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Aide au développement peut-elle aider l'Afrique noire à  se lancer au développement durable?

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par Jean-Paul Jean-Paul NABONA BISIMWA
Université Libre dà¢â‚¬â„¢Uvira et des Grands Lacs, ULUGL en sigle - Master complementaire  2012
  

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CHAPITRE QUATRIEME

TRAPPES A PAUVRETE ET INSUFFISANCE DE L'AIDE

L'une des principales thèses avancées pour expliquer l'échec de l'aide au développement est l'insuffisance du budget global de l'aide. Cette explication s'appuie théoriquement sur les modèles de trappe à sous-développement. En effet, une façon d'aborder la question de l'inefficacité de l'aide au développement est de s'interroger sur l'existence d'un seuil en deçà duquel elle serait inefficace. Nous avons vu dans le chapitre II de la première partie que l'une des principales motivations à la base de l'aide internationale est l'idée selon laquelle les pays pauvres connaissent des difficultés de croissance économiques parce qu'ils ont un déficit d'investissement, dû à une épargne faible. L'objectif de l'aide est donc de combler le déficit entre l'épargne intérieure et l'investissement requis dans ces pays pour promouvoir leur développement économique, et par là résorber la pauvreté.

La théorie économique permet de montrer que, lorsqu'une société dispose d'un stock de capital par tête initial trop faible, elle peut se faire piéger dans une trappe à pauvreté, la condamnant à un revenu de bas niveau. Elle ne peut donc connaître de croissance économique de manière durable. Sortir de cette trappe nécessite des investissements énormes et simultanés dans tous les secteurs (infrastructures, capital humain, améliorer le système financier, ...). Telle est la thèse du « big push » défendue par Rosenstein-Rodan (1943 et 1961).

On pourrait donc imaginer que si les pays d'Afrique sub-saharienne connaissent toujours des difficultés de croissance, c'est que l'aide qui leur est jusqu'ici accordée n'est pas suffisamment forte pour leur permettre de réaliser ces investissements simultanés, et donc de combler durablement le déficit entre les investissements requis et l'épargne. L'insuffisance de l'aide serait alors la source de son inefficacité.

C'est ce qu'on se propose d'examiner dans ce chapitre. Pour bien comprendre les faits, on étudie dans la section 1, les handicaps structurels qui peuvent retenir une économie initialement pauvre dans une trappe à sous-développement. L'aide internationale est donc nécessaire à une telle économie. Mais pour lui permettre de briser les cercles vicieux de la pauvreté, il faut que l'aide à lui octroyer soit suffisamment forte. On montre dans la section 2 qu'une aide faible (insuffisante) est sans effet sur une économie prise au piège de la pauvreté; elle sera donc inefficace. Dans la section 3 enfin, on teste l'idée selon laquelle l'inefficacité de l'aide au développement en Afrique sub-saharienne est liée à son insuffisance.

Section 1 : Les trappes à pauvreté

L'un des thèmes les plus usuels de la littérature économique sur le développement concerne les trappes à pauvreté (poverty trap en anglais). Une trappe (ou piège54) à pauvreté (ou à sous-développement) est définie selon Berthelemy (2005) comme l'existence de mécanismes de cercles vicieux conduisant à un déclin économique quand l'économie est initialement sous un certain seuil de développement, alors que le progrès économique est possible quand ce seuil est franchi. Une trappe à pauvreté se réfère notamment à l'existence d'un état régulier stable avec de faibles niveaux de production et de capital par tête. Il s'agit d'une trappe car si les agents essaient d'en sortir, l'économie tend alors à revenir à l'état régulier de faible niveau.

L'origine de cette idée est lointaine. On peut citer l'ouvrage de Myrdal « théorie économique et pays sous-développés » (1959), qui développe l'idée de ce qu'il nommait « le processus des

causalités circulaires et cumulatives ». Plus récemment, on peut citer les travaux de Jeffrey Sachs (2004, 2005). Selon ce dernier auteur, le piège à pauvreté dans lequel sont enfermés un certain nombre de pays en développement tient à trois caractéristiques principales qualifiées de handicaps structurels:

-- La faiblesse de leur capital physique et humain qui entraîne une faible productivité. Ce qui attire peu d'investissements directs étrangers.

-- Le faible niveau de revenu par tête qui induit une demande faible et un faible taux d'épargne. -- La croissance très rapide de la population qui exacerbe le manque d'investissement.

Ces éléments constituent de véritables handicaps au développement économique des pays pauvres, et maintiennent ces économies dans le cercle vicieux de la pauvreté, avec un équilibre stable de bas revenu. Il est impossible pour une telle économie de décoller sans un choc exogène important, qui ne peut provenir que de l'extérieur.

L'objectif de cette première section est d'examiner les principales origines des trappes à sous-développement. On analysera dans un premier temps, les handicaps structurels liés à une dotation initiale faible en capital physique, en retenant le cadre théorique du modèle néoclassique de Solow. On étudiera ensuite tour à tour, les trappes à pauvreté liées à un faible développement humain, un système financier sous-développé et un secteur agricole dominant. Ces handicaps structurels à l'origine des trappes peuvent rendre difficile voir impossible toute tentative d'industrialisation. L'économie ne peut alors décoller sans aide extérieure très importante.

1. Dotation en capital physique et trappes à pauvreté

Il est question d'étudier ici comment une économie peut se faire piéger dans une trappe à sous-développement du fait de sa pauvreté dans la dotation initiale en capital physique. En effet, à la question de savoir pourquoi certains pays sont-ils si pauvres, Ragnar Nurkse (1953) répondait « c'est parce qu'ils sont pauvres ». Cette simple citation illustre le problème. Du fait qu'ils soient initialement pauvres, certains pays peuvent être condamnés à le rester si aucun apport conséquent ne leur vient de l'extérieur. Le modèle néoclassique de Solow offre un cadre idéal pour étudier un tel phénomène.

1.1. Le modèle de Solow : convergence et possibilité d'équilibres

Multiples Lorsque la dotation initiale d'une économie est trop faible, elle peut entraîner un certain nombre d'obstacles structurels qui vont engluer l'économie dans une trappe à sous-développement, la condamnant à la pauvreté. Le modèle de Solow, à partir de la thèse de la convergence conditionnelle, fait apparaître trois principales sources de trappe à pauvreté : une insuffisance d'épargne, une forte croissance démographique et un progrès technique lent (faible). Avec la prise en compte du progrès technologique et la dépréciation du capital, le cadre théorique du modèle de Solow convient parfaitement pour étudier les trajectoires de croissance économique et analyser les trappes à pauvreté. Dans le modèle, le niveau de richesse de l'économie étudiée est basé sur la production et l'accumulation du capita.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery