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La protection d'un bien naturel inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco face à  la nécessité de l'exploitation des ressources naturelles en RDC. Cas du parc national des Virunga.

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par LIONNEL Aron MPOZI
Université de Goma - LINCENCE  2015
  

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2. Implications politiques, sociales et économiques de la patrimonialisation du

PNVI

a. Implications politiques

Lors de sa création en 1925, les terres choisies pour la constitution de la réserve naturelle et celles annexées dans la foulée de son extension ont été expropriées dans un contexte d'un pouvoir colonial absolu face auquel les marges de négociation avec les populations indigènes étaient quasi inexistantes82. Les règles du jeu étaient unilatéralement fixées par le même pouvoir colonial. A chaque fois qu'une fenêtre d'opportunité s'est offerte aux populations, comme naguère durant la deuxième guerre mondiale ou les rébellions récentes, les réflexes des populations riveraines ont été l'envahissement anarchique du PNVi, la pêche incontrôlée dans les frayères interdites, la coupe de bois pour le chauffage ou la braise (makala), le pacage ou les cultures illégales83. L'approche autoritariste et policière adoptées par l'administration coloniale ont dans l'ensemble réussi dans beaucoup de cas essentiellement à cause du monopole de la violence dont jouissait ce pouvoir. Ce dernier a pu non seulement imposer l'évacuation des populations dans les zones réquisitionnées ou jugées infectes par la trypanosomiase dans la vallée de la Semliki mais aussi organiser le glissement des populations de zones à forte démographie dans le Jomba et le Rugari vers le Mushari et Bwito au début des années 195084.

Après l'indépendance en 1960, les propriétaires de terres expropriées par l'administration coloniale croyaient la rétrocession de leur terre, cependant, en 1973 avec l'avènement de la loi portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des suretés, les terres du PNVI sont domanialisées, les droits des populations locales parties en fumés, En 1979 lors de la patrimonialisation du PNVI, on s'attendait que le Président Mobutu règle la question, cependant, cela a été au-dessus de ses forces car comme on peut le croire la patrimonialisation du Parc ne fut pas la demande du Zaïre mais au contraire une

81 Rapport de l'UICN sur la liste du patrimoine mondial : orientation et priorités futures pour l'indentification du patrimoine naturel d'une valeur universelle exceptionnelle potentielle, mais 2006, pp.7-8.

82 A. TOGERA, Désire de conserver et nécessité de survivre : cas du domaine de chasse de Rutshuru et du Parc national des Virunga, Goma, Pole institute, 2013, p.11.

83 Idem.

84 Ibidem.

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forme de protection des certains animaux phares que les blancs voulaient venir visiter et craignant les représailles de la population, il l'ont patrimonialisé pour assurer leur sécurité85.

b. implication sociale

Les ressources naturelles du globe, y compris l'air, l'eau, la terre, la faune et la flore, les particulièrement les échantillons représentatifs des écosystèmes naturels, doivent être préservé dans l'intérêt des générations présents et à venir par une planification ou une gestion attentive selon que le besoin se présente86. Certes les populations locales, ne savent pas qu'est-ce un patrimoine mondial, pourquoi le préserver. Plusieurs ONG dont WWF se force d'informer et sensibiliser la population environnante du PNVI à la protection de l'environnement. Actuellement, le PNVI connaît une pression de la population riveraine car il renferme des terrains dont le développement est essentiel aux populations. Sa diversité biologique est menacée par les actions anthropiques diverses: agriculture, élevage, braconnage, feux de brousse incontrôlés, exploitation forestière pour le bois-énergie, etc.87 L'Etat ne remédier à ces difficultés que s'il prend des mesures spécifiques et appropriées pour satisfaire les besoins des villageois environnant le PNVi. Quant aux considérations des populations vis-à-vis du PNVi, on peut retenir quelques éléments de l'étude minutieuse de Daniel Arnoldussen et Nzabandora Ndimubanzi88 : « Globalement nous pouvons affirmer que la population n'exprime pas d'opposition Fondamentale à l'existence du parc. Ce dernier est perçu comme une partie du patrimoine collectif légué aux vivants par les ancêtres et qui doit être préservé pour les générations futures. Les ancêtres ont géré l'espace naturel de manière à le transmettre intact; aux générations actuelles auxquelles incombe la responsabilité de le protéger pour leurs descendants [...]. Le sol appartient collectivement et individuellement au passé, au présent et au futur [...]. La population n'exprime pas d'hostilité irréductible vis-à-vis des gorilles [...]. Si l'on se place dans une perspective plus actuelle, l'existence du parc et des gorilles est une fierté pour les habitants du Bwisha car ils sont conscients de l'intérêt international que ces animaux suscitent [...]. Ils savent que la présence des touristes représente un apport financier important, ils savent aussi que des fonds internationaux sont consacrés aux gorilles par des organismes de protection de la nature. Que l'on se place dans

85 Propos recueillis dans une interview avec LUGHUTU KAKYIGHA, chef du village VITSHUMBI, Mardi le 12 Mai 2015 à 13h00, dont l'interprétation a été faite en Français par nous-même.

86 2ème principe de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, Déclaration de Stockholm de1972,

87 C. PALUKU MASTAKI, Op.cit. , p.11.

88 D. ARNOLDUSSEN et NZABANDORA NDIMUBANZI, Etat des relations existant entre le Parc national des Virunga (secteur Mikeno) et les populations riveraines, Union Européenne, Aide au développement, Gembloux, Bruxelles, 1996, pp. 1-6.

89 S. MUGANGU MATABARO, Conservation et utilisation durable de la diversité biologique en temps de troubles armés, cas du Parc National des Virunga,UICN, Programme Afrique Centrale, 2001, p. 14.

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la perspective traditionnelle ou la perspective moderne, les populations environnant le parc ne sont pas opposées à son existence et à la protection qui lui est accordée. Cela n'empêche pas que de nombreux problèmes existent [...]. La population ne peut pas s'intéresser au parc puisqu'elle est écartée de tout pouvoir de décision le concernant. On ne peut avoir de l'intérêt pour une chose sur laquelle on n'a pas le moindre droit de regard [...]. La population ne bénéficie pas suffisamment des revenus générés par le parc [...]. Les rapports avec les gardes du parc sont ambigus car l'accès au parc est interdit ou autorisé selon l'intérêt momentané de ces derniers. Si, par exemple, un troupeau de chèvres pâture dans le parc ou à ses abords immédiats, l'interdiction sera alors formelle et quelques chèvres peuvent être saisies. Si un paysan a besoin de tuteur pour ses cultures, il obtiendra, par contre, l'autorisation des gardes pour pénétrer dans le parc s'il leur a préalablement rendu service [...]. Le droit d'y chasser, d'y puiser l'eau, d'y prélever les bois et les végétaux nécessaires aux constructions et aux cultures, d'y faire boire et pâturer le bétail, d'y tenir les rites des ancêtres [...] est totalement incompatible avec la protection totale dont jouit la forêt du parc [...]. Les buffles, les éléphants et les gorilles qui sortent du parc viennent se nourrir dans les cultures qu'ils dévastent. Les agriculteurs se sentent démunis face à cette situation car il leur est interdit d'agir contre les animaux du parc. Ils regrettent donc l'absence de mesures de refoulement des animaux ainsi que l'inexistence des indemnisations encas des dégâts commis par les animaux du parc. »

Ce qui précède peut se résumer en quelques mots89 :

- Le rétrécissement de l'espace disponible pour les paysans de plus en plus nombreux;

- La dépossession foncière de ces mêmes paysans, en grande partie organisée par la collusion entre chefs coutumiers, bourgeoisies urbaines et administrations corrompues;

- L'incertitude et la précarité croissante des droits fonciers des paysans, résultant notamment des pratiques foncières des chefs coutumiers et de la disqualification des droits fonciers traditionnels par la loi foncière moderne (promulguée en1973, elle consacre la propriété étatique du sol).

Ces réalités soulèvent, pour l'essentiel, un sentiment de spoliation dans l'esprit de la population riveraine du parc. Or, «quand le droit n'accède pas aux consciences et aux Réalités psychologiques, l'homme ne l'accepte pas, ne s'incline pas devant ses impératifs, ne consent

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pas aux sacrifices qu'exige son application»90. Cette idée rencontre les propos de Chardonnet quand il écrit que «la réponse traditionnelle qui affirme l'obligation morale de conserver le patrimoine vivant de l'humanité pour les générations futures ne suffit pas en Afrique. Ventre affamé n'a point d'oreilles, dit un proverbe»91.

c. Implications économique

Parler des implications économiques revient à savoir à quel hauteur l'aide de l'Unesco se lève, mais aussi l'aide du gouvernement dans le cadre de conservation du PNVI. L'Unesco aide le gouvernement dans le cadre de la formation des gardes parc, mais aussi finance l'ICCN, institution chargé de la conservation de la nature en RDC dans plusieurs domaines. Cependant, depuis la patrimonialisation, le gouvernement semblait délaisser le parc aux mains de l'Unesco et d'autres organisations internationales en charge de la conservation de la nature et la protection de l'environnement. Alors qu'en se conforment à l'art.4 de la convention de Paris, la conservation revient en premier à l'Etat. En effet, l'on ne doit pas perdre de vue que l'obligation de coopération internationale pose le problème de son contenu équivoque et l'assistance internationale est toujours irrégulière, parfois indisponible mais surtout dans le cadre des relations Nord-Sud, consacre l'inégalité entre les Etats allant jusqu'à s'immiscer dans affaires internes des pays du sud92. Pire et particulièrement dans le cadre de l'UNESCO, l'assistance nécessaire attendue ne suit pas efficacement l'inspiration du bien sur les listes patrimonialisantes (labélisantes ?) de l'UNESCO.93

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore