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La sous-scolarisation, un handicap à  la participation des femmes au développement communautaire dans la ville de Dapaong.

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par Gountante TCHIAME
Université de Lomé - Maîtrise en sociologie 2011
  

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II.1.2 .L'éducation, un moyen d'intégration sociale pour la femme.

L'éducation est l'un des facteurs clés du développement. C'est un puissant vecteur de changement social. En tant que droit fondamental, il permet de substituer la raison à l'obscurantisme afin de participer pleinement à l'évolution culturelle, économique et politique de la société. Aujourd'hui, éduquer une fille, c'est la préparer à assumer ses responsabilités de citoyenne à part entière, active et productive. C'est aussi favoriser son épanouissement et le développement de ses aptitudes intellectuelles pour une participation effective à la construction de l'édifice commune. C'est pour ces effets bénéfiques au point de vue économique et social que la Banque Mondiale qualifie l'éducation de la jeune fille «d'investissement par excellence le plus déterminant que l'on puisse faire dans le monde en développement». (Banque Mondiale ,2000 : 53)

S'inscrivant dans la même logique, le FNUAP (1989) pour sa part n'a pas manqué de souligner dans son rapport annuel l'intérêt que tous les pays en développement ont à investir davantage dans l'éducation de la femme. Selon ce rapport l'éducation et la formation sont un investissement très rentable pour la société et pour toute l'humanité en général. Partout dans le monde, 

«Les femmes ont une double charge dans leur foyer et en dehors de celui ci. Elles sont au coeur du développement, elles contrôlent la majeure partie non monétaire : commerce, activités d'entreprise dans le secteur informel, activité salariée. Compte tenu de leur rôle crucial dans le développement, tout investissement dans les femmes pour une amélioration des possibilités qui leurs sont offertes produit des effets multiples ».

L'augmentation du niveau d'instruction permet aux filles d'accroître leur possibilité d'exercer un emploi rémunérateur et par là d'avoir une autonomie financière permettant d'avoir le pouvoir de décision ; elles discernent mieux les avantages d'éduquer leur enfants ce qui permet de perpétuer le bien être général.

La revue mensuelle « réveillez-vous » (février 2005) titré l'éducation dans les familles monoparentales fait une étude comparative des enfants éduqués par des mères analphabètes et ceux éduqués par des mères instruite et conclue que les premiers sont plus exposés aux problèmes sociaux de notre temps (délinquance, vol, viol, prostitution...) que les second. Ainsi elle souligne les conséquences de l'analphabétisme dans les pays sous-développés et conclut que la femme joue un rôle fondamental dans l'éducation des enfants et dans la vie de tous les jours. Selon eux elle est celle qui donne la vie et qui la sauve. Elle exerce une forte influence sur la vie économique, sociale et politique. Sur elle, la société germe, s'épanouit pour sa prospérité. Pourtant, aujourd'hui elle ne peut jouer habilement ce rôle quant elle n'a pas un niveau d'instruction acceptable.

Pour C. Colcough (2003 :4), développer et améliorer l'éducation des femmes et des filles a un impact positif sur l'offre globale de la main d'oeuvre et aide considérablement les femmes travaillant dans le secteur primaire à accroître la productivité puis de ce fait influence la croissance économique. Pour lui en investissant davantage dans l'éducation de l'autre moitié, on accroît d'une façon significative le bien être individuel et collectif. Ce qui est le but suprême de tout projet de développement.

L'héritage culturel joue un grand rôle dans l'évolution de toutes les sociétés. Il a été démontré que lorsque les parents et en particulier les mères sont instruites leurs enfants aussi bien les garçons que les filles ont de meilleures chances d'être en bonne santé et mieux nourris. Une maman instruite est désormais capable de percer les secrets de la nutrition et par là d'offrir un régime équilibré à ses enfants au moment du sevrage. Aussi, ceux-ci ont plus de chance d'aller à l'école et de réussir. C'est ce que Pierre Bourdieu2(*) a essayé de démontrer quelques années plus tôt par la théorie de l'habitus et de la reproduction sociale. Quelques années plus tard, G. Villars dans son ouvrage : inadaptation scolaire et délinquances juvéniles, récapitule l'influence du niveau d'instruction des parents sur le devenir scolaire de leurs enfants en ces termes,

 «Un niveau culturel élevé chez les parents joue à la manière d'un stimulant psychique par l'intermédiaire de la fréquence des échanges verbaux, de la qualité du langage, du volume et de la (propriété du vocabulaire). Il permet une surveillance aisée des études des enfants éventuellement une aide adapté à la nature des difficultés rencontrées (...) à l'inverse le niveau culturel joue à la manière d'un frein ; réduit les échanges, limite le développement du langage (...). Les parents dépassés sont incapables de comprendre la vraie nature des problèmes scolaires et d'apporter éventuellement à leurs enfants une aide effective en ce domaine. ». (G. Villars, 1972 :226)

Mlle G. Sertchi (2006) pour sa part défend la thèse selon laquelle le niveau d'instruction des parents et surtout celui des femmes est un facteur très déterminant sur la scolarisation des enfants. Plus les parents sont instruits plus les enfants ont la chance de bien évoluer dans leurs études. Pour elle l'éducation de la femme à des effets multiplicateurs tant du point de vue social qu'individuel. Sur le plan individuel elle permet à la fille d'avoir une assurance de soi, de se départir des préjugés, de gérer sa propre vie, d'améliorer sa qualité de vie, de prendre conscience de ses droits et d'être en mesure de les défendre. Au plan social l'instruction permet à la femme de contribuer à la charge du ménage et de mieux gérer les ressources dont dispose la famille voire de les faire fructifier en investissant dans des secteurs très rentables. Ce qui du coup augmente la capacité de production du pays et en même tant accroît le PIB. Cela prouve que les retombées de l'instruction des filles sur le plan social, individuel et familial ont des incidences positives sur le développement global (santé, éducation, agriculture, emploi moderne).

De son côté Y. Peguedou (2005), essai de démontrer la corrélation qui existe entre le niveau d'instruction et la vulnérabilité au VIH/SIDA. Pour lui les femmes ayant une scolarité relativement élevée sont moins vulnérables que celles qui ne sont pas scolarisées. Puisque celles-ci connaissent mieux les moyens de transmission et sont désormais mieux outillées pour mener à bien le combat contre les IST /VIH. Les problèmes de santé publique constituent un obstacle majeur pour le développement des PVD qui voient une partie de leurs mains d'oeuvre être de plus en plus décimée par cette pandémie. L'action de l'instruction à l'intérieur comme à l'extérieur diminue la vulnérabilité des femmes. « L'éducation est un vaccin social » (UNESCO, 1995 :16) car elle met en exergue l'importance de l'instruction dans la socialisation et dans la vie de tous les jours. Selon une étude effectuée en 2002 en Zambie par ONU-SIDA, la prévalence d'une couche de femmes en âge de procréer par rapport au VIH peut chuter ou croître par rapport à l'accroissement où à la diminution du niveau d'instruction. Ainsi, exhorte t- elle tous les pays africains à redoubler d'effort pour garantir une éducation de qualité pour tous.

Les pays Africains ayant par la suite compris l'importance que revêt un quelconque investissement dans l'éducation des filles se sont réunis du 28 juin au 3 juillet 1982 à Hararé au Zimbabwe en assemblée solennelle. Au cours de cette assemblée, ils ont décidé à l'unanimité qu' « une importance particulière doit être accordée à l'éducation de la femme en Afrique étant donné que non seulement, elle constitue une large portion de production agricole mais aussi un facteur de production important dans le développement.». L'éducation des filles apparaît dès lors comme l'une des meilleures forme d'investissements que l'on puisse faire dans les pays en voie de développement du fait qu'elle permet d'augmenter les revenus et qu'elle aide les femmes à se libérer de certaines contraintes, Tout en leur permettant de mettre en pratique les stratégies sur l'éducation en matière de santé de la reproduction qui contribuent à freiner l'explosion démographique. Au fûr et à mesure que le niveau d'instruction augmente l'âge de mariage est repoussé, la croissance démographique ralentit et les pays peuvent investir davantage dans l'éducation, dans la santé, dans la création d'emploi et dans d'autres domaines dont les améliorations aident à relever les niveaux de vie ; puis au fur et à mesure qu'augmente le revenu des femmes, l'épargne et l'investissement des ressources devenus plus abondantes peuvent servir à renforcer la productivité. Si tous les pays comprennent le message et accordent un peu plus d'importance à l'éducation de la fille, leur population se stabilisera et ils économiseraient leurs ressources. Ce qui donnera au monde un souffle nouveau pour relever les défis du millénaire.

« Toutes les études sans exception montrent qu'aucun instrument de développement n'est plus efficace que l'éducation des filles et l'émancipation des femmes. (...) la pleine participation des femmes donne des résultats immédiats : les familles sont en meilleur santé ; elles mangent mieux leur revenu et leur épargne augmentent, or ce qui est vrai pour la famille l'est aussi pour les collectivités et finalement pour des pays entiers ». 3(*)

(Koffi ANNAN, secrétaire général de l'ONU)

Ainsi, il est donc vrai que si on accorde un supplément d'attention à l'éducation des femmes et des fillettes ; il produit des résultats aussi étonnants qu'on ne puisse le penser. De plus Comme les femmes jouent un rôle actif dans les communautés et dans tous les autres secteurs de la vie ; il est de ce fait normal que si l'on améliore leur niveau de connaissance on améliore en même temps la qualité de leur prestation.

Plaidant pour l'émancipation de la femme africaine Viviane Wade4(*) met en exergue le rôle capital que joue la femme instruite dans l'évolution économique et sociale des pays en développement. Ainsi lors du premier forum sur le genre du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement Economique de l'Afrique) tenu du 28 au 30 avril 2003 à Libreville elle affirme que l'«Afrique ne pourra se développer sans les femmes ». Sur ce, les pays africains ont beaucoup à gagner si toutes les femmes y sont instruites. Malgré le système patriarcal en vigueur dans presque toutes les sociétés africaines les femmes instruites constituent des modèles de référence pour la socialisation des générations avenirs. Dans le domaine scolaire la présence de femmes dans le corps enseignant à des effets positifs sur les résultats des élèves des deux sexes, ces enseignantes deviennent aussi un model de réussite de femmes pour les filles, ce qui peut les inciter à plus d'ardeur.

« Les pays où l'on trouve des ISP (Indice de Parité par Sexe) favorable aux filles, plus de trois quarts des enseignants sont des femmes .la corrélation est révélatrice. Les pays où il y'a le moins d'enseignantes dans le primaire sont ceux qui représentent les plus fortes disparités entre les sexes »

(C.Colclough ,2003 :7)

Ceci montre très bien le rôle majeur que joue l'élite féminine dans le processus de développement de leur communauté. Bien que le processus de développement vivement souhaité par tous les Etats depuis les indépendances paraisse être lent, il ne saurait en aucun cas se produire sans autonomiser directement les femmes. Toutes les stratégies visant à inciter celles-ci à identifier leurs besoins (santé, environnement, éducation etc....), à prendre des décisions et à améliorer leurs moyens d'existence sont décisives pour parvenir à une plus grande égalité dans la société. L'éducation est à l'évidence un élément vital dans le processus de transformation sociale. L'instruction et en particulier celle des filles est le facteur décisif pour le développement de l'individu comme celle de la société. Ainsi, il existe un lien étroit entre le développement de l'éducation de base et le développement humain, d'une part et d'autre part entre, l'éducation des filles et le bien être économique. L'urgence des stratégies pour une instruction des jeunes filles est donc un impératif et une exigence incontournable pour les pays africains.

Pour sa part Gary Becker ; cité par A. Sohou (2006) à travers sa théorie du capital humain analyse l'apport de la formation sur la croissance. Selon lui, la formation contribue à constituer du capital humain tout comme, le progrès scientifique contribue à constituer du capital technique. Cette même idée fut émise quelques années plutôt par Adam Smith qui dans le chapitre 10 de « la richesse des nations », écrit que celui qui a reçu une formation fournira un travail « qui pourra lui rembourser le coup de sa formation avec au moins des profits ordinaires d'un capital de même valeur ». Par là Adam Smith a contribué à démontrer que la formation entraîne une plus grande efficacité et partant un meilleur salaire. C'est aujourd'hui une évidence car le niveau scolaire est fonction du niveau de formation et le chômage frappe moins le travailleur qualifié que les autres. Cependant, pour permettre à tout le monde d'être socialement performant, il faut de ce fait réduire les discriminations de genre qui constituent les causes profondes des problèmes ressentis.

* 2 Dans La reproduction[], Pierre Bourdieu ( 1930- 2002), avec Jean-Claude Passeron, s'efforce de démontrer que le système d'enseignement exerce un « pouvoir de violence symbolique », qui contribue à donner une légitimité au rapport de force à l'origine des hiérarchies sociales. Pour lui le système éducatif transmet des savoirs qui sont proches de ceux qui existent dans la classe dominante. Ainsi, les enfants de la classe dominante disposent d'un capital culturel qui leur permet de s'adapter plus facilement aux exigences scolaires et, par conséquent, de mieux réussir dans leurs études.

* 3 (Discours de Koffi ANNAN secrétaire général de l'ONU le 8 Mars 2003 au cour de la célébration de la journée mondiale de la femme, tribune de L'ONU )

* 4 Viviane Wade, née le 13  septembre  1932 à Besançon, est la première dame du Sénégal, épouse du président Abdoulaye Wade. Elle est la présidente de l'association éducation et développement.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery