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Malouet, administrateur en guyane (1776-1778) mise en place d'un projet administratif et technique.

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par Benoît JUNG
Paris Ouest Nanterre - Master 2 2014
  

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1.3.3 La production

Les produits tropicaux

Comme toute agriculture coloniale, elle est essentiellement tournée vers l'exportation de produits tropicaux. À la différence du modèle antillais, elle n'est cependant pas centrée sur le sucre. On trouve en Guyane, en effet, de nombreuses cultures telles que le coton, le café, l'indigo, le rocou, le cacao, le sucre et les épices (à partir de 1773). Cette variété de produits dénote un manque de moyens (financiers, techniques, et en main-d'oeuvre) général à l'installation d'une production sucrière. Bien que Préfontaine recommande la sagesse au futur planteur, en concentrant ses efforts

510 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 168.

511 Jean Antoine BRULETOUT DE PREFONTAINE, Maison rustique, op. cit., p. 124.

512 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 169.

513 Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 73.

124

sur un seul objet de culture et de fabrique514, il n'est pas rare de trouver en Guyane des habitations produisant deux, voire trois denrées515.

D'après le tableau ci-dessous, tiré de l'ouvrage de C.F. Cardoso, on note au début de la période une forte présence du rocou (une plante tinctoriale) et du sucre, avec une petite production de coton. À partir des années 1750, le sucre s'effondre et le rocou domine largement la production guyanaise. Le coton connaît une progression sensible, pour arriver vers les années 1770 au même niveau que le rocou, stimulé par la demande européenne et sa facilité de culture. Le sucre, en revanche, ne cesse de s'effondrer, couvrant à peine les faibles besoins de la colonie. Essentiellement tournée vers la production de tafia (eau de vie), la quantité de sucre produite devient si faible certaines années que la colonie n'est pas en mesure d'en exporter. Sur l'ensemble de la période, les productions de cacao et de café se maintiennent, bon an mal an. Au total, le volume des exportations a tendance à augmenter, mais reste globalement très faible. Il fait écho à la petite taille de la colonie qui, comme nous l'avons vu, compte environ 200 exploitations de plus de 10 esclaves vers les années 1770. C'est sans commune mesure avec la situation à Saint-Domingue qui, en 1789, regroupe plus de 460 000 esclaves, répartis entre 7858 propriétés importantes516.

 

1719 (valeur)

1737 (poids)

1752 (poids)

1752 (valeur)*

Moyenne 1766/1774 (poids)

Moyenne 1766/1774 (valeur)

Rocou

46424

89225

260541

203222

376700

292409

Coton

706

1630

17919

28431

142077

224923

Cacao

 

102336

91917

49365

9750

52960

Sucre

121084

387400

80363

30903**

15383

4093

Café

 

58409

226881

23925

38697

34526

Valeur des exportations

250953

 
 
 
 

620772

* Calculée d'après la moyenne des prix de 1766-1774

** Moyenne d'après le prix du sucre blanc et celui du sucre brut entre 1766 et 1774

Tableau 9: Productions de la Guyane (1719-1774)

Cette diversité des cultures traduit par ailleurs la difficulté d'adaptation des colons aux conditions locales. Ce sont souvent d'anciens soldats ou des citadins fuyant la misère, pour qui les techniques agricoles ne sont peu voire pas connues. Le choix des cultures n'est donc pas toujours en adéquation avec la nature des sols ni la conjoncture européenne. Les habitants les plus modestes persistent à cultiver le rocou, plante dont la culture nécessite peu de moyens financiers, matériels et humains, alors que les marchés européens sont saturés par une offre excédant la demande. La

514 Jean Antoine BRULETOUT DE PREFONTAINE, Maison rustique, op. cit., p. 3.

515 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 211.

516 Ibid., p. 215.

125

nécessité d'un rendement immédiat pousse les habitants forts modestes dans des logiques de court terme, dans lesquelles on tente plusieurs cultures qui sont abandonnées dès la première difficulté517.

Les autres cultures : épices, tabac et bois

Les épices

Depuis le début de la colonisation les épices sont perçues comme un moyen de développer le territoire et d'enrichir les habitants. S'en procurer et en découvrir sont des leitmotiv tout au long de la période. On récolte depuis la fin du XVIIe siècle la cannelle et la vanille. Dans les années 1740, on cultive du safran. La Condamine, en 1744, distribue aux habitants des graines de quinquina et de corossol. En 1768 sont introduits poivrier, giroflier et muscadier, ainsi qu'en 1773, où la Guyane reçoit six girofliers, quelques canneliers de Ceylan et une caisse de noix de muscade518.

Le clou de girofle devient un produit d'exportation important pour la Guyane à partir des années 1780, bien que sa consommation en Europe soit limitée. La cannelle se récolte tous les trois ans et son exportation ne commence qu'en 1787. Mais l'intermittence de sa production et la méconnaissance du procédé utilisé par les Hollandais pour préparer l'écorce donne un produit de qualité fort médiocre. Le poivre n'est réellement cultivé qu'à partir de 1784 et les premières exportations débutent en 1813. Sa culture reste marginale, quand bien même le poivre de Cayenne est de bonne qualité. Enfin, la muscade rencontre des difficultés liées au climat, très défavorable. En outre, les arbres sont sexués si bien que la différenciation ne peut se faire qu'au bout de sept à huit années de culture. Ainsi la culture de la muscade reste compliquée et n'est pas un article d'exportation en Guyane519.

Le tabac

La plante y pousse naturellement mais le traitement des feuilles après fermentation et séchage est mal maîtrisé, ce qui en fait un produit de mauvaise qualité malgré les efforts des

517 Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 77.

518 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 243 ; Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 88.

519 Ciro Flamarion CARDOSO, La Guyane française (1715-1817), op. cit., p. 244-246 ; Marie POLDERMAN, La Guyane française, 1676-1763, op. cit., p. 88.

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autorités et plusieurs projets à partir de 1776. Ce sont essentiellement les esclaves qui en produisent pour leur consommation et pour alimenter l'étroit marché local520.

Le bois

Enfin, les « grands bois » sont régulièrement cités pour les richesses qu'ils renferment et les perspectives d'exploitation lucrative qu'ils nourrissent. Dans son utilisation immédiate, le bois est le matériau de base de l'architecture coloniale, pour la construction des fortifications, des palissades, des maisons, des habitations. On envisage également de l'utiliser pour la construction navale, dès 1714. Mais son exploitation est difficile car on ne connaît qu'un nombre limité d'espèces utilisables, qui sont souvent éloignées les unes des autres, difficilement accessibles et transportables. De plus l'exploitation est essentiellement manuelle, et les différents essais pour fabriquer des moulins à planche n'ont pas été concluants521.

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