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Comité de lutte contre la répression au Maroc. Analyse d'une association centrée en Belgique 1972-1995.

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par ZIAD EL BAROUDI
Université Libre de Bruxelles - Master en Histoire 2015
  

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B.3 Activités et publications.

Une fois les tracts et les affiches tirés, ils faisaient l'objet d'une distribution méthodique. Pour ce faire, le CCRM contactait les bourgmestres et agences de publicité pour avoir une autorisation d'affichage. Nous pouvons avoir une idée de cette méthode par ce plan de distribution élaboré par Louise Lacharon189:

Communes

Affichage

Bruxelles-Villes

60 panneaux d'affichage

Anderlecht

40 panneaux d'affichage

Auderghem

10 panneaux d'affichage

Berchem-Sainte-Agathe

10 panneaux d'affichage

Etterbeek

10 panneaux d'affichage

Forest

15 panneaux d'affichage

Ixelles

5 panneaux d'affichage

Saint-Gilles

5 panneaux d'affichage

Saint-Josse-Ten-Noode

14 panneaux d'affichage

Schaerbeek

20 panneaux d'affichage

Uccle

20 panneaux d'affichage

Molenbeek

20 panneaux d'affichage

Watermael-Boitsfort

9 panneaux d'affichage

189 Archives Personnelles de Louise Lacharon, Documents relatifs à la gestion interne du CCRM de Bruxelles : Plan d'affichage public, daté de 1982.

59

Woluwe Saint-Lambert

10 panneaux d'affichage

Woluwe Saint-Pierre

5 panneaux d'affichage

Cependant, il n'était pas rare que certaines agences se plaignent auprès duCCRM à cause des « affichages intempestifs ». L'exemple d'une plainte émise par la RTT contre le CCRM de Bruxelles le 28 septembre 1981 était, à cet égard, significatif190. La première affiche éditée par le CCRM de Belgique apparaît sur les murs de Bruxelles, de Charleroi et de Liège. Elle oppose le Maroc coloré et ensoleillé des touristes au Maroc des Marocains qui ne se rangent pas parmi les bénéficiaires du régime marocain. Elle n'est pas seulement destinée à faire méditer ceux qui y vont valoriser leurs devises fortes, mais à faire savoir aux autorités marocaines que le Comité de Bruxelles existe et qu'il serait maladroit de leur part de s'attaquer, comme ce fut le cas des années précédentes, aux travailleurs qui profitent des vacances pour rentrer au pays et visiter leur famille.

Exemple d'une demande d'autorisation d'affichage du 30 octobre 1979191

190 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse n°398, Correspondances diverses 1977-1994 : Plainte de la RTT datée du 28 septembre 1981.

191 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse n°385, CCRM - Appel et campagne d'adhésion : d'une demande d'autorisation d'affichage du 30 octobre 1979.

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Première affiche du Maroc des touristes et de la répression éditée par le CCRM
de Bruxelles entre 1978-1979192

Une fois les affiches posées et l'appel lancé, les manifestations partaient de la commune de Saint-Josse (zone nord) pour culminer à la Place Rogier et aboutir près de la Gare du Midi. Cette trajectoire sera toujours empruntée en raison de la proximité du CCRM avec les locaux des syndicats belges et des mouvements associatifs marocains. Par ailleurs, l'implication des bourgmestres de Bruxelles-Ville et de Saint-Josse dans les activités du Comité bruxellois facilitèrent le bon déroulement de la mobilisation organisée.

b.3.1 Du second rapport de Paris aux premières coordinations européennes : 1977-1979.

Tandis que le CCRM de Bruxelles commençait sérieusement à s'impliquer dans la contestation contre les abus du régime marocain, les Comités de France publiaient un second rapport sur la situation des détenus et sur les procès politiques envers les mouvements des gauches marocaines. L'année 1977 a

192 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse n°385, CCRM - Appel et campagne d'adhésion : Affiche « Le Maroc des Touristes et de la Répression datée de 1978.

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marqué un coup dur contre les mouvements d'extrême gauche marocains, la plupart des cadres d'Ilal Amam et du Mouvement 23 Mars ont été arrêtés. A la suite de ce large coup de filet, les Comités de France et de Belgique ont participé à une nouvelle mission juridique193.

Cette mission juridique était composée des :

Maîtres Henri Leclerc, Alain Martinet et Margaut du Barreau de Paris.

Maître Yves Baudelot envoyé par l'Association Internationale des Juristes Démocrates.

Maître Hoss mandaté par Amnesty International.

Maître Majdalani, avocat de l'Organisation pour la Libération Palestinienne.

Maître Pascal envoyé par la Fédération des Juristes Démocrates Français.

Maître Vandrockenbruck envoyé par la Fédération des Juristes Démocrates Belges.

Maître Franceline Lepany avocate au Barreau de Paris

Docteur Jean-Paul Vernant, Chef de Clinique-Assistant.

Les avocats de la Défense ont été dépêchés pour le célèbre procès des frontistes du 3 au 19 janvier 1977 à Casablanca. Pour 105 détenus libérés à la suite d'un non-lieu dans la semaine précédente, il restait 178 inculpés avec 39 condamnations par contumace. Les 178 inculpés représentait le groupe « 77 ». La mission juridique dresse son rapport sur base des constats suivants194:

Les violations de la défense : les avocats constatent que si les inculpés sont informés au hasard des interrogatoires des chefs d'inculpation retenus contre eux, l'acte d'accusation lui-même ne sera jamais lu, de sorte que ni les accusés, ni leurs défenseurs ne savent véritablement de quoi on les accuse. L'ordre des interrogatoires n'est pas donné, tous les avocats doivent rester présents en permanence s'ils ne veulent pas manquer l'interrogatoire de leur client. Les avocats se voient interdire de poser des questions à un inculpé qui ne serait pas celui dont ils assurent la défense.

L'atmosphère du procès : elle est tendue et violente dès les premières heures, du fait du président de la Cour d'Appel, qui n'admet pas que les inculpés s'expriment et, en particulier, qu'ils assurent leur défense politique. Coupant la parole, frappant violemment sur la table, renvoyant les inculpés sur le moindre prétexte, il est responsable des incidents qui vont très vite éclater et devenir de plus en plus dramatiques.

Les principaux incidents ont été : la minute de silence demandée à la mémoire d'Abdellatif Zeroual* par un détenu et observée par tous les détenus, les avocats et les familles. Le président évacue la salle et interrompt la séance. Avec l'évacuation de la salle, les inculpés ont affirmé le droit à l'autodétermination du Peuple sahraoui et décident alors de prendre en main leur propre lutte dans la salle en entreprenant une grève de la faim illimitée, en refusant de répondre aux interrogatoires et en demandant à leurs avocats de se taire. Tout cela vise à de dénoncer la mascarade du procès et à démolir la façade démocratique que le pouvoir prétend maintenir par cette parodie de justice. Les inculpés adoptaient diverses attitudes envers le juge

193 Maroc Répression, Bulletin bimestriel du CCRM section Bruxelles, mars-avril, 1980, pp. 2-5.

194 A. MARTINET et al., Mission juridique internationale : Rapport sur la situation des Frontistes, Casablanca, janvier 1977, pp. 4-12.

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par l'ironie, par la violence ou le mépris. A cet égard, l'opposant frontiste Abdellah Zaâzaâ, victime de la falaqa, se déchausse brusquement et montre son pied mutilé affreusement par les tortures subies deux ans plus tôt. D'autres inculpés lancent des mots d'ordre contre le régime « qui exploite le Peuple marocain » et pour « la république démocratique et populaire marocaine ». Enfin, trois des inculpés sont intervenus pour affirmer leur accord sur le principe de la marocanité du Sahara, tout en dénonçant les accords de Madrid qui prévoyaient le partage entre la Mauritanie et le Maroc.

Les relations des détenus avec leur famille : les familles se sont vues refuser toute possibilité de visiter les détenus grévistes qu'ils soient détenus à la prison ou à l'hôpital. Inquiètes sur la situation des leurs, elles ont fait le siège des prisons et hôpitaux en espérant que l'administration adoucirait sa position. Elles ont également été réclamé indulgence et informations au Ministère de la Justice, mais en vain. Les familles se sont alors réunies à la mosquée de Rabat d'où elles ont été expulsées à deux reprises par la police qui les a gardées plusieurs heures dans ses locaux.

Le verdict : il a été rendu « à la sauvette » dans la nuit du 14 au 15 février, après 9 heures de lecture des attendus, les avocats ayant été prévenus au dernier moment par téléphone. Les inculpés, qui avaient attendu toute la nuit, ont accueilli les peines par des chants révolutionnaires, jusqu'à ce qu'on les ramène en prison. Les sentences prononcées lors du verdict portaient sur 44 condamnations à la détention perpétuelle dont 39 par contumace, 21 condamnations à 30 ans de prison, 44 condamnations à 20 ans de prison, 45 condamnations à 10 ans de prison, 19 condamnations à 5 ans de prison et 3 condamnations à 5 ans avec sursis.

Pendant le déroulement du procès, les premiers témoignages directs sur les conditions de détention des détenus d'opinion commencèrent à être portés à la connaissance des Comités. Ces premiers témoignages ont révélé la brutalité de la vie carcérale au Maroc, comme le montre « Rahal ». Durant le procès des Frontistes, « Rahal » confirmait la présence d'une BS dans une pièce proche du Tribunal. Cette BS suivait minute par minute le procès et torturait les inculpés que le juge envoyait...195

Le récit carcéral a été rendu public par les Comités de Lutte contre la Répression de Belgique et des Pays-Bas. Les dessins de « Rahal » sont sortis feuille par feuille de la prison de Kénitra pour arriver, non sans péripéties, au Comité de Paris. Ce dernier a contacté les bureaux de Charleroi et de Bruxelles pour la traduction la bande dessinée : « Dans les entrailles de ma patrie ». Après que les Comités contre la Répression aient regroupé tous les dessins de « Rahal », les comités belges ont traduit la bande dessinée en arabe et en français. Ces tâches ont été respectivement déléguées aux bureaux carolorégien et bruxellois196.

195 RAHAL, Dans les entrailles de ma patrie : A propos de la détention politique au Maroc, Paris-Bruxelles-Amsterdam, les CLCRM de Paris-Bruxelles-Amsterdam, 1980, p. 28

196 CEGES, Fonds Pierre Le Grève, AA 1936, Liasse n°398, Correspondances diverses 1977-1994 : PV de la coordination des CLCRM à Rouen : traduction de la bande dessinée par les CCRM de Bruxelles et Charleroi, daté du 29 mars 1981.

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Couverture de la bande dessinée «Dans les entrailles de ma patrie »197

Ce témoignage inédit nous fournit plusieurs renseignements sur la vie quotidienne dans le centre de détention de Derb Moulay Chérif à Casablanca et à la prison de Kénitra, parmi lesquels: « A l'intérieur de l'étroite cellule, 4 à 5 détenus sont installés. Deux vieilles couvertures en guise de lit, une troisième pour se couvrir. Ils doivent demeurer dans cet état, les mains attachées, couchés en permanence sur ce lit infect, grouillant de vermine : poux, puces, punaises et ce durant tout le temps qu'ils passeront dans le lieu secret de détention (des années parfois) à l'exception de l'heure des repas et quand on leur permet de se rendre aux toilettes. Le « Hadj » (surnom que les gardiens se donnent pour ne pas être reconnus) : sa mission surveiller les détenus et à leur interdire le moindre mouvement. Parler est considéré ici comme un crime et son auteur est flagellé par le Hadj. (...). Une autre mission du Hadj consiste également à provoquer les détenus, à leur mener la vie dure pour que règne une atmosphère de malaise et de terreur psychologique, ceci en plus des cris de tortures qui retentissent dans les coins du quartier et à cause

197 Couverture de la bande dessinée RAHAL, Dans les entrailles de ma patrie : A propos de la détention politique au Maroc, Paris-Bruxelles-Amsterdam, les CLCRM de Paris-Bruxelles-Amsterdam, 1980.

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desquels il devient impossible de s'endormir ou de se reposer. On en arrive à désirer être torturé plutôt que d'entendre quelqu'un d'autre subir la torture198 ».

Pour exercer une pression supplémentaire sur les détenus, leurs familles faisaient souvent l'objet d'une perquisition brutale, d'intimidation, d'interrogatoires musclés sinon d'arrestation avec les détenus.

« Rahal » poursuit : « (...) Et lorsque la méthode de la terreur combinée aux opérations de charme ne réussit pas à faire parler le militant, vient alors le rôle de la torture avec ses différents formes et ses différents degrés... une serpillère sur le nez et la bouche, trempée dans du savon, du grésyl, de l'urine et des excréments. Bastonnade sur la plante des pieds. Electrochocs, mégots allumés écrasés sur le mamelon...Deuxième degré de torture connu sous le nom de « perchoir à perroquet ». La séance de torture peut se poursuivre pendant des heures, jusqu'à la perte de conscience totale. Après cela, on passe à un degré supérieur. D'autres genres de tortures...il faut reconnaître en toute objectivité que la réaction marocaine fait preuve d'inventivité au moins dans ce domaine : la victime est enroulée dans une couverture de la tête jusqu'aux pieds de manière à ne laisser aucun interstice pour qu'elle puisse respirer. Elle est solidement attachée à un banc. Les tortionnaires la rouent de coups. Le procédé est une des formes de tortures les plus dures. On peut facilement étouffer ainsi. Les deux pieds meurtris à cause des coups sont plongés dans une baignoire remplie d'eau salée et très chaude. Le chien dressé qui lacère avec ses crocs et ses griffes le dos endoloris de la victime...Après cela, le prisonnier est transporté au local de détention gardé par des policiers qui se font appeler « Hadj » afin que le détenu ne connaisse pas leur véritable identité (...)199».

Parallèlement à la publication de la bande dessinée, les CLCRM de France et de Belgique ont réuni les textes et poésies de la militante Saïda Menebhi* morte des suites d'une grève de la faim le 11 décembre 1977. L'oeuvre a été publiée en décembre 1978 dans le cadre du premier anniversaire de la mort de l'auteure200. Le CLCRM d'Amsterdam a travaillé à la traduction en néerlandais de cet ouvrage deux ans plus tard201.

Un rapport médical publié entre 1979 et 1980 par les CCRM de Paris, Charleroi et Bruxelles, a pu mettre en exergue la précarité matérielle et sanitaire dans laquelle sont maintenus les détenus. Le rapport parle de l'hygiène des détenus dans différentes prisons marocaines: « Les prisonniers sont entassés comme des sardines : six mètres sur trois suffisent à caser une centaine de personnes. Chacune d'elles a, pour s'allonger, à peu près 1,70 mètre de long sur 25 cm de large. Un tel espace l'oblige à dormir sur le côté, et à ne pas bouger de la nuit (...). A Laâlou (Rabat), étant donnée la faiblesse du moteur de la pompe et la petite capacité du réservoir de retenue, le premier étage est seulement pourvu en eau de 22 h à 6 h. A Fès, la prison est alimentée par des citernes, alors que l'eau de l'Atlas coule à flots dans toute la ville. D'autre

198 RAHAL, cit., pp. 8-10.

199 RAHAL, cit., pp. 4-8.

200 S. MENEBHI, Poèmes-lettres-écrits de prison, Paris-Bruxelles, les CLCRM de Paris et Bruxelles, décembre 1978.

201 S. MENEBHI, Gedichten en brieven uit de gevangenis en een opstel over de prostituées in Marokko, Rotterdam, CLCRM d'Amsterdam, 1980.

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part, la « douche » est si mal entretenue et si peu équipée, qu'on ne peut s'empêcher de penser à celles d'Auschwitz : trois prisonniers s'y relaient alors qu'une poire lance un mince filet d'eau tiède. La petite salle de 4 mètres de côté, renferme jusqu'à 30 prisonniers. De même, les chambres sont très rarement lavées, le plus souvent une fois par mois ou à l'annonce de la visite d'une commission d'inspection, mais surtout lors d'une délégation comprenant un visiteur étranger. Quant au service public d'hygiène, il est persona non grata (...). Tel fut le triste exemple d'aout 1979 ; lors d'une épidémie de choléra à Meknès : 4 malades furent transportés à l'hôpital, mais vu le retard de la mesure, 2 d'entre eux succombèrent faute d'avoir bénéficié de soins assez tôt (...). De plus, rien n'est prévu pour chasser l'éternelle colonie de rats dont le nombre atteint parfois le double de celui des prisonniers. Ces bestioles manifestent constamment leur présence de sorte que chacun doit leur donner une part de sa gamelle afin d'éviter que la nuit, ils descendent de leurs gouttières et viennent fouiller et se servir eux-mêmes dans les paniers des prisonniers. Il existe d'autres bestioles, en effet les poux et les punaises cohabitent avec les détenus.»

Des maladies en tous genres apparaissaient dont : « les maladies de la peau très répandues, particulièrement la galle ainsi que diverses sortes de champignons épidermiques. Dans la prison de Casablanca, les galleux sont mis en quarantaine durant la période de détention ou de la maladie. Or, les galleux vivant ensemble et les désinfectants étant rares, le germe de la galle demeure. Par ailleurs, il est rare qu'un prisonnier quitte la citadelle sans s'être fait arracher quelques dents, à cause de caries ou de maladies des gencives. Ici, le mal de dent n'est jamais soigné, on se contente de les arracher dès la première plainte à l'infirmier ou au chef du quartier. La séance d'extraction des dents ayant eu lieu une fois par semaine, on peut observer une file d'attente devant le dentiste (souvent simple mécanicien-dentiste). Toute opération médicale est réduite à un simple travail à la chaîne : l'infirmier, lors des injections, passe de patient à patient sans prendre la peine de changer d'aiguille.(...) La nourriture joue un rôle important dans l'apparition des maladies dentaires mais aussi et surtout dans les maladies de l'estomac, des intestins et du rectum (très répandues dans les prisons marocaines) et touchant en premier lieu les prisonniers condamnés à de lourdes peines. »

Outre les maladies et des conditions d'hygiène quasi inexistantes, le rapport dénonçait aussi la qualité médiocre de l'alimentation destinée aux détenus. Qui plus est, les moyens de traiter les maladies étaient dérisoires : « Féculents et riz mal cuits se relayent jour après jour. A chaque marmite, quelques kilos de légumes bouillis accompagnés d'une ou deux louchées d'huile, viennent cacher le « bêton de pitance » qu'ils surmontent (...). Lorsque le prisonnier s'est plaint à plusieurs reprises au chef du quartier, il est entassé avec ses camarades pour être présenté à l'infirmer qui lui donnera du charbon de bois, s'il se plaint de spasme ou de colique, c'est bien une forte purge. Dans un deuxième stade, malgré plusieurs prises de ces médicaments, le patient peut être transporté à l'hôpital ou à l'infirmerie en état de crise. Dans ce cas, on lui administre une injection de baraljine qui a pour effet presque immédiat d'arrêter les douleurs, lesquelles ne tardent pas à revenir quelques heures plus tard. Dans un troisième stade, on attend que la victime ait subi plusieurs crises pour l'inscrire enfin sur une liste qui lui permettra

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d'être conduit à la consultation hebdomadaire du médecin. On peut s'étonner de l'existence d'une liste d'attente puisque, grosso modo, il n'y a qu'un médecin pour 1500 prisonniers (notamment à Casablanca, Rabat et Kénitra),en regard de la moyenne nationale d'un médecin pour 1000 patients (...)202. »

Avec l'accroissement des informations relatives à la répression au Maroc, les Comités de Lutte contre la Répression vont chercher à mieux structurer leurs travaux. Ils feront connaître des bilans d'activités durant les coordinations. Ces coordinations annuelles avaient pour objectif de dresser un bilan des activités de tous les Comités, tous pays confondus, tout en décidant des futurs plans d'actions.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault