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Analyse comparative de la répartition des espaces verts urbains dans les métropoles européennes.

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par Yannick Schneeberger
Université de Lausanne - Master of science in urban studies 2011
  

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4 LES ESPACES VERTS ENTRE VILLE DENSE ET

VILLE ÉTALÉE

Le débat sur la compacité de la ville est fortement lié à l'implémentation d'espaces verts urbains. Pour diminuer un coefficient d'utilisation du sol, trois options s'offrent à l'aménagiste : Réduire la hauteur du bâti ; l'espacer avec un revêtement minéral, soit des places et routes ; ou encore l'espacer avec des espaces verts. D'autres possibilités existent, mais elles sont marginales. Dès lors que des coulées vertes sont projetées, la qualité de vie croît et la ville s'étale. Comme le titrait Emmanuel Boutefeu (2011 : 2), un choix s'opère entre ville dense et ville...verte.

Les partisans de la ville dense mettent en avant les théories du développement durable, axées sur le côté fonctionnel de la ville et son empreinte écologique. Ainsi, la Commission européenne décrit depuis plus de vingt ans la ville durable comme étant celle où les distances sont minimisées, et l'étalement contenu8. En effet, économiquement, l'étalement urbain entraine notamment un surinvestissement dans les réseaux techniques, ce qui engendre un accroissement de la fiscalité. Socialement, elle amplifie les divisions sociales et augmente la ségrégation socio-spatiale.

Les défenseurs d'une ville étalée rétorquent que la densité urbaine est l'expression d'une nostalgie de la ville européenne du passé, qui ne prend pas en compte les légitimes aspirations résidentielles actuelles, et la reconnaissance des formes de ville qui en découlent, entre autres nommée ville-émergente par Yves Chalas9. L'auteur soutient que «l'espace éclaté de la ville émergente correspond finalement un individu lui-même éclaté dans ses désirs et ses identités» (Chalas, 2000 : 125). Entre les lignes, c'est bien la contrainte sur les préférences spatiales de l'individu qu'impose une politique visant à la densité urbaine qui est décriée.

Les espaces verts urbains sont une utilisation du sol qui présente un conflit d'intérêt marqué dans ce débat. En effet, les habitants d'une ville dense compensent les effets sociologiques nuisibles de la densité élevée par une fréquentation assidue d'espaces verts éloignées, alors que ces derniers pourraient être intégrés dans une ville plus étalée et d'autant plus vivable. Une des réponses des chercheurs favorables à l'urbain compact est exprimée par Boutefeu (2007a : 8) : «Habiter aux abords d'un parc historique, dans un logement avec vue imprenable sur le site, est un voeu hors de

8 Voir notamment : Commission Européenne, 1990 : Livre vert sur l'environnement urbain : Communication de la Commission au Conseil et au Parlement. COM(90) 456, octobre 1990.

9 Voir notamment : Chalas Yves, 2000 : L'invention de la ville. Paris : Economica.

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portée pour un ménage modeste». Cela est symptomatique du libéralisme résidentiel qui impose des injustices environnementales, et économiques avec des charges en infrastructures conséquentes à supporter pour l'ensemble de la société. En effet, l'étalement urbain par inclusion d'espaces verts intraurbains profite aux investisseurs du marché fonciers, aux locataires disposant d'un revenu approprié pour loger dans leurs abords. Toutefois, l'espace public urbain est accessible - dans une diverse mesure - pour l'ensemble de la société. Par ailleurs, le mitage du territoire, symptôme de l'idéalisme pavillonnaire états-unien, qui et à la base de nombre de problématiques de gestion urbaine, peut être atténué lorsque les propriétaires trouvent des terrains adjacents à des zones végétalisées, plus proche de l'intérieur des aires urbaines. De plus, «le prix des terres agricoles proches des villes, bien inférieurs à celui des terrains situés en zone urbaine, amplifient l'expansion urbaine» (Commission européenne, 2006 : 17).

Des mesures politiques pour ponctionner ces effets ne vont-elles pas reporter le problème à des distances encore plus élevées des centres et séculariser une population urbanophobe en quête de quiétude mais devant fréquenter l'urbain pour des raisons économiques ? En contrecarrant les identités, aspirations, appartenances et comportements des habitants par des politiques de densifications trop « éco-ambitieuses », la privation de liberté qui en découle peut être plus problématique que les bénéfices environnementaux et sociaux engendrés par de telles mesures. Selon Guérois (2003 : 50) reprenant Theys et Emelianoff10, ce «paradoxe tient selon eux aux tensions internes au projet écologiste, partagé entre un hédonisme individualiste et une défense plus collective de la cité».

Synthétiquement, et avec un regard partant des espaces verts urbains, il n'y a pas de théorie implacable en matière de densification de la ville, toutefois le principe de villes compactes apparaît comme une base éco-compatible peu discutable au vu des dégradations de la qualité de vie urbaine engendrée par le nouveau régime d'urbanisation ainsi que des défis prochains qui attendent l'humanité ; «la ville durable se présente comme une alternative à la ville émergente, à la ville étalée née du déploiement du régime métropolitain» (Da Cunha, 2010 : 33). C'est son intensité et la manière dont il est appliqué au projet territorial qui suscite encore débat. Il n'est pas de villes idéales où la hauteur du bâti est infinie, les places minérales absentes et les espaces verts urbains chassés de la ville au nom d'une densité maximale.

10 Voir Theys J., Emelianoff C. (2001) « Les contradictions de la ville durable », Le Débat, no 113, pp. 122-135.

Dans ce mémoire nous croisons la surface en espaces verts par métropoles avec les densités connues afin de voir s'ils tendent vers l'étalement ou non. Il paraît également intéressant de repérer si la localisation des espaces verts dont agricoles est plutôt centrale ou périphérique, de manière à traiter de l'étalement urbain récent et non pas historique. En effet, les espaces verts urbains sont des « objets » durables, nous entendons par là qu'une fois constitués, leur place est fixée pour au moins plusieurs décennies, ou parfois des siècles. Ainsi, leur âge moyen correspond parfois aux dates de création du bâti, parfois à des mesures de politiques urbaines passés, parfois au hasard de la croissance des métropolitaines. Dans tous les cas, l'analyse comparative des espaces verts doit s'accompagner d'une bonne compréhension des conditions dans lesquelles ils ont été érigés.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein