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Malouet, administrateur en guyane (1776-1778) mise en place d'un projet administratif et technique.

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par Benoît JUNG
Paris Ouest Nanterre - Master 2 2014
  

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1.1.3 Les sols

On distingue traditionnellement deux catégories de sols : les terres hautes et les terres basses. Les terres hautes sont peu fertiles, malgré la luxuriante forêt qui les recouvre. La couche d'humus est très fine et se détériore rapidement sans la protection du couvert forestier, qui la protège des fortes précipitations et des ensoleillements excessifs. Ces sols sont en partie couverts par des savanes naturelles, à l'ouest de Cayenne. Pourtant, certaines zones fertiles existent, comme le décrit le baron de Besner dans une lettre datant de 1774, dans laquelle il attribue cette richesse des sols à des origines volcanique416. En réalité, la formation pédologique des terres hautes provient d'une altération de la roche mère, qui varie en fonction du couvert forestier, de l'action des eaux de ruissellement, etc. Les sols d'origine granitique sont les moins fertiles en raison de leur acidité. Les plus intéressants sont ceux qui dérivent de roches basiques, que l'on retrouve dans les régions de Camopi jusqu'à Maripasoula417.

Les terres basses, quant à elles, se répartissent à l'ouest de Cayenne (140 000 hectares) mais sont rarement cultivables dans ce secteur. En revanche celles qui s'étendent du Mahury à l'Oyapock (250 000 hectares) sont souvent riches et leur potentiel se révèle si on les assèche. Ce sont des alluvions marins récents, formant de vastes étendues marécageuses et planes, envahies par les fortes

414 Ibid.

415 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 47-48 ; Jean-Claude GIOCOTTINO, « Un monde tropical », op. cit., p. 29 ; Michel DEVEZE, Les Guyanes, op. cit., p. 12-13.

416 ANOM C14/44 F°60.

417 Jacques BARRET, Atlas illustré de la Guyane, IRD., Guyane, Laboratoire de cartographie de la Guyane: Institut d'Enseignement Supérieur de Guyane, 2001, p. 51.

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marées418. Toutefois, ces sols ne sont pas tous directement utilisables. Tout dépend de leur salinité, de la présence de sulfure et de l'épaisseur plus ou moins importante de la couche de pégasse (dépôt de matières végétales, pouvant dépasser un mètre de hauteur) qui nécessite un drainage efficace. Les meilleurs sols sont ceux présentant une couche de pégasse sur de l'argile bleue419.

1.1.4 La forêt

Constituant l'abri d'une riche et extraordinaire biodiversité, la forêt couvre pratiquement 90 % du territoire, hormis quelques versants et sommets de collines et quelques rives marécageuses420. La puissance de cette végétation inspire à Malouet cette réflexion pleine d'admiration et d'humilité :

« C'est là que la nature sauvage étale toute sa magnificence. Nous, qui ne savons rendre la terre productive qu'avec des bras et des charrues, comment n'éprouverions-nous pas un sentiment d'admiration au milieu de ces déserts immenses, où s'exerce, sans bras et sans charrue, la puissance d'une éternelle végétation ; où l'homme, véritablement étranger à cette multitude d'êtres animés qui y vivent en propriétaires, représente au milieu d'eux un monarque détrôné ! C'est pour un Européen un autre univers que ce continent ; c'est, sous d'autres formes et dans d'autres proportions, qu'il retrouve les quadrupèdes, les reptiles, les oiseaux, les insectes421. »

La forêt primaire, le grand bois, dense, obscure et toujours verte, est certainement l'élément naturel le plus impressionnant pour les Européens. Cette luxuriance représente néanmoins un frein à la pénétration vers l'intérieur, elle masque le relief, rend difficile la reconnaissance topographique422. Il est difficile d'y pénétrer autrement que par les fleuves. L'existence des pistes y est souvent conceptuelle, fondée sur des coutumes saisonnières de déplacement en fonction de repères remarquables comme une montagne, un cours d'eau. Les utilisateurs ouvrent des passages juste suffisant pour le passage d'un homme. On retrouve le témoignage en 1740 du naturaliste Pierre Barrère sur l'existence de ces chemins. Il note que leur tracé est peu lisible, explique Yannick Le Roux. Il se matérialise par des entailles dans l'écorce des troncs, des branches que l'on casse. Les

418 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 55-56.

419 Jacques BARRET, Atlas illustré de la Guyane, op. cit., p. 51.

420 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 58 ; Jean-Claude GIOCOTTINO, « Un monde tropical », op. cit., p. 28.

421 Pierre Victor MALOUET, Mémoires de Malouet, vol. 1, op. cit., p. 112.

422 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 58.

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chemins sont difficiles à suivre car la végétation est envahissante et encombre le passage de troncs couchés, de lianes, obligeant souvent à sauter de l'un à l'autre. Les routes ne sont pas directes : les Indiens contournent les monts, évitent les marais, ou parfois les traversent en passant sur des troncs d'arbres abattus423.

Les différentes espèces d'arbres (2 à 3000) sont en général à feuillage persistant mais il est à souligner que leur taille moyenne, en particulier celle des arbres utiles, est inférieure à celle qui est observée dans d'autres zones équatoriales. De plus la forêt change en fonction du milieu et de la nature des sols. Les sols marécageux sont couverts de grands arbres avec de puissants contreforts pour maintenir leur stabilité (comme les palmiers Pinot que l'on retrouve dans les pinotières des plaines du Kaw) tandis que les pentes sont davantage colonisées par des plantes hygrophiles, principalement des mousses. Enfin, les vasières de la zone côtière sont occupées par des forêts de palétuviers424.

La forêt offre un potentiel économique appréciable, dont l'exploitation reste toutefois malaisée car les arbres d'une même espèce se trouvent souvent disséminés425. La forêt fournit un grand nombre de fruits comestibles ou oléagineux. « On trouve véritablement dans ces forêts, dit Malouet, et j'y ai recueilli moi-même, de la salsepareille ; j'ai vu des arbustes à épices, inférieurs au cannelier, mais qui en avaient le goût et l'odeur. Les girofliers et les muscadiers transplantés ici de l'Île-de-France par M. Poivre ont prospéré426. » Beaucoup de plantes utiles se trouvent donc en Guyane à l'état sauvage.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand