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Mutations et devenir des paysanneries de l'opération Yabassi-Bafang (littoral - Cameroun).

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par Basile TENE
Université de Yaoundé - Maîtrise en Géographie Humaine 1991
  

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B. LES TYPES DE PAYSANNERIES ET LA MISE EN VALEUR DE L'ESPACE
B-l Los types de paysanneries : reflet, de la mosaïque ethnique.

Pour se faire recruter à la SODENKAM comme pionnier, il y a des conditions assez souples et variées à remplir. En plus d'être camerounais, sans distinction de sexe, d'ethnie ; ou de religion, il faut jouir do ses droits civiques et moraux. Ceci a canalisé les populations d'origines diverses vers la zone de l'opération. Toutefois, nous avons rencontré dans le village N' jingang la case d'un Nigérien, rapatrié pont cause de vieillesse et un Nigérian en cours d'installation. Ce n'est donc qu'à juste titre qu'on peut qualifier la région de véritable mosaïque ethnique.

Cette population d'immigrés pour la plupart est recrutée de différente façon, les uns des autres. La composition démographique qui en a suivi confère au paysannat de la région, une structure particulière, au regard des autres zones de colonisation agricole récente connue celle de la région de Galim. Ainsi pour classifier les paysanneries présentes dans la zone de l'opération, nous avons considéré trois critères :

· Le mode de, recrutement.

· Le groupe ethnique

· La structure démographique

Le mode de recrutement laisse distinguer 3 types de paysanneries. Les paysans recrutés par les employés de la SODENKAM chargés par ce mode de recrutement. Les paysans recrutés: par ceux déjà .installés; indice de succès du projet de l'implanta» ion humaine. Les paysans venus d'eux-mêmes se faire inscrire à la SODENKAM. Ils sont numériquement faibles. Les différentes paysanneries sont en proportion variables dans les villages. A Ndock-Samba, la majorité des paysans est recruté par les employés de la SODENKAM, alors que les paysans de Dékoulé sont recrutés par N'dock-Samba.

En analysant le groupe ethnique et en s'appuyant sur le nombre d'émigrants, on distingue:

· Les Bamilékés 78,2%

· Les autochtones et les autres groupes ethniques 10,6%.

· Les Eton 4,7%.

· Les Grassfield 4,6%11.

11 Les grassfield: termes englobant les immigrants de la partie anglophone des hautes terres de l'ouest et qui
correspond à l'actuel province du Nord-ouest

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Si les Bamilékés sont présents dans tous les villages pionniers, ils sont en nombre réduit à Ndock-Tiba où dominent les autochtones. En fonction de la structure démographique les paysanneries présentent des caractéristiques variées. Le fait marquant quand on se fonde sur 1'âge est qu'on y rencontre des paysans de moins de 25 ans. D'après le sexe, il n'est pas rare de trouver dans la zone de l'opération, de femmes "pionnières", chefs d'exploitation dès leur installation. Ceci est rendu possible grâce à l'accès des femmes libres et des jeunes de moins de 25 ans à la terre. C'est un phénomène original propre à l'Opération Yabassi-Bafang. C'est ainsi que dans « la colonisation spontanée, on accède assez tard à la terre, car il faut d' abord gagner 1' argent nécessaire pour l'achat de la parcelle, en travaillant plusieurs années dans les plantations des autres » Dongmo J.L12 p 391.

B-2. La mise en valeur de 1'espace.

Dans la zone clé l'opération presque vide d'homme, la mise en valeur est quasi inexistante ; Les autochtones ayant une économie proche de la prédation. En effet, les structures agraires de la région sont à peine perceptibles et leur impact sur l'environnement est très faible.

Si la région connaît de profondes mutations socio-économiques depuis le lancement de l'opération, l'action de SODENKAM est non négligeable à travers les équipements installés et son encadrement d'une part et d'autre part l'oeuvre des paysanneries est marquante à plus d'un titre. Grâce .ni dynamisme de ces dernières, elles font chaque année reculer la forêt et elles en ont pour 120 000 Ha à mettre en valeur. C'est ainsi que 3 ans après l'Opération, 500 Ha de forêt sont mis en valeur. Les cultures vivrières traditionnelles occupent 300 Ha parsemés d'arbres fruitiers.

Dès lors, les surfaces cultivées ne cessent de s'accroître, poussant progressivement ! La forêt à céder la place aux cultures. Le rythme de la mise en valeur n'est pas le même chez les exploitants mais est tout de même croissant. La SODENKAM, pour stimuler les paysans, impose une mise en valeur de 0,5 Ha/ an, faute de quoi l'on est déchu de son titre île pionnier, et expulsé de la zone pour paresse. Chaque exploitant reçoit un lot de 1000 m2 dans le village qu'il doit défricher pour se faire construire une maison et y pratiquer le petit jardinage ou 1 ' élevage. 2 champs de 6 Ha au moins chacun lui sont remis ; la première plantation doit produire au bout de 3 ans, avant la fin de la prime alimentaire et ce n'est qu'après avoir terminé la première plantation, que le paysan exploitant entame la seconde.

12 Dogmo J L op cit

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Techniques et systèmes d'exploitation.

Le pionnier qui arrive dans la zone de l'Opération est presque démuni de tout matériel. Soucieuse de la mise en valeur rapide de la région, la SODENKAM lui offre le petit matériel agricole pour le début des travaux. Ce matériel et très insuffisant compte tenu de la tâche qui attend le paysan; raison pour laquelle le perfectionnement du matériel s'avère une nécessité. Le paysan acquiert donc, au fil du temps et à partir des revenus du café et du cacao, un équipement agraire moderne tel que les tronçonneuses, les atomiseurs, les désherbants chimiques et mécaniques , une gamme de produits phytosanitaires et surtout les engrais chimiques. À côté de cet outillage, le pionnier reçoit les conseils du moniteur agricole installé dans le village à cet effet.

La production agricole de la zone est centrée sur les cultures d'exportation (cacao, café) qui connaissent à cet effet une promotion particulière. Les 2 produits sont pratiqués en monoculture, afin d'accroître les rendements. Et c'est pour cette raison que le pionnier se doit de diviser son champ en 3 parties: Les 2/3 sont consacrés au calé, cacao en portion bien distincte et équitablement, et le reste est occupé par les cultures vivrières.

Mode de mise en valeur.

L'exploitation des terres par les pionniers est soumise à des règlements stricts fixés par la SODENKAM. L'article 4 en annexe III du Cahier des Charges du pionnier, fixe les conditions de déchéances des droits du pionnier .s'il vend ou cède son champ à une tierce personne, ou même s'il l'exploite à titre provisoire. Cette obligation pousse le pionnier à n'utiliser que la main d'oeuvre familiale, ce qui va conduire au mode de

faire valoir direct qui prévaut dans la zone. Toutefois un salariat agricole s'installe
progressivement et c'est est à ce propos que ESSECK écrit « La mise valeur de la région de Mkondjok bénéficie du salariat agricole qui ressemble qui rassemble à plus d'un titre à ce qui se passe dans les exploitations agricoles du Mungo voisin. Depuis peu, on assiste à l'éclosion d'une main d'oeuvre salariée qui vient se greffer sur celle familiale »13.

L'ÉVALUATION DE L'OPÉRATION YABASSI-BAFANG

CHAPITRE III

13 Esseck, D op cit

La SODENKAM a pendant 22 ans d'existence dans le périmètre de mise en valeur Yabassi-Bafang, accompli de nombreuses tâches, seule ou avec les paysans. Depuis 1988, date de la dissolution de cette société mère, les succès et les points d'ombre de l'Opération, sont nettement perceptibles.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard