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Espaces de coworking - capitalisme cognitif et métamorphoses du travail

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par Nina Danet
Université Paris VIII - Master II Information & Communication spécialité Industries créatives 2014
  

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CONCLUSION

Ce travail de recherche nous a permis de questionner le phénomène du coworking en pleine expansion. Derrière un certain engouement médiatique voire marketing, le coworking reste pour nous un moyen pertinent de questionner les représentations du travail à l'oeuvre dans nos sociétés contemporaines. Les espaces dédiés à ces usages fleurissent sur le territoire à échelle mondiale, captant une catégorie de travailleurs qui a intériorisé des modalités du travail propres au capitalisme cognitif.

En construisant des tiers-lieux adaptés à une demande croissante de personnes mobiles, connectées, créatives mais parfois isolées, le coworking est bien plus qu'une « solution pratique ». Les individus y voient une manière de développer des attitudes au travail nouvelles auxquelles ils attribuent un sens et des valeurs personnelles. Les EC participent en ce sens à un mouvement de resignification du travail en phase avec un projet de vie, que chacun s'approprie et défini selon des modalités individualisées. Aussi, nous restons sceptiques quand à l'affirmation d'un ethos spécifique au coworking. Selon nous, bien que l'ensemble des comportements aux travail laissent transparaître un souci d'auto-réalisation et d'épanouissement personnel, que le mouvement du coworking tende à se structurer et affirmer ses valeurs d'une seule voix, il ne faut pas conclure que nous assistons à l'apparition d'un modèle salvateur. Nos entretiens, le recours aux enquêtes quantitatives, les différents articles que nous avons été amenés à étudier nous ont permis de mettre en évidence des réalités très diverses. A ce titre, nous pensons d'avantage que les EC ont cette faculté d'expérimentation de nouvelles formes d'organisation du travail et qu'ils accompagnent plus qu'ils ne répondent à cette quête de sens.

Il faut aussi reporter le coworking à son échelle actuelle, qui est celle de la classe créative. Il est évident que pour l'instant, cette situation de travail n'est pas offerte ni adaptée à tout le monde. Nous rejoignons ici les perspectives de développement que nous avons abordé au terme de ce mémoire. Les EC sont encore jeunes, ancrés dans les villes créatives et de taille relativement petite. Cette situation n'est sûrement pas éternelle et l'avenir du coworking est en train de s'écrire. Si les perspectives de croissance sont bonnes (même si les projets de développement sont en légère baisse pour 2014), le coworking a besoin de mûrir et penser son

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inscription durable dans la société au risque de voir son projet social se diluer. Et cela ne veut pas forcément dire grandir en taille, en investissement, en nombre.

Enfin, il me semble que malgré les espoirs projetés à travers le coworking, on ne peut isoler les EC du contexte économique auquel ils répondent. Bien que le projet du coworking s'inscrive bien au delà, la justification d'une mise en commun d'un espace et d'outils est d'abord celle d'une logique de réduction des coûts. Le coworking est l'une des tendances de l'économie du partage qui prend diverses formes comme le covoiturage, la colocation etc... Ces pratiques témoignent elles aussi toutes à leur manière d'une contrainte économique certaine. Cela peut bien sûr déboucher sur des aventures humaines, des expériences enrichissantes, des relations durables... dont nous ne remettons pas en cause l'authenticité. Cependant, il semble qu'éclipser totalement la dimension « réduction des coûts » au profit d'un discours prônant des nouveaux modes de vie collaboratifs et solidaires, a peu d'emprise sur la réalité. L'économie collaborative sous-entend un passage d'une société basée sur la possession vers un « âge de l'accès » comme le diagnostique Jeremy Rifkin, prospectiviste américain. La richesse ne serait plus dans la possession mais dans l'usage. La Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) dans un récent dossier intituler « posséder, c'est dépassé »29 indiquait que « la possession, le patrimoine, cessaient d'être des valeurs positives : à la recherche de légèreté et d'agilité dans un monde dur, les plus jeunes les voient même comme un poids. » Or, notre enquête bien que modeste et ne pouvant totalement infirmer cette proposition, permet d'apporter quelques éléments qui remettent en cause la consolidation d'un imaginaire positif du partage . Les coworkers interrogés trouvent dans les EC une manière de répondre temporairement à un besoin concret qui est celui d'un espace de travail adapté. A ceci, se greffe effectivement une dimension humaine de collaboration, de partage, de confiance autour d'une communauté. Mais les symboles d'accomplissement professionnel semblent avoir la peau dure. Aussi, le modèle organisationnel du coworking est encore identifié comme le reflet d'une contrainte et d'une instabilité économique et non d'un choix de vie. Posséder reste pour nos enquêtés un objectif pour asseoir son indépendance mais aussi pour correspondre aux critères de réussite personnelle et professionnelle encore ancrés dans les mentalités.

29 http://fing.org/?Posseder-c-est-depasse (consulté le 07/09/2014)

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TABLE DES ILLUSTRATIONS

* * *

Figures

Figure 1 : tableau valeurs « des tiers-lieux » et des espaces de coworking : une comparaison. (Source : Moriset, 2014, p.8), p.11

Figure 2 : Tableau récapitulatif des entretiens coworkers, p.46

Figure 3 : Nombre d'ouvertures d'espaces de coworking par an à travers le monde (Source : Deskmag), p.49

Figure 4 : La Cantine à Paris. (Crédit Sipa), p.53

Figure 5 : Mobilesuite coworking Berlin. (Crédit ShareDesk), p.53

Figure 6 : The Shed coworking Madrid, (Source: http://theshedcoworking.com/), p.53

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