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Stratégies géoéconomiques des multinationales du pétrole au Gabon. Les cas de shell, total et sinopec.

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par Jean de dieu MINYEM
Université Omar Bongo de Libreville - Master 2 Géographie 2015
  

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1.2 OBJET ET CHAMP D'ETUDE

1.2.1. L'OBJET DE L'ETUDE

L'objet global de ce travail est de comparer, sous l'angle de la Géoéconomie, les différentes stratégies des multinationales pour la conquête et le contrôle du marché gabonais de la production pétrolière. Très précisément, le Gabon est l'aspect spatial de l'objet de notre étude qui se décline en plusieurs autres aspects : le pétrole gabonais, les multinationales exerçant sur le territoire gabonais et leurs stratégies au regard de la Géoéconomie.

Ainsi, situé géographiquement en Afrique et précisément en Afrique centrale, le Gabon fait partie de la communauté des Etats de l'Afrique Centrale (CEMAC) et de la communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). C'est un pays francophone traversé par l'équateur ayant une superficie de 267 667 km2 et une population d'un million cinq cent mille habitants. Certains estiment cette population à 1,711 million en 20146(*). Cette situation géographique montre un pays limité au nord par la Guinée Equatoriale et le Cameroun, à l'est et au sud par le Congo et à l'ouest par l'océan Atlantique selon la carte ci-après.

Carte no 1. Situation géographique et administrative du Gabon.

Le pétrole gabonais qui est l'un des autres aspects de l'objet de notre étude est produit dans sa quasi-totalité par les multinationales. Il s'agit des sociétés transnationales : des entreprises implantées dans plusieurs pays par le biais de filiales dont elles détiennent tout ou partie du capital.7(*) Dans le cadre de notre étude seules les multinationales de production de pétrole nous intéressent pour la simple raison qu'il s'agit, au de-là de l'exploration ou du raffinage et même de la distribution, de l'activité qui permet à un pays d'être classé comme « producteur de pétrole » donc potentiellement riche. Les multinationales que sont Shell, Total et Sinopec feront l'objet de notre réflexion8(*). C'est Addax Petroleum l'une des filiales de Sinopec qui sera étudiée ici parce qu'au moment de la réalisation de cette étude, Sino Oil and Gas Gabon, seconde filiale du groupe, n'est pas encore productrice de pétrole au Gabon. Shell, Total et Sinopec représentent deux espaces géopolitiques opposés : l'Occident (les pays développés) pour les deux premières et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud ou pays émergents) pour la dernière. Ces deux blocs constituent aujourd'hui les deux visions principales du monde qui s'affrontent dans l'objectif final de la conquête de la puissance suprême9(*).

la Géoéconomie, un autre aspect de l'objet de notre étude, est l'angle sous-lequel l'analyse de l'affrontement de ces deux « blocs » sera faite. Il s'agit d'une discipline académique née aux Etats-Unis sous la plume d'« Edward Luttwak, au tout début des années quatre-vingt-dix, [qui] annonçait l'avènement d'un nouvel ordre international où l'arme économique remplaçait l'arme militaire comme instrument au service des États dans leur volonté de puissance et d'affirmation sur la scène internationale. Les menaces militaires et les alliances ont perdu leur importance avec la pacification des échanges internationaux, précise-t-il dans son ouvrage clé The Endangered American Dream; dès lors, les priorités économiques ne sont plus occultées... »10(*). La Géoéconomie est apparue en France grâce à Pascal Lorot. Ce dernier a créé en 1997 la revue trimestrielle Géoéconomie. Il ne partagera pas totalement la conception de Luttwak qui, selon lui, « n'est pas exempte de critiques et d'imprécisions méthodologiques. Plus fondamentalement,[précisera-t-il], l'approche d'Edward Luttwak nous paraît être trop étroite, à plusieurs titres, voire quelque peu datée pour rendre effectivement compte de la réalité économique et stratégique de ce début de siècle »11(*). « Si l'on essaie [...] de la définir plus précisément, nous dirons que la géoéconomie est l'analyse des stratégies d'ordre économique - notamment commercial -, décidées par les États dans le cadre de politiques visant à protéger leur économie nationale ou certains pans bien identifiés de celle-ci, à acquérir la maîtrise de technologies clés et/ou à conquérir certains segments du marché mondial relatifs à la production ou la commercialisation d'un produit ou d'une gamme de produits sensibles, en ce que leur possession ou leur contrôle confère à son détenteur - État ou entreprise «nationale» - un élément de puissance et de rayonnement international et concourt au renforcement de son potentiel économique et social »12(*).

La Géoéconomie, selon le professeur Marc-Louis Ropivia, fait partie des Géosciences politiques qui sont un néologisme qui tient sa paternité du professeur Marc-Louis Ropivia13(*) lui-même. Il s'agit d'une expression holistique qui regroupe en son sein la Géoéconomie, la Géopolitique, la Géostratégie et la Géoécologie qui sont des branches de la Géographie politique qui constitue, quant-à elle, le tronc commun d'une arborescence qui prend ses racines dans la Géographie14(*).

Notre thématique porte également sur la Stratégie et s'accompagne de l'analyse de l'évolution de la pensée stratégique15(*). De façon classique, Sun Tzu16(*) est considéré comme le père de la Stratégie, une paternité contestée tout de même par une vision africano-centrée des Relations Internationales17(*). Pour Bernard Penisson18(*) c'est Paul Joly de Maizeroy qui, dans son livre Théorie de la guerre, publié en 1777, introduit les termes de « stratégie » et de « stratégique » dans la langue française. Si l'on reste dans le cadre de l'étymologie, « le terme « stratégie » vient du substantif grec « stratos » qui signifie armée et du verbe « agein » qui signifie mener, conduire. Leur synthèse produit alors, « stratègos », puis « stratègia » qui signifie « art de commander »19(*). Le terme « stratégie » a ainsi une origine militaire.

Aujourd'hui, « abstraction faite de quelques avant-gardistes, l'émergence de propos structurés consacrés explicitement à la stratégie d'entreprise peut se situer dans les années 50. Tiraillée dans un dédale d'écoles diverses aux appellations plus ou moins suggestives, la pensée stratégique [la stratégie d'entreprise] n'a marqué de son empreinte le monde académique qu'à partir du début des années 60. D'ailleurs, la plupart des auteurs en la matière placent le véritable commencement de la stratégie d'entreprise au moment de l'apparition du modèle S.W.O.T en 196520(*) « L'analyse SWOT ou matrice SWOT, de l'anglais Strengths (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities (opportunités), Threats (menaces), est un outil de Stratégie d'entreprise permettant de déterminer les options stratégiques envisageables au niveau d'un domaine d'activité stratégique (DAS ou SBU)21(*). Dans ce modèle, que certains qualifient de « classique », l'approche se fait à partir d'une approche dichotomique, opposant l'analyse de l'environnement extérieur de l'entreprise caractérisé par un certain nombre d'opportunités (Opportunities) et de menaces (Threats), à l'analyse interne de l'entreprise qualifiée à travers ses forces (Strengths) et ses faiblesses (Weaknesses). Cette approche « classique » de la Stratégie a également été assimilée à celle des « pères fondateurs » de l'École de Harvard. Souvent qualifié de modèle « LCAG », il reprend les initiales des noms des auteurs, professeurs à Harvard, s'agissant d'E.P. Learned, de C.R. Christensen, de K.R. Andrews et de W.Q. Guth »22(*).  De fait, Il faudra attendre le début de la seconde moitié du XXe siècle, surtout avec la crise pétrolière de 1974, pour voir la notion de « stratégie » se développer de façon accélérée dans les affaires : « au moment où la concurrence entre les grandes firmes a pris de l'ampleur. Les crises successives de 1974 et 79, dites pétrolières, n'ont fait qu'accélérer l'émergence du concept stratégique, en amenant la réflexion vers la prise en compte de l'environnement extérieur de l'entreprise pour enfin parler de gestion stratégique23(*)

Au regard de ce qui précède, il convient de retenir, de façon générale avec Jean- Baptiste Duroselle et Hervé Coutau-Begarie que « la Stratégie, c'est la méthode de pensée, l'opération intellectuelle qui consiste à déterminer l'action en fonction de quatre variables : les buts, les moyens, les risques et les circonstances. »24(*).

Parler alors des stratégies géoéconomiques des multinationales du pétrole au Gabon revient à analyser les circonstances dans lesquelles ces transnationales investissent le marché pétrolier gabonais et les moyens en leur disposition pour le contrôle de ce marché.

* 6 http://donnees.banquemondiale.org/pays/gabon consulté le 07 07 15.

* 7 http://fr.wikipedia.org/wiki/Multinationale consulté le 04 02 14.

* 8 Shell, Total et Sinopec ont été retenus car il s'agit des trois plus grandes multinationales pétrolières présentes au Gabon sur la base du capital et du chiffre d'affaires ; les autres étant des « juniors » (voir infra).

* 9 M-L. ROPIVIA, article à paraître « qui dominera le monde au XXIe siècle : l'hyperpuissance mondiale ou la gigahégémonie planétaire ? » Et J. ATTALI, 2011, demain, qui gouvernera le monde ? Fayard

* 10 Lorot Pascal, 2001, La géoéconomie, nouvelle grammaire des rivalités internationales. In: L'information géographique. Volume 65 n°1, p. 44. Consulté le 25 juillet 2014. Voir aussi Edward Luttwak, « From Geopolitics to Geoeconomics. Logics of Conflict, Grammar of Commerce», The National Interest, été 1990 ; The Endangered American Dream, Simon & Schuster, 1993, trad, fr, Le rêve américain en danger, Odile Jacob, 1995.

* 11 Lorot Pascal, op. cit.

* 12Lorot Pascal, op.cit.

* 13 Marc-Louis ROPIVIA est professeur des universités, agrégé de Géographie, responsable du master GPMC, directeur du CERGEP et recteur de l'université Omar Bongo.

* 14 Marc-Louis ROPIVIA, 2012-2013, cours d'épistémologie des Géosciences politiques, UOB, GPMC.

* 15 Marc-Louis ROPIVIA, ibid. Toute discipline académique selon le professeur Ropivia a été d'abord une pratique avant d'être une science.

* 16 SUN TZU, 1772, L'art de la guerre, version traduite par un moine jésuite vivant en Chine, disponible sur http://d.lecoutre.free.fr/suntzu.pdf. Consulté le 12 03 14. « Cet ouvrage fut écrit par Sun Tzu à une période inconnue, peut-être pendant la période des Royaumes Combattants (entre 443 et 221 avant Jésus-Christ), le texte comporte en effet quelques références à ces Royaumes Combattants. On ignore de même qui fut Sun Tzu : s'agit-il d'un seul auteur ou de plusieurs? (On remarque en effet que le texte comporte parfois des : «Sun Tzu dit», et parfois des : «je dis»). Quoiqu'il en soit, on sent à la lecture de l'Art de la Guerre qu'il y a derrière cet ouvrage une grande expérience et une solide connaissance dans le domaine militaire ».

* 17 M.E. OWONA NGUINI, 2013-2014, séminaire sur les théories des relations internationales, Master GPMC, UOB.

* 18 Bernard PENISSON Histoire de la pensée stratégique. De Sun Zi au nucléaire, 2013, ellipses, p. 12

* 19 http://fr.wikipedia.org/wiki/Strat%C3%A9gie 12 03 14.

* 20 Dominique SIEGEL, « Réflexion sur la stratégie », La Revue des Sciences de Gestion, 2008/2 n° 230, p.34.

* 21 http://fr.wikipedia.org/wiki/SWOT . Consulté le 12 05 14.

* 22 Dominique SIEGEL, « Réflexion sur la stratégie » op cit.

* 23 Ibid.

* 24 J-B. DUROSELLE, « Sur la nécessité d'enseigner l'histoire de la stratégie », Revue d'histoire moderne et contemporaine, avril-juin 1968, p. 236.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein