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Aide au développement peut-elle aider l'Afrique noire à  se lancer au développement durable?

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par Jean-Paul Jean-Paul NABONA BISIMWA
Université Libre dà¢â‚¬â„¢Uvira et des Grands Lacs, ULUGL en sigle - Master complementaire  2012
  

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Section 2 : Analyse descriptive du panel de pays étudiés

L'Afrique sub-saharienne, communément appelée « Afrique Noire » s'étend sur une superficie de 24,3 millions de kilomètres carrés. Sa population était évaluée à environ 700 millions en 2004, avec un taux de croissance moyen d'environ 2,39%. Son PIB total est évalué en 2004 à environ 236,2 milliards50 de dollars US, Afrique51 Prix de 2000 108 du Sud non comprise1. Il était ainsi à peine supérieur au tiers de celui du Brésil (655,4 milliards de $ US la même année), moins que celui de la Suisse (253,8 milliards de $), et moins du septième de celui de la Chine (1715 milliards de $). Son taux de croissance (PIB total) est d'environ 3,23%. Le revenu par habitant moyen (ou PIB par habitant) de la région, l'un des plus faibles de la planète, était d'environ 350$ US en 2004 ; et son taux de croissance moyen, faible, est d'environ 0,8%. La région compte 47 pays : Afrique du Sud, Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap Vert, République Centrafricaine, Iles Comores, République Démocratique du Congo (RDC ou ex Zaïre), République du Congo, Côte d'Ivoire, Erythrée, Ethiopie, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Gabon, Gambie, Ghana, Kenya, Lesotho, Liberia, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Ile Maurice, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, Rwanda, Sao Tome et Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Swaziland, Tanzanie, Tchad, Togo, Zambie, Zimbabwe.

Fugure : n° J--27 : Carte d'Afrique subsaharienne

Tous les pays de la région bénéficient de l'aide internationale au développement. Cependant, la situation économique de l'Afrique sub-saharienne ne cesse de se détériorer depuis la fin des années soixante-dix. La figure suivante permet de faire une petite comparaison entre l'Asie du Sud-est et l'Afrique subsaharienne.

Dans les années 60 et 70, l'Asie du Sud-est et l'Afrique sub-saharienne avaient des niveaux de revenu similaires. En témoigne la figure ci-dessous qui fait ressortir les variations du PIB par habitant entre 1970 et 1995 dans ces deux régions du monde. Les pays de l'Asie du Sud-est comme

50 Prix de 2000

51 L'Afrique du Sud dont la situation est un peu particulière, présente de fortes dissemblances avec les autres pays de la région. Elle ne sera pas intégrée dans notre étude.

l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande sont caractérisés par une croissance économique soutenue. Si l'Afrique sub-saharienne a elle aussi présenté une première phase de croissance allant jusqu'à la fin des années 1970, les deux grands chocs pétroliers de la décennie soixante-dix vont révéler la vulnérabilité des économies africaines. Depuis le début des années 1980, un profond déclin économique s'est installé en Afrique sub-saharienne comme on peut le remarquer sur la figure suivante.

Figure : n°I-28 : Evolution du PIB par habitant en Afrique et en Asie du Sud-est

Dans les années 1960-1970, les deux régions avaient des conditions économiques et sociales plus ou moins similaires. Le niveau de vie en Afrique était même légèrement supérieur à celui de l'Asie du Sud-Est. Les pays des deux régions sont des bénéficiaires de l'aide internationale, destinée à promouvoir la croissance pour le développement. L'Afrique sub-saharienne en a même reçu plus que l'Asie du Sud-Est. Mais aujourd'hui (après environ 25 ans), le niveau de vie de l'Asie du Sud-est a largement dépassé celui de l'Afrique sub-saharienne.

Depuis le début des années 1980, les économies africaines sont tombées dans une phase de décadence qui semble se prolonger. La baisse des cours des matières premières et des produits de base vers la fin des années 1970 a aggravé la situation économique des pays de la région. Les niveaux de vie ont subi une baisse considérable qui s'est traduite par une augmentation de la pauvreté.

Si les économies de l'Asie du Sud-est ont elles aussi ressenti les effets de la crise au début de la décennie 1980, elles ont pu dissiper rapidement les effets de la récession économique et réamorcer leur processus de croissance depuis le milieu des années 1980 comme on peut le remarquer sur la figure présentée ci-dessus. De leur côté par contre, les pays de l'Afrique sub-saharienne ont été plongés dans une phase de décadence économique, de laquelle ils ne semblent pas se remettre jusqu'à nos jours. Et ceci malgré l'afflux continuel de capitaux étrangers en aide internationale. Ceci nous amène à nous interroger sur le rôle que l'aide internationale au développement a pu jouer en Afrique sub-saharienne.

Pour avoir une idée sur cette question, on peut se référer à la figure ci-dessous. Elle présente l'évolution de l'aide accordée à l'Afrique sub-saharienne en pourcentage du revenu (axe de gauche) et celle du taux de croissance économique (axe de droite) sur environ 40 ans (1965-2004).

Figure n° : J-29 : Aide et croissance économique en Afrique sub-saharienne

Sur la période allant de 1965 jusqu'au début de la décennie 1990, l'Afrique sub-saharienne a bénéficié d'une aide extérieure croissante. Elle est passée d'environ 7% du revenu en 1965 à environ 24% en 1994. Et pourtant, le taux de croissance économique a présenté une tendance à la baisse sur la même période. D'environ 4,5% en 1970, ce taux a progressivement baissé. Il était même devenu négatif au début des années 1990. C'est paradoxalement au moment où l'aide à l'Afrique sub-saharienne a présenté une tendance à la baisse que le taux de croissance économique semble redécoller.

L'analyse de la tendance de l'aide internationale par rapport à la performance économique pour chaque pays de la région débouche sur une conclusion très semblable. L'augmentation de l'aide au développement semble être associée à une tendance à la baisse de la performance économique. Elles présentent pour chaque pays de la région, l'évolution du PIB par habitant et de l'aide en pourcentage du revenu.

L'analyse du graphique débouche sur un véritable paradoxe. On constate généralement que les pays qui ont réussi à augmenter significativement leur niveau de revenu par habitant sont ceux pour qui l'aide reçue a progressivement baissé. C'est le cas de l'Angola, du Botswana, du Cap Vert, de la Guinée, de la Guinée Equatoriale, du Lesotho, de l'Ile Maurice, du Sao Tome et Principe, des Seychelles, du Soudan, du Swaziland, et de la Tanzanie. L'Angola par exemple a bénéficié d'une aide croissante jusqu'en 1994. Son revenu par habitant a pourtant régulièrement baissé sur la même période. A partir de cette date, le pays a vu son aide baisser. Paradoxalement, le revenu par tête angolais est en augmentation régulière depuis ce moment. Il en est de même pour la Guinée Equatoriale et le Mozambique. L'aide qui leur est accordée est en baisse depuis 1992, alors que leur revenu par habitant est en augmentation. Certains pays comme la RDC, la Guinée Bissau, Madagascar, le Niger, la Sierra Leone et la Zambie bénéficient d'une aide

croissante depuis les années 1970 ; alors que leur revenu par habitant est en baisse régulière.

Il y a pourtant des exceptions. Quelques rares pays notamment le Burkina Faso, le Ghana (depuis 1982), l'Ethiopie (depuis 1992) et l'Ouganda ont réussi à associer un niveau de revenu par habitant croissant à une aide croissante.

A partir de cette analyse, il y a de quoi douter de l'efficacité de l'aide internationale en Afrique sub-saharienne. Néanmoins, il est difficile de conjecturer le lien entre l'aide internationale et la croissance du revenu à partir de la simple observation de ces graphiques. Des tests économétriques s'avèrent donc nécessaires.

Pour mener cette étude, on a considéré les 46 pays de la région. La période d'étude va de 1970 à 2005 ; soit 36 années d'observations au total, par pays. Les données ont été collectées à partir du Center for Global Development (Roodman, 2005) et Banque mondiale (2006, 2007).

Concernant l'estimation de l'impact de l'aide sur la croissance économique, le choix de l'intervalle de temps fait débat. Lorsque l'aide finance par exemple les intrants pour la production agricole (café, cacao, coton, etc.) ou encore des médicaments (antipaludéens, les antirétroviraux, ...), son impact sur le revenu peut être espéré dans une période allant de quelques mois à quatre ou cinq ans. Il en est de même lorsqu'elle finance la construction d'un barrage ou d'une route. Lorsqu'elle finance des réformes de l'appareil judiciaire par exemple, son impact sur la croissance économique peut traîner un peu ... jusqu'à cinq et même dix ans. Et l'impact sur le revenu du financement de la scolarisation de la population (construction d'une école, formations des enseignants, etc.) peut traîner jusqu'à une génération ou plus. Compte tenu de tout cela, quelle période retenir pour l'estimation de l'efficacité de l'aide au développement?

Pour notre part, nous estimons comme Burnside et Dollar (1997, 2000) ; Easterly et al. (2003) ; Clemens et al. (2004) qu'une période moyenne de quatre ans paraît raisonnable pour espérer les effets de l'aide sur le revenu. Les données ont donc été agrégées en des valeurs moyennes couvrant des périodes de quatre ans chacune, allant de 1970 à 200552. Ce qui fait finalement neuf observations par pays. Certains pays comme par exemple l'Angola, la Somalie, le Liberia (pour des raisons de guerre) ont quelques observations manquantes. Dans le souci de couvrir le plus grand nombre de pays, nous les conservons néanmoins dans la mesure où en les intégrant, les résultats finaux ne changent pas significativement. A cause de ces données manquantes, on s'est retrouvé avec 368 observations au lieu de 9*46=414.

Ceci représente néanmoins un nombre d'observations suffisamment élevé pour mener l'étude empirique.

Nous estimons en panel, une équation de croissance qui fait dépendre le taux de croissance du revenu par habitant d'un ensemble de variables explicatives dont l'aide internationale. Les variables retenues pour la régression sont:

?it : c'est le taux de croissance moyen du revenu par tête (PIB/habitant) du pays la

i au cours de

période al.
t qui est ici de 4 ans (Burnside et Dollar 1997, 2000 ; Easterly et al. 2003 ; Clemens et 2004). Il représente la variable expliquée. Les variables explicatives retenues sont:

Ait : l'aide au développement dont a bénéficié le pays période

i au cours de la t.

C'est un ratio exprimé en pourcentage du PIB du pays récipiendaire.

[A possibilité
it A 2] : l'aide élevée au carré. On a introduit cette variable pour prendre en compte la

de non-linéarité du lien entre aide et croissance économique, fondée théoriquement par la loi de la productivité décroissante du capital (Hansen et Tarp 2000; Clemens et al. 2004).

PIBtit : c'est le revenu par tête initial (en logarithme). Cette variable permet de prendre en compte les dotations initiales, dans le but de capter l'effet de convergence entre les économies. On prend son logarithme pour minimiser l'effet de grands écarts entre les revenus sur le taux de croissance (Burnside et Dollar 2000, Easterly 2003).

[ M 2 / PIB ]it : c'est la masse monétaire M2 en pourcentage du PIB. Une variable institutionnelle permettant de prendre en compte les distorsions dans le système financier, ainsi que le mode de

52 Les périodes sont: 1970-1973, 1974-1977, 1978-1981, 1982-1985, 1986-1989, 1990-1993, 1994-1997, 1998-2001, 2002-2005.

financement de l'économie (notamment le financement par seigneuriage) dans l'explication du taux de croissance de l'économie (King et Levine, 1993) ; son effet est analysé avec un retard d'une période (Burnside et Dollar, 2000).

Popit : désigne le pourcentage des moins de 15 ans dans la population totale du pays considéré; une variable qui permet de prendre en compte la pression démographique sur l'investissement requis dans l'explication du taux de croissance de l'économie.

Scolit: c'est le taux de scolarisation de la population; une variable d'éducation couramment utilisée dans la littérature (Barro et Lee, 1993).

Invit : le taux d'investissement de l'économie i à la date t ; exprimé en pourcentage du PIB. Son effet est analysé avec un retard d'une période.

Ethit : c'est le degré de fragmentation ethnolinguistique, repéré par la probabilité que deux individus pris au hasard, appartiennent à des groupes ethniques différents. Cette variable est suggérée par Easterly et Levine (1996) pour capter les caractéristiques de long terme d'un pays qui peuvent affecter son économie.

En plus de ces variables, nous incluons des variables reflétant l'environnement économique du pays récipiendaire dans l'équation à estimer; à savoir:

Ouv Une

it : variable muette pour l'ouverture au commerce, développée par Sachs et Warner (1995). économie est considérée comme fermée au commerce lorsque ses tarifs douaniers sur les équipements et matériaux dépassent 40%, ou que les primes sur le marché noir dépassent 20%, ou encore lorsque le gouvernement exerce un contrôle intense sur le secteur commercial du pays (Burnside et Dollar, 2000).

Ifl 1993).
it : le taux d'inflation, un indicateur de la politique monétaire du pays considéré (Fischer,

[ S. budgt ] PIB.

it : c'est le solde budgétaire, en pourcentage du

[ G.cons ] it : désigne les dépenses de consommation du gouvernement, exprimées en pourcentage

du PIB.

[ S budgt ] it et [ G.cons ] it : sont des indicateurs suggérés par Easterly et Rebelo (1993), pour

prendre en compte la politique budgétaire de l'économie considérée. Les tableaux ci-dessous
présentent quelques éléments de statistique descriptive pour l'ensemble des pays retenus, sur la période d'étude (1970-2005).

Tableau n°I--9: Aide et taux de croissance moyen du PIB par tête par pays Valeurs Moyennes (1970 -

2011

Pays

Aide (%PIB)

Taux de

Croissance

pays

Aide (%PIB)

Taux de

Croissance

Angola

6,06

0,01

Liberia

12,98

-2,93

Bénin

9,66

0,35

Madagascar

9,16

-1,45

Botswana

7,03

7,28

Malawi

19,05

0,74

Burkina Faso

12,47

1,06

Mali

16,18

0,85

Burundi

17,36

0,32

Mauritanie

22,90

0,65

Cameroun

1,32

1,32

Ile Maurice

2,04

4,31

Cape Vert

26,30

3,24

Mozambique

30,69

2,08

RD. Congo

7,81

-3,66

Rwanda

18,33

1,08

Rép. Du

Congo

7,30

1,12

Sao Tome & P.

71,99

0,34

Source: calcul de l'auteur a partir de DWI, 2011

NB : La liste de pays Africain ne pas exhaustive

Sur notre période d'étude, l'Afrique sub-saharienne a bénéficié en moyenne d'environ 15% de son PIB (14,6% précisément) en aide internationale. Son taux de croissance économique est pourtant faible; 0,82% en moyenne.

Les premiers pays bénéficiaires d'aide ne sont pas ceux dont les taux de croissance économiques sont les plus élevés.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus