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Dynamique des échanges fluvio-lacustres entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou


par Jean LAOUROU
Université d'Abomey-Calavi - Maîtrise ès lettres de Géographie  2010
  

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CHAPITRE VI : LES ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES DES

ECHANGES

Toute activité de développement se caractérise par son poids économique et son importance sociale. Les échanges entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou ont donc des impacts tant sociaux qu'économiques.

6.1. L'importance économique des activités d'échange

6.1.1. Le rôle économique des activités de production

L'agriculture, la pêche et l'élevage procurent l'essentiel des revenus des producteurs de la basse vallée de l'Ouémé. Selon une étude du LARES en 2001, les productions agricoles et animales procurent en moyenne chaque année plus de 15 milliards de francs CFA. Ces revenus ont considérablement évolué. Ainsi, l'agriculture et l'élevage ont procuré en 2007 plus de 22 milliards de francs CFA comme l'indique le tableau ci-après :

Tableau XXVIII: Productions agricoles et animales et estimations des revenus générés en 2007 pour la production en tonne et les revenus en FCFA.

Produits

Production annuelle

Revenus annuels

totaux

Maïs

27

239

3

404

875

000

Total céréales

27

239

3

404

875

000

Manioc

85

625

5

993

750

000

Patate douce

18

511

1

851

100

000

Total Racines et tubercules

104

136

7

844

850

000

Niébé

6

742

1

516

950

000

Arachide

1

606

 

642

400

000

Tomate

16

791

2

938

425

000

Total agricoles

156

514

16

347

500

000

Bovins

24

500

4

182

000

000

Ovins

19

600

 

352

800

000

Caprins

54

900

 

988

200

000

Porcins

20

000

 

560

000

000

Tot. Ani

 

-

6

083

000

000

Tot. Ani. Agri

 

-

22

430

500

000

Source : Calculs à partir des données de : ONASA, MAEP, CeRPA et enquête de terrain, 2009

78

L'analyse du tableau XXVIII montre que le manioc et le maïs, assurent 57,5 % des revenus agricoles et les bovins 68,75 % des revenus animaux. Ainsi, les revenus des principales activités agricoles et d'élevage s'élèvent à 79315 FCFA en 2007 contre 65036 en 2001. Ces chiffres seraient donc plus élevés si l'on additionne les revenus issus des activités de pêche et des activités non agricoles. Les variations observées sont dues à l'augmentation des productions et aux fluctuations des prix des produits sur les marchés.

6.1.2. Les échanges de produits et la création de richesses

La commercialisation des produits génère aux communes concernées des ressources financières non négligeables. Ces ressources s'aperçoivent à travers les différentes taxes que payent les acteurs à divers niveaux notamment les transporteurs et les commerçants.

6.1.2.1. Le cas des transporteurs

Dans notre secteur d'étude, chaque transporteur paye entre 300 F et 500 FCFA par voyage à la mairie du point de départ. La taxe est fonction de la capacité du moyen de transport (barque motorisée ou pirogue). Le nombre de barques enregistrées par jour à Cotonou étant de 63, les taxes payées par ces acteurs s'élèvent en moyenne à 567 000 FCFA par mois. Dans la basse vallée, les conducteurs de véhicules payent entre 500 F et 1500 FCFA les jours du marché.

A Cotonou, les transporteurs paient une somme de 500 FCFA par barque et par jour au groupement des sapeurs pompiers ; soit un coût financier de 945000 FCFA par mois. Au total, les taxes payées par ces acteurs sont considérables et devraient permettre d'initier des projets d'aménagement des lieux d'échange.

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6.1.2.2. Le cas des commerçants

Les commerçants sont les principaux acteurs des marchés. Leur effectif est assez élevé et ils participent aux oeuvres de développement à travers les différentes taxes qu'ils payent. A Dantokpa, le secteur du lac compte 4180 vendeurs selon une étude réalisée par la SOGEMA en 1998. Dans la basse vallée, les effectifs des vendeurs sont considérables et varient en fonction des marchés. Ces acteurs payent une patente qui peut atteindre 1500 FCFA et plus en fonction de l'importance du marché. Les vendeurs ambulants payent entre 200 et 500 FCFA par jour. Les marchés génèrent donc d'importantes ressources aux autorités à divers niveaux.

A Cotonou, on estime entre 285 737 600 FCFA et 289 987 600 FCFA par an les recettes fiscales que le marché Dantokpa produirait à la SOGEMA (LARES, 2001). Ce calcul qui ne prend pas en compte tous les acteurs du marché montre une fois encore l'importance de ce lieu d'échange.

Malgré ces différentes taxes, les acteurs à divers niveaux réalisent des bénéfices qui leur permettent de subvenir à leurs besoins.

6.2. Les aspects sociaux des échanges

6.2.1. Les activités d'échange et la création d'emploi

Les échanges entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou ont un rôle social non négligeable en raison du nombre d'emplois qu'ils créent. En dehors des principaux acteurs susmentionnés, diverses personnes y trouvent leur compte à travers les multiples activités liées aux échanges. C'est le cas des courtiers (qui s'occupent de la négociation des prix des produits au cours de la vente), des tireurs de pousse-pousse. Nous avons aussi les collecteurs de produits et les femmes des producteurs qui, malgré qu'elles ne disposent pas de grands moyens nécessaires pour entreprendre une activité commerciale, trouvent leur compte à travers les activités d'échange. La remise à flot des barques constitue aussi une activité à revenu non négligeable en période des hautes eaux.

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6.2.2. Les recettes des acteurs d'échange

Les recettes varient d'un acteur à un autre. Le tableau suivant présente le chiffre d'affaire issu de différentes activités d'échange.

Tableau XXIX : Chiffre d'affaires quotidien moyen de quelques acteurs des échanges

Régions

Acteurs

Basse vallée

Cotonou

Détaillante de produits

vivriers

2 000 à 3 500 FCFA / j

3 à 5 000 FCFA / j

Détaillante de produits

manufacturés

8 000 à 11 000 FCFA / j

7 à 12 000 FCFA /j

Détaillante de tissus

15 000 à 25 000 FCFA /j

30 à 35000 FCFA /j

Détaillante de bois et de nattes

1 500 à 2 000 FCFA /j

1 à 2 000 FCFA / j

Tireur de pousse-pousse

1 000 à 1 500 FCFA /j

3 à 4 000 FCFA /j

Transporteur

12 000 à 30 000 FCFA / j

12 000 à 30 000 FCFA / j

Source : Enquête de terrain, 2009

Ces données recueillies dans les marchés et embarcadères montrent une légère augmentation des recettes de Cotonou par rapport aux recettes de la basse vallée. Cette augmentation peut s'expliquer par la différence du niveau de vie et de la concentration des populations. Cotonou étant une grande ville, elle a un niveau de vie plus élevé. Au niveau des transporteurs, le chiffre d'affaire concerne le transport entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou. Le revenu issu du transport interne varie d'une commune à une autre.

6.2.3. Les impacts négatifs des activités d'échange

Toute activité de développement a des impacts positifs et négatifs. Ainsi, les activités d'échange sont aussi à l'origine de la déscolarisation des jeunes et de l'exode rural. En effet, pendant les vacances, beaucoup d'élèves s'adonnent

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aux activités de transport. Prenant goût des biens faits de l'argent, ils ne reprennent plus les classes ou le font pendant les deux premiers mois et abandonnent. D'autres par contre deviennent des conducteurs de taxi moto à Cotonou. Cette situation est préoccupante dans la mesure où 85 % des tickettiers rencontrés dans les barques sont des jeunes dont la tranche d'âge est comprise entre13 et 16 ans. En outre, les échanges par voie d'eau créent des problèmes environnementaux dont la pollution des cours et plans d'eau.

6.3. Les échanges fluvio-lacustres et les échanges routiers

Les échanges par voie d'eau offrent différents avantages aux acteurs. En effet, les difficultés liées aux contrôles sont réduites de sorte qu'après un embarquement, le transporteur sait au départ ce qui doit lui revenir. Il n'existe aucune restriction dans le choix des produits transportés et de leurs quantités. Ces avantages se répercutent sur les frais de transport. Dans la basse vallée, ces frais varient entre 25 FCFA et 400 FCFA. Entre Cotonou et la basse vallée, le coût du transport varie entre 300 FCFA et 500 FCFA par personne. Le transport de marchandises est aussi moins coûteux ; ce qui permet d'avoir les produits à moindre coût. Avec le transport routier, il faut dépenser entre 800 FCFA et 2500 FCFA pour joindre la vallée à partir de Cotonou.

D'Adjohoun à Cotonou en passant par Porto-Novo, on compte sept (07) postes réguliers de contrôles de la police ou de la gendarmerie auxquels il faut ajouter les contrôles inopinés à l'intérieur des villes. A chaque poste, le transporteur paye au minimum 500 FCFA ; ce qui se répercute sur les frais de transport.

Les échanges par voie d'eau présentent donc d'énormes avantages. Il faudra alors résoudre les problèmes qui handicapent le secteur pour un mieux être des acteurs.

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6.4. Les problèmes et les suggestions

Les acteurs d'échange sont confrontés à un certain nombre de problèmes auxquels il faut trouver de solutions pour le développement du secteur. Ainsi, après avoir énuméré quelques uns de ces problèmes, nous proposerons des approches de solution sous forme de suggestions.

6.4.1. Les problèmes liés aux échanges entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou

Les problèmes identifiés sont multiples et varient en fonction des acteurs. Cependant, le manque de crédits est inhérent à tous les acteurs.

Au niveau des producteurs agricoles, l'inondation constitue un problème préoccupant. En période de crue, les champs sont inondés ; ce qui entraîne la destruction des cultures. L'existence des sources d'approvisionnement en eau devait être une grande opportunité pour le développement du secteur agricole. Mais dans la basse vallée de l'Ouémé, la non maîtrise de cette ressource est préjudiciable pour le développement agricole. De même, l'inadéquation des crédits par rapport aux saisons culturales constitue une entrave aux activités de production. Ainsi, lorsque le crédit arrive tard, il ne sert plus aux activités agricoles d'où des difficultés de remboursement.

Au niveau des pêcheurs, le manque de moyens et la multiplicité des acteurs non professionnels surtout en période des hautes eaux sont des difficultés à résoudre dans ce domaine. Les problèmes de production affectent directement ceux des échanges ; la baisse de la production entraîne un manque de produits sur les lieux d'échange d'où une augmentation des prix.

Au niveau des transformateurs, nous avons la faible capacité financière des acteurs et l'accès limité des femmes aux crédits pour l'acquisition des équipements de transformation.

Dans la basse vallée, l'absence ou l'impraticabilité des pistes de desserte pouvant faciliter le convoyage des produits vers les marchés constitue une

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difficulté majeure pour les acteurs. Aussi, la multiplicité des personnes non spécialisées dans le domaine des transports et qui se chargent de louer les pirogues est-elle un problème préoccupant dans la mesure où ce sont les jeunes déscolarisés qu'on y retrouve souvent.

Notons enfin les problèmes liés à l'inorganisation des circuits de distribution, l'absence ou l'insuffisance des structures de stockage et l'insalubrité de certains lieux d'échange.

6.4.2. Les suggestions

Elles concernent les actions à mener par les différents acteurs pour accroître qualitativement et quantitativement la production, favoriser la transformation et la commercialisation des produits de toute nature entre la basse vallée de l'Ouémé et Cotonou. Au terme de ce travail, les suggestions sont donc les suivantes :

- aux producteurs

Les techniques de production ont évolué. Il faudra se conformer aux nouvelles techniques pour l'amélioration de la productivité. Le producteur doit se considérer comme un acteur principal de développement de sa localité ; il doit donc participer aux différentes actions entrant dans l'amélioration du système des échanges.

- aux agents techniques des structures de développement

La basse vallée dispose d'un potentiel humain jeune qui pourra permettre d'accroître les productions. Il faudra donc former les producteurs à divers niveaux et les sensibiliser pour l'utilisation des techniques nouvelles de production. Il faudra aussi accorder des crédits aux vrais acteurs des échanges et faire en sorte que ces crédits leur parviennent à temps afin qu'ils soient utilisés à bon escient.

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- aux élus locaux

Les élus locaux doivent être de véritables pionniers du développement à la base. Dans le secteur des échanges, il faudra inventorier les différents acteurs selon leur niveau d'intervention afin d'organiser les activités d'échange. Les conditions actuelles de stockage des produits ne sont pas bonnes. Il faut donc construire des magasins de stockage pour une meilleure conservation des produits ; aménager les embarcadères notamment celui de Cotonou où l'insalubrité règne en maître. On pourra construire des latrines et des toilettes dans les lieux d'échange, installer des poubelles et mettre sur pied des comités locaux de gestion. Pour ce faire, il serait donc souhaitable de monter de véritables projets de développement en s'appuyant sur ces suggestions et rechercher des sources de financement.

- aux autorités politico-administratives

Les orientations de développement sont définies par l'Etat. Il faudra choisir les priorités en s'appuyant sur les réalités de chaque milieu. Ainsi, aménager les zones de production de la basse vallée, en créant des systèmes de drainage qui permettront d'évacuer les eaux de pluie vers le fleuve Ouémé serait déterminant pour l'essor de cette région. Ensuite, il faut construire des infrastructures de transport afin de permettre aux populations de la vallée d'écouler facilement leurs produits et d'exercer d'autres activités génératrices de revenus.

En somme, les activités d'échange ont un impact sur la vie des populations. Elles génèrent des ressources non négligeables aux acteurs. Cependant, les effets négatifs et les différents problèmes rencontrés par les principaux acteurs entravent le développement du secteur. Ainsi, les suggestions pourront permettre de les atténuer.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein