WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Construction sociale des processus décisionnels en matière d'usage des pesticides par les maraichers de Sèmè-Kpodji

( Télécharger le fichier original )
par Daleb Abdoulaye Alfa
Université d'Abomey-Calavi - DEA 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. LE MANQUE DE TEMPS DU MARAICHER

Il ressort de nos entretiens et de nos observations que le maraicher ne se donne pas de repos. Le temps de son repos est juste le temps de faire la cuisine ou d'acheter quelque chose à manger. Le désherbage et l'arrosage sont en effet, deux activités qui occupent la majorité de leur temps. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce manque de temps : tout d'abord, le site est non loin de la mer et de ce fait la terre sur laquelle les maraichers mènent leurs activités est essentiellement sableux (voir photo 14).

Photo 14 : Le sol sableux de VIMAS

Source : ABDOULAYE

Cette caractéristique du sol qui n'est pas favorable à la rétention d'eau, oblige les maraichers à arroser pendant plus de temps qu'il n'en faut. Alors, ne disposant pas pour la plupart d'un système d'irrigation automatique, cette activité leur prend 3 à 8h00 par jour en fonction de la culture et de la superficie. « L'arrosage est obligatoire. Même quand il pleut, tu dois parfois arroser ; ça dépend de ce que tu as planté. Par exemple, nous utilisons la fiente pour la fertilisation. Après la pluie, des débris de fientes se retrouvent sur les feuilles de salades et nous nous trouvons dans l'obligation d'arroser pour nettoyer les feuilles, sinon les feuilles vont pourrir et leurs valeurs marchandes seront en baisse.» [Florence, 38 ans, maraichère à Vimas]. « Ma parcelle de culture est non loin de la mer et ça fait que mes plants s'assèchent. Parfois quand vous goutez, c'est très salé... je suis obligé d'arroser régulièrement » [Karim, 28 ans, maraichère à VIMAS]. L'arrosage n'a donc pas que pour fonction de rendre humide le sol, mais également une fonction de lavage de la plante. L'assèchement des plants pourrait s'expliquer par la différence de concentration entre les deux milieux.

Par ailleurs, les maraichers accordent une place capitale à la propreté. Selon eux, le champ sans mauvaise herbe met en exergue la beauté de la culture et attire beaucoup plus le client. « Nous sommes en concurrence ici. Même quand tes plants sont bien développés et se retrouvent au milieu des mauvaises herbes, ça n'attire pas le client. Mis à part cela, la mauvaise herbe ne permet pas un développement harmonieux des plants. C'est pourquoi nous n'aimons pas voir les mauvaises herbes dans le champ » [Osseni, 30 ans, maraicher à VIMAS].

L'arrosage et le désherbage sont deux activités qui occupent les maraichers. Les invitations pour les sensibilisations et formations liées à l'usage des pesticides par certaines ONG (APRETECTRA) et structures de recherche agronomiques (INRAB et IITA) à l'endroit des maraichers ne sont souvent pas honorées. « Ce qui me donne à manger c'est le maraichage ... qui s'occupera de mes plants quand je serais aux formations. Ces gens là ! Va voir combien ils ont pris pour nous former... moi je n'ai pas le temps » [Donald, 29 ans, maraicher sur le site de VIMAS]. Ceux qui arrivent à se libérer pour suivre les formations sont ceux employant les ouvriers et les responsables du bureau de VIMAS. Ces derniers, du retour des formations ne font pas la restitution aux autres maraichers. « ... le problème de Sèmè est ailleurs, ce n'est pas dans la formation ou l'information à l'utilisation des pesticides parce qu'il y a déjà eu beaucoup de formations qui ont été organisées, beaucoup de séances d'informations qui ont été organisées ; mais le maraicher de Sèmè situe son problème ailleurs. Quand vous allez à Sèmè aujourd'hui, ce qui préoccupe le maraicher, c'est savoir, comment combiner les produits pour plus d'efficacité. Son souci premier, ce n'est plus, quand il veut faire un traitement, ce n'est pas comment respecter les dosages pour éviter de créer d'autres problèmes par la suite, mais c'est plutôt comment faire, comment bien mélanger les produits, comment même mal mélanger les produits pour avoir plus d'efficacité par rapport aux ravageurs » [Agent animateur ONG APRETECTRA sur le site de VIMAS]. « Le temps est un facteur avec lequel il faut compter surtout par rapport à la production maraichère de Sèmè, par rapport aux filets, c'est un facteur avec lequel il faut compter. Le discours que vous venez de rapporter : on n'a pas le temps ; on n'a pas le temps ; on n'a pas le temps, ça renvoie en fait à ce que je vous disais au départ, ça fait partir des éléments qui nous montrent que le problème du maraicher de Sèmè, est ailleurs ; c'est en réalité des prétextes, ce sont des arguments souvent utilisés pour justifier le fait qu'avec un traitement avec les pesticides, on obtient de bon résultats en très peu de temps ; c'est sûr, un maraicher qui est cramponné sur cette position là, ne pourra jamais adopter la technologie ; et du moment où il tient déjà ce discours, c'est qu'il est satisfait par l'utilisation de pesticides » [Agent animateur de APRETECTRA]. Pour (Kanda, 2009), le manque de formation et de conseils techniques conduit à des pratiques risquées, comme le surdosage ou le non-respect des conditions d'utilisation des produits phytosanitaires. Ce propos a besoin d'être nuancé, car sur le site de Sèmè-Kpodji, les formations sont offertes aux maraichers, mais certains n'y participent pour des raisons subjectives.

Le rythme soutenu et sans pause de la production peut induire une forte pénibilité mentale et physique du travail. Cela conduit parfois certains maraichers, particulièrement lors des pics de production, à « lâcher prise » sur leur travail et à se voir contraints de « courir derrière leur jardin » (Salmona, 1994).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille