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Les haies vives dans la dynamique des contacts foret-savane a Yambassa, région du centre Cameroun

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par Cyrille LEMOUPA FOTIO
Université de Yaoundé 1 - Master 2 2015
  

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Conclusion

Dans la région du confluent Mbam et Sanaga, le poids du passé revêt une importance capitale dans la dynamique de l'affectation des sols en général. Les circonstances historiques expliquent aussi en grande partie les caractéristiques de la dynamique des contacts forêt-savane sur le site. En implantant des haies vives défensives, les populations ont contribué à

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l'expansion des peuplements forestiers. En effet, sous l'ombre des arbres constituant les « murs défensifs» de nombreuses espèces pionnières de la forêt sont apparues. En y multipliant des fruitiers, les populations ont favorisé des conditions de recrutements d'autres espèces de la forêt. Ces boisements ont également permis l'introduction des cacaoyers dans un environnement phytogéographique qui était jadis composé de savanes. Autrement dit, la période précoloniale a favorisé l'implantation des haies végétales défensives dans un contexte de guerres tribales d'une part et, d'autre part, grâce à l'introduction du cacaoyer à l'aube du 20e siècle, les populations ont entretenu les boisements nécessaires à la culture de cette plante. Le chapitre 3 démontrera que les diverses opérations de boisement ont créé des conditions d'expansion de la forêt dense à long terme.

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DEUXIEME PARTIE : DISTRIBUTION ET IMPLICATIONS ECOLOGIQUES ET
SOCIO-ECONOMIQUES DE CEIBA ET BOMBAX

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CHAPITRE III: LA DISTRIBUTION REGIONALE ET LOCALE DE CEIBA

PENTANDRA ET DE BOMBAX BUONOPOZENSE

Introduction

Les espèces dominantes dans les haies vives de la localité de Yambassa appartiennent à la famille des Bombacaceae. Ce sont respectivement Ceiba pentandra (ou fromager) et Bombax buonopozense (ou kapokier rouge). Les populations locales donnent à toutes les deux espèces le nom de « baobab» ce qui est impropre puisque le vrai baobab (Adansonia digitata), bien que de la même famille, est une espèce indigène des zones soudano-sahéliennes. D'autre part, les travaux de Beauvilain et al. (1985) confondent aussi les deux espèces qu'ils nomment toutes Ceiba pentandra. Espèces de forêt dense humide, Ceiba pentandra et Bombax Buonopozense affichent en effet presque les mêmes caractéristiques morphologiques. C'est pourquoi certains auteurs les confondent. Leur distribution actuelle dans le monde révèle qu'elles sont plastiques puisqu'on les retrouve aussi bien dans les régions équatoriales que dans les régions tropicales semi-arides. Les deux espèces partagent la légèreté des graines munies de filaments cotonneux qui facilitent leur transport par le vent. Leur aspect majestueux a aussi fasciné les hommes qui les ont adoptées largement comme arbre ornemental et d'ombrage.

III.1. La distribution régionale de ceiba pentandra et de bombax buonopozense III.1.1. L'écologie et la description de Ceiba pentandra

III.1.1.1. L'écologie

Ceiba pentandra est un arbre originaire d'Amérique centrale (Mexique, Honduras, Guatemala, Costa Rica), d'Amérique du Sud et peut être d'Afrique de l'ouest (figure 14). Il est devenu maintenant pantropical et est considéré comme invasif dans les Iles du Pacifique. Aux Antilles, il pousse dans les forêts mésophiles de bas-fonds et sur le littoral. En Afrique, on le trouve en forêt tropicale dense humide, particulièrement dans les formations secondaires. C'est un arbre très connu des populations et les noms locaux sont nombreux (tableaux 2 et 3) et témoignent de l'intérêt qu'il porte dans les diverses régions tropicales et même occidentales. Pour Chevalier (1949) Ceiba pentandra « un des colosses du règne végétal », serait venue d'Amérique centrale à une époque antérieure à la découverte de Christophe Colomb. D'après cet auteur, les graines anémochores ont pu être apportées par le vent en

Les graines produisent de 11 à 28 % d'huile. Mais cette huile contient des éléments nocifs pour la santé comme des acides gras cyclopropénoïdes : acide malvalique (7-8 %) et acide

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Afrique. Sa hauteur, de 30 à 40 m en moyenne, l'obligerait à développer des contreforts ailés. Les branches perpendiculaires au fût n'apparaissent qu'à une certaine hauteur. Ceiba pentandra, ou fromager, kapokier, bois coton, est une espèce d'arbre de la famille des Bombacaceae selon la classification classique, ou de celle des Malvaceae selon la classification phylogénétique. L'espèce est dotée d'une grande plasticité écologique puisqu'on la rencontre aussi bien dans les régions connaissant un climat équatorial que dans celles caractérisées par des climats tropicaux semi arides.

Le fromager est un arbre imposant, pouvant atteindre 40 mètres de haut (voire 60 m en Afrique). Son tronc lisse est couvert de grosses épines coniques et avec l'âge, il développe d'énormes contreforts (photo 15). Les branches horizontales sont en général étagées et très étalées. C'est une espèce de diffusion, adaptée en savane pour ses graines dont on obtient un condiment huileux, pour ses fruits consommés à l'état immature et pour ses jeunes feuilles mucilagineuses, dont la foliation non synchrone sur le même arbre au cours de l'année en accroît l'intérêt et en fait un arbre dont les feuilles sont consommées par certaines populations et le bétail. Ceiba pentandra a pu attirer l'intérêt vestimentaire chez les populations Ewondo du Centre Cameroun qui en extrayaient des fibres de son bois pour confectionner certaines tenues de cérémonies rituelles (Laburthe-Tolra, 1970).

Les feuilles palmées comportent 5 à 9 folioles, subsessiles, oblongues, de 10 à 18 cm de long. Les fleurs blanc-jaunâtre comportent 5 colonnes de filets terminés par 1 à 3 anthères et 5 pétales de 35 mm, velus. Le style fait saillie au dehors avant l'ouverture du bouton floral (photo 10). La pollinisation est faite par les chauves-souris. Le fruit est une capsule elliptique, ligneuse, pendante, de 10 à 30 cm de long. Il s'ouvre par 5 valves et laisse apparaître un duvet blanchâtre, cotonneux, nommé le kapok et des graines brunes. Le vent entraine au loin les flocons de kapok avec les graines.

III.1.1.2. La description

Ailleurs sur les hautes terres de l'ouest par exemple, il matérialise la sépulture d'un homme puissant ou marque le lieu d'un événement important telle la signature d'une alliance ou d'un acte d'allégeance d'un petit clan vis-à-vis d'un grand. Chez les Bamoun et les Bamiléké, il est souvent planté à l'entrée des royaumes ou sur des points stratégiques de ces territoires (Beauvilain et al., 1985).

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sterculique (3-4 %). On utilise les poils fins et soyeux recouvrant ses graines pour la production d'une fibre végétale appelée kapok. Elle est composée de 64 % de cellulose, 13 % de lignine et 23 % de pentosane (Beentje et Smith, 2001). Elle fournit une bourre imperméable, isolante et imputrescible que l'on utilise pour rembourrer les coussins, les oreillers, les matelas ou les gilets. Mais son usage a connu un grand déclin après l'introduction de fibres synthétiques. Le kapok fournit aussi une alternative biodégradable aux absorbants d'huiles synthétiques ou d'hydrocarbures lors de pollutions, suite aux naufrages de pétroliers par exemple.

C'est un grand arbre pouvant atteindre 250 cm de diamètre. La cime est large et sphérique et présente de grandes branches horizontales et étagées ; le fût est droit, cylindrique, épineux chez les jeunes pieds. La base est remarquable par les contreforts aliformes et ramifiés atteignant 4 m de hauteur. L'écorce est couverte d'épines coniques au stade juvénile, mais les perd progressivement en prenant de l'âge. Cette écorce est verte chez les jeunes sujets, puis grise chez les pieds adultes. Sa tranche est épaisse (jusqu'à 2 cm), fibreuse et dure. Les feuilles sont composées et digitées, alternes, groupées au sommet des rameaux ; 5-9 folioles ; limbes lancéolés à oblancéolés, jusqu'à 20 x 5 cm, sommets acuminés, bords entiers ou dentés ; nervure primaire souvent rougeâtre en dessous à l'état frais. Inflorescences en courtes grappes ou fascicules à l'extrémité des rameaux, blanchâtres. Fleurs blanc-roux, veloutées, très nombreuses ; calice à 5 sépales soudés avec 5 lobes au sommet ; corolle à 5 pétales libres entre eux et soudés à la base du tube staminal ; 10-15 étamines soudées ; ovaire soudé au calice. Fruits : capsules ligneuses fusiformes à calice persistant atteignant 26-60 cm de longueur ; déhiscence basale ; intérieur revêtu de poils laineux constituant le kapok ou soie végétale, bourre soyeuse analogue au coton qui enveloppe les graines. Graines brun-noirâtre, globuleuses, lisses, parfois étranglées au milieu (photos 8, 9,10, 11 et 12).

La pollinisation est assurée par les chauves-souris et les abeilles (Beentje et Smith, 2001). Ces pollinisateurs visitent des arbres isolés ou des petits groupes isolés d'arbres ; ce qui favorise l'autogamie par rapport à l'allogamie. Dans les grandes plantations, il est difficile pour les chauves-souris de pénétrer la couronne des arbres. Dans ces conditions, l'autogamie est le régime de reproduction obligatoire. L'espèce présente un grand potentiel de sélection par la création de lignées pures ou par isolation des clones hétérotiques issus de bouturage de rameaux orthotropes (Zeven, 1984). Ceiba pentandra peut se reproduire suivant un régime autogame ou par pollinisation croisée. Dans ce dernier cas, ce sont les abeilles et surtout les chauves-souris en quête de nectar qui assurent la pollinisation (Purseglove, 1968). Les

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croisements sont libres et il n'y a pas de barrières d'incompatibilité connues entre les variétés de cette espèce. Très peu de travaux de sélection ont, à ce jour, été conduits sur le kapokier. Toutefois, la sélection des variétés à haut rendement et à fruits indéhiscents, suivie de leur reproduction par voie végétative semble être la meilleure option. A cela, il faut ajouter la taille des arbres, la précocité de production, la vigueur des rameaux, les caractères de la fibre, comme autres critères de sélection.

Photo 8 : Fleur de Ceiba pentandra Source: Beentje et Smith, 2001

Photo 9 : Feuille de Ceiba pentandra Source: Beentje et Smith, 2001

Photo 10 : Fruits immatures de Ceiba Pentandra

Source: Beentje et Smith, 2001

Photo 11 : Graine de Ceiba pentandra avec le support de filaments cotonneux Source: Beentje et Smith, 2001

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III.1.1.3. Les Usages et les utilités

Le bois léger, de couleur blanc crème, veiné de jaune et de rose, est actuellement surtout utilisé comme source de bois d'oeuvre. Il sert dans ce cas à la fabrication de contreplaqués, de cageots, de caisses et en menuiserie légère.

En Afrique, les troncs évidés servent à la fabrication de pirogues. Le bois sert aussi à la fabrication de récipients, d'assiettes, d'instruments de musique et de sculpture. Les contreforts sont utilisés pour fabriquer des dessus de table et des portes. Les feuilles, les fleurs et les jeunes fruits se consomment cuits en sauce. Les feuilles fournissent aussi du fourrage pour chèvres, moutons et bovins (Beentje et Smith, 2001).

Les graines riches en huile fournissent un tourteau pour le bétail. Les graines grillées ou en farine sont consommées aussi par les humains mais elles sont réputées indigestes. La plante est largement utilisée en médecine traditionnelle dans les Caraïbes, en Afrique, Amérique du Sud, en Inde de l'ouest et du sud, au Sri Lanka et en Asie du Sud-est. Aux Antilles, la racine est réputée apéritive, l'écorce diurétique et les feuilles vertes en friction contre la chute des cheveux. Actuellement, le fromager est principalement employé en bain de feuilles, en association avec d'autres espèces médicinales, dans le traitement de la bourbouille et des troubles cutanés superficiels (Ngounou et al., 2000). En Birmanie, les racines sont utilisées comme fortifiant et les feuilles pour traiter la gonorrhée. Au Cambodge, les racines sont réputées réduire la fièvre, l'écorce traite la gonorrhée, la fièvre et la diarrhée. En Indonésie, une décoction de feuilles est utilisée contre la syphilis.

En Afrique, cette plante est réputée traiter le mal de tête, les ulcères d'estomac, les vertiges, la constipation, les troubles mentaux et la fièvre. Au Nigeria, les feuilles, l'écorce, les pousses et les racines sont largement employées. Les herboristes utilisent cette drogue en combinaison avec d'autres plantes locales pour traiter l'hypertension et le diabète. Des biochimistes de ce pays ont montré qu'un extrait d'écorce donné à des rats ayant un diabète (induit artificiellement) réduisait significativement leur niveau de glucose sanguin.

Bombax buonopozense P. Beauv. (ou encore Kapokier de Buonopozo, Fromager de Buonopozo) est un genre d'arbre de la famille des Bombacaceae, selon la classification

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Photo Lemoupa, 2013

Photo 12 : Jeune Ceiba pentandra dans un bosquet anthropique proche des haies vives

Notes: On remarque que les branches sont perpendiculaires au tronc; les feuilles sont palmées et les épines sont coniques sur le tronc. Ces épines disparaissent progressivement avec l'âge.

III.1.2. L'écologie et la description de Bombax buonopozense

III.1.2.1. L'écologie

Communément appelé Gold Coast Bombax ou cotonnier aux fleurs rouges, cet arbre serait natif de l'Afrique de l'Ouest pour Chevalier (1949). Il se rencontre généralement dans les forêts denses humides de la Sierra Leone jusqu'au Gabon en passant par l'Ouganda, c'est-à-dire l'ensemble de la région du golfe de Guinée (Afrique de l'ouest et centrale) (figure 14). Bombax buonopozense P. Beauv. est donc présent de la Guinée en Angola en passant par le Côte-d'Ivoire, le Ghana, la Sierra Leone, le Liberia, le Benin, le Togo, le Nigeria, le Cameroun, la RCA, le Gabon, la Guinée Equatoriale, le Congo, la RDC, l'Ouganda, le Kenya et la Tanzanie (Maniana, 2010).

Photo 13 : Fleurs de Bombax buonopozense

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classique, ou de celle des Malvaceae, selon la classification phylogénétique. Elle est synonyme de Bombax reflexum Sprague ou de Bombax flammeum Ulbr.

III.1.2.2. La description

Le bois est léger. Les fleurs sont charnues. Le tronc est muni d'épines. Comme beaucoup d'arbres de la famille des Bombacaceae, les gangues des fruits produisent du kapok. Bombax est un genre d'arbres principalement tropicaux. Ils sont originaires de l'Afrique occidentale, aux secteurs tropicaux, le sous-continent indien, l'Asie du Sud-est, aussi bien que les régions subtropicales de l'Asie orientale et l'Australie du nord. Des noms communs pour le genre incluent l'arbre de Kapok, l'Arbre Rouge de Coton, le Kapok et simplement Bombax.

Il affectionne particulièrement les terres situées entre 600 et 1200 m d'altitude. Généralement de grande taille, cet arbre atteint facilement 40 m et peut aller jusqu'à 60 m dans certains cas. Il présente ordinairement de larges contreforts pouvant atteindre 6 m de hauteur et s'étaler sur un rayon de 5 à 6 m du pied de l'arbre. L'écorce des jeunes individus est couverte d'épines coniques comme c'est aussi le cas de Ceiba pentandra. A la différence de celle-ci qui a des fleurs blanchâtres, les fleurs de Bombax sont rouges et ceci semble être, d'après nos observations de terrain, la principale différence entre les deux espèces qui ont plus de caractéristiques communes que de différences (photo 13).

Photo Youta Happi, 2013

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III.1.2.3. Les usages et les utilités

Les différentes parties de l'arbre possèdent des vertus thérapeutiques en médecine traditionnelle. Au Ghana, ses feuilles sont utilisées dans une décoction qui a pour vertu de chasser les mauvais esprits. Son bois mou et très léger est prisé pour la fabrication des pirogues. Les fibres fabriquées par ses graines sont utilisées comme des substituts de coton. Ses fruits immatures sont consommés comme aliments, surtout par le bétail.

Figure 13 : Distribution de Bombax buonopozense

On connaît 2 modes de multiplication : la multiplication par graine et la multiplication par bouture. Dans la nature, l'espèce se régénère facilement dans les chablis et les jachères. Les graines tombées à terre dans les milieux ouverts germent facilement. La croissance est rapide.

III.1.3. La diffusion anthropique des deux espèces

Au début du 20e siècle, les forestiers coloniaux ont planté des fromagers partout en Afrique de l'Ouest mais aussi en Afrique orientale et australe. On en veut pour preuve leur présence à titre ornemental dans les principaux centres urbains, y compris Yaoundé. Jusqu'aux années 1960, le kapok constituait une marchandise d'exportation intéressante mais aujourd'hui le

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négoce est centré sur le bois d'oeuvre pour la production de contreplaqué. Avant la 2ème guerre mondiale, l'Indonésie était le premier producteur mondial de kapok. Aujourd'hui, la production mondiale est de quelques milliers de tonnes seulement dont la moitié est produite par la Thaïlande. Ce pays possède aujourd'hui de centaines de milliers d'hectares de boisements à base des deux espèces et la Chine semble vouloir s'inspirer de cet exemple (Nwagba et al., 2013).

En tant que bois mou et léger, l'espèce est sollicitée notamment pour l'intérieur de contreplaqués, car il adhère bien au collage, ou comme bois de coffrage et d'emballage et de caisserie. Le bois est aussi utilisé pour la confection de panneaux lattés, des moulures, de meubles courants ou comme éléments d'isolation. Dans les régions tropicales, elle est prisée pour la fabrication de pirogues du fait de sa faible densité et de sa grande flottabilité. Néanmoins, très sensible aux attaques d'insectes, le bois sec nécessité un long traitement pour sa conservation. Il ne supporte pas aussi une forte humidité et pourrit vite dans des conditions d'humidité permanente.

Figure 14 : Aire de distribution de Ceiba pentandra

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Tableau 3 : Noms locaux de Ceiba pentandra à travers le monde

Pays

Appellation

Benin

Adjolohutin

Allemagne, Royaume Uni

Ceiba

France

Fromager

Cameroun

Doum

Congo, Rep. Dem. Congo

Fuma

Pays Bas

Ceiba, Kakantrie

Côte d'Ivoire

Enia, Fromager

Rep. Centrafricaine

Gila

Sierra Leone

Banda

Gabon

Odouma

Ghana

Onyna, Ceiba

Nigeria

Okha

Liberia

Ghe, Ngwe

U.S.A.

Silk, cotton tree

Tableau 4 : Les noms locaux de Ceiba pentandra au Cameroun

Langues

Nom local

Bakossi

njobwele

Bassa

djôm

Batanga

ngubwele

Boulou, Ewondo

doum

Douala

bouma, boumbo

Pygmée Kaka

n'doum

Pygmée Baka

kulo, kulu.

Bamiléké

yabe

Cet arbre est devenu maintenant pantropical et est considéré comme invasif dans les Iles du Pacifique. Aux Antilles, il pousse dans les forêts mésophiles de bas-fonds et sur le littoral. En Afrique, on le trouve à la fois dans la forêt dense humide sempervirente et la forêt dense semi décidue, particulièrement dans les formations secondaires.

Dans la zone du confluent entre la rivière Mbam et le fleuve Sanaga, les haies vives caractérisent l'ensemble du paysage agraire du secteur situé entre les localités de Balamba et

III.1.4. La distribution régionale des murs végétaux défensifs

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d'Ombessa en passant par Bokito (figure 16). Les sites qui présentent les haies les mieux conservées sont ceux de Bakoa et Yambassa. Les haies moyennement conservées se retrouvent autour de Yorro, Bombang et Assala. Les haies les plus dégradées sont celles d'Ombessa, Bogando, Goufan, Bokito, Gueri et Baliama. Aujourd'hui, les observations révèlent que les dégradations des murs « vivants» se sont accentuées, notamment à la faveur de l'ouverture des voies de communication. En effet, la traversée de la nationale n04 au début des années 1980 a entraîné la perforation des haies à l'entrée et à la sortie du village Yambassa (figure 16).

Doté d'un grand pouvoir de dissémination, envahissant rapidement les espaces défrichés dans la forêt, on le retrouve par exemple dans le centre de la ville de Yaoundé notamment dans le campus de l'Université de Yaoundé 1, mais aussi sur ses marges nord à Mbankolo, Fébé, Nkolbisson et Kolondom ou encore Bankomo et Afan Oyo au sud. On peut signaler l'utilisation des « cotonniers géants» (Ceiba pentandra) dans la région du confluent Chari et Logone. Ils servaient de bosquets refuges à des groupes familiaux et chaque établissement possédait au sein des parcs de végétation sélectionnée des dizaines, voire des centaines de bosquets fortins (Seignobos, 1978 et 1980).

L'utilisation de Ceiba pentandra en système de défense n'est pas non plus propre au pays yambassa. Dans le même rapport de Dominik, le Major signale un mode de fortification chez les Bapéa (Bafia) voisins septentrionaux des Yambassa : « le village d'Etajenge n'a qu'une seule entrée et est entouré de vieux arbres immenses ». L'originalité du système yambassa tient à l'ampleur de sa manifestation dans le paysage. Il s'agit, en effet, de la production de lignes de défenses (« égaga ») sur des kilomètres et pour l'ensemble du pays yambassa sur des dizaines de kilomètres (près de 50 km d'après les cartes IGN). Mais les observations de terrain ont révélé qu'une partie des « égaga » a échappé aux cartographes, en particulier à l'est d'Ombessa. Ce qui signifie que leur ampleur est beaucoup plus importante à l'heure actuelle sur le terrain que les cartes ne le montrent.

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Figure 15 : Extension des murs défensifs végétaux en 1951

Les haies entourent, soit des villages entiers lorsqu'elles sont aménagées pour servir de lignes-boucliers pour parer aux coups de voisins. Elles n'excluaient pas toutefois les défenses

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III.1.4.1. Les murs enceints végétaux autour des villages : exemple du site de Yambassa

Le village Yambassa présente encore sur ses marges un mur enceint long d'environ 3 km. Il est troué par endroits par la traversée des voies de communication comme c'est le cas aux entrées nord, sud et ouest de la localité. Les perforations nord et sud datent du début des années 1980, date à laquelle la route nationale N04 a été mise en chantier. D'après les enquêtes, celle de l'ouest est plus ancienne parce que la voie a été créée vers les années 1910 par le colonisateur allemand.

Les systèmes défensifs arborés sont souvent une amélioration et une systématisation de comportements végétaux naturels.

Sur le terrain, les alignements restent visibles aujourd'hui et ils sont souvent imposants. Les contreforts des arbres se chevauchent ou sont jointifs et parfois même coalescents formant un véritable écran de 2 à 3 mètres de haut. Très souvent, le « mur » est parsemé de trouées, les fromagers morts n'ayant pas été remplacés.

Les relevés et les enquêtes révèlent que les nombreuses trouées sont occasionnées par la mort naturelle d'individus ou par l'abattage suite aux travaux de construction des voies de communication. Les enquêtes montrent que la vieillesse est de loin la première cause de mortalité. Plusieurs raisons expliquent ce fait:

1) D'après l'opinion de la population sur le site de Yambassa, les espèces comme Ceiba pentandra et Bombax buonopozense sont supposées avoir des pouvoirs de protection occultes. Par conséquent, il est strictement interdit de les abattre sous peine d'être victime de malédictions. Les malheurs qui en découleraient peuvent affecter l'auteur de la coupe et sa famille entière ;

2) Ces essences de lumière, à croissance rapide et à bois mou, ont naturellement une durée de vie relativement courte;

3) Leur bois mou est très peu prisé et ne sert pas dans les oeuvres de construction des habitations et des meubles;

4) Leur ombrage assez filtrant est indispensable aux cultures de cacaoyers et même de palmiers à huile. Son utilité actuelle sur le double plan économique et écologique n'est donc pas son bois trop tendre pour travailler et au coeur souvent creux, mais son ombrage.

Les Yambassa sont comme les Koukouya du Congo, des « créateurs de forêts ». Chez ces habitants du Congo, la création de bosquets artificiels se fait également derrière un écran

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individuelles. Les fermes étaient souvent entourées de haies bouturées sur un remblai de terre et on accédait à l'intérieur de la concession par un escalier à cheval sur la butée de terre (Beauvilain et al., 1985). Les « égaga » dans leur ensemble ne s'ouvraient que par quelques portes gardées. Selon les enquêtes, on distinguait deux types d'aménagements de haies:

III.1.4.2. Les lignes entourant les autres groupements d'habitations

Elles enserrent les villages installés dans les grandes savanes. Les lignes végétales courant alors sur des centaines de mètres, voire des kilomètres, sont essentiellement constituées de Ceiba pentandra et de Bombax buonopozense semées. En s'éloignant de l'habitat et là où la forêt pouvait à l'origine constituer de petits massifs, d'autres arbres étaient semés ou replantés dans les haies vives à l'instar de Erythrophleum suaveolens, Ficus spp et Jatropha nurcas. Ici, les haies marquent simplement l'appropriation. Cette dernière signification a été utilisée, contre les Yambassa, créateurs des égaga (synonyme de haie végétale défensive), par les Sanaga qui en ont tiré argument pour occuper, les savanes vacantes situées à l'ouest sur la zone de la rive droite de la rivière Mbam (Beauvilain et al., 1985).

Sur le site de la localité de Yambassa, les égaga permettaient de se prémunir contre les attaques de voisins directs et les raids des Bafia et Vouté. En même temps qu'elles protégeaient, elles favorisaient l'individualisation des petits groupes humains qui se repliaient dans leurs forêts protectrices (figure 17).

Les Yambassa actuels n'ont jamais formé un groupe homogène et ils se présentaient comme des unités individualistes refermées sur elles-mêmes et en rivalités constantes. C'est ce qui ressort des rapports des administrateurs coloniaux des années 1930 (Dugast, 1954). Les « égaga » assuraient ainsi une double fonction de protection et de délimitation de l'espace.

III.1.4.3. Les lignes entourant les concessions

Par rapport à la topographie, les murs végétaux occupent les positions hautes lorsqu'il s'agit d'entourer une concession. Pour la délimitation d'un terroir, comme c'est le cas de Yambassa, les lignes végétales traversent les vallées, ou plutôt, les têtes de vallées.

Les différents groupes humains ont tous investi des savanes au départ, ils ont alors ceinturé les butes de Ceiba et, à l'intérieur, ils ont semé des noix d'Elaeis guinneensis et aussi des safoutiers, des Colatiers etc. Ils ont « planté la forêt » (Beauvilain et al., 1985).

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protecteur et la composition floristique est assez semblable à celle des yambassa : une ceinture d'arbres fruitiers assez continue, qui a pu atteindre un développement suffisant& joue le rôle de coupe-feu. Derrière ces pare feux, des arbres utiles ont été plantés et ont favorisé plus tard le recrutement d'autres espèces d'arbres de la forêt (Guillot, 1980).

Défense contre l'intrus, mais aussi contre le feu. Toutefois, les Ceiba sont sensibles au feu au stade juvénile (Aubreville, 1949). Ils doivent en tout cas être protégés jeunes contre les feux courants. Ils ne peuvent être efficaces que lorsqu'ils atteignent une hauteur où les cimes sont hors de portée des « coups de chaleur » des feux de brousse.

Dans la partie septentrionale du Cameroun, les défenses d'Euphorbiaceae (Euphorbia kamerunika, Euphorbia desmondi) dans l'Adamaoua ou sur le Tinguelin jouaient également les pare-feux. A Bakoa, les égaga auraient été mis en place par le 5e chef précédent l'arrivée des Français, afin de résister aux attaques de leurs voisins Bégni, Assala et Guéfigué, qui parlent encore aujourd'hui des langues différentes. Comme il n'y avait que quelques arbres, les gens ont apporté le Ceiba qui « appelle la forêt ». Leurs ancêtres ont donc « planté la forêt» qui seule permet aujourd'hui le développement de la cacaoyère dans la savane. Les populations vont semer des graines et/ou des pépinières de Ceiba, de teck et de Cassia dans les savanes pour y constituer des bosquets qu'ils exploiteront plus tard en aménageant des cacaoyers (photo 13).

En arrière de la haie se trouvaient l'habitat, les palmiers à huile, avocatiers, colatiers, safoutiers et les cultures vivrières (igname, taro, patate douce et bananier plantain). L'évolution au cours du 20e siècle a été l'introduction des manguiers (à l'époque allemande) puis des agrumes ainsi que, vers 1960-1965, près des cases, celles des cocotiers. Avec l'introduction du cacaoyer, peu avant 1930, les palmiers à huile sont progressivement rejetés hors de l'égaga, car épuisant l'eau nécessaire pour les cacaoyers, pour être plantés en savane où ils succèdent souvent au manioc (Beauvilain et al., 1985).

Sur les photographies aériennes de 1951, l'égaga de Bakoa englobe 4/5e de « brousse » et 1/5e de savane. En 1985, tout l'intérieur de l'égaga est devenu une « brousse cacaoyère ». L'habitat lui-même a migré à l'extérieur. Presque partout les égaga sont débordés par des tecks (Tectona grandis) (photo 18 et 19 et figure 17), voire des Cassia diffusés à partir de 1952 par la mission de Yangben. La population reconnaît que les déplacements successifs de l'habitat et l'introduction des arbres ont contribué au boisement de la région.

80

Les « égaga » protègent une partie du terroir, les « champs de case» et les arbres oléifères, légumiers et fruitiers, éléments indispensables de l'agro-système et ils peuvent se prolonger jusqu'à englober les zones ripicoles avec leur raphiales.

Figure 16 : Le paysage de contact forêt-savane autour du village Yambassa

Dans le passé lointain, les groupes de populations ont presque tous imaginé des systèmes de défenses dans les milieux ouverts pour résister aux velléités d'expansions territoriales des voisins. Dans les savanes des hautes terres de l'ouest Cameroun, les Bamiléké avaient élaboré des fossés enceints autour des villages et des cités. Sur la carte topographique de Bafoussam-Foumban de l'IGN NB-32-XVI-4b au 1/50 000, on découvre des « fossés anciennes forteresses» autour de la ville de Foumban. Les traces matérialisées sur cette carte montrent que le Sultan contemporain avait fait aménager une série de 3 fossés concentriques autour de l'ancienne cité Bamoun. Les enquêtes révèlent que ce système était aussi partagé par les peuples Tikar avec lesquels les Bamoun ont justement des affinités culturelles, mais qui ont été ennemis dans le passé. Des héritages sont aussi visibles sur la frontière entre les

81

arrondissements de Bana et de Banka. Les sources orales attestent que ces deux peuples se sont aussi livrés à des guerres territoriales vers la fin du 19e siècle.

III.2. La distribution locale sur transects et placettes

Les travaux de Beauvilain et al. (1985) se sont basés sur les sources historiques et cartographiques pour décrire les murs végétaux défensifs « yambassa ». Il nous a semblé indiqué de nous appuyer sur ces études tout en apportant un nouveau éclairage par le biais d'une méthode basée sur des relevés botaniques. Localement sur les transects, les haies présentent des alignements serrés de grands arbres dont les contreforts s'enchevêtrent sur plusieurs sections (figure 21). L'histoire révèle que des sentinelles postées derrière ces remparts étaient chargées de surveiller et de repousser les ennemis. Les murs végétaux du pays « yambassa » impressionnent autant par la hauteur des arbres que par les contreforts que ces arbres développent en maturité. Le système semble avoir été efficace dans un contexte de guerres engageant des ennemis équipés de lances, de flèches et d'armes à feu de petits calibres.

III.2.1. Les exemples de « murs défensifs végétaux » précoloniaux des steppes du nord

Les rapports militaires et les comptes rendus d'opérations de police rédigés au début de la période coloniale en Afrique mentionnent les difficultés rencontrées pour approcher de nombreux établissements humains entourés d'épais fourrés d'épineux ou d'euphorbes (Seignobos, 1978 et 1980). Ces fortifications végétales avaient été créées par l'homme, et leur démantèlement fut souvent exigé par les puissances coloniales comme gage de soumission. Elles disparurent donc rapidement à l'époque coloniale, car elles furent soit détruites, soit délaissées ou reconverties en haies de protection des champs dans les contrées où l'élevage du gros bétail est pratiqué. Les chemins bordés qui permettaient de contenir le bétail se maintinrent alors que s'effaçaient les lignes boucliers. Dans la région de l'extrême nord du Cameroun, beaucoup de ces constructions végétales sont encore décelables dans le paysage où se succèdent des éléments arborés ou arborescents en lignes (figures 17, 18, 19 et 20). Leur abondance inattendue ne s'explique pas par la seule nécessité de canaliser le bétail, pas plus que les rideaux d'arbustes spumescents sur les piémonts ne peuvent être attribués uniquement à une action antiérosive.

82

Figure 17 : Localisation des murs végétaux défensifs du bassin du Tchad

De plus, l'évidente inefficacité défensive des constructions de terre et surtout de pierres sèches laisse comprendre leur vraie raison d'être, celle de supporter des constructions végétales formées d'épineux ou d'euphorbes dont les ruines sont encore accrochées à ces murs. Passant presque inaperçues, ces défenses végétales sont en réalité omniprésentes sur de vastes aires et montrent tout le raffinement de leurs diverses combinaisons dans divers secteurs du bassin du lac Tchad.

Dans le détail, le système défensif est très complexe. L'ossature est constituée par le mur de pierre au centre (figures 18, 19 et 20). Avant et après le pierrier, des rideaux végétaux successifs sont implantés de manière à former plusieurs boucliers. Il s'agit, de la périphérie vers les villages, des alignements suivants: 1) Acacia atxacantha, 2) Comiphora africana ; 3) Euphorbia unispa ; 4) Euphorbia kamerunica.

Entre Comuphora africana et Euphorbia kamerunica se trouve le mur de pierre. La dernière espèce s'appuie d'ailleurs sur ce pierrier et c'est justement sur ce mur doublé d'un rideau végétal que se portent les premières sentinelles (figure 20)

Figure 19 : Gros plan sur le système défensif Guimsak

83

 
 

Mur de pierre (pierrier)

Rideaux défensifs végétaux Acacia ataxacantha

- Commifora africana

-

 
 

-

 
 

Courbe principa Courbe normale Courbe intercalaire

 
 

Cours d'eau intermittent

Localisation du système Guimsak

2 km

 

Sources :Seignobos (1978) Les systèmes de défense végétaux précoloniaux

Figure 18 : Le système défensif végétal du bassin versant de la Goudoulou

 
 
 
 

Mur de pierre

(pierrier)

Rideaux défensifs végétaux Acacia ataxacantha

~ Commifora africana Euphorbia unispa sasweilia dolzielii

Adenium abaesum

Courbe principale

Courbe normale Courbe intercalaire

Cours d'eau
intermittent

0 500 n

f I

Sources: Seignobos (19781 Les systèmes de defense végétaux précof oraux

84

Figure 20 : Coupe du système défensif de Guimsak (Seignobos, 1978)

III.2.2. Les héritages du système défensif végétal Yambassa

Chez les Banen du sud de Ndikiniméki (à l'ouest du pays yambassa), les palmiers à huile sont plantés en savane par les paysans dans les bosquets « protégés» par une haie de Ceiba pentandra bouturés serrés (Iyébi Mandjeck, 1985). Cet arbre qui ceinture le bosquet sur tout le périmètre, a le mérite d'être lui-même protégé.

III.2.2.1. Les relevés botaniques

Les relevés ont porté sur un transect de 5 m de large et de 2 660 m de long, soit 13 300 m2 (figures 22 et 23 et photos 14). N'ont été pris en compte que les arbustes et arbres qui se situaient sur l'axe de l'alignement de la haie vive. Par ailleurs, les cacaoyers implantés sous l'ombre des ligneux n'ont pas été pris en compte. Cependant, la présence des peuplements occupant l'environnement immédiat de la haie a été précisée sur une grille millimétrée dans le but de restituer la structure sur une carte. Dans ce but, un enregistrement de points GPS a été fait tous les 100 m. Des points supplémentaires ont été précisés chaque fois que la haie décrivait une courbe.

Signalons cependant que la circonférence des grands Ceiba et de Bombax a juste été estimée. Les grands contreforts de ces individus n'ont pas permis de mesurer les circonférences puisqu'ils s'élèvent généralement à plus de 2 à 3 m en moyenne au dessus du sol. Or par convention, il faut mesurer la circonférence des arbres à hauteur de poitrine à environ 1,30 m. Il aurait fallu un échafaudage pour le faire. Mais compte tenu de nos moyens matériels et financiers, il nous a été impossible de surmonter cette difficulté. On a simplement considéré

85

que ces « géants » avaient des diamètres supérieurs à 100 cm, même si on est convaincu que certains individus dépassent 110 cm de tour de taille au dessus des contreforts.

Figure 21 : Section de mur défensif yambassa (Beauvilain et al, 1985)

Notes: Les hommes aux pieds des arbres donnent l'échelle graphique. La figure révèle que les arbres adoptés sont de véritables « géants» et que les contreforts imbriqués forment un « mur » difficile à escalader.

III.2.2.2. La densité relative des individus et des espèces

La densité relative (Dr) renvoie au critère d'abondance des individus. Par exemple, la densité d'une espèce est le rapport du nombre d'individus de cette espèce sur le nombre total d'individus de toutes les espèces dans l'échantillon. La densité est un indicateur de la compétition entre les espèces dans un peuplement. Elle permet aussi d'apprécier la représentativité d'une espèce par rapport à toutes les autres espèces de l'échantillon.

86

Photo Lemoupa, 2013

Photo 14 : Alignement de Ceiba et de Bombax sur le site de Yambassa

Notes : Certains individus sont morts, mais la ligne végétale (au second plan) est encore bien visible sur les sites. Ici, des cacaoyers (au premier plan) sont implantés de part et d'autre de la haie.

Les relevés du transect de Yambassa donnent un nombre total de 396 individus de diamètree 5 cm à hauteur de poitrine (1,30 m du sol) (tableau 4). Deux espèces sont très abondantes: Ceiba pentandra (linn.) Gaertn. avec 121 individus, soit Dr = 25,1 % de l'échantillon, et Bombax buonopozense représentée par 120 individus, soit une Dr de 24,9 %

87

de l'ensemble des individus. Les deux espèces appartiennent à la famille des Bombacaceae. Les haies vives sont donc dominées équitablement par Ceiba pentandra et Bombax buonopozense (figures 22, 23 et 24).

Les autres espèces abondantes dans les haies appartiennent au genre Ficus avec 58 individus, soit un taux de 14,8 % (tableau). Les espèces appartenant à ce genre sont respectivement Ficus thonningii Forssk. (25 individus), Ficus exasperata Vahl. (8) et Ficus spp (9). Les deux autres genres abondants sont Celtis (C. zenkeri, C. milbraedii, Celtis adolfi-fridericii) (19) et Cola (C. grandifolia, C. lateritia, C. lepidota) (19), soit une Dr de 6,1 % de l'échantillon pour chacun. Les deux genres appartiennent respectivement aux familles des Ulmaceae et des Sterculiaceae. Les autres individus du transect appartiennent à un seul genre.

III.2.2.3. Le critère de dominance des individus et des espèces

Le critère de dominance fait référence à la taille des individus. Celle-ci se base essentiellement sur les classes de diamètres. Une famille représentée par deux espèces, à savoir Ceiba pentandra et Bombax buonopozense domine nettement l'échantillon. Le relevé compte en tout 225 individus de diamètres supérieur à 100 cm parmi lesquels 221 appartiennent aux deux espèces, soit 98,2% de l'échantillon (tableau 6). On compte ainsi 118 pieds de Ceiba pentandra (soit 52,7% des individus de très grandes tailles) alors que Bombax buonopozense, avec 103 individus dans cette classe des géants, représente 45,7% des émergents. Dans cette classe, les autres espèces comme Albizia adianthifolia, Canarium schweinfurtii, Ricinodendron heudelotii et Ficus mucoso complètent la liste des géants, mais sont représentées par un seul individu chacune.

88

Figure 22 : La distribution locale de Ceiba et de Bombax sur le transect de Yambassa

89


·

te

· ) 1174 -0

·
· -co

e -e-

0040

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c

Route

N4

(%)
·

Goo

411 occ.

OGAIR0-4/6---0 te ino
·

TIC 6111,1414-d
· -Ge --0-- - -


·

Ceiba pentandra

t

Palmier à huile

0

20 m

 

Bombax buenoporense

 

(Elers guineensis)

 
 

Q

Autres espèces dela forêt

 
 
 
 
 

dense

___.

Axe d'alignement des haies

 

Sources: Relevés de terrain

Classe des diamètres

> 100 cm 70 à 100 40à69 20 à 39 5à 19


·

Route !

N4

.36.31

Figure 23 : Distribution des individus et des classes de diamètre sur le transect de Yambassa

90

III.2.2.4. Le critère de dominance des familles

Le tableau 5 atteste que dans le relevé, les Bombacaceae composées de Ceiba pentandra et Bombax buonopozense représentent 56,1% des individus. Compte tenu des contreforts très hauts perchés qu'ils disposent, il n'a pas été possible de mesurer la circonférence des fûts. Pour 121 pieds de Ceiba pentandra, seulement 3 individus ont un diamètre compris entre 34 et 75 cm. Par contre, 118 sont de catégorie « hors norme ». La circonférence de ces individus est supérieure à 250 cm au dessus des contreforts qui s'élancent en moyenne entre 3 et 7 m au dessus du sol et s'étalent latéralement sur 4 à 8 m. On n'oublie pas que ce sont justement ces contreforts qui ont suscité leur adoption dans les haies par les populations qui s'en sont servi à l'époque comme murs défensifs dans le contexte de guerres tribales. Bombax buonopozense affiche les mêmes caractéristiques morphologiques sur sa base. Pour 120 individus, 103 sont « hors norme» et seuls 17 individus sur 120 ont une circonférence comprise entre 70 et 240 cm.

Quant aux Moraceae, leur poids total est de 14,6%. Viennent ensuite les Sterculiaceae et les Ulmaceae avec 6,1% chacune. Les autres familles sont représentées à moins de 2% du relevé. La biodiversité n'est pas très élevée, mais on constate qu'au fil des ans, les populations ont privilégié les espèces utiles au détriment de la diversification biologique.

A l'opposé, les jeunes et les très jeunes individus (les juvéniles) dans le relevé appartiennent principalement à la famille des Moraceae. C'est le cas de Ficus thoningii qui compte 17 individus dans la classe de 5 à 9 cm. En dehors de cette espèce, deux autres seulement sont représentées au moins par 2 individus. Il s'agit de Celtis sp avec 4 individus et de Cola lepidota avec 2 individus. Dans la catégorie des jeunes individus (classes de 10 à 19 cm), Ficus thoningii et Celtis sp sont les plus présentes avec respectivement 10 et 4 individus.

91

Figure 24 : La représentation des principales espèces (nombre d'individu supérieur à 2)

Deux faits marquants ressortent du tableau 4 :

- La présence régulière des espèces comme Ficus thoningii dans toutes les classes sauf dans celles des plus de 79 cm. Celtis sp et Dacryodes edulis affichent un comportement semblable. Ces espèces apparaissent comme des espèces de l'avenir puisqu'elles affichent clairement un renouvellement constant.

- Par contre, le fait le plus riche d'enseignement est l'absence totale de Ceiba pentandra et de Bombax buonopozense dans la catégorie des classes de 5 à 19 cm. Même dans les classes juste au dessus, elles sont sous représentées. Entre 20 et 79 cm, on compte seulement 7 individus appartenant à ces deux espèces (2 individus seulement pour Ceiba et 5 pour Bombax). Ce constat laisse penser que les deux espèces sont caractérisées par une très faible capacité de renouvellement. Peut-être parce que le sous bois étant généralement couvert dans le contexte local, les graines de ces deux espèces héliophiles ne trouvent pas de conditions favorables à leur germination. Ou alors, le contexte ayant changé, l'intérêt de la population à l'origine de leur implantation est plutôt porté vers d'autres espèces.

92

Autrement dit, bien que dominatrice en taille et en nombre, Ceiba pentandra et Bombax buonopozense semblent vouées à une disparition à long terme puisqu'elles ne se renouvellent pas spontanément. Par contre, les individus comme Ficus thoningii, Celtis sp, Cola lepidota et Dacryodes edulis semblent être les espèces d'avenir compte tenu de l'importance remarquable de leurs jeunes individus.

Le résultat permet de constater la vieillesse des Bombacaceae et la jeunesse des Moraceae et des Burseraceae. Ceci semble être une conséquence des choix de l'homme. Celui-ci, en opérant des choix en fonction des besoins et des exigences du moment, privilégie certaines espèces au détriment des autres. Lorsqu'il fallait se défendre dans le contexte des guerres, les Bombacaceae ont été privilégiées. Les guerres ayant cessé depuis environ 1 siècle, le privilège semble être accordé aux espèces les plus rentables sur le plan économique et alimentaire. Ainsi Dacryodes edulis qui est un arbre fruitier est constamment renouvelé ou entretenu comme c'est aussi le cas de diverses espèces du genre Cola. Le renouvellement des deux Bombacaceae n'a pas été assuré du fait d'un intérêt porté sur d'autres espèces plus rentables à court terme. Il n'en demeure pas moins vrai que les effets écologiques et économiques à long terme sont visibles sur le site. Par exemple, l'ombrage des Bombacaceae est indispensable aux cacaoyers.

III.2.3. Les données de la structure des haies : l'importance des trouées

On constate, d'après le relevé que les arbres originels des haies que sont Ceiba pentandra et Bombax buonopozense, sont implantées de manière discontinue. Sur le transect, la largeur de ces trouées varie entre 5 et 20 m en moyenne. Les plus importantes sont celles situées de part et d'autre de la route nationale N0 4 (figure 23).

De nombreux individus sont morts, mais n'ont pas été remplacés. Ou plutôt, les trouées ont été colonisées par des espèces plantées par l'homme, à l'instar des cacaoyers, palmiers à huile, safoutiers, manguiers, avocatiers. D'autres trouées sont simplement envahies par des espèces pionnières de la forêt en commençant par les Ficus (Ficus thonnigii, Ficus exasperata, Ficus mucoso). A côté, on rencontre d'autres pionnières comme Albizia adianthifolia. (Tableau 5 et figures 23 et 24).

Aujourd'hui, même en l'absence des guerres qui ont jadis justifié l'adoption des Bombacaceae, le mythe qui veut que l'abattage d'un de ces arbres soit gage de malédiction semble avoir constitué un facteur de préservation. En effet, les témoignages disent que selon les traditions, il est strictement interdit d'abattre un de ces arbres. Dans le cas contraire, des

93

malheurs indescriptibles s'abattraient sur l'auteur et sa famille. De tels mythes sont largement rependus, y compris dans la région des hautes terres de l'ouest, notamment dans les départements du Haut-Nkam et du Noun où seules des personnes dotées de pouvoirs occultes peuvent s'en approcher pour les couper ou pour en extraire quelques substances comme la sève ou l'écorce.

Il semble aussi que les décès des individus constitutifs des haies originelles n'affectent pas à l'heure actuelle les investissements prioritaires des populations. Au contraire, celles-ci semblent s'être adaptées et exploitent les « chablis » pour installer des cacaoyers et des arbres fruitiers. Ils tolèrent en même temps l'installation spontanée des arbres à bois utiles pour leurs bois (Mansonia altissima, Milicia excelsa, Terminalia superba, Pycnanthus angolensis), pour leurs fruits et/ou graines (Canarium schweinfurtii, Cola spp, Ricinodendron heudelotii), pour leur ombrage indispensable aux plants de cacaoyers (Ficus spp, Albizia spp) mais aussi pour leurs vertus médicinales (Rauwolphia vomitoria, Voacanga africana). Pour les autres espèces abondantes comme Celtis sp, Celtis milbraedii et Celtis zenkeri, une explication logique ne nous a pas été fournie au stade actuel des enquêtes. Il existe plusieurs autres espèces tolérées, mais leurs densités restent faibles.

94

Tableau 5 : Relevé du transect de Yambassa

 
 
 
 
 

Classes des diamètres en cm

 
 
 

N° Familles

Espèces

5-9

10-19

20-29

30-39

40-49

50-59

60-79

80-99

> 100

Total

1 Bombacaceae

Ceiba pentandra

 
 

1

1

 
 

1

 

118

121

2 Bombacaceae

Bombax buonopozense

 
 
 

1

2

2

6

6

103

120

3 Mimosaceae

Albzia adianthifolia

 
 
 

1

 
 
 

1

1

3

4 Burseraceae

Canarium schweinfurtii

 
 
 
 
 
 

1

 

1

2

5 Euphorbiaceae

Ricinodendron heudelotii

 
 
 
 
 
 
 

1

1

2

6 Moraceae

Ficus mucoso

 
 
 
 
 
 
 
 

1

1

7 Sterculiaceae

Cola gigantea

 
 

1

 

1

 
 

1

 

3

8 Combretaceae

Terminalia superba

 
 
 
 
 
 
 

1

 

1

9 Moraceae

Ficus thonningii

17

10

9

8

5

2

2

 
 

53

10 Sterculiaceae

Mansonia altissima

 

1

1

1

 
 

1

 
 

4

11 Burseraceae

Dacryodes edulis

 

1

3

1

1

3

1

 
 

10

12 Sterculiaceae

Cola sp

1

1

3

3

7

 

1

 
 

16

13 Moraceae

Milicia excelsa

 

1

 
 
 
 

1

 
 

2

14 Euphorbiaceae

Funtumia elastica

 
 
 
 

1

1

 
 
 

2

15 Apocynaceae

Rauvolfia vomitoria

 
 
 
 

2

 
 
 
 

2

16 Ulmaceae

Celtis sp

4

4

2

4

1

 
 
 
 

15

17 Ulmaceae

Celtis zenkeri

 

1

2

1

1

 
 
 
 

5

18 Moraceae

Ficus exasperata

 
 
 

1

1

 
 
 
 

2

19 Ulmaceae

Celtis milbraedii

 

1

 

3

 
 
 
 
 

4

20 Apocynaceae

Voacanga africana

1

2

 

2

 
 
 
 
 

5

95

 
 
 
 
 
 

Classes de diamètre en cm

 
 
 

Familles

Espèces

5-9

10-19

20-29

30-39

40-49

50-59

60-79

80-

99

> 100

Total

21

Myristicaceae

Pycnanthus angolensis

 

1

2

1

 
 
 
 
 

4

22

Sterculiaceae

Cola lepidota

2

1

1

1

 
 
 
 
 

5

23

Laureaceae

Persea americana

 

1

 

1

 
 
 
 
 

2

24

Rutaceae

Citrus sp

 

1

 

1

 
 
 
 
 

2

25

Bignoniaceae

Spathodea campanulata

 

1

2

 
 
 
 
 
 

3

26

Mimosaceae

Albizia ferruginea

1

 

1

 
 
 
 
 
 

2

27

Cecropiaceae

Myrianthus arboreus

 

1

1

 
 
 
 
 
 

2

28

Moraceae

Ficus sp

1

1

 
 
 
 
 
 
 

2

29

Césalpiniacaee

Cassia javanica

1

 
 
 
 
 
 
 
 

1

30

Palmaceae

Elaeis guineensis

 
 
 
 
 
 
 
 
 

14

Total

30

 

28

29

29

31

22

8

14

10

225

396

96

Tableau 6 : Les familles les plus représentées dans le relevé

Famille

Genres

espèces

Individus

%

Bombacaceae

2

2

222

56,1

Moraceae

2

5

58

14,6

Sterculiaceae

2

4

24

6,1

Ulmaceae

1

3

24

6,1

Burseraceae

2

2

12

3

Euphorbiaceae

2

2

4

1

Mimosaceae

1

2

5

1,2

7

12

20

349

88,1

 

60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00%

0,00%

 
 
 

densite relative en %

 

diversité d'espèces

Familles

Arécaceae Apocynaceae Bignoniaceae Bombacaceae Burseraceae Cecropiaceae Celtidaceae Combretaceae Euphorbiaceae Fabaceae Laureaceae Méliaceae Mimosoideae Moraceae Myristicaceae Rutaceae sapindaceae Sapotaceae sterculiaceae ulmaceae

Source : Relevés de terrain

Figure 25 : Densité relative des principales familles

97

Photo Youta Happi, 2013

Photo15 : Contreforts ailés de Ceiba pentandra

En se développant verticalement et horizontalement, les contreforts de Ceiba pentandra forment des « murs vivants » en s'entremêlant lorsque des individus sont alignés. Ces contreforts très hauts situés rendent impossible la mesure de la circonférence des fûts à 1,30 m du sol.

98

Photo Youta Happi, 2013

Photo 16: Les contreforts arqués de Bombax buonopozense

A maturité, les contreforts de Bombax buonopozense sont généralement moins développés que ceux de Ceiba pentandra. Mais ils s'élancent en hauteur à 3 m en moyenne. Au niveau de l'extension latérale, les contreforts des deux espèces s'étendent en moyenne sur 5 à 6 m.

99

Photo Youta Happi, 2013

Photo 17 : Enchevêtrement des contreforts de Ceiba et Bombax

Sur le transect, les haies conservées témoignent de l'efficacité du rideau de défense à l'époque où tous les arbres étaient en place. Non seulement les contreforts s'interpénétraient, mais en plus, certains troncs se touchaient au point de s'emboiter. A droite, trois arbres sont même soudés les uns aux autres.

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