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Aide au développement peut-elle aider l'Afrique noire à  se lancer au développement durable?

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par Jean-Paul Jean-Paul NABONA BISIMWA
Université Libre dà¢â‚¬â„¢Uvira et des Grands Lacs, ULUGL en sigle - Master complementaire  2012
  

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Section 2 : Critères d'allocation et efficacité de l'aide

Une façon d'aborder le problème de l'inefficacité de l'aide au développement en Afrique sub-saharienne est de chercher à comprendre les principaux facteurs qui expliquent son attribution. Quels sont les principaux critères permettant d'expliquer l'octroi de l'aide internationale en Afrique sub-saharienne?

Comment les différentes logiques d'attribution de l'aide affectent-elles l'efficacité de l'aide au développement? En quoi les critères d'octroi de l'aide en Afrique favorisent-ils ou annihilent-ils la performance de la région en terme de réduction de la pauvreté?

Dans un premier temps, on entreprend une analyse empirique sur l'allocation internationale de l'aide en Afrique sub-saharienne. On montre alors que seuls les critères de « besoin » et de « proximité » avec le donateur expliquent l'octroi de l'aide dans la région. Malheureusement, ces deux critères sont inefficients. Ils débouchent sur les problèmes d'anti-sélection et d'aléa de moralité. Le meilleur critère est le critère d'efficacité qui consiste à conditionner l'aide à l'adoption de bonnes politiques. C'est ce qu'on montre ensuite.

1. Sur quels critères l'aide est--elle octroyée en Afrique subsaharienne ?

Nos spécifications économétriques entreprises jusqu'ici nous amènent à admettre contre toute attente que, l'aide ne favorise pas la croissance économique en Afrique sub-saharienne. Elle serait même perverse. Ceci nous conduit à une interrogation sur les raisons de son attribution. En effet, si l'aide n'aide pas le développement, nous devons en définitive nous demander sur quels autre fondements elle est accordée aux pays pauvres? Pour répondre à cette question, un test économétrique s'avère nécessaire.

Pour cela, on retient des variables explicatives susceptibles de mesurer les différentes logiques d'attribution de l'aide internationale. On distinguera principalement (en s'inspirant de la littérature empirique) trois raisons d'attribution de l'aide, exposées dans le chapitre 1 :

-- La logique de besoin : le revenu par tête (PIB par habitant) est souvent utilisé pour appréhender le niveau de besoin des pays bénéficiaires de l'aide internationale. C'est ce que nous retenons ici.

-- La logique d'intérêt--proximité: Une variable dummy, qui prend la valeur 1 lorsque le pays considéré a des liens privilégiés avec l'un des principaux pays donateurs, zéro dans le cas contraire.

· En l'occurrence, les pays membres de la « zone Franc » bénéficient d'un traitement particulier de la part de la France, garanti par des accords internationaux (CERDI, 2001).

· De même plusieurs pays comme Kenya, Somalie, Soudan, la RDC, le Sénégal, ... autoproclamés alliés des Etats-Unis et qui ont signé avec ce dernier des accords de défense ont pendant longtemps reçu un traitement particulier des Etats-Unis, garantis par des accords ( Schraeder, Taylor et al. 1998).

- La logique d'efficacité: Nous retenons ici, à l'instar de Burnside et Dollar (2000), l'indicateur
de politique économique comme un facteur d'efficacité de l'aide.

«... Au début des années 1980, l'administration de Mitterrand a entrepris une politique consciente et plus efficace de l'intégration des anciennes colonies belges (Burundi, Rwanda, RDC) dans la sphère française d'influence. En conséquence, tout au long des années 1980, des montants croissants de l'aide française ont été octroyés à la RDC (461 millions de $), le Burundi (243 millions de $) et le Rwanda (199 millions de $). Le Zaïre est particulièrement devenu un champ de bataille diplomatique où les Etats-Unis et la France concurrençaient pour leur influence.

Comme expliqué dans les mémoires de Jacques Foccart (l'architecte de la diplomatie française en Afrique sous Charles de Gaulle et Georges Pompidou), la France a perçu l'arrivée au pouvoir de Mobutu Sésé Seko en tant que chef inégalé du Zaïre pendant les années 1960 comme facilitant la pénétration de l'influence anglosaxonne dans le plus grand pays francophone d'Afrique; et donc comme une victoire claire des intérêts américains sur ceux de la France. Des politiques françaises d'aide ont été conçues dans les années 1980 pour renverser cet échec perçu», (Hook S. W., Schraeder P. J and Taylor B., 1998).

«L'aide japonaise a du mal à «pénétrer» les pays francophones parce que le gouvernement français a toujours protégé sa zone d'influence», (Hook S. W., Schraeder P. J and Taylor B., 1998).

« Durant la décennie 1980, les régimes autoproclamés marxistes d'Ethiopie, de Mozambique et d'Angola étaient privés de l'aide américaine; alors que les régimes capitalistes comme le Kenya, le Sénégal, la RDC étaient traités comme des alliés idéologiques et donc privilégiés ... Alors que les régimes capitalistes recevaient 88% de l'aide américaine, les régimes marxistes et socialistes n'en ont reçu que 6% ...

Les Etats-Unis ont soutenu avec force leurs alliés africains, même ceux qui avaient les taux de croissance les plus mauvais. Par exemple, l'un des plus grands bénéficiaires de l'aide américaine en 1989 était le régime zaïrois de Mobutu Sésé Séko, un leader autoritaire qui en 1965 a pris le pouvoir par un coup d'état militaire, et qui utilisait l'aide extérieure pour s'armer et se maintenir au pouvoir alors que sa popularité baissait ... Des relations et politiques extérieures similaires liaient les Etats- Unis à d'autres alliés autoritaires en Afrique comme l'Egypte, le Liberia, la Somalie et le Soudan qui étaient parmi les dix premiers bénéficiaires de l'aide américaine dans les années 1980 », (Hook S. W., Schraeder P. J and Taylor B., 1998).

En fin, on retiendra que dans l'attribution de l'aide aux pays d'Afrique subsaharienne,

le niveau des besoins et l'intérêt du pays donateurs sont les seuls critères déterminants. En fait, la politique d'aide ne se préoccupe que très peu de l'efficacité ou de l'utilisation qui en sera faite. L'aide va ainsi beaucoup plus vers les pays dotés de mauvaises institutions mais qui ont des liens privilégiés avec les pays donateurs ou qui ont un niveau de pauvreté important. Il en a été ainsi par exemple dans l'ex Zaïre de Mobutu Sésé Séko, où bien que le pays vivait une situation économico-institutionnelle calamiteuse, l'aide n'a pas cessé d'affluer.

Dans ces conditions, l'attribution de l'aide pose un certain nombre de problèmes dont les problèmes d'incitation dans les pays aidés à assainir le climat des affaires, comme nous l'avons étudié précédemment (chapitre 5). Plus un régime maintient sa population pauvre, plus il reçoit d'aide. Un régime qui se sent solidement lié aux principaux donateurs n'aura aucune incitation à faire de réforme; puisque dans tous les cas, il est sûr de l'afflux de l'aide. On montre par la suite que de telles allocations de l'aide conduisent à l'anti-sélection et sont donc inefficientes.

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