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La sous-scolarisation, un handicap à  la participation des femmes au développement communautaire dans la ville de Dapaong.

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par Gountante TCHIAME
Université de Lomé - Maîtrise en sociologie 2011
  

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I.2. Problématique

L'éducation est l'un des facteurs clefs du développement. C'est un puissant vecteur de changement aussi bien au niveau de la société qu'au niveau des individus. En tant que droit des citoyens, l'éducation est un moyen incontournable pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement, d'où son importance pour tous les pays.

Le capital humain qui constitue le moteur de la modernisation met en évidence l'importance de l'éducation pour tous en vue de développer les qualifications requises. Aussi, hommes et femmes ont-ils tous à gagner d'une scolarisation non discriminatoire qui permet de maximiser leur participation au développement local.

Aujourd'hui dans la plupart des pays du monde, des progrès ont été réalisés pour permettre aux filles et aux garçons d'avoir un accès équitable à la scolarisation.

Cependant, force est de constater que malgré les nombreuses conventions et conférences initiées pour intégrer les femmes au processus de développement dans certaines régions du monde, (Afrique subsaharienne et Asie) ; bon nombre d'entre elles sont en dehors du circuit de développement.

Or, la lutte contre le sous-développement nécessite l'implication de tous les acteurs sociaux. Pour cela hommes et femmes doivent participer de manière équitable à l'effort de développement et à la distribution équitable des bénéfices. L'exclusion de tout groupe parce que, n'ayant pas les compétences requises ; représenterait une perte énorme du potentiel humain.

Mais dans le vécu quotidien, les femmes continuent d'être vouées à la pauvreté, à l'exclusion, au chômage, à la marginalisation et à l'analphabétisme. C'est dans ce contexte qu'en 1979, la première femme déléguée auprès de la banque mondiale, la jamaïcaine GLORIA SCOTT, parlait de l'invisibilité des femmes dans la coopération et plaidait sur la base d'une étude pour la reconnaissance du rôle des femmes dans le processus de développement.

Quelques années plus tard la communauté internationale et les ONG ont compris le message et continuent de financer et de mettre en oeuvre des stratégies et des initiatives nécessaires pour concrétiser la vision de la déclaration du millénaire ; Malgré tous les efforts consentis, la situation demeure préoccupante dans la plupart des sociétés tant du secteur éducatif que des autres domaines de la vie sociale.

Ainsi, il n'existe à ce jour aucune société où les femmes bénéficient des mêmes chances que les hommes. Elles sont pour la plupart sous-scolarisées, avec des horaires de travail plus long et moins payé et leur chance et leur choix dans la vie sont plus limités que ceux qui s'offrent aux hommes. La marginalisation des femmes dans la mise en place du développement constitue un frein pour l'évolution des pays sous-développés. Cependant Il a été reconnu que quand les générations présentes sont privées d'éducation ou sont sous- scolarisées, cela inhibe les chances des générations futures d'être éduquées. Ce qui favorise l'émergence de l'analphabétisme et en même temps constitue un blocage pour la mise en pratique de l'EPT (Eduction Pour Tous).

Défavorisées par une société qui se soucie peu de leur droit, les femmes continuent d'être ; drastiquement privées de leur droit élémentaire à l'éducation. Elles n'ont pas accès pour la plupart du temps aux emplois les mieux rétribués et de ce fait gagnent moins que les hommes. Selon une étude effectuée en 2002 par une revue américaine le taux de participation des femmes aux postes de direction est évalué à 33% dans les pays développés, de 15% en Afrique et de 13% en Asie et dans le pacifique (M-M. Donald, 2000:12). En Afrique et en Asie le pourcentage si bas soit-il représente le double de celui des vingt années précédentes. Le taux de participation aux postes élevés de prise de décision dans le domaine économique reste médiocre même en Occident. Et cela s'explique par le fait que les femmes n'ayant pas accès à l'éducation, n'ont pas accès à des crédits bancaires (soit 5% des prêts bancaires dans le monde) et disposent de peu de compétences académiques dans le domaine de la haute finance ; donc investissent peu dans les grands projets économiques et gèrent souvent mal les prêts qu'elles arrivent à obtenir des microfinances.

N'ayant dans la majorité des cas, aucune formation en matière de gestion des PMI/PME, elles ignorent les règles élémentaires de comptabilité, Choisissent mal leur secteur d'investissement et se retrouvent pour la plupart du temps en faillite.

Cette marginalisation que subissent la plupart des femmes est de plus perpétuée par l'analphabétisme et les inégalités scolaires. Selon le rapport mondial de suivi sur l'éducation pour tous (EPT) 2003/2004, 57% des 104 millions d'enfants non scolarisés sont des filles et les 2/3 des 860 millions d'adultes analphabètes sont des femmes. Ce phénomène est plus récurrent dans les pays au sud du Sahara à l'instar du Togo où cultures et traditions ne font qu'un avec pauvreté et analphabétisme.

Dans les pays au sud du Sahara à l'instar du Togo la plupart des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté et sont en majorité peu scolarisées. Selon une étude effectuée en 2001 par l'UNICEF, 63% des femmes Togolaises sont analphabètes ; or elles représentent près de 80% de la population active (rapport annuel du PNUD, 2005). La sous-scolarisation et l'inégalité d'accès dans l'éducation du genre féminin est une atteinte majeure aux droits des femmes et des filles et un obstacle important au développement social et économique.

Au Togo, plusieurs études ont démontré que l'éducation et la formation des filles et des femmes ont des effets bénéfiques sur la fécondité et la croissance économique ; car les femmes instruites recourent plus souvent à la contraception et se marient généralement plus tard. Selon l'EDST II de 1998, les femmes ayant un niveau secondaire ou plus ont une prévalence contraceptive plus élevée que les femmes qui ont une instruction primaire. Soit 34% toutes méthodes confondues et 15% pour les méthodes modernes contre respectivement 9% et 4%.

Sur le plan économique il est reconnu que l'instruction et la formation des femmes est un investissement très rentable. Au plan socio- économique l'intérêt que la femme et la société en général tirent est immense. Une étude effectuée par population référence bureau (PRB) cité par « équilibre et population » N°77 de Mai 2002 a montré qu'une augmentation de 1% du nombre de jeunes filles suivant l'école secondaire produit une augmentation de 3% de la croissance économique.

Investir dans l'éducation des filles aujourd'hui est l'un des meilleurs moyens de garantir que les générations futures seront éduquées ; véritable base d'une éducation humaine durable (EHD).

Malgré les innombrables avantages que procure la scolarisation de la jeune fille, la région des Savanes zone de notre étude continue d'être la détentrice des faibles taux de scolarisation et de rétention des jeunes filles soit : un taux brut de scolarisation de 66% au primaire, 22% au collège et 4% au lycée contre respectivement 92% au primaire, 48% au collège et 15% au lycée pour les garçons (DPPE, 2008 : 3). Et par conséquent la région la plus pauvre du Togo avec plus de 68,7% de pauvres et 47,7% de personnes vivants dans l'extrême pauvreté (Banque Mondiale, 1996, Togo : sortir de la crise, sortir de la pauvreté, 29). Ainsi les localités où on observe de faible taux de scolarisation tendent à être les plus pauvres. (J-B Gimeno, 1983 : 27)

Selon les études effectué en 2007 par la Direction de la prospective, de la planification de l'éducation et de l'évaluation (DPPE), la ville de Dapaong à l'image de la région des Savanes, regorge une grande proportion, de filles sous-scolarisées qui constituent une perte du capital humain pour la localité. Ces filles pour la plupart du temps sont victimes des pesanteurs socio culturelles et de la pauvreté qui les empêchent d'aller à l'école ou d'abandonner prématurément les études pour rentrer dans la vie active sans aucune qualification ni formation. Ainsi éprouvent-elles d'énormes difficultés à satisfaire leurs besoins les plus élémentaires ? Cette situation aggrave leur condition d'existence et celle de leur ménage.

Dans le vécu quotidien la majorité des femmes de la ville de Dapaong restent sans qualification, sans emploi rémunéré convenablement et n'à pas suffisamment accès aux crédits bancaires, aux soins de santé et à l'éducation en matière de santé de reproduction soit un ISF de 6,5. (PNUD, Togo, 2000: bilan commun des pays base de données). Et continue de subir de la part du reste de la société des discriminations dues à leur situation d'analphabètes et à leur manque d'autonomie financière.

Dans le souci de briser la chaîne de la pauvreté, ces femmes majoritairement sous- scolarisées se tournent vers l'apprentissage des petits métiers et l'installation du petit commerce. A ce niveau aussi la tâche n'est pas facile pour elle, car l'installation des petits commerces exige un minimum de connaissance académique pour la mise en place d'une gestion rationnelle. Cependant le fait que la majorité des femmes de la localité ne dispose pas de notion sur les règles élémentaires de calcul et de comptabilité, elles n'arrivent pas pour la plupart du temps à rendre plus productive la préparation de la boisson locale qui constitue la principale AGR (activité génératrice de revenus) des femmes de la localité.

En général, la situation des femmes dans la ville de Dapaong demeure préoccupante. Par conséquence les femmes ont du mal à se regrouper en association, et sont presque absentes aux instances de prise de décision. Elles participent moins activement aux projets initiés à leurs intentions et acceptent symboliquement leur situation sociale. L'analyse est telle que parmi les 24 quartiers que compte la ville moins de 1/4 des postes de responsabilité dans les CDQ (comité de développement du quartier) sont attribués aux femmes. Sur le plan administratif on remarque que la majorité de l'autorité politique et administrative sont des hommes. En plus de cela, la quasi totalité des organisations de développement de la place ont des hommes comme coordinateur (responsable). Le faible statut dont jouit la femme dans la société Moba-Gourma en est aussi pour quelque chose puisqu'elle est transmise de génération en génération par le biais de la socialisation. Comme l'exige la culture locale c'est la femme qui assure la plus grande partie de l'éducation sociale de l'enfant, à ce titre, elle transmet à son enfant l'éducation qu'elle même a reçue à savoir celle qui véhicule des clichés sexistes et qui est moins tolérable à la scolarisation.

Cette situation qui n'est pas de nature à favoriser la participation communautaire des femmes perpétue le cycle de l'analphabétisme et retarde le développement socio économique de la région des savanes. Dans ce contexte le problème n'est pas simplement d'étudier ce qui empêche aux filles d'aller à l'école, mais plutôt d'analyser ou d'élucider l'impact de la sous-scolarisation sur la participation des femmes au développement à la base.

Ainsi, une question fondamentale reste posée : la sous-scolarisation ne serait-t-elle pas un frein à la participation de la femme au développement communautaire dans la ville de Dapaong ?

Pour mieux expliciter cette question primordiale, les questions subsidiaires suivantes seront analysées :

-Quelles sont les causes de la sous-scolarisation des femmes dans la ville de Dapaong ?

-Y a t-il un lien entre la sous-scolarisation et la participation communautaire des femmes ?

- Quelles sont les stratégies à mettre en oeuvre pour accroître la contribution des femmes au développement à la base ?

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille