce qu'il a. ».

S'il est vrai que le gouvernement Camerounais informé de ces nécessités a, à travers l'organisation des colloques11(*), l'adhésion aux conclusions des conférences mondiales12(*) , la création des lois en matière d'orientation de l'éducation13(*), opté pour la «formation des citoyens enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde et respectueux de l'intérêt général et du bien commun»14(*), il reste aussi vrai qu'il existe un malaise sur le plan de l'éducation de l'enfant dans la société Camerounaise. Et, ce malaise se répercute à tous les niveaux de la société au point où aujourd'hui, il est admis de tous qu'une reconquête de notre culture, de nos valeurs à travers notre éducation traditionnelle est la seule voie susceptible aujourd'hui d'enraciner l'enfant dans sa culture pour l'ouvrir ensuite au monde tel que le réclame le contexte actuel de Mondialisation.

Les contraintes de la vie moderne qu'impose le système capitaliste, la lutte contre la pauvreté, la démographie galopante, la course aux technologies sont des points focaux auxquels nos nations sont confrontées aujourd'hui et dans cette perspective nous reconnaissons que l'éducation traditionnelle telle qu'elle se faisait dans les sociétés africaines n'est plus possible dans son sens strict.

Mais nous disons et maintenons qu'un certain nombre de conceptions, de façon de faire, de manière d'être qui constituait l'essentiel de l'éducation de l'enfant dans la société africaine traditionnelle, que nous avons d'ailleurs développé dans la partie précédente, doit servir de base, de socle pour l'édification d'une éducation de l'enfant apte a son enracinement, son intégration dans son milieu avant toute ouverture au monde. Aussi notre premier objectif sera de présenter brièvement les problèmes éducatifs qui se manifestent dans toute la société Camerounaise en particulier, Africaine en général avant de terminer par un certain nombre de valeurs africaines qui ne doivent pas être seulement sauvegardées mais doivent servir de préalable, de base pour l'éducation de l'enfant aujourd'hui.

* 9 Cette école fut crée à Bimbia par le pasteur J.MERRICK fils d'un ancien esclave noir libéré de la Jamaïque.

* 10 De l'avis des historiens, le système français qui s'applique dans les territoires de AOF était le plus acculturateur, il avait pour mission outre de civiliser (prétexte), de franciser les colonies. Les anglais quant à eux étaient moins rudes et utilisaient les langues locales dans l'enseignement primaire.

* 11 Notamment le colloque sur : L'identité culturelle Camerounaise, organisé par le Ministère de l'information et de la culture à Yaoundé du 13 au 23 mai 1985.

* 12 Notamment la conférence sur l'éducation de JOMTEIN en Thaïlande en 1990.

* 13 Notamment la loi N°98/004 du 14avril 1998 d'orientation de l'éducation au Cameroun.

* 14 Alinéa 1de l'article 5 de la loi N°98/004 du 14 avril1998.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard