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Dynamique des échanges fluvio-lacustres entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou


par Jean LAOUROU
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise ès lettres de Géographie  2010
  

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CHAPITRE III : LES FACTEURS DE LA DYNAMIQUE DES

ECHANGES

Différents facteurs expliquent le dynamisme des échanges par voie d'eau entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou. Il s'agit notamment du contexte historique, de l'état dégradé des pistes de desserte, de la production continue de la basse vallée et de l'augmentation des besoins alimentaires de Cotonou.

3.1. Le contexte historique

Le commerce des produits est une pratique très ancienne que ce soit dans la basse vallée de l'Ouémé ou à Cotonou.

Dans la basse vallée, les produits issus des activités agricoles et de pêche notamment étaient considérables. Le manque de moyens de conservation et la nécessité de satisfaire les besoins quotidiens ont amené les producteurs à vendre une partie de leurs productions. En 1963, la population de la vallée satisfaisait pleinement à ses besoins et exportait vers le Nigeria, une quantité considérable de poisson (Pélissier P., 1963). Cependant, les produits de pêche vendus aux populations urbaines de Cotonou en particulier étaient à l'état fumé en raison des difficultés de conservation. Cotonou s'approvisionnait en produits de pêche continentale à l'état frais au niveau des pêcheurs du lac Nokoué et des plans d'eau environnants. Parmi ces fournisseurs, on retrouve les producteurs de la commune de Sô-Ava. Ainsi, les échanges entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou ont démarré depuis la création de cette ville au début du XIXe siècle. En effet, Cotonou a été créée pour servir de point d'embarquement clandestin des esclaves après l'abolition de ce trafic à Ouidah (N'bessa B., 1997). Mais très tôt, la ville va connaître un essor économique remarquable avec la construction du wharf et le développement du palmier à huile qui vient substituer l'esclavage. Elle devient un pôle économique et les autorités d'alors cherchaient à étendre ses aires d'influence.

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Pour faciliter les échanges et la communication avec Porto-Novo, (grand pôle de développement de l'Ouémé), il fut ouvert en 1885, un canal reliant le lac Nokoué à la mer. Cette ouverture permet d'une part de protéger les populations riveraines du lac contre les effets néfastes des inondations et d'assurer les transports entre Cotonou et Porto-Novo d'autre part. En outre, la création de ce chenal a entraîné la modification du milieu biologique lacustre et lagunaire et un important développement des crevettes dans les eaux ; ainsi se sont constituées de véritables sociétés d'achat de crevettes auprès des pêcheurs traditionnels. Ces crevettes conditionnées dans de petites usines à Cotonou, sont exportées par avion vers l'étranger (Mondjannagni A., 1977).

Jusqu'en 1930, date d'inauguration de la route Cotonou- Porto-Novo, les échanges directs entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou se faisaient par voie d'eau avec des pirogues traditionnelles. L'ouverture de cette liaison terrestre n'a pas mis fin aux échanges par voie d'eau mais les a diversifiés et accélérés.

Même si les moyens de transport ont connu une évolution considérable, la position des marchés (d'Azowlissè, de Dangbo dans la basse vallée de l'Ouémé et de Dantokpa à Cotonou) aux abords des cours d'eau constitue un facteur de développement des échanges fluvio-lacustres entre ces localités.

3.2. L'état dégradé des pistes de desserte et le développement des

échanges fluvio-lacustres

Les voies de circulation assurent le transport des biens et des personnes d'un secteur à un autre. Elles constituent donc un moyen d'activation des échanges. Malgré ces atouts, le secteur routier est à l'état embryonnaire dans la basse vallée de l'Ouémé. Il est caractérisé par l'existence d'une voie principale non bitumée et des pistes de desserte difficilement praticables surtout en saison pluvieuse. Ainsi, la saison pluvieuse se présente comme une période désagréable. La morphologie de la région, caractérisée par un plateau et une

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plaine inondable fait que les pistes sont généralement bâties sur des systèmes de pentes. Ces pistes qui relient les zones de production aux habitations sont glissantes et donc difficiles d'accès. En saison sèche, c'est l'apparition de trous sur les voies qui handicape le transport. La conséquence est que les moyens de transport s'amortissent très vite et les véhicules chargés sont contraints de rouler à moins de 40 km par heure ; ce qui augmente la durée du trajet et par ricochet le coût du transport. Le tableau ci-dessous présente l'état de quelques pistes de la basse vallée.

Tableau IV : Quelques pistes d'accès très difficile en période de pluie

Communes

Pistes

Longueur (km)

Accessibilité

Facteurs limitants

Bonou

Bonou-Damè-Wogon

03,6

Mauvaise

Boue, trous

Bonou-Tatonoukon

 

Mauvaise

idem

Adjohoun

Azowlissè-Gbékandji-Yoko

12,00

Passable

Boue, trous,

escaliers

Azowlissè-Dannou

08,00

Mauvaise

Boue, trous,

ravins

Adjohoun-Gbékandji- Zounguè

21,5

Passable

idem

Gbada-Houéda-Todé

06,00

Passable

Boue, trous

Dangbo

Dangbo-Hêtin-Sota-Dêkin

12,00

Mauvaise

Boue, trous,

ravins, escaliers

Tovè-Mitro

06,00

Mauvaise

idem

Tokpli-Gbéko-Dêkin

08,00

Mauvaise

idem

Dangbo-Yokon

04 ,00

Mauvaise

idem

Source : Direction Régionale des Travaux Publics Ouémé/ Plateau et enquête de terrain, 2009

L'analyse du tableau IV montre que les pistes de la basse vallée de l'Ouémé sont dans un mauvais état. Les facteurs limitants sont entre autre la boue, les trous, les ravins et les escaliers. Cette situation hypothèque les échanges par la route et fait appel à de nouvelles stratégies. Celle des populations est de développer les échanges par voie d'eau malgré les risques qu'elle présente. Dans cette perspective, l'existence de plusieurs cours d'eau et canaux constitue à côté des pistes rurales les principales infrastructures de transport. Les canaux les plus utilisés sont :

- Gbéko reliant la localité du même nom au fleuve Ouémé sur la rive droite ;

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- Tozoundo qui relie les localités de Yokon et environ au fleuve ;

- Mitro qui sert de jonction entre le village de Mitro et le fleuve ;

- Dêkin qui désenclave la demi- douzaine de localités situées à Dêkin-Afio et

environ ;

- Dékanmè qui offre une ouverture vers la commune de Sô-Ava ;

- Houédomè qui débouche sur le lac Nokoué à l'Ouest ;

- Malomè qui relie l'arrondissement de Dangbo à celui de Késsounou.

Ces réseaux de communication permettent donc l'écoulement des produits

vers les zones à faible production et les grands centres de consommation.

3.3. La production continue de la basse vallée

Les échanges entre deux régions sont liés aux atouts qu'offre chaque milieu. Ainsi, la principale caractéristique de la basse vallée est sa forte production alimentaire dont la ville a besoin pour nourrir sa population.

3.3.1. La production végétale

Elle comprend plusieurs cultures dont les principales sont : les céréales, les tubercules, les légumineuses et les maraîchères. Au cours de ces dernières années, les différentes productions ont évolué en dents de scie. Cette situation est mise en évidence par le tableau V.

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Tableau V : Parts respectives des communes dans la production vivrière.

Campagnes agricoles

Communes

Céréales

Racines Tubercules

Légumineuses

2001-2002

Sô-Ava

1972

6117

439,9

Bonou

6004

24097

718

Adjohoun

4940

24924

3036

Dangbo

9448

54602

2458,3

Aguégués

4116

2413

-

Totaux

26480

112153

6652,2

2002-2003

Sô-Ava

605

1500

311

Bonou

8854

29166

942

Adjohoun

9830

50381

3998

Dangbo

8737

60891

2399

Aguégués

4276

2266

-

Totaux

32302

144204

7650

2003-2004

Sô-Ava

824

1830

225

Bonou

4042

3866

232

Adjohoun

4106

9597

1043

Dangbo

2247

25782

318

Aguégués

1081

1817

-

Totaux

12300

42892

1818

2004-2005

Sô-Ava

290

1351

163

Bonou

7150

6050

261

Adjohoun

12885

11815

4932

Dangbo

5255

42863

2459

Aguégués

1265

1817

-

Totaux

26845

63896

7815

2005-2006

Sô-Ava

332

2220

150

Bonou

6858

4071

858

Adjohoun

11947

48223

5676

Dangbo

5209

20071

1633

Aguégués

1098

1508

-

Totaux

25444

76096

8319

2006-2007

Sô-Ava

802

5040

-

Bonou

7719

12912

740

Adjohoun

12939

47009

5622

Dangbo

4101

37399

1675

Aguégués

1678

1776

-

Totaux

27239

104136

8037

Source: Rapports d'évaluation du MAEP, de l'ONASA et calculs de l'auteur

L'analyse du tableau V montre une croissance de la production pendant les années 2001 et 2002. A partir de 2003, on note une baisse généralisée de la production. La reprise de la croissance s'observera en 2005. Par ailleurs, le rythme de croissance varie d'une culture à une autre.

Au niveau des céréales, le maïs occupe une place importante que ce soit pour la consommation locale que pour la commercialisation. Cela s'explique par le fait que ce produit est fortement consommé par la population béninoise. La production de céréale a connu une hausse de 22 % au terme de la campagne

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agricole 2002-2003. A la campagne suivante, on a enregistré une baisse de 53,55 % avant l'amorce d'une nouvelle hausse en 2004.

Les racines et tubercules regroupent le manioc et la patate douce. A l'issu de la campagne 2002-2003, on a enregistré une augmentation de 28,58 % de la production ; mais à la campagne suivante, c'est l'événement contraire qui s'est produit avec une baisse d'environ 70,26 %. La même tendance s'observe au niveau des légumineuses avec notamment une baisse de la production de 72,67 % à la campagne 2003-2004.

Les variations observées sont dues aux fluctuations des superficies emblavées soit à celles des rendements.

Par ailleurs, les cultures industrielles occupent une place non négligeable dans la basse vallée de l'Ouémé. Elles concernent l'arachide, le palmier à huile, l'ananas, et l'anacardier qui sont cultivés dans les communes de Bonou, d'Adjohoun, et de Dangbo. Le coton est cultivé uniquement à Bonou.

3.3.2. La production halieutique

La pêche constitue la deuxième activité après l'agriculture. Cette activité qui est facilitée par la présence de cours et plans d'eau reste liée au rythme pluviométrique. En effet, c'est le rythme pluviométrique qui règle le rythme de production primaire des plans d'eau et corrélativement, la productivité de la pêche continentale et fluviale (Boko M., 2005). Ainsi, les quantités de poissons pêchés dans la basse vallée de l'Ouémé varient d'une année à une autre et suivant les périodes de l'année. L'évolution des prises est résumée par la figure suivante :

25000 20000 15000 10000

5000

0

Production en tonnes

 
 

Delta de l'Ouémé Lac Nokoué

1990 1992 1994 1996 1998

Années

37

Figure 5 : Evolution de la production halieutique (en tonnes) au complexe Delta de l'Ouémé- Lac Nokoué

Source : Données de la Direction des Pêches

La production a évolué en dents de scie à cause notamment de la disparition de certaines espèces. Les plus fortes quantités ont été enregistrées en 1991 dans le delta de l'Ouémé et en 1995 au niveau du lac Nokoué. La moyenne de production durant cette période est de 2290,29 tonnes dans le delta de l'Ouémé alors qu'elle est de 18665,38 au niveau du lac Nokoué. Ce qui montre que la production est plus forte dans le lac Nokoué qu'au niveau du delta de l'Ouémé. Par ailleurs, depuis 2001, la collette des données ne se fait plus sur le terrain. La Direction des pêches justifie cela par un manque de moyens dans la mesure où le projet qui finançait ces activités est arrivé à terme. Les données fournies sur la pêche continentale sont issues des estimations. Elles sont donc peu fiables en raison de la fréquente variation des quantités produites. Malgré ces réserves, ces données permettent d'avoir une idée de la production et de faire des propositions pour le développement du secteur.

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3.3.3. La production animale

L'ensemble du cheptel regroupe les bovins, les ovins, les caprins, les porcins et la volaille. Le tableau suivant présente l'évolution de la production de 2000 à 2005.

Tableau VI : Evolution de l'effectif du cheptel de 2000 à 2005

 

Années

Type d'élevage

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Bovins

13325

13735

14049

14526

14400

15100

Ovins

14759

14996

15083

15534

15800

16200

Caprins

39897

40704

42123

43481

45000

46300

Porcins

N-S

14000

14480

15381

16800

17200

Lapins

N-S

100

100

6700

7400

7400

Volailles

N-S

150000

150000

710600

624600

622000

Source : CeRPA+ Direction de l'élevage, 2007

Le tableau VI montre une nette progression globale de la production sur toute la période avec quelques spécificités. Ainsi, le nombre de bovins est passé de 13735 en 2001 à 15100 en 2005 soit un accroissement de 10 % en une période de cinq ans.

De même, l'effectif des ovins est passé de 14996 en 2001 à 16200 en 2005 soit un accroissement de 8, 03 %.

En ce qui concerne les caprins, leur effectif passe de 40704 à 46300 entre 2001 et 2005 soit une augmentation de 13,75 %. Les porcins ont connu un accroissement de 22 % durant cette période.

Cependant, les lapins et les volailles ont connu une évolution toute particulière. En effet, l'effectif des lapins passe de 100 têtes en 2001 à 7400 têtes en 2005 soit une augmentation de 7300 têtes. Par contre, l'effectif des volailles a connu une stagnation au cours des deux premières années (150000). En 2003,

39

cet effectif passe à 710600 puis à 622000 en 2005 soit respectivement une augmentation de 560000 et une chute de 12,40 %. Dans l'ensemble, l'effectif des volailles a connu un accroissement global de 472000 têtes durant cette période.

Cette disponibilité permet d'animer le marché à bétail au niveau local et entre les régions.

3.4. L'augmentation des besoins alimentaires de Cotonou

La ville de Cotonou comme la plupart des grandes villes africaines a connu une dynamique démographique très remarquable. Cette dynamique se traduit par la figure suivante :

1979 1992 2002 2007

Années

Nombre d'habitants

Population

800000

700000

600000

500000

400000

300000

200000

100000

0

Figure 6 : Evolution de la population de Cotonou (1979 à 2007)

Source : Réalisé à partir des données de l'INSAE (RGPH 1, 2, 3)

La figure 6 montre une augmentation de la population de Cotonou de 1979 à 2007. Ainsi, la population de la ville passe de 320 348 habitants en 1979 à 613 763 habitants en 1992. Soit un taux d'accroissement de 4,1 %. A partir de 1992, on note une baisse du taux d'accroissement qui passe à 2,01 %. Dans l'ensemble, l'augmentation enregistrée est de 430 000 habitants entre 1979 et 2007. Cette croissance de la population a pour corollaire l'augmentation des

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besoins des habitants notamment en produits alimentaires comme le montre la figure ci-dessous.

80000

70000

60000

50000

40000

30000

20000

10000

0

Tonnes

1979 1992 2002 2007

Années

Maïs Manioc Niébé Riz

Figure 7 : Evolution de la consommation moyenne de quelques produits à Cotonou (1979 à 2007)

Source : Réalisé à partir des données de l'ONASA et de l'INSAE

Le maïs est le produit le plus consommé. Après le maïs, nous avons respectivement le manioc, le riz et le niébé. La consommation évolue avec la population. L'augmentation de la consommation a été de 91,60 %, 8,36 %, et 12,82 % respectivement pour les périodes 1979-1992, 1992-2002 et 2002-2007. La forte croissance de la population entre 1979 et 1992 s'est accompagnée du plus fort taux de consommation des produits alimentaires. Le ralentissement du rythme de croissance n'affecte pas la quantité de produits consommés par chaque individu ; d'où la nécessité d'assurer la disponibilité des produits puisque les besoins augmentent toujours.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote